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Douleur et Analgésie : Article pp.105-106 du Vol.6 n°4 (1993)

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Sinistrose et pauvrete

L'auteur de ces lignes est habitue depuis de nombreuses annees pratiquer des expertises medicales a la demande d'assurances sociales diverses, ce pour des assures souffrant de douleurs apres accident, le plus souvent de travail, parfois de la circulation. Au fil du temps, la population examinee a varie enormement. II y a 10 ans, les patients etaient encore surtout originaires d'ltalie, on parlait d'ailleurs volontiers de syndrome transalpin et il n'etait pas rare

d'entendre certains medecins caricaturer leurs patients sous I'expression peu courtoise de tutto fa male. On mettait en evidence des facteurs culturels, sans que ceux-ci soient necessairement reconnus comme ayant valeur de maladie, le

diagnostic de sinistrose, appele aussi nevrose de compensation ou de rente, etait souvent pose, I'eventualite de simulation parfois evoquee, et la certitude que ces

<<patients>>, la rente une fois en poche, retravaillaient dans leur pays d'origine, semblait evidente. Aux Italiens ont succede les Espagnols, parfois les Turcs et surtout les Portugais.

Les remarques contenues dans cet editorial sont evidemment valables pour la realite helvetique, mais des situations analogues se voient dans d'autres pays. Ainsi s'il est plus rare d'examiner actuellement des travailleurs du sud de l'Europe, les ressortissants du Kosovo sont eux de plus en plus nombreux. Culture differente, souvent musulmane, de famille tres nombreuse dependante entie- rement du revenu de celui qui est parti a I'etranger, les kosovars s'integrent mal aux normes du pays d'adoption economique dont ils ne parlent souvent pas la langue, meme apres de nombreuses annees de residence. Le nouveau pays peut 6tre considere comme un mat de cocagne pour ce que I'on pourrait considerer comme un proletariat d'importation relativement bon march& Les kosovars restent en general a I'ecart, entre eux, quelques uns ont ete accuses d'un certain nombre de mefaits, parfois ils ont ete impliques par la justice dans des affaires de trafic de drogue ou d'armes, ce qui a malheureusement jete le discredit sur I'ensemble de leur population.

L'histoire des assurances sociales montre que I'apparition de celles-ci a favorise le developpement de pathologies qui n'existaient pas auparavant, on pense evidemment surtout a la sinistrose et parfois a la simulation. Dans certains pays, dont la Suisse, on estime que la sinistrose ne represente pas une reaction adequate a un accident ou a une maladie et que le refus d'une rente se justifie par f'attente que I'assure se libere ainsi de ses troubles psychogenes et reprenne par consequent le travail. Plusieurs etudes ont montre que I'acceptation de la rente ne change rien au processus sinistrosique, que le nombre de consultations medicales ne diminue pas, mais aucune etude serieuse n'a ete publiee sur les consequences du refus de la rente. Les assurances sociales se basent sur un on-dit, peut-etre en relation avec I'observation qu'a lesion egale, les assures sans assurances sociales reprennent plus vite le travail. II est d'ailleurs admis que les rentes refusees dans un premier temps finissent souvent pas eve accordees tout de meme.

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La litterature recente et les idees qui en decoulent montrent bien que le processus d'invalidation qui mane ~ la sinistrose doit 6tre compris comme une tentative d'issue honorable dans un contexte oQ la notion d'invalidite se joue a un niveau Iogique different. Celle-ci est economique, sociale, intellectuelle, conjugale, familiale, culturelle; le refus de la rente par I'administration sociale n'est consid6re que dans une perspective relationnelle duelle, assure-assurance, sans tenir compte de toute la r6alite 6voqu6e ci-dessus, sans voir que ce processus se joue dans le cadre d'interactions multiples oO ce qui compte n'est parfois m~me pas le besoin qu'une rente soit admise, mais le simple fait de la reconnaissance qu'il y a

invalidite. Les assurances sociales ont peut-~tre leurs propres statistiques, on souhaiterait les connaTtre si elles existent. II est peu acceptable de justifier une pratique sur un a priori sans preuve statistique d6montree par une etude serieuse, comme il est d'ailleurs critiquable d'affirmer a partir de quelques cas recens6s, que les italiens rentiers, et par consequent les autres, de retour dans leur pays

d'origine, reprennent un travail. Les etudes, necessitant enqu6tes et surveillance, ne sont pas faites parce qu'elles coOtent trop chores.

II est admis que le processus sinistrosique commence avant I'accident, dans cette mesure la responsabilit6 de I'assurance-accident ne peut pas ~tre engagee. Cette affirmation se justifie I&, mais perd sa raison dans le cadre d'une assurance invalidite qui doit voir I'individu au sens large, et non pas en r6ference avec un 6venement traumatisant que I'on isole plus ou moins arbitrairement.

Qu'il y ait des abus, cela est probable, mais on pourrait s'attendre que des etudes serieuses soient enfin realis6es afin qu'il puisse y avoir en conse- quence modification de certains usages, car a partir du moment oe le concept de sinistrose est vu autrement que comme une tentative de tromperie a I'assurance, ces usages pourraient etre consid6res comme des abus de pouvoir. Cela dit il est egalement possible que I'on ait vu sinistrose la oe il y avait simplement simulation, et reciproquement. Les relations et surtout les differences entre ces deux tableaux meriteraient finalement d'6tre plus 6tudiees.

Dr R Rosatti

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