Beaucoup
de peintresmélangent
leurs teintes surlapalette en bois, ce qui les forceà nettoyer la place dontils viennent de se servir à chaque nouvelle teinte qu'ils préparent;d'autres, et cela, vautinfini-ment
mieux, fontleurmélange
surlag!aceà broyer dontnous
avons— 33 —
parlé; decette façon, à
mesure
que les leiates se irouTeiu faites,on
les transporte surlapalette
en
boisàla place qu'ellesdoivent occuper, ce qui la laisse libreotpropre partoutailleurs.La
quantitédo coukurs qu'onexprime de chaque vessie pourfaire sesteintes doit être eu rapport avec la grandeur de l'objetqu'ondoit peindre. Pourétablir la proportiondes quantitésqui sout nécessaires pour telou
tel ouvrage, njusallons nous supposer prêtà ébaucherune
tète de 8 à 10 centimètres environ, et les quantitésque nous allonsindiquer devront être quadruplcespour une :iio do grandeur naturelle.Les parties ici indiquées représentent les quantités relatives des couleurs entre elles. Aiusi, parmi les neufcouleurs qui doivent en-trer dans la composition des chairs
ou
carnations, le blanc,donton
use beaucoup plus que de toute autre, doit être exprimé de lavessie dans uneproportion plusîtcndue.Donc, pourfaire
une
palette d ébauche dochairs, vons exprimerezou
ferez sortir de vos vessies, que vousentaillezlégèrement avecun
canif:12 parties de blanc, qui doivent être placées au centre do votre glace, car cettecouleur estdestinée à prendrepartàpresque tousvos mélanges;
2 partiesdejaune de Naples,
du
côtéoù
seferontlesmélanges des-tinésau
bla:ic dansles ombres;8 partiesd'ocrejaune; 4partiesd'ocrede ru;
bpartiesd'ocre rouge clair;
3 partiesd'ocre rouge brun foncé;
1 partie decinabre do Hollande;
4partiesde noir depèche (oude bouchon);
2 partiesde bleudo Prusse anglais.
Telles sontles couleurs mères aveclesquelles vouscomposerezsur laglace desteintes, que vous rangerez à
mesure
sur la palettequi va servir àvotretravail, en ayantsoindeles placer prèsdu
borden haut, afin de vousréserver le plus de place possiblepourmodifier vos tous et les essayer surlapaletli)même.
Plus lard, lorsquevoussaurez déjàquelquechoseenpeinture,vous userez peut-être d'un autre procédé.
Ceux
qui l'emploient ne prépa-rent que cinqou
six teint>s,et puisentavecle boutdela brossedans les couleurs mères, desquelles ils tirent, au fur etàmesure
des be-soins, ce qui leurest utile.Mais
comme,
avant d'en venirlà,on
doitposséderl'habitude, cette— 36 —
chose quirendtoutfacile,
nous
avons penséne
pas devoiromettreles indications qui précèdent, lesregardantcomme
indispensables pour lescommençants.
Une
chose que l'on doitobserveraussi, c'est dene
pas trop étaler les teintesqu'on apréparéessurlapalette, parce que, plus elles sont rassemblées sur elles-mêmes etformantune
espèce de petite meule, etmoins
elles se dessèchent; de cette manière, s'ilen
reste pour le lendemain, elles peuventservir encore.Dn travail d^nn tablean. — De l'cbauclie des
flgiires.Le
peintre quiveutfaireun
tableaudoitcommencer
d'abord parfixer son idée surla toile. C'estparle dessin qu'ilarrête la composition gé-nérale,etdonne
àchaque
choseenparticulierlaformequ'elle doit avoir.L'ébauche se faitpar-dessus ledessin; elle indique les effetsà ob-tenir et distribue les couleurs
que
doiventrevêtir lesdifférentespar-tiesdelacomposition,ou,
du
moins, elleen
préparelesdessous. Enfin, c'estpar-dessus l'ébauche qu'on termine,en
ajoutantaux
finesses de ton,opposées à desseinaux
teintes les plus énergiques et les plus vigoureuses, ce quelque chose despirituelou
de naïf, d'originalou
de distingué quiesttour à tour lé cachet de l'artiste intelligent ou celui del'homme
degénie, etqu'on ne rencontre jamais dans lesœuvres
vulgaires.Il est
donc entendu que
votre trait, fait avec de la craie blanche seulement,sic'estun
grandtableauque
vous allezpeindre, etrepassé, rectifié, épuré à lasanguine, sic'estune
petite toileque vous
entre-prenez, doit être parfaitement justeet fidèle avant d'ébaucher.Pour
l'opérationque nous venons
de dire, prenezun
pinceau de martre quiaitdu
soutien etpasde ventre; puis, avecune
teinterouge brun, sansmélange
de blanc, tracez tous les principaux traits,en
ayantsoin d'ajouterà votre couleurun peu
