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PROJET «AMELIORER LA CAPACITE DES JEUNES ACTRICES ENGAGEES POUR L ERADICATION DES MARIAGES D ENFANTS EN AFRIQUE DE L OUEST» RAPPORT FINAL

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PROJET « AMELIORER LA CAPACITE DES JEUNES ACTRICES ENGAGEES POUR L’ERADICATION DES MARIAGES D’ENFANTS EN AFRIQUE DE

L’OUEST »

RAPPORT FINAL

ANALYSE DES COUTUMES QUI INFLUENT SUR LA PRATIQUE DES MARIAGES D’ENFANTS ET DES APPROCHES D’EVOLUTION DANS LES

LOCALITES DU PROJET

Consultants

M. Birama BAGAYOGO, Consultant Principal Mme Aissé DIARRA, Consultante Associée

JANVIER 2019

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Table des matières

SIGLES ET ABREVIATIONS ________________________________________________ 5 REMERCIEMENTS ________________________________________________________ 6 RESUME EXECUTIF _______________________________________________________ 7 I. INTRODUCTION ________________________________________________________ 11 1.1 Contexte et justification de l’étude ____________________________________________ 12 1.2. Objectifs et résultats attendus de l’étude _______________________________________ 12

Objectif Général __________________________________________________________ 12

Objectifs Spécifiques ______________________________________________________ 12

Résultats attendus _________________________________________________________ 13 II. DEMARCHE METHODOLOGIQUE _______________________________________ 13

2.1. Equipe de l’étude __________________________________________________________ 13 2.2 Sites de l’étude _____________________________________________________________ 13 2.3. Population cible de l’étude ___________________________________________________ 14 2.4 Etapes de la conduite de l’étude ______________________________________________ 14 2.4.1. Elaboration des outils de collecte de données ___________________________________________ 14 2.4.2 Revue documentaire _______________________________________________________________ 15 2.4.3 Phase terrain _____________________________________________________________________ 15 2.4.4 Saisie, analyse des données et production du rapport______________________________________ 16 2.5 Facteurs favorisant et difficultés rencontrées ____________________________________ 16 III. DEFINITION DES CONCEPTS CLES _____________________________________ 17 IV. PRINCIPAUX RESULTATS DE L’ETUDE _________________________________ 18 4.1 Présentation de la zone de l’étude _____________________________________________ 18 4.2 Emergence du mariage des enfants dans les cercles de Kayes et Nioro _______________ 19 4.3. Analyse des causes du mariage des enfants _____________________________________ 20 4.3.1. Nature ou origine religieuse _________________________________________________________ 20 4.3.2. Nature ou origine culturelle _________________________________________________________ 21 4.3.3. Nature ou origine individuelle _______________________________________________________ 23 4.4. Manifestations actuelles du mariage des enfants _________________________________ 24 4.5 Acteurs impliqués dans le processus du mariage des enfants _______________________ 25 4.6. Perception sur le mariage des enfants _________________________________________ 31 4.7. Connaissances des conséquences du mariage des enfants _________________________ 32 4.8. Coutumes favorisant le mariage des enfants ____________________________________ 35 4.8.1. Critères de définition d’une fille remplissant les conditions pour être femme _________________ 35 4.8.2. Facteurs culturels et sociaux_________________________________________________________ 36 4.8.3. Facteurs économiques _____________________________________________________________ 37 4.8.4. Facteurs comportementaux__________________________________________________________ 38

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4.8.6. Facteurs juridiques ________________________________________________________________ 38 4.9. Acteurs clés et stratégies de maintien du mariage des enfants ______________________ 39 4.10. Coutumes influençant négativement le ME ___________________________________ 40 4.11. Mécanismes endogènes d’évolution des coutumes _______________________________________ 40 4.11.1 Périodes historiques des mutations __________________________________________________ 44 4.12. Stratégie de plaidoyer pour la transformation des normes favorables au Mariage des enfants ______________________________________________________________________ 45 V. CONCLUSIONS _________________________________________________________ 0 ANNEXE 1 : REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES _____________________________ 2

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SIGLES ET ABREVIATIONS

AMSOPT Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation des Pratiques Traditionnelles

ASDAP Association de Soutien au Développement des Activités de Population CAFO Coordination des Associations et ONG Féminines du Mali

DRS Direction Régionale de la Santé

DRPFEF Direction Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille

EI Entretien Individuel

FAWE Forum des Educatrices Africaines FGD Focus Group de Discussion

FNUAP Fond des Nations Unies pour la Population IEC Information, Education et Communication

ME Mariage des Enfants

MICS Multiple Indicator Cluster Survey

MPFEF Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille ONG Organisation Non Gouvernementale

OSC Organisation de la Société Civile PTF Partenaires Techniques et Financiers

RECOTRADE Réseau des Communicateurs Traditionnels pour le Développement UNICEF Fonds des Nations Unies pour l’Enfance

VBG Violences Basées sur le Genre

WILDAF Women in Law and Development in Africa

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REMERCIEMENTS

Dans les zones concernées par l’étude, des informations ont été recueillies auprès de plusieurs acteurs. Leur implication et participation dans les activités de collecte ont rendu facile la mobilisation et le respect du calendrier dédié à cette phase.

Aux termes de cette étude, l’équipe de l’étude exprime :

- Sa reconnaissance à l’équipe de WILDAF Afrique de l’Ouest pour avoir contribué à l’affinement méthodologique ainsi qu’aux éclaircissements au niveau des objectifs et résultats attendus de la mission ;

- Sa sincère reconnaissance aux équipes de WILDAF Mali, d’AMSOPT pour l’appui technique et conseils dans le choix des sites d’investigation dans les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel. La mise à disposition des contacts des points focaux dans les deux cercles a facilité la collecte des données dans les localités ;

- Sa reconnaissance au personnel de la Direction Régionale de la Santé et de la Direction Régionale de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille pour leur disponibilité;

- Sa gratitude aux membres des communautés ciblées par l’enquête qui ont accepté d’accueillir les agents de collecte et de répondre ouvertement aux questions posées malgré leur occupation quotidienne (période de récoltes) ;

- Sa reconnaissance aux jeunes activistes pour leur disponibilité et surtout la mobilisation des cibles de l’étude.

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RESUME EXECUTIF

Le nouveau programme « Améliorer la capacité des jeunes actrices engagées pour l’éradication des mariages d’enfants en Afrique de l’Ouest» est la suite logique des actions déjà entreprises par les acteurs de mise en œuvre (Etat, organisations de la société civile, associations) afin de renforcer et organiser les jeunes filles activistes et mobiliser d’autres acteurs stratégiques en vue de leur contribution à l’éradication du mariage des enfants dans deux (2) pays d’Afrique de l’Ouest.

Au Mali, ce sont les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel qui ont été ciblés par l’étude. Dans chacun de ces cercles, 2 communes et un village ont été sélectionnés en vue de collecter des informations.

En termes d’approche, la méthode qualitative et la revue documentaire ont été adoptées dans le but de collecte des informations auprès des différentes cibles (Chefs traditionnels et ou coutumiers, personnes âgées, hommes et femmes âgés de 30 à 49 ans, maîtresses de cérémonie de mariage, leaders religieux, femmes victimes de mariage des enfants ou qui souhaitent un mariage d’enfant, les jeunes activistes engagées…). L’intérêt du choix de ces 2 méthodes était de trianguler les informations collectées.

De façon globale, l’équipe de collecte de données a réalisé 40 entretiens individuels, 10 Focus group discussion et 4 récits de vie dans les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel.

