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La traduction de textes de vulgarisation est-elle un cas particulier de la traduction technique?

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Master

Reference

La traduction de textes de vulgarisation est-elle un cas particulier de la traduction technique?

CURCU, Suzanne

Abstract

La vulgarisation scientifique et la littérature technique ont pour point commun de faire comprendre des notions a priori inconnues au lecteur pour que ce dernier puisse s'y référer.

C'est sur ce point commun que s'articule notre question: la traduction de textes de vulgarisation est-elle un cas particulier de la traduction technique? Tout d'abord, nous voyons l'éclairage qu'apportent les théories de la vulgarisation et de la traduction technique. Ensuite, dans une perspective de traduction anglais-français, nous analyserons les articles de la rubrique Dernières nouvelles du LHC parus en 2009 dans le Bulletin du CERN, journal interne de vulgarisation de l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire. Enfin, nous faisons le bilan de nos observations et tentons de conclure si, oui ou non, la traduction de la vulgarisation est un cas particulier de la traduction technique.

CURCU, Suzanne. La traduction de textes de vulgarisation est-elle un cas particulier de la traduction technique?. Master : Univ. Genève, 2011

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:17292

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SUZANNE CURCU

La traduction de textes de vulgarisation est-elle un cas particulier de la traduction technique ?

Mémoire présenté à l’École de traduction et d’interprétation pour l’obtention de la Maîtrise en traduction, mention traduction spécialisée

Directeur de mémoire : Mme Mathilde Fontanet

Juré :

Prof. Valérie Dullion

Université de Genève Septembre 2011

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Remerciements

Tout d’abord, j’aimerais remercier Mathilde Fontanet, qui a cru en moi tout au long de cette aventure. Son dévouement, sa confiance et son expérience m’ont permis

d’arriver au terme de mes études avec sérénité et fierté.

Je remercie également Valérie Dullion pour ses conseils avisés et sa disponibilité.

Merci à Corinne Pralavorio, qui m’a accordé son temps et m’a éclairée sur de nombreux points.

Merci à mes parents, qui m’ont toujours soutenue, merci à ma sœur Stéphanie, et merci à tous mes proches et à mes amis pour leurs encouragements et leur présence.

Enfin, je tiens à remercier mes anciens collègues du Service de traduction au CERN, qui m’ont donné la chance de travailler à leur côté et qui m’ont tant appris.

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3

1 Table des matières

1 TABLE DES MATIÈRES ... 3

2 ILLUSTRATION : LA BD DU LHC ... 5

3 INTRODUCTION... 6

4 CONTEXTE DE L’ÉTUDE ... 8

4.1 LE CERN ... 8

4.1.1 La physique des particules ... 8

4.1.2 Le LHC ... 9

4.1.3 Le Bulletin du CERN, une stratégie de communication interne ... 10

4.2 CORPUS ... 11

4.2.1 Les Dernières nouvelles du LHC en 2009 ... 11

5 ÉTAT DE LA QUESTION ... 14

5.1 LA VULGARISATION SCIENTIFIQUE ... 14

5.2 PRINCIPES DE VULGARISATION ... 16

5.2.1 1er principe : choisir le public, le sujet et la structure ... 16

5.2.2 2e principe : attirer le lecteur ... 17

5.2.3 3e principe : s’exprimer de façon simple ... 17

5.2.4 4e principe : imager son propos ... 18

5.2.5 5e principe : utiliser des illustrations ... 18

5.3 LES QUATRE FACETTES DE LA VULGARISATION ... 19

5.4 LA TRADUCTION TECHNIQUE ... 20

5.4.1 Distinguer la technique de la science ... 20

5.4.2 La traduction technique et la traduction scientifique ... 20

5.4.3 Le but de la traduction technique ... 22

5.4.4 Le public cible de la traduction technique ... 23

5.4.5 Les ressources du traducteur technique ... 25

5.5 SYNTHÈSE ... 26

5.5.1 Les points communs du texte de vulgarisation et du texte technique ... 26

5.5.2 La langue de la traduction ... 27

6 ANALYSE DU CORPUS ... 30

6.1 MÉTHODE DOBSERVATION ... 30

6.2 MISE EN FORME DES ARTICLES ... 30

6.2.1 Les titres ... 30

6.2.2 Les chapeaux... 32

6.2.3 Les mots en caractères gras ... 32

6.2.4 Les images et les vidéos ... 33

6.2.5 Bilan intermédiaire ... 35

6.3 GESTION DE LA TERMINOLOGIE ... 37

6.3.1 Terme 1 : busbar ... 37

6.3.2 Terme 2 : quench ... 40

6.3.3 Terme 3 : W bellow ... 43

6.3.4 Bilan intermédiaire ... 45

6.4 DESCRIPTIONS TECHNIQUES ... 47

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4

6.4.1 Les définitions ... 47

6.4.2 Les compléments d’information ... 50

6.4.3 Bilan intermédiaire ... 51

7 CONCLUSION ... 53

8 BIBLIOGRAPHIE ... 56

8.1 MONOGRAPHIES ET ARTICLES ... 56

8.1.1 Vulgarisation scientifique ... 56

8.1.2 Traduction technique et scientifique ... 56

8.1.3 Traductologie, Terminologie et Communication ... 57

8.2 SITES INTERNET ... 57

8.3 SOURCE ORALE ... 58

9 ANNEXES ... 59

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5

2 Illustration : La BD du LHC

Source : La BD du LHC par Lison Bernet, Sur le site web du LHC France,

le 3 juillet 2011 :

http://www.lhc-france.fr/?article42

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6

3 Introduction

La vulgarisation, plus particulièrement la vulgarisation scientifique, suscite un engouement de plus en plus grand dans notre société de communication ; en témoigne le succès actuel de livres comme Anges et Démons, de Dan Brown (2000), ou de séries télévisées comme the Big Bang Theory, de Chuck Lorre et Bill Prady (2007), où la science sert de base à l’intrigue et à l’évolution des personnages. Au-delà de la science-fiction, la vulgarisation est avant tout un moyen d’expliquer les problématiques rencontrées aujourd’hui par les scientifiques de tous domaines à un public curieux et enthousiaste, qui a soif de connaissances. Ainsi, la vulgarisation s’apparente à la littérature technique par la volonté de faire comprendre au public des notions qui lui sont a priori inconnues pour que ce dernier puisse s’y référer.

C’est sur ce point commun que s’est articulée notre question : la traduction de textes de vulgarisation est-elle un cas particulier de la traduction technique ? Pour tenter d’y répondre, nous verrons dans un premier temps l’éclairage qu’apportent les théories de la vulgarisation et de la traduction technique, puis, dans un second temps, ce que nous pouvons déduire de notre propre observation d’un corpus de textes choisis par nos soins : les articles de la rubrique Dernières nouvelles du LHC1 parus en 2009 dans le Bulletin du CERN, le journal interne du CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire).

Nous nous intéresserons à la qualité de la mise en forme des articles, à la gestion de la terminologie et au traitement des descriptions techniques ; tout d’abord, nous définirons notre méthode d’observation, puis nous analyserons quelques exemples et, enfin, nous ferons le bilan de notre analyse. Nous pourrons alors conclure si, dans le contexte de notre analyse, la traduction de la vulgarisation est un cas particulier de la traduction technique.

