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Interrogatoire. Forme élémentaire de classification « Actes de la recherche en sciences sociales

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Interrogatoire. Forme élémentaire de classification

[Texte intégral]

L’interrogatoire est souvent perçu comme une pratique pour « faire-dire » s’imposant dans des situations non-ordinaires, pensées comme des cas limites des rapports sociaux. La représentation la plus commune l’associe à la torture. Réduit à l’une de ses modalités les plus extrêmes et aux formes classiques et immédiatement visibles de la violence physique,

l’interrogatoire n’est alors qu’un dispositif qui brise les esprits par le tourment des corps. Cette image reflète la mémoire des procédures inquisitoriales qui soumettaient, par la Question, ceux accusés de menacer l’ordre politico-religieux[1]. Ces méthodes permises au nom de la raison d’État pour contenir et punir l’ennemi intérieur[2] ou extérieur ont été pratiquées depuis lors dans maints contextes politiques[3].

Église, État, Armée, Police, Justice : l’usage de l’interrogatoire par ces institutions centrales de l’organisation sociale donne la mesure de son importance comme technique de savoir et de pouvoir[4]. Encore faut-il ajouter à cette liste celles qui, comme l’école et la médecine, pratiquent quotidiennement l’interrogatoire pour former et soigner. Plus largement, les institutions en charge de l’identification, de la connaissance et de la gestion de « populations », interrogent-elles aussi, pour connaître, maîtriser et intervenir. Elles ouvrent des dossiers et renseignent des fichiers qui assignent une « identité de papiers[5] » estampillée par l’État, véritable formule administrative à la fois standardisée et singulière de chacun de nous.

Le dénombrement et la qualification des populations[6], des biens, des territoires, sont, en effet, à la base du travail de domination de l’État que se partagent et se disputent divers segments de l’administration[7]. Ces savoirs collectionnés sous forme de dossiers sont le produit d’interrogatoires de tout type, de leur écriture et de leur conservation (procès-verbal, rapport, formulaire, archive), c’est-à-dire de questionnements spécialisés, légitimes et organisés (cible, type et nombre de questions, modalité de recueil et de stockage des « données », etc.) par les différentes institutions qui les imposent et en sont les maîtres d’œuvre. Cette entreprise inquisitoriale socialise les « intimités » et permet inséparablement la connaissance, la surveillance et l’intervention (distribution ou privation de droits). Le dossier, qu’il soit renseigné par la production d’un discours sur soi volontaire ou obligé, est la condition du fichier et du casier : que l’on pense seulement aux registres

d’état-civil, de commerce, cadastraux, fiscaux, électoraux, aux fichiers policiers comme aux casiers judicaires ou encore aux dossiers bancaires, sociaux, scolaires, médicaux, associatifs, etc., et autres certificats, actes notariés, livrets, diplômes, curriculum vitae, abonnements, inscriptions, comptes, cartes, passeports, qui constituent autant de sources de signalement, d’identification et de mémoire bureaucratique.

L’interrogatoire fonde l’ordinaire des pratiques du médecin, du policier, de l’agent recruteur, de l’enseignant, du prêtre, du travailleur social, du journaliste et du sociologue également. Et pour les uns comme pour les autres, le droit de questionner est garanti par une autorité supérieure instituant les « qualités » et la position de celui qui est autorisé à interroger (diplôme, profession, raison sociale…). Pouvoir de « faire-dire » et droit d’exercer une « violence symbolique légitime[8] » sont, en effet, accordés par l’État et, théoriquement, celui à qui cette procédure s’applique ne peut s’y soustraire sans conséquences, c’est du moins l’appréhension la plus immédiate que l’on a de l’interrogatoire.

On voit beaucoup moins, si ce n’est pas du tout, que l’interrogatoire n’est pas uniquement mobilisé lors des opérations méthodiques et systématiques des institutions qui recueillent les informations nécessaires aux renseignements de leurs catégories et à la création d’identités collectives. Il peut émerger du questionnement ordinaire, qui est une des pratiques les plus communes de la vie sociale pour obtenir des informations, « faire connaissance » ou simplement pour meubler l’attente.