Les investigations auprès des informateurs dans les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel ont permis d’aboutir aux résultats suivants :

Emergence du mariage des enfants dans les cercles de Kayes et Nioro

La revue de la littérature démontre qu’il y a une émergence du mariage des enfants dans les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel. Cette émergence est d’ordre multifactoriel et varie selon les réalités socioculturelles des différents milieux ethniques.

Causes du mariage des enfants

Cause religieuse : Les rapports sexuels et les grossesses hors mariage sont condamnés par la religion musulmane. C’est pourquoi les filles sont mariées très tôt. La diminution de la dot et des dépenses liées au mariage évoqués par certains leaders religieux musulmans, a favorisé davantage le mariage des enfants parce que la dot peu élevée était à la portée des hommes.

L’étude montre que la pratique du mariage des enfants est fréquente chez les musulmans que chez les chrétiens dont les filles sont généralement mariées à partir de 18 ans.

Cause culturelle : les raisons évoquées par les participants justifiant la pratique du mariage des enfants sont la consolidation des relations sociales au sein de la communauté, la préservation du respect que la fille doit aux parents, la volonté des adultes d’avoir des petits enfants et la recherche de main d’œuvre pour les travaux domestiques.

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Cause individuelle : la pauvreté de la famille, le mimétisme, le comportement non acceptable des filles et garçons durant la puberté, l’appartenance des filles au groupe de pairs ont été cités par les participants.

Manifestations actuelles du mariage des enfants

Dans les zones de l’étude, le mariage des enfants se manifeste sous plusieurs formes : fiançailles à bas âge, mariage consanguin, concubinage et échange de filles entre familles.

Acteurs impliqués dans le processus du mariage des enfants au niveau communautaire : ce sont entre autres :

- Les gardiens des us et coutumes (parents d’enfants, grand-pères, grand- mères, personnes âgées) ;

- Les hommes et femmes des familles démunies ; - Les hommes de caste (forgerons, griots) ;

- Les leaders religieux musulmans (Imams et adeptes).

Perception sur le mariage des enfants

Les perceptions positives du mariage d’enfants citées par les participants à l’enquête sont:

la protection des filles pour éviter le déshonneur (grossesses précoces et sans auteurs) la sauvegarde de l’honneur de la famille, le respect des prescriptions religieuses et la protection de la virginité.

Quant aux perceptions négatives, ce sont les conséquences physiques, les troubles psychologiques, la mortalité maternelle et infantile due à la grossesse précoce, la migration du mari laissant la jeune femme au sein de la famille, les lourds travaux domestiques pour le jeune âge, l’attitude de la belle-famille, etc.

Connaissances des conséquences du mariage des enfants

Sur le plan sanitaire, ce sont les complications au cours de la grossesse et de l’accouchement de la jeune mariée, (l’ouverture du col de l’utérus, la fistule obstétricale, la déchirure vaginale, la mort de la mère ou du nouveau-né).

Sur le plan psychologique/émotionnel, les enquêtés ont mis l’accent sur la dépression, le traumatisme et le dégoût du rapport sexuel.

S’agissant des conséquences sociales, ce sont la lourdeur des travaux ménagers, le refus des rapports sexuels et l’abandon de la jeune mariée. Il a été souligné que la pratique du mariage des enfants entraine la déscolarisation des filles.

Coutumes favorisant la pratique du mariage des enfants

Les facteurs culturels et sociaux qui sous-tendent la pratique du mariage des enfants sont entre autres la sauvegarde de la virginité de la fille et la sécurisation de la fille ;

Les facteurs économiques évoqués sont la pauvreté des parents, la recherche de la main d’œuvre et la sauvegarde de la richesse familiale.

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Pour ce qui concerne les facteurs comportementaux, les enquêtés ont cité l’adoption des mauvais comportements par les filles (sexualité précoce, sorties nocturnes avec des garçons, tenues indécentes, l’insuffisance d’éducation sexuelle et de communication entre parents et adolescents sur la sexualité ; l’influence négative des medias modernes, etc.)

Sur le plan religieux, le fait d’avoir un enfant naturel est un déshonneur qui rompt avec les principes musulmans.

S’agissant des facteurs juridiques, la majorité des personnes rencontrées, ignore l’âge légal du mariage du garçon (18 ans) et de la fille (16 ans) selon la législation Malienne. Le cadre de référence des parents pour donner les filles en mariage repose sur les signes biologiques et physiques.

Coutumes entravant le mariage des enfants

Dans les localités concernées par l’étude, les coutumes qui entravent le mariage des enfants ne sont pas ressorties dans les discours des personnes enquêtées. Celles-ci ont fait plutôt référence des facteurs qui ont tendance à influencer négativement sur la pratique du mariage des enfants. Parmi ces facteurs, il y a :

- Les cas de complications sanitaires liées au ME

A cause des mauvaises expériences vécues (mortalité maternelle et infantile, fistule…) certaines familles ne prennent pas des risques pour s’engager dans un mariage des enfants.

- La scolarisation des filles

Bien que n’étant pas une pratique coutumière, la scolarisation des filles a contribué dans certains cas à retarder l’âge du mariage de la jeune fille en milieu communautaire dans certaines familles.

Mécanismes d’évolution des normes traditionnelles

Au cours de l’enquête, il a été révélé que des pratiques coutumières en vigueur dans la zone de l’étude ont évolué et certaines tendent vers une disparition. Parmi celles-ci, il y a :

- L’abandon des rites de passage de l’enfance à l’âge adulte (par la pratique de l’excision) ;

- Le changement de la nature de la dot ;

- La réduction de la dot et l’allégement des dépenses du mariage ; - La mutation de l’éducation familiale ;

- La perte de certaines valeurs ancestrales comme l’honneur et la dignité ; - L’abandon des fiançailles à bas âge ;

- L’évolution des critères de choix de l’époux ;

- La réduction de la célébration du mariage collectif en milieu communautaire.

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Périodes historiques de l’évolution des normes

Les périodes historiques citées par les participants et ayant contribué à l’évolution des normes traditionnelles sont entre autres :

- L’avènement des biennales et des semaines artistiques - La sécheresse des années 80

- L’introduction des nouvelles technologies (télévision, téléphone mobile, réseaux sociaux)

- L’avènement de la démocratie en 1991

Il est utile de signaler qu’il a été difficile pour certains participants à l’enquête de retracer avec précision les périodes d’évolution des normes traditionnelles. Cependant, d’autres facteurs ayant contribué à l’évolution des normes ont été cité :

- Le brassage ethnique ;

- L’avènement de la scolarisation ; - L’exode rural.

Sur la base des mécanismes d’évolution endogènes des coutumes, l’étude a formulé une stratégie de plaidoyer pouvant favoriser la transformation des normes favorables à la pratique du mariage des enfants dans les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel.

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I. INTRODUCTION

Le Mali avec environ 55% de filles mariées avant l’âge de 18 ans et 15% avant 15 ans1 est parmi les dix pays africains où le taux de mariage des enfants est le plus élevé2. Bien qu’il soit une pratique commune dans tout le pays, les régions de Kayes (87%), Kidal (84%) et Koulikoro (78%) tiennent le peloton de tête.

La région de Kayes au Mali comptabilise 27% de femmes mariées avant leurs 15 ans et 74%

de femmes mariées avant d’atteindre 18 ans, soit un taux global de prévalence de 73,60%

contre 60,80% au niveau national. La prévalence du mariage des enfants au Mali a baissé depuis 2006 où elle se situait à 71%.3

Selon l’enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) de 2010, le mariage précoce est plus fréquent dans la région de Kayes avec 27% des femmes mariées avant leurs 15 ans et 74% des femmes mariées avant d’atteindre 18 ans, soit un taux global de prévalence de 73,60% (60,80% au niveau national). Les données placent Kayes en 1ère position devant Gao (73,20%), Koulikoro (71,70 %) et Tombouctou (67,70%)4.

