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Les déterminants des investissement en efficacité énergétique des entreprises : dimensions stratégique et culturelle de la décision d'investir

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Thesis

Reference

Les déterminants des investissement en efficacité énergétique des entreprises : dimensions stratégique et culturelle de la décision

d'investir

COOREMANS, Catherine

Abstract

La rentabilité est un facteur secondaire dans les choix d'investissement des entreprises. Le caractère stratégique de l'investissement est le facteur d'influence prioritaire dans ces choix.

En contradiction avec l'approche dominante économico-financière, telle est la thèse soutenue dans le mémoire. Elle est développée en appliquant les concepts du domaine de la décision stratégique au domaine de la décision d'investissement en efficacité énergétique. Cette approche conduit à aborder sous un angle complètement nouveau la question de l'"energy-efficiency gap", ce déficit d'efficacité énergétique souvent observé dans les entreprises, qui se traduit par un potentiel rentable d'économies d'énergie. La recherche empirique, menée auprès de 35 entreprises, confirme la primauté de la logique stratégique sur la logique financière dans les choix d'investissements et le faible caractère stratégique des investissements en efficacité énergétique. La contribution de la thèse est triple : développement théorique de la décision stratégique, connaissance du comportement d'investissement des [...]

COOREMANS, Catherine. Les déterminants des investissement en efficacité

énergétique des entreprises : dimensions stratégique et culturelle de la décision d'investir. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2010, no. SES 736

URN : urn:nbn:ch:unige-149976

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:14997

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:14997

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LES DETERMINANTS DES INVESTISSEMENTS EN EFFICACITE ENERGETIQUE DES ENTREPRISES

Dimensions stratégique et culturelle de la décision d'investir

Thèse présentée à la Faculté des sciences économiques et sociales de l’Université de Genève

Par Mme Catherine Cooremans

pour l’obtention du grade de

Docteur ès sciences économiques et sociales mention : gestion d'entreprise

Membres du jury de thèse :

M. Pascal DUMONTIER, Professeur, Co-directeur de thèse, CERAG, Grenoble M. Eberhard JOCHEM, Professeur, ETH Zürich

M. Michel ORIS, Professeur, Président du jury, Université de Genève

M. Olivier OUZILOU, Responsable de l’unité Bâtiment, Energie, Territoire (BET), BG Ingénieurs Conseils, Lausanne

Mme Susan SCHNEIDER, Professeure, Co-directrice de thèse, Université de Genève

Thèse N° 736

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La Faculté des sciences économiques et sociales, sur préavis du jury, a autorisé l’impression de la présente thèse, sans entendre, par là, n’émettre aucune opinion sur les propositions qui s’y trouvent énoncées et qui n’engagent que la responsabilité de leur auteur.

Genève, le 29 septembre 2010

Le doyen

Bernard MORARD

Impression d’après le manuscrit de l’auteur

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La rentabilité est un facteur secondaire dans les choix d'investissement des entreprises.

Le caractère stratégique de l'investissement est le facteur d'influence prioritaire dans ces choix. En contradiction avec l'approche dominante économico-financière, telle est la thèse soutenue dans la recherche. Elle est formulée et développée en appliquant les concepts et résultats des domaines de la décision stratégique et de la finance organisationnelle au domaine de la décision d'investissement en efficacité énergétique.

Cette approche conduit à aborder sous un angle complètement nouveau la question de l'"energy-efficiency gap", ce déficit d'efficacité énergétique souvent observé dans les entreprises, qui se traduit par un potentiel rentable d'économies d'énergie.

1. Contexte et questions de recherche

Pourquoi des entreprises à but lucratif négligent-elles des opportunités d'investissement susceptibles d'accroître leur profit ? Cette question fait l'objet de débats depuis quatre décennies. Les économistes de l'énergie soutiennent que ces investissements ne sont pas décidés parce que leur rentabilité n'est qu'apparente (en raison de coûts de transaction, de coûts cachés ou d'un niveau élevé de risque) et/ou parce qu'un certain nombre de défauts, dans les marchés de l'énergie ou dans les organisations (market ou organizational failures) empêchent les marchés de l'énergie de fonctionner correctement. Cette argumentation n'est pas satisfaisante, d'une part, parce qu'elle ne permet pas d’expliquer les différences de comportement qui ont été constatées entre entreprises du même secteur d’activité et, d'autre part, parce que la rentabilité estimée de certains projets est tellement élevée qu’aucune des explications proposées ne permet d’expliquer pourquoi ils sont rejetés par l’investisseur potentiel. Un courant de recherche "alternatif" au mainstream des économistes de l'énergie met en évidence le rôle de nombreux facteurs humains et organisationnels sur la décision d'investir, rôle qui relativise ipso facto l'importance décisionnelle des critères financiers de rentabilité; mais il n'explique pas les modalités et les conséquences de ces influences faute d'un cadre théorique.

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Pourquoi existe-t-il dans de nombreuses entreprises un potentiel rentable d'économies d'énergie ?

Pourquoi les entreprises ont-elles des comportements différents en matière de décisions d’investissement en efficacité énergétique, et plus généralement, en matière de gestion de l’énergie?

Ces questions n'ont pas trouvé de réponses satisfaisantes à ce jour. Elles prennent une importance nouvelle dans un monde menacé par le changement climatique et l'insécurité énergétique: l'efficacité énergétique1 est en effet le moyen le plus efficace, le plus rapide et le plus économique de lutter contre ces problèmes.

2. Cadre théorique, thèse et hypothèses

Pour répondre à ces questions, un cadre conceptuel est proposé après avoir effectué une exploration théorique de la décision d'investir dans le domaine de la décision dans les organisations. J'ai construit le schéma ci-dessous pour le représenter.

Figure 1 – Les déterminants de la décision d'investissement

1 Energy efficiency refers to the ratio between energy output (services such as light, heat and mobility) and input (fuels).” (IEA, 2002, p. 3).

Evaluation

& Choix Build up

solutions Diagnosis

Initial idea

Processus d’investissement

Mise en œuvre

Acteurs

Facteurs individuels

Contexte interne

Facteurs organisationnels

Contexte externe

Facteurs environnementaux

Caractéristiques de l’investissement

Caract. analytiques, contenu, nature stratégique

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et les contextes organisationnel et externe dans lesquels ce processus décisionnel est inséré;

les acteurs participant au processus et, enfin, les caractéristiques de la décision d'investir elle- même. Parmi les caractéristiques, la nature stratégique de l'investissement considéré est un facteur décisionnel important, plus important que la rentabilité.

Au terme d'une exploration théorique des notions de stratégie et de décision stratégique (voir pp. 192 et ss.), une définition de la décision stratégique d'investir est proposée, qui est la suivante : une décision d'investissement est stratégique si elle contribue à créer, maintenir ou développer un avantage concurrentiel durable. Cette définition implique d'une part qu'une décision n'est pas simplement stratégique ou non stratégique, mais plus ou moins stratégique – ou non stratégique. Cette définition implique d'autre part que la contribution à l'avantage concurrentiel est la composante principale du caractère stratégique de la décision d'investissement.

