i;OXTE\ANr Lies l'niNtiiTs
m
cor.oBisoi: Mi:i\xf;Ks ni-s cm-LF.ms Arri.ioilis a roi s i.i;« oknrks :
PAYSAGES, FLEURS, FRUITS, AîilMAUX,FIGURES, ETC.
k'après les règles nFs (riII
WD S M AI TRKS
ft la r.oNXAissASCE VARFAITF, OB'» FFFETSrillMIQCtS SOU LFS >l\Tlf;RES COLORWTESL'ART DE LA RESTAURATION
KT roXSKliVATION DES
TAni.E\t \III MiiiiMt-; l'pnioN, iiiFOM)!i: n'\rHt:>. i'\ NmjMî\u plan
TRAITÉ MÉTHODIQUE ET RAISONNÉ
PEINTURE A L'HUILE
CONTENANT
LES PRINCIPES
DU
COLORIS OUMÉLANGES
DES COULEURS APPLIQUÉSA
TOUS LES GENRES:PAYSAGES, FLEURS, FRUITS, ANIMAUX, FIGURES,
ETC.d'après les RÈOLES des
GRAIVDS MAIXnES
HT LA CON.NAIS3ANCB PARFAITE DBSBFFGTS cniMIQUES SUR LB3 HATIKRBS COLOHANTSSL'ART DE LA RESTAURATION
ET CONSERVATION DES TABLEAUX
QUATRliME ÉDITION REFONDUE d'aPRÈS UN NOUVEAU PLAN PAR
GOUPIL ET RENAULD
r\Ris
RENAULT, LIBRAIRE-ÉDITEUR
10,
QUAI DU LOUVRE
1872
MANUEL COMPLET
DSLA
PEINTURE A L'HUILE
CHAPITRE PREMIER
EuduUs et imprcsslous pour pcÊudrc snr
toile,pa«
picr, carlou, pauiieaux et sur
luiir.11estdela ijIus haute importancepourl'art,de préparerd'une façon rationnelle le
champ ou
lasurface do toile, boisou
autre matière qui doitrecevoirun
tableau.Les couleurs de l'enduitou impression dont on recouvre les pan- neaux, toiles
ou
cartons à peindre, peuvent varier à l'infini, mais le choix dela teinte n'estpoint étranger àla réussitedu
tableau, ni à sa conservation à venir.En
parcourant lesmusées
tant anciens que modernes,on
voit ledanger de certaines impressions qui ont altéré de remarquables ta- bleaux de maîtres, telsque, parexemple, certainestoiles
du
Poussin, quiaffectionnait les impressionsen rouge auminium.
On
voit aussi, dansles somptueusesgaleriesdu
palaisdeVersailles, lesdéplorables ravages causés àune
quantité de peintures récentes, parl'incurie desartistestrop pressés de vernirleursouvragesaussitôt achevés, etla blàmnble insouciance doshommes mémo
les plus re-nommés
qui ont ignorélapartie matérielle technique do l'emploi do leurs couleurs, etvoué
pour ainsi dire de gaieté decœur
leursou- vrages àladestructionla plus prématurée.N'est-il pas singulier,dans le temps de progrès
où
noussommes, que
la pratique dela peinture soitenseignée àl'École impériale des Beaux-.\rts,sansqu'onailjamaissongéà fonder,dans celte école,uu
simple cours de chimie artistique, où l'on enseignerait, en quelques leçons, lachimiedes couleursà lajeunesse, quisaurait aumoins
l'AB
C raisonné des procédés matériels ([u'ellevapratiquer toute savie?C'est
comme
si l'onenseignait larhétorique françaiseados gens qui ignorent l'orlhographe etlagrammaire!Impression des
toiles.Choisissezlatoile pas tropneuve, assez claire, etavec le
moins
denœuds
possible, tendez-labien surlechâssis; appliquez alorslacolle de gantetdu
blancdecraieadditionnéd'unpeu
deplaire lia etbroyez ensemble,ensuite raclezlacollequi passe parderrière.La
toile devient alors très-tendue,on
la laisse bien sécher,on
laponce
ensuite soigneusement pour labien unir.Quelques personnes imprimentd'abord avec
du brun
rouge broyé à l'huile de lin etmédiocrement
épais, qu'onrend siccatifen y mêlantun peu
demine
rouge bien broyée:on
étendcetteimpressionenpro- cédantcomme
pour lacolle;on
laisseséchereton
ponce. Troiscou- ches suffisent. Lesdeux
dernièrescouchespeuvent
se faired'unmé-
lange de grisrougeâtre quipeutaider l'artiste àébaucher plus agréa- blement enlui laissant
une
sorte de demi-teintedontilprofile pardesfrottisglacésde diverses couleurs.
Impression des panneaux.
Les planches debois
ou panneaux
doivent être préalablement en- collésdevantetderrière avec delacolle chaude de peau, celaempê-
cherale boisde setourmenter.Employez
lacolledemi-figée.Imprimez-les aussides
deux
côtésavecdu
blaacde craie (d'Espa-gne
etde la colle,en
seservantd'une brosse douce), à plusieurs cou- ches, ayant soiude bienlaissersécher àchaque
fois,afinquelesporesùa
bois soientbien bouchés; unissez àla ponce, etpassez ensuitevosdeux ou
trois couches de blanc deplomb
à l'huile,moyennement
épaisses.Si
vous
voulezdu
grain,tamponnez
lacouche aveclapaume
dela main, lacouleurprendramieux
surune
surfaceun
peu grenue.On
peut,à volonté, fairecegrenu
plusou moins
sensible.laapressîou miis'ale.
Donnez
d'abordune
impression au plâtre, à l'huile, avecdu brun
rougeou
de l'ocre jaune, laqueWes'emboit dansle plâtre sec, etdon- nez-enune
seconde d'une teinte gris rosaire par-dessus,ou
d'ocre et deblanc,sivous
préférez.On
peut,si la murailleestbiensèche, ydonner
àplusieurs reprisesdeux ou
troiscouches d'huilebouillante,jusqu'à ce quel'on voieque
l'enduit
demeure
graset nes'emboitplus.On
l'imprime ensuiteavecleblanc de craie et de l'ocre jaune
ou
rouge,ou
autres terres qu'onfcroie
un peu
ferme et donton
faitune
couche £urle mur.D'autres personnesfont
un
enduit préalableavec de lachaux
etdela poudre de
marbre ou du
cimentfaitde tuiles pilées etbroyées ûne- ment, qu'onapplique àla truelle pourle bien unir; ilsl'imbibenten- suitede plusieurs couclics d'huile de linavecune
grosse brosse.En-
suite,
on
faitune
composition de poix grecque, de mastic etde gros vernis,bouillisensemble dansun
potdeterre,on
l'appliqueàlabrosse etonunit àlatruelle chaude.On
imprimeensuite la couleur à l'huile sur laquelle onviendra peindresontableau.C'est
un mélange
d'huile cuiteavecun pou
de lilhargequ'on délaio avec de lacirefondue.On
chauffelapierre, leplâtreou
la toile qu'on veut enduire, et l'on passe dessus, avec des pinceaux, la préparation liquide.On
peut remplacer la cirepar certainesrésines, tellesque
l'élemi, lecopal, et l'huile parune
essence telle que l'aspic; cela estmémo
nécessaire
quand
les peintures qu'on doit y exécuter sont placées dansdes rez-dcchausséeou
lieux baset humides.On
enduitles statuesde pierre tendre, les vases,les bas-reliefsou
plâtre et médaillons, d'un encaustique à la cireetà l'huile lithargirée.
