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Cyberespace et formations ouvertes, Vers une mutation des pratiques de formation ?
Séraphin Alava (sous la direction de, 2000) Collection Perspectives en Education et Formations Editions De Boeck Université, Bruxelles
Cet ouvrage de 226 pages est le résultat d’un travail collectif de chercheurs et d’acteurs de la formation réunis au sein d’un réseau d’éducation et de formation (REF98). Il se présente sous la forme d’une collection d’articles structurés et mis en perspective par S. Alava et porte principalement sur les mutations observées ou possibles dans un « cyberespace de communication » utilisé en formation.
Une première partie est consacrée aux enjeux et concepts relatifs au cyberespace et à la communication médiatisée qu’il permet. Cette partie rappelle la nécessité de cadres théoriques et de définitions pour des termes qui émergent dans ce domaine sans qu’on sache bien dire à quel(s) concept(s) ils font référence, par exemple le terme de « dispositif » décliné en « dispositifs de communication et de formations médiatisées ». D. Perraya, dans sa contribution, adopte des points de vue complémentaires pour rappeler des définitions et pour aider à cerner cette notion de dispositif de formation et de communication médiatisées. Les dispositifs de formation les plus novateurs dans le cyberespace sont largement encore à inventer selon lui. Séraphin Alava rappelle ensuite la lenteur avec laquelle les recherches universitaires en Education se sont saisies de ce domaine, puis il présente quelques modèles d’apprentissage sous-jacents dont l’explicitation est utile à l’analyse des dispositifs. Paul Bouchard définit diverses formes de distance dans ce qu’on appelle
« formation à distance » et propose une étude tendant à réduire l’écart entre enseignant et apprenant dans ces dispositifs ; il rend compte d’observations de terrain du point de vue de l’émergence de pratiques d’autoformation.
Dans une seconde partie, les auteurs cherchent à proposer des moyens d’analyser, comprendre, décrire les dispositifs médiatisés de formation. B. Charlier propose quatre axes pour décrire et comparer deux études de cas. Jean Loiselle décrit plusieurs expériences de formations médiatisées à distance mises en œuvre au niveau universitaire et en tire des conclusions sur des critères qui peuvent favoriser l’autoformation dans ces contextes. Pierre Landry propose à partir de sa longue expérience d’observation du développement des usages des TIC dans l’enseignement et la formation un ensemble de conditions pour réussir une bonne intégration des médias qu’il voit comme une opportunité de diversification des
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166 Distances et savoirs. Volume 1 – n° 1/2003
situations d’apprentissage au sein d’un projet global de formation. Enfin, Louise Marchand analyse un certain nombre d’expériences de formations universitaires par visioconférence et conclut à la fois sur la nécessité de changements de paradigmes et sur les résistances aux changements observés.
La troisième partie de l’ouvrage s’attache à identifier à partir de l’observation des usages une évolution du rôle des acteurs des formations. Christian Depover et ses collègues proposent un modèle basé sur le partage des connaissances et étudient les ressources, les objectifs, les lieux, les modalités et perspectives dans un tel modèle. Serge Pouts-Lajus analyse les résultats d’une enquête relative à l’usage de l’internet par les enseignants, il en dégage une typologie des usages et donc des compétences requises par les enseignants pour pratiquer ces usages. Jacques Wallet fonde ses observations sur la description de la recherche action RESAFAD, réseau de salles de travail multimédias installées en Afrique et reliées entre elles et avec la France par internet. Enfin, Séraphin Alava se livre à une analyse des caractères, pièges et dangers de la cyberlecture.
Pour conclure, les auteurs soulignent trois principes qui apparaissent dans toutes les contributions et qui sont relatifs au rôle et à l’utilisation réussie des technologies, que les formations envisagées soient à distance ou non. Premier principe : innover, c’est transformer, il y a toujours des résistances au changement, il faut donc accompagner efficacement les processus. Second principe : enseigner, c’est communiquer, il faut allier transposition médiatique et transposition didactique, et ce point n’est pas assez étudié dans les recherches. Dernier principe : apprendre, c’est collaborer, il faut donc prendre en compte la dimension collective de processus d’apprentissage trop souvent pensés comme bilatéraux et construire les conditions collectives des nécessaires interactions entre acteurs.
Il s’agissait de proposer des langages de référence et des outils d’analyse. Nous en avons quelques-uns, même si les auteurs précisent qu’ils sont à multiplier et perfectionner. Il reste à les utiliser pour mieux préciser comment le cyberespace peut devenir un outil efficace au service des pratiques autonomes et collectives des apprenants.
Chaque article est accompagné de références bibliographiques dont la réunion peut constituer une ressource précieuse pour les chercheurs du domaine. L’ouvrage aborde la question des formations ouvertes dans le cyberespace selon de multiples points de vue, les auteurs partent le plus souvent d’expériences concrètes, il est donc à conseiller à ceux qui cherchent des cadres pour situer et analyser leurs propres pratiques et ceux qui forment à ces capacités d’analyse.
Monique Grandbastien LORIA, université Henri Poincaré, Nancy 1 monique.grandbastien@loria.fr
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