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PLAN STRATEGIQUE POUR LA TRANSFORMATION DE L AGRICULTURE AU RWANDA

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Academic year: 2022

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(1)

RÉPUBLIQUE DU RWANDA

MINISTÈRE DE L ’AGRICULTURE ET DE L’ÉLEVAGE

PO Box 621- Kigali; Tél/Fax: 584644-585008

PLAN STRATEGIQUE POUR LA TRANSFORMATION DE L’AGRICULTURE AU RWANDA

DOCUMENT PRINCIPAL

Kigali, Octobre 2004

(2)

SIGLES ET ABBREVIATIONS...5

PREMIERE PARTIE : GENERALITES...7

I. INTRODUCTION GENERALE...7

1.1. Justification du Plan Stratégique de Transformation de l’Agriculture...7

1.2. Démarche méthodologique...7

II. CADRE STRATEGIQUE ET INSTITUTIONNEL DU PSTA...8

2.1. Contexte international et régional...8

2.2. Contexte politique, économique et social national...9

2.3. Expérience du Rwanda en matière de planification et de développement agricoles...11

2.4. Décentralisation et Plans de Développement Communautaire...12

2.5. Engagement de créer de nouvelles articulations dans le processus du développement...12

2.6. La place du PSTA dans le système de planification nationale et décentralisée...13

III. CONTEXTE SECTORIEL...15

3.1. Profil général du secteur agricole...15

3.1.1. Aperçu sur le secteur agricole...15

3.1.2. Typologie et caractéristiques des exploitations agricoles...16

3.1.3. Institutions du secteur...16

3.2. Caractéristiques particulières...18

3.2.1. La pauvreté et son expression dans l’agriculture...18

3.2.2. Situation alimentaire et nutritionnelle...19

3.2.3. Productivité de la terre et du travail...20

3.2.4. Le rôle de la femme dans l’agriculture...21

3.2.5. Paysans sans terre...22

3.2.6. La jeunesse et son avenir dans le secteur agricole...22

IV. ANALYSES SOUS SECTORIELLES...22

4.1. Gestion des ressources naturelles et conservation des eaux et des sols...22

4.1.1. Situation du sous secteur de la gestion des ressources naturelles...22

4.1.2. Contraintes...23

4.1.3. Potentialités...24

4.2. Productions et filières végétales...24

4.2.1. Situation du sous secteur des productions et filières végétales...24

4.2.2. Contraintes...27

4.2.3. Opportunités...27

4.3. Productions et filières animales...28

4.3.1. Situation du sous secteur des productions animales...28

4.3.2. Contraintes du sous secteur élevage...28

4.3.3. Potentialités...28

4.4. Organisations paysannes et services aux producteurs...29

4.5. Agribusiness, promotion des filières, compétitivité, transformation et accès aux marchés...29

4.5.1. Situation dans le domaine de l’agribusiness et de la promotion des filières...29

4.5.2. Contraintes du domaine agribusiness et promotion des filières...30

4.5.3. Potentialités du domaine agribusiness et promotion des filières...30

4.6. Infrastructures d’appui...31

4.7. Cadre légal et réglementaire...32

4.8. Financement, coordination et suivi-évaluation du secteur agricole...33

(3)

V. ANALYSE DES CONSULTATIONS A LA BASE...36

5.1. Objectifs, méthodologie et organisation des consultations à la base...36

5.2. Contraintes et problèmes soulevés...36

5.3. Filières prioritaires...36

5.4. Axes prioritaires pour la transformation de l’agriculture au niveau local...37

5.5. Vers la mise en œuvre des plans de développement agricole des districts...37

DEUXIEME PARTIE : STRATEGIES, PROGRAMMES PRIORITAIRES ET INTERACTION AVEC LES SECTEURS DE SOUTIEN AU DEVELOPPEMENT AGRICOLE....38

VI. PLAN STRATEGIQUE DE TRANSFORMATION DE L’AGRICULTURE (PSTA)...38

6.1. Enjeux...38

6.2. Mission du Plan Stratégique...38

6.3. Objectifs du PSTA...38

6.4. Principes directeurs...39

6.5. Axes stratégiques...40

6.5.1. Diversification et intensification de la production végétale, animale et halieutique...40

6.5.2. Diversification des sources de revenus et d’emploi des populations rurales...40

6.5.3. Liaison de la production avec le marché et intégration de l’économie agricole dans l’économie nationale et régionale...40

6.5.4. Gestion durable des ressources naturelles et en particulier celle des eaux et des sols...41

6.5.5. Organisation, mobilisation, et renforcement des capacités des producteurs et des organisations professionnelles...41

6.5.6. Renforcement des capacités des prestataires de service, privatisation et promotion du secteur privé...41

6.5.7. Création d’un cadre institutionnel favorable pour la professionnalisation des producteurs et la transformation de l’agriculture rwandaise,...41

6.5.8. Création d’un environnement favorable à l’investissement productif et au développement de l’entreprenariat et de l’emploi dans l’agribusiness,...42

6.5.9. Recentrage du rôle du MINAGRI et restructuration de ses actions vers l’approche programme sectorielle dans le cadre de la décentralisation...42

6.5.10. Promotion de l’approche genre et réduction de la vulnérabilité des groupes défavorisés...42

VII. PROGRAMMES PRIORITAIRES ET RESULTATS ATTENDUS...43

7.1. Intensification et développement de systèmes de production durables...43

7.1.1. Gestion durable des ressources naturelles et conservation des eaux et des sols...43

7.1.2. Développement d’un système d’élevage intégré de production agro sylvo pastoraux et promotion de systèmes d’élevage intensifs spécialisés...44

7.1.3. Aménagement des marais...46

7.1.4. Développement de l’irrigation...46

7.1.5. Approvisionnement et utilisation des intrants agricoles et mécanisation...47

7.1.6. Sécurité alimentaire, gestion des risques et de la vulnérabilité...47

7.2. Appui à la professionnalisation des producteurs...48

7.2.1. Promotion des organisations paysannes et renforcement des capacités des producteurs...48

7.2.2. Reforme des services de proximité aux producteurs et innovation rurale...49

7.2.3. Promotion de la recherche pour le développement de l’agriculture et de l’élevage...50

7.2.4. Systèmes financiers ruraux et développement du crédit agricole...50

7.3. Promotion des filières, de l’hortofruiticulture, et développement de l’agribusiness...51

7.3.1. Promotion et développement des filières et de l’hortofruiticulture...51

7.3.2. Transformation et compétitivité des produits d’origine animale et végétale...55

7.3.3. Infrastructures rurales d’appui aux producteurs...56

7.3.4. Création d’un climat d’affaires incitatif et promotion de l’entreprenariat...57

7.4. Développement institutionnel...57

7.4.1. Le cadre légal et réglementaire...57

7.4.2. Réformes et appui institutionnel aux services publics...57

(4)

