J. S TEINER
Géométrie de situation. Démonstration de quelques théorèmes
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 19 (1828-1829), p. 1-8
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I
GÉOMÉTRIE DE SITUATION.
Démonstration de quelques théorèmes;
Par M. J. STEINER.
ANNALES
DE MATHÉMATIQUES
PURES ET APPLIQUÉES.
1.
IL
estgénéralement
connu que si, par unquelconque
P despoints
duplan
d’untriangle
ABC et par ses sommets , on mènetrois droites
AP, BP, CP ,
rencontrantrespectivement
enA’, B’,
C’,
les directions des côtésBC, CA ,
AB de cetriangle,
on aural’équation
AB’.BC’.CA’:=:BA’.CB’.AC’ ;
et que,
réciproquement,
si troispoints A’ , B’ , Cr,
sont tellementsitués sur les directions des côtés d’un
triangle ABC,
que cetteéquation
aitlieu ,
les droitesAA/, BB/,
CCI concourront eu unmême
point P ,
pourvutoutefois (Annales ,
tom.XVII, pag. I4 4 )
Tom.
XIX
n.°I
I.erjuillet
I828. 12
THEOREMES
que
ceux de cespoints qui
seront situés surles
côtésmême
dutriangle,
et non sur leursprolongemens,
soient en nombreimpair.
On sait que, dans le cas
contraire,
les troispoints A’, B’,
C’appartiendraient à
une même droite.2. Par les trois
points A’, B’, C’
soitdécrit
un cerclecoupant
de nouveau en
A" , B" , C" ,
les directions des côtésBC, CA , AB ;
par la
propriété
descordes
ou dessécantes,
issues d’un mêmepoint, on
auraéquations qui, multipliées
membre àmembre , donneront,
en ré-duisant,
au moyen de laprécédente (I) ,
ce
qui
prouve(i)
que lesdroites AA" , BB" ,
CC" concourentaussi en un même
point
Pl.3. Parce que cette
propriété
estde
natureprojective,
elle aural’leu également lorsqu’on
substituera au cercle uneligne quelcon-
que du second ordre. En
invoquant
ensuite la théorie despolai-
res
réciproques ,
on obtiendra les deux théorèmes que voici :THÉORÈME. Les
trois som-mets d’un
triangle
étantA , B , C ,
et P étant unpoint quelcon- que de
sonplan ; si A’ , B’ ,
C’sont les.
points
où les directionsdes côtes
BC , CA , AB ,
sont res-pectivement rencontrées par les droites
AP, BP, CP, et
que, parTHÉORÈME.
Les trois côtés d’untriangle
étantA, B, C, et
P
étant
une droite tracée arbi- trairement sur sonplan ; si A’, B’ ,
C’ sont les droitesqui joi-
gnent respectivement
les sommetsBC , CA , AB ,
auxpoints AP ,
BP , CP , et qu’on
décrive uneces trois
points A’, B’,
CI onfassse
passer uneligne quelcon-
que du second
ordre , coupant
denouveau les mêmes côtés respec- tivement en
A", B", C", les
droi-tes
A A" , BB" ,
CC" concour-ront aussi toutes trois en un même
point
P’(*).
Et
réciproquement ,
deuxpoints P,
P’étant pris
arbitrai-rement sur le
plan
d’un trian-gle
dont les sommetssont A , B, C ; si
l’on mène les droites AP etAP’,
BP etBP’,
CP etCP’ ,
rencontrantrespectivement
les directions des côtés
BC, CA ,
AB en A’ et
AI’ ,
BI etB",
C’et
C",
ces sixpoints appartien-
à une même
ligne
du se-cond ordre.
ligne quelconque
du second or-dre,
touchant les trois droitesA’, B’, C’;
en menant à cettecourbe,
par les mêmes sommets, lestangentes A", B", C",
lespoints AA", BB",
CC"appartiendront
aussi tous trois à une même droite P’.
