• Aucun résultat trouvé

Article pp.283-309 du Vol.3 n°3-4 (2005)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Article pp.283-309 du Vol.3 n°3-4 (2005)"

Copied!
28
0
0

Texte intégral

(1)

Réseaux numériques éducatifs

L’analyse réticulaire d’usage, instrument de conception et d’investigation

Gérard Puimatto

Observatoire des ressources multimédias en éducation (ORME) Centre Régional de Documentation Pédagogique

31, bd d’Athènes

F-13232 Marseille cedex 1

gerard.puimatto@crdp-aix-marseille.fr

RÉSUMÉ. Appuyés par un ensemble de recommandations et de spécifications venant encadrer les initiatives, les réseaux numériques scolaires connaissent depuis quelques années un fort développement. Dans une perspective de suivi de la construction des usages, le rôle de ces réseaux doit être interrogé, entre objets techniques, économiques institutionnels et éducatifs.

Pour conduire ce questionnement, l’auteur propose une méthodologie d’analyse réticulaire en situation d’usage fondée sur une approche sociotechnique, le réseau intervenant à la fois comme outil pédagogique et éducatif, mais aussi comme instrument de vie scolaire, de documentation, d’organisation. Institution, collectivités et acteurs économiques interviennent et collaborent à la constitution d’environnements de communication scolaire médiatisée.

ABSTRACT. Digital school networks, relying on a body of recommendations andspecifications outlining the scope of initiatives, have undergone a sizeable expansion over the last few years.

To investigate the emerging usage of these networks, their role must be questioned as technical, economical, institutional and educational objects. In order to implement this questioning, the author proposes a methodology of reticular analysis of a socio-technical view of network use - the networks intervene at the same time not only as a teaching and educational aid, but also as tool for school life management, documentation and organization. State institution, local communities and economic actors intervene and collaborate in setting up media communication environments in school.

MOTS-CLÉS : réseau numérique, éducation (nationale), vie scolaire, TIC, schémas d’organisation, établissement scolaire, Internet, Intranet, espace numérique de travail, usages du multimédia.

KEYWORDS: digital network, (national) education, school life management, ICT, organisation schemes, Internet, Intranet, virtual school board, multimedia uses.

(2)

Introduction

Depuis le plan Informatique Pour Tous, les générations techniques de réseaux scolaires se sont succédées : télématique, réseaux locaux, réseaux d’accès à Internet, services Intranet et enfin environnements numériques de travail. Longtemps cantonnés dans la sphère des publics innovateurs et des minorités actives particulièrement impliquées, les réseaux numériques éducatifs trouvent dans l’affirmation d’objectifs de généralisation un cadre de développement élargi. A partir de 1998, le PAGSI (Plan d’action gouvernemental pour la société de l’information) vise la connexion de tous les établissements scolaires à Internet et, en 2002, le plan Re/so 2007 (Pour une République numérique dans la Société de l’information) réaffirme l’objectif de généralisation des usages.

Cette volonté politique est relayée par un ensemble de recommandations et spécifications, édictées par le ministère de l’éducation nationale dans le cadre de son Schéma stratégique des systèmes d’information et de télécommunications S3IT1.Les recommandations Services Internet Intranet pour les établissements et les écoles (S2I2E)2 puis le Schéma directeur des environnements de travail (SDET3) viennent, parmi d’autres textes prescriptifs4, définir les services à offrir dans le cadre des réseaux éducatifs et en préciser les modalités. Peu connus des praticiens, ces documents sont largement utilisés par les académies et les collectivités pour définir leurs axes de développement. Par leurs préconisations technologiques, l’affirmation d’un cadre institutionnel et d’une recherche de qualité du service éducatif, ils structurent un cadre technologique qui vise au développement de la communication éducative médiatisée (Moeglin, 2005, p. 31).

A présent inscrits dans les politiques d’équipements et d’infrastructures, les réseaux numériques éducatifs intègrent des environnements de services (les Espaces numériques de travail) et de ressources éditoriales en ligne (les canaux de ressources, notamment le Canal numérique des Savoirs5 et le Kiosque numérique pour l’éducation, KNE6). Ce cadre renouvelé participe de l’industrialisation d’une composante de l’environnement de formation, celle-là même qui permet d’ouvrir de

1. Le schéma stratégique S3IT (2000) prend la suite des schémas directeurs informatiques antérieurs ; traitant quasi exclusivement d’organisation des réseaux, il vise à intégrer des dimensions nouvelles, avec d’une part les aspects pédagogiques et d’autre part le contexte de compétences partagées Etat-Collectivités,

http://www.education.gouv.fr/syst/schema/default.htm

2. S2I2E : Services Internet Intranet pour les établissements et les écoles http://www.educnet.education.fr/equip/s2i2e.htm

3. SDET : Schéma directeur des environnements de travail http://www.educnet.education.fr/equip/sdet.htm

4. Notamment deux schémas directeurs, relatifs respectivement aux infrastructures (SDI) et à la sécurité (SDS).

5. CNS : canal numérique des savoirs http://www.cns-edu.net/

6. KNE : Kiosque numérique pour l’éducation http://www.kiosque-edu.com

(3)

nouvelles conceptions espace/temps dans les procès de la communication éducative médiatisée.

La première partie de cet article vise à décrire une approche sociotechnique des éléments caractéristiques des réseaux éducatifs et de leurs acteurs, puis à proposer un modèle d’analyse de leurs modalités de leur intervention, non seulement sous un angle pédagogique, mais aussi en matière de vie scolaire, de documentation, d’organisation/gestion, etc. La seconde partie présente une mise en œuvre de ce modèle pour une analyse comparée des projets d’ENT et d’Intranet. Elle vise avant tout à constituer un exemple de mise en œuvre du modèle, les observations qui la fondent restant à ce jour trop généralistes et parcellaires pour prétendre à autre chose que poser la première pierre de travaux à conduire.

Les réseaux numériques éducatifs, entre objets scolaires et objets technologiques

Appuyés par les plans successifs de développements des TIC, soutenus par des générations successives de recommandations et supportés aujourd’hui par la puissance des politiques territoriales, les réseaux numériques éducatifs sont à présent largement diffusés.

Objets scolaires, les réseaux le sont par leur implantation au sein de l’Ecole, et par les usages qu’en font ses acteurs. Mais ils se distinguent cependant des autres objets de la communication éducative médiatisée par leur dimension plus immatérielle. Le réseau n’est pas de ces objet qui « prennent de la place, ne passent pas inaperçus » (Moeglin, 2005, p. 7 ) ; on attend du réseau au contraire qu’il s’efface et se fasse oublier, permettant ainsi aux fonctionnalités et principes informatiques de céder la place à l’information et à ses modes d’accès. Cet oubli recherché, qui touche au premier chef les aspects matériels et de fonctionnement, concerne aussi par voie de conséquence les éléments organisationnels associés7, désormais transmis comme des composantes plus incorporées qu’explicitées.

Objets d’innovations technologiques, les réseaux éducatifs le sont également : leur élaboration, leur diffusion, les modalités de leur appropriation par les usagers scolaires en suivent les modalités. Les réalisations sont complexes, fortement dépendantes d’autres déploiements techniques (les postes de travail, les câblages) ou pédagogiques (les Travaux personnels encadrés8 ont donné un coup d’accélérateur considérable) ; elles sont aussi multiples, avec notamment les câblages de bâtiments, les réseaux longue distance, les services de connectivité, des services d’information et de documentation, etc. Les réseaux scolaires héritent du technologique la relation

7. Ces éléments organisationnels sont aussi bien ceux liés aux contraintes techniques du réseau et à son organisation propre que ceux liés au fonctionnement de l’institution.

