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PLAN STRATEGIQUE DE TRANSFORMATION DE L’AGRICULTURE (PSTA)

208. Les principaux enjeux du secteur agricole sont les suivants : (i) transformation de l’agriculture de subsistance en agriculture commerciale avec tout ce que cela implique en termes de changements institutionnels, sociaux de comportement et de distribution des rôles et des responsabilités entre les différents intervenants ; (ii) assurer l’alimentation et la sécurité alimentaire dans le pays ; (iii) amélioration des revenus des agriculteurs et monétarisation de l’économie agricole ; (iv) création d’emplois extra agricoles permettant de réduire notablement la population agricole ; (v) contribuer à l’amélioration de la balance commerciale, du produit intérieur et de l’épargne ; (vi) renverser le processus de dégradation des terres et gérer le patrimoine sol dans une manière durable.

6.2. Mission du Plan Stratégique

209. La mission du PSTA dérive de la vision 2020 et des objectifs qu’elle assigne au secteur rural dans la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie des populations rurales pauvres ainsi que leur intégration dans un environnement économique qui peut leur apporter prospérité et assurances de bonne vie pour les générations futures. La mission du PSTA est « d’assurer aux populations paysannes une vie prospère et des conditions de vie améliorées dans une agriculture modernisée et organisée ».

6.3. Objectifs du PSTA

210. Le Plan Stratégique s’inscrit dans la ligne directrice du Cadre Stratégique de Réduction de la Pauvreté. L’objectif global du secteur agricole correspond à celui de la PAN plus spécifiquement l’objectif global du PSTA. est de contribuer de manière durable à la réduction de la pauvreté et à soutenir la croissance économique du Rwanda à travers l’augmentation des productivités des facteurs de production, la valorisation maximale des productions, la diversification des opportunités de revenus, la préservation et le maintien des ressources naturelles et environnementales. Les sources de croissance du secteur agricole seront de deux types : celles qui sont liées à un potentiel d’exportation dans les filières et celles qui sont liées au développement du marché intérieur, essentiellement les filières céréalières (riz, maïs), lait et viande et cultures maraîchères.

211. Six objectifs spécifiques sont assignés au secteur : (i) assurer une offre suffisante de produits agricoles et la sécurité alimentaire aux populations ; (ii) augmenter les niveaux et diversifier les sources de revenus des ménages ; (iii) entretenir, préserver et améliorer la gestion des ressources en eau et des

sols; (iv) contribuer aux équilibres macro-économiques et à la croissance ; (v) contribuer à la résolution des problèmes sociaux liés notamment au genre, à la jeunesse, aux paysans sans terre et autres groupes vulnérables ainsi qu’au SIDA ; (vi) transformer la mission et le rôle des différents acteurs (Administration, producteurs, société civile et secteur privé) pour qu’ils s’adaptent à la nouvelle vision.

212. Pour certains aspects, les documents de la vision 2020 ainsi que celui de la Stratégie Nationale de Réduction de la Pauvreté sont encore plus explicites en termes d’objectifs chiffrés. Dans la perspective de faire du Rwanda un pays à revenu moyen, d’ici l’an 2020, le PIB per capita devra passer de 230 USD environ en 2002 à 800-1000 USD (mesuré en termes constants de 2000). Ceci implique un taux de croissance moyen annuel du PIB réel compris entre 8% et 9% sur la période. L’agriculture interviendrait dans cette croissance au taux de 6.3 % par an. Le PIB agricole devrait passer de 310.292 Md FRw en 2000 à 460.706 Md FRw en 2005 ; 646.066 Md FRw en 2010 ; 824.562 Md FRw en 2015 et 1052.373 Md FRw en 2020. Ceci exige de transformer 50% des exploitations agricoles en exploitations de type moderne, de tripler la productivité de la terre et de multiplier la productivité du travail par 4 ou 5. La part du PIB agricole dans le PIB totale passerait de plus de 45 % à moins de 30 % entre 2004 et 2020.

213. Ces objectifs ont été définis avec une préoccupation de répondre aux attentes des populations rurales tant au niveau de ce qui est nouveau dans les stratégies adoptées et dans les actions proposées que dans les modalités de leur mise en œuvre.

6.4. Principes directeurs

214. La stratégie agricole est définie en conformité avec les principes directeurs et les grandes orientations de développement exprimées (i) dans la Vision 2020 notamment en ce qui concerne la contribution du secteur agricole à l’attente des objectifs globaux, (ii) dans le Cadre Stratégique de Réduction de la Pauvreté et dans (iii) le Document de Politique Agricole Nationale.

