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Géographie Économie Société: Article pp.77-81 of Vol.11 n°1 (2009)

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Géographie, économie, Société 11 (2009) 77-81

géographie économie société géographie économie société

Comptes Rendus

« Dynamique des flux migratoires », Revue Futuribles, Juillet-Août 2008, Numéro 343, 144 pages.

La revue Futuribles a proposé cet été un numéro consacré aux questions migratoires.

Le corpus d’articles s’attache à dresser un panorama des défis liés à la mesure et aux effets des flux migratoires.

Et d’abord, à quels problèmes se heurtent les chercheurs? Il s’agit pour l’essentiel de problèmes de mesure. Pour X. Thierry, ces problèmes se donnent à voir via la difficulté qu’éprouvent les pays européens à harmoniser leurs statistiques. Malgré l’adoption en Juillet 2007 d’un règlement sur cette question, l’auteur nous rappelle que dans près d’un quart des pays membres (dont la France) on ignore toujours le nombre d’entrées et de sorties du territoire. Plus encore, quand ces données existent, elles ne sont ni toujours fiables ni toujours comparables d’un pays à l’autre.

M. Tribalat prolonge l’analyse. Pour elle, les avancées récentes permettront certes de mesurer les flux migratoires et de construire un solde migratoire européen mais resteront insuffisantes car incapables d’analyser l’impact à long terme de l’immigration. Elle pro- pose dès lors d’en finir avec le solde migratoire, indicateur « aveuglant » plus « qu’éclai- rant » et avance des propositions: il faut intégrer la dimension qualitative aux statistiques (niveau de qualification notamment) et isoler l’apport de l’immigration étrangère sur plu- sieurs générations.

Enfin, pour B. Gentil la maigreur des ressources statistiques concernant les émigrants français (celles-ci se fondent sur le très imparfait registre mondial des Français établis hors de France) rend la tâche du chercheur encore plus difficile que pour l’étude de l’im- migration. Malgré ces difficultés de mesure, et en prenant des précautions, il est toutefois possible de cerner les impacts et enjeux des migrations. Quels sont-ils ?

En distinguant approche juridique (qui retient comme critère la nationalité) et approche géographique (qui s’appuie sur le lieu de naissance), G. Dumont montre que les effets de l’immigration sur le chômage et le développement local sont régionalement différenciés (l’île de France et les régions méridionales étant plus attractives que les régions du Nord- est). Si l’idée de retenir l’échelle régionale pour étudier l’immigration est heuristique, il reste que la réflexion se distingue aussi par son relativisme. On peut par exemple lire à la fin de l’article « Au total, il est évidemment impossible d’établir une corrélation entre

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l’immigration et le développement local, car l’immigration est une réalité plurielle » (conclusion étonnante si on se réfère au titre : « immigration étrangère et développement local en France »). Par ailleurs, certains développements sont contradictoires. Ainsi, après avoir expliqué que le coefficient de corrélation entre immigration et chômage est négatif, l’auteur se lance dans la construction d’une typologie qui distingue quatre France (en combinant chômage et immigration…) pour finir par conclure hâtivement (quoiqu’en prenant des précautions) : « Même si le taux de chômage des régions est la combinai- son de plusieurs facteurs, dont la dynamique économique et les migrations internes, la proportion des immigrés peut influencer favorablement ce taux lorsqu’elle est faible, et défavorablement lorsqu’elle élevée ».