L’EDSMV de 2012-2013 a confirmé cette tendance en situant à 17,2 ans, l’âge médian de la première union des femmes de 20 à 49 ans et à 17,7 ans celui des femmes de 25 à 49 ans dans la région de Kayes. L’appartenance ethnique constitue l’un des éléments majeurs de détermination du taux de mariage précoce avec un fort taux chez les peuls (72%).

Le cercle de Nioro du Sahel excelle dans la pratique courante du mariage d’enfant et la pratique apparait comme l’une des causes de la déscolarisation et de la non scolarisation des jeunes filles surtout en milieu rural.

C’est pourquoi, les ONG (AMSOPT, WILDAF-Mali) à travers une synergie d’action, veulent renforcer et organiser les jeunes filles activistes et mobiliser d’autres acteurs stratégiques en vue de contribuer à l’éradication du mariage des enfants dans deux (2) pays d’Afrique de l’Ouest dont le Mali et le Togo.

La présente étude s’inscrit dans le cadre du démarrage du Projet« Améliorer la capacité des jeunes actrices engagées pour l’éradication des mariages d’enfants en Afrique de l’ouest » qui a pour objectif global de renforcer et organiser les jeunes filles activistes et mobiliser d’autres acteurs stratégiques en vue de leur contribution à l’éradication du mariage des enfants dans deux (2) pays d’Afrique de l’Ouest.

1 UNICEF 2015 (n 7 ci-dessus) et basé sur une MICS de 2010 faite au Mali.

2 le Niger(75%),le Tchad et la République Centrafricaine (68%),le Bangladesh(66%),la Guinée (63%),le Mozambique (56%),le Mali(55%),le Burkina Faso et le Soudan du Sud (52%) et le Malawi(50%)

3Un rapport sur le mariage d’enfant en Afrique, Centre for Human Rights, University of Pretoria

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1.1 Contexte et justification de l’étude

Les études et rapports sur les mariages d’enfants mettent en exergue plusieurs facteurs socioculturels, économiques et juridiques qui concourent à la persistance de la pratique.

L’UNICEF en 2001 désigne les coutumes relatives au mariage, notamment à sa conception, au mode de choix et à l’âge des époux, comme étant à la base de la pratique. D’autres croyances traditionnelles et religieuses sur le rôle et la place de la femme et de l’homme dans la communauté et dans les ménages influencent les choix des membres des communautés qui perpétuent la pratique du mariage des enfants. Les croyances des populations ne leur permettent pas non plus de concevoir que les filles et les femmes puissent avoir des droits en santé de la reproduction, notamment celui de disposer de leur corps, de décider d’avoir ou pas des enfants, d’avoir des relations sexuelles et d’accéder à des méthodes de contraception.

Certaines de ces croyances veulent d’ailleurs que les filles puissent obligatoirement être mariées dès l’apparition de signes biologiques (les seins, la corpulence, les poils...) pour éviter une activité sexuelle ou une grossesse hors mariage.

Le cadre juridique non conforme dans certains pays aux normes internationales par exemple en matière d’âge nuptial, le dualisme juridique persistant dans les pays, l’inefficacité des administrations de l’état civil dans l’enregistrement des naissances constituent également des obstacles à l’abandon du mariage des enfants par les les familles.

Enfin, la pauvreté est aussi un obstacle à l’abandon de la pratique du mariage des enfants contre laquelle WILDAF se bat dans le cadre d’un programme démarré en 2016.

1.2. Objectifs et résultats attendus de l’étude

Objectif Général

L’étude vise à identifier et analyser les coutumes qui influent sur le mariage des enfants ainsi que des mécanismes d’évolution des coutumes en général dans les sociétés traditionnelles africaines en vue de s’en inspirer pour aider à des changements des coutumes favorables à la pratique néfaste des mariages d’enfants.

Objectifs Spécifiques

Il s’agit de :

 Identifier et de permettre une meilleure connaissance des coutumes qui ont une influence négative sur la pratique ou qui la favorisent ;

 Permettre une meilleure connaissance des facteurs et des mécanismes d’évolution des coutumes en général dans les sociétés traditionnelles africaines et des acteurs impliqués dans les processus d’évolution ;

 Proposer une stratégie de plaidoyer pour la transformation des normes favorables à la pratique du mariage des enfants qui se base sur les mécanismes d’endogènes d’évolution des coutumes en Afrique.

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Résultats attendus

Il est attendu de la présente étude, un rapport contenant une analyse:

 des coutumes qui ont une influence négative sur la pratique du ME ou qui la favorisent;

 des facteurs et des mécanismes d’évolution des coutumes en général dans les sociétés traditionnelles africaines et des acteurs impliqués dans les processus d’évolution du ME;

 une stratégie de plaidoyer pour la transformation des normes favorables à la pratique du mariage des enfants qui se base sur les mécanismes d’endogènes d’évolution des coutumes au Mali.

II. DEMARCHE METHODOLOGIQUE

La méthode qualitative de collecte de données a été adoptée et complétée par la revue documentaire. Elle a permis à travers les entretiens individuels approfondis et les Focus Group Discussion, de recueillir des informations auprès des cibles mentionnées dans les TDR.

2.1. Equipe de l’étude

La présente étude a été réalisée par une équipe de deux consultants (un consultant principal et une consultante associée) et 4 enquêteurs (dont deux femmes).

Les consultants

Le consultant principal, un anthropologue a assuré la coordination globale de l’étude. La consultante associée a assisté le consultant principal durant toute la période de l’étude.

Tous les deux ont participé à l’affinement méthodologique, la formation des agents de collecte, la réalisation de la revue documentaire, le suivi de la collecte de données, ainsi que la production des rapports (provisoire et final).

Les agents de collecte de données

Les données ont été collectées par une équipe composée de 4 personnes (dont un chef d’équipe et trois enquêteurs). Ils ont bénéficié d’une formation de deux jours qui a porté sur la présentation du contexte de l’étude, la démarche méthodologique, les sites choisis (de commun accord avec WILDAF Mali et AMSOPT) et les outils de collecte. Ceux-ci ont été présentés et traduits en langue locale (Parlée dans la zone).

Des jeux de simulation ont été réalisés par les agents de collecte sous la direction des consultants afin de les familiariser avec les outils pour une meilleure utilisation sur le terrain.

2.2 Sites de l’étude

La présente étude a été réalisée dans les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel dans la région de Kayes au Mali conformément aux Termes De Référence.

Les critères qui ont prévalu au choix des sites de collecte sont les suivants :

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- Une commune où AMSOPT et ou WILDAF Mali intervient;

- Une commune avec une forte prévalence de mariage des enfants et un niveau de pauvreté élevé;

- Une commune avec une faible prévalence de mariage des enfants et un niveau de pauvreté acceptable.

Dans le cercle de Kayes, les données ont été collectées dans les quartiers de la commune urbaine de Kayes (Lafiabougou et Kayes NDI), les villages des communes rurales de Bagassi et de Kouloun.

Pour ce qui concerne le cercle de Nioro du sahel, la collecte de données a eu lieu dans la commune urbaine de Nioro du sahel, les chefs-lieux de communes de (Tougoune Rangabé et Gadiaba Kadiel), des villagess de Gadiaba Diala et de Kamandapé.

