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Les neutrons lents émis par le glucinium sous l’action
des rayons α
P. Auger
To cite this version:
LES NEUTRONS LENTS
ÉMIS
PAR LE GLUCINIUM SOUS L’ACTION DES RAYONS 03B1Par M. P. AUGER.
Faculté des Sciences de Paris. Laboratoire de Chimie
Physique.
Sommaire. 2014 Par l’action d’une source, formée de glucinium bombardé par des rayons 03B1, sur une chambre à détente contenant de l’hydrogène on a pu photographier
les trajectoires des protons projetés par le choc des neutrons Deux catégories très nettes de trajectoires peuvent être ainsi distinguées : les unes correspondant à des protons rapides, dus à l’action des neutrons de grande énergie, les autres correspondants à des
protons de faible vitesse provenant des chocs de neutrons lents, dont l’énergie cinétique et de l’ordre du dixième de celle du premier groupe. Ces neutrons lents sont émis en grande
partie directement, (indépendamment des effets secondaires, diffusion, chocs inélastiques) par le glucinium sous l’action des rayons 03B1 du polonium ou du radon et forment un
groupe diffus. Leur origine peut être cherchée dans une excitation des noyaux de Be par
les particules 03B1, sans capture de celle-ci, l’énergie d’excitation étant ensuite, au moins
en partie, employée à l’émission d’un neutron.
1.
Méthode,
appareils. -
Si l’on fait traverser par lerayonnement
d’une source de Bothe et Becker(glucinium
métal bombardé par les rayons a dupolonium)
l’atmosphère
d’une chambre à détenteremplie d’hydrogène
humide,
on obtient les traces destrajec-toires des
protons
projetés
par le choc desneutrons
(effet Joliot-Curie) (1).
Laméthode-permet
d’étudier avecprécision l’origine
de latrajectoire puisque
le choc a lieu au sein du gaz, et aussi de mettre en évidence lesprotons
projetés
avec de faiblesvitesses, puisque
lestrajectoires
sontplus longues
que dans l’air etqu’un proton parcourant quelques
dixièmes de millimètres estdéjà
décelable.Les
appareils qui
ont servi dans cette étude sont : ,1° Un
appareil identique
à celui décrit dans un travail antérieur(2).
Photographie
dans deux directionsrectangulaires.
Diamètre 10 cm,5 ;
20 Une chambre à détente
automatique
pouvant
êtreplacée
dans unchamp
magné-tique. Photographie
stéréoscopique. Diam.,
8 cm ;3° Une chambre
pouvant
supporter
unepression
de 2 à 3atmosphères, photographie
unique.
Diamètre 9 cm, 5."
Ils ont été
chargés d’hydrogène
humide à lapression
atmosphérique
pour les deuxpremiers,
sous 2,5atmosphères
pour le troisième. Ungrand
nombre de clichés ont étéfaits,
avec des sources de deuxespèces :
Une source formée d’undisque
deglucinium
métal accolé à une
préparation
depolonium (cette
source nous a étéprêtée obligeamment
par M. et
Joliot-Curie)
et uneampoule
d’émanation du radium contenant de lapoudre
deglucinium ;
lespréparations
activesatteignaient
150 à 200 millicuries. Dans le cas del’ampoule
d’émanation la source atoujours
été enfermée dans un bloc deplomb
de 5 cmd’épaisseur,
de manière à diminuer l’action des rayons y.Des écrans de
paraffine pouvaient
êtredisposés
autour del’appareil
n° 2 et de la source, pour diminuer l’action de diffusion des masses voisines. Des diffuseursmassifs,
formés debriques
deplomb,
de cuivre rouge,d’aluminium,
pouvaient
êtreplacés
pouraugmenter
au contraire cette action.(1) P. AUGER, C. R., 194 (1932), 877; 195 (1932), 234; 196 (1933), 170. L. àIEITNER et PHILIPP,
20 (1932), 929. KURIE, Phys. Rev., 43 (t933), 6°T2- i 71. FBATHEB, Proc. Roy. Soc., 142 (1933), 68!9.,
(2) Ann. de
Physique,
X, 6 (IU~26), 193-202. ,720
2. Observation des clichés. - On voit sur les
photographies
destrajectoires
typiques
d’électrons,
dont nous ne tiendrons pascompte.
