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humanité à l épreuve de la génétique et des technosciences.

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Academic year: 2021

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Université Libre de Bruxelles

Faculté de Philosophie et Lettres & Faculté de Médecine

Unité d’accueil : C.R.I.B.

humanité à l épreuve de la génétique et des technosciences.

Jacqueline Wautier

Année Académique 2004 – 2005.

Promoteur de Thèse :

Professeur Jean-Noël Missa.

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Présentation:

Un questionnement portant sur les implications des savoirs et savoir-faire nouveaux impulsa cette recherche. Plus précisément, face à l’opérativité croissante des techniques disponibles, nous nous interrogions sur ce qu’il pourrait advenir, à court ou long terme, de la condition humaine et des conditions de possibilité de l’homme* 1 - considéré ici comme individu ( spécimen défini en ses spécificités ) au milieu du monde, conscience ( sensible et émotionnelle ) en situation d’interrelation et d’interaction, et subjectivité ( décisionnelle, volitive ) face à ses semblables.

Il s’agissait dès lors d’observer et de confronter : les techniques à l’individu*, l’individu à ses latitudes et celles-ci à l’humanitude* - ou à ce qui fait «humanité*».

Nonobstant, très rapidement, une interrogation s’imposa : L’absence d’Essence * (mais également le refus de l’Essence) et la soutenance en externalité* propre à la condition humaine ne recouvriraient-elles pas une dimension aporétique susceptible d’être actualisée par les technosciences* ?

Devant l’insistance d’une question gagnant en puissance au fur et à mesure de nos investigations, restait à pister les indices, manifestations et lieux divers d’une éventuelle dimension aporétique de la nature* humaine ( comme condition et soutenance ).

A - Énoncé :

Les interventions et recherches à dynamique opératoire usuellement regroupées sous l’appellation

«technosciences» rencontrent l’humanitude comme leur nécessaire condition de possibilité - mais cette rencontre recèle vraisemblablement le déploiement (en réalisations multiples) du paradoxe associé tant à une enclave organique perméable qu’à une maintenance identitaire 2 inscrite dans le devenir ; tant à une intériorité se dépliant en extériorité via une interface dermique ( sensorielle ) qu’à un monisme substantiel se déclinant en une expression duale* (en corporéité et spiritualité, matière sensible et pensée volitive). Nous entendons en cela que l’extraction hors de la forclusion, hors de l’en-soi du soi, recèle vraisemblablement en sa délivrance processuelle une ouverture à l’autre (et à l’autre en/dans «soi») - que l’émergence en dehors du substrat nature entraîne probablement en sa déliance une échappée hors de la nature humaine telle que nous la connaissons. Ou encore, que l’homme porte en son être métabolique et relationnel, en sa conscience sensible et projective, et en sa nature autoconstituante et autodéfinissante, la négation de tout Etat – advenu ou réalisé, pérenne. Que son ouverture ( à l’autre, au monde, à l’avenir ), que sa béance essentielle ( où peuvent s’inscrire de multiples possibles ) et sa contingence ( où peuvent prendre place toutes les constructions de sens ) portent en leurs structures et modes processuels une dimension aporétique* : où pourrait exploser l’individuation, se dissoudre la conscience, se figer l’évolution, se réduire le devenir*, se déconstruire les modes et processus libérateurs, se détisser les réseaux symboliques et s’anéantir les sensibilités et les émotions…

En d’autres termes, les technosciences seraient susceptibles d’amplifier un trait aporétique et nonobstant spécifique de l’existence individuée d’expression duale - existence relevant d’un équilibre précaire entre la permanence et le changement, entre la stabilité entitaire (de mode centripète*) et le projet identitaire (de logique centrifuge*) . Où donc l’opérativité technique s’immiscerait en ces équilibres propres à un individu s’exprimant dans l’entre-deux* du «donné» imposé et de l’acquis conquis : et s’y immiscerait au profit d’une transgression des limites physiologiques, corporelles, spécielles et catégorielles ou conceptuelles. Partant, les technosciences témoigneraient d’une rencontre incontournable opérée entre un homme entretenant un rapport mi-instrumental mi-symbolique 3 au

«monde» ( aux objets, aux autres et à lui-même ) et les techniques créées à cette fin : rencontre opérante du sujet, de son projet et de ses instruments ; rencontre active et rétroagissante de l’agent et de ses actes dès l’instant où ceux-ci se posent en interventions et productions. Rencontre du soi et de ses voies d’expression ; et susceptible de catalyser la dimension aporétique d’un individu nous paraissant aujourd’hui disposé à se résumer en centre décisionnel et force intentionnelle opératoire.

Dès lors, nous présumons que l’humanitude porte en elle son possible létal. Qu’elle concourt à la fin de notre humanité en produisant un domaine existentiel où s’esquisse une ( auto )biographie de l’arrachement et de l’incarnation multiple ; où convergent les techniques, les projets sociaux et les aspirations individuelles ; et où l’on observe un rapprochement aventureux des possibles technoscientifiques et du fonds phantasmatique et mythologique.

1

Ce sigle (*) renvoie au lexique en fin de chapitre, nous y explicitons les termes ainsi épinglés ou en précisons le champ sémantique qui prévaut en ce travail.

2

Tant métabolique et structurale que psychique ou existentielle.

3

Où l’instrument peut être intégré dans (ou interprété, voire réapproprié par) le « symbolique », où le symbole peut être instrumental…

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Nous pressentons que l’homme, cet être de l’entre-deux et de la transgression, produit le processus technique qui finira par l’extraire de cet «entre-deux» pour donner naissance à «autre chose» ou à un autre mode d’être ( et de soutenance de cet «être» ).

Nous constatons et tenterons de montrer que l’individu développe une tendance tant dispersive ( de

«soi» en l’autre ) que confusionnelle ( de «soi» et de l’autre ) ; et que cette tendance témoigne d’un recul de l’entité corporelle référentielle en traduisant une programmation ouverte, un corps plus pensé que senti, une étance malléable, un «moi» décisionnel, une puissance opératoire triomphante et une force volitive plus centrifuge que centripète.

Nous observons et tenterons de démontrer que le sujet* tend à délaisser sa réalité complexe et bipolaire au profit d’une expressivité, au profit d’un «Je»* délié de ses bases charnelles : d’un «Je» arc- bouté contre son enracinement dans une entité d’expression duale et cependant unitaire – d’un «Je»

volitif et séquentiel, générateur de ruptures.

Nous soutenons que sciences et technosciences côtoient les lieux extrêmes d’une condition humaine articulée au précaire, aux situations limites et aux synthèses dialectiques du même et de l’autre.

B – Grille de lecture :

Nous engageons cette analyse à partir d’un fonds conceptuel et référentiel initialement attaché à la philosophie existentialiste ( version J.-P. Sartre )- sinon en parfaite adhésion du moins à l’horizon d’un certain compagnonnage. Certes, Sartre, et pour cause, ne pouvait confronter ses conceptions 4 aux techniques actuellement proposées ou promises ; cependant, son attachement à une liberté radicale, enivrée de son absolu, soumise à diverses pathologies, enracinée dans un monde qu’elle omet quelquefois, maître et juge du sens et de toutes les définitions, trouve répondant et contestation dans la dimension prométhéenne des désirs et projets actuels – tant en leurs revendications qu’en leurs tentations d’arrachement 5 . Par suite, notre interprétation se structure de cette perspective sartrienne et de cet abord particulier des faits et concepts.