Deux grands courants de la littérature en management stratégique ont prôné les moyens permettant de construire ou de développer l'avantage concurrentiel : l'approche par les activités et l'approche par les ressources. Ces deux courants s'accordent sur le concept d'un avantage concurrentiel à deux composantes : d'une part la valeur de l'offre qu'une entreprise propose à ses clients et, d'autre part, les coûts qu'elle supporte pour construire cette offre.

Cette approche d'un avantage concurrentiel à deux dimensions – valeur et coûts – semble cependant incomplète : il y manque la dimension du risque. En effet, toute décision comporte une part de risque, puisqu'une décision consiste à faire un choix dans l'incertain2. Différents cadres théoriques – risque stratégique, dépendance des ressources et RBV conduisent à prendre le risque en compte comme la troisième composante de l'avantage concurrentiel, en complément des dimensions valeur et coût identifiées plus haut. Selon l'analyse menée dans la section Mesure de l'avantage concurrentiel du chapitre Méthodologie (voir pp. 248 et ss.), il convient de définir l'avantage concurrentiel comme un concept tridimensionnel, formé de trois composantes interreliées : coûts – valeur – risques. J'ai construit le schéma ci-dessous pour représenter très simplement ces trois dimensions.

2 Selon la définition donnée p. 116.

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Figure 44 – Les trois composantes de l'avantage concurrentiel

Cependant les investissements ne sont pas stratégiques – ou pas seulement – pour des raisons objectives. Ils sont interprétés comme tels par les décideurs, et par les organisations, notamment par l'intermédiaire des systèmes de contrôle, ou de gestion, qui jouent un rôle de filtre.

Basée sur le cadre théorique de la décision d'investissement résumé très brièvement ci- dessus3, la thèse suivante est formulée, en réponse aux questions de recherche :

Il existe un potentiel rentable d'économies d'énergie dans les entreprises principalement parce que les entreprises considèrent comme faiblement stratégiques les investissements en efficacité énergétique qui permettraient de réduire ce potentiel; la perception du caractère stratégique de l’investissement est influencée par le niveau de gestion de l’énergie des entreprises, ce qui explique, au moins en partie, les différences de comportement entre entreprises.

Pour compléter cette assertion, deux hypothèses sont formulées, en réponse aux questions de recherche :

Hypothèse no. 1 : les décisions d'investissements en efficacité énergétique ont un faible caractère stratégique pour de nombreuses entreprises.

Hypothèse no. 2 : le niveau de gestion de l’énergie de l’entreprise exerce une influence sur la perception du caractère stratégique de l’investissement en efficacité énergétique.

3 Décrit plus longuement p. 232 et ss.

Valeur

Risque Coûts

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3. Méthodologie

Pour tester ces hypothèses, la recherche empirique a été menée avec le concours du Service Cantonal de l'Energie de Genève, dans le cadre du programme genevois de réduction de la demande d'électricité, NOE, toujours en cours actuellement, dont l'objectif est de réduire la consommation électrique des bâtiments ou des sites industriels, toutes activités confondues, qui consomment plus de 1 GWh d'électricité par an. Les entreprises, administrations publiques et organisations internationales participantes, "les requérants", postulent de manière volontaire. Cent trente bâtiments ou sites participent au programme, qui totalisent environ 22% de la consommation totale d'électricité du canton de Genève. Ces bâtiments correspondent à environ 70 requérants, dont cinquante-neuf entreprises. Trente-cinq de ces entreprises (voir p. 263 et ss.) ont participé à l'enquête, qui a consisté en deux volets complémentaires (voir p. 268 et ss.) : interviews et questionnaires s'adressant aux responsables de l'énergie dans les entreprises; questionnaires s'adressant aux responsables financiers.

4. Résultats et discussion

Dans le contexte de classification des projets et de compétition entre eux, et au-delà des questions que peuvent susciter les pratiques financières parfois peu orthodoxes des entreprises, le caractère stratégique des projets est bien le déterminant principal des choix d'investissements. Les réponses des managers genevois confirment les résultats des études antérieures4, en relativisant l'influence de la rentabilité et des méthodes d'évaluation financière. La rentabilité de l'investissement apparaît comme une condition généralement nécessaire mais non suffisante. Presque toutes les entreprises classent les projets d’investissements selon une typologie préexistante. La catégorie influence la/les démarches d'analyse appliquées au projet (études de rentabilité, de risque, commerciale, technique, juridique, écologique, voir p. 277), les méthodes financières utilisées pour évaluer la rentabilité, et les étapes que doit suivre le dossier. Dans la typologie utilisée par les

4 Plusieurs recherches empiriques ont montré l'importance des facteurs stratégiques dans la prise de décision et du lien entre décisions d'investissement et objectifs ou enjeux stratégiques de l'entreprise : non seulement celles de De Bodt et Bouquin (2001) et Van Cauwenbergh et al. (1996), reprises pour la présente recherche, mais aussi celles d'Alkaraan et Northcott (2007, 2006); Burcher et Lee (2000); Butler (1991); Carter (1971); Carr et Tomkins (1996); Maritan (2001); Putterill, Maguire, Sohal (1996); Segelod (1995). Voir p. 176 et ss.

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En ce qui concerne plus précisément les investissements en efficacité énergétique (voir p. 285 et ss., et p. 292 et ss.), trois conclusions principales se détachent des résultats de la recherche empirique: premièrement, les investissements en efficacité énergétique sont perçus en moyenne comme peu stratégiques par les managers du secteur secondaire et comme modérément stratégiques par les managers du secteur tertiaire. L'hypothèse no. 1 est donc corroborée pour les entreprises du secteur secondaire et partiellement corroborée pour les entreprises du secteur tertiaire. Deuxièmement, des trois variables qui composent le caractère stratégique de l'investissement, c'est la variable "coûts" qui est perçue comme étant la plus importante. Cependant les coûts énergétiques sont perçus comme peu importants par les managers finance, et la perspective d'une réduction des coûts n'est donc pas une motivation très puissante pour une décision d'investissement. Le poids de la logique financière doit à nouveau être relativisé. La troisième conclusion importante à retirer des résultats de la recherche est celle de la diversité des comportements et des interprétations d'une entreprise à l'autre – y compris des entreprises actives dans le même secteur d'activités – et d'un manager à l'autre. Cette diversité se manifeste dans tous les domaines analysés par la recherche : procédures générales d'investissement (méthodes d'analyse et d'évaluation de la rentabilité, fixation du taux d'actualisation et durée de l'investissement), comportement d'investissement en efficacité énergétique, évaluation du caractère stratégique de cette catégorie d'investissement, évaluation des facteurs stimulants et bloquants ces investissements, niveau de gestion de l'énergie.