8. TPE. Dispositif pédagogique mis en place en classes de première et terminale s’appuyant largement sur des activités de recherche documentaire.

(4)

complexe par laquelle l’outil forge l’usage et l’usage forge l’outil, mais aussi la difficulté à identifier les conditions du développement de leur usage, étroitement liée aux processus de l’innovation et de sa diffusion.

Les réseaux numériques touchent à tous les domaines de l’Ecole, apportant des dimensions nouvelles d’information/communication, et notamment la possibilité de s’affranchir des distances et d’effacer les délais de transmission ou d’accès à une diversité informationnelle et documentaire. Divers et multidimensionnels, les réseaux numériques éducatifs s’élaborent au gré d’initiatives diverses, centrées sur une grande variété d’objets technologiques, comme les Intranet d’établissement, les espaces numériques de travail, les services de ressources en ligne, etc. Chacun de ces objets détermine une « famille » de projets, encadrée par un ensemble de recommandations et de spécifications. Pour se limiter aux trois exemples ci-dessus, les Intranet d’établissements sont liés aux recommandations S2I2E, les espaces numériques de travail sont définis par le SDET, les services de contenus se sont structurés autour de l’initiative Espace numérique des savoirs (ENS)9. A chaque étape les différentes initiatives s’attachent à décliner ces recommandations.

Les projets se succèdent, avec leurs objets et les recommandations associées, sans qu’une approche globale soit toujours clairement perceptible ; il convient alors de s’interroger sur les modalités et l’existence même d’une approche du tout, d’un pilotage de la construction de l’espace numérique d’éducation qui se constitue progressivement.

Espaces numériques d’éducation

Si les espaces numériques de travail sont qualifiés de chaînon manquant des politiques d’aménagement éducatif des territoires ou de superstructure des initiatives publiques en matière de TIC (CDC-FING, 2004), on ne peut cependant ignorer que les réseaux numériques éducatifs, appréhendés dans leur ensemble, et non dans une vision de composants comme tel ou tel ENT ou Intranet, créent un espace de développement de la communication éducative médiatisée. Toutes les caractéristiques du réseau (nombre et localisation des terminaux, capillarité des câblages, infrastructures, connectivité externe, etc.) s’associent à la définition des services destinés aux utilisateurs pour déterminer un espace numérique d’éducation.

La constitution d’un espace numérique d’éducation consiste en la mise en réseau de ressources, d’acteurs, de systèmes et d’usagers, élaborant progressivement un environnement de communication éducative médiatisée à l’échelle scolaire.

L’espace numérique d’éducation doit être considéré dans la globalité des réseaux et de leurs composantes, et non comme la superstructure conceptuelle qu’aspire à devenir l’ENT. L’analyse des déterminismes liés à chacune de ses composantes, de

9. ENS. Expérimentation de service de ressources éditoriales en ligne mise en place par le ministère de l’éducation nationale.

(5)

leurs synergies et de leurs contradictions, des contraintes et comportements qu’ils induisent, mais aussi des détournements, voire des refus qu’ils occasionnent doit permettre d’éclairer les choix stratégiques. L’analyse des réalisations passées permet une élaboration et un suivi des projets dans une approche globale, à l’éclairage qu’offre l’observation des usages en construction.

Acteur-réseau, réseau d’acteurs, réseau d’Ecole

Les travaux de la sociologie de l’innovation encouragent une telle globalité d’approche, avec notamment l’importance des interactions entre les acteurs humains et non humains qui fondent l’acteur-réseau10. Usagers, outils techniques, contenus, services, organisations, savoirs incorporés dans les outils (notamment logiciels), savoirs explicités dans les documents méthodologiques, recommandations et spécifications diverses… tous, humains et non humains, contribuent aux conditions de la généralisation ou de l’échec par leurs controverses, les dynamiques d’enrôlement qu’elles occasionnent et enfin les alignements qui s’établissent11. Autre concept fondateur de la sociologie de l’innovation, la traduction, qu’Armand Mattelart (Mattelart, 2002, p. 93) résume ainsi : « Traduire, c’est mettre en réseau des éléments hétérogènes, les articuler dans un système d’interdépendance […].Les innovateurs doivent se faire des alliés, devenir des porte-parole avec des tactiques d’intéressement qui amènent leurs interlocuteurs, humains et non humains, dans de nouveaux réseaux, de nouvelles séries d’alliances. » Dans le domaine des réseaux éducatifs, la traduction est notamment présente dès lors que technologie et composantes scolaires interagissent, et permettent l’élaboration de nouveaux outils, de nouvelles conceptions, de nouvelles organisations, liés à la fois à l’impact de la technique utilisée et à son contexte d’usage.

Cependant, l’application aux réseaux scolaires des théories fondées sur les réseaux d’acteurs se révèle particulièrement difficile, notamment en raison de l’interpénétration de dimensions réticulaires différentes et néanmoins liées : le terme de « réseau » décrit ici aussi bien l’objet technique appréhendé dans son cadre fonctionnel propre, les interactions entre les protagonistes de l’innovation et même les nouveaux modes d’organisation du système éducatif. Jean-Louis Dérouet nous rappelle à ce propos que la constitution de réseaux au sein de l’institution constitue à présent un mode normal de fonctionnement et même de gouvernance. « [les établissements scolaires…] apparaissent comme des unités élémentaires constitutives d’un réseau, et l’interrogation se déplace vers les modes de régulation de ce réseau » (Dérouet, 2000, p. 6).

10. La théorie de l’acteur-réseau (ANT : actor network theory) a été développée par le Centre de Sociologie de l’Innovation de l’Ecole des mines de Paris (Latour, Callon, 1981).

11. Controverses, enrôlements et alignements constituent des maîtres mots de la théorie de l’acteur-réseau.

(6)

Les effets réticulaires, telles qu’ils se présentent dans la diffusion des réseaux numériques éducatifs, s’installent au moins dans chacune de ces trois dimensions : les liaisons techniques, les relations tissées entre les acteurs de la mise en œuvre technologique, les structures maillées qui président à l’organisation scolaire et leur évolution. Ces trois composantes structurent l’espace numérique en construction, et permettent d’en éclairer les orientations.

Mais ces dimensions réticulaires doivent aussi être examinées à l’éclairage de l’analyse sociotechnique (Flichy, 2003), et notamment de la recherche d’une description du cadre de fonctionnement et du cadre d’usage, dont les alliages sont déterminants pour la diffusion de l’usage.

Proposition d’un modèle réticulaire

Conçu comme un empilement de couches en tant qu’objet technique12, le réseau dans ses diverses dimensions ne peut se passer de l’idée du maillage (ou du réticule), fondée sur la double métaphore du travail de tissage/broderie d’une part et du fonctionnement du corps humain de l’autre (Musso, 1998). Sans les détailler, ces métaphores induisent les notions d’organisation, de complexité et de régulation.

Utilisateurs, informations et documents véhiculés, composantes techniques, établissement scolaire, institution, collectivité, acteurs économiques, techniques et éditoriaux, sont autant d’acteurs du réseau scolaire dont il faut analyser les relations.

Alors que la diffusion/pénétration du réseau dans le système éducatif relève d’analyses quantitatives, que les aspects techniques relèvent de descriptions factuelles, il en est tout autrement des réticularités pédagogique, de vie scolaire, documentaire et d’organisation, pour lesquels il est nécessaire de définir des approches plus conceptuelles et qualitatives.

