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Article pp.165-168 du Vol.6 n°1 (2008)

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Texte intégral

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E NTRETIEN

Enseignement à distance :

volonté nationale, impératif international

A l’occasion de la publication du rapport sur L’Université numérique en France1, dont il a été chargé en octobre 2007 par Madame Valérie Pécresse, ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Henri Isaac s’entretient avec Jacques Wallet.

Jacques Wallet (JW) : Qui êtes-vous M. Isaac ? et quel est votre itinéraire ? Henri Isaac (HI) : J’ai 41 ans, je suis maître de conférences en sciences de gestion à l’Université Paris Dauphine. J’enseigne le management et les systèmes d’information, plus particulièrement je m’intéresse aux effets des systèmes d’information sur les pratiques de management. J’enseigne également le commerce électronique et les systèmes d’information mobiles. J’ai une large expérience de l’enseignement en formation continue, principalement sur les populations de cadres.

Mon expérience avec les TICE remonte à la fin des années 1980. J’ai financé en partie mes études en étant moniteur informatique à l’université. J’ai été un membre actif de la Cellule d’Innovation Pédagogique de l’Université Paris Dauphine créée par Michel Armatte. J’ai participé à l’épisode des Campus Numériques en créant un module de formation en ligne dans le cadre de Canege.

J’enseigne à distance dans ce cadre deux cours depuis plusieurs années. J’ai également en charge le développement et la gestion d’intranets pédagogiques pour les MBA de Dauphine et plus particulièrement pour l’Executive MBA où nous avons construit un dispositif mixte présentiel et à distance. J’ai également développé des modules d’auto-apprentissage en ligne pour Crossknowledge.

JW : Quels sont les enseignements principaux de votre rapport ? HI : Les principaux enseignements du rapport sont les suivants :

Il n’y a pas encore une prise de conscience généralisée des enjeux de la connaissance en réseau au niveau stratégique dans les universités. Cette absence de prise de conscience explique de nombreuses difficultés qui existent dans les universités sur les TICE.

1. http://www.recherche.gouv.fr/cid20761/remise-du-rapport-universite-numerique-d-henri- isaac.html

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166 D&S – 6/2008. Internationalisation des programmes

Les difficultés ne sont pas tant des questions de moyens (il en faudrait bien sûr davantage) que des questions de structures et de culture, notamment en ce qui concerne l’enseignement à distance qui n’est pas perçu comme une modalité pédagogique tout à fait légitime dans de nombreuses universités. A cet égard le statut de l’enseignant-chercheur reste à ce jour un obstacle majeur au développement de cette modalité pédagogique du fait de l’obligation légale de face- à-face sur laquelle de nombreux établissements s’appuient pour limiter l’enseignement à distance.

Les difficultés organisationnelles sont très nombreuses (voir le rapport pour plus de détails) et se manifestent au final par un retard certain des universités françaises au regard des autres pays européens. Les universités françaises ne sont pas adaptées pour accueillir la génération native du numérique.

Ces constats ne sont pas nouveaux mais ils sont largement partagés au sein de la communauté des TICE. Les actions développées par les acteurs des TICE à l’université ont été souvent remarquables compte tenu de cet environnement peu favorable. Il importe désormais de leur donner les réels moyens qui leur permettront d’insérer les universités dans les réseaux de connaissances mondiaux et d’offrir aux étudiants une qualité de service digne de ce nom.

JW : Quelles ont été les réactions à l’issue de sa publication (en particulier par les blogs ?)

HI : Je constate que, dans une large majorité, les acteurs accueillent favorablement le rapport. Certains disent que les constats ne sont pas nouveaux. Je suis d’accord avec eux mais c’est parce que la situation n’a guère évolué favorablement ces dernières années sur ce sujet malgré les initiatives locales et ministérielles. D’autres se focalisent sur la question des moyens. J’affirme et je maintiens que l’essentiel des difficultés rencontrées est lié à une absence de prise de conscience des mutations radicales en cours et d’une inadaptation cruelle de nos structures et l’absence souvent dramatique d’une réelle réflexion pédagogique dans l’université qui a toujours été délaissée au profit de la recherche.

JW : Pour certains, votre rapport donne parfois l’impression qu’il existe une forte volonté ministérielle et une relative inertie des structures ou des acteurs de terrain dans le domaine des TICE, cette perception est-elle légitime?

