A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
A. D ESTREM
Déplacement du cuivre par le zinc et le cadmium dans quelques solutions de sels de cuivre
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 1resérie, tome 2 (1888), p. H1-H7
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H.I
DÉPLACEMENT
DU
CUIVRE PAR LE ZINC ET LE CADMIUM
DANS QUELQUES SOLUTIONS DE SELS DE CUIVRE,
PAR M. A.
DESTREM,
Maître de Conférences à la Faculté des Sciences de Toulouse.
I. - DÉPLACEMENT DU CUIVRE PAR LE ZINC.
Lorsque,
dans une dissolution d’un sel decuivre,
ontrempe
une lame dezinc pur, bien
décapée,
on sait que le cuivre estdéplacé
de sa dissolution saline etqu’il
y estremplacé
par le zinc.De
plus,
cetéchange
se fait suivant despoids proportionnels
auxéqui-
valents des deux métaux.
Le cuivre mis en liberté se
porte
sur la lame de zinc et y forme undépôt métallique qui
varied’aspect
suivant laqualité
du sel de cuivre dissous.Avec le sulfate de
cuivre,
l’azotate decuivre,
le chlorurecuivrique,
et,en
général,
avec tous les sels à acidesforts,
ledépôt
est peu adhérent et seprésente
sous forme d’une masse noirâtre ou marronpulvérulente,
peu adhé-rente à la lame de zinc.
Dans lcs dissolutions
alcalines,
tclles que laliqueur cupropotassique
oucuproammoniacale,
ledépôt
estrouge-cuivre
etparfaitement
adhérent.Toutes les
conditions,
pour obtenir l’adhérence et la beauté dudépôt,
ontété étudiées avec soin par les
spécialistes qui
se sontoccupés
ducuivrage
de fer ou de zinc par les
procédés galvanoplastiques (dits cuivrages
di-rects)
.Tels sont le
procédé
de BVeilqui emploie
un bain alcalincomposé
desulfate de
cuivre,
tartrate de soude ou de potasse et soudecaustique ;
Le
procédé
deGauduin, qui
consiste àopérer
ledéplacement
du cuivrepar le fer dans les sels
doubles; d’oxyde
de cuivre etd’oxydes
alcalins desacides
organiques polybasiques oxalique, citrique, etc. )
avec unexcès
d’acides, quand
ilsn’attaquent
pastrop
fortement le fer.Enfin, je
citerai leprocédé
despécial
pour cuivrer lezinc., clui
con-siste à
préparer
un baincomposé
de sulfate decuivre, d’ammoniaque
et de cyanure de
potassium.
Dans tous les cas, on remarquera que les
dépôts
sont obtenus adhérentsdans des milieux
basiques
ou faiblement acidifiés par des acides faibles.Dans cette
première
séried’expériences, j’ai
recherché les conditions dudéplacement
du cuivre par le zinc etj’ai
étudié lesdépôts
adhérentsdui
se forment dans les dissolutions des sels neutres de cuivre à acides fai-bles,
et dans les dissolutions des sels de cuivre très faiblement alcalisés.I ° Sels neutres cl e cuivre à aciclcs - Pour
préparer
cesliqueurs
neutres, il fautprendre
certainesprécautions
surlesquelles j’insis- terai ;
car la réussite desexpériences dépend
de la neutralisationcomplète
de ces dissolutions.
Des solutions de sels de cuivre à acides
faibles,
étendues à 10 pour 100environ,
sontélectrolysées, pendant plusieurs heures, par
un courant faible( I
ou 2daniclls),
enprenant
comme électrodepositive
soluble unelarge
lame de cuivre et comme électrode
négative
une lame deplatine.
Par ce
procédé,
le sel de cuivrepartiellement
dissocié par l’eau se trouve,grâce
il l’électrode solublecuivre,
avoir constamment son acide libre neutralisé.Si,
dans unpareil
milieu soumis àl’électrolyse,
onopère
ledéplacement
du cuivre par le
zinc,
on remarque :Que
ledépôt
est très adhérent et d’un beaubrillant ;
Que
lacouleur,
au lieu d’être rouge comme celle du cuivre ordinaire oudu cuivre
déposé
par lesprocédés galvanoplasticlues,
a une teinte franche-ment jaune analogue
il celle du laiton ordinaire.2° Dissolutions
faiblement
alcalines. - Onprépare
cesdissolutions en redissolvant exactement par
l’ammoniaque
ou lapotasse,
dans les sels de cuivrequelconques,
leprécipité d’hydrate d’oxyde
de cuivrequi
scforme,
en évitant toutefois un excès de base.Si,
dans un milieu ainsipréparé,
onopère
ledéplacement
du cuivre par lezinc,
on remarque :Que
ledépôt
est très adhérent et d’un beaubrillant;
Que
la couleur n’estplus jaune,
commeprécédemment,
mais d’une cou-leur
jaune
rouge intermédiaire entre celle du laiton et du cuivre ordinaire.Dans les solutions salines de
cuivre, préparées
avec les soinsque je
viensd’indiquer,
onimmerge, pendant
destemps égaux
et très courts, une lame de zinc pur etparfaitement décapée.
Après chaque immersion,
on a soin de renouveler la dissolution pour que les conditions de milieu ne varient pas. .La lame est ensuite lavée à l’eau distillée et séchée dans un dessiccateur u
vide,
avant d’êtrepesée.
IMMERSION D’UNE LAME DE ZINC DANS UNE DISSOLUTION D’ACÉTATE NEUTRE DE CUIVRE.
Dépôt très adhérent de couleur jaune du laiton ordinaire.