A propos de la dimension culturelle des investissements en efficacité énergétique, quatre conclusions importantes peuvent être tirées des résultats de la recherche : premièrement, le lien entre le niveau de gestion de l'énergie de l'entreprise et la perception du caractère stratégique des investissements en efficacité énergétique n'est pas établi (voir p. 310 et ss.) et l'hypothèse 2 n'est pas validée par la recherche; deuxièmement, des influences culturelles jouent néanmoins, de façon incontestable, un rôle important sur les perceptions que se font les gestionnaires de ces investissements et expliquent, au moins en partie, les différences de comportement entre entreprises; troisièmement, la culture de l’entreprise joue un rôle plus important que la culture du secteur d’activité; quatrièmement, le niveau généralement bas de la gestion de l'énergie dans les entreprises est un résultat qui n'est pas anodin et mérite discussion.

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première partie : un potentiel rentable d'économies d'énergie (energy-efficiency gap) existe dans les entreprises principalement parce que les entreprises considèrent comme faiblement stratégiques les investissements en efficacité énergétique qui permettraient de réduire ce potentiel"; et comme non validée dans sa deuxième partie, qui proposait que "la perception du caractère stratégique de l’investissement est influencée par le niveau de gestion de l’énergie des entreprises, ce qui explique, au moins en partie, les différences de comportement entre entreprises".

5. Conclusion

La recherche s'est avérée utile en ce qu'elle a permis d'augmenter la connaissance des phénomènes étudiés : décision générale d'investir d'une part, décision d'investir en efficacité énergétique d'autre part.

Limites et "next steps"

Un certain nombre de défauts ou limites peuvent être reprochés à la recherche empirique : mode de sélection (choix raisonné) et petite taille de l'échantillon (35 entreprises), présence du directeur du Service cantonal de l'énergie à certains entretiens, différences dans le mode d'administration des questionnaires.

En dépit de ses limites, la recherche - la première à faire un lien entre les domaines de la décision et de la finance organisationnelles d’une part et le domaine des investissements en efficacité énergétique d’autre part, la première également à tenter d'identifier des différences dans les perceptions et réponses d'acteurs de différentes fonctions au sein des entreprises6 - a quand même réussi à mettre en évidence des tendances intéressantes en matière de comportement général d'investissement des entreprises, et à valider, au moins partiellement, un cadre théorique cohérent.

Des recherches complémentaires sont nécessaires. Les travaux futurs doivent s'inscrire dans deux axes : le premier axe concerne la décision générale d’investissement dans les entreprises, qui reste mal connue. Beaucoup est à faire, en particulier, pour mieux comprendre l’impact des caractéristiques du projet considéré sur le processus et les choix

5 Elle n'est pas totalement validée car les entreprises du secteur tertiaire de l'échantillon considèrent comme

"moyennement" stratégiques ces investissements. Ce point mérite aussi une recherche plus approfondie.

6 Dans le domaine de recherche des investissements en efficacité énergétique.

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Contributions de la recherche. "Redesigning the Barriers Framework"

Le modèle théorique proposé est validé comme un outil utile pour analyser les choix d'investissement des entreprises (et donc, si nécessaire, pour les influencer en amont). La recherche confirme en effet que la décision d'investir n'est pas le résultat d'une évaluation financière; elle est le produit du déroulement complexe d'un processus influencé par les perceptions et le pouvoir des acteurs, par le contexte, et par les caractéristiques du projet d'investissement lui-même, en particulier son caractère plus ou moins stratégique. Il n'y a pas de choix optimal en matière d'investissement. Il n'y a pas une rationalité mais des rationalités, entendues comme les raisons qui sous-tendent les choix des agents économiques, individus et organisations. L'approche interprétative7 qui sous-tend cette analyse conduit à conclure au caractère normatif – par opposition à descriptif – de la théorie économique des choix d'investissement, en relativisant le rôle de la rentabilité, qui est au cœur de cette théorie. Cette approche conduit aussi à questionner le pouvoir explicatif du modèle de la rationalité limitée (modèle explicatif "élargi" de l'approche économique8), en mettant en évidence des influences culturelles qui, en modifiant les interprétations des décideurs, jouent un rôle qui va au-delà de celui des biais cognitifs mis en exergue par cette théorie.

Ce modèle de la décision d'investir permet de mieux comprendre pourquoi, dans de nombreux cas, les propositions d'investissements en efficacité énergétique aboutissent à des non-décisions (en restant en suspens dans les tiroirs des décideurs, comme c'est le cas pour de nombreux audits énergétiques), ou à des décisions négatives. Au terme de la recherche théorique et empirique menée au carrefour des domaines de l'économie de l'énergie et de la décision dans les organisations, l'explication proposée est que l'absence de lien (perçu) avec le métier conduit à ce qu'un investissement soit catégorisé comme non stratégique, ce qui implique qu'il sera soumis à des critères de choix plus durs (par exemple un pay-back simple de très courte durée) et à des restrictions en capital. La mise en évidence du rôle joué par la/les cultures présentes dans les entreprises sur la perception du caractère stratégique de l'investissement en efficacité énergétique, permet d'expliquer les différences de comportement ayant été observées entre entreprises appartenant au même secteur d'activité et présentant les mêmes caractéristiques.

7 Voir p. 205 et ss.., p. 219 et ss...

8 Voir p. 67 et ss.

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efficiency gap", cette situation étrange dans laquelle des entreprises à but lucratif, négligent des sources d'accroissement de leur profit. Notre modèle théorique de la décision d'investir, et les résultats de la recherche empirique, conduisent en effet, en alternative à l'approche dominante des économistes de l'énergie, à proposer un autre modèle explicatif des barrières organisationnelles à l'efficacité énergétique, qui est représenté par le tableau ci-dessous.

Figure 54 – "Redesigning the Barriers Framework"

Ce schéma explicatif comprend quatre niveaux de barrières organisationnelles aux investissements en efficacité énergétique, chacun d'eux exerçant une influence sur le ou les niveaux situés en-dessous. J'ai donné des noms à ces barrières : "barrière base", "barrières symptômes", barrières "réelle" et "cachée".

• La barrière "base", c'est le manque d'information. Un problème dans les entreprises qui n'ont pas de gestion de l'énergie, mais aussi dans celles qui ont mis en place un tel système de gestion, en raison des aspects souvent complexes des mesures d'efficacité énergétique (tout au moins dans les grands bâtiments), qui nécessitent des compétences techniques pluridisciplinaires.

• Le deuxième niveau est constitué des barrières "symptômes", qualifiées ainsi parce qu'elles ne sont que la manifestation de problèmes plus profonds ou d'interprétations erronées. Par exemple, le capital ne manque pas mais il est

Barrière

“cachée”

Barrière

“base”

Barrières

“symptômes”

Barrière

“réelle”

Caractère non stratégique

Dimension culturelle Coûts cachés

Accès au capital, Risque, etc.

Information

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en avant de coûts cachés est une explication commode parce que, par définition, impossible à quantifier.

• Le troisième niveau représente la barrière "réelle", le problème à l'origine des symptômes : le faible caractère stratégique des investissements en efficacité énergétique pour l'activité des entreprises. Le caractère non-stratégique de l'énergie pour les entreprises est la première méta-barrière (selon la formule d'Eyre, 1997) à l'efficacité énergétique, qui sous-tend les autres barrières ayant été généralement identifiées par la recherche et les praticiens.