7.4.3. Coordination et suivi-évaluation du secteur agricole...57

VIII. CONTRIBUTION DES SECTEURS DE SOUTIEN AU DEVELOPPEMENT AGRICOLE...58

8.1. Gouvernance et Développement local...58

8.2. Environnement, Eau et Sécurité foncière...58

8.3. Education et Recherche scientifique...58

8.4. Commerce, industries et artisanat...59

8.5. Santé et protection sociale...60

8.6. Infrastructures de transport et de communication (ICT)...60

8.7. Secteur financier...60

TROISIEME PARTIE : PLAN D’ACTION ET PLAN INDICATIF DE FINANCEMENT...61

IX. CADRE LOGIQUE ET PLAN D’ACTION...61

9.1. Contenu du plan d’action...61

9.2. Modalités de mise en œuvre...61

9.2.2. Recherche de l’harmonie dans un environnement multi-acteur...65

9.2.3. Définition des rôles des différents acteurs...67

9.2.4. Dispositifs de coordination et modalités de financement...68

9.2.5. Phasage...68

X. PLAN INDICATIF DE FINANCEMENT DU PSTA...69

REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES...70

QUATRIEME PARTIE : APPENDICES ET ANNEXES...71

APPENDICE I . CADRE LOGIQUE DU PLAN STRATEGIQUE...72

APPENDICE II : PLAN D’ACTION...74

APPENDICE III : DÉMARCHE D’ÉLABORATION DU PLAN STRATÉGIQUE...95

APPENDICE IV. LIENS DE COLLABORATION ET PERCEPTIONS MUTUELLES (CAS DES ACTEURS DE LA FILIERE DE MARACUJA)...98

APPENDICE V : PROBLEMES SOULEVES AU COURS DES CONSULTATIONS A LA BASE...99

APPENDICE VI : FILIERES PRIORITAIRES DES DISTRICTS DES PROVINCES DE KIGALI-NGALI, KIBUYE ET GIKONGORO...100

APPENDICE VII : CARTE ILLUSTRANT LE CHOIX DES FILIERES PRIORITAIRES PAR LES BENEFICIAIRES DE KIGALI NGALI...101

APPENDICE VIII : ORGANISATIONS PAYSANNES ET SERVICES DE PROXIMITE AUX PRODUCTEURS...102

APPENDICE IX. QUELQUES PROJECTIONS EN RAPPORT AVEC LES RESULTATS ATTENDUS.107 APPENDICE X. RAPPORT DE L’ ATELIER DE VALIDATION DU PLAN STRATEGIQUE DE TRANSFORMATION DE L’ AGRICULTURE...109

(5)

SIGLES ET ABBREVIATIONS A.S.B.L. : Association Sans But Lucratif

ASZ : Agro sylvo zootechnique

BAD : Banque Africaine de Développement BNR : Banque Nationale du Rwanda

BOBP : Bureau d’Orientation des Banques Populaires.

BRD : Banque Rwandaise de Développement.

CB : Communautés de Base

CDC : Comité de Développement Communautaire.

CDMT : Cadre des Dépenses de Moyen terme.

CDMT : Cadre des Dépenses à Moyen Terme CES : Conservation des eaux et des Sols.

CNIA : Centre National d’Insémination Artificielle CNR : Couvoir National de Rubirizi

COOPEC : Coopérative d’Epargne et de Crédit.

COOPEDU : Coopérative Duterimbere CRS : Catholic Relief Service.

CSC : Centre de Services aux Coopératives.

CTB : Coopération Technique Belge

DFID : Department for International Development (UK) DRSA : Direction Régionale des Services Agricoles

DSRP : Document de Stratégie sur la Réduction de la Pauvreté FAO : Food and Agriculture Organization

FDC : Fonds de Développement Communautaire FIDA : Fonds International de Développement Agricole

FRw : Franc rwandais (1USD est égal à environ 580 FRW en 2004).

GECAD : Groupe d’Expertise, de Conseil et d’Appui au Développement.

HIMO : Haute Intensité de main d’oeuvre IMF : Institution de Micro Finance.

ISAR : Institut des Sciences Agronomiques du Rwanda.

KG : Kilogramme

LAE : Lutte Anti Erosive

MdFRw : Milliard de francs rwandais

MIGEPROFE : Ministère du Genre et de la Promotion Féminine.

MINAGRI : Ministère de l’Agriculture.

MINALOC : Ministère de l’Administration Locale.

MINECOFIN : Ministère des Finances et de la Planification Economique.

MININFRA : Ministère des infrastructures.

Mios FRw : Millions de francs rwandais

MTEF : Medium Term Expenditures Framework

(6)

NEPAD : New Partnership for Africa Development OC : Organisation Communautaire.

OCIR-Café : Office des Cultures Industrielles du Rwanda – Filière café OCIR-Thé : Office des Cultures Industrielles du Rwanda – Filière thé ONG : Organisation non gouvernementale.

OP : Organisation de producteurs ou organisation professionnelle.

OPS : Organisations Professionnelles ou des Producteurs FERWATHE : Fédération Rwandaise de Thé

PAN : Politique Agricole nationale

PDC : Plan de Développement Communautaire

PDDDAA : Programme détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine PIB : Produit Intérieur Brut

PME : Petites et moyennes Entreprises.

PMI : Petites et Moyennes Industries.

PRP : Poverty Reduction Program RIF : Rural Investment Facility

RNE : Ressources Naturelles et Environnementales RSSP : Rural Sector Support Project (Rwanda) S&E : Suivi et Evaluation

SDA : Stratégie de développement Agricole SIDA : Syndrome d’Immuno Déficience Acquise SNI : Stratégie Nationale d’Investissement SOPYRWA : Société de Pyrèthre du Rwanda SORWATHE : Société Rwandaise de Thé

SORWATOM : Société Rwandaise de fabrication de tomates SPSS : Statistical Package for Social Sciences SRP : Stratégie de Réduction de la Pauvreté SWAP : Sector Wide Approach

UBPR : Union des Banques Populaires du Rwanda.

UNR : Université Nationale du Rwanda USD : United States Dollar

(7)

PREMIERE PARTIE : GENERALITES I. INTRODUCTION GENERALE

1.1. Justification du Plan Stratégique de Transformation de l’Agriculture

1. Depuis les années 1998-1999, le Gouvernement du Rwanda a initié une réflexion et un processus de planification dont l’ambition est d’engager le pays dans une dynamique de développement continu en vue d’accélérer la croissance économique, réduire sensiblement la pauvreté, et porter cette nation, à terme, dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire1.

2. Après voir tracé les bases prospectives de cet avenir dans la Vision 2020, le Gouvernement a élaboré une Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté (juin 2000 à Juin 2002)2, dont la mise en œuvre repose sur l’élaboration de stratégies pour les secteurs essentiels de l’économie.

3. Pour faciliter le processus au niveau des différents secteurs, le Ministère des Finances et de la Planification Economique (Minecofin), à travers la Direction de la Planification Stratégique et du Suivi de la Réduction de la Pauvreté, a élaboré un guide pour la confection des stratégies sectorielles et des plans de développement décentralisés3.

4. Le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage vient de formuler une politique nationale agricole (PNA) qui donne des orientations claires sur le développement du secteur agricole dans les prochaines années.

Ces orientations doivent servir de base à l’élaboration du Plan Stratégique de la Transformation de l’Agriculture, qui est appelé à articuler le cadre opérationnel de la Politique Agricole Nationale et le rôle central du secteur agricole dans la croissance économique rapide projetée par le Gouvernement du Rwanda.

5. C’est dans ce cadre que le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage a conçu, selon un schéma participatif et interactif, un exercice d’opérationnalisation de la politique nationale agricole dont la première étape est l’élaboration de la stratégie sectorielle comprenant les stratégies sous sectorielles, les plans d’actions et les budgets y relatifs pour la période triennale 2005-20084. Les stratégies et les plans d’actions sont élaborés en s’inspirant de la philosophie de la Stratégie Nationale d’Investissement5, et surtout de manière à s’intégrer dans le Programme d’Investissement Public et dans les formats du Cadre pour les Dépenses à Moyen Terme.

1.2. Démarche méthodologique

6. Les documents de la stratégie agricole ont été conçus et confectionnés conformément à la méthodologie préconisée par le Minecofin. Ces documents ont été conçus selon l’approche sectorielle élargie répondant ainsi à la volonté politique traduite dans le document de Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté qui confère au secteur agricole le statut de pilier du développement rural.6 7. L’exercice d’élaboration du PSTA repose en outre sur quatre principes de base, qui ont caractérisé l’approche méthodologique globale utilisée: (i) L’internalisation du processus par la forte implication des cadres du Minagri et des autres Ministères d’une part et la mobilisation de consultants nationaux d’autre part; (ii) les consultations participatives à la base, au niveau des Districts et des Provinces ; (iii) l’intégration du travail dans la logique, l’esprit et la lettre de la politique de décentralisation ; (iv) l’association des partenaires du développement tant au plan technique que financier ainsi que dans le pilotage.

1 Minecofin : Vision 2020- draft 4, p. 8-9 ; document révisé (juin 2003), p.5.

2 Minecofin : Rwanda : Stratégie de réduction de la Pauvreté, Kigali, Juin 2002, 184 p., annexes compris.

3 Minecofn : Guide d’élaboration des stratégies sectorielles et des plans décentralisés ; Kigali, Avril 2003 ; 43 p.

4 Une fois que la stratégie aura été validée par les consultations avec ses différents partenaires, le Minagri envisage la seconde étape comme une phase de mobilisation des ressources et de mise en œuvre.