Notre sujet d’étude n’a pas été facile à cerner et il nous a fallu un certain temps de réflexion et plusieurs revirements pour enfin y arriver. Notre intérêt pour la traduction technique s’est développé au fur et à mesure des semestres passés à l’École de Traduction et d’Interprétation, mais s’est surtout révélé lors du stage de traduction que nous avons eu la chance d’effectuer au CERN. De septembre 2010 à mars 2011, nous avons été amenée à traduire plusieurs articles du Bulletin, dont quelques-uns de la rubrique Dernières nouvelles du LHC ; nous avons alors pris conscience des difficultés auxquelles le

1 LHC, Large Hadron Collider, Grand collisionneur de hadrons.

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7 traducteur du CERN doit faire face, notamment par les contraintes de temps auxquelles il est parfois soumis. Notre goût pour la science, en particulier pour les domaines de la physique des particules et de l’astronomie, s’est accentué durant ce stage et nous a confortée dans notre choix de spécialisation dans la traduction technique. Ce mémoire est pour nous l’occasion d’explorer une facette de cette spécialisation et de concilier les deux matières qui nous ont toujours fascinée : les langues et les sciences.

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8

4 Contexte de l’étude

4.1 Le CERN

Fondé en 1954, le CERN, Organisation européenne pour la recherche nucléaire2, est l’un des centres de recherche scientifique les plus reconnus dans le monde. Situé à Genève, à la frontière franco-suisse, il accueille des centaines de chercheurs, ingénieurs, techniciens et scientifiques venant de différents pays et qui œuvrent dans des domaines variés.

Aujourd’hui, le CERN a entrepris de sonder les mystères de la naissance de l’Univers grâce à son Grand collisionneur de hadrons (LHC), un gigantesque accélérateur de particules qui va permettre de repousser un peu plus loin les limites de la connaissance.

4.1.1 La physique des particules

La physique des particules est une discipline de la physique qui étudie l’infiniment petit, notamment pour comprendre l’infiniment grand. L’Univers, tel que nous le connaissons, s’est formé à partir des plus petits constituants de la matière connus à ce jour : les particules élémentaires. Ces particules sont décrites par la théorie du Modèle standard, reproduit ci-dessous3 :

En violet, ce sont les quarks (up, charm, top, down, strange et bottom), les éléments les plus petits découverts jusqu’à présent. En vert, les leptons qui, avec les quarks, forment la famille des fermions. Les trois colonnes (I, II et III) divisent les fermions en trois autres familles de particules, appelées « générations » qui se distinguent par la masse de leurs éléments, toujours plus

2 D’après le site web public du CERN, le 22.06.2011 : http://public.web.cern.ch/public/fr/About/About- fr.html.

3 Schéma proposé par le site web de Wikipedia, le 12.08.2011 : http://en.wikipedia.org/wiki/Standard_Model.

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9 grande selon la génération. Enfin, les particules en rouge, les bosons, sont des particules de champ, qui correspondent aux éléments porteurs des quatre forces fondamentales (forte, faible, électromagnétique et gravitationnelle). Grâce à ce modèle, les physiciens sont parvenus à expliquer toutes les forces qui gouvernent notre univers, sauf la force gravitationnelle, pourtant la plus familière de toutes. En effet, la force gravitationnelle, ou simplement « la gravité », a été définie par la théorie de la relativité générale d’Albert Einstein, qui, pour des raisons mathématiques, ne peut être prise en compte dans la théorie du Modèle standard. De plus, ce modèle repose sur l’existence d’une particule dite

« fictive » qu’est le « boson de Higgs ». Cette particule a été proposée dans les années 1960 par les physiciens Robert Brout, François Englert et Peter Higgs ; elle n’existe que sous la forme d’hypothèse et n’a pu être observée de façon expérimentale, mais elle permettrait de confirmer le Modèle standard et d’ouvrir la voie à une unification des quatre forces. Cette unification aboutirait à ce que les physiciens nomment la « théorie du tout », une théorie universelle qui intégrerait la gravité dans le Modèle standard et permettrait de décrire l’ensemble des interactions fondamentales. C’est pourquoi le boson de Higgs fait aujourd’hui l’objet d’une traque sans relâche de la part des physiciens qui, au CERN, tentent de le découvrir à l’aide d’un accélérateur de particules : le Grand collisionneur de hadrons.

4.1.2 Le LHC

Construit à environ 100 mètres sous terre, le Grand collisionneur de hadrons (LHC) du CERN constitue le plus grand instrument de mesure du monde. Avec son anneau de près de 27 kilomètres de circonférence, ses quatre grandes expériences (ATLAS, CMS, ALICE et LHCb) et ses quelques 9300 aimants refroidis à une température de -271° Celsius à l’hélium superfluide, le LHC représente des années d’efforts et de collaboration de la part de toute la communauté du CERN et des scientifiques du monde entier. Son but : recréer les conditions du Big Bang pour pouvoir comprendre les touts premiers instants de la naissance de l’Univers. Pour cela, des faisceaux de particules, les hadrons (des protons et des ions de plomb) sont injectés dans l’accélérateur et circulent à l’intérieur de celui-ci, dans un sens comme dans l’autre, jusqu’à atteindre des vitesses proches de celle de la lumière. D’énormes aimants servent à diriger les faisceaux de sorte qu’au moment voulu les particules entrent en collision les unes avec les autres dans les différentes expériences.

Cela permettra par la suite d’analyser les réactions et les trajectoires des collisions et ainsi, peut-être, de résoudre les mystères de l’apparition de la matière.

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10 Conçu dans les années 1980 puis approuvé en 1994 par le Conseil du CERN, le projet LHC arrive enfin à son terme en 2008 et le démarrage effectué le 10 septembre de la même année est une réussite. Toutefois, un incident technique survient le 19 septembre et met fin à l’exploitation de l’accélérateur. Une connexion à l’intérieur d’un aimant a « surchauffé », ce qui a entraîné un dégagement de chaleur important et une élévation soudaine de la température dans la machine, provoquant la destruction de certaines pièces de l’accélérateur. Une longue période de réparations et de contrôles commence alors et la date de redémarrage de l’accélérateur doit être plusieurs fois repoussée. Une année plus tard, à la fin du mois d’octobre 2009, les premiers tests dans les différents secteurs du LHC se concrétisent et, le 20 novembre, les faisceaux de particules circulent à nouveau dans la machine. Les premières collisions, à basse énergie, s’effectuent déjà trois jours plus tard, mais les physiciens doivent encore patienter quelques mois avant de pouvoir exploiter pleinement le LHC et ses expériences. En effet, l’accélérateur doit s’arrêter le 16 décembre afin de tester les faisceaux à des énergies plus élevées puis de préparer la machine à supporter ces très hautes énergies, notamment du point de vue de son système électrique, dont la défaillance a été à l’origine de l’incident de 2008. Après une phase de mise en service à des énergies toujours plus élevées, le 30 mars 2010, à 13h06, les premiers faisceaux entrent en collision à l’énergie maximum d’exploitation du LHC, 7 TeV (téraélectronvolts). C’est ainsi que le programme de physique est lancé pour une période d’exploitation initiale de 18 à 24 mois, qui sera ensuite prolongée d’une année.

4.1.3 Le Bulletin du CERN, une stratégie de communication interne

Afin de pouvoir communiquer avec ses collaborateurs, le CERN publie un journal bilingue (anglais et français), le Bulletin. Ce bimensuel contient des articles relevant de divers domaines et est diffusé sous forme imprimée au sein de l’Organisation, mais une version électronique est également disponible sur le site web public du CERN4. Le plus souvent traduit de l’anglais vers le français, le Bulletin est un journal interne destiné avant tout aux

« Cernois », et dont le but premier est d’informer les membres du personnel du CERN de ce qui se passe au sein de l’Organisation. Il semble que le Bulletin aurait un deuxième but, plus discret mais néanmoins important : rassembler et motiver son personnel autour de ses grands projets, et plus particulièrement, depuis une vingtaine d’années, le LHC. En effet, le

4 Page web du Bulletin du CERN, le 04.05.2011 :

http://cdsweb.cern.ch/journal/CERNBulletin/2011/18/News%20Articles/?ln=fr.

