A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
F. M ARTY
Recherches sur la répartition des valeurs d’une fonction méromorphe
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 23 (1931), p. 183-261
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1931_3_23__183_0>
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RECHERCHES
SUR LA
RÉPARTITION DES VALEURS D’UNE FONCTION MÉROMORPHE
Par M. F. MARTY.
INTRODUCTION
Divers auteurs ont étudié des
problèmes
des deuxtypes
suivants :Étant
donnéun
domaine,
et la famille des fonctionsqui
ont unepropriété
de valence(’)
donnéedans ce
domaine, quelles
conclusions sur la famille de fonctionspeut-on
en..tirer;par
exemple
y a-t-il des relationsd’égalité
oud’inégalité
entre les diverses cons-tantes attachées à la fonction ? ou
bien,
étant donnée une famille defonctions,
quepeut-on
dire sur les domaines dep-valence
de formedonnée,
circulaire par exem-ple,
des fonctions de la famille? On trouveral’exposé
desprincipaux résultats,
’
notamment dans : -
P.
Montel, Leçons
sur lesf amilles
normales(Paris, Gauthier-Villars, I g2~).
(’)
Voici la terminologie que j’aiadoptée
sur ces points; elle est directementinspirée
de celle de M. Montel. ’
Dans un domaine fermé D où elle est
méromorphe,
une fonctionj (z)
non constante prend une valeur Z au plus p fois, p étant un entier quidépend de j
et du domaine.Nous appellerons p la valence ou l’ordre de multivalence de
f
dans D ;f
sera dite p-valente(univalente,
bivalente,trivalente, ...)
dans D, et Dsera
dit domaine dep-valence pour
f.Une fonction qui n’est pas univalente est multivalente. Nous appellerons valence en un point
z~ le minimum de la valence de f dans un cercle de centre 2. ; si
f
est univalente en za , zo est un point d’univalence locale pourf.
Deux points oùf (z)
prend la même valeur seront ditshomologues
par rapport àf (z).
Enfin unepropriété
de valence est dite vraie à l’intérieur d’un domaine Dlorsqu’elle s’applique
seulement aux points qui n’ont pasd’homologues
sur le contour de D.I84
A. Bloch, Les
jonctions holomorphes et méromorphes
dans le cercle unité (Mém. des ,Sc. math., Fasc. XX.
Paris, Gauthier-Villars, 1926).
J.
Dieudonné,
Recherches relatives auxpolynômes
et auxfonctions
bornées d’unevariable complexe (Thèse, Paris, Gauthier-Villars, 1 g3 r,
et Annales del’École Normale, 1931).
Dans ce
travail, j’étudie
tout d’aborddes problèmes
de ces deuxcatégories
par des méthodesnouvelles,
etje
sui~ conduit à des résultatsgénéraux
sur laréparti-
,tion des valeurs d’une fonction
méromorphe; puis je résous,
par une méthode ins-pirée
des recherches de Poincaré sur les fonctions fuchsiennes, desproblèmes
surles groupes
d’antomorphie
desfonctions analytiques auxquels
conduisaitassez
naturellement lapremière partie
de mesrecherches(’).
Da ’!S le
premier chapitre, j’applique
à l’étude desfamilles
de fonctions méro-morphes
la notion nouvelle de dérivéesphérique.
Dans le S 1 r à
4) j’introduis
la dérivéesphérique,
etje’
donne sesprinci- pales propriétés,
notamment ses relations avec la valence locale.Dans le § 2
(n°S
5 à~) je
montre comment onpeut,
au moyen de la dérivéesphé- rique,
écrire d’une manière trèssimple
la condition nécessaire et suffisante pourqu’une
famille soitnormale,
pour que ses fonctions limites soient non constantes, pour que ses fonctions limites soient localement univalentes, etj’en
tirequelques
théorèmes
généraux
sur les familles normales.Dans le § 3
(n°‘
10 à12) j’étudie
au moyen de la dérivéesphérique
lespoints irréguliers
d’une famillequasi-normale,
etj’applique
les résultats à l’étude de la dérivéesphérique
d’une fonctionf(z)
auvoisinage
d’unpoint singulier
essentielisolé.
Dans le S 4
(nos
t3 à1 6) j’applique
les résultatsprécédents
à des familles defonctions à valence
bornée,
ou à zéros fixes, etj’obtiens
une série de critères nou-veaux de familles normales ou
quasi-normales.