5Minecofin :National Investment Strategy (NIS) ; Kigali, updated 4 June 2002; 37p.

6 Il s’agit d’une démarche dans laquelle toutes les parties prenantes, tous les acteurs et partenaires concernés ont activement participé à toutes les étapes passées et où ils participeront dans les étapes qui suivent y compris dans le financement et le suivi/évaluation

(8)

8. Sur le plan pratique, une méthodologie à trois axes a été développée : (i) les ateliers participatifs au niveau des districts, des Provinces et à l’échelle Nationale ; (ii) la constitution progressive d’une base de données (sur les projets en cours ou les nouveaux projets identifiés) selon un format de fiche de projet automatiquement intégrable dans le CDMT ; (iii) les analyses structurantes et thématiques7.

9. La stratégie agricole nationale, conformément à la définition du Minecofin8, intègre différents éléments notamment la vision pour le développement global du secteur en cohérence avec la Vision 2020 ainsi que la politique sectorielle qui apparaît clairement dans le document de politique agricole. On se référera également à ce document pour les détails en rapport avec les définitions de concepts de mission, objectifs, stratégie, programmes et budgets.

10. Le présent document est expressément développé sous le vocable de Plan Stratégique de Transformation de l’Agriculture au Rwanda pour refléter les changements radicaux que la nouvelle politique agricole a introduits. Celle-ci veut marquer : (i) le passage d’une économie agricole de subsistance vers l’économie de marché ; (ii) l’intensification et la modernisation progressive du secteur agricole ; (iii) la nouvelle distribution des rôles et responsabilités entre tous les intervenants, conformément aux nouvelles politiques relatives notamment au désengagement de l’Etat de certains secteurs et à la décentralisation ; (iv) les nouvelles méthodes de travail en rapport entre autres avec l’adoption par le MINAGRI de l’Approche Programme pour la réalisation des objectifs du PSTA.

11. Le présent document comporte quatre parties. La première partie relative aux généralités, retrace le cadre stratégique et institutionnel du PSTA, le contexte général du secteur, ainsi que le diagnostic des sous-secteurs. La deuxième partie développe les stratégies et les programmes prioritaires. La troisième partie comprend le plan d’action et le plan indicatif de financement. Et la quatrième partie comprend les annexes.

II. CADRE STRATEGIQUE ET INSTITUTIONNEL DU PSTA 2.1. Contexte international et régional

12. La coexistence dans le monde de niveaux technologiques et de bien-être très différents a suscité ces dernières décennies, une abondante littérature, avec des controverses, sur les théories de la croissance économique et du développement9. Ainsi, jusqu’aujourd’hui encore, pour certains, l’industrie est considérée comme le moteur du développement ; et l’agriculture comme un domaine essentiellement statique et à potentiel limité.

13. En dépit des efforts consentis et des résultats souvent mitigés enregistrés sur le plan macro- économique durant ces décennies, divers indicateurs relevés aux niveaux micro-économique et social dans un certain nombre de pays en voie de développement ont établi que, pour la plupart des pays soumis aux réformes engagées dans le cadre de la première optique, les conditions de vie des populations, au lieu de s’améliorer, semblent s’être détériorées. Le phénomène de pauvreté, au lieu de décliner, s’amplifie et devient de plus en plus complexe.

14. Il semble bien établi que pour beaucoup de pays du Tiers Monde, le secteur agricole décline de manière inquiétante, que la pauvreté est nettement plus intense en milieu rural, et que ce sont les populations agricoles qui, les premières, en font le plus les frais.

15. Le constat pour le cas du continent africain est sidérant. Plus de 200 millions de personnes, soit environ 25 % de la population du continent, sont chroniquement sous alimentées. Le recours à l’aide alimentaire a rendu la région plus dépendante qu’aucune autre région en développement dans le monde.

16. Cette situation a amené les partenaires concernés à recentrer les politiques du développement autour des objectifs de sécurité alimentaire, de réduction de la pauvreté, et d’utilisation durable des

7 cf appendice 3

8 La stratégie sectorielle de l’agriculture et de l’élevage est conçue, conformément à la terminologie préconisée par le Minecofin, comme un ensemble coordonné de règles de conduite sur lesquelles reposent la conception, le financement, la mise en œuvre, la coordination et le suivi-évaluation de toutes les activités et des dépenses en vue d’atteindre les objectifs fixés pour le secteur. Elle constitue la synthèse de toutes les stratégies des différents domaines du secteur

9 Banque Mondiale : Rapport sur le développement dans le Monde ; 1982.

(9)

ressources naturelles. C’est ainsi que divers fora ont été consacrés à ces questions, notamment : la réunion du sommet social mondial de 1985 et celles qui ont suivi, le Sommet Mondial de l’Alimentation (Rome, Italie en Novembre 1996) et la Conférence des Nations Unies pour le Financement du Développement (Monterrey, Mexique en mars 2002). Ces rencontres confirment un changement de paradigme et assignent au millénaire à la fois l’objectif de réduction de la pauvreté et un engagement aux résultats10. Le développement agricole apparaît dans la plupart de ces pays en voie de développement comme une condition nécessaire à la transformation structurelle de l’économie et à l’industrialisation.

17. Les dirigeants africains reconnaissent que l’agriculture est la base de leur économie. Une croissance agricole soutenue est non seulement essentielle à la réduction de la faim, de la pauvreté et des inégalités, mais également fondamentale pour le développement économique.

18. Pour mettre fin au déclin du secteur agricole sur le continent, les dirigeants des pays africains se sont engagés à mettre en place dans le cadre du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) un Programme détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA), dont l’objectif est de restaurer la croissance globale, promouvoir le développement rural et assurer la sécurité alimentaire en Afrique11. La déclaration de Maputo souligne la nécessité de consacrer au secteur agricole au moins 10% des ressources budgétaires nationales.

2.2. Contexte politique, économique et social national

19. Dix ans après le génocide de 1994, le Rwanda a enregistré des acquis importants sur le plan politique, à savoir : (i) le rétablissement progressif de la sécurité sur toute l’étendue du territoire ; (ii) la mise en place et le fonctionnement normal des institutions de transition; (iii) la réinsertion harmonieuse du Rwanda dans le concert des nations ; (iv) la mise en œuvre progressive d’une politique originale de décentralisation.

20. Sur base de ces acquis, le pays s’est engagé dans un nouveau tournant politique : le processus de consolidation des bases constitutionnelles du pouvoir à travers l’adoption d’une nouvelle constitution par voie référendaire (mai 2003) et l’élection au suffrage universel de ses dirigeants (juillet 2003). Ceci ouvre des horizons de nature à créer un environnement progressivement stable et rassurant pour tous les Rwandais et pour les investisseurs étrangers.

21. Le contexte économique rwandais est caractérisé par un rythme de croissance relativement élevé12, une vision volontariste du futur et des politiques de développement axées sur la réduction de la pauvreté, la sécurité alimentaire, la diversification de l’économie et la décentralisation.

22. Le taux de croissance économique a été de 6,6% en 2001 ; 9,4% en 2002 ; et 1% en 2003. Le taux d’inflation et la fluctuation du taux de change sont relativement modérés. La situation des finances publiques s’améliore progressivement grâce aux efforts déployés en matière fiscale. Les recettes publiques sont passées de 11,8% du PIB en 2001 à 12,3% en 2002, et 13.5% en 2003 tandis que les dépenses publiques en net déclin sont passées de 22% du PIB en 2001, à 20,1% en 2002 et à 20 % en 2003. Le déficit budgétaire a évolué comme suit : 13 % en 200313 ; 7,9% en 2002 contre 10,1% en 2001.

Il a diminué entre 2001 et 2002, mais augmenté de 5.1% entre 2002 et 2003.