Le réseau et ses acteurs

Parmi la diversité considérable des acteurs impliqués, et dans le souci de conserver un modèle suffisamment concis pour être maniable et exploitable, seuls six acteurs ont été conservés. Leur choix n’est pas neutre : il est fondé sur quelques conceptions essentielles : l’individu-usager, pivot des analyses de la sociologie de l’usage ; l’établissement scolaire, unité de l’organisation éducative ; l’institution Education nationale, qui préside à l’organisation du système scolaire ; la collectivité, acteur scolaire dont l’importance est croissante ; l’économique, comme facteur essentiel de la démarche d’industrialisation de la formation ; les contenus enfin, comme objet et vecteur de la communication éducative.

12. En référence notamment au classique modèle en 7 couches de l’OSI.

(7)

L’individu-usager

Les services rendus par le réseau sont définis à son attention, mais le caractère générique de l’approche de l’usager ne saurait faire oublier la diversité concernée : élèves, enseignants, personnels non enseignants, parents, etc. Les usagers potentiels du réseau sont aussi les individus acteurs de l’Ecole, c’est-à-dire les membres de la communauté éducative, au sens défini par la Loi d’orientation scolaire de 1989.

Mais la description des relations réticulaires de l’usager avec les autres composantes du modèle ne peut se limiter à une approche statistique. Le rôle des minorités actives apparaît particulièrement important dans les démarches de traduction, l’animation de controverses ou le déploiement de stratégies d’enrôlement. L’actant13 occupe souvent une zone de marginalité du système, celle du marginal sécant (Crozier, Freidberg, 1992, p. 85-87) qui, par sa position spécifique, peut assurer un lien positif entre la technique et l’usage. Si les développements actuels sont davantage tournés vers un usager moyen, l’existence de démarches de mise en usage hors du cadre prévu revêt une importance particulière.

L’établissement scolaire

L’établissement scolaire, unité élémentaire d’organisation du système éducatif, est maître de ses choix en matière de projet pédagogique, et donc de TIC14. Pour autant, il est lui-même nœud d’un réseau organisationnel (Dérouet, op. cit) dans lequel, s’il est partie prenante des décisions et orientations, il n’en est que partie.

S’agissant de son réseau numérique, et donc d’une dimension d’infrastructure forte, l’articulation avec la politique de la collectivité est évidemment essentielle. Mais le réseau installe aussi une structuration de l’information et de ses systèmes, et la cohérence avec les déploiements de l’Institution éducative devient un élément déterminant de contrainte15.

L’établissement, par ses choix dans le domaine des usages et de leur développement ainsi que dans l’organisation de sa gestion informationnelle et documentaire interne, dispose d’une large autonomie. Cependant, celle-ci reste limitée par de multiples contraintes externes, liées notamment aux aspects techniques, économiques, politiques, institutionnels, géographiques, etc.

L’institution Education nationale

Elle-même réticulaire (ministère, académies, services départementaux, circonscriptions, etc.), l’institution Education nationale n’en reste pas moins

13. Actant : terme utilisé en sociologie de l’innovation, et en particulier dans a théorie de l’acteur-réseau pour désigner l’ « acteur agissant ».

14. L’organisation éducative est fondée sur le principe de l’autonomie de l’établissement, qui se trouve situé au carrefour des politiques éducatives de l’Etat et de la collectivité.

15. S3IT comporte également des recommandations et prescriptions pour les systèmes d’information (EPLE, académie, ministère, premier degré, etc.).

(8)

fortement structurée en étoile autour de ses services centraux. Les expérimentations nationales ont laissé la place à la recommandation et la spécification, mais le fondement même d’un pilotage national n’est pas remis en cause ; il est même réaffirmé et renforcé, sous une autre forme, par la logique des schémas directeurs qui composent S3IT.

L’académie, échelon de déconcentration pour l’application de la politique de l’Etat en matière de TIC à l’Ecole, constitue également un élément déterminant.

C’est notamment sous la responsabilité du Recteur que se définissent les dispositifs de prescription et d’accompagnement des établissements, mais aussi les modalités de la relation à la collectivité, la gestion des moyens d’Etat, le pilotage des expérimentations et projets nationaux, etc.

La collectivité

Son rôle va croissant dans les évolutions de l’organisation en cours, et cela est particulièrement sensible dans le domaine des réseaux. Maître d’ouvrage du déploiement et souvent propriétaire de tout ou partie des infrastructures, la collectivité affirme une politique éducative, dont les réseaux sont un élément ; mais elle affiche aussi, et de façon étroitement liée, des politiques d’aménagement territorial, de développement économique, d’action culturelle, etc., qui sont autant de composantes d’une cohérence recherchée. Son action ne se limite pas au financement ou au pilotage des travaux, mais s’étend bien à la mise en œuvre de politiques qui s’instituent comme autant de cadres pour l’action d’éducation. Les acteurs des réseaux éducatifs sont de fait intégrés dans cette organisation territoriale, dont ils n’ont pas la maîtrise ni même toujours conscience de son importance.

La phase actuelle de transfert des personnels TOS, si elle paraît située dans une marge éducative, accroît encore les enjeux liés au réseau : augmentation considérable des effectifs de personnels et dispersion au sein du maillage scolaire induisent la nécessité de penser le réseau comme un moyen de réticuler l’école pour créer un lien entre ses propres agents, et lui donner ainsi une dimension supplémentaire d’unité structurelle.

L’économique

Les travaux sur l’industrialisation de la formation ont démontré l’importance de l’économique dans les processus en cours. Si le réseau est un outil technologique dans le monde éducatif, il est un vecteur d’une industrialisation dans la formation ; s’il est un environnement de développement d’une communication éducative médiatisée, il est un objet d’une industrialisation du cadre scolaire lui-même16. Dans

16. Pierre Moeglin (1988, p. 20-22), Bernard Miège (2004, p.163-164) et Elisabeth Fichez (2001), pour ne citer qu’eux, distinguent industrialisation de la formation et industrialisation dans la formation.

(9)

les deux cas, il devient une composante soumise à une régulation économique au cœur du système éducatif.

Le réseau procède de l’introduction d’un système technique dans l’éducation, dans un souci d’évolution positive, voire d’amélioration globale de l’action d’éducation. Cette introduction représente des masses financières considérables et ce dans une grande diversité de domaines économiques et professionnels (infrastructures, équipements, logiciels, services de connectivité, services informationnels, contenus, etc.). Technique, économie, Ecole et organisation éducative tissent entre eux des liaisons multiples, élaborant ainsi des réseaux technico-économiques qui permettent l’élaboration des évolutions technologiques et conceptuelles (Callon, 1999).

Les contenus

Tuyaux et contenus : c’est autour de cette métaphore simpliste que s’organise souvent le débat. Passons sur le tuyau, l’objet même de cet article étant de mettre en évidence une complexité conceptuelle d’une toute autre nature ; la notion de contenus, pour aussi inadaptée qu’elle paraisse, affirme sa présence dans les projets et réalisations et n’est sans doute pas moins multiple et complexe.

Les travaux conduisant à l’émergence de nouveaux modes de commercialisation de l’offre éditoriale utilisant le en-ligne ont été largement commentés. Ils ne sauraient cependant faire oublier l’activité de production du système lui-même. La publication en ligne des textes officiels et réglementaires refonde d’une certaine manière une nouvelle cohérence de l’institution ; les productions des enseignants échangées et mutualisées sur les sites pédagogiques, qu’ils soient académiques ou associatifs, donnent une lisibilité jamais atteinte aux capacités de production de la profession ; la publication de productions réalisées par les élèves vient donner un élan nouveau à ce que l’on désigne quelquefois par le terme de Freinet électronique.