Ainsi, que nous parlions de l’en-soi* ou de la compacité, que nous évoquions la «gratuité»*, la

«situation»* ou la «liberté»*, nous nous référons principalement à cette philosophie selon laquelle l’existence précède l’essence 6 - où conséquemment la liberté est absolue en matière de sens. Philosophie articulant dès lors cette liberté à la situation qui la reçoit pour ( factuellement ) la contredire et ( ce faisant ) la permettre en sa signification comme en son possible : « Ainsi commençons-nous à entrevoir le paradoxe de la liberté : il n’y a de liberté qu’en situation et il n’y a de situation que par la liberté. La réalité humaine rencontre partout des résistances et ces obstacles n’ont de sens que dans et par le libre choix que la réalité humaine est. »

7

. Partant, l’homme est celui par qui tout existe 8 , celui par qui tout advient : sur fond d’indifférenciation, il fait surgir son monde – qui est le monde sans l’être. De toute part menacé par l’en-soi, il se défend : « Etre, pour le pour- soi * , c’est néantiser l’en-soi qu’il est. Dans ces conditions, la liberté ne saurait être rien autre que cette néantisation 9 . Mais encore, « C’est par elle [cette liberté] que le pour-soi échappe à son être comme à son essence, c’est par elle qu’il est toujours autre chose que ce qu’on peut dire de lui, car au moins est-il celui qui échappe à cette dénomination même, celui qui est déjà par-delà le nom qu’on lui donne, la propriété qu’on lui reconnaît10 . Telle distanciation uvrée par le sujet en son existenciation n’empêche en rien la récusation du dualisme – et Sartre d’ouvrir L’être et le néant par une négation de toute ontologie cachée, de toute Essence ultime : « La pensée moderne a réalisé un progrès considérable en réduisant l’existant à la série des apparitions qui le manifestent (…). Il s’ensuit, évidemment, que le dualisme de l’être et du paraître ne saurait plus trouver droit de cité en philosophie. L’apparence renvoie à la série totale des apparences et non à un réel qui aurait drainé pour lui tout l’être de l’existant

11

.

Nonobstant, la liberté sartrienne est une construction idéelle : idéal auquel tendre 12 , elle est également schème explicatif de la conscience en son assomption du donné ( à l’horizon d’un futur à construire ) comme en sa néantisation de l’en-soi ( à l’horizon d’un sens à produire ). Elle est condition et but ( ou

4

En matière de liberté, d’humanité spécielle, d’intersubjectivité et d’éthique ou de communauté éthique.

5

Et Sartre de mettre en situation en son théâtre les différentes «pathologies» de la liberté : du renoncement démissionnaire à l’angélisme ; oscillant entre aveuglement, quête d’absolu, compromis et engagement fraternel – hors le monde en sa concrétude (et dès lors inutile, inefficace ou absurde) ou arrimée à la réalité humaine et historique.

6

L’individu, en s’existenciant, en ses choix, actes et investissements, précise à chaque instant, en l’inventant, sa propre essence – pour la délaisser (ou l’assumer en une soutenance reconduite) en d’autres actes, d’autres choix, d’autres buts.

7

L’être et le néant, p. 546. // N.B. : nous ne reprenons en note que les titres et pages des ouvrages ou articles concernés, les références complètes se trouvant dans la bibliographie.

8

Même si l’être n’a nullement besoin de lui pour Etre – tout aussi bien, en sa compacité, en son inconscience, n’être que néant…

9

L’être et le néant, p. 494.

10

Ibid., p. 494.

11

Ibid., p. 11-12.

12

A réaliser en son agir, son action – très au-delà du geste qui reste en deçà de l’investissement, relève du théâtral et introduit une distance objectivante ou appropriative de l’autre.

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structure d’accueil de tout but légitime ) de l’agir humain. Construction idéelle donc, mais non pas Idée intemporelle à contempler : voie informative et possibilité à saisir. Possible à assumer en vue d’une action opératoire susceptible de changer le monde. Plus encore, cette représentation est condition de possibilité de l’action et de l’opérativité de tout agir. En d’autres termes, cette interprétation de l’existence en sa contingence, en ses latitudes décisionnelles, en sa soutenance auto-définissante, en ses choix pratiques et destinaux, est condition et voie et outil d’une transformation effective du monde. Et le paradoxe est flagrant : c’est parce que la «Liberté» existe comme modèle et idéal ( construits l’un et l’autre par une conscience gratuite en quête de substance et de contenu ), parce qu’elle existe sur ce seul mode ( celui de l’illusion masquant activement sa dimension illusoire ), qu’elle s’oppose à l’Essentialisme comme à l’Idéalisme…

Selon cette approche, l’humanité se révèle bien plus dans l’assomption de l’acte et dans son interprétation que dans son fait : l’humanité se trouve alors dans le mouvement et la mise en mouvement d’un sens et d’une valeur. Quant à l’espèce*, elle est création humaine : elle vient à l’homme « par derrière », par autrui. En ces circonstances, dans une situation qu’il n’a pas voulue mais qu’il a à interpréter 13 , sous le regard d’autrui qui fige sa soutenance ou son existenciation en un «arrêt sur image», dans un monde partagé dont l’autre lui conteste la propriété et le sens, dans l’ignorance du bien et sans guide, par des actions qui lui échappent, l’homme doit choisir et se choisir. Doit exister et faire exister l’homme qu’il dessine de ses actions ou signale de ses motivations et convictions. Ou encore, choisissant ( ses engagements, références, valeurs ), l’homme se choisit. Se choisissant, il choisit l’humanité dans son ensemble. En conséquence, face à l’incertitude de ce choix que nulle Transcendance n’assure, devant la connaissance impossible des développements processuels de l’action, confronté au risque de l’échec ( et de l’échec ultime : la mort ), se manifestent tentations de démissions, processus d’aveuglement et angoisses – et Sartre de préciser : « C’est précisément la conscience d’être son propre avenir sur le mode du n’être-pas [qu’il nomme] l’angoisse » 14 . Pourtant autre chose découle de cette constatation : c’est parce que le pour-soi en existenciation n’est pas son avenir ( parce qu’un espace-temps, qu’un devenir «organique» et qu’un agir inscrit dans l’adversité d’une situation à la fois personnelle, historique et mondaine l’en séparent ) qu’il a à choisir et à agir – et que ces actions le transformeront tout autant qu’elles transformeront son rapport au monde et le monde lui- même. C’est aussi parce qu’il n’est pas ( pas toujours déjà ) son avenir, parce que nulle promesse ( personnelle ou reçue ) ne le lie à celui-ci, que la liberté existe. En fait, un monde à chaque instant plein de tous les possibles ( actualisés ) serait un monde compact où s’anéantiraient la satisfaction, l’action, le désir, la distance et la liberté. L’homme enserré dans un tel monde serait un rêveur : ne rencontrant nulle résistance, nulle inertie, nul décalage temporel entre conception et réalisation, comme Dieu, il rêverait et s’identifierait à la somme de ses créations. Comme Dieu, comme un esclave : « La toute-puissance divine équivaut à une totale servitude subjective. Dieu est précipité de création en création sans pouvoir «prendre ses distances» par rapport à soi et par rapport à l’objet.»

15

. En cette perspective, le temps, comme durée, comme épreuve, comme substrat de l’action ( et substrat produit par l’action ), est la condition de réalité du sujet. Comme l’explicite clairement Juliette Simon en un contexte différent 16 , une distance sépare le «moi» ( substantiel et phénoménal, métabolique et cognitif ) du sujet – celui du «cogito» cartésien. Ou encore, le temps sépare

«Je» de «moi» ; nonobstant, la négation/néantisation du temps-durée ( où s’inscrivent le métabolisme et les processus neurologiques divers ) entre le «je veux» …«je possède ou réalise» abîmerait le «moi» dans l’objet…

Cette persistance de l’influence sartrienne précisée, il convient de signaler que nous partons de constatations et de perspectives somme toute relativement communes :

Nous appréhendons le vivant ( constituant originellement une réponse aveugle aux exigences conjointes d’un métabolisme de maintenance et d’un environnement extérieur ) tel un système semi-perméable assimilant le non-soi, le transformant et s’en construisant. De ce point de vue, le vivant se survit dans un abandon de son être ( réalisé ) ou de son état ( advenu ) : il se propulse au-delà de lui-même pour se

13

Dans les deux sens du terme : il a à la comprendre et à lui donner sens en fonction d’un projet personnel et il doit la vivre, la prendre à lui, à bras le corps, pour lui donner une impulsion ou une inflexion particulière qui peu à peu la transformera.

