L3 Math´ematiques 16 d´ecembre 2013
Examen de M´ethodes Variationnelles : corrig´e
Question de cours. Voir polycopi´e
Exercice 1. On consid`ere l’espaceE =M2(R)des matrices2×2 `a coefficients r´eels. On munit E de la normeN d´efinie par, siM =
m11 m12 m21 m22
,
N(M) = max{|m11|,|m12|,|m21|,|m22|}. SoitA =
2 −1 3 4
, on consid`ere l’applicationϕA:E →Ed´efinie par ϕA(M) =AM.
a)Justifier queϕAest une application lin´eaire continue.
SoientM, M0 ∈E etλ∈R, on a
ϕA(M+λM0) = A×(M+λM0) = AM +λAM0 =ϕA(M) +λϕA(M0),
doncϕAest lin´eaire. CommeE =M2(R)est de dimension finie (dim(E) = 4),ϕAest continue.
b)Rappeler la d´efinition de|||ϕA|||et montrer que|||ϕA|||= 7.
Par d´efinition,|||ϕA|||= sup
M6=0
N(ϕA(M))
N(M) = sup
N(M)≤1
N(ϕA(M)) = sup
N(M)=1
N(ϕA(M)).
SoitM ∈E, on calcule
ϕA(M) =AM =
2m11−m21 2m12−m22 3m11+ 4m21 3m12+ 4m22
,
et donc
N(AM) = max{|2m11−m21|,|2m12−m22|,|3m11+ 4m21|,|3m12+ 4m22|}
≤ max{2|m11|+|m21|,2|m12|+|m22|,3|m11|+ 4|m21|,3|m12|+ 4|m22|}
≤ max{3N(M),3N(M),7N(M),7N(M)}
= 7N(M).
On en d´eduit que |||ϕA||| ≤ 7. Par ailleurs, si on prend M =
1 1 1 1
on a N(M) = 1 et
AM =
1 1 7 7
d’o`uN(AM) = 7et donc|||ϕA||| ≥7. Finalement,|||ϕA|||= 7.
On rappelle qu’une normeN surM2(R)est dite matricielle s’il existe une normek · ksurR2telle que pour toutM ∈ M2(R)
N(M) = sup
X∈R2,kXk≤1
kM Xk.
c)Montrer que siN ´etait une norme matricielle on aurait|||ϕA||| ≤N(A).
SiN est une norme matricielle, elle v´erifieN(AM)≤N(A)N(M)pour tousA, M ∈M2(R). Et donc
|||ϕA|||= sup
N(M)≤1
N(ϕA(M)) = sup
N(M)≤1
N(AM)≤ sup
N(M)≤1
N(A)N(M) = N(A).
d)En d´eduire queN n’est pas une norme matricielle.
On a vu au b) que|||ϕA||| = 7. Mais on aN(A) = 4. D’apr`es c),N ne peut pas ˆetre une norme matricielle puisque|||ϕA|||> N(A).
Exercice 2. Soient f et g d´efinies par f(x, y) = x2 +y2 et g(x, y) = x4 +y4 −1. On note Γ ={(x, y)∈R2|g(x, y) = 0}.
a)Montrer queΓ⊂ {(x, y)∈R2| |x| ≤1et|y| ≤1}.
Soit(x, y)∈Γ. On ax4+y4 = 1. Commey4 ≥0on ax4 ≤1et donc|x| ≤1. De mˆemex4 ≥0 doncy4 ≤1et ainsi|y| ≤1.
b)Justifier quef poss`ede un minimum global et un maximum global surΓ.
D’apr`es a) l’ensemble Γ est born´e. De plus la fonction g : R2 → R est continue et {0} est ferm´e dansRdoncΓ =g−1({0})est ferm´e. L’ensembleΓest ferm´e et born´e dansR2 qui est de dimension finie doncΓest compact.
La fonctionf est continue etΓest compact, doncfposs`ede un minimum global et un maximum global surΓ.
c)D´eterminer le minimum et le maximum defsurΓ. (On pourra ˆetre amen´e `a r´esoudre un syst`eme ayant8solutions.)
On va chercher `a appliquer le th´eor`eme des extrema li´es. Les fonctionsf etg sont d´efinies surR2 qui est bien un ouvert deR2 et la fonctionf est de classeC1. Il faut encore v´erifier queΓest une contrainte r´eguli`ere:
• La fonctiongest bien de classeC1.
• La jacobienneJ g(x,y) = 4x3 4y3
deg est de rang1si et seulement si(x, y) 6= (0,0).
Comme(0,0)∈/ Γ,J g(x,y)est de rang1pour tout(x, y)∈Γ.