Ensuite de fortes traces rectilignes
qui
sont engrande majorité
destrajectoires
deprotons,
cequi
a d’ailleurs pu être confirmé par leur courburemagnétique, gràce
àl’appareil
n° 2. Cesprotons
sont enpartie empruntés
à lagraisse
ou à l’humiditéqui tapisse
lesparois
del’appareil,
et alors leurorigine
n’est pasvisible;
pour lesautres,
qui
nous intéressentici,
leproton
a été heurté au sein du gaz, et l’onpeut
très distinctement voirl’origine
de latrace,
et vérifierqu’aucune
trajectoire
ionisanten’y
aboutit.L’examen des
trajectoires
montre tout de suite l’existence de deuxcatégories :
i 0 les traces trèsrectilignes,
peuionisantes, portant
des barbelures adventices dues auxrayons 9
de
collision,
desprotons
rapides,
cliché1 ;
~° les tracesépaisses, quelquefois
coudées oubifurquées,
courtes et sansbarbelures,
desprotons lents,
cliché 2. Lespremières
tra-versent toutl’appareil
et vont seperdre
dans laparoi ;
les secondes sont souvent contenues en entier dans le gaz, cequi
permet
d’évaluer leur parcours, et parconséquent
1"énergie
cinétique
duproton.
Il y a naturellement aussi un certain nombre de traces
douteuses,
qui
vont seperdre
dans lesparois
sansporter
les caractères desprotons
rapides ;
onpeut
leplus
souvent voir s’ils’agit
vraiment d’unproton
lentd’après
l’aspect,
et le déchetqui
subsiste est peuimportant.
Pour faire des évaluationsd’importance
relative,
il faut naturellement ne tenircompte
que des tracesprenant
naissance dans un volume bien défini de gaz ; si l’onprend
cetteprécaution
on voit que les traces courtes sontplus
nombreuses,
etquelquefois
beaucoup plus,
que les traces deprotons
rapides.
Les directions de cestrajectoires
serépartissent
dans tout ledemi-espace
en avant, parrapport
à la source, et il y a même uncertain nombre
(de
l’ordre de detrajectoires
courtesqui
sontdirigées
en sensinverse,
comme le montre l’action duchamp magnétique.
3.
Statistique
de parcours. - Lapremière
impression
donnée par l’observation des clichés est confirmée par unestatistique
deslongueurs
des traces obtenues dans les mêmes conditions. Avec ledispositif
n° 1 à deuxappareils
rectangulaires,
onpeut
obtenir les vraiesgrandeurs
destrajectoires ;
avec les deux autres on n’aqu’une
projection,
mais onpeut
cependant
utiliser les résultatsqu’ils
donnent en tenantcompte
des effets deperspective.
Dans ces
statistiques
le seul groupequi figure
effectivement est celui destrajectoires
contenues en evtier dans le gaz. En dehors de ce groupecourt,
il y a un groupe douteuxqui
atteint uneparoi
sansporter
derayons ~
decollision,
et le grouperapide.
Dans tous les cas, le groupe court a montré les caractères suivants : 1° il y a des
tra-jectoires
de toutes leslongueurs, depuis
0,5
mmjusqu’à
tout le diamètre del’appareil
(soit
6 cm, au-dessus de cettelongueur
les deux extrémités ne sontplus
visibles)
et cer-tainementplus; 21,
Il y a une abondance detrajectoires
de parcours faiblequi indique
une sorte de groupe. Pour
préciser
ces remarques, onpeut
construire une courbe denormal. Par
exemple
dans un cas(appareil
n°3,
source Be+
Rn)
où 418trajectoires
ont été observées onaperçoit
très nettement un maximum trèsprès
del’origine
et une décrois-sance lente vers lesgrands
parcours(courbe 1).