A. Parent retient l’échelle nationale pour répondre à un questionnement récurrent : peut- on parler de pénurie de main-d’œuvre en France ? Pour l’auteur, la réponse est négative. Les projections écartent en effet (et sur le long terme) la thèse d’un risque de pénurie de main- d’œuvre. L’analyse du taux d’emploi fait plutôt apparaître une sous utilisation (surtout chez les plus jeunes et les plus âgés) de la population à même à créer des richesses. La France doit donc veiller à anticiper les besoins de main d’œuvre dans certains secteurs précis (B.T.P., hôtellerie,…) mais aussi et surtout à améliorer son taux d’emploi. Toujours au niveau natio- nal, B. Gentil s’intéresse à la question souvent délaissée des Français à l’étranger. Il montre que cette population est en augmentation depuis 10 ans (4% en moyenne par an) et s’ins- talle surtout en Europe (qui accueille 50 % des émigrés français). Ces mouvements sont cependant difficiles à analyser avec plus de précision. Tout au plus peut-on dire qu’il s’agit davantage d’installations durables (pour des motifs essentiellement professionnels) que d’expatriations et que les cadres et personnels qualifiés sont surreprésentés. L’imprécision des données ouvre donc ici un vaste champ d’étude.

J-F Drevet se place enfin au niveau européen pour montrer que l’immigration est une nécessité dans une Europe vieillissante. Dès lors une politique européenne commune devient urgente (elle est prévue pour 2014). En ancien fonctionnaire de la Commission européenne, il s’inquiète cependant du danger qu’il y aurait pour l’Europe à suivre la tendance répressive des politiques nationales d’immigration (l’Union Européenne est d’ailleurs déjà sous le feu des critiques des O.N.G. qui dénoncent « une coopération suspecte avec des pays non démocratiques »). La politique communautaire devra donc mettre en place une coopération étroite avec les pays d’origine des migrants et clarifier sa position à l’égard des droits de l’homme.

Au total, ces articles nous rappellent les difficultés de mesure auxquels sont confrontés les chercheurs. Les faits sociaux ne se laissent pas facilement objectiver. Les limites avérées de la statistique sociale doivent d’ailleurs aussi nous amener à ne pas oublier l’apport d’une approche compréhensive des migrations. Celle-ci va de l’étude du déracinement (parfois de la fuite) d’un territoire d’origine à la difficulté de trouver sa place dans une société étrangère en passant par l’épreuve du voyage et l’espoir d’une vie nouvelle.

Julien Congiu Professeur agrégé de sciences sociales

© 2008 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

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Barra, J.A. ; Beneyto, M. J. S. M. ; Perez, J. M. G. et Olivares, A. F., 2008, Mapa de áreas de cambio e innovación en la Comunidad Valenciana, Alicante, Ed. Universidad de Alicante, 200 p.

Est-il possible d’identifier et de cartographier les secteurs économiques traditionnels et les secteurs plus dynamiques d’une région ? A quoi servirait cette initiative ? Sans doute ce genre de recherche peut-il constituer un important outil d’orientation des actions et des investissements pour le développement régional, avec un impact sérieux sur la création d’emploi. L’Union Européenne prétend d’ailleurs soutenir les activités industrielles et leurs territoires moyennant la planification et la promotion d’actions en général, y com- pris celles destinées à la formation et à l’innovation.

Dans cet ouvrage, les auteurs, professeurs du département d’économie appliquée et de politique économique de l’Université d’Alicante, présentent l’analyse d’un cas parti- culier, dans la région de Valence, en Espagne. Pour identifier les 43 systèmes productifs localisés (SPL) dans la communauté valencienne l’approche quantitative a été privilé- giée, avec comme référence la méthodologie utilisée par l’Istituto Nazionale di Statistica (ISTAT), organisme public de recherche italien. Cette méthodologie consiste en quatre phases successives : la sélection des systèmes locaux manufacturiers (en considérant une concentration d’emploi supérieure à la moyenne nationale); l’identification des systèmes locaux manufacturiers de petites et moyennes entreprises (PME) ; la spécification de l’in- dustrie principale (celle qui concentre le plus d’emplois) dans chaque système local de travail de PME ; et finalement, la vérification de la concentration d’un plus grand nombre de PME dans les systèmes analysés. Son application se justifie en raison de la similitude des structures administratives territoriales et des industries de l’Italie et de l’Espagne. Ces aspects méthodologiques sont détaillés dans la première partie du livre.