23. Les performances de l’économie rwandaise dépendent essentiellement de la production du secteur primaire dont la production provient essentiellement de l’agriculture vivrière. La faible croissance observée par exemple en 2003 (2.4% contre 9.4% en 2002) est due à la faible production agricole qui est passée de 15% à –1%. Cette mauvaise performance due à un grand déficit pluviométrique a affecté la production des cultures vivrières comme celle des cultures d’exportation. Cette situation a eu un effet négatif sur les prix nationaux, et combinée à l’inflation importée a porté le taux d’inflation annuel à 7.4%

contre 3% prévus. Les mauvaises performances du secteur agricole ont ainsi aggravé la pauvreté en milieu rural puisque l’agriculture

10 Picciotto, R. : La coopération pour le développement et l’évaluation des performance. Le défi de Monterrey. Banque Mondiale, Washington, 2002, p.3.

11 FAO : Programme détaillé pour le Développement de l’Agriculture Africaine ; Programme National d’Investissement à Moyen Terme (PNIMT) pour le Rwanda ; version provisoire ; Kigali ; Mars 2004 ; p.1 ; (document de 36 p et annexes).

12Il faut noter que le taux de croissance économique élevé doit être interprété en tenant compte qu’il se réfère à des niveaux de performances relatifs à une période de dépression économique liée à la guerre.

13L’année 2003 marque également des contre performances liées probablement à la situation politique du pays.

(10)

24. Plusieurs facteurs expliquent la stagnation observée dans cet important secteur de l’économie. En dehors des problèmes structurels, on peut entre autres citer les conditions climatiques et le faible niveau d’investissement expliqué par le niveau insuffisant des mécanismes adéquats, la pénurie en capitaux à long terme dans les banques commerciales rwandaises et les risques propres à ce secteur.

25. Le problème du faible niveau d’investissement constitue l’un des blocages importants de la croissance du secteur primaire au Rwanda. Il est lié d’une part aux paramètres intrinsèques du secteur mais aussi à l’environnement économique du pays en général. Le secteur financier ne s’intéresse pas au secteur rural et selon les institutions financières et bancaires, le secteur est considéré à hauts risques pour leurs capitaux. C’est ainsi que le taux de financement du secteur agricole a fortement baissé partir de 1990, de sorte qu’il est devenu presque insignifiant à partir de 1998 (ce taux reste inférieur à 1%).

26. Pourtant, jusqu’en 1989, l’agriculture était jugée comme secteur prioritaire de l’économie et bénéficiait de conditions favorables dans le cadre de la politique monétaire. Des mesures incitatives étaient accordées à ce secteur notamment a travers les taux d’intérêt et le plafonnement des crédits.

27. La nouvelle politique de libéralisation des taux d’intérêt et de suppression du plafonnement des crédits adoptée par la BNR a provoqué l’éviction du secteur agricole, puisque soustrait à ce traitement de faveur, il a été subitement abandonné par le secteur bancaire. Les banques commerciales préfèrent financer les activités de commerce et autres qui présentent moins des risques que celles du secteur agricole. Le financement du secteur agricole par le budget de l’Etat est très faible. On observe par exemple qu’entre 2002 et 2003, la part du budget alloué au secteur agricole dans le budget total de l’Etat est passée de 4.5% à 2.94%, ce qui représente respectivement 1% et 0.5% du PIB, Le faible niveau des recettes publiques fait également que les budgets élaborés ne tiennent pas nécessairement compte des propositions faites dans le cadre des stratégies de la réduction de la pauvreté.

28. Cette situation est aggravée par la faiblesse de la capacité d’absorption du secteur agricole. En 2004 par exemple, 25.5% du budget alloué à ce secteur étaient utilisés jusqu’à la fin du mois de juin (Budget framework paper 2005-2007, MINECOFIN). Ce problème de capacité d’absorption s’explique par un certain nombre de raisons dont la faiblesse des capacités d’exécution et de gestion des programmes et projets du secteur, de l’absence de stratégies sectorielles et sous sectorielles, de l’absence de coordination mais également par le manque des informations relatives à certaines dépenses.

29. Le Gouvernement du Rwanda affiche une volonté non seulement de maintenir ses performances, mais a déjà engagé des actions de nature à les améliorer et à assurer une croissance économique soutenue et durable. Parmi ces actions, il convient de citer : l’élaboration d’un itinéraire prospectif de long terme appelé « Vision 2020 pour le Rwanda » ; l’élaboration et l’adoption par tous ses partenaires d’une

« Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté » qui lui donne accès également à la remise de la dette ; l’élaboration de la Stratégie National d’Investissement ; et la confection de politiques et de stratégies sectorielles couvrant divers domaines prioritaires.

30. C’est plus précisément par rapport au contexte spécial de la pauvreté au Rwanda que les politiques et les stratégies sectorielles visant l’amélioration des conditions de vie de la population doivent être organisés.

31. Le Rwanda a dû faire face durant les dix dernières années à des défis sociaux énormes notamment en matière de réconciliation nationale, de réinstallation et réinsertion des rescapés du génocide et des réfugiés, de la relance des services sociaux de base (éducation, santé, eau et hygiène) ainsi qu’en matière de lutte contre le SIDA.

32. Le processus de réconciliation nationale a été axé sur : (i) l’arrestation et la traduction en justice des auteurs présumés du génocide ; (ii) la définition et la mise en œuvre d’une démarche de jugement et de réconciliation populaires sous l’institution « Gacaca » ; (iii) la réinsertion sociale des anciens réfugiés (antérieurs à 1994) et des rescapés et réfugiés à la suite du génocide de 1994.

33. Les services de base ont été réhabilités et de nouveaux programmes sont envisagés dans le cadre du Programme National de Réduction de la Pauvreté. Mais les efforts doivent être maintenus car les besoins tant en infrastructures (écoles, centres de santé, hôpitaux), en personnel qu’en moyens

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financiers vont aller en croissant pour satisfaire une population en pleine croissance (8,5 Millions en 2004 et un taux de croissance démographique estimé à 2.5 % en 2004)14.

34. Une attention particulière devra également être maintenue sur la pandémie du SIDA dont le taux de prévalence est estimé à 11,2% en 2002.15

2.3. Expérience du Rwanda en matière de planification et de développement agricoles.

35. L’agriculture rwandaise a été marquée les quatre dernières décennies par trois périodes distinctes et très contrastées: (i) une période de vingt années (1960-1980) caractérisée par une forte croissance ; (ii) une autre période de stagnation suivie d’une régression inquiétante de la production (1980-1994) ; (iii) une période de reconstruction et de relance économique (après 1994)16.

36. Ces périodes ont été caractérisées par trois types d’approches différentes en matière de formulation des politiques agricoles: (i) la planification par plan décennal ou quinquennal qui a prévalue entre 1950 et 1990, avec une période vide de 1960 à 1967 ; (ii) la planification caractérisée par l'adoption d'un cadre de politique économique et financière et l'élaboration des Programmes d'Investissements Publics (PIP) qui a prévalu depuis 1991 à 2002 ; (iii) la nouvelle forme de planification basée sur une vision de long terme, une stratégie nationale de réduction de la pauvreté et des stratégies sectorielles.

37. Une caractéristique marquante de l'histoire des politiques agricoles précédentes au Rwanda est leur ressemblance. Au cours des 40 dernières années, les éléments d'analyse sont restés les mêmes: rareté des terres, miniaturisation des parcelles, surpopulation, faible productivité du sol et du travail, désarticulation de l'encadrement avec les réalités du monde rural, dégradation du capital foncier; sous- développement des activités en aval de la production etc. De même, les éléments de politiques et stratégies n'ont pas varié: amélioration de la productivité, spécialisation régionale, développement d'une économie d'échange; intégration agriculture -élevage, diversification les cultures d'exportation; etc...

38. Malgré la sévérité du diagnostic présenté et la pertinence des mesures de politique agricole préconisées, le monde rural a donné parfois l’impression de ne pas être concerné par les programmes et les projets mis en place en vue de contribuer à l'amélioration de ses conditions de vie.