En effet, la rencontre entre inconnus et l’approfondissement des relations engagées passent la plupart du temps par des questions plus ou moins réciproques. À quelles conditions ces questions peuvent-elles devenir inquisitrices et s’apparenter – au moins du point de vue de l’un ou des multiples protagonistes – à l’interrogatoire institutionnel qui exige des réponses ? Goffman[9] donne un exemple de ces ruptures d’évidence dans les modes acceptables d’échange : s’il est normal de questionner la caissière d’un cinéma sur l’heure à laquelle commence le film, si lui demander son avis sur cette œuvre peut être pris comme une excentricité sans grande conséquence ou comme une ingérence intolérable selon son humeur du moment, il est en revanche certain que lui demander son âge, son poids, sa taille, ses opinions politiques ou ce qu’elle faisait la veille à 18 h exposera le mandant – et ce quelle que soit l’humeur de la caissière – à une exclusion définitive de l’échange.

Ce questionnement hors autorité, hors utilité socialement reconnue et hors de propos s’apparente à une offense, voire à un outrage de l’intimité. Cet exemple a le mérite de mettre l’accent sur les limites de l’usage de l’interrogatoire dans les relations sociales de surface, éphémères et apparemment sans enjeux.

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Cependant, il montre aussi que, dans maintes circonstances (lorsque ceux qui échangent ont des statuts inégaux), la conversation peut se transformer en interrogatoire (ou être perçue comme tel, ce que montrent, par exemple, des réponses sur un mode offensé ou humoristique du type : « Vous êtes de la police ? ») si les précautions d’usages pour établir une relation sociale conforme ne sont pas respectées. Bien que la conversion d’une conversation en interrogatoire transgresse les modes acceptables de sociabilité, il n’en reste pas moins que le « risque » est contenu dans la forme elle-même, forme qui institue la question comme amorce de l’échange ordinaire et souvent comme garantie de sa continuité. Il n’est qu’à s’arrêter un instant sur les façons les plus simples d’entrer en contact avec un inconnu, qu’il soit destiné à le rester ou qu’il ait vocation à devenir un collègue ou un voisin, pour se convaincre que la conversation est souvent une suite de questions : on demande un service (Pouvez-vous me prêter votre plan ? » ; « Pouvez-vous m’expliquer comment… ? ») ou une information (« Combien ça coûte ? » ; « Avez-vous l’heure ? ») ou du temps (« Pouvez-vous m’accorder quelques instants pour répondre à quelques questions ? ») ; on veut apprécier les principales qualités sociales de quelqu’un pour déterminer s’il est « intéressant » et si on a intérêt à le fréquenter (« Vous travaillez dans quoi ? » ; « Vous habitez où ? » ; « Vous connaissez untel ? » ; « Vous avez fait quelles études ? »...). L’art ordinaire de la conversation qui consiste à apprendre des choses de/sur l’autre (et à en dire et/ou en cacher de soi) ou à enregistrer et diffuser des commérages[10], etc., est d’autant plus proche de l’interrogatoire que les parties ont des statuts sociaux inégaux et qu’elles sont prises dans une relation hiérarchique, qu’elle soit imposée par un organigramme formel (patron/employé) ou inscrite dans les positions sociales respectives[11].

Il est donc difficile d’imaginer une relation sociale sans questionnement. Nous sommes encadrés, dans une multitude de moments de notre vie, par des questions qui fonctionnent comme un mode de saisie et de classement de nos propriétés sociales (sexe, âge, état matrimonial, résidence, patrimoine, diplôme, profession, revenu, etc.) dans un ordre sur-simplifié immédiatement compréhensible par tous. Mais peut-on déduire de cette affirmation que ce type de questionnement est, pour autant, un interrogatoire de la même manière que l’interrogatoire scolaire, policier ou médical, entre autres ? Faut-il réserver le terme interrogatoire à l’exercice d’un pouvoir institutionnellement garanti et exclure ce qui relève des relations de gré à gré et des multiples occasions où on pose des questions à l’autre sur lui-même ou sur les autres ? Faut-il juste postuler que la conversation ordinaire peut glisser vers l’interrogatoire lorsque, comme dans le cas de la caissière du cinéma, les questions (nombre, ton, contenu, etc.) dépassent les limites autorisées[12] dans le cadre précis de la configuration particulière dans laquelle le client doit en rester à des échanges en rapport avec la raison sociale du lieu et la fonction sociale de la caissière ?