• Le quatrième niveau est la barrière "cachée" : ce sont les influences culturelles qui conduisent les organisations, et les décideurs en leur sein, à considérer comme non stratégique cette catégorie d'investissements, au-delà de possibles raisons objectives. La dimension culturelle de l'énergie est la deuxième méta-barrière à l'efficacité énergétique.

"Make it strategic!"

Dans ses aspects théorique et empirique, la recherche a contribué à relativiser le rôle de la dimension financière, elle a confirmé l'influence des dimensions stratégique et culturelle sur les choix d'investissements des entreprises et elle a amélioré la compréhension de la manière dont cette influence s'exerce. Elle a mis en évidence, en particulier, le fait que de nombreuses entreprises considèrent que les investissements en efficacité énergétique ne contribuent que médiocrement à renforcer leur métier et leur avantage concurrentiel. Cette catégorisation défavorable influence par suite négativement la manière dont le projet d'investissement est traité (choix des méthodes d'évaluation et des critères de sélection), ainsi que le pouvoir et le niveau hiérarchique des "champions" de l'investissement.

En prenant en compte l'influence des dimensions stratégique et culturelle des décisions d'investissements, on est amené à basculer d'une perspective principalement financière sur une perspective stratégique interprétative pour comprendre, partiellement prévoir et, in fine, influencer les (non-)décisions d'investissement en efficacité énergétique. Cette nouvelle perspective appliquée à la problématique du sous-investissement en efficacité énergétique dans les entreprises conduit à formuler différemment les programmes publics de promotion de l'efficacité énergétique. Ces programmes devraient chercher à augmenter la stratégicité perçue des investissements en efficacité énergétique, en mettant l'accent sur leur contribution à

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Pour être atteint, ce but doit s'incarner dans trois approches complémentaires à l'attention des entreprises :

• Une approche personnalisée : chaque entreprise présente des caractéristiques individuelles qui sont liées à son histoire, à son contexte interne particulier et aux acteurs impliqués dans les projets d'investissement. Ces particularités doivent être prises en compte dans le dialogue. Cette approche est possible en raison du fait que le nombre de grands consommateurs (définis comme les organisations dont un bâtiment au moins consomme 1 GWh au moins par an) n'est pas très élevé (à Genève, moins de 200 organisations, entreprises et administrations publiques).

• Une approche stratégique. Cette approche suppose de chercher comment l'efficacité énergétique peut contribuer à renforcer le métier des entreprises, ce qui est généralement obtenu par l'intermédiaire de services énergétiques de meilleure qualité. Ceci suppose d'intégrer dans les analyses de projets les aspects techniques et les aspects de gestion d'entreprise. Un nouveau métier est ici à créer, qui passe aussi par un élargissement des compétences des gestionnaires de l'énergie dans les entreprises et des consultants extérieurs qui les assistent.

• Une approche systémique : elle consiste à développer la culture de l'efficacité énergétique au niveau de l'entreprise dans son ensemble, de façon à créer un contexte interne favorable à la catégorisation positive des projets d'investissements en efficacité énergétique. Ceci suppose d'aider les entreprises à développer un système de gestion de l'énergie. Ceci suppose aussi de transformer la culture de la

"fée énergie" pour aller vers une meilleure compréhension de la rareté et de la dangerosité de la ressource.

Cette triple approche contribuerait à activer les immenses potentiels d'économies enfouis dans les bâtiments et les sites industriels des entreprises, diminuant ainsi la pression des problèmes vitaux provoqués par la consommation d'énergie : pollutions, sécurité d'approvisionnement énergétique, et changement climatique.

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Catherine COOREMANS

LES DETERMINANTS DES INVESTISSEMENTS EN EFFICACITE ENERGETIQUE DES ENTREPRISES

DIMENSIONS STRATEGIQUE ET CULTURELLE DES DECISIONS D'INVESTISSEMENT

"If you had to name the world’s largest industry, which would you pick? No, not the information technology or telecommunications, nor defence or car manufacturing. Lee Raymond, the chairman of ExxonMobil has the answer : "Energy is the biggest business in the world…" The Economist, 8 février 2001.

Energy : "Both everywhere, and nowhere, it remains a mysterious if not magical feature of everyday life" Shove (1997).

"The finance profession has concentrated on how capital investment decision should be made, with little systematic study on how they actually are made in practice". Jensen (1993).

The oil wars, The Economist, April 29, 2004

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Remerciements

Mes remerciements vont d'abord à la communauté académique, au sein de laquelle j'ai trouvé aide et encouragements : le professeur Haurie, qui m'a incitée à ce doctorat, dans le cadre de son groupe de recherche du NCCR Climate ; les professeurs Dumontier et Schneider, qui ont codirigé ma thèse avec rigueur et patience, dont l'exigence intellectuelle et l'esprit critique m'ont stimulée, et qui m'ont assistée dans les obstacles administratifs et financiers les plus décourageants; le professeur Lachal, qui m'a prêté en tous temps une oreille attentive et, le moment venu, m'a donné accès à l'aide indispensable d'un statisticien; le professeur Oris qui a accepté de bonne grâce, et sans me connaître, d'assumer la présidence du jury de soutenance; le professeur Jochem, enfin, qui m'a fait l'honneur de faire partie de mon jury. Que tous trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude.

Mes remerciements vont ensuite à Olivier Ouzilou, dont la curiosité intellectuelle, l'anticonformisme et la confiance m'ont été si précieux depuis notre rencontre à Marseille en janvier 2004. Sans lui, l'accès privilégié aux entreprises n'aurait pas été possible et le Service cantonal de l'Energie n'aurait pas financé une partie de ma recherche.

Un message de remerciement particulier pour Jean-Luc Bertholet, statisticien

"surdimensionné", dont les analyses, la patience, l'esprit caustique et le sens de l'humour m'ont accompagnée depuis septembre 2008.

Merci à Sandrine Perruchoud, pour son aide, son écoute et ses commentaires judicieux sur mon travail, et à Alexandra Stampfli, ma roommate à Unimail, pour sa complicité compatissante ou amusée.

Mes remerciements vont enfin à M. Robert Gay, en souvenir d'une chère amitié sans laquelle cette aventure n'aurait pas été possible. A ma fille Emilie. A son amour et à son soutien sans faille, dans les tribulations et remous traversés ensemble. A mes parents, bien sûr, pour tout ce qu'ils m'ont apporté et permis de réaliser.

Faire un doctorat, c'est comme faire un chemin de Compostelle en solitaire.

Parfois il pleut, il vente, on est transi et découragé. Parfois la lumière est belle, le paysage magnifique, et on a des moments de grâce. Tout bien pesé, l'aventure en a valu la peine.

