Universit´e Paris 7 MI3
L2 MIAS 2006-2007
Corrig´e de l’examen du 12 janvier 2007
Bar`eme indicatif : I = 2 ; II = 2 ; III = 2 ; IV = 6 ; V = 7 ; VI = 3
I) Question de cours. Soient A une matrice carr´ee d’ordre n, `a coefficients r´eels et S l’ensemble des fonctions X :R→Rn qui sont solutions de l’´equation diff´erentielle X0 =AX.
1) Montrons que S est un R-espace vectoriel.
En effet, soient (t, X1, X2) ∈ R × S2. La fonction Z = tX1 + X2 est d´erivable sur R et v´erifie Z0 =tX10 +X20 =tAX1+AX2 =A(tX1+X2) = AZ de sorte queZ ∈S.S est donc unR-sous-espace vectoriel du R-espace vectoriel des fonctions d´erivables de R dans Rn, donc un R-espace vectoriel.
2) Quelle est la dimension de S? (on ne demande pas de justifier la r´eponse).
S est un R-espace vectoriel de dimension n. En effet, un th´eor`eme du cours affirme que, pour tout x0 ∈ Rn, il existe une unique fonction Xx0 de R dans Rn qui soit solution de X0 = AX et v´erifie X(0) =x0. On peut ainsi d´efinir une application bijective f deRn dansS telle quef(x0) =Xx0 pour tout x0 ∈ Rn. On v´erifie ais´ement que f est lin´eaire, de sorte que f est un isomorphisme lin´eaire de Rn dans S etS est de dimenson n.
II) Soit α∈[0, π]. D´eterminons selon α la nature de la s´erie suivante : X
n≥1
sin
α+ 1 n2
. Notons un(α) = sin α+ n12
le terme g´en´eral de la s´erie `a ´etudier et remarquons que la suite (un(α))n∈N∗ tend vers sinα. Si α∈]0, π[, sinα6= 0 et la s´erie est grossi`erement divergente.
Siα= 0, un(α) est strictement positif et l’on a l’´equivalentun(α) = sin n12
∼ n12 lorsquen tend vers +∞. Comme la s´erie de RiemannP
n≥1 1
n2 est convergente, on en d´eduit, par le crit`ere de comparaison entre deux s´eries de terme g´en´eral positif, que la s´erie est convergente.
Siα =π,un(α) = sin π+n12
=−sin n12
est strictement n´egatif et, d’apr`es ce qui pr´ec`ede, la s´erie de terme g´en´eral −un(α) converge. On en conclut de mˆeme que la s´erie P
n≥1un(α) est convergente.
III) Soit (an)n∈N la suite des d´ecimales du nombre irrationnel π (a0 = 3, a1 = 1, a2 = 4, etc.). On consid`ere la s´erie enti`ere P∞
n=0anzn.
1) Montrons que le rayon de convergence de cette s´erie est sup´erieur ou ´egal `a 1.
Notons R le rayon de convergence de cette s´erie. Comme, pour tout n ∈N, 0≤an ≤9, |anrr| ≤ 9rn pour tout r ∈ [0,1[. Si 0 ≤ r < 1, la s´erie g´eom´etrique P
n≥0rn est convergente de sorte que, par comparaison, la s´erie P∞
n=0anrn est absolument convergente. Il en r´esulte que R≥1.
2) Montrons que l’ensemble M={n ∈N| an6= 0} est infini.
Raisonnons par l’absurde et supposons que M est un ensemble fini. Alors M admet un plus grand
´el´ement A = maxM ∈ N de sorte que, pour tout n ≥ A+ 1, an = 0 et l’on obtient l’expression suivante de π :
π =a0, a1a2· · ·aA =
A
X
j=0
aj10−j = PA
j=0aj10A−j 10A ∈Q,
ce qui est absurde puisque π est irrationnel. On en conclut que l’ensembleMest infini.
3) Prouvons enfin que le rayon de convergence de la s´erie est ´egal `a 1.
Pour tout n∈ M,an est un entier non nul de sorte que an ≥1. Il s’ensuit que, pour tout N ∈N∗,
N
X
j=0
an≥ X
n∈M∩[1,N]
1 = Card(M ∩[1, N]).