L’interrogatoire institutionnel est souvent obligatoire et contraignant ; il classe toujours et sanctionne aussi souvent. À l’inverse, l’interrogation ordinaire[13], s’apparente à la conversation et n’est pas officiellement un outil de classement des populations et ne débouche pas sur des sanctions légales. Pourtant, l’un et l’autre fonctionnent comme des techniques d’ordonnancement des univers sociaux dans lesquels on les déploie, celui des institutions ou celui des relations sociales ordinaires. Le médecin interroge pour trier ses patients en fonction des nosographies médicales ; le promeneur ou le cinéphile solitaire questionne pour trouver un partenaire conforme pour bavarder ou plus, si affinité. Dans ce dernier cas, c’est

justement l’interrogatoire, sous la forme euphémisée d’interrogations, qui permet d’affiner les indices fournis par les signes corporels (hexis) et de découvrir les complicités ou les incompatibilités, de mesurer les distances et d’évaluer les proximités dans l’espace social. Mieux encore, lorsque les questions « dépassent les limites », celles qui sont complètement incorporées et dont le franchissement déclenchent soit indignation (« Vous vous prenez pour qui ? »), soit soumission (« Je n’ai pas osé refuser de répondre ») en fonction du statut des protagonistes, on voit clairement que les frontières entre l’interrogatoire et le questionnement ordinaire sont minces, perméables, et toujours susceptibles (lorsque les statuts sont inégaux) d’être

transgressées au profit de celui qui peut « impunément » interroger. On peut penser que la « forme interrogatoire » s’insinue clandestinement dans la conversation, mais en réalité elle est contenue, comme potentialité et schème de base plus ou moins activé, dans toutes les relations sociales.

Aussi, l’interrogatoire institutionnalisé et l’interrogation sociale sont-ils tous deux des dispositifs de construction de la réalité sociale, de classement, d’élection/exclusion et de gratification/sanction. Ni le mode « questionnement », ni les questions spécifiques qui le nourrissent, ne sont neutres ; ils imposent tous deux des catégories de perception – administratives[14] et/ou pratiques – du monde social, tout autant à celui qui interroge qu’à celui qui répond. Ce qui fait que potentiellement aucune relation sociale – de la plus réglée à la plus informelle – n’échappe à la « forme interrogatoire » qui constitue une technique de mise en ordre par le haut (relation sociale institutionnelle) et par le bas (relation sociale quotidienne). Les unes

procèdent-elles des autres ? C’est certainement parce que nous sommes, tout au long de notre vie sociale, contraints de nous penser et de penser le monde par le filtre de l’interrogatoire-classificatoire[15], que nous le mobilisons jusque dans nos relations sociales les plus éphémères et ordinaires, lorsqu’il s’agit simplement de « faire connaissance ». C’est aussi parce que les statuts sociaux de ceux qui échangent sont inégaux que la conversation peut, potentiellement, vite emprunter à la « forme interrogatoire », c’est-à-dire à une configuration inégalitaire basée sur un rapport de force entre celui qui interroge et celui qui répond.

