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Article pp.375-398 du Vol.1 n°3 (2003)

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Texte intégral

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de stratégies conversationnelles utiles

à l’apprentissage d’une langue étrangère ?

Pascale Noet-Morand

CERLE – Unité FLE 13, rue du Criblet 1700 Fribourg pascale.noet@unifr.ch

RÉSUMÉ. Cet article tente de réhabiliter le chat pour favoriser le développement de stratégies conversationnelles dans le cadre de l’enseignement à distance en FLE. Sur la base d’observations à partir d’un corpus et de ses pratiques de cours, l’auteure démontre que le chat permet d’entraîner notamment les rites de salutation et d’adieu, le code de l’oral, la gestion des malentendus, l’autocorrection, les changements de topics, les reformulations. Elle considère également que le chat a un effet désinhibant qui favorise la prise de parole des plus timides et un aspect ludique et polyphonique qui pousse les étudiants à démultiplier leurs interventions. Elle en conclut que le chat est un exercice de communication authentique permettant de pallier en partie l’inadéquation des nouvelles technologies pour l’entraînement de l’expression orale dans le cadre de la formation à distance en LE.

ABSTRACT. This article endeavours do reinstate on-line interaction used to promote the development of conversational strategies, in the framework of distance education in French as a foreign language. On the basis of observations drawn from a corpus and her own classroom experience, the author shows that on-line interaction allows learners to practice a number of aspects of language, notably, ritual (phatic) language such as greetings and leave taking, spoken language, the management of misunderstandings, self-correction, topic change and reformulation. She also considers that on-line interaction helps shy learners to speak as they are less inhibited and the ludic and polyphonic nature of this medium encourages students to intervene more frequently than they might do otherwise. The author concludes that chat is an authentic communication exercise in that it makes up for the inadequacy of new technologies in oral practice in distance learning for foreign languages.

MOTS-CLÉS : salon de bavardage, babillard, dialogue en direct, IRC, formation à distance, communication en temps réel, interactions, TICE (technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement).

KEYWORDS: chat-room, IRC (Internet Relay Chat), CALL (Computer Assisted Language Learning), Conversation Analysis (CA), SLA (Second Language Acquisition), Information and Communication Technology (ICT), distance learning, real-time communication.

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Introduction

S’il est vrai que l’ordinateur semble bien adapté pour la conception d’activités de compréhension orale ou de compréhension et d’expression écrite en langue étrangère, il paraît en revanche inadéquat pour l’entraînement de l’expression orale.

Or dans l’optique de la formation à distance, un enseignement des langues ne saurait être complet sans aborder les quatre compétences. Pour tenter de combler cette lacune, de nombreux dispositifs impliquant la visioconférence ou la communication via internet par le biais de microphones ont été expérimentés avec plus ou moins de succès. Ces dispositifs ingénieux n’ont pas toujours donné entière satisfaction essentiellement du fait de défauts techniques (asynchronisation du son et de l’image, délais de transmission) mais aussi du coût et des difficultés de mise en œuvre.

Dans le cadre d’un module d’enseignement à distance en français langue étrangère, nous avons donc imaginé remplacer ces technologies de pointe inexistantes dans notre médiathèque, par l’utilisation plus aisée du « chat ». Certes, nous ne prétendons pas que les exercices de communication sur le chat puissent en aucune façon remplacer l’oral, et ce pour au moins trois raisons fondamentales. Tout d’abord, les aspects phonatoire et articulatoire de la langue, qui sont absolument essentiels pour converser en langue étrangère, sont exclus de ces exercices. Dans un cas de figure extrême, un(e) étudiant(e) ayant de gros problèmes de prononciation pourrait donc se faire comprendre sur le chat sans être intelligible à l’oral. Ensuite, apprendre à converser en français, c’est aussi apprendre les gestes et les mimiques qui accompagnent les paroles, la distance à laquelle il convient de se tenir par rapport à son interlocuteur, bref les aspects kinésiques et proxémiques de la langue, qui sont également exclus du chat. Enfin, la conversation ne consiste pas seulement à échanger de brèves informations mais aussi à raconter, à développer sa pensée, à expliquer et à argumenter, ce qu’il est pratiquement impossible de faire sur un chat étant donné la brièveté des échanges.

Cela étant dit, nous pensons que le chat peut grandement favoriser le développement de stratégies conversationnelles bénéfiques pour l’apprentissage d’une langue étrangère. A l’appui de notre thèse, nous évoquerons les travaux de chercheurs qui ont beaucoup publié sur la définition du « genre » chat. Ils ont montré qu’il existait des similarités entre les interactions sur le chat et les interactions en présentiel et en ont conclu que les séances de chat pouvaient également aider les apprenants à améliorer leurs compétences dans certains aspects de l’interaction orale (Chun, 1994 ; Kern, 1995 ; Warschauer, 1996 ; Negretti, 1999 ; Pellettieri, 2000 ; Sotillo, 2000 ; Blake, 2000). Voici brièvement les principaux résultats de cette recherche : Chun (1994) aboutit à la conclusion que les conversations sur le chat favorisent le développement des compétences d’interaction en LE1, d’autant plus que l’enseignant ne joue plus un rôle central dans la discussion et que par voie de conséquence, les apprenants ont un rôle plus important pour gérer

1. LE, langue étrangère.

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la discussion. Les recherches de Kern (1995) l’ont conduit à penser que les conversations sur le chat génèrent plus d’échanges entre étudiants qu’en classe, une plus grande quantité et une meilleure qualité de discours, mais aux dépens de la complexité des phrases et de la correction grammaticale car l’accent est mis davantage sur ce qui est dit que sur la manière dont c’est dit. Warschauer (1996a) parvient aux mêmes conclusions quant à la participation des étudiants et à la gestion des tours de parole (mieux répartis qu’en classe) mais à des conclusions inverses concernant la complexité du langage produit. Negretti (1999), quant à elle, met en lumière les différences entre les interactions sur le chat et la conversation en présentiel. Par le biais d’une analyse de discours, elle décrit des structures et des modèles particuliers à l’interlangue en usage sur le chat. Bien que le degré de compétence à l’oral ne soit pas son propos, elle affirme néanmoins avoir observé des progrès à l’oral chez les participants après deux mois d’activités sur le chat. Sotillo (2000) compare la communication synchrone et asynchrone et conclut que la première présente des fonctions du discours semblables à celles que l’on trouve dans la conversation orale et que l’on pense nécessaires à l’acquisition d’une langue seconde. Pellettieri (2000) s’attaque à la question de la compétence grammaticale à travers une étude du chat comme outil de négociation du sens. Son analyse se fonde sur un modèle, établi par Varonis et Gass (1985), à l’usage des apprenants en langue seconde. Elle en conclut que le feeback implicite et le feedback explicite sur le chat conduisent à un bon usage des expressions de la langue-cible et que le chat se révèle donc être un bon outil de négociation du sens à la condition de privilégier les tâches qui favorisent l’apprentissage collaboratif et qui reposent sur un usage correct de la langue-cible. Blake (2000) a également mis en évidence que le chat permettait de négocier le sens mais que la négociation portait davantage sur le lexique que sur la morphologie ou la syntaxe. Il a également démontré que ce sont les tâches les plus collaboratives, en particulier les tâches où chaque apprenant doit apporter un morceau du puzzle (jigsaw-type activities), qui génèrent le plus de négociations.