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11 Dictionnaire encyclopédique des sciences de l’information et de la communication nous donne la définition suivante de la communication interne :

Communication dans les organisations destinée à obtenir l’adhésion des membres aux objectifs de celle-ci. Elle s’inscrit donc dans une logique de mobilisation et de motivation du personnel.5

Il est donc capital pour le bon fonctionnement d’une institution et pour l’amélioration de son efficacité que son personnel reste motivé, surtout lorsqu’elle traverse des périodes de crise ; des employés informés, soudés et motivés contribuent ainsi à la réussite de l’institution. Le Bulletin, publié dans les deux langues officielles du CERN, doit atteindre ces objectifs afin que tous les collaborateurs de l’Organisation prennent conscience de leur importance dans les projets de leur laboratoire.

À la fin de l’année 2008, Rolf-Dieter Heuer prenait la place de Robert Aymar en tant que directeur général du CERN. Marqué par un démarrage prometteur de l’accélérateur, Rolf Heuer s’est alors donné pour priorité de mener une campagne de communication efficace et transparente sur le projet LHC au sein de l’Organisation et l’une de ses contributions a été d’instaurer dans le Bulletin une rubrique spécialement consacrée aux événements d’actualité concernant l’accélérateur de particules : Dernières nouvelles du LHC. Les articles de cette rubrique rendent compte des avancées effectuées autour de l’accélérateur, depuis l’année 2009 jusqu’à aujourd’hui.

4.2 Corpus

4.2.1 Les Dernières nouvelles du LHC en 2009

Chaque année, 26 éditions du Bulletin du CERN sont publiées et le LHC s’est vu consacrer beaucoup d’articles durant l’année 2009. Le corpus utilisé dans l’analyse de ce mémoire représente un total de 29 articles : 26 articles réguliers, qui figurent dans la rubrique des Dernières nouvelles du LHC, et trois articles supplémentaires, dont le contenu est jugé suffisamment riche et pertinent pour qu’ils soient inclus dans l’étude. Les communiqués de presse ont, par contre, été exclus de l’étude, car ils ne proviennent pas du même service de publication. Les articles étudiés sont consultables en annexe, ainsi que sur la page web des

5 LAMIZET, Bernard, SILEM, Ahmed, Dictionnaire encyclopédique des sciences de l’information et de la communication, Ellipses, Paris, 1997, p. 131.

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12 archives relatives au LHC, à l’adresse suivante (consultée le 04.05.2011) : http://lhc.web.cern.ch/lhc/News.htm.

L’année 2009 coïncide avec le début de la stratégie de communication du nouveau directeur général, Rolf-Dieter Heuer, qui vise à redorer l’image du CERN après l’incident de septembre 2008 survenu au LHC. De janvier à décembre, les articles intitulés Dernières nouvelles du LHC permettent de suivre l’évolution des travaux effectués sur la machine et les réparations de ses différents éléments. Au début, les Dernières nouvelles du LHC n’apparaissent pas dans toutes les éditions du Bulletin du CERN. Quatre articles ne seront d’ailleurs diffusés que sur internet, sous forme de nouvelles de dernière minute. Puis, la campagne d’information autour du LHC prend forme au fil des semaines et, à partir du 23 mars 2009, les Dernières nouvelles du LHC sont publiées dans chaque édition du Bulletin, qui a désormais sa rubrique LHC.

Tout d’abord, nous constaterons que quatre des 29 articles analysés n’ont pas été publiés dans une édition du Bulletin, mais simplement diffusés sur internet (articles n° 1, 3, 6 et 7).

Il s’agit en fait de Breakings News, des nouvelles de dernière minute n’ayant pas fait l’objet d’un article à proprement parler, jugées cependant suffisamment importantes pour être lues par la communauté du CERN.

Puis, nous noterons que trois articles publiés dans le Bulletin ne font pas partie de la rubrique des Dernières nouvelles du LHC. Ce sont des articles à part entière (n° 12b, 18b et 22b) ; toutefois, nous les inclurons dans notre analyse car nous estimons qu’ils contiennent des compléments d’information pertinents et indispensables à propos du LHC.

Enfin, le reste des articles a été publié dans le Bulletin du CERN, sous le titre The latest from the LHC / Dernières nouvelles du LHC (articles n° 2, 4, 5, 8, 9, 10, 11, 12a, 13, 14, 15, 16, 17, 18a, 19, 20, 21, 22a, 23, 24, 25 et 26).

Enfin, nous remarquerons, à l’aide du graphique suivant, que la première moitié des articles (jusqu’au n° 12b) contient en moyenne entre 200 et 300 mots et évolue de manière stable, tandis que la seconde moitié évolue de façon irrégulière, mais avec une tendance haussière et une moyenne de mots environ deux fois plus élevée.

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13 Graphique : évolution du nombre de mots par article (de janvier à décembre 2009)

0 100 200 300 400 500 600 700 800 900

1 3 5 7 9 11 12b 14 16 18a 19 21 22b 24 26

nombre de mots

numéro des articles (ordre chronologique)

En Fr

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5 État de la question

5.1 La vulgarisation scientifique

Si « vulgarisation » va souvent de pair avec « science », c’est que la première s’est constituée autour de la seconde, en ceci qu’elle est apparue et a évolué avec la science. Il s’agissait alors de diffuser un savoir, une connaissance : les « savants » allaient instruire les

« ignorants », c’est-à-dire le peuple, le vulgus. Étymologiquement, c’est ainsi que s’est forgé le terme « vulgariser » à la fin du XIXe siècle6. Et malgré les connotations négatives que peut avoir le terme, il n’en est pas moins présent et révélateur d’un problème de société qui, hélas, perdure encore aujourd’hui. Car, comme l’énonce Yves Jeanneret, la diffusion d’un savoir jusque-là réservé aux gens instruits confère au peuple ignorant un

« statut social »7 d’ignorant. Ainsi, l’ignorance doit être combattue, bannie, et il est désormais du devoir des savants d’instruire les ignorants.

La diffusion du savoir et des connaissances revêt plusieurs formes : de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert (XVIIIe siècle) aux Expositions universelles (la première en 1851), en passant par les revues scientifiques (La Recherche, Science & Vie) et la collection Pour les nuls. Autant de supports de communication pour vulgariser et diffuser la science. Car la vulgarisation est un type de communication qui possède ses propres enjeux, lesquels vont au-delà du simple message à transmettre. Et l’un des enjeux de la vulgarisation relève, toujours selon Yves Jeanneret, de « l’influence de la communauté scientifique »8, non seulement parmi les politiques, dont le rôle paraît crucial pour la recherche et les budgets qui lui sont alloués, mais également parmi les jeunes, qui délaisseraient les métiers techniques et scientifiques. Cette influence, dont semble jouir la science, protège, d’une part, ses intérêts, mais surtout, sa crédibilité. Il en va de sa survie, de sa raison d’être, et c’est pourquoi la vulgarisation joue un rôle capital pour la science, particulièrement à notre époque. Pour que le « peuple » puisse avoir confiance en la science et soutienne cette dernière, il doit pouvoir en comprendre les raisons, les obstacles et les avancées, et cela grâce à la vulgarisation.