2.3. Population cible de l’étude

Ce sont surtout les acteurs au niveau communautaire et de la Direction Régionale de la Promotion de la Femme, Enfant et Famille et Direction Régionale de la Santé qui ont été ciblés par l’étude. Il s’agit:

- Des chefs traditionnels ou coutumiers/Personnes âgées (Chef de village/quartier, conseiller villageois, guérisseur/guérisseuse/chasseur, Représentant RECOTRADE, personnes âgées de 50 ans et plus et autres personnes ressources);

- Des hommes et femmes mariées de 30 à 49 ans;

- Des femmes ayant subi ou souhaité le mariage des enfants ;

- Des jeunes activistes (filles et garçons) engagés pour la promotion de l’abandon du mariage des enfants;

- Des mmaîtresses de cérémonies de mariage (Demba, Magnamagan, Balimamousso kountigui, Démarcheurs) ;

- Des leaders religieux (Pasteur, Imam, Maitre coranique).

- Du personnel de la Direction Régionale de la Santé et de celle de Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille.

2.4 Etapes de la conduite de l’étude

2.4.1. Elaboration des outils de collecte de données

Outils de collecte de données

Dans le but de recueillir des données qualitatives primaires, les outils de collecte des données élaborés ont été harmonisés avec ceux du Togo. Il s’agit de six guides qui sont les suivants:

- Le guide de recueil de récits d’histoire du Mariage des enfants avec les chefs traditionnels ou coutumiers/Personnes âgées (Chef de village/ quartier, conseiller villageois, guérisseur/guérisseuse/chasseur, Représentant de RECOTRADE, personnes âgées de 50 ans et plus et autres personnes ressources) ;

- Le guide de récits de vie de femme ayant subi ou souhaité un ME ;

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- Le guide des entretiens de groupe (Focus groups) avec (hommes et femmes mariées 30 à 49 ans séparés) ;

- Le guide des entretiens de groupe (Focus groups) avec les jeunes Acteurs Engagés dans l’éradication des ME (filles et garçons ensemble) ;

- Le guide des entretiens individuels avec les maîtresses de cérémonies de mariage (Demba, Magnamaga, Balimamousso kountigui, Démarcheurs) ;

- Le guide des entretiens individuels avec les leaders religieux (Pasteur, Imam, Maitre coranique).

2.4.2 Revue documentaire

L’équipe de consultants a exploité les documents traitant directement ou indirectement la question du mariage des enfants au Mali ainsi que dans d’autres pays. Des études ont été réalisées par les Organisations de défense des droits des enfants et des femmes sur la pratique du ME (causes, manifestations, conséquences et plaidoyer pour son éradication) Ainsi les consultants ont pu analyser des rapports de Plan International Mali, FAWE, WILDAF, ASDAP, Filles pas Epouses, FNUAP et MPFEF et aussi des articles publiés par les journaux et ceux sur internet. Cela a permis de mieux circonscrire les problématiques liées au mariage des enfants au Mali, la motivation des parents à le pratiquer, les acteurs stratégiques, les raisons et le processus afin d’harmoniser les outils de collecte de données. Des études réalisées dans la région de Kayes ont montré qu’il y a une recrudescence de la pratique depuis une décennie.

2.4.3 Phase terrain

La collecte des données sur le terrain s’est déroulée du 07 au 17 Décembre 2018, pendant 11 jours (dont 5 à Kayes et 4 à Nioro et 2 jours de voyage).

Les agents de l’ONG AMSOPT ont appuyé l’équipe de collecte dans l’orientation et la mobilisation des cibles pour l’enquête.

Tableau 1: Récapitulatif de l’échantillon et du nombre de FGD et EI Cercles Nbre de

commune

Nombre de Villages

Entretien individuel

Focus group

Récit de vie

Cercle de Kayes 2 1 20 5 2

Cercles de Nioro du Sahel

2 2 20 5 2

Total 4 3 40 10 4

Au total, l’équipe de collecte de données a réalisé 40 entretiens individuels, 10 FGD, et 4 récits de vie. Le nombre d’entretien individuel réalisé a largement dépassé ce qui était prévu dans l’offre technique parce que plusieurs leaders communautaires comme, les conseillers villageois et communaux étaient moins pris par les travaux de récolte. L’équipe en a profité pour faire plus d’interviews.

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Durant toute la période de collecte, l’équipe a réalisé des séances de débriefing journaliers afin de dégager les points forts et faibles et de reformuler des questions difficiles, tout cela en collaboration avec le consultant principal.

2.4.4 Saisie, analyse des données et production du rapport

De façon progressive, les agents de collecte ont saisi les données qui furent remises aux consultants pour être analysées afin de répondre aux différentes questions de l’étude. Elles ont catégorisées en thèmes et sous-thèmes pour produire le rapport provisoire.

2.5 Facteurs favorisant et difficultés rencontrées

Facteurs ayant favorisé le travail de terrain

Les éléments qui ont facilité la collecte de données auprès des différentes cibles sont les suivants :

- La contribution des agents d’AMSOPT à la mobilisation des cibles ;

- La disponibilité et l’ouverture de certaines cibles (comme les jeunes activistes qui ont contribué à la mobilisation des participants pour les entretiens et les FGD) ;

- L’ouverture d’esprit de la plupart des enquêtés et leur engagement à répondre aux questions ;

- Dans l’ensemble la collecte de données s’est bien déroulée dans les deux sites ; les personnes rencontrées ont fait preuve d’ouverture d’esprit et d’engagement pour la réussite du travail. Il n’y a pas eu de réticence de la part des cibles identifiées.

Difficultés rencontrées

- La non information de certaines cibles ( Kayes N’di et commune de Diakalel);

- La période des récoltes (le temps de l’enquête a coïncidé avec les récoltes) qui a influé sur la mobilisation de certaines femmes et des hommes adultes et jeunes ;

- La difficulté d’avoir des filles victimes de mariage des enfants ou souhaitant le mariage des enfants dans certains villages (cas du village de Diakalel) ;

- L’inexistence de jeunes activistes dans certaines localités ; ce qui a rendu la mobilisation des cibles difficiles.

Le rapport est structuré en six (6) parties :

 Introduction;

 Démarche Méthodologique ;;

 Définition des concepts clés ;

 Principaux Résultats de l’Etude ;

 Conclusions;

 Annexes

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III. DEFINITION DES CONCEPTS CLES

Communauté : Elle renvoie à l'identité collective, l'appartenance à un groupe social ou l'attachement à des cultures spécifiques qui constituent des fondements du lien social.5 Dans la zone de l’étude existent des communautés ethniques (Kashonké, Peulh, Sarakolé et Bambara) qui partagent certaines coutumes comme la pratique de l’excision et le mariage des enfants.

Coutume : La coutume au sens juridique strict, se définit comme une règle de droits, initialement non écrite (même si elle peut faire l'objet d'une transcription, plus ou moins déformante d'ailleurs, après coup), qui ne procède pas d'une décision unilatérale de l'autorité publique, comme la loi, mais de la répétition habituelle d'un même comportement par les membres d'un groupe social, lesquels la considère comme obligatoire et assortie de sanctions en cas de manquement6.