Dans le droit fil de ces recherches et compte tenu des similitudes mais aussi des différences qui existent entre la conversation à laquelle s’adonnent des individus autour d’une même table et celle qui se pratique dans les salons de bavardage sur internet, on est en droit de se demander si le chat peut ou non constituer une aide et un terrain d’entraînement pour l’apprentissage de la conversation en langue étrangère. Pour apporter des éléments de réponse à cette question, nous avons constitué un corpus à partir de deux types de séances de chat auxquelles nous avons participé sous le pseudonyme d’amazine :

– avec un groupe d’une dizaine d’étudiants universitaires non francophones de niveau intermédiaire en FLE (B1 à B2 sur le cadre européen de référence), nous avons créé sur la plate-forme http ://www.educanet.ch, une classe virtuelle où nous disposons notamment d’un chat que nous avons utilisé comme lieu de rendez-vous hebdomadaire pour que les étudiants puissent faire le point sur leur apprentissage avec le professeur. Le relevé d’une de ces séances constitue la première partie de notre corpus ;

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– nous avons également participé à une séance de conversation entre des francophones et des non francophones, inconnus de nous, qui se rencontraient pour la première fois ou avaient pris l’habitude de se rencontrer dans un salon dédié à l’apprentissage du français langue étrangère (http ://french.about.com). Nous avons ainsi notamment fait la connaissance de Guest262, Chris et Karine, trois amies habituées du chat, de niveau avancé en FLE, et de Guest144, novice sur le chat et moins expérimenté en FLE. Le relevé de cette séance constitue la seconde partie de notre corpus.

En constituant ce double corpus, notre propos était de déterminer si l’utilisation du chat en contexte libre donnait d’autres résultats et permettait d’autres observations que son utilisation en contexte académique.

Les observations que nous avons pu faire à partir de ce corpus nous ont permis d’isoler un certain nombre de savoir-faire nécessaires à la pratique de la conversation qu’il nous semble intéressant d’aborder par le biais du chat pour deux raisons principalement : soit parce qu’il existe des similitudes entre la conversation sur le chat et la conversation en présentiel, soit parce que la conversation sur le chat présente certaines spécificités qui nous paraissent en faciliter l’accès à des non francophones.

Savoir maîtriser le code de l’oral

La première remarque qui s’impose est que pour bien parler une langue étrangère, il faut d’abord maîtriser le code de l’oral. La spécificité de ce code par rapport au code de l’écrit n’est plus à démontrer : il nécessite un apprentissage à part entière tant il est vrai que l’on n’écrit pas le français comme on le parle et inversement. Or, tout comme dans la conversation orale, la langue pratiquée sur le chat est bien le français oral. Même si la communication s’y fait par écrit, il s’agit d’un écrit très proche de l’oral ou si l’on préfère d’oral transcrit par écrit. Il suffit pour s’en persuader d’observer dans les dialogues sur le chat quelques traits caractéristiques de l’oral comme les niveaux de langue (l. 58 <Guest144> et on bouffe tres bien la-bas), les phrases sans verbes (l. 8 <Guest262> trop fatiquée pour y reflechir lol), l’absence d’inversion dans les questions posées (l. 74 <Guest144> tu l’as aimé?), la segmentation des phrases (l. 84 <Guest144> ils sont fous, les conducteurs corses), la négation tronquée (l. 108 <Guest144> alors, chris, comment est-ce que on se parle si tu as pas d’ordi?), les marqueurs comme hein, ben, ouais, etc. (l. 135 <Guest144> ben, c’etait pas une offre!), etc.2 Il est important pour les étudiants non francophones d’apprendre à maîtriser ce code de l’oral et il est désormais possible de le faire par écrit comme nous y invitent ces nouvelles formes

2. Signalons ici une première différence : le niveau de langue est nettement moins soutenu dans l’utilisation libre du chat qu’en classe, sans doute parce que les participants s’autorisent moins facilement certains relâchements en présence de leur professeur.

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de communication que sont les forums, les messageries électroniques et le chat. On serait peut-être tenté d’objecter qu’apprendre à oraliser en faisant de l’écrit est une complexité pédagogique que l’on pourrait épargner aux apprenants. A cette objection nous répondons que les recherches de Chun (1994) ont montré que les discussions de classe sur le chat semblaient favoriser l’acquisition de compétences interactives et constituaient un pont utile entre les compétences écrites et orales des apprenants (Chun, 1994 ; p. 28-29). Nous renvoyons également le lecteur aux conclusions tirées par Pelletieri (2000) et présentées à la section 3.6, note 5, de notre article.

Savoir parler de soi et prendre contact avec quelqu’un

Sur le chat comme en présentiel, entrer en conversation avec des inconnus a pour but de capter l’attention de tiers, de donner des renseignements sur soi et d’en obtenir sur les autres dans le but de se faire de nouvelles relations, voire de nouveaux amis. Du point de vue du cours de FLE, entraîner les étudiant(s) à parvenir à ces fins sur un chat présente un double avantage : cela permet tout d’abord de se conformer aux objectifs correspondant généralement, sous des appellations diverses, aux premiers chapitres des méthodes de langue (« se présenter », « parler de soi », « prendre contact avec quelqu’un », « demander à quelqu’un des renseignements le concernant » « exprimer ses goûts et opinions »

« établir une relation avec quelqu’un »...). Cela présente également l’avantage non négligeable lorsque les échanges sont pratiqués sur un chat où se retrouvent des francophones et des non francophones de favoriser les liens entre ces deux communautés et de susciter de nouvelles formations de tandem prêts à se retrouver sur le chat en dehors des heures de classe pour poursuivre l’exercice sans contraintes spatio-temporelles. Ce sont précisément de tels liens qui se nouent sur un chat tel que french.about.com.

Savoir se libérer, se désinhiber

A l’oral, bien souvent la communication des étudiants est bloquée par un réflexe d’inhibition renforcé par le sentiment de ridicule lié à l’apprentissage d’une langue étrangère (sentiment généralement lié à une mauvaise prononciation, au manque de vocabulaire ou aux erreurs grammaticales). Il est bien délicat de se sentir à l’aise lorsqu’on est exposé à prendre la parole devant toute une classe avec des moyens de communication rudimentaires. Le chat a pour effet de libérer la parole dans la mesure où les individus sont protégés par un pseudonyme qui masque leur identité et met tout le monde sur un pied d’égalité. Nombreux sont les auteurs ayant abouti aux mêmes conclusions, ce que Warshauer résume en ces termes : « Computer mediated communication is for many students a less threatening medium than is face to face interaction and thus may encourage students to take more risks. » (Kelm, 1996 ;

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Kern, 1995 ; Warschauer, 1996a, 1996c)3. S’il est vrai que certains peuvent profiter de cet anonymat pour dominer, voire subvertir, on notera cependant en général un effet plutôt bénéfique : la désincarnation de la communication profite surtout aux timides, aux introvertis, aux disgraciés qui d’ordinaire n’osent pas prendre la parole.