Le th´eor`eme des extrema li´es permet d’affirmer que si(x, y)est un extremum defsurΓil existe λ∈Rtel que
∂f
∂x(x, y) = λ∂g∂x(x, y)
∂f
∂y(x, y) = λ∂g∂y(x, y) g(x, y) = 0
⇐⇒
2x = λ4x3 2y = λ4y3 x4+y4 = 1
⇐⇒
x(1−2λx2) = 0 y(1−2λy2) = 0 x4+y4 = 1 La premi`ere ´equation donne x = 0ou2λx2 = 1 et la deuxi`eme y = 0 ou2λy2 = 1. Six = 0, avec la contrainte on trouvey = ±1et donc avec la deuxi`eme ´equation λ = 1/2. Si y = 0, de mˆeme avec la contrainte on trouvex=±1et avec la premi`ere ´equation on aλ= 1/2. Finalement
si 2λx2 = 2λy2 = 1, on obtient x2 = y2 = 2λ1 , en particulier λ > 0. On remplace dans la contrainte et on obtientλ2 = 1/2et donc (λ > 0) on aλ= 1/√
2. Ainsix2 =y2 = 1/√
2et donc x=±2−1/4ety=±2−1/4.
On a ainsi8solutions:(1,0),(−1,0),(0,1),(0,−1),(2−1/4,2−1/4),(2−1/4,−2−1/4),(−2−1/4,2−1/4) et(−2−1/4,−2−1/4).
Pour d´eterminer le maximum et le minimum def, on calcule la valeur def en chacun de ces8 points. On trouve que
f(1,0) =f(−1,0) = f(0,1) =f(0,−1) = 1
et
f(2−1/4,2−1/4) =f(2−1/4,−2−1/4) = f(−2−1/4,2−1/4) =f(−2−1/4,−2−1/4) = √ 2.
Le minimum def surΓest donc1et son maximum√ 2.
d)L’ensembleΓest une courbe dans le plan. Que repr´esentent g´eom´etriquement le minimum et le maximum trouv´es `a la question b).
f(x, y) =x2+y2 repr´esente le carr´e de la distance du point(x, y)au pointO(0,0). Le minimum def surΓest donc le carr´e de la distance minimum entreOetΓet le maximum def surΓle carr´e de la distance maximum entreOetΓ.
Exercice 3. On consid`ere l’espaceE = C0([0,1]) des fonctions continues sur [0,1]muni de la normekfk∞ = sup
x∈[0,1]
|f(x)|. On rappelle que(E,k · k∞)est un espace de Banach. On consid`ere l’applicationϕ :E →E d´efinie parϕ(f) = cos◦f, i.e.ϕ(f)est la fonction d´efinie par
(ϕ(f))(x) = cos(f(x)).
a)Montrer que pour tousaettdansRon a
|cos(a+t)−cos(a) +tsin(a)| ≤ t2 2.
On applique la formule de Taylor-Lagrange `a la fonctioncosentreaeta+t `a l’ordre2: la d´eriv´ee decosest−sinet sa d´eriv´ee seconde est−cosdonc il existeαentreaeta+ttel que
cos(a+t) = cos(a)−tsin(a)− t2
2 cos(α).
On en d´eduit que
|cos(a+t)−cos(a) +tsin(a)|= t2
2|cos(α)| ≤ t2 2.
b)Soitf ∈ E. Montrer queϕ est diff´erentiable enf de diff´erentielle l’applicationL :h 7→L(h) o`u, pour touth∈E,L(h) :R→Rest la fonction donn´ee par
L(h) :x7→ −h(x) sin (f(x)).
Il faut montrer queLest une application lin´eaire continue et queϕ(f+h)−ϕ(f)−L(h) =o(h).
• On v´erifie ais´ement queLest lin´eaire. Par ailleurs, pour touth∈E et pour toutx∈[0,1]
on a
|L(h)(x)|=|h(x)| × |sin(f(x))| ≤ |h(x)|, et donckL(h)k∞≤ khk∞. AinsiLest bien continue (et|||L||| ≤1).
• Soit maintenanth∈E etx∈[0,1]. On applique a) aveca=f(x)ett =h(x). On obtient
|ϕ(f+h)(x)−ϕ(f)(x)−L(h)(x)|=|cos(f(x) +h(x))−cos(f(x)) +h(x) sin(f(x))| ≤ h(x)2 2 , et donc
kϕ(f +h)−ϕ(f)−L(h)k∞≤ khk2∞ 2 . d’o`u kϕ(f+h)−ϕ(f)−L(h)k∞
khk∞
h→0
−→0.
c)Montrer queϕest de classeC1. Indication: on pourra appliquer l’in´egalit´e des accroissements finis `a la fonctionsin.
On sait queϕest diff´erentiable, il reste `a montrer queDϕest continue. Soientf, g ∈E, on a
|||Dϕ(f)−Dϕ(g)||| = sup
khk∞≤1
kDϕ(f)(h)−Dϕ(g)(h)k∞
= sup
khk∞≤1
sup
x∈[0,1]
|−h(x) sin(f(x)) +h(x) sin(g(x))|
!