Et
réciproquement,
deuxdroites
P ,
P’ étaut tracées arbi- trairement sur leplan
d’un trian-gle
dont les côtés sontA, B, C ;
si l’on
joint respectivement
lespoints
AP etAP’ ,
BP etBP’ , CP,
et CP’ aux sommetsBC, CA,
AB par des droites A’ et
A",
B’et
B",
C’ etC",
ces six droitesseront
tangentes
une mêmeligne
du second ordre.
4.
On sait que ,lorsqu’une ligue
du second ordre touche les trois côtés d’untriangle,
les droitesqui joignent
lespoints
de con-tact aux sommets
respectivement opposés
secoupent
toutes trois aumême
point ;
et que,réciproquement ,
trois droites menées par lessommets d’un
triangle ,
de manière à se couper an mêmepoint ,
rencontrent les côtés
respectivement opposés
en despoints
où ilspeuvent
être touchés par une mêmeligne
du second ordre. De là(3),
et par la théorie despolaires réciproques ,
on pourra con- clure ces deux théorèmes.(*) En
remplaçant
laligne
du secondordre
par lesystème
de deux droi- tes, on obtiendraitquelques prismes déjà
connus.4 THEOREMES
THÉORÈME.
lespoints
decontact des trois côlés d’un trian-
gle
avec deuxlignes quelconques
du second ordre
qui
lui sont ins-crites, appartiennent
tous six àune
troisième ligne
du second or-dre.
THÉORÈME.
Lestangentes menées,
par les trois sommets d’untriangle, à
deuxlignes quel-
conques du second ordre
qui
luisont
circonscrites,
touchent toit-tes six une troisième
ligne
du se-cond ordre.
§.
IL5. De5
précédens
théorèmes on en déduit aisément d’autres ana-logues,
relatifs auxsurfaces
du second ordrecomparées
au tétraèdre.Soit ABCD un tétraèdre
quelconque.
Par unpoint quelconque
P de
l’espace
et par chacune de ses arêtes concevons desplans
coupant
les arêtesrespectivement opposées.
Soienta , b , c
lespoints
où les arêtes
BC, CA, AB,
sontrespectivement coupées
par lesplans APD , BPD , CPD ,
et soient03B1 , 03B2 , 03B3
ceux où les arêtes op-posées AD , BD, CD,
sontrespectivement coupées
par lesplans BPC , CFA , APB ,
nos sixplans
secouperont
deux à deux sui-vant les trois droites
a03B1 , b03B2 ,
c03B3 ; il estvisible ,
en outre,et
que
les droitesAA’ BB’, CC’,
DD’ secouperont
toutes qua-tre au
point
P.Il est aisé de voir que ,
réciproquement,
sixpoints a , b , c ,
03B1 ,
03B2 , 03B3 étant pris respectivement
sur les arêtesBC, ÇA AB , AD ,
BD,
CD d’un tétraèdreABCD ,
de telle sorteGEOMETRIE.
les droites
AA’, BB’, CC’,
DD’ secouperont
aussi toutesquatre
en un même
point P
parlequel passeront
aussi les troisdroites
a03B1,
b03B2,
c03B3.Ainsi, lorsque
sixpoints
sont tellementsitués
sur lesdirections
des arêtes d’un
tétraèdre ,
que les droites menées danschaque
facepar les
points qui
y sont situés et par les sommets de cette facequi
leur sontrespectivement opposés
secoupent
toutes trois en unmême
point ,
les droitesqui joignent deux à
deux lespoints
si-tués sur les directions des arêtes
respectivement opposées
se cou-pent
aussi toutes trois en un mêmepoint
etréciproquement.