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TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION ... 7

1. 1ERE PARTIE : ENERGIE, EFFICACITE ENERGETIQUE ET INVESTISSEMENTS ... 12

1.1 SYSTEME ENERGETIQUE ET ELECTRICITE ... 14

1.1.1 L’électricité en bref ... 15

1.1.2 Quelques chiffres : contextes genevois et mondial ... 17

1.1.2.1 Le canton de Genève et NOE ... 18

1.1.2.2 Production et consommation d’énergie dans le monde ... 23

1.1.3 Energie et changement climatique ... 30

1.2 LEFFICACITE ENERGETIQUE ... 38

1.2.1 "Energy efficiency gap": un sujet controversé ... 44

1.3 INVESTISSEMENTS EN EFFICACITÉ ÉNERGÉTIQUE DES ENTREPRISES ... 48

1.3.1 To be or not to be profitable ... 50

1.3.1.1 La théorie financière des choix d’investissement ... 50

1.3.1.2 Investissements en efficacité énergétique ... 55

1.3.2 Barrières à l’efficacité énergétique ... 68

1.3.2.1 Barrières conditionnées par le marché ... 70

1.3.2.2 Barrières organisationnelles... 75

1.3.3 "The human dimension"... 98

1.4 CONCLUSIONS DE LA 1ERE PARTIE: PROBLEMATIQUE ET QUESTIONS DE RECHERCHE ... 103

1.4.1 Energie, métier, culture ... 105

1.4.2 Influence partielle de l'information et des critères financiers ... 109

1.4.3 Quel cadre théorique? ... 110

2. 2EME PARTIE : DECISIONS ET ORGANISATIONS ... 114

2.1 LES FONDAMENTAUX ... 115

2.1.1 Décision et rationalité(s) ... 115

2.1.2 Homo economicus versus homo sociologicus ... 120

2.1.3 Modèles décisionnels... 125

2.1.3.1 Rationalité parfaite ... 126

2.1.3.2 Rationalité limitée et biais cognitifs ... 129

2.1.3.3 Les modèles politiques de l’organisation ... 136

2.1.3.4 Les modèles aléatoires. ... 144

2.1.4 Conclusion ... 145

2.2 LES DÉTERMINANTS DE LA DÉCISION DANS LES ORGANISATIONS ... 147

2.2.1 La décision, étape d’un processus ... 147

2.2.2 Influence du contexte ... 157

2.2.3 Les acteurs de la décision ... 160

2.2.3.1 Cognition individuelle ... 162

2.2.3.2 Cognition et culture(s) organisationnelles ... 170

2.2.4 Caractéristiques de la décision ... 180

2.2.5 Conclusion ... 182

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2.3 DÉCISIONS STRATÉGIQUES ET DÉCISIONS D'INVESTISSEMENT ... 184

2.3.1 Investissement et stratégie ... 184

2.3.2 Décision stratégique et stratégie ... 192

2.3.3 Strategic Issue Diagnosis ... 213

2.3.3.1 Filtres individuels ... 216

2.3.3.2 Filtres organisationnels ... 221

2.3.4 Conclusion ... 226

2.4 CONCLUSIONS DE L' EXPLORATION THÉORIQUE SUR LA DECISION D'INVESTISSEMENT ... 227

2.5 CADRE THÉORIQUE DE LA DÉCISION D'INVESTIR ET HYPOTHÈSES ... 232

3. 3EME PARTIE : RECHERCHE EMPIRIQUE ... 246

3.1 METHODOLOGIE ... 247

3.1.1 Mesure des concepts ... 247

3.1.1.1 Caractère stratégique de la décision d'investissement ... 248

3.1.1.2 Dimension(s) culturelle(s) de la décision d'investissement ... 253

3.1.2 Echantillon... 263

3.1.3 Collecte des données et questionnaires ... 268

3.1.3.1 Questionnaire "Energie" ... 268

3.1.3.2 Questionnaire "Caractéristiques de l'entreprise" ... 269

3.1.3.3 Questionnaire "Finance" ... 269

3.2 RESULTATS ... 271

3.2.1 Comportement d'investissement ... 271

3.2.1.1 Comportement général d'investissement ... 271

3.2.1.2 Poids des logiques financière et stratégique sur la décision d'investir ... 282

3.2.1.3 Catégories d'investissement et investissements en efficacité énergétique ... 285

3.2.2 Caractère stratégique des investissements en efficacité énergétique ... 292

3.2.2.1 Contribution à l'avantage concurrentiel ... 292

3.2.2.2 Facteurs bloquants et stimulants les investissements en efficacité énergétique... 301

3.2.3 Gestion de l’énergie et "stratégicité" ... 310

4. 4ÈME PARTIE : DISCUSSION ... 319

4.1 Choix d’investissements : primauté de la logique stratégique sur la logique financière ... 321

4.2 Faible caractère stratégique des investissements en efficacité énergétique ... 327

4.3 Influence(s) culturelle(s) ... 335

4.4 Conclusion de la 4ème partie ... 351

5. CONCLUSION ... 353

Limites et "next steps" ... 353

Contributions de la recherche. "Redesigning the Barriers Framework" ... 356

"Make it strategic!" ... 362

6. BIBLIOGRAPHIE ... 364

7. TABLES DES ILLUSTRATIONS ... 383

8. ANNEXES ... 385

(22)

Introduction

Ressource vitale, l’énergie est au cœur des modes de vie des sociétés industrielles et post-industrielles. Dans ses formes dominantes - fossiles et nucléaire – l’énergie est à l’origine de problèmes majeurs et interreliés : changement climatique, sécurité d’approvisionnement et pollutions diverses. L'efficacité énergétique1 est le moyen le plus efficace, le plus rapide et le plus économique de lutter contre ces problèmes : certains équipements ou technologies, plus efficaces, offrent le même service énergétique (éclairage, chauffage ou mobilité) en consommant moins d’énergie.

Pourquoi des entreprises à but lucratif négligent-elles des opportunités d'investissement susceptibles d'accroître leur profit ? Cette situation, est souvent constatée dans le domaine de l'efficacité énergétique. Pour une entreprise, l'amélioration de l'efficacité énergétique (au moyen de l’adoption d'équipements plus efficaces au plan énergétique) implique en général une décision d’investissement. Selon les économistes de l’énergie, alignés sur le courant dominant de la finance d’entreprise, cette décision est déterminée par la rentabilité de l’investissement, qui doit être analysée au moyen des différentes techniques d’évaluation mises à disposition par la théorie financière. Au terme de l'analyse, la décision d’investir est prise dans le respect des principes suivants : tout investissement dont la rentabilité est supérieure au coût du capital de l'entreprise – ou bien l’investissement le plus rentable en cas de compétition entre différents investissements – sera décidé. Or de nombreuses études montrent que, en contradiction avec ces principes, de nombreuses opportunités d’investissements rentables en efficacité énergétique2 sont négligées par les entreprises.

Depuis 30 ans, cette situation a engendré une littérature importante autour des notions de "energy efficiency gap" ou "energy efficiency paradox". Différentes explications ont été proposées, et âprement débattues : les économistes de l'énergie soutiennent que ces investissements ne sont pas décidés parce que leur rentabilité n'est qu'apparente (en raison de "coûts cachés", de coûts de transaction et en raison d'un niveau

1 Energy efficiency refers to the ratio between energy output (services such as light, heat and mobility) and input (fuels).” (IEA, 2002, p. 3).