6 JEANNERET, Yves, Écrire la science : formes et enjeux de la vulgarisation, Presses Universitaires de France, Paris, 1994, pp. 11-14.

7 Ibid., p. 19.

8 Ibid., p. 206.

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15 Pourtant, au sein même de la communauté scientifique, la vulgarisation a mauvaise réputation. Parmi les « savants » qui détiennent la connaissance, ceux-là même qui auraient le pouvoir de diffuser leur savoir aux ignorants, beaucoup jugent l’entreprise de vulgarisation comme une solution de « facilité » du métier de chercheur ou encore comme un synonyme de « mal-être » de la part du chercheur-vulgarisateur9. Paradoxalement, la vulgarisation n’est pas l’affaire des journalistes, bien au contraire ; car, si le journaliste cherche à dévoiler la nouvelle de dernière minute, avec son penchant pour le sensationnel et la critique, le vulgarisateur, lui, reste un scientifique, maître de son domaine de recherche et livrant sa passion et son point de vue à son public, désireux d’apprendre.

En effet, le vulgarisateur ne décrit pas son savoir comme le ferait une définition de dictionnaire ; selon Yves Jeanneret, le chercheur-vulgarisateur offre au lecteur une vision parmi d’autres du sujet exposé. Cette vision n’en est pas moins objective, elle reflète simplement la manière dont le chercheur aborde son sujet, sa discipline. Cela est particulièrement vrai dans les textes de vulgarisation, comme les articles de presse, support qui fera l’objet de notre analyse. Et puisque le vulgarisateur n’écrit pas comme le journaliste, et encore moins comme le scientifique, il doit alors maîtriser le langage subtil du discours de vulgarisation. Car pour produire un bon texte de vulgarisation, il convient de garder à l’esprit les deux axes autour desquels s’articule l’art de vulgariser : la didactique et la poétique10.

La dimension didactique se trouve, comme nous avons déjà pu le voir, dans l’objectif d’une diffusion du savoir à large échelle, d’une science accessible à tous pour sa reconnaissance et sa raison d’être. Quant à la dimension poétique, elle souligne encore plus nettement la différence entre un texte vulgarisé et un texte journalistique : la vulgarisation est un « art », en ceci que le vulgarisateur « affirme le droit d’emprunter à la science la matière d’une œuvre qui offre d’autres charmes que ceux du laboratoire et stimule d’autre manière les intellects et les imaginations »11.

Dès lors, la vulgarisation apparaît comme une œuvre quasiment littéraire, qui comporte des images, des symboles et des figures de style entraînant le lecteur dans un récit qu’il lira avec envie sans se rendre compte de son caractère scientifique. C’est bien là que réside la difficulté de vulgariser une discipline scientifique, dont les concepts sont le plus souvent

9 Ibid., p. 208.

10 Ibid., pp. 162-163.

11 Ibid., p. 163.

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16 abstraits, et les représentations parfois presque impossible à évoquer sans devoir recourir à une formule mathématique. Pourtant, il serait lâche et égoïste d’abandonner l’entreprise vulgarisatrice sous prétexte que celle-ci semble « difficile », voire « impossible », ou pis encore : « qu’elle ne sert à rien ». D’éminents vulgarisateurs y sont parvenus, tels qu’Albert Einstein et Leopold Infeld avec L’évolution des idées en physique (1936), George Gamow et son M. Tompkins au pays des merveilles (1953), ou encore Stephen Hawking et sa Brève histoire du temps (1989).

Notons notre intérêt pour le domaine de la physique des particules, domaine que nous explorerons par la suite. Un domaine, comme nous l’avons dit, relativement « abstrait », dont certains concepts peuvent s’avérer, pour le profane, particulièrement difficile à se représenter. Et si l’on ne possède pas la plume d’un Albert Einstein ou d’un George Gamow, expliquer un tel phénomène semble peine perdue. Toutefois, il existe bien des outils, des techniques pour produire une bonne vulgarisation, ou, du moins, une vulgarisation qui remplirait son rôle de médiation. Nous verrons donc, dans notre prochain chapitre, quelques règles à respecter pour bien vulgariser.

5.2 Principes de vulgarisation

Les principes que nous allons énoncer se veulent généraux et ont pour but de nous aider à répondre aux questions posées dans notre analyse. Ainsi, nous ciblerons la vulgarisation écrite, plus précisément la vulgarisation publiée sous forme d’article. Par ailleurs, ces principes ont été tiré du Guide pratique de vulgarisation scientifique12 de Sophie Malavoy ; nous avons sélectionné ceux qui nous semblaient les plus importants à respecter et les avons étoffés à l’aide des autres ouvrages de vulgarisation à notre disposition (voir la bibliographie).

5.2.1 1er principe : choisir le public, le sujet et la structure

Comme l’explique Sophie Malavoy, l’on distingue trois « degrés » de vulgarisation scientifique définis en fonction du public à qui s’adressera le texte vulgarisé : la « haute vulgarisation », la « vulgarisation grand public » et la « vulgarisation pour enfants ». Cette dernière catégorie ne sera pas prise en compte dans nos principes, car elle obéit, en plus

12 MALAVOY, Sophie, Guide pratique de la vulgarisation scientifique, ACFAS, Montréal, 1999, 38 p.

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17 des principes généraux de vulgarisation, à d’autres critères importants de la littérature enfantine, que nous ne jugeons par conséquent pas pertinents pour notre étude.

Si la haute vulgarisation semble réservée à des personnes « instruites » ou ayant déjà passablement de connaissances dans divers domaines scientifiques, sans pour autant en être spécialistes, la vulgarisation grand public s’adresse à un public plus large et varié. Aussi, une revue telle que La Recherche attirera-t-elle plus facilement un universitaire, tandis que Science & Vie conviendra plutôt à un adolescent du secondaire. Définir le public visé se révèle une étape obligatoire dans l’exercice de vulgarisation, car ce public va ensuite déterminer un certain nombre de critères à respecter, notamment pour ce qui est du style d’écriture.

Après avoir choisi un public, il s’agira de choisir un sujet ; cela paraît évident, mais reste capital. Le sujet ne devrait pas être trop vaste, car présenter beaucoup d’informations de façon générale s’avère contre-productif pour le lecteur, qui pourrait se sentir submergé.

Mieux vaut présenter un aspect particulier d’un domaine et le développer, afin de l’expliquer avec suffisamment de précision pour que le lecteur ait une vision « en profondeur » du sujet abordé.

Enfin, la structure de l’article de vulgarisation, comme le rappelle Sophie Malavoy, diffère totalement de la structure utilisée dans les rapports scientifiques. Il convient de trouver un

« fil conducteur » qui facilitera la lecture et lui conférera le caractère « poétique » que nous avons vu plu haut. Par exemple, les résultats devraient être présentés au début, et non à la fin de l’article, comme dans les rapports ; ou alors, aller du particulier au général, afin de rendre le texte plus dynamique.

5.2.2 2e principe : attirer le lecteur

Tout l’enjeu d’un article de vulgarisation scientifique est d’arriver à capter l’attention du lecteur, et cela dès le titre. Celui-ci doit inciter à la lecture et peut être accrocheur, anecdotique, ou encore faire référence à un sujet d’actualité. Emprunté au style journalistique, le titre doit toutefois correspondre au sujet et au ton de l’article, afin de ne pas donner une fausse piste au lecteur. Un « chapeau » est également bienvenu, puisque ce dernier permet au lecteur de se faire une idée plus précise du sujet et de l’aider ainsi à décider si l’article l’intéresse ou non.