HI : La commande du rapport traduit bien une prise de conscience politique de faire évoluer les universités sur ce sujet. La Ministre m’a demandé un état des lieux et des pistes d’actions. Le rapport pointe le fait qu’il y a urgence à agir. En effet, les universités ont des difficultés à franchir un cap dans la gestion de leur système d’information. Il y a donc un accompagnement à mettre en place pour que les universités structurent de façon très professionnelle leur système d’information afin qu’ils apportent de la valeur à tous les acteurs de l’université dans l’exercice de leur fonction. Je ne dis pas dans le rapport que les acteurs de terrain n’ont rien fait. Ils ont fait avec leurs moyens et un environnement organisationnel peu favorable dans

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EAD, volonté nationale, impératif national 167

lequel l’action ministérielle a surtout porté sur des financements interuniversitaires qui ont eu du mal à se traduire dans des usages au sein des universités.

JW : Pourquoi insistez-vous surtout dans votre rapport, au sujet de la recherche en TICE, sur les « serious games », n’est-ce pas un peu réducteur ?

HI : Sur les « serious games ». Je ne dis nulle part dans le rapport que la recherche doit se limiter à cette question, cela serait absurde. Ce que je constate c’est que le jeu vidéo est un phénomène de société qui concerne désormais deux générations. L’utilisation de la simulation informatique en enseignement n’est pas nouvelle en soi. Le jeu-vidéo possède des caractéristiques intéressantes pour l’apprentissage qui sont peu mobilisées, voire pas du tout actuellement dans l’université. Les échanges avec les acteurs économiques de cette industrie montrent que les modèles économiques de cette industrie posent de sérieuses difficultés pour développer des jeux à des coûts raisonnables dans l’enseignement supérieur. Aussi il est nécessaire de voir à quelles conditions il peut être intéressant de développer de tels outils qui ne constituent nullement une alternative générale à l’enseignement.

D’où l’idée qu’il faut un programme de recherches qui permettent de comprendre l’économie de la production de telles ressources pédagogiques et favorisent l’émergence de produits pédagogiques fondés sur les caractéristiques du jeu-vidéo.

Un pays comme les Etats-Unis finance de nombreuses recherches et développements sur cette question. La France possède de réels savoir-faire dans ce domaine. Je trouverais très regrettable que notre pays soit absent de ce futur marché.

JW : Quelles seront, selon vous, en France les conséquences de la LRU2 sur la politique TICE, en particulier les UNT3 ?

HI : La LRU donne aux universités une autonomie plus importante que dans le cadre législatif précédent. Aussi les universités auront-elles beaucoup plus de latitude pour définir leur stratégie de développement et en particulier pour établir une politique TICE qui offre la possibilité de créer de l’attractivité tant pour les étudiants que pour les enseignants-chercheurs dans le domaine du numérique. Il appartient donc d’accompagner et d’aider les universités selon des modalités qui leur permettent de développer leur propre stratégie, libres à elles de mutualiser des infrastructures ou des ressources pédagogiques avec d’autres universités ou d’autres partenaires. Enfin, j’attire l’attention sur le fait que les ressources produites par les UNT ne sont guère connues et mobilisées par les enseignants et les universités qui financent ces développements. Le niveau interuniversitaire doit donc être mieux articulé avec les besoins et les stratégies des établissements universitaires.

2. LRU : Loi relative aux libertés et responsabilités des universités, n 2007-1199 du 10 août 2007.

3. UNT : Université Numérique Thématique.

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JW : Comment voyez vous l’évolution de l’enseignement à distance au sein d’un contexte dorénavant mondialisé ?

HI : L’enseignement à distance est une modalité pédagogique qui ne peut que se développer dans les années à venir au niveau mondial. De nombreux facteurs locaux plaident d’ores et déjà pour ce type d’enseignement qui séduit de plus en plus les apprenants issus des dispositifs comme la VAE et la VAP, l’apprentissage. Je note par ailleurs que de façon plus générale, le rapport au temps et à l’espace est en voie de profonde mutation avec l’arrivée à maturité des technologies mobiles ubiquitaire (téléphonie sans fil haut débit, wifi, Wimax). Cet environnement modifie nos rapports sociaux y compris notre rapport à la connaissance. Aussi, je crois beaucoup à l’avenir de cette modalité d’enseignement.

Il est donc très probable que certains étudiants préfèrent suivre une formation dispensée par des établissements étrangers tout en restant en France. Dans le même temps nous attirons toujours des étudiants du monde entier et plus particulièrement dans les formations à distance.

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