14

L’être et le néant, p. 67.

15

Les écrits de Sartre, p. 53.

16

Cf. « JE EST UN AUTRE » : du malin génie à l’implant mémoriel, in Philosophie et science-fiction, p.67 – 83. Et plus spécifiquement : «Désormais, le sujet du

«Je pense» ne peut plus s’identifier à soi-même comme objet : il est séparé de soi par le temps même qu’il met à penser, et qui lui vole sa pensée (...). En d’autres termes, il lui est interdit de se prononcer sur son être, avec cette assurance cristalline qui permettait à Descartes, par exemple, de questionner et de répondre derechef : « Mais qu’est-ce donc que je suis ? Une chose qui pense». Reste un sujet sans substance, vide, indéterminé, purement fonctionnel (…) », p.

71.

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maintenir en vie. En conséquence, la vie est rupture d’équilibre - car l’équilibre vrai, en deuil de

«dynamique», serait accomplissement mortel. Corrélativement, l’organisme se maintient d’une intégration continuée des parties et d’une équilibration incessante des déséquilibres métaboliques – contre la dispersion ou la stase. Même si, comme le relevait Jonas, le pouvoir ( faire ) de l’organisme est un devoir ( faire ) : «Il peut, mais il ne peut cesser de faire ce qu’il peut sans cesser d’être. Ainsi la souveraineté de la forme par rapport à la matière est-elle aussi sa sujétion au besoin qu’elle en a, en vertu de l’impossibilité pour elle de s’en tenir à aucun état concret déjà atteint, c’est-à-dire de s’en tenir à aucune somme simultanée de matériau avec laquelle il lui arrive de coïncider en un instant du temps.»

17

.

Nous adoptons une grille de lecture où le soi se découvre, se définit et se particularise face, à l’encontre et tout contre le non-soi ( le monde et l’autre faisant retour informatif et sensoriel sur le «soi»

émergeant ) tandis que l’identité* joue le jeu de la pseudo permanence du même : du renouvellement cellulaire aux remaniements identitaires ( par intégrations des variations physiologiques, physiques et mnésiques ).Une grille ou un prisme de lecture où l’individu humain se réalise et s’épanouit hors de lui- même ( en externalité ) tandis que le «moi» se définit et prend réalité de ses appartenances et investissements. Où, également, le petit d’homme surgit dans un monde (symbolico-affectif, technico- culturel, matériel et conceptualisé) qui lui préexiste et le structure ( en sa personnalité*, son affectivité et ses possibilités comme en ses perceptions et conceptualisations ).

Nous accordons toute son importance à un mode d’être où conscience, pensée et personnalité s’expriment : où donc le «moi» senti/ressenti et pensé se prend en charge, se résume et se dit ou s’extériorise sous la forme du «je» langagier – tendant à s’identifier à ses projets et puissances et trouvant concomitamment son corps tel un instrument ou une entrave.

Notre conception globale est alors celle d’un homme sans Essence : sans destination ni références transcendantes l’assignant à un destin particulier. Conception où les plans d’existence, où les influences, les pulsions et les vécus se combinent et se travaillent : l’individu humain se situant pour nous dans l’intégration des données multiples, c’est-à-dire dans la synthèse tantôt dialectique tantôt dialogique*

des différents états, moments, affectations, options, actions et relations. Et encore, dans la synthèse trouée de la nature et de la culture, en accord sur ce point avec E. Morin : «L’individu est au noeud des interférences de l’ordre biologique de la pulsion et de l’ordre social de la culture ; il est le point d’hologramme qui contient le tout (de l’espèce, de sa société) tout en étant irréductiblement singulier (...). Il y a en tout comportement humain, en toute activité mentale (…), une composante génétique, une composante subjective, une composante culturelle, une composante sociale. (…) ce qui est le plus biologique – la naissance, le sexe, la mort – est en même temps ce qui est le plus imbibé de symboles et de culture : naître, mourir, se marier sont aussi des actes fondamentalement religieux et civiques. Nos activités biologiques les plus élémentaires, manger, boire, dormir, déféquer, s’accoupler sont étroitement liées à des normes, interdits, valeurs, symboles, mythes, rites, prescriptions, tabous, c’est-à-dire à ce qu’il y a de plus spécifiquement culturel. Nos activités les plus spirituelles (réfléchir, méditer) sont liées au cerveau, et les plus esthétiques (chanter, danser) sont liées au corps. Ce cerveau par lequel nous pensons, la bouche par laquelle nous parlons, la main par laquelle nous écrivons, sont totalement biologiques tout en étant totalement culturels»

18

.

Où donc l’humanité s’extrait de la nature et s’impose en culture, lors même qu’elle est concomitamment un substrat spéciel se manifestant ou se traduisant dans le fait que l’homme ( tout homme ) parle ( dit quelque chose qui fait sens et affecte ) à l’homme ( à tous les autres ). Où elle est surtout, cette humanité, une qualité inaliénable de chaque individu – prouvant sa réalité dans son impossible négation ( il faut tout prendre à l’homme, en ce compris l’espoir, pour que cette humanité se mette en sommeil ; il faut tout prendre à l’homme, en ce compris sa vie, pour que son humanité ne puisse se réveiller ).

En résumé, l’individuation et l’individualisation qui la complète entendent, pour l’organisme et la conscience complexe qui en émerge, des désengagements, des porosités, des échanges, des projections transpositionnelles ou invasives 19 et des développements pluridimensionnels. Entendent une contention organique néanmoins ouverte et une ouverture conscientielle et personnale nécessairement contrôlée.

Ainsi, pour la réalité humaine, le mode d’être ou la soutenance de l’existence exigent le maintien transchronologique d’une entité individuée consciente de son unité et de son individualité ( c’est-à-dire de son identité préservé ) tout en étant activement inscrite dans un devenir et dans une évolution ( tant organique que personnelle / personnale ). Ce mode d’être soutient la synthèse impossible du soi et du non soi, de l’Etre et du devenir, du même et de l’autre ; mais encore, soutient le point de convergence entre un passé dépassé et un futur fictif qui sans le travail incessant et toujours reconduit de la conscience ne

17

Le phénomène de la vie, p. 93.

18

La méthode – L’humanité de l’humanité, p. 46-47.

19

Transpositionnelles : de l’ordre du symbole, de l’affect, de l’identification ou de la délégation // Invasives : de l’ordre de l’insertion, de l’appropriation ou de la manipulation / transformation de l’autre.

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pourraient se rencontrer ni même exister 20 . Ce mode d’être réalise l’articulation de pulsions contradictoires et autorise des transformations conduisant d’un corps intime vécu en quasi confusion identitaire ( un corps-soi ) à un corps utilitaire désaffecté ( le corps fonctionnel du «soi» ). Il permet donc le passage d’une référence entitaire corporelle à un «soi» décisionnel : passage d’une identité vécue et sentie avant que d’être soutenue ( c’est-à-dire d’un «moi» stabilisé et défini ) à une identité décisionnelle assimilée à son pouvoir d’abstraction et à sa puissance opératoire ( à un «je» en perte de substance et de références charnelles et mondaines ). Il s’ouvre à un processus conduisant d’une insertion à une extraction : des appartenances définissantes aux détachements inducteurs de déréalisation. Il réalise finalement le passage d’une étance pluri-référentielle à une étance a- référentielle 21 - via une phase transitoire d’autoréférentialité ( à son désir, son projet ou son paradigme ).