5.2.3 3e principe : s’exprimer de façon simple

(19)

18 Pour qu’un texte de vulgarisation soit efficace, il faut éviter au maximum les termes techniques, le jargon et les redondances. Le but n’est pas d’intimider le lecteur par un foisonnement de termes qui risqueraient, non pas de susciter son admiration, mais de le rebuter. Si un terme technique doit apparaître en raison de son importance dans le texte ou s’il doit être répété plusieurs fois, il s’agira de l’expliquer, clairement et simplement, dès son apparition. Si l’emploi d’un jargon ou d’une terminologie spécifique peut, certes, évoquer une part de crédibilité ou de sérieux, il fait naître un sentiment de malaise chez le lecteur, qui prend conscience de l’étendue de « son ignorance ». Par ailleurs, l’on a même tendance à critiquer les scientifiques en les accusant de se réfugier derrière un vocabulaire hermétique, compris d’eux seuls. Une « barrière linguistique » néfaste, car origine de méfiance de la part du public qui ne sait pas et qui pourrait, à tort ou à raison, avoir l’impression qu’on lui ment. D’où l’importance d’utiliser le moins de termes techniques possibles et, s’il y a lieu, d’expliciter ceux-ci.

5.2.4 4e principe : imager son propos

Comme nous l’avons mentionné, le but d’un texte de vulgarisation est de faire comprendre des notions souvent abstraites ; les figures imagées telles que la métaphore, la comparaison et l’analogie offrent un bon moyen d’expliquer ces notions. Sans tomber dans le mythe, ces figures stylistiques colorent le propos, lui donnent une dynamique et vont raviver l’intérêt du lecteur. Ce moyen permet d’aborder des concepts inconnus du lecteur par des éléments familiers et parlants et, ainsi, de faciliter la compréhension. À la fois didactique et poétique, l’image donne du volume au texte vulgarisé et lui confère son caractère

« littéraire » qui rend la lecture plus fluide et naturelle que celle d’un « vulgaire » rapport scientifique.

5.2.5 5e principe : utiliser des illustrations

Les illustrations à proprement parler sont les divers dessins, images photographiques, schémas et graphiques venant agrémenter l’article de vulgarisation. L’illustration s’avère un excellent moyen de représentation et vient compléter l’information. À condition de ne pas en abuser (l’utilisation d’une photographie doit servir le propos et non un but ornemental), d’en effacer les détails inutiles, et de les compléter par une légende, les images sont aujourd’hui indispensables, voire « obligatoires ». L’image a pris tellement de place, par l’influence de la télévision notamment, qu’il est devenu évident pour les revues scientifiques qu’un article proprement illustré a plus de chances d’attirer le « client-

(20)

19 ignorant » qu’un article qui en serait dépourvu. Un travers du journalisme que dénonce notamment Bruno Dufay, pour qui la photographie, plus « artistique » qu’un schéma, va jouer avec l’émotion du lecteur et détourner son attention du propos13.

5.3 Les quatre facettes de la vulgarisation

Pour clore ce chapitre sur la vulgarisation, nous allons déterminer ce que Bruno Dufay nomme les « facettes de la vulgarisation ». Ensemble, celles-ci définissent l’entreprise de vulgarisation. Pour lui, la vulgarisation doit : informer, expliquer, éveiller le sens critique et attirer l’attention14.

« Informer », la première facette de la vulgarisation, signifie rapporter les événements de l’actualité. La vulgarisation côtoie le journalisme, mais ne doit pas se confondre avec ce dernier, puisque son rôle n’est pas de faire dans le sensationnel ; la vulgarisation permet de tenir le public informé en présentant, de manière objective et neutre, les sujets traités par les médias. Comme nous l’avons dit plus haut, le sujet que présente le vulgarisateur peut être teinté de la vision de celui-ci, mais il n’en devient pas subjectif pour autant. Tant que les faits sont présentés tels qu’ils sont, le point de vue reste objectif.

« Expliquer », la deuxième facette, sert à donner les éléments nécessaires pour faire comprendre. La vulgarisation va alors au-delà du simple fait de transmettre un message ; elle doit utiliser les outils à sa disposition (tels que les principes énumérés plus haut) pour que le public comprenne le message qu’elle veut faire passer.

« Éveiller le sens critique », la troisième facette, confère à la vulgarisation son caractère neutre et impartial ; si l’information est présentée de manière à ce que le lecteur puisse se forger sa propre opinion, le pari de la vulgarisation est gagné. De fait, en plus d’être au courant de l’information et de la comprendre, le public doit pouvoir se positionner par rapport à cette information et, ainsi, ne pas être manipulé par elle.

« Attirer l’attention », quatrième et dernière facette, est un catalyseur dans le processus de vulgarisation qui permet de motiver la lecture du public. Il s’agit de susciter l’intérêt et la curiosité sans tomber dans le dramatique ou, pire, l’ennui.

Le vulgarisateur doit trouver un équilibre entre ces quatre facettes afin de réussir son entreprise vulgarisatrice et ce, dans le respect de son sujet et de son public. Pour Bruno

13 DUFAY, Bruno, Apprendre à expliquer : l’art de vulgariser, Éditions Eyrolles, Paris, 2005, p. 109.

14 Ibid., pp. 34-37.

(21)

20 Dufay, le vulgarisateur n’est pas un savant au-dessus de l’ignorant, mais un médiateur qui partage son savoir et transmet sa passion à un public curieux et désireux d’apprendre15.

5.4 La traduction technique

5.4.1 Distinguer la technique de la science

La littérature « technique », au sens étroit (et telle que nous la concevons dans notre étude), correspond à des textes de nature technique, c’est-à-dire relevant de domaines spécialisés de l’application des sciences. Les textes techniques sont, par exemple, des manuels ou des modes d’emploi ; selon Klaus Schubert, « the content of technical documentation is […]

predominantly descriptive and instructive »16. Aussi, le texte technique présente un objet et explique comment celui-ci doit être utilisé. Il poursuit donc un but « purement utilitaire », comme l’explique Mathilde Fontanet, en informant de manière « neutre et objective »17. Par ailleurs, la notion de traduction technique paraît, encore aujourd’hui, trop floue et généralisante à notre avis. Christine Durieux, par exemple, voit la traduction technique comme « la traduction de textes de nature technique, technologique ou scientifique »18. Comme si « la traduction technique et scientifique », opposée à « la traduction littéraire », était une branche de la traduction spécialisée comprenant tout type de texte à caractère scientifique et technique ; or, si le texte technique et le texte scientifique appartiennent tout deux, certes, à un domaine de spécialité, ils ne remplissent cependant pas la même fonction. Le texte technique est de nature utilitaire, et le texte scientifique, lui, « possède une dimension rhétorique et argumentative qui reste étrangère au discours technique »19. En d’autres termes, le texte de nature scientifique, tel que le rapport de laboratoire ou l’article scientifique, explique une démarche adoptée mais dans l’intention de justifier cette démarche et, au final, de convaincre le lecteur.

5.4.2 La traduction technique et la traduction scientifique

Quant à la traduction technique et à la traduction scientifique, elles doivent toutes deux tenir compte de la divergence de leur fonction. La traduction du texte scientifique s’attache

15 Ibid., pp. 66-68.

16 SCHUBERT, Klaus, « Technical translation » in : Yves Gambier, Luc van Doorslaer (éd.), Handbook of translation studies, volume 1, John Benjamins Publishing Company, Amsterdam, Philadelphia, 2010, p. 351.