Lesenduits à l'encaustique conviennent égalementà l'impression des
panneaux
de métal de cuivre.Considérations générales sur les papiers,
toiles,panneaux.
En
Italie, les anciens ontcommencé
par faire leurs tableaux surpanneaux
fortépais eten bois de peuplier; en Flandre, on adoptalechêneinattaquable par les vers, toujours redoutablesàlapeinture sur bois.
On
imagina deles enduire quelquefoisde cireou
derésinepour lespréserverde l'humidité. M. Tachet fabri(iue aujourd'hui des pan-neaux
en boisplaqué, croiséen divers sens, qui présentent toutesles garanties possibles de solidité.On
imprimaitanciennement
les pan-neaux
avecde lacraiedélayée dans de la colle animaleou
bien avecdu
plâtre éteint. Montaberldit qu'aux x* etxicsiècles, on collaitsur lespanneaux une
toile qu'on imprimaitd'un enduit blanc, analogueau
stuc. C'est ainsi que les Chinois procèdent pour les grandes pièces de vieuxlaque, siromarquablcmenlunies; puisles toiles sontvenues, qui les ont remplacées, et maintenant elles sont d'un usage presque général.Il y a
néanmoins
quelquesartistes qui, pourdepetits tableaux do genre, préfèrent lespanneaux, leur grainhn
étant,selon eux, plus fa- vorable que r.elui de la toilepourtcrniiiior et soignerminutieusement certainesparties délicates, entre autres les nus.Malgré cela,nouspen-
sons qu'ondoits'abstenird'employerles toiles delin, etsurtoutcelles de coton; celles de chanvre,les plus fines, écrues, d'un tissu bien égalettendues surchâssis,avecclefs
aux
encoignures, sontles meil- leures. Celles dontle tissu seraitlâchereprennent delafermeté, sion
lesenduitd'une couche de colle de gants tièdequ'on étend avec
un
couteauàmanche
coudé,en
enpromenant
letranchantémoussé
droit etcomme une
règle àla surface de la toile, pouren
égaliser l'appli- callon. L'encollageune
fois sec,on
ponce, eton
appliquedeux ou
trois couches de blanc de céruse, broyé avec
une
partie d'huile de noixetune
d'essence de térébenthine, àla consistance d'unepom- made. Au
bout detroisou
quatrejours, l'impression serabonne;
elleadhérera suffisamment à la toile et
ne
serapas cassante. Cetteprépa- rationestpeu
coûteuse ettrès-recommandable dans sonemploi.Les tableaux des Vénitiens étaient généralement imprimés avec
du
plaire; aujourd'huion imprime
généralementàl'huile.Les
marchands
de Paris les imprimenten
lestamponnant ou en
les ponçantaprès l'impression.On
trouve chezeux
des impressionstrès- variées pourla grosseurdu
grain, d'une couleur généralement jau- nâtre.La
pratique et l'observation démontrerontles différents partis qu'on peuttirerdu
plusou moins
de grainde la toib, pour l'exécu- tionpittoresque.Nous
reviendrons sur ce sujeten
parlantdes procé- désd'exécution,etnous dirons,en
règle générale ; qu'unpeintre quivoudra
exécuterun
tableau de petite dimension devra choisirdepré- férenceune
toile lisse, àmoins
qu'ilne
veuille y jeterune
esquisseou
pochade rapide etd'une toucheun peu
heurtée, n'indiquantque
des effets brillants delumière. L'impression lisse stimuleraetforcera pourainsi direlepeintre àun
fiaiprécieux, qui estun
des méritesdes petitstableaux. (Voir les admirables peintures des Terburg, Melzu, Meyris, Ostade, etc., etc.; et, de notre temps, les Meissonnier, Paul Dclaroche, Decanaps.)Il n'est pas
non
plus indifférent de faire le trait d'un tableau avec n'importe quelgenre de crayon.Nos
jeunesartistes desacadémies ont l'habitude de crayonnerau
fusainle trait d'une figure. Il est évidentque
le noirdu
fusainne
faitquesalirles tonsde chair; lacraie serait à cet égard plus inoffensive; mais, après avoir tracéune
figurenue
avec la craie,on
ferabiend'en chercherplus finementles contours avecla sanguine,qui a plus de rapportavecla couleurde la chair.Ilvaudrait encore
mieux
esquisser avec des crayons de pastel rosés, demi-durs.La
raine deplomb
esten tout casd'un emploidétestable.On
fait également usage d'un papiercollé sur toile etenduitde vernisgomme
copal prép.ué de lamême
façonque
les toiles : on s'en sertsurtout pour peindre des études, d'abord en raison de l'écoDomie qu'ontrouve à s'en servir, ensuite àcause de la facilité qu'iloffre à
l'artistevoyageur dontles toiles
ou panneaux
augmenteraient de beau- couplebag.ige, taudis que vingtoutrentemorceaux
de papier àpein- drepeuvent aisément tenirdanssa boitedecampagne.Au
reste, sice qu'on a faitsur papier mérited'être conservé,on
peut le fairerentoi- ler, c'est-à-dire le faire reporter sur châssis,comme
il arrive p. ur la restauration, lorsqu'on fait remettre de vieux laLkaux sur toilesneuves.
CHAPITRE
IIDe la nature dis coiilcnrs.
Lesartislfsqui emploient lescoulenrs ont besoinde quelquescon- naissances scientifiques, sur la nature des matériaux à leur usage, leur compositionetleseffetspliysiqucsetchimiques quise produisent par diverses causes, et gui,si
on
les ignore, occasionnentaux
pein- tres de sidéplorables mécomptes.Les fibricauts de couleurs fournissent au
commerce
des produits d'une teinte aussi belle que possible et au prixlemoins
élevé, maisl'artisteconsciencieux ne se contentera pas de ces seules qualitésap- parentes : il devra savoir qu'il faut, pour qu'une couleurremplisse lesmeilleures conditions, qu'elle puisse, étendue aupinceau, en cou- che très-mince,
masquer
la couleurdel'objetsur lequelon
l'applique (c'estlaqualitécouvrante). Lessubstancesles plus deuscs et les plus lourdes présentent cette propriétéquand
elles sont parfaitemeut broyées.Les
composés
deplomb
couvrent beaucoup, mais noircissent aisé-ment;
le blancîle zinccouvre moins,quoique son usage soittrèsen
faveur, maisil ne change pas.La
fixitéou
solidité d'une substance colorante est surtout im- portante.Nous
soumettons ici, d'après les données scientifiques les plus réceiitcs, la liste des couleurs le plus en usage que lapeinture emploie, en indiquant leursdegrés de solidité.
