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5 ÉTAT DE LA QUESTION

5.2 P RINCIPES DE VULGARISATION

Les principes que nous allons énoncer se veulent généraux et ont pour but de nous aider à répondre aux questions posées dans notre analyse. Ainsi, nous ciblerons la vulgarisation écrite, plus précisément la vulgarisation publiée sous forme d’article. Par ailleurs, ces principes ont été tiré du Guide pratique de vulgarisation scientifique12 de Sophie Malavoy ; nous avons sélectionné ceux qui nous semblaient les plus importants à respecter et les avons étoffés à l’aide des autres ouvrages de vulgarisation à notre disposition (voir la bibliographie).

5.2.1 1er principe : choisir le public, le sujet et la structure

Comme l’explique Sophie Malavoy, l’on distingue trois « degrés » de vulgarisation scientifique définis en fonction du public à qui s’adressera le texte vulgarisé : la « haute vulgarisation », la « vulgarisation grand public » et la « vulgarisation pour enfants ». Cette dernière catégorie ne sera pas prise en compte dans nos principes, car elle obéit, en plus

12 MALAVOY, Sophie, Guide pratique de la vulgarisation scientifique, ACFAS, Montréal, 1999, 38 p.

17 des principes généraux de vulgarisation, à d’autres critères importants de la littérature enfantine, que nous ne jugeons par conséquent pas pertinents pour notre étude.

Si la haute vulgarisation semble réservée à des personnes « instruites » ou ayant déjà passablement de connaissances dans divers domaines scientifiques, sans pour autant en être spécialistes, la vulgarisation grand public s’adresse à un public plus large et varié. Aussi, une revue telle que La Recherche attirera-t-elle plus facilement un universitaire, tandis que Science & Vie conviendra plutôt à un adolescent du secondaire. Définir le public visé se révèle une étape obligatoire dans l’exercice de vulgarisation, car ce public va ensuite déterminer un certain nombre de critères à respecter, notamment pour ce qui est du style d’écriture.

Après avoir choisi un public, il s’agira de choisir un sujet ; cela paraît évident, mais reste capital. Le sujet ne devrait pas être trop vaste, car présenter beaucoup d’informations de façon générale s’avère contre-productif pour le lecteur, qui pourrait se sentir submergé.

Mieux vaut présenter un aspect particulier d’un domaine et le développer, afin de l’expliquer avec suffisamment de précision pour que le lecteur ait une vision « en profondeur » du sujet abordé.

Enfin, la structure de l’article de vulgarisation, comme le rappelle Sophie Malavoy, diffère totalement de la structure utilisée dans les rapports scientifiques. Il convient de trouver un

« fil conducteur » qui facilitera la lecture et lui conférera le caractère « poétique » que nous avons vu plu haut. Par exemple, les résultats devraient être présentés au début, et non à la fin de l’article, comme dans les rapports ; ou alors, aller du particulier au général, afin de rendre le texte plus dynamique.

5.2.2 2e principe : attirer le lecteur

Tout l’enjeu d’un article de vulgarisation scientifique est d’arriver à capter l’attention du lecteur, et cela dès le titre. Celui-ci doit inciter à la lecture et peut être accrocheur, anecdotique, ou encore faire référence à un sujet d’actualité. Emprunté au style journalistique, le titre doit toutefois correspondre au sujet et au ton de l’article, afin de ne pas donner une fausse piste au lecteur. Un « chapeau » est également bienvenu, puisque ce dernier permet au lecteur de se faire une idée plus précise du sujet et de l’aider ainsi à décider si l’article l’intéresse ou non.

5.2.3 3e principe : s’exprimer de façon simple

18 Pour qu’un texte de vulgarisation soit efficace, il faut éviter au maximum les termes techniques, le jargon et les redondances. Le but n’est pas d’intimider le lecteur par un foisonnement de termes qui risqueraient, non pas de susciter son admiration, mais de le rebuter. Si un terme technique doit apparaître en raison de son importance dans le texte ou s’il doit être répété plusieurs fois, il s’agira de l’expliquer, clairement et simplement, dès son apparition. Si l’emploi d’un jargon ou d’une terminologie spécifique peut, certes, évoquer une part de crédibilité ou de sérieux, il fait naître un sentiment de malaise chez le lecteur, qui prend conscience de l’étendue de « son ignorance ». Par ailleurs, l’on a même tendance à critiquer les scientifiques en les accusant de se réfugier derrière un vocabulaire hermétique, compris d’eux seuls. Une « barrière linguistique » néfaste, car origine de méfiance de la part du public qui ne sait pas et qui pourrait, à tort ou à raison, avoir l’impression qu’on lui ment. D’où l’importance d’utiliser le moins de termes techniques possibles et, s’il y a lieu, d’expliciter ceux-ci.

5.2.4 4e principe : imager son propos

Comme nous l’avons mentionné, le but d’un texte de vulgarisation est de faire comprendre des notions souvent abstraites ; les figures imagées telles que la métaphore, la comparaison et l’analogie offrent un bon moyen d’expliquer ces notions. Sans tomber dans le mythe, ces figures stylistiques colorent le propos, lui donnent une dynamique et vont raviver l’intérêt du lecteur. Ce moyen permet d’aborder des concepts inconnus du lecteur par des éléments familiers et parlants et, ainsi, de faciliter la compréhension. À la fois didactique et poétique, l’image donne du volume au texte vulgarisé et lui confère son caractère

« littéraire » qui rend la lecture plus fluide et naturelle que celle d’un « vulgaire » rapport scientifique.

5.2.5 5e principe : utiliser des illustrations

Les illustrations à proprement parler sont les divers dessins, images photographiques, schémas et graphiques venant agrémenter l’article de vulgarisation. L’illustration s’avère un excellent moyen de représentation et vient compléter l’information. À condition de ne pas en abuser (l’utilisation d’une photographie doit servir le propos et non un but ornemental), d’en effacer les détails inutiles, et de les compléter par une légende, les images sont aujourd’hui indispensables, voire « obligatoires ». L’image a pris tellement de place, par l’influence de la télévision notamment, qu’il est devenu évident pour les revues scientifiques qu’un article proprement illustré a plus de chances d’attirer le «

client-19 ignorant » qu’un article qui en serait dépourvu. Un travers du journalisme que dénonce notamment Bruno Dufay, pour qui la photographie, plus « artistique » qu’un schéma, va jouer avec l’émotion du lecteur et détourner son attention du propos13.