Culture : Selon Edward Burnett Tylor, la culture est un ensemble complexe qui inclut les connaissances, les croyances, les arts, les mœurs, les lois, les coutumes et toutes autres capacités et habitudes acquises par l’homme en tant que membre de la société ;

Evolution : désigne tout type d'un ensemble de modifications graduelles et accumulées au fil du temps, affectant un objet (planète, relief, océan, objet manufacturé, etc.), un être vivant (croissance et vieillissement, par exemple), une population (évolution des espèces), un système (évolution du climat, évolutions historiques, évolutions économiques, évolutions sociales, etc.) ou encore la pensée (évolution des idées) et le comportement (évolution des mœurs)7

Dans les zones concernés par l’étude, il a été constaté que certaines normes ont connu d’évolution et qui tendent même à disparaître. Il s’agit entre autres : l’abandon des rites de passage liés à la pratique de l’excision, l’a réduction de la célébration du mariage collectif en milieu communautaire, l’abandon des fiançailles à bas âge etc. Cette évolution et disparition s’expliquent par l’urbanisation, l’imitation des modes de vie de la société occidentale à travers les médias, la migration…

Mariage des enfants : C’est une union non officialisée avant l'âge de 18 ans.

Norme : Elle est un modèle d'action ou de conduite spécifique à un groupe qui régit les comportements individuels et collectifs.

Normes sociales : Règles de conduite considérées comme acceptables dans un groupe ou en société. Les personnes qui ne respectent pas ces normes peuvent se voir ostracisées ou en subir des conséquences. Selon l’environnement ou la situation, les normes peuvent changer ou être modifiées au fil du temps.8 Dans la zone de l’étude, il y a encore des normes attachées à la culture que les communautés ne sont pas prêtes à abandonner. C’est le cas de l’attachement à la virginité de la fille, l’honneur de la famille, etc. et qui sont encore d’actualité.

5 Vincent Gouëset, Odile Hoffmann, Communauté. Un concept qui semble poser problème à la géographie française

6 C’est la définition selon François ROUVILLOIS

7 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89volution

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Pratique : Selon Lévy-Bruhl, elle désigne les règles de la conduite individuelle et collective, le système des devoirs et des droits, en un mot les rapports moraux des hommes entre eux.

Pour Schatzki et al. (2001), la pratique est l'unité d'un champ, d'un réseau de pratiques humaines interconnectées, elle est fondamentalement collective puisqu'elle se construit et se transmet dans un processus de socialisation et s'organise sur la base d'un ensemble de compréhension pratiques partagées.

Tradition : Elle désigne une pratique ou un savoir hérité du passé, répété de génération en génération.

Il n’y a pas de culture figée ; on constate une évolution qui entraine l’abandon ou le changement de certaines us et coutumes face à des facteurs endogènes et exogènes.

L'attachement à certaines coutumes à travers des pratiques traditionnelles est encore vivace dans la zone de l’étude ; c’est le cas de la pratique de l’excision, du mariage d’enfant et du tatouage des lèvres.

La présente étude porte sur certaines de ces pratiques chez les ethnies kashonké, peulh et sarakolé et maures qui peuplent la zone de l’étude. Certaines ont connu une évolution mais n’ont pas encore disparu à cause de l’attachement des hommes et femmes de la communauté.

IV. PRINCIPAUX RESULTATS DE L’ETUDE 4.1 Présentation de la zone de l’étude

La région de Kayes9, première région administrative du Mali est limitée à l’Est par la région de Koulikoro, à l’ouest par la république du Sénégal, au nord par la république de Mauritanie et au sud par la république de Guinée Conakry. Elle est subdivisée en sept cercles10 composés de 129 communes dont 117 rurales et de 12 communes urbaines.

Selon les résultats provisoires du RGPH 2009, la Commune urbaine de Kayes (où a eu lieu l’enquête), compte 127.368 habitants, composés principalement de Khassonkés, Soninkés, Peulhs, Bambaras, Malinkés, Ouolof et Maures, qui sont les ethnies dominantes.

Le cercle de Nioro du Sahel, deuxième zone de l’étude, est situé à l’extrême Nord-est de la région de Kayes, couvre une superficie de 11060 Km2.

Sa population est estimée à 208.273 habitants selon le RGPH en 2009. Elle est essentiellement composée de Peulhs et de Maures semi-nomades, de Soninkés et de Bambaras sédentaires.

La religion majoritaire dans les deux cercles est l’Islam ; mais il existe aussi le Christianisme et l’Animisme. Les deux cercles constituent une zone de forte migration des hommes et pratiquent le mariage des enfants.

9 - Cette présentation sommaire de la région provient du rapport de l’étude état des lieux des services déconcentrés de l’état dans la région de Kayes, APELDD, octobre 2015

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4.2 Emergence du mariage des enfants dans les cercles de Kayes et Nioro

La revue de la littérature démontre qu’il y a une émergence du mariage des enfants dans les cercles de Kayes et de Nioro du Sahel. Cette émergence est d’ordre multifactoriel et varie selon les réalités socioculturelles des milieux ethniques.

La région de Kayes au Mali comptabilise 27% des femmes mariées avant leur quinzième anniversaire et 74% des femmes mariées avant 18 ans, soit un taux global de prévalence de 73,60% contre 60,80% au niveau national11.

Il y a également des garçons qui sont victimes de mariage des enfants : en 2015, 1,6% des hommes âgés de 20 à 49 ans ont été mariés avant l’âge de 15 ans, et 4,3% avant l’âge de 18 ans (âge légal).12

Ces données placent Kayes en 1ère position ; viennent après les régions de Gao (73,20%), Koulikoro (71,70 %) et Tombouctou (67,70%)

L’EDSMV de 2012-2013 a confirmé cette tendance en situant à 17,2 ans, l’âge médian de la première union des femmes de 20 à 49 ans et à 17,7ans celui des femmes de 25 à 49 ans dans la région de Kayes. L’appartenance ethnique constitue l’un des éléments majeurs de détermination du taux de mariage des enfants avec un fort taux chez les peuls (72%).

Nioro du Sahel excelle donc dans la pratique courante des mariages des filles avant l’âge de 15 ans.

Les MICS de 2010 et 2015 montrent que le taux des filles mariées avant 15 ans à Kayes est resté stable (15% en 2010, 17% en 2015 au niveau national) Par contre, le taux a légèrement baissé pour les filles ayant été mariées avant l’âge de 18 ans (de 61% en 2010 à 49% en 2015 au niveau national).

Graphique 1: Mariage des enfants, % des femmes âgées de 20-49 ans enquêtées

Source : Stratégie nationale Holistique pour mettre fin aux VBG au Mali

11 Enquête MICS 2010, Bamako

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Si en 2010, le taux du mariage des enfants avant 15 ans s’élevait à 27%, il est passé à 29% en 2015. Pour ce qui concerne le mariage des enfants avant 18 ans, le taux s’élevait à 74% en 2010, mais il a légèrement diminué en 2015 soit 66%. Cette recrudescence en général s’expliquerait par plusieurs facteurs (socioculturels, religieux, économiques et surtout les activités menées par des ONG, associations et services techniques de l’Etat œuvrant pour la promotion des droits de la femme et de la fille et la protection de l’enfant).

4.3. Analyse des causes du mariage des enfants

D’après les données primaires et secondaires, plusieurs causes et facteurs expliquent le mariage d’enfant dans les deux cercles de l’étude.

4.3.1. Nature ou origine religieuse

Au Mali, les musulmans constituent environ 94,8%, les chrétiens 2,4% et les animistes 2%.13 Dans plusieurs pays de tradition islamique de longue date, les traditions locales interprètent les Saintes Ecritures islamiques comme une permission et même dans certains cas, comme un encouragement au mariage des enfants. L’islam apparait alors comme l’un des facteurs clés de la prévalence du mariage des enfants dans les pays à grande population islamique de la région ouest africaine comme le Mali. Dans ces régions, les leaders religieux encouragent ouvertement la pratique du mariage des enfants à travers les prêches à la mosquée, la radio et sur les places publiques et s’opposent souvent aux campagnes de lutte contre ce phénomène.14 Ils font croire aux parents qui les consultent que la pratique du ME est une recommandation de l’islam.