Les couleurs qui servent aux divers emplois de l'artsont des sub- stances empruntées
aux
trois règnesd.i lanature.Le
règne minéral fournil lestroisquarts descouleurs de lapeinture à l'huile; ce sont des terres,desmétaux,desoxydes etdes combinai- sons salines. Cellesdu
règnevégitulmauquent
decorps, de fixité,etircQi leursprincipes coloianlsdes fliurs etdes racinesprécipitées^.ar
les alcalis; celles
du
règne animalsontlacochenille, lasépia, quine
s'emploient pas à l'huile.Il faut,
en
outre,que
lescouleurs réunissentlapropriétédesemé-
fanger parfaitementaux
liquides qui servent à les délayer, de sé- cher vite, d'être insolubles dans l'eau, et den'être pasdécomposées
parlamixtion avecd'autres.Il y a aujourd'hui
une
profusion inouïe desubstancesvendues
par lecommerce
sous desnoms
quin'indiquent pas leur véritablecomposi- tion chimique.Aucun
contrôle n'estexercé sur les falsifications des couleurs. Les artistes les achètent aveuglément. Ils feront toujoursmieux
d'acheteren
poudre et debroyereux-mêmes
les couleursdont la naturepourraitêtre douteuse.Liste des couleurs qu'on peut employer généralement dans les arts d'après leur degré de solidité.
TRÈS-SOLIDES.
Oxydede zinc, Blanc d'Espagne, Craie,
Chauxvive, Sulfate debaryte, Argenten coquille.
Or en coquille, Jaune Mérimée, Ocre jaune, Jaunede Naples, Terre d'Italie,ocrederu.
Jauneminéral.
Jaune de clirôme, Gliromate de baryte.
Laque minérale.
Outremer Guimet, Bleu d'azur naturel.
Cobalt, Smalt,
Outremerdecobalt, De fuméedevigne,
^ ' D'ivoire,
De
Francfort, D'Allemagne.Arséniate decobalt, Ocre rouge.
Laquede Garance,
Carmin
decoctienille.Laque carminée.
Rouge
de Prusse,Rouge d'Angleterre, colcothar, brun rouge.
Rosede cobalt.
Bol d'Arménie.
Vert de cbrôme.
Vert de
Rinmann,
Vert demontagne naturel.Vert Milory, Terre de Vérone, Terre de Siennecalcinée.
Brun de manganèse, Brun Vandick,
Bitume deJudée, momie.
Terre d'ombre, terre de Cassel.
Couleurs qui changent.
Parmi
lescouleurs pernicieuses, àrejeter de la peinture àl'huile,ôû
doit citerlevert de-gris, qui noircitau
contact del'huile.C'estun
oxyde decuivre
ou
acétate decuivre, sortede sel quiadétruitbean- coup deial)leauxde Léonard deVinci, qui malgré ses profondes con- naissancesscientifiques,en
ignorait les eiïets.Il employait égalementle noird'imprimeur. Néanmoins, les Vénitiens ont employé le veri- de-grispai glacispourlesdraperiesetdesverduresqui ontpeu changé.
Mais ils employaient de préférencelamalachite,
devenue
très-dispen«dieuse etrare aujourd'hui.
Le jauneintense, qui est le produitde l'oxyde de
chrome
et qu'on emploie souvent, ne supporte nilecontact des autres couleurs, ni ce- lui de Thuile;combiné
avecl'alcali,du
bleudePrussebroyéàl'huile, il rougit, devient noirâtre, etne
saurait donnerdes verts durables.Seul il ie conservemieux.
Le
carmin Je cochenille,couleurdu
règneanimal, le vermillon,la terred'ombresontdanslemôme
cas.Le
massicot jaune, la gomme-gutte, l'indigo etpresque toutesles couleurs qui sontexemptes de décomposition et d'évanouissement àlalumière,
comme
le seraient les stils degrain, les mauvaises laques et touteslescouleurs végétales, ne sontsolides et inaltérablesqu'em- ployéesà lacire, et,engénéral, dans lesglutens sanshuiles,Conlenrs très-pcn solides.
Cinabre, laque de
Fernambouc,
rouge de Carlbame,ocre verte, vert devessie, vert anglais, cendre verte, vert de Schèle, vert deBrème,
pourpre de Cassius,violetvégétal.Le
mode
depréparation,debroyage,demélange
avecles huiles,etc., influeénormément
sur ledegré de fixité descouleurs.En
général, la couleur sera d'autant plus durable, qu'elle aura été obtenue àune
haute température,etqu'elle aura résisté pluslongtemps àl'action dolachaleur.
Lescouleurs doivent être,autantque possible, conservéesdans
un
endroit sec.Pour
sécherles couleurs en poudre qui auraient absorbé del'humidité, il fautlachaleurgraduée de l'étuvc.Les rayons solairesconcourentàladestruction
du
plus grandnom-
bre des couleurs, puis lesémanations gazeuses existantdansl'atmos- phère.Les bonsvernis sont les meilleurspréservatifscontrel'actiondélô- lère et décolorantede la lumière.
Lescomposés de
plomb
noircissent tousau
contact des émanations méphitiques produites par lesulfure noirde plomb, et certaines pein- tures blanchesoù l'ona employé des siccatifs à base de sels sulubles dezinc et demangauùjc
jaunissent avecle temps.- 10 -
CHAriTRE m
Prépaa-ation des coulcnrs.
Beaucoup
d'artistesdu
premier mérite ont des habitudes systémati- quesrelativesà l'emploi de telleou
telle couleur depréférence àtelleou
telle autre; c'estune
des choses qu'il faut éviter, car lebon
sensnous
ditquetoutsystèmedoit être proscritdansun
artquise propose souvent l'exactereproduction de lanature^ et lebutdesrecherches del'artistedevant être de trouverlestons nécessairespour
en
arriverlà, ilne
doit rien proscrire de la palette, excepté les couleurs qui noir- cissentavec le temps, celles quipeu
àpeu
rongent cequi les envi- ronne, et enfin, cellesquiempêchent
lesmélanges
dans lesquelselles entrent, de sécheraussipromptement
qu'onpourrait ledésirer.Les couleurs se
vendent
enpetitesvessieseten
tubes.On en
trouve de toutespréparées dansbeaucoup
d'endroits;maisune
foishorsPa-
ris,
ou
travaillant loind'une ville, la provision qu'ona faite peuts'é- puiser, et l'ona besoin,en
ce cas, de pouvoir remplacer ce qui fait défaut : c'estpourquoinous
croyons devoirindiquer lemoyen
des'en procurer sur-le-champ.Pour
cela,on
doit emporter dans ses excursions des couleursen
poudre; plusune
glace dépoliedontl'emploiestspécial, avecune mo-
lette (les
deux
outils nécessairespourbroyer) etdeux
couteaux sou- ples : l'unenfer, l'autreen
corne.Le
broyage s'opère en mettant surla glaceune
certaine quantitéde
couleur,qu'onarroseavec de l'huileblanche d'œillelte,etqu'onécrase àl'aide de lamoletteen
tournantetappuyant àla fois; pour s'assurer quel'opérationest bien faite,on
prendun peu
de couleurentredeux
doigts, et si
on
n'y sent plusde grain, c'est qu'elle est broyée sufîi-samment.