Encore cette énumération reste-t-elle dans le seul registre documentaire, sans aborder la communication, et on ne peut ignorer sur ce point l’importance croissante des échanges interpersonnels des acteurs concernant leur activité scolaire, même s’ils trouvent davantage place dans la sphère personnelle ou domestique.

Les offres éditoriales s’installent sur la place commerciale de l’Internet public ; les productions des acteurs scolaires trouvent une place naturelle sur les sites institutionnels et associatifs ; les échanges personnels se développent sur les réseaux sociaux, divers et distincts, fondés notamment sur le mel personnel, le chat, le SMS, les Blogs, etc. Tous concourent à constituer un espace de communication scolaire médiatisée, s’organisant autour de chacun de ses acteurs comme un faisceau de canaux multiples et convergents d’information et de communication.

(10)

Réseau : diffusion et réticularités

Diffusion et pénétration

Dans chaque territoire, un espace numérique d’éducation se constitue, sans faire toujours l’objet d’une conception explicite ou d’un suivi global. Le déploiement est partout présenté comme généralisé, mais avec des différences de conceptions notables. Si les capacités en termes d’information et de communication constituent le cœur de l’analyse réticulaire, il apparaît cependant nécessaire de se doter aussi des éléments d’une approche quantitative, seule à même de permettre d’apprécier l’impact. Les indicateurs existants sont nombreux : enquêtes d’équipements, évaluations périodiques et spécifiques, enquêtes lourdes annuelles, statistiques de déploiement des collectivités, etc. Il n’est pas question ici d’ajouter encore aux indicateurs existants aux plans national, académique ou local, mais de s’appuyer sur leur diversité pour apprécier, selon une grille resserrée, deux déterminants quantitatifs volontairement discrets et grossiers :

– la diffusion vise à caractériser la proportion des établissements concernés sur un domaine d’observation défini (par exemple un territoire, une catégorie d’établissements, etc.) ;

– la pénétration tente d’évaluer la proportion d’acteurs (notamment enseignants) concernés dans les établissements touchés

Une telle appréciation, volontairement discrète dans son évaluation, doit s’inscrire dans un domaine clairement défini, qui peut être global (par exemple nombre d’établissements ou d’enseignants concernés par les ENT), mais qui gagne fortement en pertinence si on la circonscrit au périmètre le plus étroit possible correspondant à une initiative : établissements d’un territoire, établissements participants à une expérimentation, personnels d’un établissement effectivement concerné, etc.

Réticularité technique

La réticularité technique s’attache à décrire les liaisons entre les entités décrites plus haut (cf. supra, le réseau et ses acteurs), dans l’acception technique des liaisons posées par les infrastructures, les équipements, les systèmes et les services.

L’individu-usager, l’établissement et l’institution sont par exemple concernés par le développement de services et systèmes d’information régissant leur activité quotidienne ; usager et contenus sont liés par les services de type web, qui permettent à l’un d’entre en contact avec l’autre, etc.

Cependant, la nécessité de cerner les contours techniques de l’objet réseau impose aussi de distinguer la mise en réseau interne de l’établissement du développement de sa connectivité externe, avec l’ouverture d’espaces de communication présentant des épures largement différentes.

(11)

Réticularité pédagogique

La relation pédagogique entre enseignants et enseignés s’appuie sur des ressources, notamment documentaires et informationnelles, pour lesquelles le réseau offre des possibilités étendues de communication, de mise à disposition et d’échanges ; dépassant l’unité de temps et de lieu de la classe, il ouvre la possibilité de nouvelles modalités pédagogiques.

L’enseignement à distance constitue le premier exemple qui vient à l’esprit ; il reste cependant, dans l’enseignement scolaire, limité à des situations rares et spécifiques, moins nouveauté qu’amélioration de conditions antérieures qui s’accommodaient des délais du courrier postal. Bien d’autres modalités de dépassement des unités de temps et de lieu sont aussi explorées, avec par exemple l’exploitation de ressources distantes durant une séquence présentielle, l’intervention d’un interlocuteur à distance, le prolongement du présentiel en télétutorat, etc.

Relations interclasses et interétablissements, productions collectives réalisées à distance, mutualisations de recherches et production sont autant de modalités nouvelles, mais qui restent du domaine de l’initiative individuelle.

L’impact des réseaux sur les usages pédagogiques apparaît cependant limité, la séance réunissant professeur et élèves dans la classe restant considérée comme la situation pédagogique de référence ; la réticularité pédagogique se situe souvent dans les marges de la classe traditionnelle, comme complément ou prolongement.

Réticularité de vie scolaire

Sur le plan institutionnel, la vie scolaire désigne un secteur d’activité de l’établissement, celui assuré notamment par les personnels dits d’éducation (CPE en particulier). Présences et absences, relations avec les parents, résultats scolaires sont autant de domaines de relation avec les familles pour lesquels le réseau peut apporter des avancées significatives.

Mais, dans son acception plus large, le terme de vie scolaire désigne aussi (cf. loi d’orientation pour l’école, 1989) l’ensemble des activités de la communauté éducative. Le réseau permet ici d’envisager de donner une autre dimension aux échanges de cette communauté qui a justement pour caractéristique sa dispersion17.

A côté des aspects pédagogiques et éducatifs, le réseau est aussi un environnement « à vivre l’école », avec en particulier le rôle qu’il peut jouer dans La vie de l’élève et de l’établissement18, dans sa simple dimension de support médiatique dans la vie quotidienne de la collectivité scolaire.

17. La communication avec les familles est le premier domaine de développement privilégié identifié par les travaux de la CDC et de la FING.

18. Selon le titre emprunté au rapport Blanchet (Blanchet, 1998), qui souligne notamment l’importance des médias comme facteur de lien social au sein de l’établissement.

(12)

Réticularité documentaire

La Loi d’orientation pour l’avenir l’Ecole (2005) et le rapport de l’Inspection générale de l’Education nationale sur les politiques documentaires (Durpaire, 2004) soulignent l’importance éducative des aspects documentaires, qui s’inscrivent dans une relation étroite avec le réseau.

Au-delà des documents primaires, qui sont considérés comme faisant partie des objets directs du réseau en tant que contenus, la sphère documentaire s’intéresse à leur organisation, leur classement, leur traitement, leurs modalités d’accès, et plus généralement à l’information secondaire et à tous les services d’exploitation associés. Cette information secondaire est portée par le réseau, et crée elle-même des liens entre usagers et contenus. La réticularité documentaire réside dans la capacité à mettre en relation les objets et les acteurs, en s’appuyant sur des services d’exploitation fondés sur une organisation et des traitements.

Réticularité d’organisation et de gestion

Depuis longtemps déjà, l’informatisation et la mise en réseau sont approchées dans les entreprises comme un vecteur et un moyen de la réingénierie des organisations. Pour le système éducatif, qui est déjà un réseau à dimensions multiples, il s’agit moins d’une réingénierie que d’une évolution progressive de son organisation, avec notamment le recours généralisé au courrier électronique, la

« webisation » des services d’information réglementaire et professionnelle, la généralisation des téléprocédures pour les actes de gestion des carrières (mutations, promotions, concours, etc.). Les données de gestion s’organisent progressivement en systèmes d’informations, aux différents niveaux de maillage territorial (national, académique, établissement) ; les outils de gestion des établissements évoluent progressivement, marqués par des logiques d’ouverture, notamment avec les possibilités d’interconnexion administratif/pédagogique mais aussi de recours à des logiciels et services émanant de fournisseurs privés19.