2 Nous définissons l’investissement en efficacité énergétique comme un investissement dans lequel la réduction de la consommation énergétique (au moyen de technologies plus efficaces) est le/un facteur prioritaire de décision.

(23)

élevé de risque) et/ou parce qu'un certain nombre de défauts, dans les marchés de l'énergie ou dans les organisations (market ou organizational failures) empêchent les marchés de l'énergie de fonctionner correctement. Cette argumentation n'est pas satisfaisante pour trois raisons principales : 1) la rentabilité estimée de certains projets est tellement élevée qu’aucune des explications proposées ne permet d’expliquer pourquoi ils sont rejetés par l’investisseur potentiel; 2) cette analyse ne permet pas d’expliquer les différences de comportement qui ont été constatées entre entreprises du même secteur d’activité; 3) les économistes font mention de coûts cachés mais jamais de "bénéfices cachés", lesquels ont pourtant été démontrés solidement3. Un courant de recherche

"alternatif" au mainstream des économistes de l'énergie met en évidence le rôle de nombreux facteurs humains et organisationnels sur la décision d'investir, rôle qui relativise ipso facto l'importance décisionnelle des critères financiers de rentabilité; il constate l'importance du lien entre l'investissement et le métier de l'entreprise, et le rôle joué par la culture organisationnelle de l'efficacité énergétique sur la décision d'investir, mais il n'explique pas les modalités de ces influences faute d'un cadre théorique.

Pourquoi existe-t-il dans de nombreuses entreprises un potentiel rentable d'économies d'énergie ?

Pourquoi les entreprises ont-elles des comportements différents en matière de décisions d’investissement en efficacité énergétique, et plus généralement, en matière de gestion de l’énergie?

Ces questions n'ont pas trouvé de réponses satisfaisantes à ce jour. Elles prennent une actualité nouvelle dans un monde préoccupé par la question du changement climatique. L'enjeu est important : répondre à ces questions permettrait de mieux comprendre le comportement des entreprises (increasing knowledge), et in fine d’améliorer les programmes publics de promotion de l’efficacité énergétique (translating knowledge into action), avec des effets favorables sur les problématiques de l’énergie.

3 Voir à ce sujet la littérature sur les bénéfices indirects aux investissements en efficacité énergétique.

(24)

Deux domaines de recherche peuvent fournir des éléments de réponse : d’une part le domaine de la finance organisationnelle, qui a montré l’influence de la dimension stratégique de l’investissement sur la décision d’investir ainsi que l’influence de la culture des décideurs sur la décision et sur le processus d’investissement; d’autre part, et surtout, le vaste domaine de la décision dans les organisations - dans lequel s'inscrivent les recherches de la finance organisationnelle - qui a mis en évidence l’influence déterminante de trois autres catégories de facteurs : les acteurs impliqués dans le processus décisionnel, les contextes interne et externe du processus d'investissement et, last but not least, les caractéristiques de la décision considérée.

Le cadre conceptuel que je propose après avoir effectué une exploration théorique de la décision d'investir dans le domaine de la décision dans les organisations, me conduit à formuler la thèse suivante :

Il existe un potentiel rentable d'économies d'énergie dans les entreprises principalement parce que les entreprises considèrent comme faiblement stratégiques les investissements en efficacité énergétique qui permettraient de réduire ce potentiel; la perception du caractère stratégique de l’investissement est influencée par le niveau de gestion de l’énergie des entreprises, ce qui explique, au moins en partie, les différences de comportement entre entreprises.

Pour compléter cette assertion, les hypothèses suivantes sont formulées, basées sur le modèle théorique et en réponse aux questions de recherche, relativement aux dimensions stratégique et culturelle des décisions d'investissements :

Hypothèse no. 1 : les décisions d'investissements en efficacité énergétique ont un faible caractère stratégique pour de nombreuses entreprises.

(25)

Hypothèse no. 2 : le niveau de gestion de l’énergie de l’entreprise exerce une influence sur la perception du caractère stratégique de l’investissement en efficacité énergétique.

Pour tester ces hypothèses, la recherche empirique a été menée avec le concours du Service Cantonal de l'Energie de Genève, dans le cadre du programme genevois de réduction de la demande d'électricité, NOE, toujours en cours actuellement. L'objectif de ce programme est de réduire la consommation électrique des bâtiments ou des sites industriels, toutes activités confondues, qui consomment plus de 1 GWh d'électricité par an. Les entreprises, administrations publiques et organisations internationales participantes, "les requérants", postulent de manière volontaire. Cent trente bâtiments ou sites participent au programme, totalisant environ 22% de la consommation totale d'électricité du canton de Genève. Ces bâtiments correspondent à environ 70 requérants, dont cinquante-neuf entreprises. Trente-cinq de ces entreprises ont participé à l'enquête, qui a consisté en deux volets complémentaires : interviews et questionnaires s'adressant aux responsables de l'énergie dans les entreprises; questionnaires s'adressant aux responsables financiers.

Quelques mots sur la genèse de cette recherche. Au début de mon doctorat, j'ai assisté à des conférences sur des thèmes de l'énergie. Dans ces conférences, des "success stories" en matière d'énergies renouvelables ou d'efficacité énergétique étaient présentées, si convaincantes que je me suis demandé pourquoi les solutions décrites ne se répandaient pas rapidement et partout. J'ai pensé que c'était parce que les nombreux avantages de ces solutions n'étaient pas décrits correctement, qu'ils devaient être mis en forme, traduits, pour mieux correspondre au langage et aux préoccupations de la gestion d'entreprise.

Lors d'un exposé en 2004 devant des dirigeants d'entreprise à l'occasion d'une réunion du WBCSD4, j'ai alors fait de mon mieux pour montrer en quoi l'efficacité énergétique est une façon rentable de lutter contre le changement climatique, en utilisant des concepts de stratégie et de finance d'entreprise. A la fin de mon exposé, l'un de mes auditeurs a dit quelque chose comme "oui c'est bien, mais c'est cher". Cette remarque m'a étonnée car elle allait exactement à l'encontre de ce que j'avais essayé de démontrer durant vingt

4 World Business Council for Sustainable Development, Genève.

(26)

minutes : c'était comme si je n'avais rien dit. C'est probablement à ce moment-là que mes questions et hypothèses de recherche ont commencé à se former.

Dans l'ensemble, la question de la décision, qu'elle soit individuelle ou collective, est une question complexe et ardue. Elle l'est d'autant plus que les termes qui sont au cœur des différentes problématiques du sujet, sont rarement définis dans les textes qui les utilisent. Il est ainsi extrêmement difficile pour le néophyte de comprendre le sens exact de termes aussi importants que : comportement, culture, cognition, rationalité, intuition, jugement. On se dit d'abord innocemment qu'il suffit d'aller examiner les concepts de base des disciplines concernées pour trouver la réponse. Et l'on se retrouve immédiatement noyé par une multiplicité de perspectives et de théories plus ou moins divergentes, sans avoir trouvé les réponses cherchées. On comprend finalement que les mots eux-mêmes, et leur signification, sont un enjeu entre les différentes théories, et les différents paradigmes qui englobent ces théories, et que leur signification ou leur emploi relèvent souvent d'une forme d'idéologie. On passe alors un temps infini à essayer de trouver le sens, l'essence pourrait-on dire, de certains mots et à identifier les enjeux qui se cachent derrière leur façade apparemment uniforme et innocente. Durant cette quête, on réalise avec stupéfaction le cloisonnement généralisé entre les disciplines.