Afinde
ramener
lacouleurmise en cet étatsur le centre de laglace oii s'est faitel'opération,on
se sert del'un desdeux
couteaux destinés àcetusage; l'un,en
fer,ne
sauraits'employerni semettreen
contact aveclescouleurs qui peuvents'oxyder; pourcelles-là,on
se sertd'un couteau de corne.Les couleurs qui craignent l'approchedu
fersont:le blanc, les ocres, lejaune
deNaples
et lejaunedechrome;on
peut,sion ne
veutpas sedonner
lapeine demettreles couleurs envessies, les placer dans de petits pots de porcelaineou
de faïence biencou- verts.Des huile».
On
se sert,pour
peindre, dedeux
espèces différentes:l'huilede
In, ou
l'huile d'œilletle, olivetteou depavot,plusb'ancheque
l'hu'le—
11—
de lin, quebien des artistes remplacentpar l'Iniilegrasse,qui est pré- frrabte pour les couleurs qui se sèchent difïlcilement, telles que les laques, les bruns, lesnoirs; mais, aujourd'hui, on pré.ere le siccatif de Harlem, qui est clair et ne
communique aucune nuance aux
cou- leurs.Le moyen
d'avoirune
huile siccative incffcnsivc (c'cst-à-dîrcqui ne jaunisse pasetn'altèrepas les couleurs),c'estdefaireconcentrercelle de noix en la faisant bouillirune
heureau bain-marie.Leshuilesessentielles sont: lol'essencedetérébenthine, produitde
la distillationde la térébcnlhineliquide, provenant de certains arbres résineux.
2» L'huile d'aspic, extraite d'une grandelavande,
commune
en Lan- guedoc.Roaumur
s'en est servipourdissoudre lecopal.3» L'huile de romarin; 4° l'huile essentiellede lavande.
Les couleurs liqucfiées parles huiles volatilessèchent plus
promp-
tement que lescouleursliquéfiées parleshuileslixes.Une
desqualités qu'ondoitreihcrcherdans leshuiles, c'est lablan- cheurou
iransparencc. Les huiles giaises sont habiluellcnicnl foncées;ellesfont craqueler lapeinturesionen abuse.
Ed
général, toutesles huilessont susceptiblesde devenir siccatives»en
étantchaufféesaveclalithargeou
oxyde de plomb.Soins ponr
le(rnTnIl et
Inconservation de»
pinceaux.
Les instruments de travail
du
peintre,comme ceux
du dessinateur, exigentetméritent tous les égardsettouslessoins possibles.La
poussière estennemio
jurée de la peinture.On
raconte que le célèbre GérardDow,
immortel auteur de laFemme
hyJropique,no
laissait pénétrerpersonne dans son atelier;
on
prétondmémo
qu'il y descendait parune
trappeménagée
auplafond, ponréviter les tour- noiementspoudreux
qu'auraitpu souleverune
porte sur leparquet, etque,une
fois entré, il restait assis immobileun
quart dheurode- vant son travail, dans lacrainte d'agiter, parlemouvement
deson corps, des poussières qui auraient pu faire des grains et souiller la surface de la toile.Le
coke et lecharbon deterrequ'on brfll'^ dans lesateliers salissentbeaucoup
lapeinture. 11esttrcs-ulile detenirletableauqu'onfait dansune
position aumoins
verticale, afin d'cmpôchcr les corpuscules aé- riensdont l'air estrempli de s'y attacher. Évitez do retournervo tre toilecentrelemur
enlaprivantd'air, leshuiles ne peuvent s'évnporor convenablement. L'essence gâte les brosses et les pinceaux.— 12 —
Les pinceauxlaissés à lapoussière, sivous
ne
peignezpastousles jours, se rongentpar lapointe. Ilest utilede les tenir enfermés dans quelque boîteou
tiroir qui contiennedu
tabacou
qui soitimprégné
de son odeur, qui tue lesmites invisibles,ennemis
despoils.On
peut aussi les imbiberd'huile d'olivesavant de s'en servir.J'ai
vu
à Florence, chez plusieurs peintresdemes
amis, des boîtesou
châssisdestinésaux
tableauxen voie d'exécution, formantun
re- bord (toutautour de la toile), sur lequel, aumoyen
d'unetringle,on
faisaitglisser
un
rideaupour
préserverle travaildes inconvénientsde lapoussière.Jeliens
du
célèbre Robert Fleuryun
procédé qu'il estfort utile de connaîtreen
voyage, pour emporter des esquisses faites àla hâte et qu'on n'apu
laissersécher àloisir; il consiste à les couvrirde plu- sieurs feuillesde papier Joseph,en
évitant de lesrouler.On
lesmet
en portefeuille lesunes
surles autres, sansles frotter.A
l'arrivéechez soi,on
les laissebien sécherau
soleil, etou
enlève ensuite le papierJoseph avecun peu
d'eau, il s'enva
sous le doigt, etl'on n'aque
fortpeu
de retouchesà faire.Qualités de la palette*
La
palette doit être légèreau
bras; il yen
ad'ovales, de carrées;cellesdesChinois sont
en
demi-cercle, le diamètre posantsurle bras, avecun
troupourlepouceménagé
d'uncôté versun
des anglesfor-més
parlediamètre etlacirconférence. Cette dispositionestfort bien raisonnée,etdonne une
grande facilité pourlaJuxtaposition des cou- leurs, qui se rangenttrès-commodément
lelong de lademi-circonfé- rence.La
palettelaplus usitée est ovale et doit êtreplus épaisse vers l'ouverture quisert à passer le pouce;quand
elleest bienponcée
et polieau
tripoli fin,on
l'imbibe d'huile de linnon
cuite, cette huile devenantplusdure;on
suspendensuite lapalette pour sécher à l'air, maisnon au
soleil. Cette opération est lente, eton ne
doit lacesserque
lorsque le bois n'absorbe plus l'huile. Montabert conseille,au
lieu d'huileseule, lecopal dissousdans l'essence d'aspic etintroduit danslebois
au moyen du
feu.Ce
procédé est expéditif.Une
palette dont le bois estd'unenuance sombre
oblige,par l'effetdu
contraste,àmonter
de ton les mélanges,au
fondsombre
faisant paraîtreplus claires toutesles teintesqu'on ysuperpose.foius de la palette.
11est utile detenirlapalette propre et de lanettoyer chaquejour.
