Tout
ceque nous
avonsditrelativementaux
objets nécessaires àla peinturepouvants'appliquerau
paysagecomme
auportrait, etcomme au
genre,nous
renverronsaux
premières pages de cemanuel
l'arliste quiauraitbesoin de conseils pour l'acquisition de toiles,panneaux,
papier, brosses,pinceaux,blaireaux, putois, couleurs,etc.11
ne
doit s'agir icique
del'exécution, quine
saurait êtrelamême
que pour
legenreou
lafigure.Un
paysage, soit qu'on le fasse d'après nature, soit qu'on fassela copie d'un tableau, doit toujourssecommencer
en ébauchant le ciel et lesfonds.Nous
pensonsqu'il estinulile dedire qu'avant de passer àl'ébauche,ilafallud'abord dessineravecsoin, et,selonlesrèglesde laperspective,le site, lavue
qu'on veut reproduire.Les ciels et les lointains, etaussi lesgrandes étenduesd'eau, lors-qu'elles sontcalmesetlimpides,doiventtoujours êtrepréparés en ou-tremer pur sans
mélange
denoir, sansquoil'on n'arriveraitpas à ren-dreletonaussi flnetaussifuyantqu'ildoitl'être.Pour
peindre toutes ces choses,préparez sur voire palettebon
nom-bre deteintesmélangées
de blanc etd'outremerpartantd'unenuance
bleueassez intense pourarriver àdu bleu presque blanc, car le cielne
doit pas être représenté d'un bleu égal partout, et la partie qui forme lavotlte, étant la plus éloignée en hauteur,nous
apparaît tou-jours plus bleue, puisqu'elle est plusloin des vapeursqui s'élèventde terre; mais cette dégradationdu
bleu doit sefaire de manière à pa-raître insensible.Pour en
arriver là,on
se sert deteintesgraduées, dont laplus foncée doit être posée dans le hautdu
ciel, à partir de l'angle opposéau
soleil, et l'ondégradera sesteintesen les peignant par bandes obliques toujoursun peu
plus pâles, jusqu'à ce qu'ellesse confondent dans lesteintes d'horizon; etpourque
lepassagedu
bleu pâledu
cielne
produise pas l'effet d'une tacheaux
approches de la légère teinte de l'horizon dans laquelle elle doit se perdre, il faut qu'elles soient toutesdeux
d'une valeur égale, bienque
très-diffé-rentes de couleur.Les teintes d'horizon sont très-variées de
nuances
; le plus ordi• naireraent, ci2llea quiformentlabase d'unciel serein sontcouleur de chair très-lumineuse. 11eu
est de rouges, de blanchâtres, de ver-dâires, etc.Lorsque le ciel que
vous
peignez ade grandespartiesde nuages, il—
51—
est inutilede lescouvrird'outremer. Si,
au
contraire, lesnuages
sont légers, on peut nopaslesréserver, ilfautlespcinJre par dessus l'azurdu
cielavec trôs-peudecouleur. Si lesgris que vous avezàf-iiresont d'un gris violâlre,comme
celase voitfréquemment,composez
ce ton avec de l'outremer etdu
blanc, avecplus ou moins d'ocrenugc ou
jaune, quelquefoisavecun
peude laque cramoisie.Avec
les teintes d'horizon préparées sur votrepalette, vous pour-rez éclaireretréveiller les bonis do ces nuages eny ajoutant plusou moins
de blancpourlesrendre plusou moins
lumineux.Si
vous
avez àpeindreun
ciel nuageux, vous en fjrcz l'ébauche avecun
mélange denoiretd'outremer,auquel vousajouterezun pea
de blanc : prenez, pour cela, votre noir le [ilns léger et le plus bleuâtre.On
réoliauffe lesgrisavec le rouge et l'ocre.Les terrains, les fabriques etles arbres des premiers plans doivent ôtre empâtés pour faire fuir les fonds.
Loslointains sepeignentordinain
ment
aveclesteintesducielqu'on prendsoin de modifier selon les circonstances ; senlcinent, on doit glisserçà et là quelques touches verdâtre clair; ilsdoivent ôlro traités largement, il ne faut en indiquerquoles masses et segarderd'entrer dansles détails.N'ébauchez jamais vosarbresavec
un
beau vert,môme
ceuxquise trouventen premierplan ; préiiarez-les d'une teinte rousse, c'est là lomeilleurmoyen
d'obtenirun
ton harmonieux, lorsque vous les aurez reprischacun aveclacouleur qui luisera propre.Faute do préparer vos arbres parles tons roux dont je viensde parler, votre paysage terminéseraitd'une cruditéde ton insoutenable.
Cesindications doiventêtresuivies seulemcnl dans lecas où latoile sur laquellevous peignezestimprimée d'un ton orangé.
Lorsqu'on peint sur
une
toile dont l'impression est d'un ton gris blanc,c'esttoutautre chose:ilfautfaired'abordune
premièreébauche établieen frottisavecune
coi.leur orangée,comme
sil'on préparaitune
sépia surpapier. Cetteébiuche, faite on transparence, doit res-terfortau-dessousdu
ton auquelarriverale tableau.Celle manière do procéder offre l'avantage d'établir
un
ensemble danslequel ilyadéjàune
sorte d'effet; puis, lorsque celte première préparation est bien sèche, on peutavancerl'ébauche qui se fait alors en pleine couleur, beaucoup plus que si l'on peignait surune
toileorangée sans celle première préparaticiu
.