39. A certaines époques, notamment au cours 1989-1990, des aménagements ont été introduits sur la terminologie en matière de politique agricole. Ainsi le concept de sécurité alimentaire est venu remplacer celui de l'autosuffisance alimentaire. Ceci a permis de réajuster les objectifs et les programmes. Le concept de développement des filières a été également développé à l’époque, mettant en évidence la nécessité d'aborder de manière intégrée l'ensemble des opérations de production, de transformation et de commercialisation. Les concepts de projets spécifiques s'occupant prioritairement des aspects purement agricoles avec des volets de recherche développement qui associent l'agriculture, la vulgarisation et le chercheur comme partenaire à part entière dans le développement du secteur agricole, ont été également promus.

40. On peut dire que dans l’ensemble, l'évolution des systèmes d'exploitation agricole au Rwanda, a été clairement marquée par deux facteurs : le facteur démographique d'une part, les facteurs institutionnels liés aux exigences de l’administration coloniale ainsi qu’au développement des filières d’exportation d’autre part.

41. La dualité (secteur vivrier - secteur d'exportation) qui est apparue dans ces systèmes suite à la politique agricole coloniale a été prolongée et amplifiée par la politique post-coloniale. Toutefois, les deux secteurs ont subi des effets différents de la part des deux types de facteurs évoqués.

42. La pression démographique et l’obligation par l’administration de détenir une superficie minimale de cultures de soudure (période coloniale tout au moins), ont été principalement les variables motrices des modifications au niveau du secteur vivrier. Mais ces ajustements sont restés de type primaire ; ils n'ont modifié sensiblement ni les techniques utilisées ni le niveau de rendement. Tout s’est passé comme si les exploitations agricoles se contentaient des ajustements juste nécessaires pour couvrir les besoins

14 A supposer que le taux de croissance annuel moyen sur la période 2004-2020 soit de 2,5%, l’effectif de la population au Rwanda en l’an 2020 sera de l’ordre de 12 à 13 millions d’habitants.

15 République Rwandaise (2002) : Programme National de Réduction de la Pauvreté, p.2.

16Voir à ce sujet le document de la FAO : Etude sur la sécurité alimentaire : volet production agricole et nutrition. Rapport provisoire ; Kigali ; 1996 ; p1-4 ; (document de 42 pages et annexes).

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minimaux des ménages. Cela les maintenait dans un équilibre bas caractérisant les conditions de pauvreté qui sont observées aujourd’hui.

43. A l'opposé, une politique agricole extravertie, privilégiant les cultures d'exportation (café, thé et pyrèthre) a permis à la recherche et à la vulgarisation l'incorporation rapide de ces cultures et du bagage technique accompagnateur dans le schéma cultural traditionnel.

44. Il convient néanmoins de constater que, même à l'égard de ces innovations, la résistance des agriculteurs rwandais, soucieux de préserver leur subsistance, a été longue et a freiné durant longtemps, l'apparition de dynamismes nouveaux, fondés sur le désir d'accumulation et d’élévation de leurs conditions de vie. Même si une politique de prix favorables aux cultures commerciales d'exportation ainsi qu'une pression démographique de plus en plus élevée semblent avoir été des facteurs déterminants pour enclencher de nouveaux dynamismes, l’expérience montre que le niveau de ces ajustements n’est pas à même de porter la croissance et le développement. Les technologies sont restées rudimentaires et les niveaux de productivité de la terre et du travail se sont maintenus à des niveaux extrêmement bas.

45. C’est finalement le changement fondamental de tout l’environnement institutionnel du pays, l’engagement politique à long terme et les approches de développement utilisées qui vont déterminer l’essor du secteur agricole au Rwanda. C’est dans le cadre de ce nouvel environnement que la nouvelle stratégie est définie avec la participation des bénéficiaires. La mobilisation, la responsabilisation et l’implication de ces derniers dans la formulation et dans la mise en œuvre de cette nouvelle stratégie dont la pierre angulaire est l’amélioration des technologies et des productivités, ainsi que l’orientation vers les marchés, devraient faire la différence avec le passé et apporter une amélioration sensible aux conditions de vie des populations.

2.4. Décentralisation et Plans de Développement Communautaire

46. La stratégie agricole va partir des leçons de l'expérience des projets de développement au Rwanda, qui révèlent un certain nombre de déficiences à corriger. (i) Les projets étaient souvent conçus par les experts extérieurs avec la collaboration des administrations centrales, mais sans participation des bénéficiaires dans le choix et la décision. Il en résultait une faible appropriation par les populations des actions menées dans le cadre des projets classiques et l'arrêt (si pas le recul) des actions dès que les bailleurs de fonds se retiraient (problème de pérennité). (ii) Le recours presque exclusif à des ressources extérieures, sans implication suffisante des communautés de base a occasionné des coûts de projets trop élevés par rapport aux résultats et une déresponsabilisation des bénéficiaires et de leurs communautés de base. (iii) La faible prise en compte (ou non prise en compte) de l'équilibre social et de l'équité dans les interventions classiques a parfois accentué les disparités socio-économiques. (iv) Le traitement des problèmes de développement rural est opéré de manière sectorisée, sans tenir compte de l'indissociabilité, de l'imbrication des différents sous-systèmes et de leur intégration dans un système global.

47. Dans la suite logique de cette ligne politique, le Gouvernement a instauré un processus de planification communautaire décentralisé selon le canevas harmonisé. C’est dans ce cadre que, presque tous les Districts et toutes les Provinces du pays, disposent d’un Plan de Développement Communautaire (PDC) élaboré selon un schéma participatif. Les résultats de ce processus ont été exploités dans la préparation et la conduite de la définition de la stratégie agricole.

2.5. Engagement de créer de nouvelles articulations dans le processus du développement.

48. L’opérationnalisation de la Politique Agricole Nationale va devoir faire face à la nécessité de mettre au point une nouvelle articulation du processus de planification dans le secteur. Cette articulation est fondée sur quatre principes : (i) création d’une plate forme de communication et de coordination des différents intervenants dans le secteur; (ii) articulation du niveau national avec les niveaux décentralisés, (iii) articulation des flux financiers à la politique décentralisée et à l’environnement multi-acteurs ; (iv) articulation de l’orientation marché avec la sécurité alimentaire, l’environnement et une croissance économique soutenue.

49. La mise en relation des différents acteurs intervenant dans le secteur dans un cadre approprié, permettra de mettre ensemble les acteurs du secteur public, du secteur privé et de la société civile en vue d’une bonne répartition des rôles et des responsabilités, d’harmoniser la conception, les stratégies,

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les approches et les modalités de mise en œuvre de leurs interventions. La création d’une telle plate forme permettra d’assurer une coordination efficace des appuis techniques et financiers provenant des différents partenaires.

50. Il s’avèrera indispensable de renforcer la nouvelle articulation entre le niveau central (national) et les niveaux décentralisés. Les Entités Décentralisées, à savoir les Provinces, les Districts, les villes, les secteurs et les cellules ont des responsabilités dans l’élaboration de leurs plans de développement ainsi que dans leur mise en oeuvre. La nouvelle stratégie agricole est conçue sur des bases participatives et décentralisées conformément à ce dernier principe.

51. Les modalités pour relever ces différents défis détermineront la définition des flux financiers les plus appropriés. Le principe de subsidiarité peut guider la délégation de responsabilités du niveau central aux niveaux décentralisés et conduire au retrait progressif des domaines du secteur public où le secteur privé et/ou des organisations de la société civile peuvent prendre la relève. Le défi reste malgré tout de trouver des mécanismes de financement appropriés qui appuient, autant que possible, des groupes d’acteurs qui mettent en œuvre des activités aux niveaux décentralisés.

52. Les politiques nationales considèrent le secteur agricole comme le tremplin de la lutte contre la pauvreté. La croissance économique dans le secteur primaire devrait permettre aux ménages ruraux de sortir de leur situation de pauvreté généralisée. Cette croissance économique inciterait également le développement progressif des secteurs secondaires et tertiaires dans les zones rurales, ce qui permettrait la création d’emplois hors agriculture. Toutefois, la majorité des exploitations agricoles se retrouvent encore dans une économie de subsistance. La stratégie de développement agricole devrait concilier la transformation d’une agriculture orientée sur le marché avec la recherche de la sécurité alimentaire et la préservation de l’environnement. En outre, il est important mettre en place des mécanismes qui garantiraient que différentes catégories d’exploitations agricoles, notamment les plus vulnérables, profitent également de la croissance économique préconisée.