Les données collectées confirment l’idée ci-dessus avancée dans les deux cercles.

« Il faut appliquer ce que le Prophète Mahomet (Paix et Salut sur Lui) a dit : le mariage est célébré lorsque la personne est mature, le garçon de 18 à 20 ans et la fille dès qu’elle voit ses menstrues. Moi j’ai marié mes trois filles à 14 et 15 ans par respect pour ce que l’islam a dit ». Maitre coranique_Nioro

« Selon les croyances musulmanes, la fille doit être donnée en mariage, dès que le périmètre de ces deux mollets réunies valent celui d’un mollet de sa maman » Chef de quartier_Nioro

« Moi en tant que père et chef de notre famille, le mariage est une pratique de la religion musulmane et aussi la tradition chez nous les peulhs. Nos pères l’ont fait ; nous aussi et mes enfants le feront. C’est pour cela que j’ai marié mes filles à 14 et 15 ans aux conjoints proposés par mes frères. Ainsi je respecte la tradition et aussi la religion. Je ne voulais pas que mes filles aient des relations sexuelles hors mariage ou des enfants légitimes» FGD hommes adultes de Diakalel

Les rapports sexuels et les grossesses hors mariage sont condamnés par la religion musulmane. C’est pourquoi les filles sont mariées très tôt.

13 INSTAT, 4ème Recensement général de la population et de l’habitat du Mali (RGPH), 2009

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A Kayes N’di par exemple, la diminution de la dot et des dépenses liées au mariage évoqués par certains leaders religieux musulmans, a favorisé davantage le mariage des enfants parce que la dot peu élevée était à la portée des hommes.

« Avec la diminution de la dot et des dépenses liées à la célébration du mariage décrétée par l’imam et acceptée par la communauté, des hommes, adultes et jeunes ont cherché à se marier (première, deuxième et troisième noce).De plus en plus de jeunes filles ont été mariées avant 18 ans. La pratique continue encore surtout en milieu rural » FGD femmes adultes de Kayes Ndi

« La baisse de la dot est un facteur qui favorise le mariage des enfants dans la commune.

Comme elle est à la portée de tout le monde, c’est facile d’épouser une femme. Avant c’est- à-dire il y a 20 ans, le prétendant devait donner des bœufs, de l’or et de l’argent ; mais aujourd’hui avec moins de 200 000 FCFA, tu peux avoir une femme. Cela encourage les hommes à demander précocement la main de la fille » Maîtresse de Cérémonie (Magnamagan) _Kayes_Lafiabougou

Si la pratique du mariage des enfants est fréquente chez les musulmans, il ne l’est pas chez les chrétiens qui marient les filles généralement à partir de 18 ans.

4.3.2. Nature ou origine culturelle

Culturellement le mariage d’enfant répond à certaines préoccupations ci-dessous mentionnées :

La consolidation des relations sociales au sein de la communauté

Selon les données collectées, le mariage est donc utilisé comme une stratégie pour garder les enfants dans le village, afin d'assurer que les familles restent unies et que les lignées familiales se poursuivent. Le mariage des enfants permet aux familles et aux communautés d’entretenir et de consolider les relations sociales existantes mais aussi de tisser de nouvelles relations avec d’autres. C’est pourquoi, les fiançailles des filles à bas âge sont pratiquées dans certaines communautés (Peulh et Sarakolé).

Le refus pour une famille d’accepter les fiançailles ou de donner une fille en mariage à bas âge, pourrait être source de conflit entre les familles et communautés et perdurer de génération en génération. C’est pourquoi une attention particulière était accordée à tout cas de refus en matière de fiançailles et de mariage à bas âge. Dans cet ordre d’idée, le choix de la fiancée ou du fiancé revenait aux parents. C’était une immense joie pour les parents de voir leur fille ou garçon accepter leur décision.

Le mariage endogamique pratiqué par les peulhs et les soninkés de la zone de l’étude est perçu comme un moyen de conserver la richesse au sein de la famille. Il y a souvent l’échange de filles afin que la richesse familiale ne soit dilapidée.

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La préservation du respect que la fille doit aux parents

Face à la sexualité précoce des filles et garçons, les parents optent pour le mariage des enfants. Donner tôt en mariage une fille avant 16 ans, est une stratégie de précaution pour les parents afin qu’elle ne s’oppose à leur décision quand elle sera majeure. Dans la conception populaire, plus l’âge de la fille avance, plus elle devient réfractaire au choix des parents.

« Les familles, pour mieux préserver les liens sociaux, donnent en mariage les filles de 12 ou de 13 ans pour minimiser les chances de protestation de ces dernières. C’est un âge où les filles ne comprennent pas ce que signifie ce choix pour elles. Dans notre famille et en tant que leader religieux j’applique cette règle et la conseille aux chefs de familles qui me consultent » Chef religieux_Kayes NDi

La volonté des adultes d’avoir des petits enfants

Sur le plan social, les parents ont tendance à donner les filles en mariage afin d’avoir tôt des petits enfants perçus comme un signe de bonheur. Dans la société traditionnelle Malienne, il existe un lien fort entre les petits enfants et leurs grands-parents.

Dans les foyers où il n’y a qu’un seul garçon, certains parents ont tendance à ce qu’il se marie tôt afin d’avoir des petits enfants pour la continuation de la lignée.

A côté de cet aspect symbolique, il y’a le désir d’avoir beaucoup d’enfants, qui pour certaines personnes, est synonyme de « richesse » et aussi une caisse de sécurité à la vieillesse.

Dans la région de Kayes, zone de migration par excellence, la forte mobilité des hommes adultes et jeunes à l’intérieur et à l’extérieur du pays fait que la main d’œuvre se fait rare. Le mariage des enfants devient une solution alternative afin d’avoir des enfants qui pourraient contribuer à la réalisation des travaux champêtres ainsi que d’autres activités économiques pour aider la famille à satisfaire les besoins essentiels.

« Je pense que fille et garçon doivent se marier tôt pour avoir des enfants qui sont la continuation de la lignée. Le mariage tardif limite le nombre d’enfant. Donc 13 ou 14 ans est bien indiqué pour la fille. Pour le garçon, le mariage peut se faire à 20 ou 22 ans » Personne âgée_Kayes

La recherche de main d’œuvre pour les travaux domestiques

La jeune mariée est considérée comme la relève de la belle-mère ; une fois installée dans la belle-famille, les tâches quotidiennes de reproduction lui reviennent ; c’est pourquoi d’ailleurs des jeunes hommes se marient tôt pour assurer la relève (belle-mère âgée ou malade). Dans ce cas-là, le mariage des enfants est aussi un moyen pour retenir le jeune marié pour les travaux champêtres. Ce séjour dans la belle-famille est aussi un moyen de vérifier la fertilité de la jeune mariée.

« Dans ma famille, ce sont les jeunes femmes qui arrivent prennent la relève des femmes adultes et âgées ; c’est à elles qu’incombent les tâches ménagères et les belles mères deviennent les conseillères car les belles filles arrivent très jeunes dans notre famille. Elles

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ont 13 ou 14 ans à leur arrivée et ont besoin de conseils » FGD femmes adultes de Gadiaba Gadiala

4.3.3. Nature ou origine individuelle

Au niveau individuel, la pratique du mariage des enfants s’expliquerait par :

La pauvreté de la famille

La pauvreté au niveau de la famille influence positivement les parents à pratiquer le mariage des enfants. Dans certaines familles, il n’y a pas suffisamment de chambre pour tous les membres. Ce qui contraint les parents à dormir avec les enfants (filles et garçons) rendant compliquée toute intimité au sein du couple.