Ce phénomène explique sans doute pourquoi la communication est débridée sur le net : le tutoiement y est automatique, même entre personnes qui ne se connaissent pas, et les marques de familiarité rapides. Dans la 2e séance de notre corpus, on peut observer avec quelle facilité et quelle spontanéité les habitués (Chris et Guest262) intègrent deux inconnus (Guest147 et amazine) au cercle des initiés (146

<Chris2HOST> je t’adore, ma chérie, 148 <Guest262> moi aussi mon coeur !!!, 374

<Guest262> mon chou par cete chaleur on pourra me donner 1000 balles je ne sortirais aps)4.

Savoir charmer, savoir intéresser et retenir l’attention

La communication étant désincarnée sur le chat (nous entendons par là que les intervenant(e)s sont privés de tous les auxiliaires physiques à la parole que sont les gestes, les expressions faciales, les sons, etc.), la séduction ne passe plus par les créneaux habituels de l’apparence, du charme et de l’aisance mais par celui de la parole. Sous couvert d’une identité fictive, chacun a les mêmes chances de succès que tous les autres et peut, à l’instar de Cyrano de Bergerac, briller par l’esprit à défaut du physique. Voilà sans doute pourquoi l’humour est particulièrement fréquent sur le chat : il est en quelque sorte la contrepartie de la désincarnation ; puisqu’on ne peut attirer l’attention par son physique, il faut bien le faire par la parole ou par l’esprit.

Voici quelques exemples de bons mots tirés de la 2e séance de notre corpus. On constate que chaque trait d’esprit sur le chat est souligné d’une appréciation codée de la part des allocutaires, lol ou mdr (laughing out loud ou son équivalent francophone « mort de rire ») pour remplacer les rires qui ne peuvent se transcrire : 101 <Guest144> ça serait amusant vivre dans une region ou les gens sont fous 104 <amazine> Ce n’est pas déjà le cas aux States, Guest, lol

116 <amazine> Chris, es-tu mariée à un français?

117 <Chris2HOST> Je le suis encore jusqu’en septembre lol 118 <Chris2HOST> ou octobre

119 <Guest262> lol

127 <Guest144> quel age as-tu, chris?

129 <Chris2HOST> 52 ans

3. Warschauer, 1998, p. 7, http ://www.insa-lyon.fr/Departements/CDRL/interaction.html 4. Une fois encore, ce phénomène est plus facilement observable dans l’utilisation libre et non scolaire du chat.

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132 <Chris2HOST> et je ne suis pas prête de me remarier lol 135 <Guest144> ben, c’etait pas une offre!

138 <Chris2HOST> MDR

152 <amazine> Est-ce qu’on fait des progrès en français avec ce chat?

155 <Guest262> ben oui amazine, en arrivant ici je savsi un mot maintenet je sais deux lol

156 <Chris2HOST> lol

Savoir capter et conserver l’intérêt de ses interlocuteurs

A défaut de l’humour qui ne s’apprend pas, il est important d’enseigner d’autres stratégies qui permettront de capter et de conserver l’intérêt de ses interlocuteurs.

Une des stratégies bien connues dans l’art de la conversation est de ne pas assaillir ses interlocuteurs de questions personnelles – ce qui donne aux interventions un petit côté inquisiteur – mais de parler de choses et d’autres tout en parsemant ses propos d’informations sur soi pour inciter les autres à en faire autant. C’est ainsi que l’on apprend le plus de choses sur ses interlocuteurs et qu’on échappe aux échanges fastidieux du type, « Tu t’appelles comment ? Tu as quel âge ? Tu habites où ? Tu as quelle nationalité ? » etc. Le chat est le lieu idéal pour s’entraîner à faire la connaissance des autres sans tomber dans ce piège : il s’agit de savoir doser les informations que l’on donne sur soi et les questions que l’on pose aux autres, le but étant de parvenir à un certain équilibre entre ses apports personnels et les informations que l’on obtient. Ainsi dans la 1ère séance de notre corpus, les participants consacrent une bonne partie de la conversation à découvrir les projets de vacances ou les activités extra-scolaires des uns et des autres tout en parsemant leur discours d’informations les concernant pour que chacun puisse y trouver son compte. Tout l’art de la conversation étant d’introduire bien à propos ces informations pour que l’ensemble soit un véritable échange.

Exemple, séance 1 :

73 <Isabel> avez-vous déjà réalisé qu’à la fin de cette semaine on a des court vacances?

75 <Isabel> quelqu’un a projeter un grand tour?

77 <marielies> qu’est ce-que vous faisez pendant les vacances?

81 <amazine> Qu’est-ce que vous faisiez ou qu’est-ce que vous allez faire?

82 <Isabel> malheureusement je dois travailler pendant les jours de paques 83 <Svetlana> moi, je reste à Fribourg.

85 <Isabel> mais il me reste au moins un jour pour aller skier 86 <marielies> Isabel, qu’est ce-que tu vas travailler?

89 <Isabel> je travail au Migros à Lucerne. Les express ont ouvert 365 jour par an 90 <Caroline> moi aussi, je rentre à la maison seulement pour le weekend de paques, ´c’est aussi mon anniversaire, et après retour en suisse pour travailler à montreux et preparer des travails pour le cerle et pour l’université

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95 <amazine> Qu’allez-vous faire à Montreux Caroline?

96 <Isabel> caroline, quel age tu fêteras 97 <amazine> Où allez-vous skier Isabel?

102 <Isabel> j’irai à Arosa. Ma soeur habite à Choire momentanement et va me joindre ce jour là

105 <amazine> C’est dans quel canton Arosa?

106 <Caroline> alors, je travail chez un bureau de pub wui organise le festival de pub à montreux en mai ; ca vut dire que je prepare les présentations et j’ecrit des dossiers pour les participants, pas de grand chose. et pour isabel : c’est mon 25...

109 <Isabel> au canton de grison (merci le dictionnaire, smile) 110 <marielies> caroline : ce travail semble etre très interessant.

111 <amazine> ça a l’air très intéressant votre travail caroline. C’est en Français?

La négociation du sens comme moteur de l’apprentissage

D’après les travaux de nombreux chercheurs de la branche « interactionniste » de recherche en langue seconde (tels que Long, 1996 ; Doughty, Chapelle, 1997 ; Warshauer, 1998 ; Pelletieri, 2000), la négociation du sens est un moteur principal de l’apprentissage de la langue seconde.

Voici comment Pica (1994) définit la négociation : « Modification and restructuring of interaction that occurs when learners and their interlocutors anticipate, perceive, or experience difficulties in message comprehensibility. » (p. 495). Les travaux de Pica ont montré que les modifications du contenu des interactions (input) sont plus abondantes durant les phases de négociation que pendant les autres phases interactionnelles entre les apprenants (« input modifications are significantly more abundant during negotiation than during the rest of learners’ interaction » (Pica, 1994, p. 506)) ; et qu’elles sont plus fréquentes pendant les interactions entre natifs et étrangers plutôt qu’entre étrangers parlant la langue seconde.

