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4 Distributions en dimension d > 1
4.1 Fonctions r´ eguli` eres et partition de l’unit´ e
Soit Ω⊂Rd un ensemble ouvert. On noteCk(Ω) l’espace des fonctionsk fois continˆument diff´erentiables dans Ω,
C∞(Ω) =
∞
\
k=0
Ck(Ω), D(Ω) =
ϕ∈C∞(Ω), suppϕ⋐Ω . Siα= (α1, . . . , αd),αj∈Z+, alors on note
|α|=α1+· · ·+αd, ∂α= ∂|α|
∂xα11. . . ∂xαdd.
Lemme 4.1. L’espaceD(Ω)n’est pas vide. De plus, pour tout ensemble compact K⊂Ω il existeϕ∈ D(Ω) tel queϕ= 1surK.
D´emonstration. Soit
f(t) =
e−1/t, t >0 0, t≤0.
Alorsf ∈C∞(R). On d´efinit une fonctionω∈C∞(Rd) parω(x) =f(1− |x|2).
Soitx0∈Ω. Alors la fonctionω x−xε 0
appartient `aD(Ω) pourε≪1.
On fixe maintenant un compact K ⊂ Ω et on note Kδ = {x ∈ Rd : dist(x, K)≤δ}. Soitε >0 tellement petit que K2ε⊂Ω et
ψ(x) = dist(x, K2εc ) dist(x, Kε) + dist(x, K2εc ).
Il est facile `a voir queψ ∈ C(Rd), ψ(x) = 1 pour x ∈ Kε et ψ(x) = 0 pour x∈K2εc . SoitC=R
Rdω(x)dx. Alors la fonction ϕ(x) =C−1
Z
Rd
ψ(y)ωε(x−y)dy, ωε(x) =ε−dω(x/ε), v´erifie toutes les propri´et´es requises.
Th´eor`eme 4.2. SoitK⊂Rd un compact couvert par des ouverts Ω1, . . . ,Ωm. Alors il existe des fonctions non n´egativesϕj ∈ D(Ωj),j = 1, . . . , m, telles que
m
X
j=1
ϕj ≤1,
m
X
j=1
ϕj= 1 dans un voisinage ouvert deK.
Voir [LS98, Zui02] pour la d´emonstration.
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4.2 Distributions: d´ efinitions et propri´ et´ es ´ el´ ementaires
D´efinition 4.3. Soitf : D(Ω) →R(ou C) une fonctionnelle lin´eaire. On dit quef est une distribution si pour toutK⋐Ω il existe un entierm≥0 et une constanteC >0 tels que
|f(ϕ)| ≤CkϕkCm pour toutϕ∈C0∞(K).
Notation:
f(ϕ) = (f, ϕ) = Z
Ω
f(x)ϕ(x)dx.
Exemples 4.4. (a) La fonction de Dirac concentr´ee au pointx0∈Rd: (δx0, ϕ) =ϕ(x0).
(b) Toute fonctionf localement int´egrable dans Ω d´efinit une distribution : (f, ϕ) =
Z
Ω
f(x)ϕ(x)dx.
(c) Soit αj ∈ Zd+, aj ∈ Rd et cj ∈ R, j = 1, . . . , m. Alors la fonctionnelle f :D(Ω)→Rd´efinie par la relation
(f, ϕ) =
m
X
j=1
cj∂αjϕ(aj) est une distribution.
Proposition 4.5. Soitf :D(Ω)→Rune fonctionnelle. Alorsf ∈ D′(Ω) ssif v´erifie la propri´et´e suivante :
(P) si{ϕj} ⊂ D(Ω) est une suite telle que
suppϕj ⊂K pour tout j≥1,
kϕjkCm(K)→0 quandj→ ∞pour toutm≥0, o`uK⊂Ωest un compact, alorsf(ϕj)→0 quandj→ ∞.
Si {ϕj} ⊂ D(Ω) est une suite v´erifiant la propri´et´e (P) pour un ensmble compactK⊂Ω, alors on dit que{ϕj} converge vers z´ero dansD(Ω).
Exercice 4.6. D´emontrer la proposition.
D´efinition 4.7. Soit {fk} ⊂ D′(Ω) une suite. On dit que{fk} converge vers f ∈ D′(Ω) si
(fk, ϕ)→(f, ϕ) pour toutϕ∈ D(Ω).
Exemple 4.8. Soitω ∈C0∞(Rd),ω≥0,R
ω dx= 1. Alors pour toutx0∈Rd ωn(x) :=ndω(n(x−x0))→δ(x−x0) dansD′(Rd).