17 FONTANET Mathilde, « La traduction des textes techniques : enjeux et particularités - le texte sous l’empire de l’extratextuel » in Mots, termes et contextes, Actes des 7es Journées scientifiques de Bruxelles, AUF, Editions des Archives contemporaines, Paris, 2006, p. 309.

18 DURIEUX, Christine, Fondement didactique de la traduction technique, La maison du dictionnaire, Paris, 2010, p. 15.

19 FONTANET, Mathilde, op. cit., 2006, p. 310.

(22)

21 à restituer la cohérence de l’argumentation ainsi que le ton du propos, tandis que la traduction du texte technique sert exclusivement le sens. C’est-à-dire que l’objet dont il est question dans un texte technique fait partie d’une réalité universelle et absolue, qui ne peut être transgressée, au risque de trahir cette réalité. La fidélité du traducteur à l’égard du texte technique ne se mesure donc pas au respect de la lettre, encore moins de l’auteur, mais de la réalité extralinguistique véhiculée par le texte technique. Plus radicalement encore, il ne s’agit pas de respecter à tout prix le « sens » du texte, mais de vérifier la réalité à laquelle le sens se réfère et de respecter cette réalité. Ou, comme l’explique Mathilde Fontanet :

[…] lors de l’interprétation du texte original, le traducteur ne devra pas s’attacher à restituer « ce qu’a voulu dire » l’auteur, mais « ce qu’il aurait dû » écrire pour que le sens corresponde à cette réalité extralinguistique.20

Aussi, on retrouve tout de même une valeur esthétique dans le texte scientifique, mais une valeur essentiellement fonctionnelle dans le texte technique. Cette distinction n’est certainement pas une barrière infranchissable, mais rend compte de la stratégie à adopter pour traduire les types de document les plus courants dans chacun des domaines techniques et scientifiques, c’est-à-dire le mode d’emploi pour le technique et le rapport pour la science. C’est ce qu’affirme Claude Bédard, pour qui la langue scientifique, malgré certaines similitudes avec la langue technique, doit être distinguée de cette dernière, notamment au niveau du registre : intellectuel pour le texte scientifique, et intermédiaire et neutre pour le texte technique21. Dès lors, il affirme que la traduction technique doit répondre aux exigences de la traduction dite « pragmatique », où le traducteur transmet une information purement objective. Ainsi, Claude Bédard propose le schéma suivant :

20 Ibid., p. 311.

21 BÉDARD, Claude, La traduction technique : principes et pratiques, Linguatech, Montréal, 1986, pp. 169- 170.

(23)

22 TRADUCTION

ESTHÉTIQUE PRAGMATIQUE

GÉNÉRALE SPÉCIALISÉE

TECHNIQUE AUTRES

BÉDARD, Claude (1986) : La traduction technique : principes et pratiques, Linguatech, Montréal, p. 177.

Sur ce schéma de Claude Bédard, la traduction scientifique s’inscrirait, elle, non pas sous la traduction spécialisée à côté de la traduction technique, mais dans le bloc des textes esthétiques, au même titre que les œuvre littéraires. Or, nous pensons que cette catégorisation est erronée, car la valeur esthétique de la langue scientifique n’en est pas la composante principale, mais une fonction supplémentaire, qui permet de la différencier de la langue technique. Cette rectification peut paraître évidente, mais nous avons jugé bon de la rappeler, afin d’éviter toute confusion.

5.4.3 Le but de la traduction technique

Selon Claude Bédard, la traduction technique possède la particularité de mettre l’accent non pas sur l’auteur et son expression, mais sur la réalité véhiculée par le message. Et dans le processus de communication, ce message ne sert qu’un seul et même but : la compréhension du destinataire. Puisque le texte technique a une fonction utilitaire, sa traduction doit permettre au lecteur non seulement de comprendre le texte, mais surtout d’utiliser ce dernier afin d’en reproduire le contenu et de s’y référer. Dans le cas du mode d’emploi d’une télécommande, le lecteur-utilisateur doit pouvoir comprendre ce qui y est décrit et, au final, savoir utiliser la télécommande en question. Ainsi, la traduction technique répond à certaines exigences de la communication qui donnent la priorité au lecteur. Pour Claude Bédard, le traducteur technique possède une marge de liberté certaine vis-à-vis du message original : si ce dernier est mal formulé, le traducteur ne doit pas hésiter à le remanier de façon à ne pas entraver la compréhension. Aussi le traducteur technique peut-il se considérer comme un second rédacteur22 qui, en plus de transmettre un

22 Ibid., p. 179.

(24)

23 message, va corriger les erreurs (notamment de fond) et reformuler les passages trop vagues afin de garantir une bonne compréhension.

5.4.4 Le public cible de la traduction technique

Puisque tout l’enjeu de la traduction technique est centré sur le destinataire, il convient de définir ce dernier plus en détail. De fait, il n’y a pas qu’un seul public cible dans la traduction technique. Si le traducteur pense, a priori, que ce public est défini dans le texte original et qu’il n’y a donc pas lieu de s’en soucier lors de la traduction, il peut malheureusement se tromper, comme le suggère Claude Bédard23 : d’une part, parce que le passage d’une lange à une autre entraîne forcément des modifications, qu’elles soient d’ordre culturel, stylistique ou autre ; d’autre part, parce qu’il arrive (plus souvent qu’on ne le pense) qu’une partie d’un document soit sortie de son contexte pour être insérée ailleurs et que la traduction du passage concerné devra être adaptée au nouveau support. Bref, ce destinataire, qui est-il ? Il n’est pas particulièrement aisé pour le traducteur de l’identifier de prime abord ; selon Claude Bédard, le traducteur doit commencer par se mettre à la place du lecteur, adopter « le point de vue du destinataire »24. Ainsi, Claude Bédard distingue trois composantes dont il faut tenir compte : l’acquis technique du lecteur, l’acquis linguistique du lecteur et l’idiolecte du client25. Voyons brièvement comment Claude Bédard définit ces trois composantes.

L’acquis technique tout d’abord : il s’agit des connaissances spécialisées que possède le lecteur du texte technique. Celles-ci permettent de distinguer trois niveaux de destinataires, à savoir l’expert du domaine, l’apprenant et le profane. L’expert possède un niveau de connaissances élevé du sujet traité dans le texte technique ; il tolère ainsi des tournures stylistiques telles que l’implicitation et l’ambiguïté calculée, et admet quelques écarts de vocabulaire. Aussi, pour ce type de lecteur, la traduction ne demande-t-elle pas de précautions particulières au niveau de la communication, mais l’expert s’avère extrêmement bien outillé pour exiger de la traduction une qualité irréprochable et ne manquera pas de le faire savoir au traducteur. L’apprenant, qui étudie un sujet dans le but de devenir à son tour un expert, doit assimiler des éléments nouveaux en grande quantité ; il est donc primordial que le texte traduit présente ces éléments de façon très claire et

23 Ibid., pp. 214-215.

24 Ibid., p. 215.

25 Ibid., p. 216.

(25)

24 précise, et que le traducteur emploie le juste vocabulaire avec rigueur, car c’est sur celui-ci que l’apprenant va forger sa compréhension des notions nouvelles. Enfin, le profane, à la différence de l’expert et de l’apprenant, n’a a priori pas besoin du texte technique qu’on lui soumet, il doit donc y trouver un certain plaisir lors de sa lecture. Cette définition du profane de Claude Bédard nous paraît quelque peu exagérée, puisque le lecteur d’un mode d’emploi a justement besoin du texte pour pouvoir agir sur l’objet qu’il décrit. L’acquis technique du profane étant presque nul, le traducteur technique prendra soin de rendre la pensée fluide, voire captivante, d’employer un vocabulaire général ou, du moins, de l’expliciter ; il peut également se permettre d’être imprécis, c’est-à-dire de « simplifier » la réalité au bénéfice de la compréhension. Les textes destinés à ce type de public s’apparenteraient donc aux textes de vulgarisation ; Claude Bédard aurait implicitement intégré la vulgarisation technique dans son approche de la traduction technique.

