Inégalité isopérimétrique
2013 – 2014
Théorème.
Soit γ : [a, b] → C une courbe simple fermée de classe C1, de longueur L et enfermant une surfaceS. Alors
L2≥4πS
etL2= 4πS si et seulement siγ définit un cercle parcouru une fois.
Démonstration. On commence par quelques simplifications.
Montrons que l’on peut se ramener au cas où|γ0(t)|=L pour toutt. Pour t∈[a, b], on définit l’abscisse curviligne de γpar
s(t) = Z t
a
|γ0(u)|du
et on pose
ϕ(t) := 1 Ls(t).
ϕest continue et on peut supposer queγ0 ne s’annule sur aucun intervalle, donc ϕ est strictement croissante, il s’agit donc d’une bijection de [a, b] dans [0,1]
(cars(b) =L). On note ˜γ:=γ◦ϕ−1, alors
γ˜0(t) = (ϕ−1)0(t)γ0(ϕ−1(t))
= 1
ϕ0(ϕ−1(t))γ0(ϕ−1(t))
=L γ0(ϕ−1(t))
|γ0(ϕ−1(t))|.
On a donc|˜γ0(t)|=Lpour toutt. De plus, pourt < u,
˜
γ(t) = ˜γ(u) ⇐⇒ γ(ϕ−1(t)) =γ(ϕ−1(u))
⇐⇒ ϕ−1(t) =aetϕ−1(u) =b carγ est simple et fermée
⇐⇒ t=ϕ(a) = 0 etu=ϕ(b) = 1.
Finalement, ˜γ est une courbe simple fermée de classe C1 sur [0,1], vérifiant
|˜γ(t)|=Lpour tout t et de même support queγ. On peut donc supposer que γvérifie les propriétés de ˜γ.
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Par ailleurs, quitte à remplacer γ parγ(1− ·), on peut supposer que γ est positivement orientée.
On peut maintenant prouver le théorème. Pour calculer S, on utilise la for- mule de Green-Riemann qui s’écrit, si le domaineAenfermé parγest vue dans R2,
Z Z
A
∂Q
∂x(x, y)−∂P
∂y(x, y)
dxdy= Z
γ
P(x, y) dx+Q(x, y) dy.
En particulier, si on prendQ: (x, y)7→x2 etP : (x, y)7→ −y2, on a ∂Q∂x−∂P∂y = 1 donc
Z Z
A
dxdy=S=1 2
Z
γ
xdy−ydx=1 2
Z 1
0
(x(t)y0(t)−y(t)x0(t)) dt, oùγ(t) =x(t) +iy(t). On en déduit
S= 1 2Im
Z 1
0
γ0(t)γ(t) dt.
Donnons désormais une expression de L2. On a L2=
Z 1
0
|γ0(t)|2dt.
On souhaite maintenant utiliser la formule de Parseval sur γ0. Pour cela, re- marquons, puisque γ(0) = γ(1), que l’on peut prolonger γ en une fonction 1-périodique continue de classeC1 par morceaux sur R, que l’on note toujours γ. En appliquant la formule de Parseval à γ0 (qui est continue sur [0,1] donc L2), on obtient alors, sicn désignent les coefficients de Fourier,
L2=X
n∈Z
|cn(γ0)|2= 4π2X
n∈Z
n2|cn(γ)|2
carcn(γ0) = 2iπncn(γ).
Par ailleurs, la formule de Parseval donne aussi Z 1
0
γ0(t)γ(t) dt=X
n∈Z
cn(γ0)cn(γ) = 2iπX
n∈Z
n|cn(γ)|2.
On en déduit
S=1 2Im
Z b
a
γ0(t)γ(t) dt=πX
n∈Z
n|cn(γ)|2.
D’où
L2−4πS= 4π2X
n∈Z
(n2−n)|cn(γ)|2≥0.
Par ailleurs, pour toutndifférent de 0 et 1,n2−n >0 doncL2= 4πS si et seulement sicn(γ) = 0 pourndifférent de 0 et 1, c’est-à-dire si et seulement si
∀t∈[0,1], γ(t) =c0(γ) +c1(γ)e2iπt,
ce qui est une paramétrisation du cercle de centrec0(γ) et de rayon|c1(γ)|.
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Références
[1] Serge Francinou, Hervé Gianella, Serge Nicolas, Oraux X-ENS Analyse 4, Cassini, 2012, page 324.
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