IMMERSION D’UNE LAME DE ZINC DANS UNE DISSOLUTION DE FORMIATE NEUTRE DE CUIVRE.
adhérent de couleur jaune
IMMERSION D’UNE LAME DE ZINC DANS UXE DISSOLUTION DE PICRATE DE CUIVRE ( 1 ).
Dépôt très adhérent de couleur jaune verdâtre.
IMMERSION D’UNE LAME DE ZING DANS UVE DISSOLUTION DE SULFATE DE CUIVRE AMMONIACAL.
Dépôt très adhérent de couleur jaune rouge.
Si l’on examine ces
Tableaux,
on remarque :qu’après
lepremier
mo-ment de l’immersion du zinc dans la dissolution du sel de
cuivre,
il y a tou-jours
uneaugmentation
dupoids
de lalame,
ensuite une diminution pro-gressive jusqu’à
cequ’elle
devienne constante.Les
équivalents
du cuivre et du zinc étant3J , 75
pour lepremier
et~~,
pour lesecond,
il devrait donc yavoir,
dans tous les cas,perte
depoids, s’il y
avaitsimplement déplacement
du cuivre par le zinc.f. ~ ) i La dissolution de picrate de cuivre a été obtenue en dissolvant à chaud, dans une dissolution d’acide picrique, du carbonate de cuivre hydraté.
Or si l’on tient
compte :
r° de la couleur desdépôts
variant du blancjaune
aurouge-cuivre
enpassant
par lesteintes jaunes intermédiaires,
sui-vant la solution dans
laquelle
onopère
ledéplacement; 2°
de l’adhérenceparfaite
dudépôt;
3° del’augmentation
depoids
de la lame dezinc,
onpeut
direqu’il
se forme dans les milieux neutres ou faiblementalcalins,
etdans les
premiers
moments del’immersion,
desalliages plus
ou moins richesen cuivre
possédant
leurcomposition.
Il
n’y
a donc pas, au moment où le zinc est mis au contact de la dissolu- tioncuivrique, simple déplacement
d’un métal parl’autre,
mais combinai-son immédiate des deux métaux.
On remarque de
plus
que lephénomène
n’a lieu que si l’on s’adresse aux sels de cuivre à acides faibles dont la chaleur de neutralisation de l’acide par la base nedépasse
pasioCal;
et, sans vouloir tirer de conclusions turées de cette remarque,j’espère pouvoir,
par de nouvellesexpériences,
limiter ainsi la chaleur de formation de ces
alliages.
Après
cettepremière phase
del’expérience, pendant laquelle l’alliage
s’est
formé,
on rentre dans le cas d’uncouple (zinc-cuivre)
fermé sur lui-même et, par
conséquent,
onopère
ladécomposition électrolytique
d’unsel de cuivre avec une
perte
depoids
de la lameproportionnelle
à la diffé-rence des
équivalents.
Si l’on n’a pas la
précaution
de rendre les dissolutions neutres,l’augmen-
tation de
poids
de la lame dezinc,
dans lespremiers
moments del’immersion,
n’a pas lieu et l’on remarque une diminution
immédiate,
comme on devaits’y attendre,
l’acide libreagissant
directement sur le zinc.On
peut
obtenir les mêmes résultats queje
viens de décrire en s’adres-sant à une solution
cuivrique
rendue alcaline par de lapotasse,
laliqueur cupropotassique
parexemple,
et alors sanstrop
sepréoccuper
de l’excèsd’alcali
qui,
dans cescirconstances, n’attaque
pas le cuivre.Et c’est dans ces cas
particuliers
que l’on vientd’étudier,
des solutionsde sels de cuivre à acides faibles ou en
liqueurs alcalines,
que lesdépôts galvanoplasticlues,
dans lecuivrage direct,
peuvents’effectuer, dépôts
dontl’adhérence serait
due, d’après
mesobservations,
à cette formationpremière
de
l’alliage
zinc-cuivrejouant
le rôle d’un véritablecouple.
Il est facile de
répéter,
sur lesdépôts jaunes
obtenus sur les larnes dezinc,
certainesexpériences particulières
aux laitons. Si l’on passerapide-
ment sur le
dépôt
unebaguette
de verre,trempée
dans de l’acide chlor-hydrique fort,
on laisse une trainée rouge decuivre,
le zinc del’alliage
s’étant dissous en
plus grande quantité.
II. - DÉPLACEMENT DU CUIVRE PAR LE CADMIUM.
L ne deuxième série
d’expériences parallèles
auxprécédentes
a été entre-prise
avec lecadmium, qui, grâce
à sonéquivalent (56) beaucoup plus
élevéque celui du cuivre
( ~ I , ~ ~ ),
doit donner dans lespesées
des différencesplus appréciables
quelorsque
l’on s’adresse au zinc dontl’équivalent
se rap-proche
de celui du cuivre. ’Je citerai deux
expériences,
l’une avec l’acétate neutre decuivre,
l’autreavec la dissolution du sulfate de cuivre ammoniacal.
IMMERSION D’eXE LAME DE CADMIUM DANS UNE DISSOLUTION D’ACÉTATE NEUTRE DE CUIVRE.
Dépôt adhérent de couleur jaune pâle.
IMMERSION D’UNE LAME DE CADMIUM DANS UNE DISSOLUTION DE SULFATE DE CUIVRE AMMONIACAL.
Dépôt adhérent de couleur jaune rougeâtre.
H.7
En examinant ces
Tableaux,
on remarque que la marche duphénomène
est la même
quand
onopère
ledéplacement
du cuivre dans des dissolu-tions à l’aide du zinc ou du cadmium.
Avec le dernier métal
I’augmentation
depoids
est d’autantplus
sensibleet