Le réseau apporte ainsi un ensemble de capacités techniques qui viennent appuyer les dynamiques intra et interétablissements, mais aussi qui contribue à l’élaboration de nouveaux modes d’organisation et de fonctionnement de l’institution elle-même.

3.3. La difficile qualification de l’impact acteur/domaine

Si les diverses dimensions réticulaires sont aisément perceptibles, l’implication de chacun des acteurs concernés se révèle difficile à caractériser. La diversité des situations rend difficile une analyse détaillée de la réticularité, dans la perspective

19. Les travaux du schéma directeur des environnements de travail citent l’urbanisation des systèmes d’information comme un objectif.

(13)

d’une analyse croisée acteur/domaine. Les indicateurs quantitatifs manquent ou sont trop complexes ou encore peu comparables. Les indicateurs qualitatifs sont d’un usage délicat, nécessitant des définitions précises.

Pour pallier cette difficulté, deux séries de valeurs ont été définies, l’une pour les déterminants à caractère qualitatif ou factuel (diffusion, pénétration, déterminants techniques), l’autre pour les caractères plus qualitatifs. Ces valeurs permettent de renseigner les indicateurs correspondants, en conservant dans tous les cas une dimension forte d’appréciation personnelle (tableau 1).

Critères quantitatifs Critères qualificatifs

0 Non concerné Non concerné

1

Très faible

Diffusion marginale, non significative sur un plan statistique

Intérêt

L’acteur marque son intérêt pour le projet ou la réalisation, mais sans y participer de façon active

2

Faible

Diffusion signalée dans les enquêtes, mais restant limitée

Action

L’acteur participe au projet de façon active, sans pour autant jouer un rôle de leader ou lui donner une importance déterminante dans son action

3

Moyenne

Diffusion sur une fraction significative du domaine visé

Priorité

L’acteur participe au projet en l’affichant comme une priorité de son activité

4 Forte

Diffusion concernant la moitié du domaine visé au moins

Structuration

L’acteur modifie sensiblement son organisation pour prendre en compte le projet comme facteur de sa structuration propre

5 Généralisation Diffusion généralisée

Traduction

L’acteur prend une part active au processus de traduction technologie- domaine réticulaire

Tableau 1. Critères qualitatifs et quantitatifs utilisés

Dans tous les cas, l’attribution de valeurs à de tels indicateurs conserve un caractère arbitraire, ce qui souligne l’impossibilité de substituer cette modélisation à des outils classiques d’analyse quantitative. Il convient donc de les considérer avec prudence, en les utilisant par exemple dans l’analyse comparative de deux situations (par exemple avant/après), deux projets ou deux réalisations, ou encore comme un

(14)

instrument permettant d’affiner une conception et une analyse collective par une exploitation contradictoire.

Exemple de mise en œuvre : étude comparée de la réticularité d’usage d’un Intranet pédagogique d’établissement et d’un ENT

Pour illustrer l’approche, le modèle réticulaire proposé est utilisé ici pour présenter une analyse comparative du déploiement d’un ENT et d’un Intranet pédagogique à l’échelle d’un établissement. Cet exemple ne fait pas référence à un établissement particulier ou à des projets spécifiques, mais en revanche s’appuie sur des travaux d’ingénierie, de conseil et de formation conduits dans différents projets.

Cette analyse ne constitue cependant qu’un exemple, qui doit être décliné à propos de situations précises, dans des perspectives de comparaison de projets ou d’analyse d’évolutions.

Afin de limiter la complexité de l’analyse, il a été décidé de se limiter au périmètre d’un établissement unique, pour lequel on suppose que les conditions de base que constituent un réseau local généralisé et une connexion à hauts débits sont réalisées.

L’Intranet pédagogique

La notion d’Intranet est ici prise au sens d’un ensemble de services sur le réseau local, utilisant les formats et protocoles standard de l’Internet, et en particulier le web. La consultation externe n’est pas envisagée, afin notamment de ne pas conduire l’établissement à assumer la responsabilité juridique d’hébergeur, fonction non conforme au principe de spécialité des établissements d’enseignement.

Les fonctions possibles d’un Intranet d’établissement sont précisées par les recommandations S2I2E, sous le terme générique de services aux utilisateurs. On note cependant que les fonctions réellement implémentées (notamment dans les expérimentations en cours sous l’égide de la Direction de la Technologie20) couvrent généralement un petit nombre de services de base, structurés autour des technologies du web au service d’exploitations documentaires. On soulignera aussi que S2I2E prévoit également des services d’arrière plan destinés à sécuriser l’infrastructure, qui ont en revanche fait l’objet d’un déploiement généralisé21. Les

20. Expérimentation des Intranet à vocation documentaire, menée par la sous direction chargée des TICE (SDTICE), au ministère de l’Education nationale.

21. Ce socle technique, sorte de passerelle d’infrastructure entre le réseau d’établissement et l’extérieur, est géré par les services académiques. Il assure les services de garde-barrière, de filtrage d’adresses et de réseau privé virtuel pour la liaison administrative académique.

(15)

services Intranet pédagogiques les utilisent comme support d’arrière plan (back office), mais s’inscrivent dans un projet distinct.

Comme c’est souvent le cas pour les Intranet d’établissement, on suppose qu’il procède de l’initiative locale, fondée sur un projet pédagogique comportant un volet spécifique TIC22. On rappellera à ce propos que les Intranet pédagogiques sont des plates-formes de services techniquement peu coûteuses et faciles à exploiter, mais qu’elles restent actuellement peu diffusées (de 10 à 20 % des établissements environ).

L’espace numérique de travail

Les Espaces numériques de travail trouvent leur origine dans le Schéma directeur des environnements de travail (SDET), publié à partir de 2003. Les ENT sont des ensembles de services accessibles via Internet, personnalisés et personnalisables, proposés à l’ensemble des usagers de la communauté éducative23. Ils sont fondés sur une initiative conjointe académie-collectivité, font l’objet d’un hébergement externalisé, et proposent une gamme de services à leurs usagers :

– les services personnels (fichiers, documents divers, signets, répertoire personnel, etc.), facilitant l’utilisation des données personnelles à partir de n’importe quel terminal connecté à Internet ;

– les services de travail collaboratif, liés aux groupes de travail et à leurs activités (gestion des échanges au sein des groupes, exploitation d’espaces partagés, etc.) ;

– la vie scolaire, avec des services de type gestion des notes, des absences, de l’emploi du temps, du cahier de textes, etc. ;

– l’accès aux contenus : accès aux productions locales, selon un dispositif organisé de publication ; accès aux bases documentaires de l’établissement ; quelquefois intégration de titres éditoriaux aux standards d’Internet (encyclopédies notamment).

Les ENT sont souvent complétés par l’abonnement à des services éditoriaux en ligne (CNS, KNE), mais sans que leur intégration en un espace numérique unique et cohérent soit véritablement aboutie. La diversité des projets ENT, de la réalisation

22. Pour plus de facilité dans la description des réticularités de l’Intranet, on considère que ses services sont fondés sur la distribution Eva web (http://spip-edu.edres74.net/), largement diffusée et sur l’accès à la base documentaire via le logiciel BCDI Web (CRDP de Poitiers), selon une configuration assez répandue.

23. En mai 2005, la Caisse des Dépôts et Consignations et le Ministère de l’éducation nationale recensent une vingtaine de projets, représentant environ globalement 150 000 comptes ouverts

http://tice.education.fr/educnet/Public/services/bureau_virtuel/scolaire. Consulté le 5 juin 2005.