Voyons à présent l’acquis linguistique : tout comme il existe différents niveaux de destinataires, que nous avons pu voir précédemment, il existe des degrés divers de compétences linguistiques chez les lecteurs. Pour Claude Bédard, le bagage linguistique du lecteur est généralement moins étendu que celui du traducteur et ce dernier n’en a pas forcément conscience. Le traducteur technique doit donc se faire violence et adapter son niveau linguistique à celui de son lecteur sur différents points. Il faut savoir éviter certaines tournures syntaxiques savantes et utiliser un vocabulaire plus général lorsque cela est possible. En ce qui concerne le vocabulaire spécialisé, il s’agit de respecter les niveaux de langue du vocabulaire technique, c’est-à-dire analytique ou soutenu (dans les rapports de chercheur par exemple) et technique usuel (dans les modes d’emploi). Ce vocabulaire se divise en deux groupes que sont l’argot technique et la langue générale26. Si le lecteur possède déjà un certain acquis de vocabulaire technique dans ces différents niveaux de langue, cet acquis peut s’avérer incorrect ; ce défaut de vocabulaire technique envisageable est dû, d’une part, à l’idiolecte du lecteur (que nous détaillerons plus loin) et, d’autre part, à une « anglicisation qui sévit dans le monde de la technique »27. Ainsi, il est important que le traducteur technique prenne en considération l’acquis linguistique de son lecteur afin d’être compris.

26 Ibid., p. 159.

27 Ibid., p. 220. Ce dernier constat s’avère particulièrement vrai dans l’informatique et les nouvelles technologies, où apparaissent chaque jour de nouveaux concepts et, ainsi, de nouveaux termes, forgés dans LA langue de communication des sciences et des techniques : l’anglais.

(26)

25 Enfin, qu’en est-il de l’idiolecte du client ? L’idiolecte est le jargon utilisé au sein d’une même communauté, entreprise ou institution. Le client se substitue au lecteur parce que l’idiolecte est défini non pas par le destinataire final mais par le donneur d’ouvrage souhaitant véhiculer les valeurs et les termes qu’il aura définis au préalable. Il est primordial pour le traducteur de prendre en compte ce vocabulaire collectif de base afin de produire une traduction qui corresponde à « l’univers » des lecteurs. Pour cela, le traducteur ne doit pas hésiter à faire appel au client pour lui demander, par exemple, des listes de termes en usage, car cela lui évitera de reprendre le texte par la suite et de perdre du temps.

5.4.5 Les ressources du traducteur technique

La question des ressources documentaires est cruciale pour le traducteur technique.

Contrairement aux idées reçues – et Jean Maillot l’avait déjà souligné – le dictionnaire n’est pas à considérer comme un instrument de travail mais plutôt comme un auxiliaire du traducteur28. En effet, malgré les recommandations que peuvent faire certains professeurs de traduction, qui considèrent le dictionnaire comme un cadeau empoisonné, il ne s’agit pas de choisir s’il convient d’utiliser les ressources lexicographiques, mais de savoir les utiliser à bon escient. Quelles que ce soient ces ressources, pour résoudre un problème spécifique, mieux vaut commencer par se tourner vers un dictionnaire, unilingue de préférence, pour vérifier le sens d’un mot, et ensuite s’assurer de la juste traduction choisie, plutôt que de « croire » avoir compris et traduire sans savoir. Cette étape fondamentale de compréhension dans la traduction (qu’elle soit générale ou spécialisée) va de pair avec la documentation du traducteur ; dès lors, celle-ci permettra au traducteur technique, durant son apprentissage et tout au long de sa carrière, d’acquérir les connaissances nécessaires d’un certain domaine technique ou d’un sujet particulier, et ainsi de pouvoir appréhender plus sereinement ses textes. Le bagage cognitif de chaque traducteur étant différent, celui-ci effectuera des recherches plus ou moins poussées, en fonction non seulement du niveau de technicité de son texte, mais surtout en fonction de ses connaissances préalables. Généralement, un traducteur débutant fera souvent appel à la documentation, dans un premier temps, afin d’enrichir ses connaissances techniques dans divers domaines et à différents niveaux pour construire, petit à petit, son bagage cognitif de traducteur technique.

28 MAILLOT, Jean, La traduction scientifique et technique, Éditions Eyrolles, Paris, 1969, p. 123.

(27)

26 La documentation ne s’arrête pas aux dictionnaires, mais débuterait en fait dans les encyclopédies, qui recensent l’ensemble des connaissances du monde et qui constituent donc un bon point de départ lors d’une recherche systématique. Il convient naturellement d’utiliser des encyclopédies récentes et dans les langues de départ et d’arrivée pour pouvoir déjà se familiariser avec la terminologie. En l’espèce, l’Encyclopaedia Britannica pour l’anglais et l’Encyclopaedia universalis pour le français se révèlent d’excellentes ressources documentaires. Ensuite, lorsqu’il s’agit de domaines techniques connus depuis un certain temps, le traducteur se tournera vers les manuels et les magazines plus spécialisés, de sorte que les dernières lacunes soient comblées. Enfin, certains domaines plus récents nécessitent une recherche assidue, parfois en consultant des rapports scientifiques ou alors en contactant un spécialiste du domaine en question. Il existe aujourd’hui une autre ressource documentaire non négligeable : Internet. En effet, la Toile, où circule et s’échange chaque jour une multitude d’informations, fait partie de ces ressources auxiliaires dont dispose le traducteur ; le problème est de savoir utiliser cet outil correctement. La recherche Internet, rapide au premier abord, peut malheureusement faire perdre beaucoup de temps au final : le traducteur, dans un souci de rigueur et de précision, cherche à trouver LA solution qui lui convient et, s’il ne la trouve pas, finit par se noyer dans les méandres de la Toile cybernétique. Aussi, la maîtrise de cet outil doit impérativement se jouer au niveau de la recherche (rapide, simple et efficace) ainsi qu’au niveau de l’évaluation de l’information trouvée (fiable et pertinente).

5.5 Synthèse

5.5.1 Les points communs du texte de vulgarisation et du texte technique

Nous avons posé comme question de départ la possibilité que la traduction des textes de vulgarisation soit un cas particulier de la traduction technique ; à la lumière de la théorie que nous venons d’explorer, il s’agit maintenant de relever les points communs du texte de vulgarisation et du texte technique pour proposer une hypothèse sur la relation qu’entretiennent ces deux types de textes et de la vérifier par la suite par l’observation du corpus que nous avons choisi. Tout d’abord, répondons à la question suivante : à quoi servent le texte de vulgarisation et le texte technique ? Premièrement, à expliquer. Ce premier point commun repose sur l’un des critères de Bruno Dufay concernant les textes de vulgarisation et l’une des finalités du texte technique, qui est de faire comprendre.