Dans le droit fil de ces travaux, Long (1980, 1996) a montré que la négociation du sens facilitait l’acquisition de la langue étrangère. Les manifestations de la négociation du sens que Long (1996) déclare bénéfiques à l’apprentissage des langues sont les répétitions, les vérifications, les reformulations, les questions de compréhension, les corrections, les demandes de confirmation ou de clarification.

Long émet trois hypothèses pour expliquer en quoi ces interactions sont bénéfiques à l’acquisition de la langue étrangère : (1) elles facilitent la compréhension du contenu des interactions ; (2) elles attirent l’attention sur les formes de la L2 ; et (3) elles apportent la preuve à l’apprenant de l’inadéquation de certaines formes linguistiques qu’il emploie, sous forme de feedback négatif (Long, 1996).

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Dans sa thèse de doctorat (1996), Pellettieri a été l’une des premières à se demander si les découvertes de la branche interactionniste pouvaient être transposées au chat. Elle a donc analysé des conversations électroniques synchrones entre étudiants de niveau intermédiaire en espagnol, dans le cadre d’une grande variété de tâches, en se fondant sur le cadre d’analyse mis au point par Varonis et Gass (1985). Son étude a montré que les interactions électroniques présentaient un certain nombre de caractéristiques qui avaient été préalablement observées dans les interactions en présentiel. Voici brièvement résumées ses principales conclusions, reprises dans son article paru en 2000 :

– La grande majorité des phases de négociation ont porté sur le lexique ou le contenu des interactions (cf. Pica, 1994 ; Varonis et al., 1985).

– La nature de la tâche influence le type de négociation ; les tâches mettant davantage l’accent sur la forme (ex. composer en tandem un morceau de discours) suscitent davantage de négociations morphosyntaxiques (cf. Loschky et al., 1993).

– La nature de la tâche influence le degré de négociation : les tâches fermées (n’ayant qu’un seul résultat possible) provoquent davantage de négociations que les tâches ouvertes, et les tâches difficiles (nécessitant plus de vocabulaire que ce dont disposent les apprenants) requièrent plus de négociation que les tâches faciles (cf.

Pica, et al., 1993).

– L’imbrication de nombreuses phases de négociation à l’intérieur d’une négociation plus générale ont montré à de nombreuses occasions que les participants s’étaient donné beaucoup de mal pour se faire comprendre (cf. Varonis et al., 1985).

– Les phases de négociation, de correction et d’autocorrection ont toutes contribué à ce que les apprenants produisent davantage de formes-cibles (cf. Gass et al., 1994 ; Pica, 1994).

Cette étude contribue à démontrer non seulement que les interactions par ordinateur contiennent beaucoup des modifications interactionnelles qui, à l’oral, sont jugées bénéfiques à l’acquisition d’une langue seconde, mais encore qu’elles sont peut-être encore plus profitables à l’acquisition d’une autre langue parce qu’elles se font dans un environnement écrit5.

Dans les trois sections suivantes, nous donnerons quelques exemples de négociation du sens telle qu’elle se manifeste sur le chat.

5. « Our data suggest that because students have more time to process language in [networked communication] than in oral conversations, and because they can view their language as they produce it, they are more likely to "monitor" and edit their messages, all of which can result in even more "quality" interlanguage than there would be in a non- electronic environment. » (Pellettieri, 2000)

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Savoir repérer et expliciter les malentendus

Les malentendus sont souvent présents dans la conversation orale. Ils sont d’autant plus fréquents sur le chat, qu’aux sources traditionnelles de malentendus s’ajoutent de nouvelles sources propres au chat et liées à la désincarnation de la communication. A l’oral, un grand nombre de malentendus sont levés par la simple présence physique (direction du regard indiquant à qui l’on s’adresse, mouvement ou signe de la main pour désigner quelque chose, rires soulignant une intention humoristique, satirique ou ironique, etc.). Sur le chat, les interlocuteurs sont privés de ces moyens de communication et ont inventé des codes pour remplacer les fonctions absentes : lol et mdr pour remplacer les rires, icônes et binettes (smileys) pour remplacer les mimiques, liste des membres et brb (be right back) pour signaler les présences et les absences sur le chat.

Le plus difficile à remplacer, ce sont les gestes et les regards d’où un certain type de malentendus assez rares à l’oral mais fréquents sur le chat, consistant à ne pas savoir qui parle à qui.

En voici un exemple tiré de la 2e séance de notre corpus : 81 <Chris2HOST> le type jaloux à bloque la voiture de l’autre 84 <Guest144> ils sont fous, les conducteurs corses

86 <amazine> Et jusqu’où est-il allé, le type jaloux?

87 <Chris2HOST> Pas que les conducteurs

88 <Guest144> ok, les corses sont fous--c’est meilleur?

89 <Chris2HOST> A casser la figure de l’autre et sortir sa copine de la voiture 90 <amazine> Tu n’as pas l’air d’avoir une bonne opinion des corses. D’ou viens- tu?

91 <Chris2HOST> Qui?

92 <Guest144> amazine, tu parles a qui?

93 <amazine> A Chris

En l’absence de regard désignant l’allocutaire d’amazine à la ligne 90, Chris et Guest ayant chacun dit du mal des Corses aux lignes 84 et 87 sont fondés à se croire visés par la question de la ligne 90, d’où le malentendu qui s’installe à la ligne 91 et se résout à la ligne 93.

Savoir gérer et lever les malentendus est donc également une compétence que l’on peut enseigner et pratiquer sur le chat.

Savoir se faire comprendre et demander des explications

De même qu’à l’oral la communication se fait parfois au détriment de la prononciation, de la syntaxe ou du lexique, sur le chat, elle se fait en plus au détriment de l’orthographe, d’autant plus malmené qu’aux fautes d’usage s’ajoutent les fautes de frappe. En parlant avec un étranger, on s’aperçoit aisément que le sens

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parvient souvent à passer malgré un grand nombre d’entorses à la prononciation et à la grammaire. Mais dans certaines circonstances les entorses sont telles qu’il faut demander à l’étranger de répéter, de reformuler ou d’expliquer ce qu’il a voulu dire.

De même sur le chat, le sens parvient à passer malgré des erreurs de syntaxe, de lexique ou d’orthographe, mais il arrive qu’il doive être négocié par un des intervenants. Notre corpus nous en fournit plusieurs exemples : dans le premier cas, il y a négociation du sens parce qu’un des interlocuteurs ignore le sens d’une abréviation (amazine) ou d’un mot (planet) ; et dans le deuxième cas, parce qu’une faute de frappe a empêché une interlocutrice (amazine) de deviner le sens de la phrase.

Exemple 1, séance 1 :

<153> marielies : moi, je suis de innsbruck, et je fais mes ètudes à la WU

<155> amazine : c’est quoi la WU?

<159> marielies : commerce

<164> amazine : WU= commerce?