Certains peintres se bornent à déchargerlescouleurs qui setrouvent
-
13-
nngées
habituoUemenlvers lebord supérieur, surle bas de laparlio inférieure, et deles reporter,le lendemain, àla partiesupérieure,où
ellesdoiventse trouver;
on
y ajoute enmême
tempsun peu
d'huile (i'œiUcltepourles rafralcliir.D'autres nettoiententièrementla palette aprî'S en avoir transporté lescouleursdans
une
assiette,qu'on remplitd'eaupour les maintenir humides,ou
sur dos Landes deverreou
de glace qu'onmet
tremper dans l'eauettoujoursloinde lapoussière.On
frotte le bois pour lu décrasser avecun peu
d'huile et de la prêle, etsilacouleurest trop incrustéedansle bois,on peut ajouter de latérébenthineou du
savonnoir.De
rciii->loi fies coiileiirseu gcuérni;
«leIcnrs avaufascs et de Icnrs iucouTéuicuts.
Le BLANC d'argknt est le plus parfaitde tous les blancs.
On
s'en sertpourpeindre leschairs, leslinges, lescielsettoutce qui exige la pureté, lafraîcheur.Son nom
lui vientdesonéclat brillant;ilne con-liciil pasd'argent. C'estle
même
quelecéruse, le blancen écaille, le blancdeKrems
(petitevilled'Allemagne). La manière dont onlebroie influe beaucoupsursa beauté. VValin conseille de le broyerà quatre reprises diû'érentos, et le pluspromptcment
possible, avecl'eau claire, etde le laisserbien sécher enpastilles àchaque fois avant de lemé-
langer avecl'huile.Compositiou de
lapalette.
Blancd'argent, Blancdeplomb.
Jaune deNaples, Jaune brillant.
Ocrejaune.
Ocrede ru(1),
Jaune indien, Clirômo clair,
Ghrômu
l'unco, Ocrerouge, Brunrouge, Cinabre,Vermillon de Chine, Laque degarancerose,
Laquedegarancefoncée, Carmin brûlé,
Rouged'Angleterre, Bleu decobalt, Bleu d'outremer.
Bleude Prusse,
TerredeSiennenaturelle, Terre de Siennebrûlée.
Brun de Prusse, Terre deCologne, Brun composé.
Noir deptklie.
Noir d'ivoire, Vert Vérouèse.
CHAPITRE IV
(1)
Ru
veut dire ruisseau; on recueillait l'ocro dj ru dans les dépôts formés par desruisseaux d'oaux ferrugineuses._ 14 —
Le
blanc deplomb
a plus de corpsetne
s'emploieque
dans la peintureàl'huile; il noircitàla longue, mais le vernis le préserve ordinairement del'action desvapeurshydro-sulfureuses plusou moins
répandues dans l'atmosphère.Le
BLANC DE PLOMB s'emploic dans les grands tableaux quidépen- sentbeaucoup
de couleurs;on
s'ensertaussi pour lesfonds etautres grandes partiesqui n'exigent pasautantde vivacité deton.La
céruseplusou moins
calcinéedonne
naissanceaumassicotjaune clairou
foncédu commerce
(oxyde deplomb au
premier degréou
pro- toxyde de plomb). C'est chezlesfabricantsdeminium
qu'on trouvele vériiable massicot.Pour
préparerleminium,
leplomb
estcalcinédansun
fourneau à réverbère,où
se produitun mélange
de massicotetdoplomb
plusou moins
divisé.On
sépare cesdeux
matières par tritura- tion et lévigation (opération quiréduiten
poudretrès-fine).Le
mas- sicot, qui estplus léger,nage
àlasurface de l'eau;on
le décante,on
le laisse déposer et
on
le recueille ensuite pourlefaisesécher (recette deM.
Mérimée). Saqualité est très-siccative.On
trouveraitde l'avan- tageà l'employer à l'huile dans lesmélanges
avecdes couleurs qui sèchentdifficilement, leslaques etles terresbitumineuses.La mine
orangeou minium
clair n'aaucune
solidité.Jaune de Naples.
— On
ne doit jamais s'en servirmélangé
avec 'd'autres couleurs pour peindre les parties lumineusesdes chairs, car, étant chargéd'arsenic, ildécompose
lesblancs, les cinabres, et tendà les faire tournerau
vert, son plus grand défaut étant de verdiravec les années.Comme
le jaune de Naples couvre parfaitement,on
peut l'employerdans lesrefletsdes chairs,du
côtéde l'ombre; là, ilrem-
placele blanc avec avantage, car il est
moins
lourd etmoins
froid.Dans
lesfleurs, dansles draperies jaunes,on ne
sauraitnon
plus s'en passer. Ilestindispensable dans le paysage pour toucher les parties lumineuses des arbres.On
s'en sert encore pour retoucher les ors.Mêlé
avec le bleu de Prusseou
l'outremer,il produit de jolis verts clairs.Le
jaune de Naplescontientdu plomb
etdel'antimoine.L'amassette de corne blondeou
d'ivoire estrecommandée
pour le triturer. Celte couleur seraitavantageusement
remplacée par le jaune d'antimoine, quiest leplusbrillant et très-solide.L'ocuE JAUNE CLAIR estindispensable dansles carnations; elle entre dans
une
foule de tonscomposés où
nulle autrecouleurne
saurait laremplacer; de plus, elle al'avantage de
ne
nuire àaucune
d'elles, demême
qu'aucune d'ellesne
saurait l'attaquer;sans êtrelourd£, 1ocre jaune claircouvre bien: aussion en
faitun
usagejournalier dans-les—
lo—
partieslumineusesdes fabriques, desterrains,et,préfcrablement à toute autre,
on
lafait entrer danslesteintesdestinéesàpeindreles chairs.L'ocuii DE RUou jaune obscurentredanstouslesmélanges d'ombres quidoivent avoir de la vigueur, et quise trouveraientaffaiblis si,
en
saplace,on
se servait de l'ocrejaune clair. Il faut observerdo neja- maisla mélanger avec des teintes briiianles cl lumineuses, surtout avecle blanc, car ledéfautde l'ocre de ruest de pou^ser au brun.Comme
l'ocrejaune clair, ellecouvre bien,etfait de très-beaux verts chauds,mélangée au
bleu de Prusse. Tourles terrains, les meubles, lesfonds, elle fournil des tons excellents.Le
JAUNK INDU N cstUne
couleurd'une extrême solidité, maisqu demande
à Ôlre bien choisie; car il en existe de verdàtre, qu'il faut éviterd'employer. Le beau jauneindien est d'unenuance
boulond'or, etcontribue àfairede fortbellesdraperios jaunes.On
euobtient aussi pourlepay.sage de magnifiques tonsverls. Mélangéaux
ocrasou aux
jaunes de Naples, ilen ravive l'éclat et lavivacité; mais,comme
iln'apasde corpspar lui-même,
on
nesaurait s'en servir pourempâter.Il estessentielde ne jamaisle faire entrer dans les ciels ni dansles chairs, car il foisonne tellement,qu'onnesauraits'en rendre maîtreet qu'il absorberait lesautrestuns auxquels onvoudrait l'associer,pour l'usagequenous
venons
d'indiquer.Les
chrômes
sont très-solides; ilsprocurent debeaux
verls etdon- nent debelles nuances auxdraperies,L'ocnii nouGE cLAUiest une couleurdes plusutiles; sanuance, d'un rouge fin, convient beaucoup
mieux
que lescinabresdansune quan-
tité de mélangesoii leur ton trop vifet trop cru romprait l'harmonie.