Si l’interrogatoire prend des formes différentes – baptisées enquête, entretien, interview, audition, examen, consultation, sondage, questionnaire ou encore discussion –, celles-ci ont néanmoins en commun de répondre à la même nécessité sociale

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(vote, assurance sociale, permis de conduire, droits parentaux, etc.) ou plus généralement pour contrôler et classer (bien portant/malade ; bon/mauvais pauvre ; innocent/coupable ; brillant/scolaire ; sympathique/antipathique ;

fréquentable/infréquentable, etc.). Les inégalités sociales sont fortes face à ces diverses formes d’interrogatoires et aux multiples classements qu’elles permettent, même si les groupes sociaux dominés développent aussi des savoirs d’opposition ou d’évitement, comme les mauvaises réponses (erreur ou mensonge), les résistances (« freinage » des administrés qui perdent ou mélangent leurs papiers, oublient des convocations…), les falsifications, les sabotages et autres pratiques associées, par les autorités et nombre de citoyens, à de la fraude.

Mais, malgré tout, ces inerties ou ces résistances ne remettent en question ni la « forme interrogatoire », ni le fait que les agents n’y sont pas tous également soumis indépendamment de leur position et du pouvoir social qui y est attaché. Ceux qui n’ont nul besoin d’émarger au budget de l’aide sociale, ceux qui ne vont jamais aux guichets des institutions exercer leurs droits ou rendre des comptes, ceux qui ont moins de probabilité de commettre des délits ou de se faire prendre, ceux qui sont conformes aux attentes scolaires, ceux dont le statut social est égal ou supérieur à celui du juge, du médecin, du journaliste, du sociologue, etc., sont rarement confrontés aux formes les plus violentes (physiquement et symboliquement) de

l’interrogatoire[16]. Aussi, l’économie générale de l’interrogatoire est-elle fortement inégalitaire : certains sont plus contraints à fournir des « réponses » (ils sont « mis en question ») qu’autorisés à questionner et leur faible capital linguistique associé à leur manque d’assurance renforce encore leur position d’infériorité[17] ; d’autres, au contraire, passent outre les questions et ceux qui les formulent ou bien les convoquent pour y répondre selon leur bon vouloir (comme lors des conférences de presse, par exemple) et avec l’aisance corporelle et verbale des dominants[18]. Pour autant, personne n’échappe totalement aux interrogatoires institutionnels et aux classements sociaux qu’ils reproduisent et légitiment, même si les groupes sociaux dominants sont plus tenus par un autocontrôle moral[19] qui s’appuie sur la confession sécularisée et l’introspection comme procès de dévoilement/voilement de soi (psychanalyse, journal intime ou autobiographie…)[20].

Ainsi, quelles que soient ses modalités d’imposition et l’intensité de la contrainte qu’elle exerce, la « forme interrogatoire » est inscrite durablement dans les structures mentales parce qu’elle a historiquement fonctionné, dans les sociétés fortement différenciées où l’État est le mode de gouvernement, comme un outil de mise en ordre des structures sociales. Cette forme élémentaire de classification qui fait penser et agir les institutions et les individus, tend à conformer (par la production d’une doxa) les rapports sociaux les plus ordinaires et les plus exemplaires à l’ordre établi. Pour autant, l’enregistrement de nos propriétés sociales rationalisé par des dispositifs publics, dont l’interrogatoire est l’outil principal, ne se réduit pas à une entreprise de contrôle. Son existence rend possible l’accès aux droits (de se soigner, de se défendre, de toucher des prestations…). Il n’en reste pas moins que droit, contrôle et sanction sont imbriqués et que les règles qui encadrent formellement l’interrogatoire n’éliminent pas les inégalités de traitement. Alors que les dispositions légales, identiques pour tous, protègent effectivement ceux qui sont déjà socialement en position de force, paradoxalement, elles sont souvent insuffisamment appliquées ou facilement contournées lorsqu’il s’agit de populations socialement dominées.

[1]. Jacques Chiffoleau, « Avouer l’inavouable : l’aveu est la procédure inquisitoire à la fin du Moyen Âge », in René Dulong (dir.), L’Aveu. Histoire, sociologie, philosophie, Paris, PUF, 2001, p. 57-97.

[2]. Nicole Dyonet, « Les paroles et les écritures. Fonctionnement et bénéfices de la procédure inquisitoire en France au XVIIIe siècle », Déviance et Société, 11(3), 1987, p. 225-259.