<175> amazine : WU= Wirtschaft U...?

<177> marielies : oui c’est ca : wirtschaftuniversität Séance 2 :

202 <amazine> Parfait, Planet. Tu viens souvent ici?

203 <planet> not lately amazine

206 <amazine> Ah bon alors tu étais un habitué qui s’est découragé 208 <planet> decourage...qu est ce que veux dire amazine?

211-2 <amazine> Ca veut dire que tu aimais bien venir ici mais que maintenant ça ne t’intéresse plus autant

214 <planet> pas du tout, je suis tres occupe avec mes estudes, cèst tout Exemple 2, séance 2 :

362 <Guest262> c’est pour 4a que les maaldes au poumons arrivent se soigner à Crans-Montana, mais moi j’aurais prefere l’air un peu plus humide

364 <amazine> QU’est-ce que ça veut dire 4a?

369 <Karinne> 4a = ça????? lol

Savoir s’autocorriger

A l’oral, lorsqu’une personne ne réussit pas à se faire comprendre, il est généralement attendu qu’elle reprenne son énoncé en le reformulant ou en le corrigeant. Lorsqu’un étudiant est capable de remarquer ses fautes et de s’autocorriger, il est sur la voie de réels progrès d’après les conclusions de la branche interactionniste de recherche en LE. La capacité à l’autocorrection est donc un savoir-faire important qu’il convient d’entraîner chez les étudiants en langue. Sur le chat, il est intéressant d’observer que la compétence d’autocorrection est déjà en

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place chez certains intervenants capables d’induire le sens d’un mot inconnu à partir du contexte :

Exemple 1, séance 1 du corpus :

<26>amazine : Une question pour tous : avez-vous trouvé la liste de liens que je vous recommande pour travailler et la version de notre dernier chat?

<31>Isabel : oui, j’ai déjà essaye quelques-uns

<32>Svetlana : oui,j’ai les vue,mais pas tous

<33>Caroline : non, pas encore cherché - mais je le fait après ce chat

<36>Caroline : aha, liens- ca veut dire les connecteurs pour des autres pages web, non? expression de l’internet

<40>amazine : Liens = links

... ou capables de discerner parmi les fautes qu’ils ont commises, celles qui constituent une réelle entrave à la communication. Ainsi notre corpus regorge de fautes de frappe, dont certaines ont conduit à des non-sens (voir plus haut) alors que d’autres remarquées à temps ont été corrigées quelques lignes plus bas avec le délai d’inertie propre au chat. On remarque à ce sujet l’émergence d’un code qui consiste à faire précéder ou suivre la correction d’une petite étoile pour signifier qu’il s’agit d’une reprise d’un mot erroné :

Exemple 2, séance 2 :

71 <Chris2HOST> j’ai assisité à une bagare il y a 15 jours 72 <Chris2HOST> assisté*

227 <Guest324> sakyt perolof 229 <Guest324> *salut

277 <Guest262> j’avsi bcp d’amis que je liassée à Genève, 279 <Guest262> laissée

327 <Guest262> pour dire la verite ce chat ma’s pas mal aidée à surpasser mon deuil. j’appris de nouveau à sourir et vivrfe

330 <Guest262> °vivre

La plupart des fautes corrigées sont des fautes de frappe qui, par inversion, adjonction ou omission de lettres, risquent fort de rendre le mot méconnaissable et donc incompréhensible. Mais rares sont les fautes de syntaxe, d’orthographe ou de lexique que les intervenants se préoccupent de corriger. Nous n’en avons trouvé qu’un seul exemple dans notre corpus :

338 <Karinne> j’était à la table 339 <Karinne> S*

(13)

Savoir initier une conversation

A l’oral, comme sur le chat, une compétence que l’étudiant se doit d’apprendre à maîtriser est celle d’entrer en contact et de prendre congé. Le chat est comme un salon de conversation ouvert où de nouveaux individus entrent et sortent à tous moments, saluent pour se faire remarquer, obtiennent ou n’obtiennent pas en retour de salutations, s’intègrent ou non dans la conversation, prennent congé avant de partir ou sortent sans même dire au revoir.

Notre corpus fournit de nombreux exemples de ces allées et venues, de ces tentatives plus ou moins fructueuses de lier connaissance et d’engager la conversation. Sur French.about.com, chaque arrivée d’un nouvel interlocuteur est signalée par une phrase générée automatiquement du type « XXX has entered the room (hostname : XXX.XXX.XXX.XXX) » signifiant qu’il est désormais possible de lui adresser la parole. Comme dans une conversation orale, l’échange qui s’ensuit est très différent s’il s’agit d’inconnus qui se rencontrent pour la première fois, d’étudiants de la classe ou d’habitués immédiatement identifiés par les personnes présentes sur le chat. En voici trois exemples :

Exemple 1 entre inconnus, séance 2 :

13 Karinne has entered the room (hostname : XXX.XXX.XXX.XXX) 14 Guest144 has entered the room (hostname : XXX.XXX.XXX.XXX) 15 <Karinne> salut

16 <Guest144> Salut a tous 17 <Guest144> quoi de neuf?

Exemple 2 entre étudiants de la classe, séance 1 :

<12>amazine : Comment ça va Marielies et Isabel?

<13>Svetlana : bonjour,comment allez-vous?

<14>marielies : hallo, je suis aussi en ligne

<16>Caroline : salut aux autres!

<17>marielies : ca va tres bien, et vous?

<25>Isabel : salut,ça va très bien

<39>Romina : Salut!

<41>Caroline : bon matin romina et frank!

<44>Romina : Comment allez-vous!

<45>amazine : Bon matin c’est bonjour. On ne dit pas bon matin

<47>Romina : J’éspère que vous avez passé une bonne semaine.

<49>marielies : bon martin, les autres

<50>Frank : Salut, Caroline et à tous les autres.

<51>Isabel : qu’est-ce qui va ce passer avec toutes les documents de la classe après ce semestre?

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Exemple 3 entre habitués du chat, séance 2 : 20 <Guest262> Salut Karinne xoxoxoxo 21 <Guest144> salut karinne xoxoxoxo 22 <Guest144> tres amicale, cette salle

23 Chris2HOST has joined french (hostname : XXX.XXX.XXX.XXX) 24 Chris2HOST is now a Room Moderator in french

25 <Guest144> salut chris 26 <Chris2HOST> Coucou!

27 <Karinne> salut Chris

28 <Chris2HOST>Salut les filles !!!!!

Dans le troisième exemple, le code xoxoxoxo remplace les bises échangées et les points d’exclamation soulignent l’impact affectif de la rencontre. Culturellement, ce fait est significatif et constitue un atout supplémentaire de l’apprentissage de la culture de la langue-cible, médiée par le chat. Les natifs anglo-américains, par exemple, n’échangent pas de bises lorsqu’ils se rencontrent. Les communautés anglo-saxonnes n’ont donc pas créé de conventions figurant la « bise » Par conséquent la pratique signalée dans cet exemple leur a été apprise par des homologues natifs francophones.