Comme M est une partie infinie de N, la suite croissante (Card(M ∩[1, N]))N∈N∗ tend vers +∞.
On en d´eduit que limN→∞PN
j=0an1n = +∞ et que la s´erie enti`ere P∞
n=0anzn n’est pas absolument convergente en z = 1. Donc R≤1 et, finalement, R = 1.
1
IV)Pour tout n∈N∗ et tout x∈R, on pose fn(x) = n(n+1)1 e−(n+1)x. 1) Montrons que la s´erie de fonctions P
n≥1fn est normalement convergente sur [0,+∞[.
Pour toutn ∈N∗et toutx∈R+, 0≤fn(x)≤ n(n+1)1 . Comme la s´erie de terme g´en´eral n(n+1)1 = n1−n+11 est convergente de somme 1, la s´erie P
n≥1fn converge normalement sur R+. 2) Si f(x) =P
n≥1fn(x) pour tout x∈R+, montrons que f est continue sur R+.
Appliquons un th´eor`eme du cours : comme chaque fonction fn est continue sur R+ et la s´erie de fonctions P
n≥1fn est normalement convergente sur R+, la fonction-somme f est continue sur R+. 3) Etudions la convergence normale de la s´´ erie d´eriv´ee P
n≥1fn0 sur R+ et sa convergence normale sur [b,+∞[ pour tout b >0.
Pour tout n∈N∗, fn est clairement d´erivable sur R+ avec fn0(x) =−n1e−nx. Ainsi supx≥0|fn0(x)|= 1n. Comme la s´erie harmoniqueP
n≥1 1
nest divergente, la s´erieP
n≥1fn0 n’est pas normalement convergente sur R+. Fixons b > 0. Alors, pour tout n ≥ 1, supx≥b|fn0(x)| = 1ne−nb ≤ e−nb. Comme la s´erie g´eom´etrique P
n≥1e−nb est convergente, la s´erie P
n≥1fn0 est normalement convergente sur [b,+∞[.
4) Montrons que f est d´erivable sur R∗+ = ]0,+∞[ et est d´ecroissante sur R+.
Fixonsb >0 de fa¸con `a remplir les conditions d’application d’un th´eor`eme du cours : chaque fonction fn est d´erivable sur [b,+∞[, la s´erie P
n≥1fn est convergente sur [b,+∞[ et la s´erie P
n≥1fn0 est normalement convergente sur [b,+∞[. On en conclut que la s´erie-somme f est d´erivable sur [b,+∞[
et que, pour tout x∈[b,+∞[, f0(x) = P
n≥1fn0(x) = −P
n≥1 1 ne−nx.
Commef est d´erivable sur [b,+∞[ pour tout b >0, f est d´erivable sur R∗+ et f0(x) =−P
n≥1 1 ne−nx si x∈R∗+. Comme f0 est n´egative sur R∗+ et f est continue sur R+, f est d´ecroissante sur R+.
5) Prouvons que, pour tout x∈R∗+, 0≤f(x)≤ 2(1−ee−x−x) et que limx→∞f(x) = 0.
Soit x ∈ R∗+. Comme fn(x) = n(n+1)e−x e−nx ≤ 12e−nx si n ∈ N∗, 0 ≤ f(x) ≤ 12P
n≥1e−nx = 121−ee−x−x. Commef est positive et x7→ 121−ee−x−x tend vers 0 en +∞, f tend aussi vers 0 en +∞.
6) Calculons f(0).
Pour tout n ∈N∗, fn(0) = n(n+1)1 = 1n− n+11 . La s´erie P∞
n=1fn(0) est donc une s´erie t´el´escopique et, pour toutN ∈N∗,
N
X
n=1
fn(0) =
N
X
n=1
1
n − 1 n+ 1
= 1− 1 N+ 1. tend vers 1 lorsque N tend vers +∞. Il en r´esulte que f(0) = 1.
V) Soient a ∈ R et ϕa l’endomorphisme de R3 dont la matrice dans la base canonique (e1, e2, e3) de R3 est :
Ma=
−1 −1 1
−1 a 1
−3 a−2 3
! .