, Dans le S 5
(n° Ii) j’indique
comment onpeut généraliser
lespropriétés
de ladérivée
sphérique
à des fonctions devariable complexe
nonanalytiques.
Le
Chapitre
II est consacré à l’étude d’unedécomposition particulière
d’un do-maine fermé D de
méromorphie
d’unefonction
donnée en domainesd’univalence.
.
Dans r
(nos
18je
montre comment onpeut,
si la fonction est holo-morphe
et si la dérivée ne s’annule pas dans D,décomposer
D en « cellules )) où C) Unepartie
de ces résultats a été résumée dans deux Notes aux Comptes Rendus des~4 février et 36 mai
i g3o.
(z)
est univalente, et telles que, étant donné deuxcellules,
ou bien toutpoint
del’une a un
hornologue
dansl’autre,
ou bien aucunpoint
de l’une n’ad’homologue
dans l’autre.
Dans le S 2
(n°~
22 à27) je
montre comment cespropriétés
s’étendent aux fonc- tionsméromorphes
et aux domaines où la dérivéesphérique s’annule; j’étudie
enparticulier
les domaines où tous lespoints
ont le même nombred’homologues,
notamment les domaines « réduits ))
(les points
du contour n’ont pasd’homologues intérieurs)
et les domaines «complets » (la
fonction yprend
toute valeurdonnée).
Enfin
j’indique
unprocédé
degroupement
des cellulesqui
sera utilisé auchapitre suivant.
Dans le § 3
(nos
28 et29) je
donnequelques propriétés
despoints hnmologues
par
rapport
à certaines fonctionssimples,
etj’indique
desgénéralisations
à destransformations
planes
non conformes. ,°
Le
Chapitre
III étudie une fonction dans tout son domaine d’existence.Dans
le §
i(n°
3o à32) je
montre comment, enpartant
de la notion decellule,
on
peut décomposer
le domaine d’existence de la fonction en domaines fondamen- taux,qui
mettent enévidence,
comme la surface deRiemann,
la structure de lafonction étudiée; j’étudie plus particulièrement
leur forme auvoisinage
d’unpoint singulier
isolé.’
Certains résultats du
Chapitre
II etdu S
i duChapitre
III ont d’ailleursdéjà
.été obtenus par divers auteurs à
partir
des surfaces deRiemann.
Il y avaitpeut-être
intérêt à étudier ces
problèmes
directement et d’une manièresystématique.
Les § 2 et 3 étudient les fonctions
d’automorphie
H d’une fonctionfez),
défi-nies par
l’équation fonctionnelle f [H(z)]
=f(z) .
.Le §
2 33 à38)
étudiequelques problèmes
sur les fonctionsd’automorphie
,
algébroïdes, algébriques,
ouuniformes,
des fonctions àpoint
essentielisolé,
etintroduit dans le cas
général
la notion de grouped’automorphie régulier.
Le § 3 est consacré à la recherche des fonctions
fez)
admettant un groupe d’au-tomorphie régulier
donné.Après
avoir montré directement que ces fonctions admet- tent unedécomposition
en domainesfondamentaux, je
montre comment la méthode des séries E) de Poincarépermet
de résoudre leproblème
d’existence dans des castrès
généraux.
.
Qu’il
me soitpermis d’exprimer
ici ma bien vive reconnaissance à M.Montel, qui
abien
vouludiriger
cesrecherches,
et dont les conseils m’ont été d’un secoursprécieux ;
à M.Vessiot, qui
a facilité mon travail àl’École Normale;
enfin à M. Pi-card,
quej’ai
été heureux de voir s’intéresser à mes études.INDEX DE CE
MÉMOIRE
Pages.
CHAPITRE 1 : La notion de dérivée
sphérique
d’unefonction analytique...
,I87
S i : Dérivée
sphérique
d’une fonctionméromorphe
en unpoint... 187
S 2 1
Application
aux familles normales... igo S 3Application
aux famillesquelconques... 195
S 4 Familles de fonctions à valence bornée... 202
S 5 : Fonctions dérivables non
analytiques...
2t3CHAPITRE II : :
Décoinposilion
cellulaire d’un domaine deméromorphie
d’unefonction....