Ce n’est pas par hasard si le mot communauté est utilisé pour qualifier le territoire choisi, la communauté valencienne. Il sous-entend l’idée de relations sociales historiquement construites, qui est à la base du concept de district industriel. Le débat à propos de ce thème remonte aux expériences des Districts Industriels Italiens (DI) et aux analyses théoriques réalisées par Marshall sur ce qu’on appellera les « districts marshalliens ». Les systèmes productifs locaux (ou localisés) se réfèrent aux territoires qui configurent un dense tissu industriel de PME où se sont établies des relations complémentaires au sein d’une spécia- lisation productive d’un certain secteur industriel. Ainsi la dimension territoriale est fonda- mentale car elle est un élément de cohésion des relations productives et sociales.

La carte de la structure industrielle de la communauté valencienne, résultante du tra- vail d’identification des SPL, démontre la puissance économique de ce territoire et le dynamisme des PME dans leurs districts ou clusters. Elle permet également de discerner les secteurs émergents. Cette cartographie prétend favoriser l’élaboration et l’implanta- tion de politiques plus cohérentes de développement territorial de caractère sectoriel.

La deuxième partie du livre est dédiée à l’analyse des neuf secteurs de spécialisation productive, groupées à partir des 43 SPL présélectionnés. Pour chacun de ces secteurs, les auteurs décrivent brièvement l’historique de l’activité et présentent une carte de loca- lisation, puis organisent des tableaux de données compilées sur l’industrie et une liste des principales entreprises du secteur de spécialisation. Toute cette riche information offre une ample caractérisation de la structure industrielle valencienne, constituée, selon les

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auteurs, à presque 50%, par DI ou par clusters. Le système local d’emploi de Valence a été analysé et on observe qu’il présente une concentration significative de PME dans cinq secteurs de spécialisation productive et un haut taux d’occupation. En raison de son caractère métropolitain (avec une forte présence du secteur tertiaire) ce système a bénéfi- cié d’un traitement méthodologique spécifique.

Finalement, dans la troisième partie, les auteurs dévoilent les activités industrielles et les territoires les plus dynamiques de la communauté étudiée. L’utilisation de l’analyse facto- rielle a permis de créer un indice synthétique de la dynamique sectorielle. Ainsi, les cinq secteurs les plus importants ont été identifiés parmi les trente secteurs les plus dynamiques : produits en matériaux plastiques, meubles, carrelage, chaussures et produits alimentaires.

La conclusion met en lumière les spécificités territoriales qui caractérisent la compétiti- vité de l’économie valencienne. Les auteurs suggèrent de connaître et de prendre en consi- dération les nécessités du territoire lors de l’élaboration et de l’implantation de politiques publiques de développement. Cette perspective nous amène à suggérer quelques approches complémentaires à l’approche très quantitativiste des auteurs : des approches qualitativis- tes, envisageant un regard interdisciplinaire sur le territoire, seraient précieuses. D’autre part, les cartes de l’ouvrage ne servent qu’à des fins de localisation. Étant donné la richesse méthodologique de l’enquête et la qualité de l’ouvrage final, les informations manipulées (dont une bonne partie est mise à disposition des lecteurs) sont si intéressantes qu’il nous semble qu’elles pourraient nourrir un système d’information géographique dans le but de contribuer à une plus ample compréhension de la problématique analysée.

Danielle De Melo Rocha Université Paris III – IHEAL ; Boursière Alban /UE

© 2009 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

Pierre HAMEL, 2008, Ville et débat public. Agir en démocratie, Québec, Les presses de l’Université Laval, Coll. Sociologie contemporaine, 176 pages..

Un petit ouvrage très dense qui dresse un panorama de l’évolution des mouvements urbains, à la fois du point de vue théorique et au regard de l’expérience concrète de la ville de Montréal.