2.6. La place du PSTA dans le système de planification nationale et décentralisée

53. Le Plan Stratégique de Transformation de l’Agriculture découle d’un processus de planification interactif qui intègre une démarche ascendante de consultations participatives et une démarche descendante de planification de type macro-économique.

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Figure 1 : Place du PSTA dans le schéma national de planification

Vision Rwanda

2020

Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DRP)

Politique Agricole Nationale

(PAN)

Stratégie Nationale d’Investissement

(SNI)

Cadrage macro- économique

Plan Stratégique de Transformation

de l’Agriculture (PSTA)

Plan d’Action Agricole 2005-07

Rapport développement agricole de la Province

Rapport développement agricole du District

Plan de développement communautaire

Programmes et sous- programmes Financements à

rechercher:

- au niveau national et pour les appuis institutionnels

- Par

programme

- Par province

- Par district

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III. CONTEXTE SECTORIEL 3.1. Profil général du secteur agricole

3.1.1. Aperçu sur le secteur agricole.

54. Le secteur agricole est considéré par le Gouvernement « comme premier moteur de croissance » 17. Les raisons qui justifient ce choix dans le cas spécifique de ce pays sont multiples. (i) Le Rwanda est le pays le plus densément peuplé d’Afrique. Il compte en 2004 environ 8.5 Millions d’habitants18 sur une superficie totale de 26.338 km_, les eaux comprises; soit une densité de 325 habitants au km_. En admettant que même s’il venait à diminuer progressivement après 2010 jusqu’à atteindre 2.2 % en 2020 tel que prévu19, le taux de croissance établi en 2002 à 2.5 % par an20 va conduire à un effectif de la population de l’ordre de 12 à 13 Millions d’habitants en 2020 ; soit environ 50 % d’augmentation en l’espace de 16 ans. (ii) L’économie rwandaise est caractérisée par la prédominance du secteur agricole sur les principales grandeurs économiques. La population agricole est de 87% en 2002, fournit de l’emploi à 88 % de la population active occupée, contribue pour 47 % au PIB21 et pour 71% aux recettes d’exportation. La quasi-totalité de la production agricole est réalisée dans environ 1.4 Millions 22de ménages agricoles. La superficie agricole moyenne par famille est estimée à 0.76 Ha23. L’autoconsommation constitue 66 % environ du volume des vivres produits. L’échange sur le marché, qui ne porte que sur environ 34 % de la production sert à nourrir les ménages non agricoles (estimés à 11.4

%), mais également les ménages agricoles qui recourent au marché pour en partie satisfaire à leurs besoins alimentaires.

55. L’absence de ressources minières ou d’autres ressources naturelles directement exploitables, l’enclavement, le faible niveau actuel d’industrialisation, et le faible pouvoir d’achat des populations, constituent les principaux facteurs qui expliquent que l’agriculture et l’élevage constitueront durant la période couverte par la stratégie nationale de réduction de la pauvreté et la vision 2020, le principal moteur sur lequel il faut compter pour accélérer la croissance et jeter les bases d’un développement soutenu.

56. Or, malgré la capacité d’adaptation dont les agriculteurs rwandais et leurs systèmes de production ont déjà fait preuve jusqu’à présent24_25, bon nombre d’indicateurs dénotent une évolution inquiétante si un processus de transformation et de modernisation de ces systèmes de production n’est pas engagé à temps. (i) Les exploitations agricoles éprouvent de plus en plus de difficultés à assurer la subsistance des familles, particulièrement en cas d’aléas climatiques ; et les ménages sont régulièrement confrontés à des déficits alimentaires et nutritionnels soit saisonniers, soit globaux sur l’année. (ii) La pratique de techniques traditionnelles de régénération de la fertilité des terres telle que la jachère n’est plus possible.

(iii) La régression de l’élevage et la faible production de fumier qui en découle ainsi que l’amplification des phénomènes d’érosion suite à l’épuisement du couvert végétal, notamment les boisements, entraînent une baisse inquiétante de la fertilité des sols. (iv) Le niveau de revenus tirés de la vente de la partie commercialisable de leurs productions ne permet pas aux ménages agricoles de faire face aux autres besoins.

57. Dès lors, on comprend aisément que dans un tel contexte, la stratégie de réduction de la pauvreté au Rwanda accorde la première place en importance « au développement rural notamment à la transformation et à la modernisation du secteur agricole »26.

17 Minecofin : Stratégie de Réduction de la Pauvreté, p.35.

18 Les calculs relatifs à ce paragraphe sont effectués à partir des résultats du Recensement National de la Population qui établissait l’effectif de la population à 8.128.553 au 31 Août 2002.

19 Minecofin : Vision 2020 document révisé (juin 2003), p.6.

20 Chiffre fourni par le Service National de Recensement de la Population en Juillet 2004.

21 Minecofin : Indicateurs de développement du Rwanda (Août 2003), p.6 et p.56.

22Chiffre estimé à 88.6 % du nombre total de ménages à partir du documentMinecofin : Enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages au Rwanda (2000-2001) ; rapport final ; Kigali, Mars 2002 ; p.45 et p.89.

23Minecofin : Enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages au Rwanda (2000-2001) ; rapport final ; Kigali, Mars 2002 ; p.123.

24NZISABIRA, J. : Evolution de l’agriculture et croissance de la population au Rwanda. Ajustement d’un système de mise en valeur aux contraintes démographiques. Thèse de doctorat, Université Catholique de Louvain ; 1986.

25 NZISABIRA, J. : Accumulation du peuplement rural et ajustements agro-pastoraux au Rwanda. Cahiers du CIDEP, Vol.1, pp.5- 62 ; 1989.

26 Minecofin : Stratégie de Réduction de la Pauvreté, p.9.

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3.1.2. Typologie et caractéristiques des exploitations agricoles

58. Selon une étude réalisée par le MINAGRI/FAO sur les systèmes de production en 1997, la typologie des systèmes de production permet de dégager trois types de producteurs avec des caractéristiques et des stratégies spécifiques :

• Type A : « le petit exploitant dépendant », avec une assise foncière qui ne permet pas de produire suffisamment pour assurer la subsistance de la famille; les activités « hors production » (commerce, troc, artisanat) ainsi que la vente de la force de travail à l’extérieur vient compléter les revenus de l’exploitation27.

• Type B : « le producteur autosuffisant », qui se caractérise par une juste adéquation entre la superficie de l’exploitation et la quantité de main d’oeuvre disponible, permettant ainsi de satisfaire les besoins alimentaires de la famille. Les activités extérieures (commerce, artisanat) assurent une part importante du revenu de la famille.

• Type C : « le système de production de capitalisation », qui est plus hétérogène; un premier sous-groupe s’apparente au type B, avec une quantité de facteurs de production cependant supérieure; tandis que le second est constitué de chefs de ménage « non paysans » (fonctionnaire, commerçants, ...) qui développe une stratégie d’accumulation foncière.

59. Les plus petites unités de production ont des performances productives très nettement supérieures aux plus grandes. Cependant, cette intensification de la production (sans intrants) se traduit par une surexploitation des terres avec de graves conséquences en matière de fertilité et de reproduction du système. La faible disponibilité en facteurs de production fragilise l’exploitation; les familles de type A (et B) sont dépendantes des activités extérieures pour subvenir aux besoins de la famille.Les plus grandes unités de production ont un potentiel de production important qui n’est pas toujours bien valorisé.

60. Les systèmes de production au Rwanda se caractérisent par : des petites exploitations agricoles familiales d’une superficie moyenne inférieure à 1 hectare, pratiquant la polyculture - élevage28. Elles représentent plus de 90% des unités de production et couvrent environ 1,2 millions d’hectares. Les techniques culturales sont exclusivement manuelles ce qui demande une disponibilité en main d’oeuvre importante. Quelques 11,5% des ménages sont sans terres29. L es statistiques montrent que 43,2% des ménages avaient moins de 0,5 Ha en 2000 et qu’elles occupaient seulement 25,1% des superficies. Ceci dénote la très forte pression sur la terre et l’implication en termes de pauvreté dans laquelle se trouvent ces ménages qui doivent tirer leur subsistance sur des terrains si petits.