215SI: Fonction
holomorphe,
dérivée ne s’annulant pas... 2i5§ 2 : Cas des fonctions
méromorphes
dont la dérivéesphérique peut
s’annuler. 226§ 3 :
Exemples, applications
et extensions... 236 CHAPITRE III : Domaines contenant despoints singuliers;
groupesd’automorphie...
240SI:
Décomposition
du domaine d’existence d’une fonction en domainesfondamentaux... 2~0
§ 2 :
Propriétés générales
des groupesd’automorphie...
2~6 S3 Leproblème d’existence... , ... , ...
255’
CHAPITRE PREMIER
~
_
La
notion de dérivéesphérique
d’une fonctionanalytique.
SI. - - - Dérivée
sphérique
d’une fonctionméromorphe
en unpoint.
’
, ;
[1]
Prenons avec A. Ostrowski(’)
unesphère
de Riemann de rayon i-. Soit Z l’affixe d’unpoint; appelons
distancesphérique ~Z, Z’~
de deuxpoints
sur. lasphère
la
longueur
duplus petit
arc degrand
cerclequi
lesjoint.
On a :Si
|Z| A on a :
Dans tout ce
qui
va suivre nous considérerons les fonctionsméromorphes
comme définissant une
correspondance
desphère
àsphère.
Le
rapport
deslongueurs
de deux arcs infinimentpetits correspondants
tracéssur ces
sphères
atoujours
une limite finielorsque
la fonction estméromorphe
aupoint envisagé.
Pour unpoint
à distance finie où la fonction estholomorphe
lavaleur du
rapport
est :’
’
Dans les cas où la fonction est
méromorphe,
où lepoint
considéré n’est pas à distance finie le résultatprovient
de l’invariance durapport
étudié dans lechange- ment
de zen 1
ou de Z enI .
Nousappellerons
dérivéesphérique
le nombre po-,
z Z
sitif ou nul ainsi défini.
(’)
MathematischeZeitschrift,
t. 24,I926.
Étant
donné un domaine fermé D danslequel
une fonction donnée est méro-morphe
ilsera toujours possible
de ledécomposer
en un nombre fini de domainesne contenant aucun zéro ou aucun
pôle.
Cetteopération permet
de conclure facile- ment que :’
THÉORÈME i : Si une
fonction fez)
estméromorphe
dansun
domainefermé,
ladérivée
sphérique
y est continue..La continuité dans un domaine
partiel d’holomorphie
à distance finierésume
dela formule
(~).
Autourd’un pôle
ou dupoint
à l’infini le résultat s’obtient enchangeant
z enI
ou Z enI .
Toute fonction continue étantbornée,
la dérivéesphérique
est bornée dans un domaine fermé. Cette remarquejouera
un rôle fonda- mental dans laplupart
desapplications
que nous donnerons.CuL L....
., ’ 1
[2] Supposons qu’en
unpoint z0
la dérivéesphérique
soit nulle. Ou bien ni 2:ni Z ne sont
infinis,
et dans ce cas la dérivée ordinaire est nulle : dans tout do-maine,
sipetit soit-il, entourant zo
la fonction est multivalente. Si z ou Z ou les deux sont infinis nous nous ramènerons au casprécédent
par lechangement
dez
en ~
ou deZ en .
Nous énoncerons donc lapropriété
suivante :z Z
a)
La condition nécessaire etsuffisante
pourqu’un point z0
soit lecentre
d’un
cercle danslequel
lafonction f (z,)
est univalente est que l’on aitb)
La condition nécessaire etsuffisante
pourqu’une fonction analytique
soitégale
à une constante est que sa dérivée
sphérique
soitpartout
nulle.Les conditions sont à la fois nécessaires et suffisantes
puisque
deshypothèses
contraires entraînaient des conclusions contraires.
On
peut
se demander si l’existence d’une dérivéesphérique
est unepropriété qui
caractérise les fonctions
analytiques;
nous n’avons en effetintroduit
ici que des modules derapports.
Onpeut
déduire laréponse
d’un résultat de M.Harald Bohr(’) :
Si une fonction de variablecomplexé Z(z). est
univalente dans. un domaine fermé ’ et si le module de tend vers une limitequand 0394z
tend vers o, la fonc- -tion est
analytique,
ouconjuguée
d’une fonctionanalytique. L’emploi
d’une décom- .position
en domainespartiels permet
alors d’énoncer : :THÉORÈME 3 : 1 Si une
transformation de sphère
àsphère, définie
dans un domaine(’)
JtalhematischeZeitschrift, 1918.
fermé,
y admet ccne dérivéesphérique;
si la dérivéesphérique
ne s’annulequ’en
unnombre
fini
depoints
dudomaine,
etsi, autoùr
de toutpoint
où elle ne s’annule pas lafonction
estunivalente,
cellefonction
estanalytique
onconjuguée
defonction
ana-lytique.