La moitié destrajectoires
estcomprise
entre 0et 5 mm,
et sur 418 au total il y en a 343 inférieures à 50 mm, 26 douteuses et 49rapides.
Courbe 1.
Il est très difficile de dire ce
qui
se passe pour les trèspetits
parcours, l’observationdes
longueurs
au-dessous de0,5
mm devenant très hasardeuse.Cependant
ilparaît
bien y avoir un manque detrajectoires
au-dessous de 4 mm et une sorte de tête de bandeattei-gnant
très vite un maximum vers 5 ou 6 mm pour décroître trèsprogressivement
ensuite. La courbeintégrale
de laprécédente
montre assez bien cettedissymétrie (courbe 2).
Des observations dansl’hydrogène
souspression
réduitepourront
donner uneréponse plus
nette. D’autresstatistiques,
faites avecl’appareil
à deux clichés àangle
droit,
donnent un résultat semblable mais le nombre destrajectoires
mesurées en vraiegrandeur
n’a été que de 93(courbe 3).
4.
Energie
réelle des neutrons. - Le parcourset"par
conséquent
l’énergie cinétique
desprotons
projetés
ne donnequ’une
idéeapproximative
del’énergie
desneutrons;
il faudrait connaître danschaque
cas lesangles
destrajectoires
descorpuscules,
et les vitesses.722
Courbe 2.
neutrons a pu être faite avec
l’appareil
à deux clichésrectangulaires,
sur un nombre encore malheureusement assezpetit
detrajectoires (80).
Le résultat estcependant
asseznet pour
permettre
de déduire une loi de choc : comme dans le choc de deuxsphères
élastiques
sans frottement lecorpuscule
heurté(proton)
emporte
engénéral
uneportion
importante
del’énergie
ducorpuscule
incident(neutron).
Les chocs avecprojection
duproton
aux environs de 45° sont enmajorité.
Onpeut
donc dire que le groupe detrajectoires
protoniques
correspond
à un groupe de neutrons et que de larépartition énergétique
despremières
onpeut
tirerquelques renseignements
sur celle des seconds. D’ailleurs une étudestatistique
portant
sur 80trajectoires
danslaquelle
les parcours et lesangles
étaient mesurés danschaque
cas, apermis
de remonter aux vitesses et auxénergies
desneutrons
grâce
auxsuppositions
suivantes : -. 1° Le choc estélastique;
2° Les masses desparticules
sontvoisines ;
3° La loi reliant les parcours desprotons
dansl’hydrogène
et leurs vitesses est celle donnée par Blackett(1).
On a alors obtenu
(2)
larépartition
donnée dans la courbe 4 où les vitesses desneutrons sont
portées
enabscisses,
leur nombre en ordonnées. Le groupe de neutrons leplus
abondantpossède
une vitesse de0,~~. ~0~ cm/sec
cequi correspond
à uneénergie
de 100 kilowolts-électrons. On voit combien cette
énergie
estfaible,
comparée
à celle du groupe de neutronsrapides.
Courbe 4.
5.
Importance
relative des groupes. - Cettequestion
dont la solutionparaît
simple
est en réalité renduecomplexe
par l’existence d’une forte diffusion des neutrons lents par les noyaux lourds.Expérimentalement
cela se manifeste par une abondanceplus
grande
destrajectoires
courtes, toutes conditions restantidentiques, lorsqu’on
entoure la source etl’appareil
de masses deplomb
ou de cuivre parexemple ;
au contraire l’éli-mination desdiffuseurs,
et l’établissement d’unrempart
épais
deparaffine
destiné àl’absorption
des neutronsqui pourraient
être diffusés par lesobjets
inamovibles(murs,
corps del’appareil)
amène une réduction sensible du nombre de cestrajectoires.