1) D´eterminons le polynˆome caract´eristique χa de ϕa, ses valeurs propres et l’ensemble des r´eels a pour lesquels ϕa est diagonalisable.
Pour tout x∈R,χa(x) = det(Ma−xI3) se calcule par :
χa(x) =
−1−x −1 1
−1 a−x 1
−3 a−2 3−x
=
−x −1 1
0 a−x 1
−x a−2 3−x
=−x
1 −1 1
0 a−x 1 1 a−2 3−x
=−x x2 −(2 +a)x+ (1 +a)
=−x(x−1)(x−1−a).
Les valeurs propres de ϕa, racines du polynˆome caract´eristique χa, sont donc : 0, 1 et 1 +a.
Sia /∈ {0,−1}, ϕa, admettant trois valeurs propres deux `a deux distinctes, est diagonalisable.
2
Supposons a ∈ {0,−1} : 1 + a est racine double de χa alors que −a est racine simple. Alors, ϕa
est diagonalisable ssi l’espace propre E1+a(ϕa) de ϕa associ´e `a la valeur propre double 1 +a est de dimension 2, autrement dit ssi le rang de la matrice Ma−(1 +a)I3 est ´egal `a 1.
Or le rang de la matrice Ma−(1 +a)I3 = −2−a −1 1
−1 −1 1
−3 a−2 2−a
est 1 si a=−1, 2 sia = 0.
On en conclut que l’ensemble des r´eels a tel que ϕa est diagonalisable est R\ {0}.
2) D´eterminons l’ensemble des r´eels a pour lesquels ϕa est trigonalisable.
Comme le polynˆome caract´eristiqueχa deϕaest scind´e dansR,ϕaest trigonalisable pour touta∈R. 3) On suppose que a= 0. Trouvons une matrice inversible P et une matrice T de la forme :
T =
λ1 0 0 0 λ2 1 0 0 λ2
!
, telles que P−1M0P =T .
On sait d´ej`a que 0 est valeur propre simple de ϕ0 et 1 valeur propre double.
L’espace propre E0(ϕ0) de ϕ0 associ´e `a la valeur propre 0 est d´etermin´e par le syst`eme d’´equations lin´eaires : M0X = 0. Utilisant l’algorithme du pivot de Gauß sur les lignes, on obtient :
M0 =
−1 −1 1
−1 0 1
−3 −2 3
!
L1−→:=−L1
1 1 −1
−1 0 1
−3 −2 3
!
L2:=−→L2+L1 L3:=L3+2L1−L2
1 1 −1 0 1 0 0 0 0
!
Ceci fournit le syst`eme d’´equations de E0(ϕ0) : (x=z, y = 0) etu0 =e1+e3 est une base deE0(ϕ0).
Recherchons de mˆeme une base de l’espace propre E1(ϕ0) associ´e `a la valeur propre 1. Pour cela, appliquons l’algorithme du pivot de Gauß sur les lignes de la matrice M0−I3 :
M0−I3 =
−2 −1 1
−1 −1 1
−3 −2 2
!
L1:=−→−L2 L2:=L1
1 1 −1
−2 −1 1
−3 −2 2
!
L2:=−→L2+2L1 L3:=L3+L1−L2
1 1 −1 0 1 −1 0 0 0
!
L1:=L−→1−L2
1 0 0 0 1 −1 0 0 0
!
Ceci fournit le syst`eme d’´equations de E1(ϕ0) : (x= 0, y =z) et u1 =e2+e3 est une base deE1(ϕ0).
Recherchons un vecteurv1 ∈R3 tel que (ϕ0−idR3)v1 =u1. Pour cela, on applique le mˆeme algorithme que pr´ec´edemment en ajoutant `a la matriceM0−I3 une quatri`eme colonne consitu´ee des coordonn´ees deu1, ce qui conduit au syst`eme : (x= 1, y =z−2). On choisit donc v1 =e1−2e2.
La matrice P= 1 0 1 0 1 −2
1 1 0
des coordonn´ees du syst`eme de vecteurs (u0, u1, v1) dans la base (e1, e2, e3) est clairement de rang 3 : (u0, u1, v1) est donc une base de R3 et P est la matrice de passage de la base (e1, e2, e3) dans la base (u0, u1, v1). NotonsT la matrice repr´esentantϕ0 dans la base (u0, u1, v1) de sorte que P−1M0P =T. Il vient queT= 0 0 0
0 1 1 0 0 1
.