[3]
Nous avons vu que la transformationZ1=I Z
effectuée sur la variable ou la fonction n’altère pas la dérivéesphérique.
La transformation laplus générale qui jouit
decette.propriété
c’est ledéplacement
de lasphère
deRiemann;
seule trans- formationqui permette d’appliquer
lasphère
sur elle-même au sens de lagéomé-
trie.
Analytiquement
c’est une transformationhomographique particulière dépen-
dant d’un
paramètre complexe
et d’unparamètre réel,
que l’on obtient facilementcomme
produit
de deuxsymétries
parrapport
à deux cercles secoupant
en deuxpoints
diamétralementopposés
sur lasphère
de Riemann. La transformationpeut
se
mettre sous la formeoù X est un nombre
complexe
arbitraire et 0 un nombre réel arbitraire. Enparti-
culier pour 0 = x et 1, = o on retrouve la transformation .
déjà
utilisée.[4]
Plusieursrègles
de calcul des dérivéessphériques
s’obtiennent immédiate- ment ; larègle
des fonctions de fonction est la même que pour les dérivées ordi- naires. Si enparticulier
nousenvisageons
une suite de fonctionsitérées,
la dérivéesphérique
de la itérée aupoint z~
est leproduit
des dérivéessphériques
de lafonction initiale au
point z0
et en ses n - tpremiers conséquents.
La dérivée
sphérique
de la fonction inverse d’une fonction donnée est l’inverse(au
sensarithmétique)
de la dérivéesphérique
de la fonction donnée.En un
point critique algébrique
nous ne savons pas encorequel
sens donner àla dérivée
sphérique.
Mais ramenons-nous par une transformation de la forme(3),
effectuée sur la fonction et sur la
variable,
au cas où l’on a Z = z = o.Supposons
.
p
que la fonction se
comporte
auvoisinage
de cepoint
commez q,
la dérivée ordi-p2014?
naire et par suite la dérivée
sphérique
secomporteront
comme’z q
.’ Si donc p> q
la dérivéesphérique
tendra vers oquand z
tendra vers o ; si p = q iln’y
a pas
point critique ;
si p fi la dérivéesphérique augmentera
indéfiniment au T-qvoisinage
dupoint zéro,
mais auplus
commez q
; leproduit
tend tou-jours
vers zéroquel
que soit l’ordre dupoint critique envisagé.
Ce résultat nousservira ultérieurement.
~ 2. -
Application
aux familles normales(~).
[5]
Soit une suite de fonctionsf~(z),
...f"(z),
...méromorphes
dans undomaine d et
convergeant
uniformément vers une fonctionf (z) qui
est méromor-phe
dans d. . Soitd’abord zo
unpoint qui
n’est paspôle
defez),
et formons lasuite des dérivées
sphériques
... .. ,c’est-à-dire
la suitedes nombres .
La suite des nombres
I+|z0|2 I+|n(zu)|2
tend vers ,, . On sait que, les fonc-tions
J° étant analytiques,
la suite des nombres tendvers Donc,
au
point
zo, la suite des dérivéessphériques
a une limiteégale
à la dérivéesphé- rique
de la fonction limite. Si zo était unpôle
pourf
nous aboutirions à la même conclusion en substituant auxf,l(z)
les fonctionsI
Nous obtenons ainsi le théo- rème fondamental.Si une suite de
fonctions rnérolnorphes
convergeuniformément
vers
f (z)
dans le domained,
lesfonctions convergent
versunifor-
mément dans l’intérieur de cl. .