Pour le dire différemment, notre modernité interprète à sa manière le « ego cogito ergo sum » de Descartes – mais Descartes s’empressait de spécifier la densité substantielle de cet ego : « je suis une chose pensante ». Tandis que le 17° siècle ne pouvait encore faire l’économie de l’âme, que les matérialistes des siècles suivants la récusèrent peu à peu au profit d’une matière produisant un travail ( celui du cerveau : l’es prit), la «choséité» charnelle d’un corps personnel est aujourd’hui inscrite dans l’insignifiance.

Nous tenterons dès lors de mettre en évidence ce qui, dans les techniques et savoir-faire scientifiques, peut rencontrer, puis amplifier, le mode d’être expressif et la réalisation en externalité à inclination dispersive et dissipative – mode d’être et réalisation recelant un risque non négligeable de désintégrations plurielles mais dont procèdent il est vrai toute affirmation personnale et toute libération ( individuelle, collective et spécielle ).

Nous tenterons de découvrir, sous les techniques récentes, l’ uvre incessante des pulsions archaïques.

Et semblablement, de montrer que sciences* et technosciences ( qui donc rencontrent l’incomplétude * humaine comme leur condition de possibilité ) risquent désormais de la contrefaire ou défaire : risquent, pour le moins, d’induire une transformation conséquente de l’homme en sa nature spécielle comme en sa singularité et en son unité individuelle. Risquent, également, de défaire la communauté humaine en agrégats de solitaires, si ce n’est de chimères fantomatiques – entraînant à leur perte tout ce qui fait lien, fait sens, fait humanité.

Nous tenterons de préciser en quoi les techniques nouvelles recouvrent des pratiques potentiellement réifiantes. En quoi certains artifices peuvent participer à une a-historialité* de l’être, et notamment en matière de procréations médicalement assistées. En quoi la prothétisation ou la connexion à des interfaces ( homme/machine ) concourent à une désymbolisation ou à un désinvestissement du corps – du corps vivant et signifiant. En quoi xénogreffes et clonages thérapeutiques risquent d’initialiser l’ère du corps morcelé et de l’identité mouvante. En quoi le virtuel et la robotique déréalisent la réalité mondaine et déconstruisent les liens humains en gommant la réquisition et la fonction humanisante inscrites au ur de la présence*. Et en quoi la génétique propose à nos pulsions un monde modifiable et disponible, un univers orphelin de son sens traditionnel et offert à un homme aléatoire : en quoi elle contribue donc peu ou prou à l’élaboration d’un sentiment flou d’indéfinition et renforce l’idée d’un Homme*( générique ) illusoire ou indéterminé – malléable à discrétion et néanmoins associé à un individu

(hyper) déterminé.

Et nous tenterons finalement d’expliciter en quoi sciences et technosciences, bien que discutables en certaines de leurs implications, sont néanmoins irrévocables en leur puissance opératoire – et selon des arguments tant ontologiques ( propres au mode d’être humain ) que factuels ( associés à la convergence mécaniques des savoirs et savoir-faire ), tant sociopolitiques et environnementaux que médicaux et éthiques, tant rationnels qu’émotionnels.

Irrévocables parce qu’elles pallient les faiblesses du spécimen humain tout en combattant un non- sens originel et des limitations individuelles totalement insensées ; parce qu’elles s’associent à la pulsion épistémophilique autant qu’à la pulsion (de) vie et prolongent le métabolisme originel et l’émergence conscientielle ; parce qu’elles relèvent de la liberté et du souci compatissant auquel elles offrent une dimension opératoire.

20

Passé et futur auxquels seul le présent conscient donne sens – sur fond de vécus (re)mémorisés et à l’horizon de projets qui existent par l’individu qui les élabore en pensée.

21

Pluri- référentielle : référée à sa matérialité comme à sa spiritualité, à un ensemble d’attaches et d’appartenances, d’investissements intellectuels et affectifs, de structures et de manifestations… // A-référentielle : dégagée, dé-engagée : sans investissements durables (du corps, des liens affectifs, des projets, des engagements …).

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Irrévocables parce qu’elles recèlent des possibilités de mieux-être indéniables que nulle mise en garde référée à l’impalpable des mécanismes de liances ou de transpositions (conceptuelles, objectales, diachroniques, affectives ou symboliques ) ne pourra jamais écarter face à la souffrance réelle d’individus de chair et de conscience.

Irrévocables parce qu’elles mettent en balance le concret et l’abstrait ; l’être conscient sensible et le potentiel doté de sa seule valeur symbolique ; le présent requérant et le futur incertain.

Irrévocables parce que leur condamnation consacrerait la préséance du modèle ou de l’Idée sur l’humanité en sa réalité : où la préservation de «l’idée humanité» et de ses conditions de possibilité future ( à très long terme ) détruirait ( à moyen ou court terme ) ces mêmes conditions et aptitudes ( ouverture à l’autre, réceptivité, sensibilité... ).

Irrévocables, enfin, parce que l’homme est celui qui n’a pas d’Essence et qu’il rompt avec la contrainte évolutionniste pour se réaliser ; parce que ses techniques et cultures donnent corps à ses défauts, à ce qui lui fait défaut, pour en faire des outils, des prothèses, des robots ou des «doubles»

propres à le suppléer.

En conséquence, notre intuition est celle d’une transfiguration probable de l’individu porté par une aspiration grandissante à une métacarnation ou à une transcarnation*- et notre thèse celle d’une dimension aporétique inscrite au c ur de l’existence ( comme soutenance ) humaine et répondant à l’incomplétude des divers déterminants tout autant qu’à la réalité d’un certain déterminisme génétique.

Il s’agira dès lors de montrer que les frontières et catégories diverses sont obscurcies, perméabilisées, déplacées ou abolies : entre les statuts «ontologiques» 22 , les genres 23 , les espèces, les modes 24 et les cycles.

Montrer conséquemment que l’individu est menacé tant par la puissance que par la faiblesse 25 de sa malléabilité et de sa complexité : où se disputent actions et rétro-actions, interférences factuelles et interférances agies, assimilations et adoptions, synthèses dialectiques et associations dialogiques.

Menacé donc, par son être et dans son être - et d’une manière inédite du fait des techniques qui pèsent en chaque concept, chaque lieu, chaque moment et chaque phase organique ou existentielle pour se coupler avec les pulsions multiples et contradictoires, avec les fantasmes divers, les angoisses plurielles, les incertitudes essentielles et les failles consubstantielles qui font l’homme.

Semblablement, il faudra expliciter que «l’Homme» des technosciences et des virtualités 26 souffre d’un défaut de cohérence unifiante/unitaire : homme du manque à ETRE ( être réalisé, être légitimé, être sensé ) qui, peut-être, jalouse inconsciemment la stabilité compacte de la roche inerte - ou encore aspire à l’instant éternel qui engloutirait une conscience toujours déjà satisfaite en son devenir arrêté? Et montrer que cet homme-là est un «incarné» en transit ou transitoire, et non plus un charnel référentiel. Montrer que cet incarné, individualiste mais si peu individu ( comme unité ), tend à éprouver son corps comme moyen ou outil accidentel – en une sorte de co-étance quelquefois entravante et souvent encombrante.

Montrer que ce sujet refuse les appartenances, les continuités et l’historialité : satisfait ou insatisfait de sa situation, de son groupe, de son corps, de ses possibles et de sa nature - mais extérieur, comme en suspens, et résumé ( quant à son n ud ultime d’identité ) à son vouloir et à sa puissance d’action.