(16)

associative au produit clé en main, en passant par la prestation sur-mesure d’une société de services, ne confère qu’une valeur d’exemple limitée à l’analyse d’une réalisation spécifique. Elle permet néanmoins d’apprécier l’ampleur de l’épure de tels projets.

Pénétration/diffusion

La situation d’origine du projet est celle d’un réseau local techniquement opérationnel, régulièrement exploité dans les possibilités qu’il offre pour la sphère pédagogique. Ses usages concernent principalement la mise à disposition de documents d’accompagnement, les possibilités de reprise et prolongements après la séquence, les travaux collectifs, etc., sous la forme de conservation et partage de fichiers. En revanche, les usages de vie scolaire sont réduits ; la sphère administration/gestion, qui reste soumise à la règle de séparation formelle des réseaux, n’est pas concernée ; les usages personnels se limitent à assurer une continuité occasionnelle des travaux entre salle de travail et séquence pédagogique.

L’Intranet pédagogique, en tant qu’évolution des déploiements antérieurs, trouve sa légitimité dans son origine au cœur du projet pédagogique de l’établissement.

Dans le cadre du projet, il définit des objectifs d’extension du domaine d’usage existant, en particulier par l’extension fonctionnelle du réseau local, notamment en facilitant par des services plus conviviaux l’accès aux utilisateurs réticents. Des usages de vie scolaire peuvent être envisagés, en s’appuyant notamment sur les capacités d’interconnexion entre domaines administratif et pédagogique de la plate- forme S2I2E24, mais ils sont dans tous les cas limités par les capacités des applications disponibles et le respect des règles administratives de sécurité.

L’analyse réticulaire se fonde, en ce qui concerne la pénétration et la diffusion, sur une évaluation en fonction de l’échelle de valeurs définie plus haut. Dans l’exemple développé, l’analyse ne concerne qu’un établissement, et seules les pénétrations respectives du réseau local, de l’Intranet et de l’ENT seront donc évaluées. Les valeurs attribuées sont le reflet de l’ensemble des situations observées par l’Observatoire des ressources multimédias en éducation (ORME), mais ne sont pas issues d’une analyse conduite sur un établissement donné. Elles se limitent à alimenter et illustrer l’exemple développé, comme une prise de position de l’auteur à partir de son point de vue sur le développement des réseaux numériques éducatifs, mais sans que l’analyse précise du constat dressé ne soit ici visée.

24. Les plates-formes S2I2E actuellement généralisées pour prendre en charge les fonctions de sécurité permettent une interconnexion limitée (unidirectionnelle) entre administratif et pédagogique ; elles prévoient cependant aussi la mise à disposition de services accessibles des deux domaines, sous la forme de services Intranet localisés dans une zone spécifique, dite DMZ (demilitarized zone).

(17)

On notera que la pénétration du réseau local est envisagée comme le constat d’une situation à un moment donné, alors que celles de l’Intranet et de l’ENT relèvent de l’expression d’un objectif « cible », dans le cadre d’une analyse intentionnelle (Auziol, 2000).

L’ENT est le fruit d’une initiative territoriale visant un ensemble d’établissements et une pénétration maximale chez leurs usagers. L’établissement ne fixe ni les objectifs généraux ni l’épure réticulaire, négociés dans d’autres cercles entre collectivité et institution. Les objectifs de pénétration de l’ENT sont définis par sa maîtrise d’ouvrage, en fonction de la définition de l’objet technique telle qu’elle est exprimée dans le SDET. Ils sont dans tous les cas élevés, entre diffusion forte et généralisation, à l’exception du domaine administratif pour lequel la structuration existante des systèmes d’information s’érige en limitation.

L’Intranet s’inscrit en revanche dans un objectif d’extension du réseau local, avec une volonté d’accroître la pénétration à divers usages, mais en restant dans une dimension interne et dans une logique de continuité. L’expression des objectifs est ici étroitement liée au projet de l’établissement. Les usages visés sont en continuité avec l’existant, et non pas, comme dans le cas des ENT, structurés à partir de fonctionnalités techniques pour lesquelles l’établissement aura la charge ultérieurement de définir une contextualisation. Les objectifs cibles de l’Intranet en matière pédagogique et documentaire est au moins une diffusion forte, voire généralisée ; ils sont plus mesurés en matière de vie scolaire, et faibles ou inexistants dans les domaines des usages personnels et de la gestion (tableau 2).

REMARQUE. — La comparaison des cibles de pénétration met en évidence des

objectifs largement plus ambitieux pour les ENT que pour les Intranet. La comparaison doit ici tenir compte du caractère endogène des objectifs de l’Intranet (liés au projet d’établissement), alors que l’ENT fonde sa logique sur des objectifs exogènes de généralisation, intégrant des contraintes et déterminants techniques et institutionnels plus larges. Les fonctionnalités cibles de l’Intranet sont des applications contextualisées, alors que celles de l’ENT relèvent davantage d’une approche technique, dont l’application nécessite une contextualisation.

Diffusion pénétration

Usages pédagogiques

Usages vie scolaire

Usages documentaires

Usages administratifs

et gestion

Usages personnels Pénétration du réseau

local Moyenne très faible Moyenne non concerné faible

Pénétration cible de

l'Intranet Forte Moyenne Forte non concerné faible

Pénétration cible de

l'ENT Forte Généralisation Forte Moyenne Généralisation

Tableau 2. Pénétrations cibles comparées de l’ENT et de l’Intranet

(18)

Usages pédagogiques

Usages vie scolaire

Usages documentaires Usages

administratifs et gestion Usages personnels

ENT Intranet Réseau local

Figure 1. Pénétrations cibles comparées de l’Intranet et de l’ENT

Réticularité technique

Le réseau local, considéré largement déployé, assure d’ores et déjà une connectivité forte des postes de travail ; les services de l’Intranet sont immédiatement accessibles aux postes connectés ; ils n’exigent plus d’installations logicielles par application, ce qui contribue à en accroître la disponibilité. En revanche, Intranet et réseau local sont limités au périmètre géographique de l’établissement, alors que l’ENT généralise la connexion aux postes externes, dès lors qu’ils sont connectés à Internet. Il en est de même pour les personnels et les élèves : utilisateurs du réseau local, l’Intranet leur apporte une convivialité déterminante pour un recours généralisé. L’ENT ouvre la voie à la connectivité externe, mais permet aussi aux acteurs externes que sont notamment les parents de rejoindre le groupe des utilisateurs. Si l’Intranet développe la capacité d’usage interne, l’ENT permet de s’affranchir des contraintes de lieu, mais ne se conçoit que dans une perspective de généralisation. En matière de contenus, les productions locales sont un objet essentiel des services de l’Intranet, et l’ENT leur apporte une disponibilité accrue, échappant aux contraintes géographiques. Les contenus éditoriaux, qui se sont développés dans le cas des réseaux locaux (encyclopédies), souffrent d’une absence d’offre commerciale en matière d’Intranet comme d’ENT.

Les canaux de ressources qui se mettent en place se constituent parallèlement aux dispositifs Intranet/ENT, sans intégration réellement aboutie (tableau 3).

REMARQUE. — La principale différence entre ENT et Intranet réside dans la

connectivité externe qui caractérise le premier. On notera aussi, dans le domaine interne, que l’ENT s’élabore pour répondre à l’épure d’usage la plus large. Cette situation est à nouveau liée à la conception exogène et a priori, qui vise dans le cadre d’une opération étendue à satisfaire potentiellement une large variété de

(19)

besoins. Cependant, l’offre de services apparaît davantage comme la mise en place d’un cadre fonctionnel, alors que l’Intranet, réponse directe au projet local, est davantage fondé sur une évolution liée entre cadre fonctionnel et cadre d’usage25.