[6]
Nous allons ainsipouvoir
donner une formeparticulièrement simple,
aumoins au
point
de vuethéorique,
à certains critères concernant les familles normales :THÉORÈME 5 : 1 La condition nécessaire et
suffisante
pour qu’unefamille
defonc-
tions soit normale dans un domaine D est gace, èc tocct clornaine d intérieur à D
on
puisse
associer un nombre M tel quel’inégalité
:soit
vérifiée quel
que soit n etquel
que soit z intérieur à cl. .(’) Dans tout ce qui suit les fonctions d’une même famille sont affectées d’un indice pour la commodité de l’exposition; mais tous les raisonnements faits peuvent tout aussi bien
s’appliquer à
des familles ayant lapuissance
du continu.La condition est
nécessaire;
car si elle n’était pas réalisée onpourrait
trouverune suite de fonctions
fn convergeant
uniformément dans d vers une fonctionlimite ;
la dérivéesphérique
de lafonction
limite serait bornéesupérieurement
dans
d,
et onpourrait
faire en sorte quequelque grand
que soit p il y ait unefonction
ln
d’indicesupérieur
à p dont la dérivéesphérique
seraitsupérieure
à unnombre donné en un
point
au moins. Comme il y a convergence uniforme des déri- véessphériques
la contradiction est établie. ,Pour montrer que la condition est
suffisante, je
vais montrerqu’elle
entraînel’égale
continuitésphérique (au
sens de M.Ostrowski)
de la famille étudiée. Soit M- la borne dans d de la dérivée
sphérique
des La distancesphérique
de deuxvaleurs est inférieure à
l’intégrale curviligne :
prise
lelong
d’un arc degrand
cercle allantde z1 à z,
sur lasphère
deRiemann,
ds étant l’élément d’arc. D’où __
1 étant la
longueur
de l’arcqui joint z,
à z~, et par suiteDonc pour obtenir deux valeurs de la fonction différant de E dans d il suffit de
prendre deux points
intérieurs à un même cercle de diamètrespherique ~ M.
Il y aégale continuité sphérique
au sens de M.Ostrowski,
la famille est normale.THÉORÈME 6 : La condition n.écessaire et
suffisante
pour que toutefonction
limited’une
suite
extraite d’unefamille
normale dans D soit univalente dans un cercle assezpetit
de centre zoquel
que soit zo intérieur à D est que, à tout domaine d intérieur àD,
onpuisse
associer un nombre M tel que l’on ait en toutpoint
z de d etquel
quesoit :
Si la condition n’était pas réalisée il serait
possible
de trouver unesuite
de fonc-tions
dont les dérivéessphériques prendraient respectivement
en despoints
z, ... z,~ ... intérieurs
à d,
des valeurs ... ... tendantvers zéro. Les
points z,t
auraient unpoint
d’accumulation zo.Extrayons
de la suite "une suite
qui
ait une fonction limitef (z).
Nécessairement on aura. o à cause de la convergence uniforme de la dérivée
sphérique.
Il y a donc contra-diction.
Si inversement la condition est
réalisée,
toutes les fonctions limites vérifierontl’inégalité
et par suite auront lapropriété
annoncée.THÉORÉE :
: La condition nécessaire etsuffisante
pourqu’une famille
nornialede
fonctions
n’ait aucunefonction
limiteconstante,
est que pour tout domaine d inté- rieur à D il existe un nombre m tel que, pourchaque fonction l’inégalité
soit
vérifiée
en unpoint
de d aumoins.
La condition est nécessaire car si on ne la
supposait
pas réalisée il y aurait au moins une suitef, (z)
... ... telle quepour
n assezgrand
onaurait
Epartout
dans d. Sifez)
était la fonction limite de cettesuite,
on aurait nécessaire- ment dans tout dquel
quesoit E ,
= o.La condition est évidemment suffisante.
’
[7]
Cettepropriété
va nous donner un corollaire intéressant relatif à la compa- raison des dérivéessphériques
en deuxpoints
du domaine D.’
Soit une
famille
normale defonctions méromorphes
dansD;
soient etd$
deux domaines intérieurs à D. Si le maximum de
D fu (z)
dansd1
est bornéinférieu-
. rement par un nombre
positif,
le maximum de dansd2
est bornéinférieure-
ment par un nombre
positif.
Donc dans ce cas le
rapport
de ces deux maxima estcompris
entre deux nom-bres
positifs
fixes. Ilpeut
en être différemment dans le cas où il y a fonction limite constante.Formons la famille normale suiva.nt,e de
polynômes :
Ces
polynômes
forment une famille normale dans le cercle~z~
[ 2 . Dans lecercle
|z| [ I
la dériVéesphérique n z n-i I + ( zt r
est limitée sopérieurement
I + îi 2
D’autre
part
pour z = 1 on aLe maximnm
de DPn
pour unpoint pris
dans le cercle derayon I 2
est doncinférieur à
4n n
tandis que pour unpetit
domaine entourant lepoint
+ 1 il estsupérieur
’ 2. Lerapport
de ces deux’ maxima est doncsupérieur
â2 ;
; il n’estpas borné
supérieurement lorsqne
n tend versl’infini,
mais les fonctions limites de la famille se réduisent à la constante zéro..