215. Le PSTA s’est doté des principes directeurs spécifiques suivants en ce qui concerne son approche stratégique : (i) Il s’agit d’abord d’une stratégie participative et proche du pauvre (pro pauvre ou « Pro poor strategy »). Cette option repose sur le fait que la majorité de la population est rurale, vit de l’agriculture et que c’est dans ce secteur que se retrouve la majorité des pauvres. Elle fait intervenir les bénéficiaires et leurs communautés à tous les stades. (ii) La stratégie est progressive, flexible et dynamique. On doit être conscient que la nouvelle vision volontariste du développement agricole engage les populations vers de nouvelles destinées et que des risques peuvent être associés à ce parcours. La stratégie doit être conçue de manière à apporter les ajustements nécessaires et tenir compte des circonstances changeantes du moment. (iii) La stratégie est basée sur la demande et sur l’incitation des producteurs (« demand driven »). C’est pour tenir compte des choix libres et négociés des producteurs ; les pouvoirs publics intervenant dans l’orientation à travers la mise en place de mécanismes incitatifs appropriés. (iv) La stratégie est sensible aux questions du genre, de la jeunesse, de l’environnement et du SIDA. Quel que soit la phase, le moment et l’espace où l’on se trouve, ces dimensions interviennent dans la planification et la mise en œuvre des actions. (v) La stratégie sera basée sur le principe que le développement de l’agriculture est essentiellement le fait du secteur privé et des producteurs qui le composent. Mais dans la situation actuelle le rôle de l’Etat qui est déterminant sera recentré afin de renforcer la responsabilisation des communautés et des organisations paysannes et des opérateurs privés ainsi que le partenariat entre l’Etat et ces autres acteurs. (vi) Elle appliquera le principe de subsidiarité dans ce sens que l l’intervention du service public qui sera déterminante au début devra céder progressivement aux communautés et au secteur privé, les responsabilités qui leur reviennent. (vii) L’allocation des ressources financières de l’Etat sera effectuée en priorité vers les actions et productions les plus compétitives.

216. Les principes directeurs du PSTA sont établis en tenant dûment compte des orientations générales prioritaires suivantes: (i) une bonne gouvernance politique et économique ; (ii) la décentralisation, iii) la transformation économique du monde rural ; (iv) le développement des secteurs des services et de l'industrie manufacturière ; (v) le développement des ressources humaines ; (vi) le développement et la promotion du secteur privé ; (vii) l'intégration économique au niveaux régional et international. En particulier la vision 2020 considère qu'à l'horizon 2020, le secteur agricole modernisé n'occuperait que 50% de la population du pays.

6.5. Axes stratégiques

217. Les axes stratégiques suivants du PSTA ont été établis sur la base des orientations et des axes stratégiques de la Politique Agricole Nationale relatives à la modernisation de l’agriculture par le biais d’actions horizontales liées d’une part à l’accroissement de la productivité des cultures et d’autre part au renforcement de la professionnalisation des producteurs et la spécialisation de l’agriculture par le biais d’actions verticales de développement des filières. Ils sont articulés aux axes de la Vision 2020 et ceux du CSLP.

218. Ils prennent en compte le besoin d’innover dans la nature des relations établies entre les différents acteurs et en particulier au niveau de la restructuration des services publics pour qu’ils répondent aux exigences de la nouvelle politique, de l’approche participative, du renforcement des capacités des acteurs .et du rôle des partenaires au développement dans l’adoption et la mise en œuvre de l’approche programme élargie.

219. Les axes stratégiques suivants ont été retenus : (i) diversification et intensification de la production végétale, animale et halieutique ; (ii) diversification des sources de revenus et d’emploi des populations rurales ; (iii) liaison de la production avec le marché et intégration de l’économie agricole dans l’économie nationale et régionale ; (iv) gestion durable des ressources naturelles et en particulier celle des eaux et des sols ; (v) Organisation, mobilisation, et renforcement des capacités des producteurs et des organisations professionnelles; (vi) Renforcement des capacités des prestataires de service, privatisation et promotion du secteur privé; (vii) Création d’un cadre institutionnel favorable pour la professionnalisation des producteurs et la transformation de l’agriculture rwandaise ; (viii) création d’un environnement favorable à l’investissement productif et au développement de l’entreprenariat et de l’emploi dans l’agribusiness ; (ix) recentrage du rôle du MINAGRI et restructuration de ses actions vers l’approche programme sectorielle dans le cadre de la décentralisation ; (x) promotion de l’ approche genre et réduction de la vulnérabilité des groupes défavorisés.