Expliquer, dans le but de faire comprendre et d’informer, est un enjeu crucial qui utilise divers outils pour remplir sa fonction. L’un des outils communs au texte de vulgarisation et

(28)

27 au texte technique est, par exemple, l’illustration ; elle permet de se représenter directement un objet ou un processus et facilite ainsi la compréhension. Un autre outil important est l’emploi d’un vocabulaire simple, clair et précis. En effet, en vulgarisation comme en technique, l’information à faire passer sera d’autant mieux comprise si elle est exprimée de manière simple, directe, avec le moins de termes techniques possibles.

Ensuite, un deuxième point commun aux deux types de textes est le fait d’attirer l’attention : une évidence pour le texte de vulgarisation, mais une particularité pour le texte technique. Nous avons vu que l’attractivité du texte technique entre en jeu lorsqu’il vise en particulier un public profane n’ayant a priori pas besoin du texte en question. C’est dans cette perspective que se rencontrent le texte de vulgarisation et le texte technique, puisque, pour être lus, ils doivent présenter les informations de façon attrayante, afin d’attirer puis de maintenir l’attention du lecteur. Cette forme de présentation peut se retrouver, par exemple, dans la dimension « poétique » du texte, la fluidité du propos et la présentation des éléments. Par ailleurs, cette dimension poétique nous montre à quel point les frontières sont floues entre les différents types de textes, qu’ils soient classés au départ comme pragmatiques ou poétiques.

Dans une optique de traduction à présent, ces deux points communs principaux que nous venons d’identifier doivent se vérifier lors de la traduction du texte de vulgarisation, d’une part, et du texte technique, d’autre part. Ainsi, nous vérifierons dans notre analyse si les différents outils utilisés pour expliquer et faire comprendre, attirer et maintenir l’attention, sont respectés dans les traductions et si, oui ou non, il y a eu influence de l’original. Mais avant cela, nous souhaiterions évoquer un phénomène dont traitent notamment Mona Baker et Sara Laviosa, dans le contexte de l’analyse de corpus.

5.5.2 La langue de la traduction

Nous allons nous intéresser à deux articles parus dans la revue Meta concernant l’analyse de la traduction à travers un corpus de textes qui nous amènent à faire le constat suivant : la traduction d’un texte serait non pas la version « miroir » de l’original dans une autre langue mais une version « parallèle » dont la langue d’arrivée serait teintée des effets dus au processus de traduction, comme une traduction rédigée non pas dans une langue cible mais aussi dans une « langue de traduction ». C’est ce que Mona Baker appelle, en reprenant l’expression de William Frawley, « le troisième code »29, une langue de traduction dans la

29 BAKER, Mona, « Réexplorer la langue de la traduction : une approche par corpus », in Meta, 1998, vol. 43, n° 4, pp. 480-485.

(29)

28 langue cible ayant des caractéristiques propres et uniques. L’approche par corpus permet ainsi de se rendre compte de ce code de la manière suivante : des corpus de textes monolingues de toute sorte sont comparés avec, d’un côté, des textes originaux et, de l’autre, des traductions, dans la même langue. L’on a alors constaté que les originaux contenaient plus de spécificités, avaient subi plus facilement des « écarts » de langue, tandis que les traductions, elles, paraissaient plus normalisées, polies. Plus concrètement, la langue utilisée par les traducteurs serait inconsciemment plus propre et normalisée, et ils emploieraient un vocabulaire plus général. Ce polissage de la langue de traduction viendrait du fait que les traductions ne seraient pas interprétées de la même manière qu’une œuvre originale, et les traducteurs partiraient donc du principe qu’ils doivent fournir une traduction épurée et compréhensible pour le plus grand nombre. Notre constat se veut volontairement radical même s’il est évident qu’il s’agit d’une interprétation simplifiée de la pensée de Mona Baker et de Sara Laviosa dans l’approche de la traduction à l’aide de corpus monolingues. Notre but est avant tout de souligner cette notion de troisième code, qui rejoint en fait l’un des aspects de la traduction technique évoqué plus haut, concernant l’acquis linguistique du public cible. Nous avions alors suggéré que le traducteur technique devait prendre en compte l’acquis linguistique du lecteur et ainsi adapter son niveau de langue en choisissant un vocabulaire plus général et en évitant les tournures savantes. Or, dans le constat résultant de l’analyse des corpus monolingues, cette adaptation du traducteur serait inconsciente et surviendrait « naturellement » lors du processus de traduction.

Poussons encore plus loin notre raisonnement : dès lors qu’un texte de vulgarisation et un texte technique présentent des caractéristiques d’adaptation au public, dans un but de compréhension notamment, alors leur traduction, soumise à une adaptation inconsciente, ne risque-t-elle pas d’être « suradaptée » et de devenir par conséquent, banale, insipide, voire inintéressante ? La généralisation, ou normalisation, de la langue de traduction fait partie de ce qu’Andrew Chesterman nomme les « universaux »30. En traductologie, les universaux sont les caractéristiques propres aux traductions se manifestant lors du processus de traduction même. Selon Andrew Chesterman, la généralisation provient du fait que les apprentis traducteurs sont conditionnés dès leur apprentissage à, d’une part, ne pas modifier le sens et le style du texte, et, d’autre part, ne pas s’éloigner des normes

30 CHESTERMAN, Andrew, Why study translation universals?, University of Helsinki, Department of Modern Languages, 2010, pp. 38-48, le 12.08.2011 : https://helda.helsinki.fi/handle/10138/24319.

(30)

29 stylistiques et grammaticales de la langue cible31. De plus, la comparaison des différentes traductions produites par les apprentis traducteurs alimente encore cette idée de normalisation, où le traducteur doit se rapprocher le plus possible de « la traduction idéale ». Ce conditionnement semble être la source de la généralisation en traduction ; aussi les enseignants de la traduction devraient-ils se pencher plus sérieusement sur cette question fondamentale et essentielle de la vie d’un traducteur.

31 Ibid., p. 39.

(31)

30

6 Analyse du corpus

6.1 Méthode d’observation

Chacun des 29 articles a été dépouillé et étudié dans une perspective diachronique ; les observations qui en découlent relèveront des catégories suivantes :

- Mise en forme des articles : les titres, les chapeaux, les mots en gras, les images et les vidéos ;

- Gestion de la terminologie : busbar, quench, W bellow ;

- Descriptions techniques : les définitions, les compléments d’information.

Ces catégories seront analysées et commentées à l’aide d’exemples tirés de notre corpus, sous forme de tableau. Nos observations se termineront par un bilan intermédiaire de chaque catégorie, décrivant si ces dernières respectent les principes de vulgarisation que nous avons énoncés plus haut.

6.2 Mise en forme des articles

Cette catégorie décrit les moyens utilisés pour mettre en valeur les articles, tels que la mise en caractères gras, l’utilisation de titres, de chapeaux ou encore d’images. Les liens hypertextes n’entreront pas dans notre analyse. Nous évoquerons toutes les particularités graphiques relevées.

Nous constatons que, outre les trois articles supplémentaires (n° 12b, 18b et 22b), les Dernières nouvelles du LHC se trouvent sous une forme relativement brute, du moins jusqu’à l’article n°21 ; ils portent tous le même titre, ils ne possèdent pas de chapeau, leur mise en valeur est sobre et quelques images viennent les illustrer.

6.2.1 Les titres

Tout d’abord, intéressons-nous aux articles consacrés eux aussi au LHC et publiés en plus des Dernières nouvelles du LHC. Ce sont les articles n° 12b, 18b et 22b, dont voici les titres :

N° art. English Français

N° 12b The LHC quench protection system Le système de protection contre les transitions du LHC

N° 18b The complexity behind the date Il n’y a pas que la date

N° 22b The way to collisions, step by step En route vers les collisions, étape par étape

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