[8]
Il est fondamental dans leproblème
de l’itération de rechercher enquels points
les itérées d’une même fonction forment une famille normale. Soient z unpoint,
z3 ... zn ses npremiers conséquents, fez)
la fonctionétudiée, (z)
...fn(z)
les itérées successives. On a vu que(z)
_ ... Sila famille des itérées est normale au
point
z leproduit
du second membredoit
rester inférieur à un nombre fixe. Donc :
THÉORÈME 8 : Pour que les itérées d’une
jonction forrnent
unefamille
nor-male en un
point
z il~faut
etsuffit
que leproduit
des valeurs de la dérivéesphérique
au
point
z1 et à ses npremiers conséquents
resteinférieur
à un nombrefixe quelque grand
que soit n pour toutpoint
z1 d’unpetit
domaine entourant z. .C’est notamment ce
qui
se passe en unpoint
du domaine d’attraction d’unpoint
. double attractif : au
point
double en effet et dans sonvoisinage
la dérivéesphérique
est inférieure à 8 ~ ~ . De sorte que le
produit
infini tend vers o. La famille est normale et la fonction limite est constante etégale
à l’affixe dupoint
double.Pour un
point
dont lesconséquents
tendraientvers unpoint
indifférent on auraitun
produit
infini dont le termegénéral
tendrait vers r, etqui
par suitepourrait
êtreconvergent
au sens ordinaire de la théorie duproduit
infini.[9]
Le critère de famille normalequé
nous avons obtenupermet
de déduire d’une famille normale une infinité d’autres familles normales au moyen duprincipe général
suivant :
Supposons
définie une famille defonctions
o(u)
telle que :soit vérifié dans un domaine d. . Si
fn(z) appartient
à une famillenormale
et si l’on sait que les fonctionsf
L neprennent
que des valeurs du domaine d on en déduit que la famille desfonctions g"
= est normale car on a la relation :et par suite si est borné l’est aussi.
Cela serait facile à démontrer
directement,
la familledes 9n
étant normale dansle domaine d . Mais inversement une famille de fonctions
qui
transforme une suite normale donnée en suite normale n’est pas nécessairement normale. Parexemple
lafamille des fonctions
== 2014
est normale dans le cercleunité,
la famille des fonc- tions _n
u n’est pas normale dans un domaine contenantl’origine:
Etcependant
la famille= ’z
est normale. Toutefois onpeut
énoncer la pro-position
suivante : :THÉORÈME 9 :
La condition nécessaire etsuffisante
pourqu’une famille
def onctions transforme
toute suite normale en une suite normale est que lesfonctions
~,tforment
unefamille
defonctions
rationnelles normale dans tout leplan.
La condition est
d’après
ce que nous avons vuplus
hautsuffisante. 03C6n
doit néces- sairementêtre
une fonctionrationnelle, puisqu’elle
doit être définie et uniforme pour toute valeur finie ou infinie de la variable.Supposons
alors que la famille des (p nesoit pas normale. Il existerait une suite de nombres uz, ...,
un
... telle que la..., ...
augmenterait
indéfiniment.. Soit alors une famille de
fonctions f"
normale en unpoint
zo, et telle pour fixer les idées que la dérivéesphérique
de toutes les fonctions de la famille soit en cepoint égale
à i. Nous allons déduire desfn
une famille normale des fonctions gn telles que : = Pour cela utilisons les transformations =1 - + ~nu
’A,
- ~Goù Àn
sera déterminé par la conditionCette détermination est
toujours possible : géométriquement,
en effet, cela revientà trouver un
déplacement
d’unesphère
sur elle-même amenant unpoint
donné surun autre
point
donné. Ces transformations ont toutes pour dérivéesphérique
1(voir
n°3)
et par suite forment une famille normale. Mais la famille nepourrait
être normale en zopuisque
la dérivéesphérique n’y
est pasbornée,
d’où la contradiction.Si maintenant nous voulons que les fonctions inverses
des fn
aient la même pro-priété,
nous devonsprendre
pour les Cfn des fonctionshomographiques,
et nousénoncerons : -
THÉORÈME 10 : Si une
famille
~~,ztransforme
toute suite normale en suite normale et netransforme
en suites normales que les suites normales lesfonctions
03C6nforment
une
famille
normale defonctions homographiques.