Ellepartage avecl'ocre jaune rinestiniable qualité do ne pasiiouvoir ôlre altérée par le
mélange
d'autres tons, étant aussi fort innocente parelle-même.liUe remplace très-avantageusementlescinabres, toutes lesfoisqu'il s'agitd'untondechairmâleet énergique.LeBr.uN noLGE koncê est
une
couleur vigoureusequ'il ne fautem-
ployer qu'avec réserve, parce qu'elle fournitabondamment.
On ne
doits'en servir dansaucune
partie lumineuse,surtout dans les carnations;maiselle est excellente pourles touches sanguines.Le
CINABRE DE IIollande(I) doit, pour être d'unebonne
qualité, no pastirer sur l'orange; car, s'il était de cette nuance, celaprouverait qu'il estsophistiqué parun mélange
do rouge de Saturne (minium), dans l'inlcnlion do lui donnerun
éclat plusvif,et,comme
leminium
secompose
deplomb
et d'oxyde calciné,il noircit beaucoup, surtout(1) Combinaison intinfede mercure etdesoufreousulfure demercure.
— 18 —
à l'huile, et faitnoircirlecinabre auquel
on
l'associe etquiestun composé
de soufreetdemercure.Le
cinabre produitle meilleureffeten
lemélangeant
avecdu
blanc pourlesroses;on
doitaussis'enservirpourlateintelocaledes chairsen
lemêlant avecun peu
d'ocrejauneclair,eten
celail est fort utile;carsi, dansce mélange,
on
employait à sa plaça la laque,la teinte qu'onen
obtiendraitseraitd'une froideur désespérante.Le
ciNABUEou VERMILLON DE LA CniNEestplusCarminé que celuiqui seprépare en Europe,etdontle meilleurnous
vientde Hollande;on
s'en sert préférablement à l'autre lorsqu'on veut faireun
ton rose frais;mélangé
avecdu
blanc,oh
en obtient toutessortes denuances
rosesmoins
froidesque
sion
y employait la laque pure,etmoins
jau- nâtresque
sion
se servaitdu
cinabre de Hollande.Il faut se rappeler
que
les cinabresne
peuventse remplacer paraucune
autrecouleurrouge dans lapeinture à l'huile;nous
avons ditque
l'ocre rougeclair s'employait dans les carnations vigoureuseset nuancées deton, maisc'estavec lecinabreseulement qu'on peutfaire desteintesassez pures, assezfraîchespourlescarnations defemmes,
d'enfants etmême
decertainshommes.
Cette couleur, qui estassez solide,peutêtrefalsifiéepar
un mélange
deminium;
ilfaut, pour s'en assurer, placerla substancedansun
creuset sur
un
feu ardent, et si, après l'évaporation,on
trouvedes globulesdeplomb
réduit, c'estla preuve qu'ily avaitdu minium.
Les cinabres sepréparent àl'huileau moment
oîion en
a besoin.On
doit lestenir épaisetfermes.La
LAQUE DE GAnANCE ROSE cstuu
toutrès finetplus solide qu'au-cun
autre; lesplus belleslaques decetteespèceviennent deBerlin etde Munich.Celles quisefabriquent
en
Francesontloinde lesvaloir;elles
ne
sont ni aussipures ni aussifoncées; le plus bel élogeque nous en
puissionsfaire, c'estde dire que,employée
pour l'aquarelle etpréparée à lagomme,
nous enavons vu
qui, depuistrente ans, n'ont pasbougé.Nous engageons
lespeintres soigneux à bien faire attention àne
pas prendre leurs laquesen
vessie, parce qu'elles se graissent facilement. Il estbeaucoup mieux
d'enbroyer la quantité nécessaireaux
besoinsdu moment. Comme
lalaque estune
couleur trèspeu
siccative, elle se conserverasans difficultéfraîche etbonne
surle coin de la palette; seulement, il n'y faut mêlerd'huilegrasse qu'aumoment
des'en servir.La
laque rouge, fine,vraie, ditede Veniseou
de Florence, estcelle dontle corpschimiqueou
terre d'alun estt>.intavecl'extraitde laco- chenille;on
doit la choisir hauteen
couleur, claire, nette,inaltérableau
cil'.onoa
au vinaigre Ceslaquesne
sont point solides' maison
m- connaît pas de couleurs qui paissentdonner
leur équivalenten
beauté.I.a laque de garance, d'un rouge analogue à celui que
donne
la cochenille, tire son principe colorant des plantes de garance qui croissent àSmyrne,
enAlgérieet danslescontrées méridionalesdelaFranco.
La LAQUE DE GAnANCE cnAMOisiE présente àceux qui l'emploientles marnes avantages, et l'ondoit la traiter do
même.
Lorsqu'on l'achète en grains pour la broyer soi-même, elle ne semble pasaussi brillante que l'autre; mais,une
fois broyée, elle acquiertune
grande énergie de tonetcontient beaucoup plus de pourpre : aussis'en sert-on pour ce quidemande
delavigueur. Lorsqu'on la môle àlaterrede Sienne brûlée, elledonne un
ton d'une force et d'une transparence que nul autremélange ne
saurait atteindre; elle est surtout précieuse pourles draperies,aux ombres
desquelles elle ajouteune
profondeur extrême.Le
CARMINBn'Ji.É,ou
laque deVenisebrûlée, estun
ton magnifique.Sa
destination estlamême
quecelle des laquesdont nousvenons
de parler. Celte couleur s'obtient aumoyen
de laques brûlées, mais toutes ne sont pas bonnes pour cet usage, et les seules qu'on doive y employer sont les laques faites de cochenille pure; il estdonc
important, si onne
la prépare soi-même, de s'en procurerde bonne.Les vigueurs pourprées que
donne
le carmin brûlé le disputent à cellesdu
plus beau noir, etsont enmôme
temps d'une transparence parfaite.RoucE
d'Angi.eteurr.—
Cette couleur est d'un emploi facile; on s'en sert surtout pour lesombres
des draperies rouges; mais, par celamême
qu'onne
doit guère s'en servir que pour les draperies,nous
regardonscomme
inutile d'en avoir sur sa palette, excepté les jours où l'on sait devoir l'utiliser. C'estpourquoi,au
lieu d'en avoiren
vessie, il suffit d'en avoir en poudre quisoit déjà broyé àl'eau,en
sortequ'onn'aitplus qu'à délayer à l'huile,aufur etàmesure
des besoins.Le
BLEU D'ouTnEMER. la plus coûteuse de toutes les couleurs qui puissent s'employer àl'huile,en
estaussil'une des plussolides;il se tirede la pierreou
marbre app3lé lapis-lnzuli. Ce marbre provient decarrières situéesenOrient eten Sibérie.L'outremerestparsemé de bleu, de blanc, degris,
mélangé
de noir etde brun.Il yen
a cinqou
six nuances; laplus belle, et pnrconsé-PEINT. A l'bUILK. S
— 18-.
quent la plus coûteuse, estlaplus chargée de couleur bleue.