Les exemples précédents offrent un riche éventail de formules de salutations diverses et variées utilisables sur le chat comme dans la conversation orale. Mais saluer et renvoyer les salutations n’est pas la seule compétence attendue, il faut aussi savoir engager la conversation. Les formules des lignes 17 et 51 nous fournissent deux beaux exemples d’entrée en matière qui seront suivis d’effet et serviront de déclencheur à une conversation contrairement à d’autres échanges avortés prématurément faute d’entrée en matière valable : ainsi l’échange entre perolof, Guest 324, et Guest262 se limite-t-il à un échange de salutations avant de se solder par le départ de perolof (ligne 251) suivi de Guest324 (ligne 267) sans qu’une conversation ait pu commencer entre eux.

220 Guest324 has entered the room (hostname : XXX.XXX.XXX.XXX) 223 <Guest324> salut tout le monde

226 <perolof> salut 324 227 <Guest324> sakyt perolof 229 <Guest324> *salut

230 <Guest262> Heya perolof !!!!

251 perolof Quit (Web Browser left the chat web page) 267 Guest324 Quit (Web Browser left the chat web page)

La maîtrise des rites de salutations et d’entrée en matière est donc fondamentale si l’on veut créer une bonne dynamique de communication et ne pas faire tapisserie sur le chat comme c’est aussi le cas dans les conversations en présentiel.

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Savoir mettre un terme à la conversation

De la même façon, savoir prendre congé est également soumis à un rituel et à l’apprentissage de quelques formules d’adieu dont voici quelques exemples sur le chat :

Exemple 1, séance 1 :

<244>amazine : Je vais bientôt vous laisser. Profitez-en si vous avez encore une question à me poser. Et travaillez bien pendant les vacances. Je vous donnerai aussi quelque chose d’écrit à préparer

<252>marielies : je vais partir maintenant, j’ai la faim

<256>marielies : belles pâques

<259>Romina : A la prochaine marilies! Bonne pâques!

<260>amazine : Merci d’avoir participé à ce chat. Vous pouvez continuer si vous voulez ou fixer des rendez-vous dans agenda. Je ne ferai pas de chat pendant les vacances. Mais on se voit en classe après Pâques. Bonnes vacances à tous

<264>Romina : Bonne vacances!

<267>Svetlana : bonne vacances, Pascale!

<268>Caroline : moi aussi, je vous quitte... à bientot en classe, et belles paques à tout le monde!

On remarque que sur le chat, comme en présentiel, il s’écoule un certain temps entre l’annonce du départ et le départ effectif. Il arrive que l’on parte aussitôt après l’avoir annoncé comme dans l’exemple 1 ou que l’on s’y reprenne à plusieurs fois avant de partir comme dans l’exemple 2. Ces annonces de départ à répétition sont d’autant plus fréquentes sur le chat que les interventions des autres interlocuteurs continuent de s’afficher sur l’écran après que l’on a annoncé son départ et que l’on peut être tenté d’y répondre, un peu comme dans une salle où on échange encore quelques mots avec les uns et les autres bien après avoir signifié son envie de partir.

Exemple 2, séance 2 : 388 Karinne brb...

389 <amazine> Ca y est cette fois Karinne nous quitte, moi aussi, je vais devoir y aller

393 <Guest262> karinne va revenir elle as juste demander brb

394 <Guest262> amazine je suis bine heureise de t’avoir parlé. reviens plus souvent si tu epux

395 <Guest262> peux

397 <amazine> Brb c’est quoi?

398 <Guest262> be reigt back

399 <Guest262> en retour dans qq instants lol 400 <amazine> OK, be right back en langage ricain 401 <Guest262> oui lol

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403 <amazine> Cette fois je m’en vais, je te laisse en cie de Karinne. Je ne reviendrais pas souvent, j’en ai peur, ce n’est pas dans mes habitudes, mais si je reviens ce sera toujours amazine alors tu me reconnaitras

405 <Guest262> ok

406 <Guest262> bisous amazine xoxoxoxoxoxox 407 <Guest262> comme c’est l’habitude ici 413 <Karinne> re

414 <amazine> Tiens, revoilà Karinne alors cette fois je vous laisse, bises à toutes les deux

415 <amazine> Adios 416 <Karinne> ok byee

Savoir gérer les tours de parole dans une conversation avec un seul interlocuteur (« dilogue »)6

Une des difficultés de la conversation orale, est de savoir intervenir dans la conversation et de le faire à bon escient, lorsque c’est son tour et sans couper la parole aux autres interlocuteurs. A l’oral, en cas de « dilogue », la gestion des tours de parole est facilitée par le fait que le dialogue obéit en général aux lois de l’alternance des tours de parole entre les deux interlocuteurs comme c’est parfois également le cas sur le chat :

Exemple1, séance 1 :

<1>Caroline : ‘holà!

<2>amazine : Bonjour Caroline, comment ça va cette semaine?

<3>Caroline : oui, ca marche... je suis un peu malade

<4>amazine : la Grippe?

<5>Caroline : mal à la gorge, peut-etre à cause du temps de la dernière semaine, mais c’es´t pas si grave...

<6>Caroline : question : est-ce ue tu as recu mon travail hier?

Toutefois une caractéristique du « dilogue » sur le chat est qu’il est possible à deux interlocuteurs de mener simultanément une conversation sur deux sujets à la fois. Ainsi dans l’exemple suivant le thème de la conversation se dédouble tout naturellement car l’intervention initiative du locuteur 1 comporte un double topic : le premier topic : « Amazine j’ai 3 filles à Genève » entraîne tout naturellement l’intervention réactive du locuteur 2 : « Elles habitent où tes filles ? ». Quant au

6. La terminologie de ce paragraphe et du suivant est empruntée aux ouvrages de Catherine Kerbrat-Orecchioni dont on trouvera les références dans la bibliographie.

Dilogue : dialogue à deux intervenants ; trilogue : dialogue à trois intervenants.

Topic : plus petite unité thématique de la conversation ; le moindre glissement dans le thème de la conversation correspond à un changement de topic. Ainsi un même thème de conversation peut se diviser en plusieurs topics.

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second topic : «donc je suis souvent là-bas », il se poursuit par une invitation du locuteur 2 à Genève et une contre-invitation du locuteur 1 : « Et toi tu ne viens pas quelques fois à Sion ? ». A l’oral, il ne serait pas possible de mener ainsi deux conversations de front : il faudrait soit aborder les deux topics successivement, soit, dans le cas le plus vraisemblable, développer l’un des deux topics au détriment de l’autre, qui sombrerait dans l’oubli pendant le développement du premier.

Exemple 2, séance 2 :

239 <Guest262> Amazine j’ai 3 filles à genève doc je suis souvent lebas 240 <Guest262> labas

242 <amazine> Vraiment alors il faudra venir me voir rue Lamartine

244 <Guest262> t’es gentille et toi tu ne viens pas qq fois à Sion ?

245 <amazine> Non, je connais mal le Valais.