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Th´eor`eme 4.9. (sans d´emonstration)Soit{fk} ⊂ D′(Ω)une suite telle que (fk, ϕ)converge pour toutϕ∈ D(Ω). Alors il existef ∈ D′(Ω) tel quefk →f dansD′(Ω).
D´efinition 4.10. Soitf ∈ D′(Ω) et Ω1⊂Ω un ouvert. On dit que f est nulle dans Ω1 si
(f, ϕ) = 0 pour toutϕ∈ D(Ω).
On noteNf l’ouvert maximal dans lequelf est nulle. L’ensemble ferm´e Ω\ Nf
est appel´e le support def:
suppf = Ω\ Nf.
Exemples 4.11. (a) Soit f ∈C(Ω). Alors suppf ={x∈Ω :f(x)6= 0}.
(b) Soitαj ∈Zd+,aj∈Rd et cj ∈R\ {0},j= 1, . . . , m. Soit (f, ϕ) =
m
X
j=1
cj∂αjϕ(aj), ϕ∈ D(Rd).
Alors suppf ={a1, . . . , am}.
(c) Soitf ∈L1loc(Ω) et Ω1 ⊂Ω un ouvert. Alorsf Ω
1 = 0 si et seulement si f(x) = 0 pour presque toutx∈Ω1.
Proposition 4.12. Soit f ∈ D′(Ω)etϕ∈ D(Ω). Sisuppf∩suppϕ=∅, alors (f, ϕ) = 0.
D´emonstration. Comme suppf ∩suppϕ = ∅, on a ϕ ∈ D(Nf), d’o`u on voit que (f, ϕ) = 0.
4.3 Op´ erations sur les distributions
4.3.1 Composition avec un diff´eomorphisme
Soit Ω,Ω′ ⊂Rd des ouverts etu: Ω′ →Ω un diff´eomorphisme. Si f ∈ D′(Ω), alors on d´efinitf◦u∈ D′(Ω′) par la relation
(f◦u, ϕ) = Z
Ω
f(x) ϕ(u−1(x))
|Ju(u−1(x))|dx, ϕ∈ D(Ω′), o`uJu(x) d´esigne le Jacobien deuau pointx.
Exercice 4.13. Montrer que la fonctionnelle f ◦ϕ appartient `a D′(Ω′) et que l’application
f 7→f◦ϕ, D′(Ω)→ D′(Ω′), est continue.
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4.3.2 Multiplication par une fonction r´eguli`ere
Soitf ∈ D′(Ω) eta∈C∞(Ω). On d´efinitaf ∈ D′(Ω) par la relation (af, ϕ) = (f, aϕ), ϕ∈ D(Ω).
Exercice 4.14. Montrer queaf ∈ D′(Ω′) et que l’application f 7→af, C∞(Ω)× D′(Ω)→ D′(Ω), est continue par rapport `a chaqu’un de ses arguments.
4.3.3 D´erivation
Soitf ∈ D′(Ω) etα= (α1, . . . , αd) un multi-indice. On d´efinit (∂αf, ϕ) = (−1)|α|(f, ∂αϕ), ϕ∈ D(Ω).
Exercice 4.15. Montrer que∂αf ∈ D′(Ω) et que l’application f 7→∂αf, D′(Ω)→ D′(Ω), est continue.
Exemple 4.16. Consid´erons l’´equation des ondes :
Lu:=∂t2u−a2∂x2u= 0. (4.1) Sif, g∈C2(R), alors la fonction
u(t, x) =f(x−at) +g(x+at) (4.2) v´erfie l’´equation (4.1) au sens classique. Montrons que sif, g∈C(R), alors (4.2) est une solution de (4.1) au sens des distributions. En effet, soitfn, gn∈C2(R) deux suites telles que
fn→f,gn→g uniform´ement sur tout intervalle compact.
Alors, pour toutϕ∈ D(R2), Z
R2
fn(x−at)ϕ(t, x)dtdx→ Z
R2
f(x−at)ϕ(t, x)dtdx, Z
R2
gn(x+at)ϕ(t, x)dtdx→ Z
R2
g(x+at)ϕ(t, x)dtdx.
Comme la d´erivarion est continue dansD′(R2), on voit que la suite des distri- butions
un(t, x) =fn(x−at) +gn(x+at) converge vers (4.2) avec toutes ses d´eriv´ees. En particulier,
0 =Lun→Lu dansD′(R2), d’o`u on conclut queLu= 0.