61. Des systèmes de culture complexes, basés sur la diversification des productions et l’association des cultures. Ils se caractérisent par : (i) une base commune à l’ensemble des régions composée de 7 cultures principales30 ; (ii) des spécificités régionales liées aux conditions agro écologiques (altitude, sol) et socio-économiques (voies de communication, marchés, organisation des producteurs, etc.) ; et (iii) des systèmes d’élevage qui jouent un rôle essentiel dans l’économie familiale, et dans la gestion de la fertilité à proximité de l’habitation familiale (disponibilité de fumier).

3.1.3. Institutions du secteur

62. Les institutions du secteur agricole comprennent : (i) les institutions publics du secteur au niveau central ; (ii) les autorités locales au niveau décentralisées ; (iii) les institutions privées ; (iv) la société civile ; et (v) les autres partenaires du développement.

63. Au niveau central, on peut distinguer deux types d’institutions impliquées dans le secteur : les Ministères et les institutions publiques ou semi- publiques autonomes sous la tutelle du Minagri.

64. Les Ministères se partagent les responsabilités suivantes: l’élaboration des politiques, stratégies programmes d’opérationnalisation des politiques agricoles (MINAGRI) ; la planification des programmes d’investissement public agricoles (MINECOFIN) ; les aspects des ressources naturelles relatifs à l’agriculture tels que les terres, l’eau, et l’environnement (MINITERE) ; les infrastructures routières et l’énergie facilitant l’intensification et la modernisation agricole (MININFRA) ; la coordination des activités

27 Il serait intéressant de mentionner l’importance relative de chaque type d’exploitation en pourcentage

28 Etude sur les systèmes de production, MINAGRI/FAO, 1997.

29 Un Profil de la Pauvreté au Rwanda, MINECOFIN, Février 2002

30 banane, haricot, maïs, patate douce, manioc, sorgho, pomme de terre

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de développement au niveau des Provinces et Districts (MINALOC) ; la promotion de l’industrialisation, la commercialisation et l’exportation des produits agricoles (MINICOM) ; la promotion du genre et le renforcement des capacités des femmes dans les activités agricoles (MIGEPROF) ; l’enseignement des techniques modernes agricoles au même titre que les autres cours enseignés dans les écoles (MINEDUC).

65. Parmi les principales institutions publiques ou semi-publiques autonomes impliquées dans les secteurs figurent le RIEPA qui assure la promotion des investisseurs locaux et étrangers dans le secteur agricole ; la BNR qui assure la supervision des services bancaires d’épargne et de crédit pour le financement agricole, et la Banque Rwandaise de Développement (BRD) qui est l’institution d’avant- garde pour le financement de l’agro-industrie ; et l’Union des Banques Populaires (UBPR) qui est spécialisée dans la mobilisation de l’épargne rurale et le crédit de petite taille.

66. Les institutions paraétatiques et autres structures d’appui comprennent : les institutions de recherche (ISAR, IRCT), les institutions de formation (Faculté d’Agronomie de l’UNR, KIST, ISAE Busogo), certaines ONG’s impliquées dans la recherche- action (recherche développement) ainsi que les offices chargés de la gestion des filières (OCIR-THE, OCIR-CAFE). Le Ministère gère aussi des unités d’appui à la production : le Centre National d’Insémination Artificielle, le Laboratoire Vétérinaire National de Rubilizi, le Service National Semencier et le Couvoir National de Rubilizi. Ces structures vont jouer un rôle important dans le développement et l’adaptation des innovations technologiques appropriées dans le secteur.

67. La mise en œuvre des politiques et programmes agricoles est sous la responsabilités des districts et sous la coordination du Préfet au niveau provincial. Au niveau provincial, les activités agricoles sont coordonnées par le Directeur de l’Agriculture, Elevage et Forêt (DAEF) et au niveau du district, toutes les activités agricoles sont coordonnées par le Responsable des Services Agricoles du District (RSAD).

68. Les activités liées à la planification, exécution, suivi, évaluation et rapport sont coordonnées à travers la hiérarchie MINALOC, Province, District. Des rapports sont faits régulièrement par le RSAD au DAEF qui, à son tour soumet le rapport au Préfet. Ce dernier envoie le rapport provincial au Ministre en charge de l’Administration locale (MINALOC) qui les répercute à son tour à tous les Ministères concernés.

69. Diverses institutions privées s’intéressent aussi au secteur. Beaucoup d’entrepreneurs du secteur privé, tel que le « Rwanda Private Sector Federation » (RPSF) regroupant dix sept associations professionnelles et sectorielles et six associations provinciales, s’impliquent de plus en plus dans l’agriculture. Les banques commerciales et l’UBPR sont les institutions importantes dans le financement des investissements du secteur. Les IMFS augmentent de plus en plus et joue également un rôle très important dans le secteur agricole.

70. Les projets et programmes de développement agricoles sont souvent largement financés par des partenaires de développement. Le Programme d’Investissement Public (PIP) 2003-2005 indique que l’essentiel des financements du secteur proviennent de l’extérieur (88,3%). Les institutions de financement multilatéral sont la Banque Mondiale, la BAD, le FIDA ; l’UE et la BADEA. Les agences des Nations unies tels que le PNUD et la FAO ; les partenaires dans la coopération bilatérale tels que USA, Pays Bas, Belgique, Chine, Allemagne, Italie, Canada, Grande Bretagne ; et les ONG’s internationale interviennent également dans le secteur agricole.

71. De nombreux projets financés par des prêts se caractérisent par un faible de taux de décaissement dû à la faible capacité d’absorption des services en charge de l’exécution ainsi qu’à la complexité des procédures des bailleurs ou à la lenteur des opérations.

72. Plusieurs organisations et groupements sont également les partenaires à la base du secteur agricole, soit comme fournisseurs de service, soit comme bénéficiaires de différents projets et programmes. Les organisations communautaires et organisations sans but lucratif jouent un rôle prépondérant dans l’organisation des agriculteurs et la vulgarisation des services de production et de commercialisation des produits agricoles.

73. Les organisations professionnelles d’agriculteurs sont les bénéficiaires clés du secteur, non seulement en tant que bénéficiaires primaires de projets et programmes variés, mais aussi sont des fournisseurs de services et servent d’intermédiaires à différents niveaux d’intervention tel que les programmes de microfinance. Il existe un nombre de coopératives d’agriculteurs et associations oeuvrant

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au niveau national. Ceux-ci incluent l’Union des théiculteurs (FERWATHE), la Coopérative des caféiculteurs et l’Association des Riziculteurs. Certaines organisations, telles que l’association IMBARAGA englobant des agriculteurs et éleveurs est présente dans six Provinces du Rwanda, prennent progressivement une envergure nationale dans leurs activités de proximité.

3.2. Caractéristiques particulières

3.2.1. La pauvreté et son expression dans l’agriculture

74. Une vue d’ensemble sur la pauvreté au Rwanda révèle que31: (i) le revenu moyen par habitant est de l’ordre de 250 USD. (ii) l’incidence de la pauvreté en 2000 était de 64%, ce taux serait de 60%

(estimation en 2002) ; (iii) le pourcentage de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté est plus élevé en milieu rural (68%) qu’en milieu urbain (23%) ; (iv) Les niveaux de rendements agricoles sont faibles et en décroissance et 66% de la production est autoconsommée et 34% commercialisée; (v) les recettes d’exportation représentent environ 16 USD par habitant (contre une moyenne de 100 $ en Afrique subsaharienne) ; (vi) la quantité d’engrais utilisée est de 2kg par hectare et par an.

75. Le seuil de pauvreté a été établi en 2000 à un niveau de dépenses de 64.000 FRw par équivalent adulte par an ou encore à 45.000 FRw de dépenses alimentaires annuelles par équivalent adulte par an.