Il s’agira finalement de démontrer que l’homme est hypothéqué en son humanitude par la démesure de son pouvoir et par la force de son vouloir. Hypothéqué par le jeu de sa personnalité, par la perméabilité et la mouvance de son identité, par l’incomplétude de sa compacité, la faille de ses déterminations et l’indétermination autant que l’imperfection de ses déterminismes ( quand ses possibles techniques se font pour leur part de plus en plus déterminants ). Hypothéqué par la dimension létale de sa pulsion -(de)- vie et

22

Entre ce qui relève du Soi et ce qui s’inscrit dans le non soi, entre même et autre, entre ce qui tient de la substance (du substrat fondamental de l’individuation puis de l’individualisation – naguère indisponible) et ce qui tient des attributs (tantôt accidentels, tantôt décisionnels), entre unité substantielle et existentielle et pluralité expressive, entre continuité personnale et évolution personnelle…

23

Objectal, végétal et animal, ou différemment : inerte et vivant.

24

Entre réel, potentiel et virtuel, ou différemment : entre ce qui est advenu, ce qui est en puissance ou en devenir et ce qui est imaginaire ou conceptuel. Ou encore, entre naturel et artificiel, entre actualisation ou expression propre et fabrication, entre possible et exigible, entre faisable et acceptable, voire entre conscient et inconscient, processus logique et pensée.

25

Puissance : en termes d’adaptations, de désengagements, de bifurcations et de divergences. // Faiblesse : en termes de force référentielle identitaire et entitaire - ou de résistance aux interférences et ingressions du « non-soi ».

26

Entité paradigmatique comprise comme construction artefactuelle de la discussion et recouvrant ou recoupant les traits peu ou prou enflés de l’homme culturel ou idéel en construction : en retrait eu égard aux références classiques de l’identité personnelle et corporelle, en retrait eu égard aux appartenances diverses (familiales, sociales, religieuses, philosophiques, spécielles, mondaines …) et eu égard aux principes traditionnels de la morale toujours plus ou moins associés à l’idée de Transcendance ou de Vérité). Il s’agit donc d’une entité virtuelle regroupant quelques traits réels de notre mode d’être : une attirance forte pour la recréation du monde, pour la négation du donné imposé, pour la démultiplication des possibles et pour la transgression – toutes les transgressions.

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par la force vive de sa pulsion -(de)- mort. Par la folie de sa raison et les raisons de sa folie. Par

«l’ex (i) stance» de son être : où l’existance* est son mode d’être.

C – Méthodologie :

Nous interrogeons diverses pratiques en leurs applications actuelles comme en leurs extensions et implications futures ( dans l’ordre du probable, du possible ou de l’hypothétique, si ce n’est de l’imaginaire ).

Pour la clarté de l’ensemble, après une rapide définition de la technique considérée, nous la confrontons aux souffrances, manques, besoins, désirs et fantasmes humains. Ensuite, nous réalisons une compilation des arguments favorables et défavorables se rapportant tant à sa mise en uvre actuelle qu’à ses éventuels développements ultérieurs. Enfin, sollicitant différents auteurs, nous entamons la discussion de quelques points qui nous paraissent importants.

Pour atteindre notre objectif, nous avons subdivisé notre analyse en deux sections :

èLa première détaille le mouvement qui va de l’instinct au désir et du désir à l’exigence.

Nous y décrivons l’inclination tendant à conduire du désir d’enfant ( descendant ou héritier ) au désir de soi : où l’instinct paraît se volontariser en injonction, où le «soi» semble aspirer à une incarnation dans la matière vive de l’autre – sous forme de projet, d’assignations et de déterminations, ou encore par le biais d’une matrice génétique supposée prendre à elle les qualités jadis accordées à l’âme.

Désir d’affirmation, rejet de l’altérité, crainte de la solitude : et exigence d’une incarnation

«personnelle» fascinée par le mirage du double - Narcisse en quête de lui-même.

Mais aussi incomplétude essentielle et contingence substantielle captivées par le fantasme de la créature fondatrice et légitimante : Eve, née d’une côte d’Adam, ou Pandore apparue sous les mains d’Héphaïstos.

Nous y interrogeons tant les pratiques associées à la procréation médicalement assistée, en ce compris les diagnostics anténataux, que les conceptions et manipulations diverses de l’embryon ; tant les tests génétiques appliqués à l’individu constitué ( en matière de gènes dits de susceptibilité (s) ou à expression retardée ) que les risques ou promesses eugéniques ; tant le clonage reproductif que les recherches en matière de médecine régénératrice. Par ailleurs, cette section englobe l’analyse d’une consultation dite «de bioéthique» portant sur trois grands groupes représentatifs : d’une part « La population générale », d’autre part « Les personnes ou les patients concernés par les possibles et les promesses médico-techniques », et finalement « Les médecins, chercheurs et doctorants en sciences biomédicales ». Il s’agit d’évaluer la réceptivité et la sensibilité des participants aux techniques nouvelles, de distinguer leurs différentes représentations de l’identité personnelle / corporelle et de déceler leurs craintes et leurs espoirs spécifiques. Mais aussi, de voir si l’on trouve trace, dans les attentes et les refus exprimés, des diverses modifications sociales, sociétales, personnales et conceptuelles que nous aurons interrogées dans les chapitres précédents – si donc les tendances précédemment évoquées se retrouvent, peu ou beaucoup, dans les options individuelles. Par suite, nous tentons de préciser les domaines de sacralité résiduels et d’en tirer quelques conclusions quant au devenir de l’homme ( individuel, social, spéciel ).

è La seconde section s’intéresse aux transformations probables des concepts et des modes d’être : elle interroge les notions de «corps», d’«existence» et de «sens» en les confrontant aux technosciences.

Il s’agit de montrer comment se rencontrent nos corps reconstruits ou désaffectés et nos craintes ou nos angoisses de la finitude. Comment s’ordonnent des corps prothétisés et une perspective où l’identité du moi se distille en son externalité et en son expressivité – en son «Je». Comment se conjuguent nos projets, nos pulsions prométhéennes, nos assignations à signifiance, et la théorie génétique en ses extensions déterministes. Et encore, comment se confortent nos inclinations métaphysiques, nos propensions transgressives et nos théories génétiques d’inspiration «totigénique». Enfin, nous tentons de mettre en évidence une tendance allant de sapiens à demens / démis. Nous terminons donc ces réflexions en faisant retour à la question initiale – celle de l’homme, de l’humanitude et des paradoxes ou apories y associés.

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Lexique :

A-génération (situation d’) : correspond à une rupture de génération ou, selon les dires des psychologues et des psychanalystes, à une mort symbolique inscrite dans la psyché.

A-historialité : si l’historialité est l’état ou la qualité d’un individu inscrit dans l’histoire et s’y constituant en histoire ( écrivant une histoire globale et personnelle en s’existenciant : donnant un sens à la durée ), l’a-historialité spécifie un individu qui se pose en ruptures diverses : à l’égard d’une histoire ( évolution ) spécielle, d’une histoire ( culture ) anthropologique, d’une histoire ( généalogie ) familiale, d’une histoire ( mesure )générationnelle et d’une histoire ( vieillissement et mortalité ) biologique.

L’a-historialité caractérise alors la situation abstraite d’un individu coupé des structures temporelles, des cycles naturels et des projets inscrits en continuité dans une durée donnant sens aux ponctualités qu’elle articule.

Aporétique : de l’ordre de l’aporie. Au sens aristotélicien : relevant d’une difficulté de résolution ou de la mise en présence de deux opinions contraires également raisonnées. Mais également, propre à une situation où convergent les antagonismes, les antithèses et les paradoxes : où le substrat est l’objet ou l’agent d’un équilibre précaire nécessitant un réaménagement incessant et soumis à une dynamique susceptible de le désintégrer. Où tout écart signifiant eu égard aux paramètres d’équilibres ( des forces, pulsions, réactions ou mouvements ) et toute modification du travail de maintenance ( de synthèse ouverte, d’ouverture centrée sur la synthèse advenue d’ores et déjà fuyante et à recomposer ) mènent à l’explosion du substrat qui les accueillent (de la société qui les héberge, du corps qui les concentre, du métabolisme qui les opèrent, de la psyché qui les englobe, de la pensée qui les acte ).