Lesrapports
du nombre desprotons
lents au nombre desprotons
rapides
excités par le (1) Proc. Roy. ~~’oc., 134 (t932), p. 638.724
rayonnement
de[Be
+
Po] après
élimination des diffuseurs est voisin del’unité;
si l’on .opère
enprésence
de diffuseurs onpeut
presque doubler ce nombre. Dans le cas de lasource
[Be
+
Rn]
on nepeut
éviter laprésence
deplomb
autour de la source, et si dansce cas on entoure le tout encore avec du métal
épais
pour seplacer
dans des conditionsanalogues
auxprécédentes
on obtient unrapport
voisin de 10.’
La
conclusion,
malheureusement très peuprécise,
est que la source d’émanationproduit
relativementplus
detrajectoires
courtes que la source depolonium, peut-être
cinq
foisplus,
et que cette dernièreproduit
à peuprès
autant detrajectoires
courtes que detrajectoires rapides.
6.
Origine
des neutrons lents. - Etant donné l’effet des diffuseurs surl’impor-tance relative du groupe
lent,
onpouvait
se demander si unepartie importante
de cesneutrons lents ne
proviennent
pas, dans tous les cas des chocsinélastiques
des neutronsprimaires rapides,
venus de la source, avec les noyaux de la matière environnante. Ces chocsinélastiques, accompagnés
de laperte
de laplus
grande
partie
del’énergie cinétique
duneutron,
s’ajouteraient
à l’effet de diffusionsimple (chocs
élastiques)
des neutrons lentsvenus de la source. - L’existence d’un tel mécanisme ne
parait cependant
pas nécessaire pourl’interprétation
des résultats actuels. Enparticulier
une étudie de larépartition
dansl’espace
desorigines
des rayonsprotoniques (c’est-à-dire
des lieux dechoc)
a puren-seigner
sur la loi de décroissance de l’intensité durayonnement
de neutrons en fonction de la distance à la source. Ce n’est pas exactement la relation en raison inverse du carré de la distance àlaquelle
on doit s’attendre dans le cas d’une sourceponctuelle
sansdiffusion ;
cependant,
même dans lesexpériences
avec diffuseur entourantl’appareil,
la décroissance est suffisante pourobliger
à chercher dans la source deglucinium l’origine
directe d’une trèsgrande
partie
des neutrons lents.7.
Hypothèses. -
Laissant de côté les mécanismes secondaires(diffusion,
chocsinélastiques)
il faut donc essayer de donner uneinterprétation
de l’émission par leglu-cinium de neutrons de faible vitesse. Une telle
interprétation
(1)
résultant de la considé-ration de chocsinélastiques spéciaux
desparticules x
contre les noyaux deglucinium,
danslesquels
laparticule x
ne serait pascapturée
maisperdrait
seulement del’énergie.
Le noyauqui
serait ainsi excité par le passageproche
d’uneparticule a perdrait
ensuite sonénergie potentielle
paréjection
de son neutron(la
formule de 9Bepouvant
être écrite(2a +
n)
suivant un mécanismequi
n’est pas sansanalogie
avec l’autoionisation dans l’effetphoto-électrique
composé (2). Remarquons
que leneutron,
qui
neporte
pas decharge,
peut
quitter
le noyaupositif
avec une vitesse faible.De tels chocs ne se
produisant
que pour desparticules a
de vitessesuffisante,
doivent êtreplus
abondantslorsque
les rayons cequi bombardent
legluciniumsont plus pénptrants,
ceci s’accorde bien avec l’observation faiteplus
haut du nombreplus grand (relativement
autotal)
detrajectoires
courtes dans le cas des sourcesglucinium
+ émanation,
parrapport
au cas de la source deglucinium
+
polonium.
(1) L’idée d’un mécanisme de ce genre se trouve dans l’ouvrage de Gamow. Elle a été reprise récem-ment par Elsaesser.
(2) Le noyau formé, SBe, n’étant sans doute pas stable, se scinderait en deux particules oc de faible
énergie.