Ce seuil de pauvreté traduit un état de dénuement qui s’accompagne d’autres privations telles que l’insuffisance de moyens de production ou le non accès à la terre, ou encore la difficulté de faire face aux besoins de santé, de logement, d’habillement et de scolarisation des enfants.

76. Sur les deux dernières décennies, la pauvreté a connu deux pics d’augmentation : en 1980 et dans les années 1990. La proportion des ménages pauvres atteignait 53% en 1993. Elle s’est accrue fortement en 1994 (78%) puis a décliné progressivement pour s’établir à 60% en 2001.

77. La pauvreté est plus accentuée en milieu rural (68%) qu’en ville (23%). Le profil de la pauvreté au Rwanda montre que 96 % des pauvres en termes alimentaires vivent dans le milieu rural et 4% en ville.

Le degré de pauvreté ou les conditions de vie des populations dépendent dans une large mesure de la taille de la propriété et du cheptel32.

78. La pauvreté se traduit au niveau de la taille moyenne de l’exploitation agricole. Celle-ci était de 0.76 Ha en 200033. Toutefois, la dispersion régionale par rapport à la moyenne est frappante. La taille moyenne des exploitations dans les provinces de Kibungo (1 Ha), Umutara (0.99 Ha), Kigali Ngali (0.91 Ha) et Gitarama (0.86 Ha) ont des superficies supérieures à la moyenne nationale. Par contre les superficies des exploitations agricoles dans les Provinces de Butare (0.36 Ha), Gikongoro (0.50 Ha), Kibuye (0.64 Ha) et Cyangugu (0.72 Ha) sont en deçà de la moyenne nationale.

79. La possession du bétail, particulièrement le gros bétail, constitue au même titre que la propriété de la terre un indicateur des conditions de vie. A ces deux indications, est associé le classement en 6 catégories de ménages en fonction du degré de pauvreté. (i) La catégorie des indigents est constituée de gens qui doivent mendier ; ils n’ont ni terre ni bétail (Umutindi Nyakujya). (ii) Les très pauvres sont capables de travailler la terre possédée par les autres ; ils n’ont pas de terres ou possèdent de petites exploitations et n’ont pas de bétail (Umutindi). (iii) Les pauvres ont assez de terres pour produire suffisamment à manger, mais ne produisent pas de surplus et n’ont pas d’épargne (Umukene). (iv) Le pauvre qui se débrouille a en plus de la terre, un petit bétail et dégage un petit surplus qui lui permet de faire face à d’autres besoins notamment de scolarisation (Umukene wifashe). (v) Le « riche en termes de nourriture » (Umukungu) a une exploitation large, des sols riches, du bétail et suffisamment de nourriture et souvent a en plus accès à un emploi rémunéré. (vi) Le riche en termes de revenus monétaires (Umukire) a de la terre, du bétail et des revenus monétaires suffisants (emplois rémunérés, commerce) pour lui assurer des conditions de vie bien au-delà de la moyenne. La prospérité de cette catégorie de personnes les pousse souvent à émigrer vers les centres urbains.

31Minecofin, SNRP, p. 16 citant les résultats des enquêtes statistiques ainsi que l’Evaluation Participative de la Pauvreté.

32Minecofin : Stratégie de Réduction de la Pauvreté, p.18.

33Minecofin : Enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages au Rwanda (2000-2001) ; rapport final ; Kigali, Mars 2002 ; p.123.

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80. La proportion entre les six catégories n’apparaît pas clairement dans les statistiques. Mais on estime que la moitié des ménages au Rwanda n’a pas de bétail et que le tiers des agriculteurs n’utilisent pas du tout de fumier34.

81. Les données sur la pauvreté selon les régions révèlent un large écart entre la ville de Kigali et les autres Provinces. La pauvreté alimentaire est à 96% en milieu rural. Et les Provinces de Gikongoro, Butare, Kigali Ngali et Ruhengeri sont relativement plus pauvres en raison notamment de la forte densité de la population et de la forte dégradation des terres.

3.2.2. Situation alimentaire et nutritionnelle

82. L’analyse de l’évolution dans le temps montre cinq principales périodes. (i) La situation alimentaire déficitaire pendant les années 40-50 a amené l’administration coloniale à instaurer des mesures administratives qui obligeaient notamment les populations à développer une certaine superficie des cultures non saisonnières en vue de pallier aux disettes et famines fréquentes. (ii) La période entre 1960 et 1980 n’a pas connu de crises alimentaires notables suite à la prolongation de la politique volontariste coloniale. (iii) Au milieu des années 80, le système a atteint ses limites et la production a amorcé une baisse progressive, dont le point critique a été atteint vers les années 1984 où une crise alimentaire grave a sévi dans le pays. (iv) Un effondrement des indicateurs alimentaires et nutritionnels a été encore observé autour de la période de 1994. (v) Une légère amélioration par rapport aux années 90 est observée à partir des années 2000.

83. Par rapport aux normes des besoins alimentaires moyens par habitant et par jour établies par la FAO35, le bilan alimentaire du Rwanda, ou taux de couverture des besoins par la production agricole36, s’établit à 87 % pour les calories, 70 % pour les protéines et 22 % pour les lipides. Le déficit de la couverture des besoins alimentaires est général tant pour l’énergie que pour les protéines mais le déficit lipidique chronique reste la principale caractéristique du panier des productions de l’agriculture rwandaise.

84. Les bilans alimentaires et les taux de couverture des besoins alimentaires qui sont régulièrement établis sur une base saisonnière pour l’ensemble du pays et au niveau des provinces, permettent de mettre en évidence différentes formes de disparités. La variabilité saisonnière est liée au cycle des cultures saisonnières. La variabilité géographique permet de mettre en évidence les Provinces les plus fragiles sur le plan alimentaire. Les Provinces de Butare et Gikongoro enregistrent régulièrement des taux de couverture des besoins plus faibles par rapport aux autres provinces ; tandis qu’à l’opposé, les Provinces de Byumba et de Kibungo sont en général mieux couvertes. Les disparités au niveau des zones agro écologiques, au niveau plus local et au niveau des ménages ne sont pas mises en évidence à travers ces bilans.37 Ainsi, par exemple, la région du Bugesera, quelques districts de Kibungo et la région d’Umutara connaissent des déficits alimentaires prononcés suite à des problèmes de sécheresse ; certains districts de Kibuye, Ruhengeri, Gisenyi connaissent des problèmes de sécurité alimentaire car caractérisés par des sols infertiles, fortement érodés et une forte pression démographique.

85. On ne dispose pas de données sur l’accessibilité aux produits alimentaires des ménages et particulièrement de groupes vulnérables (ménages dirigés par des femmes ou des enfants, des paysans sans terre, des malades chroniques ou des personnes malades du SIDA). Mais ces catégories méritent une attention particulière en termes de sécurité alimentaire.

86. Le régime alimentaire de la majorité des ménages rwandais est essentiellement à base de bananes, racines et tubercules (patate douce, manioc et pomme de terre) qui contribuent à plus 60 % à l'apport calorique. Les légumineuses constituent la principale source protéinique et une source potentielle importante de lipides. On y retrouve essentiellement le haricot qui assure à lui seul 40 % de l'apport protéique, le petit pois, le soja et l'arachide. Ces deux derniers contribuent sensiblement à l’apport en

34Minecofin : Stratégie de Réduction de la Pauvreté, p.43.

35Les besoins alimentaires moyens par habitant et par jour fixés par la FAO et L'OMS pour le Rwanda sont de : 2100 Kcal ; 59 g pour les protéines ; 40 g pour les lipides

36L'analyse porte sur la couverture des besoins alimentaires par les seules productions agricoles. Les aliments d'origine animale occupent une place très minime dans la ration. Ils contribuent à hauteur de 2 % pour les calories, 6 % pour les protéines et 40 % pour les lipides (moyennes calculées sur les années 2001-2003).

37Les statistiques agricoles sont présentées Province par Province et non par zones agro-écologiques. Il n’ y a pas de précision non plus en fonction des unités administratives plus petites

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