, Il est à
remarquer
que les sixpoints a, b,
c , oc,03B2, 03B3
sont tellementliés entre eux , que trois
quelconques
de ces sixpoints,
choisis demanière â ne pas
appartenir
à une mêmeface,
déterminent lepoint
P et par suite les trois autres , ainsi que les droites a03B1,
b03B2 ,
c03B3.6. Par les six
points a, b , c , 03B1 , 03B2 , 03B3
concevons une surfacequelconque
du secondordre, coupant
denouveau
les mêmes arê-tes du tétraèdre en
a’, b’ , c’ , 03B1’ , 03B2’ , 03B3’ ;
les intersections de cette surface avec lesplans
des faces du tétraèdre seront deslignes
dusecond ordre
coupant
les côtés de ces faces en troispoints
tels que les droitesqui
lesjoindront
aux sommetsrespectivement opposés
se
couperont
en un mêmepoint ;
donc(2)
les droitesqui join-
dront dans la même face les trois autres intersections aux mêmes
sommets se
couperont
aussi en un mêmepoint ;
et parconséquent
(5)
lespoints a’ , b’ , c’ , 03B1’ , 03B2’, 03B3’ jouiront
despropriétés
que nous6
THEOREMES
venons de voir
appartenir
auxpoints a , b , c , 03B1, 03B2 , 03B3 ;
de sorteque les droites
03B1’03B1’ , b’03B2’, c’03B3’
concourront toutes trois en un mêmepoint P’ ;
delà ,
et par la théorie despolaires réciproques ,
on con-clura ces deux théorèmes :
THÉORÈME.
Si unesurface quelconque
du second ordre esttellement
située ,
parrapport
àun
tétraèdre , qu’elle
coupe ses arêtes en sixpoint a , b ,
c , 03B1 ,03B2, 03B3 ,
tels que les droites a03B1 ,b03B2,
c03B3
qui joignent
lespoints
d’inter-section
qui répondent
aux arêtesrespectivement opposées
concou-rent toutes trois en un même
point P
, elle coupera de nouveau ces mêmes arêtes en sixautres points a’ , b’ , cl
,03B1’ , 03B2’ , 03B3’
tels que les droitesa’03B1’ , b’03B2’ ,
c’03B3’qui join-
dront les
points
d’intersection si- tuès sur les arêtesrespectivement opposées
concourront aussi tou- tes trois en unmême point P’(*).
Et
réciproquement,
unpoint
P étant situé d’une manière
quel-
conque dans
l’espace;
si con-duit,
parce point
et par les arê-des d’un
tétraèdre, des plans
cou-THÉORÈME.
Si unesurface quelconque
du second ordre esttellement
située ,
parrapport à
un
tétraèdre,
que sixplans
tan-gens a , b , c , 03B1 , 03B2, 03B3 à
cette sur-face,
conduits par les arêtes dutétraèdre,
soient tels que les in- tersections a03B1,b03B2 ,
c03B3 desplans tangens
issus des arêtes respec- tivementopposées
soient toutestrois dans un même
plan P,
lessix autres
plans tangens a’, b’ , c’ , 03B1’ , 03B2’ , 03B3’ ,
menés à celle sur-face par
ces mêmesarêtes,
serenttels que tes intersections
a’03B1’, b’03B2’,
c’03B3’
desplans tangens
issus desarêtes
respectivement opposées
seront aussi loutes trois situées dans un même
plan
P’.Et
réciproquement, un plan P
étant situè d’une manière
qucl-
conque dans
l’espace ; si ,
parchacune
des arèies d’untétraè-
dre et par le
point
où ceplan
(*) En
renlplaçant
la surface du second ordre par lesystème
de deuxplans ,
on obtiendra desporismes analogues à
ceux que nous avonssignalés
dans la
précédente
soie.7
pant respectivement
leurs oppo-sées,
on obtiendraainsi,
sur cesarêtes,
sixpoints
a,b, c ,
03B1 ,03B2 , 03B3 ,
tels que les droites a03B1,b03B2,
c03B3
qui joindront
lespoints
situéssur les arêtes
opposées
concour-ront toutes trois au
point P;
etsi ,
pour un autrepoint P’ , éga-
lement
quelconque ,
ondétermine,
sur les mêmes
arêtes,
six nou-veaux
points a’ , b/, c’ , 03B1’ , 03B2’ , 03B3’ ,
tels que les droitesa’03B1’, b ’03B2’ ,