6.5.1. Diversification et intensification de la production végétale, animale et halieutique 220. Les pratiques culturales actuelles participent à l’aggravation des niveaux de productivité dans l’agriculture et les stratégies des producteurs intègrent rarement l’évolution des marchés intérieurs et extérieurs, sauf dans le cas du café, du thé et quelques cultures tel que la pomme de terre, le riz, le maïs et le marakuja par exemple et dans une moindre mesure le lait et les viandes).

221. Le contexte économique sous-régional et international actuel est appelé à devenir de plus en plus ouvert. L’agriculture de type traditionnel ne pourra pas supporter la concurrence sur les marchés régionaux qui se développera sans aucun doute au niveau des productions des pays voisins. Elle sera encore moins en mesure de se positionner sur le marché international, qui est un des objectifs du pays.

Il convient donc d’adopter une approche volontariste pour éviter le risque d’une aggravation du repli sur elle-même de l’agriculture rwandaise qui pourrait entamer davantage sa faible productivité actuelle. Il faut ainsi agir sur tous les facteurs susceptibles d’engendrer des transformations qualitatives au niveau de l’appareil de production, au niveau du comportement des acteurs et au niveau de l’environnement socio-économique.

6.5.2. Diversification des sources de revenus et d’emploi des populations rurales

222. L’objectif de réduire la population agricole de 50% à l’horizon 2020 implique un effort énorme de la part du secteur agricole à générer des activités extra agricoles à partir d’une production qui doit être diversifiée et suffisamment compétitive pour supporter les contraintes des coûts de transport et de transformation.

223. La promotion d’opportunités d’emplois non agricoles en particulier dans les domaines HIMO et de l’agribusiness et le développement d’autres sources de revenus à travers notamment l’artisanat, la petite transformation, etc, permettront de valoriser le facteur travail déjà excédentaire en milieu rural et de générer de nouvelles opportunités pour des revenus non agricoles.

6.5.3. Liaison de la production avec le marché et intégration de l’économie agricole dans l’économie nationale et régionale

224. La lutte contre la pauvreté passe par l’accroissement des revenus des populations rurales. Pour cela il est nécessaire d’évoluer vers une agriculture dont la production ne doit plus être destinée seulement à l’autoconsommation, mais de plus en plus tournée vers le marché (marché local, national, régional et international). De ce fait la résolution des contraintes en aval de la production doit constituer une priorité du PSTA. Le choix des productions à développer doit être basé sur la demande, sur les avantages comparatifs des produits, et sur la recherche de solutions appropriées pour lever les contraintes en aval (conservation, transformation, commercialisation).

225. L’orientation prioritaire des incitations et des ressources vers les filières et l’agribusiness devra donc se faire de manière à favoriser l’ouverture de l’agriculture sur le marché aussi bien interne qu’externe.

6.5.4. Gestion durable des ressources naturelles et en particulier celle des eaux et des sols 226. Le Rwanda ne peut plus se permettre d’assister à la déperdition de son capital sol et eau sans réagir.

L’avenir des générations futures dépend des actions qui seront entreprises en premier lieu par les communautés paysannes elles mêmes car il s’agit de leur patrimoine et de leur survie. La tâche est énorme mais elle est vitale. Le gouvernement doit mobiliser toutes les énergies pour éliminer les barrières psychologiques actuelles au développement et à la généralisation des actions de lutte antiérosive et intégrer les producteurs dans un processus de conservation des sols et de réhabilitation de leur fertilité. Ce processus sera appuyé par des actions d’envergure où les partenaires au développement qui sont très conscients de la gravité du problème pourront s’investir dans la mobilisation des ressources financières y compris celles de modifier l’attitude de la société paysanne vis-à-vis de la question.

6.5.5. Organisation, mobilisation, et renforcement des capacités des producteurs et des organisations professionnelles

227. Il s’agit de l’axe central du PSTA. Il se base sur le principe directeur de responsabilisation des producteurs et de leurs organisations. Les réformes qui seront mises en œuvre dans le secteur agricole visent le recentrage des services publics et la responsabilisation totale des producteurs et leurs organisations dans le processus de développement. Cependant, s’il ouvre des opportunités et des perspectives nouvelles, ce nouveau contexte introduit aussi pour les organisations paysannes, de nouvelles exigences à remplir ; sans lesquelles elles resteraient inopérantes. C’est pourquoi le renforcement des capacités de ces organisations constitue une donnée essentielle pour la réussite du PSTA.

228. Cette démarche nécessitera un engagement et une mobilisation importante des bénéficiaires compte tenu du fait que les actions doivent être conçues à partir des besoins exprimés par les producteurs.