Une fois seulement à la fondation Gianada

252 <Guest262> ah Gianadda à Martigny

254 <amazine> C’est ça, il y avait une expo sur Frieda Kahlo

258 <Guest262> j’aime aussi ces expositions ils changent suivent, très interessant

243 <amazine> Elles habitent où tes filles?

250 <Guest262> une as son appart au Petit-Lancy, une à rue Henri Christiné et une au carrouge

253 <amazine> Aucune n’habitent dans mon quartier. Moi, c’est la Servette 255 <Guest262> oh je connais bien la Servette nous avosn habité pas mal de tempos à la rue zut j’oublié, là ou il est Meuble pFister

257 <amazine> C’est ça, le magasin de meubles n’est pas loin de chez moi.

259 <Guest262> un rue qui commence avec un P....

260 <amazine> rue de la Poterie?

Du point de vue de l’apprentissage du français, ces nouvelles possibilités du chat rendent les conversations assurément plus difficiles à suivre, mais aussi plus ludiques car il est amusant de pouvoir discourir ainsi de plusieurs sujets à la fois et poursuivre le fil de sa pensée sans craindre d’être hors-sujet ou d’interrompre autrui.

Savoir gérer les tours de parole dans une conversation avec plusieurs interlocuteurs

Le dédoublement (voir détriplement) de la conversation est également observable dans le cas d’une conversation entre plusieurs interlocuteurs. Ainsi dans notre troisième exemple, Caroline et Isabel peuvent répondre simultanément aux

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autres locutrices (Amazine, Marilies et Svetlana), qui réagissent chacune différemment à l’intervention de Caroline (« je rentre à la maison seulement pour le weekend de paques, ´c’est aussi mon anniversaire, et après retour en suisse pour travailler à montreux et preparer des travails pour le cerle et pour l’université ») et à celle d’Isabel (« malheureusement je dois travailler pendant les jours de paques, mais il me reste au moins un jour pour aller skier »). Caroline et Isabel peuvent ainsi avoir simultanément une miniconversation avec chacune des autres, au vu et au su de tout le monde. Ce cas de figure est inimaginable à l’oral, l’intervention simultanée de tous les locuteurs produisant inévitablement un effet de cacophonie.

Exemple 3 :

<77>marielies : qu’est ce-que vous faisez pendant les vacances?

<81>amazine : Qu’est-ce que vous faisiez ou qu’est-ce que vous allez faire?

<83>Svetlana : moi,je reste à Fribourg. <82>Isabel : malheureusement je dois travailler pendant les jours de paques

<85>Isabel : mais il me reste au moins un jour pour aller skier

<90>Caroline : moi aussi, je rentre à la maison seulement pour le weekend de paques, ´c’est aussi mon anniversaire, et après retour en suisse pour travailler à montreux et preparer des travails pour le cerle et pour l’université

<86>marielies : Isabel qu’est ce-que tu vas travailler?

<89>Isabel : je travail au Migros à Lucerne.

Les express ont ouvert 365 jour par an

<97>amazine : Où allez-vous skier Isabel?

<102>Isabel : j’irai à Arosa. Ma soeur habite à Choire momentanement et va me joindre ce jour

<105>amazine : C’est dans quel canton Arosa?

<109>Isabel : au canton de grison (merci le

dictionnaire, smile)

<95>amazine : Qu’allez-vous faire à Montreux Caroline?

<96>Isabel : caroline, quel age tu fêteras ?

<106>Caroline : alors, je travail chez un bureau de pub wui organise le festival de pub à montreux en mai ; ca vut dire que je prepare les présentations et j’ecrit des dossiers pour les participants, pas de grand chose. et pour isabel : c’est mon 25...

<125>Svetlana : Caroline,ques-ce que tu aimrais fair dans ton anniversaire?

<129>Caroline : je vais passer le jour avec ma famille - c’est le premier fois il y a six ans, parce que j’habite depuis ce temps à vienne. le matin, mon pére et sa famille vont aller me chercher pour "brunch", l’après midi avec des amis et le soir, ma mère m’a invité pour dinner

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<111>amazine : ça a l’air très intéressant votre travail caroline. C’est en Français?

<115>amazine : Je ne savais pas qu’il y avait un festival de pub à Montreux

<121>Caroline : oui, il existe aussi une page web, mais je n’si pas l’adresse en tete, amazine. mais si vous voulez, je le cherche et je le vais vous envoyer

<128>amazine : Volontiers pour la page web, caroline. Ca m’intéressse de savoir de quoi il s’agit exactement

<126>amazine : Comment avez-vous trouvé ce travail, Caroline?

<142>Caroline : c’etait par hazard... à vienne, je suis sorti avec un ami wui m’a présenté un autre ami de lui. on parlait un peu et j’ai raconnté que je vais passer le semestre d’été en suisse. alors, il m’a demandé si je voulait travailler quelques jours, et moi j#ai simplement dir oui, c’était tout!

<145>amazine : Quelle chance Caroline.

C’était une excellente rencontre et une proposition très intéressante. Mais est-ce que c’est un travail en français?

<147>Isabel : pour les travaux interessant il fout toujours avoir bonne chance

<156>Caroline : non, surtout en allemand et anglais. alors, il faut parler en francais un peut, mais l’ecrit est en allemand. si non, j’aurais un problème...

<110>marielies : caroline : ce travail semble etre très interessant.

<116>Caroline : oui, ca me plait beaucoup.

c’est un bon changement aux études du droit.

en plus, on fait la connaissance de gens intéressant de tout la monde et on peut gagner un peu d’argent.

Le fait que les miniconversations aient lieu simultanément au vu et au su des autres locuteurs est à l’origine d’une complexification de la structure des dialogues puisque tout locuteur peut intervenir dans plusieurs miniconversations à la fois.

C’est le cas dans l’exemple précédent où Caroline, Marilies, Amazine et Isabel interviennent simultanément dans plusieurs conversations.

Du point de vue de l’apprentissage de la conversation en français, l’avantage du chat est qu’il devient possible de gérer plusieurs histoires conversationnelles à la fois et qu’il est plus facile qu’à l’oral d’interrompre et de s’immiscer dans une conversation, puisque personne ne peut monopoliser longtemps la parole.

Savoir attendre son tour de parole

A l’oral, toute personne qui coupe la parole à une autre ou qui propose un nouveau topic avant que l’échange en cours ne soit terminé passera pour un malotrus et aura peu de chances d’être écouté. Sur le chat, soit que l’échange ait paru terminé

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alors qu’il ne l’était pas, soit que le délai de transmission ait occasionné un chevauchement des réponses, il arrive fréquemment que de nouveaux topics soient proposés trop tôt ou trop tard sans que leur auteur passe pour un malappris.

Ainsi dans l’exemple suivant tiré de la 2e séance de notre corpus, Chris, croyant terminé l’échange concernant la situation de Triu Fontanella par rapport à Ajaccio, introduit un nouveau topic à la ligne 45 et reçoit une réponse à la ligne 48 seulement après la clôture de l’échange précédent aux lignes 46 et 47.

40 <Chris2HOST> Triu Fontanella?

41 <Chris2HOST> C’est de quel côté?