A me-
surequecesnuancespâlissent, ellessont
moins
chères.Nous
conseillonsà noslecteursdene
pas se servirde celle appelée cendre d'outremer, quine donne
qu'un ton grisâtre;nous
pensons, avecbeaucoup
d'artistes, que lemieux
est d'obtenirla teinte légère qu'elle représenteen
mélangeantbeaucoup
de blanc àun
peud'outre-mer
très-purettrès-vif.L'outremer nes'altèrejamais etgagne au
con- traireen
intensitéàmesure
quele tempss'écoule;on
l'emploiebeau-coup
pourles ciels,mais seulement pourterminer. 11faut les ébau- cheravecune
teinte faite de bleu de Prusse, de blauc et de noir bleuâtre; cemélange
doit offrir à l'œilune nuance
grisâtre qui deviendrafort belle lorsque, à la secondereprise, vous la peindrez avecl'outremer.Surtoutil
ne
faut pass'effrayerdu
tongrisdel'ébauche, et, croyantmieux
faire, ébaucher avec le bleu de Prussemélangé
seulement de blanc, caron
n'obtiendraitqu'unton criard quelasecondereprisene
pourraitassourdir;au
lieu qu'en faisantlemélange que nous venons
d'indiquer,on
auraun
ciel fortharmonieux.Comme
le noirmélangé
de bleu peuttournerau
vert malgré lapré- sencedu
blancdans lemélange,pour empêcher
ce résultat,on
n'aura qu'àyajouterune
légère pointe de vermillon de Chineou
de laque.Un
ciel orageux se prépare avecun mélange
de noir et de blanc, auquelon
ajoute, suivant la nécessité,soitun peu
d'ocre rouge clair, soitmême une
pointe d'ocre jauneclair.L'outremer s'emploie aussi dans lesdraperies, dans leschairs, etc.
Le
BLEU DE Prussesesoutient aussibien que les laques degarance.Malgré le
nom
qu'on lui a donné, pour avoir été inventé par Dijjpel qui était Prussien,on en
fabrique partout;mais, jusqu'à présent, le meilleurest celui qu'on prépare enAngleterre.Mélangé
avecdifférentsjaunes,on
en obtient des vertscharmants;mais ilfautseméfier de lacrudité de celle couleurtouteslesfoisqu'il s'agitde l'employermariée
au
blanc seulement.La
TERRE DE SiENNEuou
calclnée estune
couleur fauve,un peu
brune, très-solideettrès-transparente;malheureusement,comme
elle apeu
de corps etqu'elle ne couvre pas,on
ne peuts'enservir pour les ébauches,dans lesquelles l'emploides ocres, surtout de l'ocre da ru,vautinfinimentmieux;
ellea aussil'incoavénient de faire noircir lesmélanges dans lesquelson
la faitentrer, surtoutceux
qui compor- tentdu
blanc, parceque cette dernière couleur étant métalliqueet la terre de Sienneétant bitumineuse, leur associationamène
nécessaire-ment
ce ton noirâtre qu'il fautredouter.- 19 —
La
terrede Siennenon
calcinée esttrès-bonne
pourfaire les glaci?et lesprt'pai'alions,etnous
sommes
tortéloigné d'en prosciirel'usage, mais nousluiprélérons le brunde Prusse, quine
noircit pasetsèche mieux.La
TERRE DE SiicNNE CALciNËE esllamême
substance que celledontnous
venons doparler. Ilesttrès-facilede lapréparersoi-même, sion
vient àenmanquer;
il ne s'agit, pourcela,que d'avoirde la terre de Sienne naturelle en morceaux, delesrompre
en petites parcellesde lagrosseurd'un pois, et de les faire rougir surun
feu vif,dansune
cuiller de fer. Lorsque les
morceaux
sontdevenus
d'un rouge vifcomme
doit l'être la cuiller elle-même,on
les retire, et, surun
mar- breou
surune
assiette, onles laisse refroidir, pourensuitelesbroyer à riiuilc.Celte couleur ainsi préparée a des qualités
que
ne possèdent pas celles dontelle dérive, etl'on remplaceraitavecpeinele ton àla foischaud, transparentet légerdontelle estdouée. Cependant il ya lieu de s'en méfieraussi, parce qu'elle est sujette ànoircir; puis,
comme
elle fournit beaucoup, si l'onn'y prenait garde 'jHeabsorberait toutes les couleurs avec lesquelles
on
lamélangerait. Elle est parfaitepour réchaufferun
ton d'ébauche tropgri»; elle sert aussi, mêlée avecdes laques foncéesou
avecl'outremer n» 1, àcomposer les touchesd'om- bres qui doiventêtrefortement accuséesdans les carnations. Les pay- sagistes en fontun
usage journalier pouréchauITerles premierspl;uii<de
leurs terrains, pour mélanger dans les teintes des fabri(jues et des terrains, pour glacer les feuillagesde ces tons roux que l'autumno jettecomme un manteau
surlesarbresetlesgazons. Lespeintresd'a-nimaux non
plus nesauraients'en passer pourcolorerchaudement
etdonner
lapuissance nécessaireaux
robesde leurschevaux, aupelage de leursvathes,de leurs taureaux; il enfautjusque dans le ton gri- sâtre dont estrevêtul'humble animal qui rend do sibons
servicesà l'homme,et que notre célèbrefabulisteadésignésous lenom
demaî- tre Aliboron.Le Bi'.uxDE PnusiE est
une
couleurqu'onne
trouve pasà acheter, et que, parconséquent, on doit faire soi-même. Lenom
de brun de Prussedoitlui être donné, puisquec'estavecdu
bleude Prussequ'on peut l'obtenir; mais, pour en arriverl.i, on ne doitpas se servirdu
bleu de Prusse anglais; nous ignorons la raison de cette singula- rité, maisc'est assez que le fait existe pour que nous devionsle si- gnaler.Procédez pour le faire
comme
pourlaterre de Siennenaturellequevous
voulezmétamorphoser en
terrede Sienne brûlée.Lorsque vos
morceaux
de bleu de Prusse seront soumis dansune
cuilleràl'action
du
feu vifdonlnous
allons parler; vous les verrez éclater ettomber
en écailles;une
fois cet effet obtenu, n'attendez pas davantage; ôtez, faitesrefroidir etbroyez les écailles, parmi les- quellesvousen
trouverezde bistrées etd'autresplus noires, qui,mé-
langées et préparées àl'huile, vous donneront ceque
nous appelonsici cnuN DEPuisse.