Les première et deuxième parties de ce travail sur les investissements en efficacité énergétique et sur la décision dans les organisations sont le résultat de cette quête. Leur rédaction a constitué un exercice difficile, et le résultat est exposé à la critique. Chaque sujet est présenté de façon à être compréhensible pour des non-spécialistes, et court donc parfois le risque d'être considéré comme imprécis ou trop généraliste par les spécialistes.

La troisième partie tente de lier les deux domaines discutés dans les 1ère et 2ème partie – celui des investissements en efficacité énergétique et celui de la décision dans les organisations. Elle utilise le cadre théorique décrit à la fin de la deuxième partie pour analyser, selon une approche nouvelle, les décisions d'investissement en efficacité énergétique. Elle décrit la méthodologie utilisée pour tester les hypothèses énoncées et les résultats obtenus. La quatrième partie est consacrée à une discussion des résultats et de leurs implications. Enfin, la conclusion esquisse certaines pistes qui pourraient conduire les entreprises à prendre un plus grand nombre de décisions positives en matière d'investissements en efficacité énergétique.

(27)

1. 1ère partie : Energie, efficacité énergétique et investissements

Cette première partie de la thèse présente le contexte de la recherche sur les déterminants des investissements en efficacité énergétique des entreprises. Cette catégorie d'investissements est liée au vaste domaine de l'énergie. En ces temps troublés, les questions énergétiques et climatiques font souvent la une des médias, mais elles sont généralement traitées de façon sensationnelle, incomplète et confuse, voire incorrecte. Le domaine de l’énergie est mal connu, parce qu'il est complexe. On peut l'aborder de différentes façons : la plus fréquente - mais pas la plus utile - est celle qui consiste à opposer énergies fossiles et énergies renouvelables (classification qui ne prend pas en compte l’énergie nucléaire). On peut considérer l’offre et la demande d’énergies. On peut considérer les filières de production : les métiers du pétrole, du gaz, du charbon et de l’électricité. On peut aussi considérer les énergies destinées à la mobilité (carburants automobiles pour le transport des personnes et des marchandises) et les énergies destinées à un usage fixe pour un usage domestique, secondaire ou tertiaire (bâtiments d’habitation, administratifs, commerciaux ou industriels ; production agricole et industrielle). On peut considérer enfin les formes centralisées et décentralisées de production d’énergie. Tous ces aspects de l'énergie peuvent faire l'objet de décisions d'investissement. Je m’intéresserai quant à moi en particulier à la filière de la production et de la consommation d’électricité, puisque c’est cette forme d’énergie qu’adresse le programme genevois de gestion de la demande (NOE) sur lequel s'est appuyée ma recherche empirique.

Le premier chapitre de cette première partie sera consacré à une présentation synthétique du domaine de l'énergie : problématiques et enjeux liés à la production et à la consommation de différentes formes d'énergie et système énergétique. Le deuxième chapitre introduit la notion d'efficacité énergétique et la question débattue de l'existence d'un déficit – ou sous-investissement - en efficacité énergétique. Le troisième chapitre est dédié à un examen de la littérature sur les investissements en efficacité énergétique selon un triple volet : rentabilité de ces investissements, barrières à l'efficacité énergétique et,

(28)

enfin, "dimension humaine", selon l'expression courante, de l'usage de l'énergie. La conclusion de cette première partie est consacrée à une discussion critique de la littérature. Elle met en évidence les questions qui n'ont pas trouvé de réponses satisfaisantes ou les questions qui n'ont pas été pas posées, constat qui débouche sur une formulation des questions de recherche de la thèse. D'autres perspectives de recherche sont introduites, basées sur les résultats des travaux sur la décision dans les organisations, perspectives qui pourraient permettre de combler, au moins en partie, les lacunes des recherches actuelles sur les déterminants des investissements en efficacité énergétique, en répondant aux questions posées.

(29)

1.1

S

YSTEME ENERGETIQUE ET ELECTRICITE

Le modèle de production d’énergie décrit ci-dessus par The Economist n’est pas encore d’actualité : la production d’énergie pour les usages de mobilité et de non mobilité est généralement strictement séparée en deux filières différentes, bien que l'arrivée en masse, peut-être prochaine, de la voiture électrique puisse changer cette situation.

Cependant, cette citation décrit aussi une situation dans laquelle le consommateur fabrique lui-même sa propre énergie, sur le lieu de consommation, une situation qui existe déjà dans la réalité, bien que très marginalement. Le schéma de la page suivante représente le système énergétique global et la transformation d’énergie primaire en

"énergie utile", réalisée de façon centralisée dans le système énergétique traditionnel (à gauche de la ligne en pointillés) ou bien de façon décentralisée, du côté de la demande d'énergie (à droite de la ligne), par les consommateurs eux-mêmes.

Ce schéma montre comment, une fois obtenue par transformation d’énergie primaire, de façon centralisée ou décentralisée, l’énergie utile (sous ses différentes formes : électricité, gaz, hydrogène, fuel domestique) est combinée à différents équipements (technologies & devices, dans le schéma ci-dessus) pour produire les services énergétiques : chauffage, éclairage, communication, production industrielle, etc.

La notion de service énergétique est fondamentale : les différentes formes d’énergie ne présentent en effet aucun intérêt intrinsèque. Ce qui est consommé par l’utilisateur final, c’est le service énergétique, qui pourra être de plus ou moins bonne qualité : éclairage, chauffage, refroidissement, ventilation, etc.

“Some crazy-haired visionary may even now be at work on a wondrously efficient, completely clean power plant on wheels that will heat and light your home as well as serving as a sporty car.”

The Economist, 27 mai 1999.

(30)

Figure 1 - Le système énergétique: production et consommation

1.1.1 L’électricité en bref

L'électricité est dite une forme "secondaire" d'énergie, parce qu'on a besoin pour la produire de sources primaires : pétrole, gaz naturel, charbon, nucléaire, renouvelables.

L’électricité est un flux d’électrons : pour produire de l’électricité, comme l’a découvert en 1831 le savant anglais Michael Faraday, il faut "détacher" des électrons de leur atome d’origine: c’est leur mouvement "libre" qui constitue le courant électrique.

Pour "libérer" les électrons, on utilise un générateur constitué d’un aimant tournant à grande vitesse au centre d’une bobine de fil de cuivre. Faraday a appelé sa découverte

"l’induction électromagnétique".