L’auteur développe une réflexion tout à fait pertinente sur une thématique majeure, à savoir les liens entre les mouvements urbains et les structures de gouvernance urbaine ou métropolitaine. On pourrait résumer son propos en disant que les mouvements urbains ont réussi, au cours des trente dernières années, à modifier les représentations sociales et culturelles de la ville et à obtenir des avancées en matière de démocratisa- tion de la gestion. Néanmoins ces acquis demeurent fragiles, puisqu’ils sont déstabi- lisés par un contexte dans lequel l’échelle de l’agglomération devient cruciale dans la gestion des affaires urbaines, alors que leur base demeure souvent très locale, et que leur participation aux structures participatives / délibératives tend aussi à imposer une vision limitative des enjeux politiques.

L’ouvrage se découpe en six chapitres : les deux premiers sont assez théoriques et font le point sur les recompositions des mouvements sociaux et sur la difficulté à

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saisir le concept de mouvements urbains ; les chapitres 3 et 6 interrogent les enjeux de l’essor de l’échelle métropolitaine et des expériences délibératives, notamment pour l’action des mouvements sociaux.

Le cœur de l’ouvrage se situe, me semble-t-il, dans les chapitres 4 et 5 qui décrivent les expériences concrètes de débat public à Montréal, chapitres qui nourrissent le plus la réflexion. L’auteur insiste sur la période 1986-1994, au cours de laquelle plusieurs mécanis- mes de consultation publique ont été mis en œuvre, qui ont contribué à modifier les processus de gestion et de représentation : commissions permanentes du conseil municipal favorisant les consultations publiques sur différent domaines comme le développement économique, l’environnement ou l’aménagement et l’habitation ; création de neuf comités-conseils d’ar- rondissement liés aux problèmes d’urbanisme, et mise en place du Bureau de Consultation de Montréal chargé de réaliser des audiences pour certaines interventions sur le territoire.

Il montre que leur émergence vient couronner les mouvements urbains déjà actifs dans les années 1970. L’expérience est sérieusement remise en question lors des années suivantes, avec un changement de majorité municipale. En outre, Montréal connaît un mouvement de réformes majeures des structures municipales (en 2002, fusion de la banlieue avec la ville centre donnant naissance à une agglomération de 1,8 million d’habitants, puis en 2004, un certain retour en arrière puisque de nombreux arrondissements recouvrent une certaine autonomie). De ce point de vue, Montréal est un véritable condensé d’évolutions qui se produisent dans de nombreuses agglomérations au niveau mondial ; ajouté à cela le fait que les mouvements sociaux et urbains y ont une ampleur particulière et on voit bien en quoi cet exemple est riche d’enseignements sur les évolutions en cours.

Pierre Hamel aboutit d’ailleurs à « une réponse mitigée » (p. 159) quant au bilan de l’ac- tion des mouvements sociaux et quant à leurs perspectives futures. Au final, et cela rejoint d’ailleurs nos propres analyses à Recife (Cary, 2007), il est assez sceptique sur l’influence des structures délibératives quant aux rapports de pouvoir établis qui continuent à structurer la logique de la décision. Si on observe effectivement une participation accrue des citoyens aux affaires urbaines et si la gestion municipale s’est ouverte à nombre des revendications portées par les mouvements urbains et sociaux, les évolutions du cadre institutionnel et la montée de l’échelle d’agglomération réclament de nouveaux travaux empiriques pour voir si les acteurs sociaux pourront y faire valoir leurs demandes de reconnaissance et de redis- tribution, dans le contexte d’une concurrence internationale entre les villes qui font la part belle au secteur privé dans la définition de leur planification stratégique.

On reprochera néanmoins à l’ouvrage quelques répétitions peut-être dues au fait qu’il reprend des articles antérieurs et on regrettera que les positionnements et clivages politi- ques des différents acteurs du contexte montréalais ne soient pas mieux explicités, car le lecteur non averti s’y perd quelque peu. Surtout, on aurait souhaité que l’auteur développe davantage la description concrète des expériences délibératives à Montréal, notamment en faisant de la place à des entretiens avec les acteurs concernés. Ces quelques réserves ne retirent rien au caractère stimulant et convaincant de la réflexion.

Paul Cary GRACC / Lille 3

© 2009 Lavoisier, Paris. Tous droits réservés.

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