N'employezpaslejaune inJlen dans l'ébauche des arbres, dos ga-zons,nidosterrains, cette couleurn'étantréellementb-runeque pour les glacis.
— 52 —
L'ocre jaune et le blanc
pour
les parties clalies, l'ocre de rupour
lesvigueurs,suffisentàtous les besoins.
Le
jaune de Naples, quia l'avantagede bien couvrir, peut êtreemployé
dans les verts clairs;maisil
ne
fautpaslefaireentrer dansles mélangesquicomportentdu
blanc,nous
avons dit pourquoi.Dans
lestons chaudsetdorés,ne
l'employez pasnon
plus^ puisqu'ilchange etverdit;servez-vous des ocres. Surtout, n'enmêlezpas danslesteinteslumineuses de vos ciels.Les
vertsvifssecomposent
ordinairement avec lebleude
Prusse et les ocres.Lesvertsclairs ettendres,avec les ocres et l'outremer; les verts dans l'ombre,avec lesjaunes
mélangés
denoir bleu; les verts rous-sâtresj avec les noirsetlesterres de Sienne.Pour
les fonds,on
re-vient parfoisaveclecobaltmêlé
delaque, de garanceet de blanc.Surtout, tenez toujoursvos ébauches d'un tonchaudet clair.
La
marinecomme
le paysage, secompose
surtoutd'un ciel, d'un terrain, de rochesou
de falaises, d'un ton grisâire, repris dans lesombres
avec des tons plusou moins
vigoureux.La
végétation, si par hasard il s'en trouve quelque parcelle, so fait aveclesmômes
couleurs etd'après lesmômes
procédésque
danslepaysage; ilyaurait
donc
double emploi derecommencer
pour lamarine cequisetrouveditpourlepaysage.
Restent les eaux, qui sont
un mélange
detons bleuâtresou
verdâ-tres, dontles ocresetl'outremerformentla base, et qu'on réchauffe, qu'on refroidit,ou
qu'on faitfuir, suivant le besoin,avecles terres de Sienne, lesbleusmêlés denoirou
l'outre-mermélangé
d'unpeu
de laque; cequenous
avons ditdescouleurs etde leur emploi pou-vantsuffireau
peintredemarine comme au
paysagiste,nous
dépose-rons ici laplume, renvoyantl'élèveau
maître des maîtres, àla nature dans laquelleil devraétudierlesdeux
choses quijouentle plusgrand rôledansun
tableau de marine, à savoir, leseaux
avecleur trans-parence,leur profondeur,leurstons fuyantset les effets d'unciel qui, pris delàmême
plage, peut faireen
dixjours dix tableauxdifférents,que
dis-je?même
dixtableauxdanslamême
heureparun
grostemps1I.CS
fruits, les fleurs, les oiseanx.
Les uns
et les autres se peignent avec lesmêmes
couleurs dontnous
avonsdonné
la liste, mais il faut y adjoindre ci^rtains tons tellement brillants, qu'on n'en saurait trouver l'emploi ailleurs que dans la reproduclion de ces choses si richement colorées par la nature.—
5:i—
Ces couleurs exceptionnelles doivent se
demander en
en indiquan l'emploi.Parmicelles quisont indispensablespour lesfleurs et lesfruits,ce sont : lejaune indien, le jaune de Naples; le jaune doclirôme aussi estnécessaire, maisil fautl'employer puret n'en pas meilredans les mélanges.
—
Je déconseille l'nsngedes autres jaunes, tels que : la la-qued'Anvers, lesiildegrain d'Angleterre qui s'évaporentpresque im-médiatemcni,lejauneminéral qui noircit,el,enfin,lesorpins, qui détrui-sent toutes lesautres couleurs etqui peuvent aussi altérer lasanté d»ceuxquilesemploient ordinairementàcausedel'arsenic qu'ils contien-nent. Quelques rouges qu'on peut se procurer doivent venir grossir la listedes laques degarance, de carmin, de cinabre.
Le cobalt doit apporter son aide à l'outremer;
on
y doit joindre aussi lebleu minéral.Enfin,auvert Vérnnèseque nous avons indiqué, vous pouvez join-dre le vertdeSclieele oulaque verlo,quiestprécieuxpour glacer cer-tains feuillages.
Il ya encore le vcrt-dc-gris distillé enaiguilles, avec lequel vous obtiendrez levert le plusbrillant qui puisse se faire, pour eu frapper certainesparties lumineuses,telles que facettesde pierres précieuses, plumages d'oiseaux,brindillesdo verdure.
Ayez
le soin, lorsque vous vous servirezdecelle couleur,de préparerelde terminer vos dessouscomme
sivous ne deviez rien yajouter, etde peindre le tonjaunelu-mineux,par-dessus lequelvous toucherez avec le vert dcgris, plutôt en jaune de Naples qu'en toute autrecouleur, et lo dessousétant
sec-Des
brosses etdes pinceaux appropriés au travail que vous devez faire vous faciliteront lesmoyens
d'exécution; tous les autres objets servant à la figure etau paysage sont convenables pourle peintredéfruits, defleurs etd'oiseaux.