42 <amazine> C’est au Nord d’ajaccio à peu près à hauteur de Cargèse 43 <Chris2HOST> Je vois

44 <Chris2HOST> à 40 km

45 <Chris2HOST> Et en ce moment tu es où?

46 <amazine> Peut-être, je ne connais pas le kilométrage 47 <Chris2HOST> Moi si lol

48 <amazine> Je suis à Genève et j’y vis 49 <Chris2HOST> bien

La gestion des tours de parole étant plus aléatoire sur le chat, il en résulte une plus grande liberté d’intervention pour l’étudiant(e) en langue étrangère.

Savoir changer de topic

La gestion des tours de parole sur le chat est bien plus souple qu’à l’oral. Faut-il pour autant en conclure qu’il est possible de changer de topic à tout moment ? Lorsqu’on examine les changements de topics dans notre corpus, on s’aperçoit qu’il existe tout comme à l’oral un certain nombres de ratés dans la communication si le changement de topic intervient vraiment trop tôt ou trop tard.

Ainsi à la ligne 7 de la 1ère séance de notre corpus, Amazine a tenté d’introduire un nouveau topic (amazine : Vous avez vu les nouveaux documents que j’ai mis dans la classe?) alors que le rituel de salutations n’était pas achevé. Elle a donc dû réintroduire son topic à la ligne 26 (amazine : Une question pour tous : avez-vous trouvé la liste de liens que je vous recommande pour travailler et la version de notre dernier chat?) avant d’obtenir trois réponses aux lignes 31, 32 et 33.

<31> Isabel : oui, j’ai déjà essaye quelques-uns

<32> Svetlana : oui,j’ai les vue,mais pas tous

<33> Caroline : non, pas encore cherché - mais je le fait après ce chat.

De la même manière, à la ligne 120 de la 2e séance de notre corpus, amazine a tenté d’introduire un nouveau topic sur la canicule et la fête de Genève et n’a obtenu qu’une réponse polie sur la canicule à la ligne 122 et pas d’intérêt pour la fête de Genève parce que la discussion sur le divorce de Chris n’était pas terminée :

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116 <amazine> Chris, es-tu mariée à un français?

117 <Chris2HOST> Je le suis encore jusqu’en septembre lol 118 <Chris2HOST> ou octobre

119 <Guest262> lol

120 <amazine> C’est la canicule à Genève, mais il y a la fete de la musique 121 <Guest262> demande comme cadeau de mariage un ORDI !!!!!

122 <Chris2HOST> Il fait 45 ° ici 123 <Guest144> wow

124 <amazine> OOps, alors c’était peut-êtr pas le sujet à aborder...

125 <Chris2HOST> JE DIVORCE!!!!

De ces remarques, on déduira donc que si elle est plus souple qu’à l’oral, la notion de tour de parole n’est pas absente de la conversation sur le chat et qu’elle doit être respectée dans la mesure du possible. La maîtrise du moment où il convient d’intervenir fait également partie de l’apprentissage de la conversation en français.

Savoir condenser et résumer son point de vue

A l’oral, la construction du sens au cours de la conversation se fait par interventions successives qu’il est possible de raccourcir ou de prolonger à volonté selon l’intérêt des participants. L’un des interlocuteurs peut ainsi se lancer dans de longs monologues argumentatifs tandis que les autres se contentent d’écouter en hochant la tête ou en brûlant d’intervenir. Ce type d’échanges n’est pas possible sur le chat qui ne permet pas les longs développements. Les interventions doivent être courtes et se succéder à un rythme soutenu sur le mode d’une partie de ping-pong.

Ces contraintes qui excluent d’emblée un grand nombre d’exercices oraux que l’on serait en droit de vouloir pratiquer dans une classe de langue ne sont pas une réelle entrave pour l’exercice de conversation qui nous occupe puisqu’en contrepartie elle permettent d’exercer un savoir-faire précieux dans un certain nombre de contextes : celui de savoir condenser et résumer ses propos sans les trahir. On ajoutera que la construction du sens par petites touches plutôt que par longs développements présente un caractère plus ludique puisque l’on ne peut découvrir que très progressivement des informations sur ses interlocuteurs en rassemblant peu à peu toutes les pièces du puzzle.

Conclusion

Au terme de cet article, nous espérons avoir démontré que les exercices de conversation sur le chat peuvent être un complément tout à fait intéressant aux exercices de communication oraux pour un ensemble de raisons que nous allons rappeler et résumer ici.

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Premièrement, il est des compétences de communication que le chat permet d’exercer aussi bien que la conversation orale, comme la maîtrise du code de l’oral, les salutations, la prise de parole, la gestion des malentendus, l’autocorrection, les formules d’adieu, les changements de topics, les demandes d’explications, les reformulations, etc.

Deuxièmement, du fait de l’anonymat, de la désincarnation de la communication et de la souplesse des tours de parole, le chat a un effet désinhibiteur qui favorise la prise de parole et profite beaucoup aux étudiant(e)s les plus timides.

Troisièmement, la spécificité de la communication sur le chat ajoute beaucoup au caractère ludique de la conversation puisqu’elle permet une démultiplication inhabituelle des sujets de conversation au cours d’un même échange et une gestion polyphonique des dialogues. Bien souvent, la recherche ne concorde pas sur ce point : les détracteurs du chat ne voient guère l’effet positif de cette polyphonie qu’ils considèrent en général comme « du bruit ». Nous pensons au contraire qu’intrigué(e)s par l’étendue de ces nouvelles possibilités, les étudiant(e)s se sentent naturellement poussés à intervenir et à se démultiplier pour être dans toutes les conversations en même temps. Nous considérons donc qu’il serait utile de poursuivre la recherche sur ce point afin de déterminer si la polyphonie sur le chat est plutôt ressentie comme une entrave ou comme une incitation à la communication.

Ensuite, la communication sur le chat profite de certaines spécificités de l’écrit.

Les étudiants ont plus de temps qu’à l’oral pour faire émerger et formuler leur pensée. D’autre part, les échanges sur le chat laissent une trace écrite qui permet de communiquer sans entraves, même a posteriori sur des topics déjà abordés, sans risque de couper la parole à quelqu’un ou de paraître hors sujet. Les traces écrites présentent en outre l’avantage inestimable de permettre une correction des dialogues par l’enseignant, dont le rôle est d’attirer l’attention des participants sur les formes et le lexique non maîtrisés.

Enfin, l’exercice de la conversation sur le chat, même s’il ne profite pas toujours directement à la maîtrise des savoir-faire propres à la conversation a des effets secondaires tout à fait intéressants pour l’apprentissage du français en général comme de stimuler l’aptitude à condenser et formuler brièvement sa pensée, de multiplier les occasions d’écrire des mots français ou de favoriser la formation de tandems. En effet, communiquer sur un chat, c’est avoir l’occasion de se livrer à un exercice de communication authentique avec des personnes réelles, d’exercer son charme et son esprit en vue de nouer de nouveaux contacts qui pourront s’avérer utiles à l’exercice de la langue étrangère en dehors de la classe.

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Références

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