Celte couleur, qui est d'uue fixité à toute épreuve, peutremplacer avec
un
avantagemarqué
l'asphalte, la terre de Sienne naturelle, et lamomie,
dont elle n'a paslesinconvénients.Ce
brun
de Prusse, qui s'étend très-facilement, possède encore l'a-vantagedeséchertrès-vile.
La
TERRE DECoLOGNE
pourraitêtreéloignée delapalettesansqu'on s'aperçûtbeaucoup
de sou absence, car on peut laremplacerparun mélange
d'ocre rouge etdenoir; dans certainesdraperies, cependant, elle produitun bon
effet, etcomme
elle apeu
de transparence, ellecouvre
mieux
pour lesébauches que la terre de Cassel. Malgré cela,nous
ferions volontiers opposition, si nousne
savions pasque
plus d'un peintre detalents'estengoué
de cettecouleur.Le
BRUNROUGE
COMPOSÉ u'estpasune
teinte fixe, ainsi qu'on peutle voir par sonnom.
Ilyentre les trois couleurs primitives, qui sont lerouge, lejauneet le bleu; en composanicebrun,
on
peutluidonner,au
degré voulu, la teinte qu'on désire, puisqu'il ne s'agit pour cela que d'augmenterou
de diminuerla quantité de chacune de ces trois couleurs, qui sont celles dont se forment les rayonsdu
jour, et, par conséquent, cellesdonttout est éclairédans lanature.Si c'est
un
tonneutre verdàlrequ'on souhaite, il suffirad'y mettre fortpeu
de laque; si,aucontraire, c'estun
ton vioiâlre, en y mettantpeu
de jaune,on
l'obtiendra; enfin, on pourraen
obtenirune
cou- leur orangéeen
mellanltrès-peude bleu, et,en
dernière analyse, lebrun
se formera d'unmélange
presque égal des trois couleursque nous venons
d'indiquer : lorsquenoue- disonspresque égal,nous
son- geonsau
bleu qui fournitbeaucoup, etdont il faut,pour cetteraison, êtretoujours fortménager.On ne
saurait trouverune
meilleurecouleurque lebrun composé
pour lespréparations et les glacis.Le
NOIRDE PÊCHE cstuu
dcs meilleurs quenous
connaissions; il est bleuâtre, il possèdeune
grandefinessede ton, etàcause decela,il peut servir dans lesciels, dans les draperiesblanches et dansles carnations.
Le
NOIR d'ivoire,donton
faitun
très-grandusage, a l'inconvénient—
21—
deséchertrôs-difflcilement; cela arrive surtout lorsque le fabricant y
môle du
noir d'os quiluilaisseun
plusgrand bénéfice, mais quino
sèche qu'au bout de fortlongtemps; avecle noir de pôche et le noir d'ivoire,on peutrépondre àtouteslesexigencesquiseprésentent, car lepremierestaussi léger etaus.i finde ton quele second*>st intense et vigoureux.Les peintres de figures ébauchentles
ombres
de certaines draperies avecun
mélange de noir d'ivoire et de terre de Sienne brûlée; les paysagistes agissentdemôme
dans leurs terrains, dansleurs arbres;du
mélange decosdeux
couleurs on obtientdes touchesentièrement vigoureuses;du
glacis do cescouleurs, on peut obtenirdes nuances vigoureuses dans les endroits obscurs.15eaucoup d'autres noirs cependantont aussi de grandes qualités et trouveraient fort bien leuremploi;ainsi, le noirde vigne,
—
le noir decafé,—
le noir de papier,—
le noir de bouchon,—
lenoirde Prusse,—
le noir de Russie,—
le noird'os et le noirde pèche, dontla plus grande partiene setrouve pasdansle
commerce
etqu'il fau- draitconfectionnersoi-même. Mais,;\côté de cet inconvénient, ilen
existe
un
autre qu'on doit redouter davantage, c'estde charger, ou, pourmieux
dire, d'encombrersapalette d'une foule de tons qui ajou- teraient pour vousune
diillcullé aux difficultés déjà existantesdansl'art si diflicile qu'on
nomme
la peinture. Or,comme
nous pensons quele plus beauet le meilleurrésultat peut êtreobtenu avec lapa- lette chargée des vingtsix i-oulcurs que nousvenons
d'indiquer,nous
vous engageonsà vous en tenirlà,comme
nous le faisonsnou?.môme.
Le VKUT VÊr,o.Nf:sF,, est
un
vert fortléger,fortclair et fort vifqui ne saurait ôtre employé qu'en glacis;autrement, par sa crudité,ilrom- praitl'harmonie de tout ce qui l'entourerait.Ilestdonc
sagede nepasen
faire abus.Des coiilenrs qui
(loivciitêtre proscrites et
<lccelles qni uc
s'cui|»loceiitqiiVu de rares occasions.
Parmi les couleurs que nous proscrivons, nous mettrons en pre- mièreligne:
Lejauneminéral, qui noircit et qui dénature les autrescouleurs, et lalaque d'Anvers, qui brunit
;
Les laques jaunes, dont
aucune
n'est solide, etqui toutes pâlissent plusou moins
;Le stilde grain deTroi/es, quin'a
aucune
solidité et changesa jolie couleurcitron pourun
ton blancsale.Tous
les autres stilsde grain,d'où qu'ils viennent,ne
valent pas mieux, etdoiventêtre rejetésauss'iIl est
malheureux que
laterredeCasselsoitune
couleurquichange etquifasse changertoutce qui setrouveen
contact avecelle. Cepen- danton
peut, à larigueur, s'en servirpour rehausserceilaines étoffes brunes, maisalorson ne
doitl'employer que pure et surun
dessous parfaitement sec; deceltefaçon elle change moins.On
nedoit pas lamélanger
avec leblanc.Somme
toute,nous
pensons quele plus pru- dentestde lalaisserde côté.11 est
un
bleu quel'onappelle smaltou
cobalt, et qui ressemble à l'outremer,bien qu'ilscitun peu
plus violâlre; ce bleu s'utilise danslapeinturesur porcelaine,etl'ons'ensertaussipour quelqueseffetsde ciel à l'aquarelle,; mais, à l'huile,
nous no
saurionsen
approuver l'emploi,car sa place étant plusnalurellemcnl dansles cielsque
par- tout ailleurs, etcomme
il sèche très-rapidement,on
ne peutarriver àl'employer aussi vite qu'il le faudrait, surtout en été.Nous devons
dire cependantque
celte propriétédu
cobalt,dontnous nous
plaignons ici, devient quelquefoisun
avantage; cela ar- rivequand on
peut en mélangerun peu
dans d'autrescouleurssanses
altérer, parce qu'illesfaitsécher très-promptement; ilfautmême
segarder,
en
pareillecirconstance, d'ymêlersipeu que
ce soitd'huile siccative.Lorsqu'on veut remplacer l'outre-mer, la meilleurecouleurà