Energy efficiency CENTRALIZED PRODUCTION

Primary energy: oil, gas, coal, nuclear, renewables

ENERGY SERVICES

Heating, lighting, communication, etc Energy conservation

FINAL ENERGY

Electricity, district heat, heating oil, natural gas, bio gas

Energy efficiency

FINAL ENERGY

Electricity, gas, district heating, heating oil, wood pellets

domestic fuel

TECHNOLOGIES

& DEVICES

Energy efficiency

Demand side

Buildings, industry, transport DECENTRALIZED ENERGY

Renewables (hydro, wind, solar thermal, solar photovoltaïque,

geothermal) Cogeneration (fuel cell)

Supply side

Energy production

(31)

Figure 2 – Génération thermique d’électricité – Source : Free (2001, p. 14)

Le schéma ci-dessus illustre le processus traditionnel de production d'électricité.

La machine généralement utilisée pour actionner le générateur est une turbine dont les pales sont mises en mouvement par le passage d’un fluide (qui peut être de la vapeur, du gaz, de l’eau ou du vent). Dans le cas de la turbine à vapeur, on porte de l’eau à ébullition, généralement en brûlant un combustible fossile (charbon, gaz naturel, pétrole) dans les énormes chaudières des centrales thermiques, mode traditionnel de production de l'électricité hérité des premiers âges de la révolution industrielle, ou par fission de noyaux d’uranium dans les centrales nucléaires. Les turbines à vapeur des centrales thermiques ou nucléaires, sont le mode de production d’électricité le plus fréquent actuellement.

Mais c’est aussi le mode de production le plus inefficace (voir schéma p. 40), car la plus grande partie de la chaleur accumulée dans l’eau est perdue (comme le montre la vapeur s’échappant des énormes tours de refroidissement). Dans le cas de la turbine à gaz, on brûle du gaz naturel et les gaz de combustion activent directement la turbine. Dans le cas des énergies éolienne et hydraulique, la turbine est activée par la force du vent ou de l’eau, sans passer par le stade de la vapeur.

Une autre manière d’activer le générateur est d’utiliser un moteur à combustion au lieu d’une turbine, alimenté par du diesel ou du gaz. Cette solution est utilisée de façon décentralisée dans des lieux isolés ou, en usages commerciaux ou industriels pour fournir un courant de secours en cas de rupture de la fourniture de courant par le réseau.

Enfin, deux formes de production électricité doivent être mentionnées, qui sont chimiques et non mécaniques, par opposition au précédentes, le photovoltaïque

(32)

(transformation d’énergie solaire) et la pile à combustible (fuel cell). Ces deux modes de production permettent des productions décentralisées, à petite échelle.

Dans l'ensemble la production d'électricité aujourd'hui est "centralisée", c'est-à- dire que l'électricité est produite en grandes quantité par les centrales thermiques – mais aussi de nos jours parfois par des "wind farms" (des groupements d'éoliennes) - loin de son lieu de consommation, parfois à des centaines de kilomètres. Elle est ensuite injectée sur le réseau de transmission (lignes à haute tension) qui la transporte vers des sous- stations où des transformateurs réduisent la tension (mesurée en volts). Finalement elle est acheminée sur le réseau local de distribution (lignes à moyenne tension) pour être enfin livrée aux différents secteurs de consommation, immeubles d'habitation, sites industriels ou immeubles administratifs ou commerciaux, comme l’illustre le schéma suivant :

Figure 3 – Système électrique centralisé – Source : Finat, Conférence COGEN, mars 2005

1.1.2 Quelques chiffres : contextes genevois et mondial

Cette section comprend deux parties : la première partie présente brièvement le contexte genevois en matière de politique publique et de consommation de l’énergie, ainsi que le programme NOE, programme genevois de réduction de la consommation d’électricité dont les entreprises participantes ont été interviewées dans le cadre de la

(33)

recherche empirique décrite dans la 3ème partie de la thèse5. La deuxième partie brosse un tableau synthétique des grandes tendances passées et futures en matière de production et de consommation d’énergie dans le monde. Ces chiffres concerneront tout d’abord les énergies primaires, puis l’électricité, puisque cette forme d’énergie est celle qui est prise en compte dans le programme NOE.

1.1.2.1 Le canton de Genève et NOE

Le programme d'actions de l'Office fédéral de l'énergie SuisseEnergie s'est fixé les objectifs suivants pour 2010 :

• réduire la consommation d’énergies fossiles et les émissions de CO2 de 10

% par rapport à leur niveau de 1990 ;

• limiter la progression de la demande d’électricité à 5 % au maximum par rapport à 2000 ;

• exploiter pleinement le potentiel hydraulique, même dans le cadre de la libéralisation des marchés de l’électricité ;

• augmenter, par rapport à 2000, la part des nouvelles énergies renouvelables de 1 % dans la production de courant et de 3 % dans la production de chaleur.

La politique cantonale de l’énergie de l’Etat de Genève s'inscrit dans ce cadre suisse et s’appuie sur deux volets, élaborés par le Conseil d'Etat : un volet stratégique, qui s'incarne dans la Conception générale de l’énergie (CGE), et un volet opérationnel, le Plan directeur de l'énergie (PDE). La Conception générale de l'énergie définit les orientations durables de la politique cantonale, en tenant compte de l’évolution du contexte international, des ressources énergétiques, et des traités internationaux. Le Plan directeur de l'énergie reprend les orientations de la CGE, les traduit en objectifs chiffrés, et définit les actions nécessaires à leur réalisation. Il s'appuie sur les principaux acteurs cantonaux, le Service cantonal de l’énergie (ScanE) et les Services Industriels de Genève (SIG), et fait intervenir aussi des partenaires publics et privés.

5 Voir p. 256 et ss.

(34)

Le canton de Genève a défini une politique d'avant-garde, ambitieuse, et originale, dans le domaine de l'énergie, en adoptant dans sa Conception générale de l'énergie de 2005 la vision de la société à 2000 watts sans nucléaire.

Figure 4 – La société à 2000 watts (Plan directeur de l'énergie de Genève 2005-2009, p. 11).

Le concept de la société à 2000 watts a été développé par des chercheurs des Écoles polytechniques fédérales (EPF), en collaboration avec différents instituts de recherche regroupés dans le cadre du projet Novatlantis6, supervisé par le professeur Eberhard Jochem. Outre le canton de Genève, il a été adopté par les cantons de Bâle, Zurich et Berne.

L'objectif de la société à 2000 watts est d'amener, d'ici à 2050, chaque habitant de la planète à utiliser, en moyenne, une puissance continue de 2000 watts. Cela suppose pour certains habitants, tels les américains du nord, de diviser leur consommation par six (pour passer des 12'000 watts actuels aux 2'000 watts recherchés), et pour d'autres, tels les Africains, d'augmenter leur consommation. En Suisse en 2005, la consommation est d'environ 5000 watts par habitant, un niveau légèrement inférieur à la moyenne européenne (valeur qui ne tient pas compte de l'énergie grise nécessaire à la fabrication des produits importés)7.

6 http://www.novatlantis.ch/en/2000-watt-society/white-book.html

7 Plan directeur de l'énergie 2005-2009, p. 11.

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