4) Montrons qu’il existe une matrice diagonale D et une matrice N telles que N2 = 0, DN =N D et T =D+N et calculons Tk pour tout k ∈N pour en d´eduire une m´ethode de calcul de M0k.
PosonsD= 0 0 0
0 1 0 0 0 1
et N= 0 0 0
0 0 1 0 0 0
de sorte que T =D+N,N2 = 0 et DN =N D=N. CommeD et N commutent, la formule du binˆome de Newton prouve que, si k ∈Net k ≥2,
Tk= (D+N)k = X
0≤j≤k
k j
NjDk−j =Dk+kN Dk−1 =D+kN D =D+kN =
0 0 0 0 1 k 0 0 1
! ,
puisque Nj = 0 si j ≥2 et Dk=D pour toutk ≥1. Bien entendu, T0 =I3 et T1 =T.
Il en r´esulte que, sik ∈N∗,M0k = (P T P−1)k =P TkP−1 =P(T+(k−1)N)P−1 =M0+(k−1)P N P−1.
3
VI)Soit ϕ l’endomorphisme deR2 dont la matrice dans la base canonique (e1, e2) est : A= 0 1
−9 6
.
1) D´eterminons le polynˆome caract´eristique χ de ϕ et ses valeurs propres.
Pour tout x ∈ R, χ(x) = det(A− xI2) = −x(6−x) + 9 = x2 −6x + 9 = (x−3)2. 3 est donc l’unique valeur propre (double) deϕ.ϕ ne peut ˆetre diagonalisable car, sinon, il existerait une matrice inversible P telle que P−1AP = 3I2, i.e. A= 3I2, ce qui est absurde.
2) R´esolvons le syst`eme diff´erentiel
x0(t) = y(t)
y0(t) = − 9x(t) + 6y(t) , o`u les inconnues x et y sont des fonctions d´erivables de R dans R. Notons X la fonction inconnue deR dans R2 d´efinie par X(t) =
x(t) y(t)
.
Alors (x, y) est solution du syst`eme diff´erentiel ssiX0(t) = AX. Pour r´esoudre cette ´equation diff´erentielle, il nous faut trigonaliser la matrice A. On trouve ais´ement A=P T P−1 o`u
T = 3 1 0 3
, P = 1 0 3 1
et P−1 = 1 0
−3 1
.
Le syst`emeX0 =AX =P T P−1X´equivaut donc `aY0 =T Y, o`u l’on a pos´eY(t) =P−1X(t) =
u(t) v(t)
. Y0 =T Y s’´ecrit donc :
u0(t) = 3 u(t) + v(t)
v0(t) = + 3 v(t) .
La seconde ´equation a pour solutionv(t) = v(0)e3t. La premi`ere s’´ecrit alors : u0(t) = 3u(t) +v(0)e3t. ‘ Siw(t) =e−3tu(t), on constate que w0(t) = e−3t(u0(t)−3u(t)) =v(0) de sorte quew(t) = w(0) +v(0)t etu(t) = (u(0) +v(0)t)e3t. On en d´eduit que
Y(t) = e3t
u(0) +v(0)t v(0)
=e3t 1 t 0 1
u(0) v(0)
=e3t 1 t 0 1
Y(0) et X(t) = P Y(t) =e3tP 1 t
0 1
P−1X(0) =e3t 1−3t t
−9t 3t+ 1
X(0).
3) D´eterminons les solutions de l’´equation du second ordre E : f00(t)−6f0(t) + 9f(t) = 0.
Pour toute fonction f de R dans R deux fois d´erivable sur R, posons x = f et y = f0. Alors f est solution de E si et seulement si X = xy
est solution du syst`eme X0 =AX. En effet, X0 =
x0 y0
= f0
f00
=
f0
−9f + 6f0
=A f
f0
=AX.
Il r´esult alors de la question pr´ec´edente que les solutions de E sont : f(t) = e3t((1−3t)f(0) +tf0(0)).
4