Pour les familles démunies, la fille est souvent considérée comme un fardeau (besoins des filles plus couteux que ceux des garçons). Son mariage permet aux parents d’avoir une bouche en moins à nourrir et moins d’impôt à payer.

Le mimétisme

La pratique du mariage des enfants est aussi liée à l’environnement. Dans le cadre du mariage collectif très fréquent dans la zone de l’étude, c’est une fierté pour toutes les familles de voir sa ou ses filles faire partie de la cohorte à marier. Tout le monde le fait et il est difficile de s’en débarrasser. D’ailleurs certaines personnes enquêtées pensent que si ta fille traine sans avoir un mari, elle est traitée comme « galalen » (une fille qui n’arrive pas à avoir un mari et qui peut être la risée) » et cela apparait comme une honte pour les parents biologiques.

Le comportement non acceptable des filles et garçons durant la puberté

La crise de puberté chez les adolescents et adolescentes qui se manifeste par les rapports sexuels et grossesses précoces motivent les parents à pratiquer le mariage des enfants parce qu’ils n’arrivent pas à gérer cette période par manque d’information et de compétences en la matière.

« L’ancien gardien du CSReF de Kayes a accepté de donner sa fille de 14 ans en mariage car malgré toutes les informations qu’on lui a donné sur les conséquences du mariage précoce. Son attitude s’explique par une expérience vécue dans sa famille. Il avait refusé à plusieurs reprises de donner sa première fille en mariage à l’âge de 14 parce qu’elle étudiait bien à l’école. Mais malheureusement cette dernière tomba enceinte à l’âge de 17 ans malgré tout ce que le père déployait comme efforts pour lui assurer de bonnes études.

Depuis lors, il est en faveur du mariage des enfants pour éviter le déshonneur de sa famille » Point focal VBG à la DRS.

« J’ai protégé une nièce en empêchant ses parents de la donner en mariage à 14 ans car elle était à l’école et travaillais bien. Je fus content d’avoir sauvé la fille qui malheureusement a contracté une grossesse à 15 ans. La suite de l’histoire fut macabre.

J’ai perdu une tante qui a été choquée et affectée par le comportement de la fille. Ma nièce elle-même a perdu la vie à l’accouchement » Agent de la DRPFEF Kayes.

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L’appartenance des filles au groupe de pairs

La conformité et la curiosité influencent également le mariage des enfants ; Dès qu’une fille membre du groupe se marie, les autres filles adolescentes désirent d’être comme elle, quel que soit leur âge. Elles mettent la pression sur les parents qui finissent par accepter le prétendant qui se présente. En effet pour ces filles, le mariage signifie une entrée officielle dans le monde des femmes adultes où elles se sentiraient en sécurité et bénéficieraient de plus de considération de la part des femmes et hommes.

Ces considérations sont encore en vigueur dans toutes les communautés visitées.

4.4. Manifestations actuelles du mariage des enfants Le mariage des enfants se manifeste sous plusieurs formes :

Les fiançailles à bas âge

Le système de fiançailles à bas âge qui consiste à attacher une ficelle au bras du bébé fille à la naissance (par les parents d’un garçon) pour demander sa main, est une pratique courante encore en vigueur chez les peulhs et les Sarakolés de la région de Kayes.

Le mariage consanguin

Chez les peulhs, les Sarakolés et les kashonkés, il est très fréquent de voir qu’un frère élève la fille de son frère de sang en vue de la donner en mariage à son garçon dès qu’elle aura l’âge d’être mariée. Elle grandit en même temps que son futur époux. La belle-mère s’occupe d’elle et la forme pour son futur rôle d’épouse et de maitresse de maison. Dès qu’elle voit ses menstrues quel que soit son âge le mariage sera célébré.

Le concubinage

Il a été constaté que des filles de moins de 15 ans élisent domicile chez leur copain avant toute demande en mariage. Alors les parents les marient rapidement parce que la communauté a une mauvaise perception de cette pratique qui n’est pas acceptée par l’islam.

L’échange de filles entre familles

Dans certains milieux, l’échange de filles est une pratique courante entre les familles; il consiste à donner sa fille et en recevoir une en retour pour le garçon. Même si ta fille n’a pas atteint l’âge, tu es souvent contraint de la donner à cause des liens familiaux, de la crédibilité de la famille.

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4.5 Acteurs impliqués dans le processus du mariage des enfants

Dans les zones concernées par l’étude, de nombreux acteurs sont impliqués et chacun a un rôle spécifique à jouer.

Les acteurs et décideurs les plus mentionnés dans le processus de mariage sont les pères biologiques, et les oncles paternels (les frères ainés et cadets du père). Ils sont au cœur du choix des conjoints, de la nomination du « démarcheur » et du processus de négociation. En outre, ils sont présents lors des cérémonies religieuses et traditionnelles et donnent leur consentement définitif à l'union. Ensuite viennent les « marabouts/féticheurs qui sont consultés (sur l’issue du mariage, la date et les sacrifices à faire), les maitresses de cérémonies (marraine), belle-sœur (une sœur ou cousine du mari) et la conseillère nuptiale.

Les parents du garçon

Chez les peulhs et les Sarakolés, il est du devoir des parents du garçon de choisir la première femme de celui-ci et de financer la célébration du mariage.

Généralement le père cadet de la famille du garçon occupe une fonction de responsabilité plus que le père biologique. Il est l’interlocuteur direct du démarcheur et il rend compte aux autres frères de la famille dont le père biologique.

« C’est sans nul doute les parents et essentiellement les pères qui sont les seuls décideurs dans la famille. Il peut s’agir de l’ainé des pères ou le patriarche qui détient à lui seul les contours de la situation contrairement aux mères qui n’ont rien en dire. Je suis l’ainé des pères et je suis le premier à m’adresser à mes cadets pour le mariage des filles » Conseiller villageois_Cercle de Kayes de village de Diakalel

Il entame la première démarche vers la famille de la fille. Pour ce faire, il a recours à un intermédiaire, dénommé le « démarcheur ».

Pour les cas de familles restreintes (père, mère et leurs enfants), il est possible que les parents biologiques se concertent afin de prendre une décision dès qu’un prétendant se présente.

Encadré N° 1: Prise de décision par les parents

Dans la plupart des cas, ce sont les hommes des deux familles (celle du garçon et celle de la fille) qui ont le pouvoir décisionnel.

Ce sont mes parents qui ont décidé de me donner en mariage. C’est ma mère qui m’a annoncé que j’allais être donnée en mariage et j’étais consentante parce que je voulais me marier parce que mes deux amies se sont mariées et j’étais contente de la décision de mes parents parce que j’avais 14 ans. Ce sont les parents de mon mari qui sont venus demander ma main à mes parents et ces derniers l’ont accepté. Mon mari est mon cousin direct et on a toujours vécu ensemble. Ce sont seulement nos deux familles qui ont décidé de cette union et aucune autre personne n’est intervenue dans mon mariage. Fille victime de ME Kayes.

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Les mères (belles-sœurs et sœurs des parents biologiques) sont informées en dernière position et ce sont elles qui informent les autres femmes de la communauté. Elles s’occupent des préparatifs du mariage à savoir la désignation de la marraine, le rituel de tresses et henné, la conseillère nuptiale, la cérémonie traditionnelle et la constitution du trousseau de mariage.