.Il faut en effet .que les fonctions inverses des o aient leur dérivée
sphérique
bornée
supérieurement
par un nombrepositif
p c’est-à-dire que la dérivéesphérique
des
fonctions
soit bornée inférieurementpar 1;
par suite les 1’" sontpartout
localement univalentes, leurs fonctions inverses sont
uniformes ;
il est bien néces- :saire et suffisant que les c;~,,tqui
sont rationnelles soienthomographiques.
°S
3. -Application
aux famillesquelconques; points irréguliers,
famillesquasi-
_
normales.
[10]
Soit une famille de fonctionsqui
n’est pas normale dans un domaine D.’
Quel
quesoit
le nombre M il existera des fonctionsf,t
en nombre infini pour les-quelles l’inégalité
_ .sera vérifiée en un
point
au moins.Nous
appellerons k(M,
n, E) le nombre minimum de cercles de rayon E néces- vsaires pour couvrir dans le domaine D lespoints
où la fonction vérifiel’inégalité
On a
A étant une constante et e étant assez
petit.
zPour une fonction donnée de la
suite,
soitln’
il existetoujours
un nombre ~, tel que si M> ~.
’
~
Supposons
quela
famille donnée soitquasi-normale
d’ordre q, c’est-à-dire que de toute suite donnée onpuisse
extraire une suitequi ait q points irréguliers
auplus.
Cela revientà
dire que,quel
quesoit
e, onpeut
lui associer un nombre p telqu’il
y ait une suite infinie de n vérifiantl’inégalité
pourvu que l’on ait :
En effet à l’extérieur
de q
cerclesayant
pour centre lespoints irréguliers
et pour rayon le nombre ~ donné est borné.Réciproquement
d’ailleurs si une telle condition est réalisée on auratoujours
des suites dont lespoints irréguliers
serontenfermés dans k cercles de rayon ~ arbitrairement
petit,
c’est-à-direqu’il. n’y
a pas..plus
de kpoints irréguliers.
Nous allons transformer cette condition.Lorsque
M et E sont donnés et que nvarie,
l’entier 1~ est bornésupérieurement.
Soit
K(M, E)
saplus grande limite,
c’est-à-dire leplus grand
entierauquel
k devient.égal
uneinfinité
de fois. Je dis que :THÉORÈME 11 : : La condition nécessaire el
suf fisante
pourqu’une famille
defonctions
ssoit
quasi-normale
d’ordre q dans D estqu’il existe une,fonction
lelle que l’iné-galité
entraîne
l’inégalité
l’égalité
étant réalisée uneinfinité
defois.
,Supposons
que la fonctionM(e)
n’existe pas, on pourra définir une valeur e telle. que
l’inégalité K(M, ~) ~~ q ~
1 soit vérifiée par une suite de nombresM,M~
..,Mn
...augmentant
indéfiniment.Soit
fu’
une fonction de la famille telle que :nous pouvons choisir les
f,t
toutes distinctespuisque
k = K .est obtenu une infinitéde
fois,
et aucune suite extraite de la suitef,t
ne pourra vérifierl’inégalité
.Réciproquement
sil’inégalité ~)
q estpossible
l’ensemble despoints.
irréguliers
doit être couvert par q cercles de rayon e auplus quelque petit
quesoit e : donc il est formé
de q points
auplus.
Remarquons
d’ailleurs que si cetteinégalité
cesse d’être vérifiée pour un nombre ê elle nepeut
être vérifiée pour un nombreinférieur; K(M, ê)
est donc une fonctionnon décroissante de e.
On
pourrait
énoncer des critèresanalogues
pour les casplus généraux
derépar-
tition des
points irréguliers;
parexemple
pour les «familles hyponormales »
deM. A. Bloch. Ce sont des familles telles que l’on
puisse
extraire de toute suite unesuite pour
laquelle
l’ensemble despoints irréguliers
est de mesure linéaire nulle.Nous considérerons successivement
K (M, ~) déjà
défini,puis
nombrequi
n’estpas
dépassé
par Klorsque s
étantdonné,
M estsupérieur
àM(e).