Réticularité

technique Terminaux Usagers Etablissement / institution

Contenus produits

Forte M oyenne M oyenne Faible

Non concerné Non concerné Non concerné Non concerné

Généralisation Forte Forte M oyenne

Non concerné Non concerné Non concerné Non concerné Généralisation Généralisation Généralisation Forte

Généralisation Forte M oyenne Forte

Réseau local Intranet pédagogique

ENT

Tableau 3. Réticularités techniques interne et externe de l’Intranet et de l’ENT26

Terminaux

Usagers

Etablissement

Contenus produits Contenus

acquis Contenus

acquis Contenus

produits Institution

Usagers Terminaux

ENT Intranet Réseau local

Externe Interne

Figure 2. Réticularité technique comparée de l’Intranet et de l’ENT

Réticularité pédagogique

Le réseau local a permis de développer des usages pédagogiques significatifs, mais qui restent l’apanage de groupes restreints d’acteurs. Ils sont du domaine de l’action volontariste, que ce soit pour les individus comme pour l’établissement. Les autres acteurs font preuve d’intérêt, mais ne développent pas d’action significative.

25. En référence aux travaux de Patrice Flichy (2003) relatifs à la dimension sociotechnique.

26. Chaque cellule comporte deux mentions, relatives respectivement à la réticularité interne et externe.

(20)

L’Intranet, fortement lié au projet d’établissement, est fondé sur la volonté de développer des mises à disposition d’information et de documents en vue d’usages pédagogiques, ce qui impose une structuration conjointe du service et des activités d’usage. Pour l’établissement, cette démarche constitue la (ré)affirmation d’une priorité. Les ENT apportent sur ces deux volets des fonctionnalités techniques permettant l’extension des usages de l’Intranet ; l’individualisation du service induit une structuration supplémentaire, mais la complexité technique du dispositif prive l’établissement d’une part importante de sa maîtrise. L’institution a marqué son intérêt pour les usages pédagogiques des réseaux locaux, notamment en apportant un soutien aux expérimentations. L’Intranet devient un domaine d’action plus affirmé, avec notamment l’expression de recommandations (S2I2E). Les ENT parviennent au statut de priorité, avec les travaux du SDET et les initiatives associées. Les collectivités mènent une progression parallèle, avec une action de soutien matériel aux projets de réseaux locaux et d’Intranet, mais l’affirmation d’une priorité dans le cadre de projets conjoints en matière d’ENT. Dans les deux cas, cependant, les usages pédagogiques sont cités comme une potentialité, dont la réalisation est renvoyée à l’établissement (tableau 4).

REMARQUE. — La dimension pédagogique des réseaux est revendiquée depuis

les premières initiatives, avec des situations cibles souvent analogues : enfants non présents à l’école (enfants malades, sportifs), soutien scolaire, échanges avant et après le cours. Restreintes au périmètre de l’établissement, ces possibilités sont fortement limitées par les contraintes de temps et d’espace ; les ENT apportent une dimension supplémentaire, en autorisant des échanges entre enseignants et enseignés avant et après le cours sans contrainte de lieu, mais le recul manque pour en apprécier l’impact.

Les travaux d’observation de l’offre conduits notamment par l’ORME mettent en évidence un secteur économique en position attentiste pour les réseaux locaux et les Intranet ; l’offre se cantonne le plus souvent aux aspects techniques et sa spécificité éducative reste limitée. Les ENT, en revanche, sont à l’origine d’une offre commerciale organisée autour de services présentés comme pédagogiques, avec en particulier des possibilités d’accès et d’échanges, avant et après le cours.

Réticularité P édago gique

L 'in div idu-

usager L 'ét ablissem en t L 'in stitutio n

E N L a co llectiv ité L 'éco n o m ique L es con t en us Réseau local A ctio n A ctio n In térêt In térêt In térêt In térêt

In tran et Structuratio n P rio rit é A ctio n A ctio n In térêt In térêt E N T Structuratio n Structuratio n P rio rit é P rio rit é Structuratio n A ctio n Tableau 4. Réticularité pédagogique comparée de l’Intranet et de l’ENT

(21)

L'individu-usager

L'établissement

L'institution EN

La collectivité L'économique

Les contenus

ENT Intranet Réseau local

Figure 3. Réticularité pédagogique comparée de l’Intranet et de l’ENT

Réticularité de vie scolaire

Usagers et établissements ont souvent manifesté un intérêt pour un usage des réseaux locaux dans le domaine de la vie scolaire, mais les réalisations ne se sont que rarement concrétisées. Pour l’institution, la collectivité ou le secteur économique, la séparation formelle entre réseaux pédagogique et administratif a encouragé cette non exploitation. L’Intranet comme l’ENT, avec des périmètres techniques différents, sont tous deux au cœur des problématiques de vie scolaire, et conduisent à des structurations différentes pour les acteurs et l’établissement.

L’institution a marqué son intérêt sur ce point en intégrant cette dimension dans les recommandations S2I2E ; pour les ENT, c’est aujourd’hui une priorité, pour l’institution comme pour la collectivité, avec notamment l’identification d’une demande forte des familles. Le secteur économique, après avoir renoncé à des évolutions de logiciels spécialisés en version Intranet, aborde les ENT, avec l’amorce d’une structuration des offres. Les contenus restent globalement faiblement concernés par les usages de vie scolaire ; seules sont concernées les activités de publication interne ou externe, dans le cadre de productions d’élèves ou de groupe dans les activités de vie de l’établissement, (tableau 5).

REMARQUE. — Pour les usagers et l’établissement, l’ENT devient un support

pour des activités prévues en Intranet, et qui connaîtront ainsi une extension opportune vers l’extérieur. Pour l’institution, la collectivité et les acteurs économiques, la vocation généralisatrice des ENT en fait un cadre de développement potentiel important.

(22)

Rét icularit é v ie sco laire

L 'in div idu-

usager L 'ét ablissem en t L 'in st it ut io n

E N L a co llect iv it é L 'éco n o m ique L es co n t en us Réseau lo cal In t érêt In t érêt n o n co n cern é n o n co n cern é n o n co n cern é n o n co n cern é

In t ran et St ruct urat io n St ruct urat io n In t érêt In t érêt In t érêt A ct io n E N T St ruct urat io n St ruct urat io n P rio rit é P rio rit é St ruct urat io n A ct io n

Tableau 5. Réticularité de vie scolaire comparée de l’Intranet et de l’ENT

L'individu-usager

L'établissement

L'institution EN

La collectivité L'économique

Les contenus

ENT Intranet Réseau local

Figure 4. Réticularité de vie scolaire comparée de l’Intranet et de l’ENT

Réticularité documentaire

Le réseau local est un domaine d’action important pour le documentaire, avec pour la première fois la possibilité d’exploiter des bases documentaires communes aux documentalistes et aux usagers. L’Intranet apporte une possibilité de diffusion élargie, grâce à l’accès web depuis tout poste, mais le service est limité à la seule consultation. Quant à l’ENT, les applications documentaires ne tirent pas parti de ses capacités de personnalisation, et le service est au mieux identique à celui rendu anonymement en établissement. Pour autant, la mise à disposition généralisée de l’information documentaire est affirmée comme une priorité des projets d’établissement en matière d’Intranet, et les ENT intègrent cette attente.