≤ sup
khk∞≤1
sup
x∈[0,1]
|h(x)|
| {z }
=khk∞
× sup
x∈[0,1]
|sin(f(x))−sin(g(x))|
≤ sup
x∈[0,1]
|sin(f(x))−sin(g(x))|.
On applique l’in´egalit´e des accroissements finis `a sinentre f(x) et g(x). Sa d´eriv´ee est cosqui v´erifie|cos(t)| ≤1pour touttdonc|sin(f(x))−sin(g(x))| ≤ |f(x)−g(x)|. Finalement on a
|||Dϕ(f)−Dϕ(g)||| ≤ sup
x∈[0,1]
|f(x)−g(x)|=kf −gk∞.
Etant donn´e´ > 0, si kf −gk∞ < on a |||Dϕ(f)−Dϕ(g)||| < , ce qui prouve que Dϕest continue (et mˆeme uniform´ement continue surE).
d)Soitf0 ∈E d´efinie parf0(x) = 1 +x.
i) Montrer queDϕ(f0)est bijective deEdansE.
Si h ∈ E, Dϕ(f0)(h) : x 7→ −h(x) sin(1 +x). ´Etant donn´eek ∈ E on cherche donc h ∈E tel queDϕ(f0)(h) = k, c’est-`a-dire−h(x) sin(1 +x) =k(x)pour toutx∈[0,1].
Comme la fonctionsin(1 +x)ne s’annule pas sur[0,1],
−h(x) sin(1 +x) =k(x) ⇐⇒ h(x) = − k(x) sin(1 +x).
Cette derni`ere est bien une fonction continue sur[0,1]donckadmet un unique ant´ec´edent parDϕ(f0). AnsiDϕ(f0)est bien bijective deE dansE.
ii) Montrer queϕest localement inversible au voisinage def0.
On cherche `a appliquer le Th´eor`eme d’inversion locale `aϕenf0:Eest bien un Banach (cf
´enonc´e) etϕest de classeC1 (cf c)). Par ailleursDϕ(f0)est bijective d’apr`es la question i). Il reste `a montrer que(Dϕ(f0))−1 est continue. Sik ∈ E on a, cf i),(Dϕ(f0))−1(k) : x 7→ − k(x)
sin(1 +x) et donc k(Dϕ(f0))−1(k)k∞ ≤ 1
sin(1 +x)
∞
× kkk∞ (la fonction x 7→ sin(1+x)1 est bien dans E puisque sin(1 +x) ne s’annule pas). D’o`u (Dϕ(f0))−1 est continue (de norme inf´erieure ou ´egale
1 sin(1 +x)
∞
). On peut donc appliquer le th´eor`eme d’inversion locale `aϕenf0.
e) Soitf1 ∈ E d´efinie par f1(x) = x. Peut-on appliquer le th´eor`eme d’inversion locale en f1? Justifiez votre r´eponse.
Pour pouvoir appliquer le th´eor`eme en f1 il faut en particulier que Dϕ(f1) soit bijective de E dans E. On remarque que f1(0) = 0 et donc en particulier sin(f1(0)) = 0. Ainsi, quelque soit h∈E, on a(Dϕ(f1)(h))(0) =−h(0) sin(f1(0)) = 0. L’image de n’importe quelle fonctionhest une fonction qui s’annule en 0. Dϕ(f1)n’est donc pas surjective deE dansE (les fonctions ne s’annulant pas en 0n’ont pas d’ant´ec´edent) et donc pas bijective. On ne pourra pas appliquer le th´eor`eme enf1.
f)Etant donn´ee´ f ∈ E, donner une condition n´ecessaire et suffisante pour pouvoir appliquer le th´eor`eme d’inversion locale enf.
On va montrer qu’on peut appliquer le th´eor`eme enf si et seulement si la fonctionsin(f(x))ne s’annule pas sur[0,1], i.e. f(x)∈/ πZpour toutx∈[0,1].
• Si sin(f(x))s’annule en x0 ∈ [0,1], par le mˆeme raisonnement qu’au e) on montre que pour touth∈Eon aurait(Dϕ(f)(h))(x0) = 0et doncDϕ(f)ne pourra pas ˆetre surjective et donc pas bijective. On ne pourra donc pas appliquer le th´eor`eme.
• Si maintenant sin(f(x))ne s’annule pas sur[0,1], on raisonne comme au d). On montre que Dϕ(f) est bijective et que sa r´eciproque est d´efinie par, sik ∈ E: (Dϕ(f))−1(k) : x 7→ − k(x)
sin(f(x)). Cette derni`ere est bien dans E puisque sin(f(x))ne s’annule pas. Il reste alors `a montrer que(Dϕ(f))−1est continue, c’est le mˆeme raisonnement qu’au d)ii), on a
k(Dϕ(f))−1(k)k∞≤ 1
sin(f)
∞× kkk∞
et donc(Dϕ(f))−1 est continue (de norme inf´erieure ou ´egale 1
sin(f)
∞
).