Le critère serale suivant :
THÉORÈME I 2 La condition nécessaire el
suf fisante
pourqu’une famille
defonctions
- soit
hyponormale
est que l’on ait : .lorsque
E tend vers zéro.Si nous voulons
simplement
que de toute suite onpuisse
extraire une suitedont l’ensemble
irrégulier
ait une mesuresuperficielle
nulle il faudra que[il] ]
Engénéral
nous ne pouvons pasconclure,
du fait que la dérivéesphérique
est bornée en un
point, que
la famille est normale ’en cepoint.
Parexemple
lesfonctions
sont telles que
c’est-à-dire
et
cependant
la famille admetl’origine
pourpoint irrégulier.
Au contraire si unefamille est normale en un
point
la dérivéesphérique
est bornée en cepoint.
.
Cependant
si à la connaissance de la dérivéesphérique
en unpoint
onajoute
d’autres
renseignements,
onpeut
arriver à des conclusionsprécises. Rappelons
notamment que M. Montel a
démontré(1)
lapropriété
suivante :,
Si une famille
quasi-normale
de fonctionsfit
vérifie dans un domaineD
lespropriétés
suivantes : la fonction neprend
pasplus de q
fois la valeur o dans le domaineD;
en unpoint Pi
la fonction est bornée ainsi que ses 03B11 - ipremières dérivées;
en unpoint P,
la fonction est bornée ainsi que ses a~ - ipremières
dé-rivées... en un
point P~
la fonction est bornée ainsi que sesoj-
ipremières
dé-rivées ;
avec (Xt+ «~
+ ...+ a~ > q
+ i la famille n’admetpas la
constante infiniecomme
fonction limite;
enparticulier
si les fonctions de la famille sont holomor-phes,
la famille est normale.Nous allons donner une
propriété
voisine de ce théorème etqui pourrait
seramener à un de ses cas
particuliers :
tous les (X sauf unégaux
à 1, l’autreétant égal
à 2, pour les fonctions à zérosfixes,
maisqui
nous permettraultérieurement
de mettre en évidence des familles
normales
nouvelles en l’utilisant dans d’autrescas
particuliers.
,’
0)
P. MONTEL, Leçons sur lesfamilles
normales(Paris, Gauthier-Villars, I927,
p.I45).
THÉORÈME I3 : : Soit une
famille
defonctions méromorphes, quasi-normale
da.nsl’intérieur d’un domaine
D,
etvérifiant
lespropriétés
suivantes :~°)
La distance d’un zér°o à unpôle
d’unefonction
de lafamille
est bornéeinférieurement.
,2°)
Il existe à l’intérieur de .D un domaine ô danslequel
lesfonctions
de lafamille
ont au moins un et auplus
,~ zéros.3°)
L’un des zéros zo intérieurs à ô est tel que lequotient
def ’(z)
par le pno- duit de ses distances aux autres zéros intérieurs à ô est bornésupérieu-
rement sans être nul.
Aucun
point
limite de zéros d’une suiteconvergente
nepeut
êtreirrégulier.
En effet, soit une suite de fonctions
convergeant
dans ~. domaine intérieur à D et contenant ô ; si unpoint irrégulier
est limite de zéros il nepeut
pas être limite depôles ;
par suite la convergence a lieu vers la constante infinie. Soit alors dans ôun
.point
limite des zéros zo, et soit unpetit
cercle ~t entourant On pourra tou-jours
supposer enprenant
y assezpetit
que dans ce cercle la fonction donnée a exactement fi zéros autres que za. Soient z~ ... ceszéros,
formons la.fonction
qui
estholomorphe
dans le cercle y ; l’on a :nombre dont le module est par
hypothèse
borné inférieurement. Donc le module de lafonction gn
doittoujours dépasser
au moins une fois cette borne inférieurem
sur la
circonférence
de y. Mais03A0 (z
-zi)|
est bornésupérieurement
sur y , eti=o
par
hypothèse
tend vers l’infini uniformément sur y. Donc, àpartir
d’un cer-tain rang,
Igul
sera inférieur à un nombre arbitraire sur tout le cercle y. Il y a contradiction; donc aucunpoint
limite de zéros n’est unpoint irrégulier.
Remarquons
d’ailleurs que, dire que la fonction est nulle en unpoint
et que sadérivée y est limitée revient à limiter la dérivée
sphérique;
nous pouvons donc. étendre le théorème au cas d’une valeur