Centrifuge : s’agissant de mode ou de soutenance ( métaboliques et organistiques d’abord, personnales et existentielles ensuite ), nous entendons en ce terme un mouvement ou un travail tendant à fuir le lieu organique, le centre intime ou le noeud référentiel – caractérisant une conscience aspirant à faire trace dans le monde et dans l’histoire, mais aussi aspirant à se délier de ses attaches et appartenances (au monde de la matière, au temps comme vieillissement, au corps comme entraves et limites…).

Centripète : s’agissant de mode ou de soutenance ( métaboliques et organistiques d’abord, personnales et existentielles ensuite) , nous entendons en ce terme un mouvement ou un travail tendant à faire retour sur l’intériorité organique et sur l’identité ou la réalité ( entitaires, conscientielles et personnales ) entendues comme sources et destinataires, causes et buts, émetteurs et récepteurs ( de tout travail, toute soutenance, toute action, tout engagement ou relation ) – caractérisant une conscience faisant retour sur un «soi» réel maintenu en une continuité entitaire et identitaire ( un n ud référentiel d’identité organique et mnésique).

Champ éthique : domaine des échanges, relations et / ou concepts non-appropriatifs, non-utilitaristes, non-réifiants eu égard à l’autre, considéré alors en son altérité radicale, en son humanité principielle, en sa «mêmeté» ( spécielle / hominienne et humaine ) requérante. Lieu du souci et de l’inter-relation ( parfois anticipée, parfois remémorée ou projetée et assumée pour l’incapable ). Espace où l’autre, par la préhension opérée ( anticipation, projection, identification… ), se départit de son pôle objectal et se délie de son immédiateté : projeté en son futur ( pour l’individu en devenir ) ou en son passé ( pour l’individu forclos en sa matérialité du fait d’une pathologie – temporaire ou définitive ), voire en son potentiel ( qui l’associe par appartenance à l’humanité ).

Conscience-soi : intériorité minimale ( conscience éphémère, à chaque instant activée, inféodée aux objets ou aux variations d’états qui l’alimentent ). La conscience-soi situe l’organisme eu égard à un moment, à un lieu, à un autre que lui ou à un hors de lui : elle le situe d’un changement d’état, changement d’équilibre, changement de données physico-chimiques qui lui donne simultanément le sentir soi.

Pour sa part, le «soi» conscient recouvre l’entité dotée d’une conscience plus complexe octroyant une certaine continuité d’étance : le soi conscient entend déjà une représentation mnésique de «soi» ( de l’organisme, des états de l’organisme ) en soi. Il se développe face à une «altérité» intime : altérité d’un

«maintenant» du Moi ( dessiné contre le Non-Soi ) esquissée par rapport au Moi mémorisé.

Par ailleurs, quand nous nous référerons à la conscience de soi, nous entendrons une représentation réfléchie et figurée de soi pour soi et par soi. Enfin, très au-delà de cette représentation intime, viendra la conscience d’un «Soi» expressif – conscience d’une entité décisionnelle que l’on est en une mise à distance et que l’on module en expressions multiples. Ce «Soi»-là précède l’imposition d’un «Je» volitif en rupture de substrat charnel.

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A l’inverse, le «soi» primal/en germe/ou métabolique fait référence à une internalité minimale (l’enclave fermée où se métabolise la vie).

Devenir : notion plurielle où se rencontrent le devenir processuel ( des réactions et phénomènes physico- chimiques ), le devenir impersonnel du monde et de l’histoire ( du monde ) et le devenir intime d’un être devenant.

Mode d’être du vivant en son métabolisme et de l’identité en son élaboration constante, mais aussi travail de la conscience. En matière d’individualisation, ce devenir-là est différance eu égard aux déterminations et prévisions ; en matière de procréation il est trajet ou trajectoire où s’inscrivent nouveautés et réalisations – à l’horizon d’une destination propre à soutenir une origine nouvelle pour une existence neuve… Il s’inscrit contre la répétition ou contre la vanité d’une existence enserrée en ses limites propres et promise à l’anéantissement – à l’anéantissement de tous ses investissements.

Dialogique : nous avons emprunté, pour l’adopter, ce terme à E. Morin traitant d’une « Unité complexe entre deux logiques, entités ou instances complémentaires, concurrentes et antagonistes qui se nourrissent l’une de l’autre, se complètent, mais aussi s’opposent et se combattent (…) Chez Hegel, les contradictions trouvent leur solution, se dépassent (…) dans une unité supérieure. Dans la dialogique, les antagonismes demeurent et sont constitutifs des entités ou phénomènes complexes .» ( La méthode– L’humanité de l’humanité, p. 281. ). Nonobstant, référé au dialogue, le terme recouvre également une dimension recevant perspectives, sens et objets différents pour former une totalité sensée – où donc un dialogue est ouvert duquel émerge une intégration totalisante.

Différance : action de faire différence ; mais aussi de différer dans le temps, l’espace ou la responsabilité – voire même d’un niveau de réalité à un autre ( du monde matériel au monde conceptuel, du plan mondain au plan psychique, de la réalisation à la sublimation, du vécu au transposé…).

Dignité : en sa dimension active ( eu égard à un individu «capable», et en proportion desdites capacités ), nous entendons ici une soutenance de soi par soi en une invention de soi et du sens – contre le non sens originel, contre l’indécidabilité du «Bien» et du «Mal», contre les démissions et renonciations. En cette acception, la dignité est sens créé, valeur ajoutée, bifurcation existentielle (eu égard à un substrat –de vie–

initial ), mais aussi dépassement de soi et réalisation du possible contre le probable.

En sa dimension passive ou principielle, la digité relève d’un statut hors statut – d’une valeur intrinsèque accordée sur base d’une appartenance inaliénable à la communauté humaine.

Ek-stase : fait ou manière d’être «hors de soi», tendance à être «à distance de soi». Mais aussi, en un sens, émanation, impulsion ou avatar hors d’un état donné/état premier – sous-entendant une fuite active et productive hors la stase, hors l’arrêt ou la perpétuité, hors l’identité/identicité pleine et compacte (inerte, inanimée) , hors de l’En-soi.

En-soi : c’est l’Etre-en-soi, la pleine positivité inerte, la plénitude ou la compacité de ce qui est sans conscience, sans distance à soi, sans devenir autre que mécanique. Partant, à lui-même aliéné, sans passé ni avenir, rien n’existe hors de l’en-soi qu’il puisse être en un temps différent : le principe d’identité repousse toute possibilité d’avenir ( il n’est donc d’avenir que pour un pour-soi distant de soi et perpétuellement incomplet ).

Outre cela, en un sens quelque peu différent, l’en-soi est aussi le passé dépassé.

Entre-deux : mode et lieu d’être de l’existence humaine ( à entendre comme existance, mouvement actif d’existenciation ). Où l’homme soutient son existence dans l’entre-deux de la matière et de la matière qui se fuit en ses réalisations multiples, dans l’entre-deux du dedans et du dehors, du corps et de l’esprit, du même et de l’autre, de l’Etat ( advenu ) et du devenir, du passé et du futur, des libertés ( désengagements ) et des aliénations….

Où l’homme, donc, est un être de l’entre-deux – dans l’entre-deux : situé dans l’espace immatériel que crée incessamment sa soutenance ( qui est mise à distance : de soi à soi, de soi au monde – et par so i). Et cet entre-deux est la condition de possibilité de la «liberté» comme ( ré )appropriation de soi et orientation dans/vers l’avenir. Ou encore, il est condition de possibilité et lieu du «Projet» - du devenir, de la durée et du sens ou de la signifiance de soi ( comme individu et existence ) mais aussi du monde et de l’humanité.