[3]. Pierre Vidal-Naquet,La Raison d’État, Paris, Minuit, 1962. Gabriel Périès, « Conditions d’emploi des termes interrogatoire et torture dans le discours militaire pendant la guerre d’Algérie », Mots, 51, juin 1997, p. 41-57. Bernard Pudal et Claude

Pennetier (dir.), Autobiographies, autocritiques, aveux dans le monde communiste, Paris, Belin, 2002. En 2006, George W.

Bush promulgue le Military Commissions Act qui autorise le recours à des « méthodes agressives d’interrogatoire » et le jugement par des tribunaux militaires des suspects de terrorisme.

[4]. Michel Foucault, La Volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976.

[5]. Claudine Dardy, Identités de papiers, Paris, Éd. Lieu Commun, 1990.

(4)

[6]. Alain Desrosières, La Politique des grands nombres. Histoire de la raison statistique, Paris, La Découverte, 1993.

[7]. Vincent Denis, « Entre police et démographie. Un “Projet de dénombrement” sous le Premier Empire », Actes de la recherche en sciences sociales, 133, juin 2000, p. 72-78.

[8]. Pierre Bourdieu, « Espace social et genèse des “classes” », Actes de la recherche en sciences sociales, 52-53, juin 1984, p.

8.

[9]. Erving Goffman, « La condition de félicité - 2 », Actes de la recherche en sciences sociales, 65, novembre 1986, p. 87-98.

[10]. Norbert Elias, introduction et traduction Francine Muel-Dreyfus, « Remarques sur le commérage », Actes de la recherche en sciences sociales, 60, novembre 1985, p. 23-29.

[11]. On pense également aux relations sociales intra familiales entre parents et enfants.

[12]. Limites à propos desquelles chacun s’accorde plus ou moins au risque de paraître déplacé.

[13]. Comme d’ailleurs le questionnement par des organismes privés spécialisés dans les études de marché et d’« opinion » par sondage qui n’ont pas de moyens de pression (sauf à offrir des produits, des bons d’achats et autres avantages) pour s’assurer les réponses à chacune de leur sollicitation.

[14]. Pierre Bourdieu, « L’interrogatoire », in Pierre Bourdieu (dir.), La Misère du monde, Paris, Seuil, 1993, p. 927-939.

[15]. Robert Castel, La Gestion des risques, Paris, Minuit, 1981.

[16]. Pierre Bourdieu, La Noblesse d’État. Grandes écoles et esprit de corps, Paris, Minuit, 1989. Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, Voyage en grande bourgeoisie, Journal d’enquête, Paris, PUF, 1997.

[17]. La soumission précoce à l’interrogatoire facilite, à certaines conditions, les stratégies d’évitement ou du moins socialise à cette inquisition d’État. Dès lors, quel est, pour ces catégories sociales, le statut de l’intimité (si tôt et autant étatisée) ? Comment se construit la limite entre le privé et le public ?

[18]. Parler « comme il faut » à qui de droit, ni trop, ni trop peu, adopter un ton « juste » quelles que soient les circonstances, faire des « bons mots » de manière opportune, tout comme savoir « faire face » lors d’un interrogatoire, sont des postures très inégalement distribuées et qui mobilisent l’ensemble des capitaux (linguistique, corporel, social, culturel et symbolique).

Si les ressources dont les différentes classes sociales disposent pour affronter un interrogatoire sont très inégales, les questions posées – et leur expression : parler sur un ton autoritaire ou déférent, mettre ou non les « formes » – diffèrent également en fonction des statuts sociaux des protagonistes (plus ou moins de pouvoir social et/ou institutionnel) et de leur plus ou moins grande proximité sociale.

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[20]. Aloïs Hahn, « Contribution à la sociologie de la confession et autres formes institutionnalisées d’aveu : autothématisation et processus de civilisation », Actes de la recherche en sciences sociales, 62-63, juin 1986, p. 67.

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