6.5.6. Renforcement des capacités des prestataires de service, privatisation et promotion du secteur privé

229. Dans ces domaines précis, l’attitude du Minagri vis-à-vis du privé va être essentiellement basée sur une définition non équivoque du rôle du secteur privé et de la nécessité pour ce dernier de prendre ses responsabilités dans un cadre institutionnel et légal révisé pour tenir compte des nouvelles réalités. A cet effet la démarche du Minagri sera pro active. Il s’agira dans les premiers temps d’être attentif et sensible aux problèmes des partenaires privés et d’être prêt à les appuyer pour régler les questions de nature institutionnelle, mais sans pour autant créer des distorsions sur le marché.

6.5.7. Création d’un cadre institutionnel favorable pour la professionnalisation des producteurs et la transformation de l’agriculture rwandaise,

230. Le gouvernement a démontré son engagement à la professionnalisation des producteurs par l’adoption d’une politique claire de décentralisation et d’un ensemble de mesures institutionnelles, légales et réglementaires. La mise en œuvre de cette politique doit être parfaitement reflétée dans le PSTA qui va s’appuyer en premier lieu sur les organisations du monde rural qui sont les premiers responsables du processus de développement. Ce cadre institutionnel doit répondre au besoin de développer une culture du profit, de mettre en place les mesures d’incitation appropriées, de créer un cadre de concertation et de communication avec les fédérations, les syndicats et autres organisations professionnelles afin de tirer parti de la masse critique que ces canaux offrent pour la professionnalisation du métier.

6.5.8. Création d’un environnement favorable à l’investissement productif et au développement de l’entreprenariat et de l’emploi dans l’agribusiness,

231. Les investissements productifs prioritaires sont de quatre ordres : (i) les initiatives individuelles de petite taille ; (ii) les investissements collectifs initiés par les bénéficiaires à la base (OP’s ou les CDC’s) ; (iii) les investissements de petite et moyenne taille (PME ou PMI) ; et (iv) les gros investissements.

232. Des instruments différenciés seront mis en place afin d’offrir une gamme de possibilités à cette diversité de la demande. Les actions en rapport avec l’aménagement et la gestion durable des terres, la transformation agricole et la commercialisation seront mises en avant.

233. L’amélioration de l’environnement va porter sur l’appui à la révision de la réglementation, l’édition des textes d’application adéquats, la mise en place du Fonds de Garantie et de Crédit Agricole, la création d’un service spécialisé pour les questions d’agribusiness et la négociation d’un projet spécifique à la conservation des eaux et des sols.

6.5.9. Recentrage du rôle du MINAGRI et restructuration de ses actions vers l’approche programme sectorielle dans le cadre de la décentralisation

234. La décentralisation, le désengagement de l’Etat des secteurs productifs et la promotion d’interventions diversifiées dans le secteur agricole doivent amener le Minagri à se restructurer d’une manière radicale tant dans les fonctions qu’il remplit que dans la façon de conduire sa mission.

235. Un changement important doit intervenir dans le type de relations et de rapports qu’il entretient avec les acteurs ainsi que dans son approche vis-à-vis des communautés qu’il sert et des autres acteurs qui contribuent à l’essor du secteur agricole. Il doit changer dans sa façon de conduire sa mission, notamment dans les domaines de l’appui-conseil et de la recherche participative, de la programmation et de la coordination des activités. Dans ce contexte, les nouvelles technologies de l’information et de la communication (ICT) devront être mises à contribution pour appuyer les fonctions de pilotage du processus, mais également faire intervenir une nouvelle forme de communication tant interne qu’externe au Minagri.

236. La participation des bénéficiaires à toutes les étapes du processus d’opérationnalisation sera étendue aux mécanismes d’analyse, d’approbation des demandes et de gestion des financements.

L’expérience des CDF’s et des projets du Minagri en matière de décentralisation financière constitueront une base pour consolider et étendre l’approche à tous les modes de financements.

6.5.10. Promotion de l’approche genre et réduction de la vulnérabilité des groupes défavorisés

237. Le genre, la production agricole, la nutrition et la protection de groupes vulnérables sont intimement liés. En effet, la femme (et souvent les jeunes) est régulièrement sollicitée pour accomplir un certain nombre de tâches du secteur de l’agriculture (cultures maraîchères, petit élevage et agriculture en général si on considère les travaux des champs). Or, il se fait que les systèmes de vulgarisation adoptés au Rwanda depuis plusieurs années n’ont pas pris en compte la femme en tant que bénéficiaire et actrice dans le domaine de la vulgarisation agricole. Les potentialités existent cependant pour une intégration effective dans le processus de développement agricole.