Espèce : à entendre sous la plume de Sartre et en ce contexte comme substrat et puissance modelante et intégrante – par effet normatif factuel et quasiment mécanique ( l’homme naît dans une humanité, un ensemble de structures, de références et de symboles qui lui préexistent, le forment, l’ouvrent à lui-même et aux autres et, finalement, réinterprètent ses actes pour les articuler en cohérence ou en dérober le sens ).

Esprit : nous entendons en cela le travail ou la fonction du cerveau, et ses productions : images mentales, pensées, représentations, volitions, projets…

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Essence : par opposition à «accident» et en référence à «Nature» ( intemporelle et intangible ). Mais aussi, ici, en résonance avec l’Idée platonicienne : modèle idéal inaltérable en attente d’incarnation en chaque «individu».

Existance : distanciation en acte, construction et reconstruction, opération intégrative et mouvement expressif.

Ex(i)stence : nous référons l’ex (i) stence aux polarités du sujet entendu comme une Ek-stase.

Expression duale : nous désignons par ces termes la spécificité de l’individuation humaine, où la substance ( moniste ) se manifeste par/en corps (une forme soutenue, des métabolismes entretenus, une réalité matérielle de contact, une présence…. ) et par/en «esprit» ( une volonté affirmée, un projet élaboré, des émotions qui font lien, un langage qui (se) communique…. ).

Externalité : caractère de ce qui se réalise ou s’exprime hors de soi – dans le monde, en ses produits, productions et avatars divers. Ainsi en va-t-il pour l’homme qui s’affirme ou s’épanouit hors de lui- même et se dote d’outils prolongeant ses membres, démultipliant ses forces et amplifiant ses sens – cf.

M. Serres : « Appelons homme cette bête dont le corps perd. On dirait que nos organes se vident quelquefois de leurs fonctions pour les verser à l’extérieur. La bouche n’appréhende plus comme la gueule qu’elle fut, elle parle ou signifie ; la main ne s’appuie plus sur le sol (….), elle prend (…), ne travaille plus gère mais écrit (…). La mémoire transvase sur la page ses souvenirs (….), nous voici entourés (…) de banques objectivant dans l’espace d’anciennes fonctions du système nerveux. Nous perdons. », Actes du colloque Génétique, procréation et droit, p. 23. Partant, l’identité de cet homme se définit de ses propres assignations à demeure autant que de ses convictions, entreprises uvres et projets.

De même, pour la conscience, parce qu’elle est conscience parmi d’autres consciences semblablement appropriatives et interprétatives, parce qu’elle est dans le monde et en situation, qu’elle est ouverture et souci ( de l’autre ), l’externalité est le destin de ses productions et actions. En outre, c’est cette externalité du mode d’être {production d’objets, transformation de fait et de projet du monde (naturel, matériel, culturel et symbolique)} qui fait du passé un substrat incontournable en sa réalité mais neutre en son sens et en sa valeur globale ( à interpréter, refuser, assumer, porter en une continuité ou inscrire en une rupture ) - et qui fait de l’avenir un champ de liberté à investir ( construire et soutenir ).

Gratuité : c’est l’absence de fondement de la conscience que Sartre appelle gratuité. Où donc tout ce qui passe par la conscience lui est imputable, seul le fait primitif et absurde qu’il y ait conscience lui est étranger. Partant, sans raison d’être ( d’être advenue à l’existence et à elle-même ), sans fondement (un désir, une conscience en manque d’elle, un monde incomplet de son absence et qui l’attend ou la légitime toujours déjà en son advenue – de toute éternité et pour l’éternité ), sans Essence ni guide, la conscience s’angoisse devant son néant et ses possibles infinis. En conséquence, l’homme est toujours peu ou prou envahi par la nostalgie de l’existence inerte qui anéantirait la liberté ( et la conscience ) et dispenserait d’un choix incertain et risqué.

Nonobstant, en son pôle positif, la gratuité implique qu’il n’est nulle Essence ( liberté ontologique ) et nulle assignation à demeure : nul rôle, nulle Destination n’attendent l’individu ( liberté ontique ). Par extension, en matière d’existence individuelle et d’accueil parental, nous traitons de «gratuité» dans la perspective d’un non-monnayage, d’une non-redevance, non-équivalence. Une telle gratuité tient au fait qu’une vie humaine n’a ni valeur d’échange ni finalité ontologique ni essence en manque ( d’elle / d’incarnation ) ni destination en attente : tout enfant naît, devrait naître, sans autre finalité que la sienne propre – sans dette ni utilité ni fonction déjà assignées.

Historialité : situation, état et travail d’un individu se construisant ou se faisant «histoire» ( existence sensée et relationnelle ) au cours d’une durée, non seulement située entre une origine et une fin, mais encore perçue comme telle au sein d’une Histoire globale précédant ledit individu, le recevant et le modelant lors même qu’il contribue à sa construction incessante. L’historialité est alors le propre d’un être en devenir (métabolico-organique, individuel, personnal et existentiel) conscient de ce devenir ; d’un individu dont l’identité est tautologie ouverte – selon une ouverture conscientisée, soutenue puis élargie.

(L’) homme : sauf notification, cet homme-là est à envisager dans sa pluralité sémantique : spécimen biologique ( de l’espèce homo sapiens sapiens ), individu relationnel (conscient et sensible ), produit et agent culturel, sujet expressif et volitif, personne singulière ( en ses caractéristiques physiques et psychiques comme en ses désirs et projets ), liberté décisionnelle et transgressive s’exprimant dans l’externalité et pour-soi en situation.

(L’) Homme : entité paradigmatique, voire idéelle, ou modèle culturel nanti d’un ensemble de spécificités supposées définir la nature humaine.

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Homo pictor : l’homme qui forme des images, accédant à la forme première de la représentation ou à la structure du concept ( à l’abstrait ) – avant même la mise en paroles nécessitant un symbolisme secondaire (: celui du signifiant ou du signe ). En un certain sens, «homo pictor» construit les réseaux d’affects et, s’il peut être également «loquace», il précède ( étiologiquement ) et excède ( factuellement ) nonobstant la construction langagière.

Humanité : à entendre dans sa pluralité sémantique - comme espèce et concept, culture et liance, valeur et qualité.

L’humanité comme communauté de fait, comme substrat, lieu, structures et réseaux, construction incessante et projet, mais aussi comme ensemble de capacités et de spécificités.

Humanitude : nous désignons par ce terme le fonds des potentialités et des possibles spécifiquement humains. Mais également l’aptitude à l’humanisation : à la mise à distance, mise en affects, mise en symboles.

Idéel(le) : de l’ordre de l’idée ( platonicienne ). Modèle ou schème ou concept désignant soit le degré

«zéro» de «l’objet» considéré ( les qualités, spécificités ou formes minimales/générales qui l’inscrivent en son être ) soit la quintessence sémantique/identitaire de cet «objet». Ou encore, la représentation référentielle.

Identité : l’identité recouvre en ces chapitres tant la nature moléculaire et entitaire ( en soi ) de l’«objet»

( sujet ) considéré que sa persistance objective/objectale et/ou subjective. S’agissant de l’identité humaine, elle se confronte alors à la dimension objective d’une maintenance unitaire ( en devenir/évolution ) et à la dimension subjective d’un vécu intime ( de vécus intimes unifiés ou intégrés en unité ), d’une proprioception, de sensations, de sentiments et de représentations, voire de projets et d’intentions. Cela entend l’ensemble des productions des différentes instances identitaires ( Je, Moi, Ca, Surmoi… ). Et l’on peut encore se référer à la définition offerte par R. Steichen et selon laquelle l’identité est « le système des représentations de la «chose ou matière» humaine, qui figurent chacun pour lui-même et pour les autres. », in Dialectique du sujet et de l’individu, p. 9.