c’03B3’ qui joindront
lespoints
si-tués sur les arêtes
opposées
con-courent aussi toutes trois en ce
même
point P’,
lesdouze points a , b , c , 03B1 , 03B2 ,
03B3 ,03B1’ , b’ , c’ , 03B1’ , 03B2’ , 03B3’
seront tous situés sur unemême
surface
du second ordre.coupe son
opposée,
on conduit unplan,
onobtiendra
ainsi sixplans a , b , c , 03B1 , 03B2 , 03B3 ,
tels que les droites a03B1 ,b03B2,
c03B3,suivant
les-quelles
se couperont ceuxqui pas-
seront par les arêtes
opposées,
seront toutes trois situées dans le
plan P ;
etsi ,
pour un au-tre
plan P’, également quelcon-
que, on
conduit,
par les mêmesarêtes
, six nouveauxplans a’ , b’ ,
c’ ,03B1’ , 03B2’ , 03B3’ ,
tels que les droitesa’03B1’ , b’03B2’ , c’03B3’ , suivant
les-quelles
secouperont
ceuxqui
se-ront issus des arêtes
opposées
soient aussi situées toutes trois dans ce même
P’ ,
les douzeplans a , b, c , 03B1 , 03B2 , 03B3 , a’, b’ , c’ , 03B1’ , 03B2’ , 03B3’
seront toustangens à
unemême
surface du
second ordre.7- Si l’on
conçoit
une surfacequelconque
du secondordre , qui
touche les six arêtes d’un tétraèdre
donné,
ses intersections, avecles
plans
des faces de ce tétraèdre seront deslignes
du second or-dre
Louchai les trois côtes de cesfaces ;
etsi
, dans ces mêmesfaces ,
on mène des droites des trois sommets auxpoints
de con-tact des côtés
respectivement opposés ,
ces dioites(4)
secouperont
en un même
point ;
d’où il suit(5)
que les droitesqui joindront
deux
à deux lespoints
de contact situés sur les arêtesopposées
Se
couperont
toutes trois en un mêmepoint.
Il est aisé de
voir
que,réciproquement ,
sixpoints
étantpris respectivement
sur les arêtes d’untétraèdre,
de telle sorte que les droitesqui joindront
deux à deux ceuxqui
seront situés sur lesarêtes
opposées
concourent toutes trois en un mêmepointa
on pourra8
THEOREMES
DEGEOMETRIE.
toujours
concevoir une surface du second ordrequi
touche les arêtes du tétraèdre en ces sixpoints.
De là et
ensuite
par la théorie despolaires réciproques ,
onpourra conclure
(5)
et(6) ,
les deux théorèmes suivans :THÉORÈME.
Si deux sur-faces
du second ordre touchent l’une et l’autre les six arétes d’untétraèdre,
les douzepoints
decontact, situés deux à deux sur
ces
arétes, appartiendront à
unetroisième
surface
du second or-dre (*).
THÉORÈME.
Si deuxsurfa-
ces du second ordre touchent l’une
et l’autre les six arêtes d’un té-
traèdre,
les douzeplans tangens
à ces
surfaces ,
conduits deux à deux par cesarêtes ,
toucherontune troisiéme
surface
du secondordre
(*).
(*) Voici deux autres théorèmes
qui
, s’ils sontvrais ,
comme ilsparais-
sent l’étre , formeront un
complément
fort naturel de cette théorie ; nous.en- abandonnons l’examen à la sagacité de M. Steiner.
THÉORÈME. Si trois
surfaces
dusecond ordre sont inscrites à un même
tétraèdre , les douze
points
où elles tou-cheront
ses-faces appartiendront à
unequatrième surface
du second ordre.THÉORÈME.
Si- troissurfaces
dusecond ordre sont circonscrites à un
même tétraèdre, leurs
douze plans tan-
gens. par ses sommets toucheront une
quatrième surface du second ordre.
Ces sortes de théorèmes
présentent beaucoup d’intérêt ,
comme pouvant.acheminer à découvrir, soit la relation entre dix.
points
d’une surface du,second ordre, soit la relation entre dix.
plans
tangens a. une telle surface ;problème
dont la solution nepourrait
que fairebeaucoup
d’honneur augéo
mètre à
qui
la science en serait redevable.J. D. G.