« Selon la coutume, ce sont les mères qui informent les voisines et les parents lointains en leur offrant des noix de colas pour les informer du nouveau statut de la jeune fille. Moi en tant que mère biologique je ne peux pas le faire ; ce sont mes belles sœurs et mes propres sœurs qui se chargent de cela. Moi je le ferai pour la fille de ma sœur » Femme adulte de Kayes NDI

Il est de coutume dans les communautés de la zone de l’étude que les parents biologiques se montrent discrets lors des fiançailles et mariage de leur propre fille. L’enfant appartient à la grande famille même si l’individualisme est entrain de prendre le dessus.

La responsabilité d’organiser la cérémonie est laissée aux marraines et parrains des jeunes mariés qui prennent les décisions publiquement après avoir consulté les parents biologiques en toute discrétion.

La fille

Elle est la dernière informée par les mères de la décision des hommes et est tenue de la respecter en acceptant le choix de ceux-ci. Il arrive que l’avis de certaines filles soit demandé surtout dans les familles où il y a des lettrés. Elle participe au rituel du hénné avec ses amies15.

Encadré N°2 : Récit d’une victime de ME par rapport à la prise de décision

Le démarcheur

Généralement c’est un homme de caste (forgeron ou griot) digne de confiance qui joue ce rôle. Chez les peulhs, les démarcheurs sont nommés des « Mabo », « Gawoulo » qui veut dire

« l’esclave peulh ». Le « démarcheur » est une autre figure centrale du processus de mariage ; il est délégué par la famille du futur marié pour commencer à chercher des informations sur la réputation de la famille de la future mariée, d'établir les liens officiels et la communication

15 Il s’agit d’une cérémonie qui consiste à mettre le hénné sur les pieds et mains de la fille et ses amies pour la

Je faisais la 8 ème année quand on m’a donné en mariage à l’âge de 16 ans. Je n’étais pas au courant et je ne savais pas à qui on allait me marier. C’est la mère du garçon, une amie à mère qui m’avait choisi pour son fils. Ma mère m’a dit que si jamais je refuse, elle a juré de m’enlever de la liste de ses enfants. Mon père était d’accord avec la proposition. J’étais farouchement opposée. Je brillais en classe et j’avais dit à ma maman que je voulais étudier d’abord. Je l’ai suppliée de me laisser poursuivre mes études. Mais elle a refusé et j’ai accepté par respect pour mes parents. Je n’aimais pas le garçon. Fille Victime de ME.

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entre les deux familles. Il veille à ce que les négociations se déroulent avec succès et que les intérêts des deux familles soient dûment communiqués et pris en compte.

« En ce qui me concerne et chez nous en famille, c’est le père ou le patriarche qui émet la volonté de chercher la main d’une femme pour son fils. C’est le frère cadet des pères qui s’en charge. Il lui revient de solliciter l’homme de caste qu’on appelle « Mabo » ou

« Gawoulo » qui assure la négociation jusqu’à l’aboutissement du mariage (paiement de la dot, annonce de la date et du lieu de mariage et autres conditions particulières de la belle- famille). Cette union tient compte des exigences strictement religieuses. Notre famille a un homme qui joue ce rôle pour tous nos garçons qui se marient ». Imam Kayes N’Di

Cette déclaration est confirmée par les propos d’un démarcheur.

Encadré N°3 : Récit du rôle joué par un démarcheur

Les marabouts

Certains parents biologiques des futurs mariés (es) ont recours aux marabouts, dans le but de savoir si l’union entre la jeune fille et le garçon sera fructueuse. Parfois des sacrifices conseillés par ces « sages » sont faits si nécessaires. Ce sont eux qui fixent les dates de célébration de mariage. Ils prescrivent les sacrifices à faire pour une bonne issue du mariage.

« Lorsque la main d’une fille est demandée, les deux parents biologiques peuvent consulter les marabouts pour savoir si l’union entre la fille et le garçon sera fructueuse et pleine de bonheur. Si la réponse est favorable, ils donnent leur accord, dans le cas contraire, la demande est rejetée». Maitresse de cérémonie_Nioro_ Tougoumé Rangabé

Les leaders religieux musulmans (Imam, lettré musulman)

Il s’agit de l’imam, un érudit en islam qui célèbre le mariage selon les principes musulmans à la mosquée ou à domicile. Ils font des bénédictions pour la réussite du mariage et prodiguent des conseils sur le fondement religieux du mariage. Ils sont aussi des médiateurs en cas de conflits au sein du couple. Ils reçoivent une compensation symbolique pour le service rendu.

Je suis un homme de caste et je joue un rôle important dans le processus de négociation enfants en mariage. Je suis chargé de mener des enquêtes de moralité sur le garçon ou la fille si la famille de l’un ou de l’autre le recommande. En cas de conflits, j’interviens pour faire la médiation entre les couples.

Dans le cadre de la démarche, je n’ai aucune influence sur les mariées et leurs parents.

Au cours du processus, je tiens à ce qu’il y ait une bonne communication entre les deux familles. Lorsque je constate qu’il y’a des problèmes dans un mariage j’interviens pour qu’il y’ait une entente. Démarcheur_Nioro du Sahel.

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Encadré N°4: Avis d’un leader religieux musulman sur le mariage

Le prêtre ou le pasteur

Il vérifie d’abord le régime matrimonial et l’âge de la mariée avant toute célébration religieuse du mariage. Il donne une formation aux fiancés sur les fondements du mariage, affiche la publication de ban, célèbre le mariage et fait des prières pour la réussite.

Encadré N°5 : Rôle du prêtre dans la célébration du mariage

Les maîtresses de cérémonie de mariage

Les maitresses de cérémonie dans le cadre de cette étude sont la conseillère nuptiale, la marraine et la « belle sœur » Ce sont des femmes qui interviennent surtout dans l’organisation et la célébration du mariage traditionnelle.

Dans les communautés visitées, les « marraines » sont également considérées comme importantes parce qu’elles interviennent dans l’achat et la constitution du trousseau de mariage de la fille et l’organisation de la cérémonie du mariage. Leur rôle est aussi de veiller au bon déroulement de la fête (s’assurer que tous les invités ont mangé). Cependant, il existe une différence entre prendre une décision et avoir un rôle dans le processus d'un mariage déjà décidé.

« La conseillère nuptiale » généralement une femme de caste d’un certain âge, joue le rôle d’accompagnement du jeune couple pendant la semaine nuptiale (3 à 7 jours). De façon spécifique, elle apprend aux mariés à mieux connaître et comprendre la sexualité ainsi que les Notre rôle est la formation des futures mariées pour les aider à avoir une meilleure vie de couple. Lors de la formation, nous parlons des difficultés de la vie conjugale et la nécessité d’une assistance mutuelle entre les époux. Dans les conditions normales, nous formons les futures couples pendant toute une année mais à cause des comportements pressés des jeunes d’aujourd’hui nous limitons la période de formation à 6 mois. Nous avons un rôle de conseiller/d’assistance et non pas d’acteur dans le choix des partenaires dans le mariage.

Nous n’interdisons pas et n’intervenons jamais dans le choix des jeunes gens. Si un garçon chrétien décide de se marier avec une fille musulmane, nous leurs donnons une formation pour la réussite de leur mariage. Leader religieux chrétien _Kayes

Je suis un leader religieux et de ce fait je me réfère à la parole de Dieu qui dit que la gloire d’une fille se trouve dans le mariage. Cette dernière est appelée à accomplir cette volonté divine quand apparait chez elle le signe de la maturité. Selon la parole de Dieu, le prétendant d’une fille doit être en mesure de la protéger et de la mettre dans les conditions minimales de survie. En tant que chef de famille, je tiens vraiment à ce que dit l’islam.

Leader religieux Kayes

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