Imaginal (e) : propre à la représentation mentale d’une sensation ou d’une perception. Mais aussi, de l’ordre de ce qui se rapporte à l’imago ( cette représentation inconsciente ou ab-consciente qui régit les relations et rapports du sujet à lui-même, à son environnement ou à son entourage ).

Incomplétude ( humaine ) : recouvre l’ouverture métabolique ( d’un métabolisme en manque et nécessité de substances ), l’ouverture substantielle ( d’une substance semi-perméable constituée en interface, d’un ensemble de possibles y associés et indéterminés – se révélant au rythme de la vie et de son existenciation ), l’ouverture spécielle ( d’une espèce néotène ), l’ouverture ontologique ( d’un homme sans Essence, ni guide, ni imposition transcendante, ni Destin… ), l’ouverture ontique ( d’un individu qui vient au monde d’une existence radicalement nouvelle : qui portera sur le monde un regard neuf ), l’ouverture conscientielle ( d’une conscience réactivant sans cesse sa conscientisation et poursuivant de même sa quête de fondement et de satisfaction ), et l’ouverture existentielle ( d’une existence en construction et projet(s) ).

Individu : nous entendons en cela tant l’individu lambda spécimen du genre humain que l’unité entitaire constituée et cependant toujours en devenir ( cf. G. Simondon pour qui l’individuation est, d’un point de vue ontologique, plus important ou plus essentiel que l’individu qui advient et se précise d’un fonds premier dont il actualise certaines potentialités : «le devenir n’est pas devenir d’un être individué, mais devenir d’individuation de l’être », in L’individu et sa genèse physico-biologique, p. 277.).

L’individu est un «tout» qui construit son unité par intégration d’une pluralité de constituants (d’organes, de tissus et cellules pour ce qui intéresse le corps ; de vécus «sentis/ressentis» pour ce qui relève de la conscience ; de caractéristiques comportementales et émotionnelles pour ce qui tient à la personnalité ; de désirs, fantasmes et pulsions pour ce qui nourrit la psyché ; de perspectives, de conceptualisations et de modes opératoires pour ce qui s’attache à la subjectivité et à l’intellect ). Ainsi, l’individualité d’un individu humain est une activité incessante de maintenance entitaire et identitaire qui se distingue de l’identicité de matière et d’état.

«Je» : c’est le sujet tel qu’il se résume et se dit ( à l’autre ou à lui-même ). Le terme est utilisé en référence à une mise à distance, mise en discours.

«Moi»… «Je» …. «Cogito» ; du centripète au centrifuge - le «moi» comme point de convergence existentiel vécu et soutenu se soutenant d’un ensemble jamais fini de données ( force centripète ) et le

«Je» comme point de divergence ( expressivité/ expression ) de l’intimité référentielle en sa pluralité de contenus intégrés ( force centrifuge ).

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Liberté : à entendre comme la néantisation de l’en-soi, la négation du donné, le dépassement de la situation – ou encore l’adjonction d’un sens personnel à la neutralité du monde. Il s’agit là d’une liberté qui ne tolère pas la comparaison ( les possibles qui ne sont pas miens deviennent des handicaps face à l’autre qui les possède ou en dispose ) ou encore d’une liberté qui n’admet que le retour sur soi ( fixer son futur par rapport à son passé ) – même si elle exige la communauté des hommes et le face-à-face pour s’actualiser. En outre, cette liberté que l’orgueil sartrien veut absolue, témoigne d’une attache platonicienne : de l’ordre de l’Idéal, de l’idéel – Illusion dont l’homme se nourrit pour se consoler de sa vanité. Cependant, cette Illusion se révèle agissante : elle rend possibles toutes les libertés d’existence, toutes les libertés d’agir. C’est donc l’invention humaine d’une liberté absolue qui permet que se construise une Histoire apparaissant, au moins a posteriori, comme sensée et orientée eu égard à une délivrance hors des entraves plurielles qui enserrent les hommes en des situations initialement non voulues et, quant au sens, fondamentalement neutres.

Mélioratif/ive : expression utilisée pour désigner toute technique ou intervention soutenues par un projet global d’amélioration ( de l’homme ) – lui-même sous-tendu, peu ou prou, consciemment ou inconsciemment, par une idéologie «du progrès» (: où l’homme, l’humanité, l’humanicité pourraient connaître, connaîtront par la science et la technique, un état amélioré ). Nonobstant, la perspective méliorative se distingue généralement d’un projet transformatif dès lors que la première se limite ou se réfère aux spécificités ( circonstanciellement valorisées et arbitrairement choisies, portées à une expression quintessencielle ) présentes au sein de l’espèce tandis que le second transgresse les limites spécielles pour inventer un être et un mode d’être radicalement nouveaux.

Méta-physique : en référence à la métaphysique, bien sûr. Mais aussi, en rapport avec l’au-delà : du donné et de la matière. De l’immédiat, de la présentativité, du visible ou du tangible. De l’être propre ou de l’action – et de toute définition.

Moi : ici, entité intime référentielle – à mettre en relation avec le «je» : pulsion expressive et volitive à inclination expansive et conquérante, le «on» : construction désincarnée et dépersonnifiée, et le «ça» : produit de l’externalité de l’étance humaine en rupture d’intériorité.

Monadique : qui relève de la monade – où les monades sont, selon Leibniz, « (…) impénétrables à toute action extérieure, différentes chacune l’une de l’autre, soumises à un changement continuel qui vient de leur propre fonds, et toutes douées d’Appétition et de Perception (…) », in La Monadologie, cité par Lalande, p.646.

(La) n ature humaine : nature sans Nature justement, à entendre donc comme soutenance active d’un donné biologique initial commun (comme fonds de potentiels virtuellement disponibles : individuation et individualisation réalisant une combinaison unique desdits «potentiels») à tous les membres de l’espèce. A cette nature répond une condition humaine relative et relationnelle inscrite de surcroît dans un monde matériel ( naturel et technico-culturel ) et symbolique.

Néoténie : acquisition de la maturité sexuelle au stade juvénile ou larvaire - par extension, le terme désigne la conservation des caractères juvéniles. En l’occurrence, nous l’utilisons pour renvoyer à la malléabilité de l’homme et de ses circuits neuronaux.

Normalité : état d’un organisme faisant sa norme ; mais aussi, perception intime ou auto-référée d’un individu accédant à une mise en uvre pour lui satisfaisante de son existance - en vue de son existence.

Où donc la normalité est individuelle et singulière, a-statistique, sentie/ressentie et inscrite dans l’ordre du pathos.

Normatie : référence contraignante pouvant être soit biologique ou spécielle soit sociale – en fonction d’une moyenne statistique ou d’une attente économique ou idéologique. Où la normatie collective ou instituée et dotée d’une vocation universelle s’oppose à la normalité qui est pour sa part individuelle et singulière, a-statistique, sentie/ressentie et inscrite dans l’ordre du pathos.

Personnage : nous entendons en cela un individu sans consistance ; incarnant, sans investissement réel, un rôle dépourvu d’épaisseur.

Personnal(e) : nous utilisons cette déclinaison du radical international pour désigner la réalité physique et psychique de la «personne» - perspective substantive donc, et horizon existentiel ( d’un individu construisant et soutenant un ensemble de particularités qui le spécifient ).

Personnalité : nous entendons en cela un profil psychologique stable et cohérent en son évolution, un projet dense continu.

Pour-soi : l’homme en tant qu’il est conscience immédiate de soi, du monde, de lui-même dans le monde et de lui-même comme conscience de soi….

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