L’information documentaire, par nature secondaire, tisse des liens réticulaires renforcés avec les contenus nativement numériques, avec notamment une distinction moins affirmée entre information primaire et secondaire.

(23)

L’institution marque un intérêt mesuré pour cette dimension, en la mentionnant dans les recommandations (S2I2E, SDET), sans définition explicite des services correspondants. La collectivité apporte un soutien financier, permettant de répondre à la sollicitation du marché en matière de logiciel spécialisé. On note cependant que les offres ENT, dans leur grande majorité, n’offrent que des services génériques fondés sur la recherche plein texte, (tableau 6).

REMARQUE. — La prise en compte du documentaire reste modérée et en faible

évolution. L’ENT n’apporte pas de valeur ajoutée spécifique, si on excepte la réticularité technique étendue à l’extérieur de l’établissement. Cependant, cet accès est déjà réalisable au travers des services Internet publics, l’ENT n’apportant pas de dimension complémentaire. L’exploitation des ressources numériques, qui pourrait faire le lien entre contenus primaires et secondaires, reste du domaine de l’exceptionnel.

Rét icularit é v ie sco laire

L 'in div idu-

usager L 'ét ablissem en t L 'in st it ut io n

E N L a co llect iv it é L 'éco n o m ique L es co n t en us Réseau lo cal In t érêt In t érêt n o n co n cern é n o n co n cern é n o n co n cern é n o n co n cern é

In t ran et St ruct urat io n St ruct urat io n In t érêt In t érêt In t érêt A ct io n E N T St ruct urat io n St ruct urat io n P rio rit é P rio rit é St ruct urat io n A ct io n

Tableau 6. Réticularité documentaire comparée de l’Intranet et de l’ENT

L'individu-usager

L'établissement

L'institution EN

La collectivité L'économique

Les contenus

ENT Intranet Réseau local

Figure 5. Réticularité documentaire comparée de l’Intranet et de l’ENT

(24)

Réticularité d’organisation

Les projets de réseau local et d’Intranet sont toujours pour l’établissement l’occasion d’une réflexion sur l’organisation, mais dans une acception souvent limitée à la sphère pédagogique. L’ENT est fondé une structuration significative, assemblant des services personnalisés conçus à partir d’une représentation des rôles et des positions de chacun. Pour l’institution, l’ENT procède d’une démarche de traduction en matière d’organisation, avec une approche nouvelle des systèmes d’information et de leur accessibilité. La collectivité comme le secteur économique prennent progressivement cette dimension en compte, jusqu’à la poser en priorité dans la plupart des réalisations ENT. Les contenus restent largement hors de cette épure, les canaux de ressources numériques installant leur propre système de gestion, rarement interfacé avec les ENT (tableau 7).

Rét icularit é d'o rgan isat io n

L 'in div idu-

usager L 'ét ablissem en t L 'in st it utio n E N L a co llect iv it é L 'éco n o m ique L es co n t en us Réseau local A ct io n In t érêt n o n co n cern é n o n co n cern é n o n co n cern é n o n co n cern é In t ran et A ct io n A ct io n In t érêt In t érêt In t érêt n o n co n cern é

E N T St ruct urat io n St ruct urat io n T raduct ion St ruct urat io n P rio rit é A ct io n

Tableau 7. Réticularité d’organisation comparée de l’Intranet et de l’ENT

L'individu-usager

L'établissement

L'institution EN

La collectivité L'économique

Les contenus

ENT Intranet Réseau local

Figure 6. Réticularité d’organisation comparée de l’Intranet et de l’ENT

(25)

REMARQUE. — L’ENT, qui se veut superstructure des équipements ou chaînon manquant des politiques territoriales TIC, fonde son approche sur les logiques d’organisation, et dépasse ainsi le cadre opérationnel de l’établissement pour installer une logique réticulaire nouvelle entre usager, établissement, institution et collectivité.

Espace numérique d’éducation et environnement de communication scolaire médiatisée

L’exemple d’un établissement fictif, souhaitant dépasser le réseau local pour aller vers de nouveaux services rendus en ligne, est évidemment limité et ne permet pas de rendre compte de la diversité des situations. L’analyse ne prend pas en compte les spécificités locales qui font la richesse du projet. Pour autant cependant, l’exemple choisi correspond à la situation de nombreux établissements, à la rencontre entre un projet d’évolution d’un usage local existant et la participation à une initiative de généralisation territoriale. Au premier, la prépondérance d’un cadre sociotechnique scolaire lié à l’établissement, associant étroitement un cadre fonctionnel maîtrisé et un cadre d’usage qui aspire à s’étendre par ajout de nouveaux services et adhésion de nouveaux usagers ; au second, une vision organisationnelle globale, s’inscrivant dans la décentralisation, l’aménagement du territoire et le partage des compétences entre Etat et collectivités, situation qui apporte une dimension essentielle de généralisation, mais s’inscrit davantage dans la définition d’un cadre fonctionnel a priori que dans la liaison avec un cadre d’usage existant.

Par sa double nature d’objet chargé de représentations symboliques et de métaphore agissante, le réseau, plus sans doute que de nombreux autres objets de la communication scolaire médiatisée, nécessite un regard distancié, élargi à l’espace numérique d’éducation dans son ensemble. Les enjeux en matière de macro- organisation sont aujourd’hui clairement affirmés, la dimension de généralisation apparaissant déterminante pour créer les conditions d’un large développement de l’usage ; l’établissement reste en revanche focalisé sur la constitution d’un espace local d’information et de communication, qui peut se décrire comme un espace de communication scolaire médiatisée.

Au-delà du seul registre pédagogique, ENT et autres canaux éditoriaux en ligne se situent dans le domaine éducatif, et cette tendance est confortée par l’affirmation de l’importance du développement des maîtrises des TIC à l’Ecole27, sans qu’elles fassent l’objet d’un enseignement spécifique. Mais le réseau devient bien davantage un instrument quotidien du fonctionnement scolaire : par ses capacités de

27. La loi d’orientation sur l’avenir de l’école (2005) inscrit les compétences TIC comme faisant partie du « socle » de « connaissances et compétences indispensables » constitutives d’un « bagage commun minimal » pour lequel la loi doit « instaurer une obligation de résultats ».

Références

Documents relatifs

Refusant les modèles traditionnels d’enseignement à distance (courrier ou visio-conférence) et basée sur la prise en compte de la forme scolaire et une approche désynchronisée

Dans le premier cas, la communication est soit de type point à point, un professeur en relation avec un groupe d’élèves distants situés dans la même salle, soit en « tripoint »,

La recherche sur « la formation ouverte et à distance » (FOAD) intéresse de nombreux publics : d’une part, bien sûr, les chercheurs dans ce domaine et les domaines connexes, mais

Ce n’est pas l’objet du livre de nous donner des définitions pointues ou scientifiques de la communication, Wolton reprend et fait fonctionner tout au long de l’ouvrage la

La présepsine, fragment soluble du CD14 ou sCD14-ST, est un produit complexe de clivage du CD14 qui, après avoir porté le motif bactérien, est libéré dans la circulation générale..

L’ouvrage de Vincent Ravalec, Mal- lendi et Agnès Paicheler se propose de présenter divers aspects de l’iboga et de son usage, aussi bien dans le contexte initiatique de

Gratuit pour les étudiants 2004/2005 du Dumenat de Phytothérapie, Faculté de Médecine Paris 13 Association Médicale pour la Promotion de la Phytothérapie. 2, cours

Le 8 décembre 2000 a été une date importante car nous avons acquis la propriété de la Revue grâce à la compréhension et à la générosité de Madame Lucet qui dirigeait