d'huile grasse, afin de luidonner
dela transparence etdu
moelleux.En
repassant les traitsdu
visage ettousceux
qui se trouventdu
côté de la lumière, ayezsoin,comme vous
le faisiez sans nul doute lorsquevous
appreniez à dessiner, ayez soin, disons-nous,que
ces traits soientlégers, fins et délié?; pourceux
qui se trouventdu
côté de l'ombre, il faut,au
contraire, les attaquer plus fermement, plus grassement, cestouches fermes etlarges bien accusées étant l'indica-tion de vos ombres,lecommencement
de votre effet.Ici,
nous devons nous
arrêter, caril n'ya pas de règlesgénérales dansl'artdonton nepuisse sedépartir,sil'onpeutespérer fairemieux
en les violant.— 37 —
Ainsi, letravail de Tébauche nese fait pastoujoursde la
même
ma-nière, puisque les
uns
ébauchent à pleine pâteet reviennent àl'aide deglacis lorsqu'il fautdonner
la transparenceaux
ombres;tandisque lesautres préparent lesombres
de leur ébauche avec destons trans-parentset sans seservird'aucune couleur opaque.Un
écrit, attribué àRubens,recommande
de peindre légèrementet par frottisles ombres,en ayant soin d'y éviter lesmélanges avec le blanc, qui les rendraient lourdes etgrises.On
ne doit pasnon
plus y mettre tropd'huile.PaulVéronèsea souventpeint sur desimpressionsen détrempe. Les Vénitiens, et le Titien, en particulier, ont souvent ébauchéà pleine pâte, et
môme
en grisaille, colorant ensuite parglacisetrepeignantea demi-pâtes par-dessusles glacis pourdonner plus de corps à la pein-ture. Us peignaient,dit-on,avecdes vernis;leursouvragesontpoussé au noir,peut-êtreàcause de cela.Malgré ces différences dansla manière de procéder,
ou
à cause de ces différencesmêmes,
nous avonsdû
choisirune
méthode sage et raisonnée, qui puisse faciliteraux
commen(;anls les premiers pas à faire; plustard,l'expérience leurviendraen aidepourleur faire trou-ver laroute leplusen harmonie avec les qualités dont ils sont doués parla nature.Maintenant,revenons à notre ébauche.
Une
foisvotretraitrectifiéetrepassé,aveclamême
teinte qui vient devous servir, il vous faut établir les masses de vosombres
princi-pales pardes teintes transparentes et très-peu chargées de couleur;puis, enajoutant à cette teinte première, qui tiresurlecarmélite,
un
peuplus d'ocre ronge,couvrez lespartiesqui setrouventdans l'épais-seurdes paupières, entre les lèvres, ainsi que lestraitsquimarquent
labouche, le.-; oreilles,toutce quivousparaîtsanguindans lemodelé.
Cecin'est qu'une préparation, mais qui peut
donner une
id5e del'effetgénéral, ensorte que lorsqu'on vientà peindre par-dessus,
on
sait
mieux
oùl'on doit poserles lumières, lesdemi-teintes et établir son modelé.Ce premier travail terminé, ayez dansvotre
main
gauchecinqou
sixbrosses
un
peufermes, garnisscz-onune
del'unedesteinteslesplus lumineuses parmi cellesque vous avez préparées pour vos chairs, et qui doit êtrecomposée
d'ocrejaune,d'un peu de ronge et de beau-coup de blanc, puis vous empâterezvosplus belleslumièresaveccette couleur.Ce tondoit êtremoins lumineux, cependant, quecelui que vous
re-marquez
dansl'original; sans quoi, pour en veniraux
plusviveslu-— 38 —
micres, vousn'auriez plusla ressourça,pourfinir,d'empâteravec
une
teinte plusbrillante encore. Mais cette dernière teinte
ne
peut être posée en touches vives etd'unmodelé
plus ferme que tout le resteque
lorsque toutes vos chairs seront couvertes et presque achevées, ainsi quenous
l'expliquerons plus loin; auparavant, revenons encore à notreébauche.Les lumiùres locales étant posées sur votretête, vous placez prés d'ellesd'autres teintes
un peu moins
lumineuses, maisnon
pas rom-pues, c'est-à-dire qu'ellesne
doivent avoir reçuaucune
addition de noirou
de bleu;ainsi, vous arriverezde procheen
proche, jusqu'à ceque
vous veniezaux
teintes fayantcs, qui déjà doivent se trouverun peu rompues
parune
légère addition de noir bleuâtre.Pour
cette ébauche,comme vous
avez préparéune
dizaine de teinteslamiuouses, etautantd'ombres progressivement dégradées etplusou moins
blan-châtres,jaunâtres,rosaires, violâtre?,verdâtrcs,grisâtresou
bleuâtres, avec lesquelles ilvous faut couvrir toute votre têtedans le but dela faire tourneren
partantdu
pointle pluslumineux
pour arriverau
pointle plus obsc-ur,vous
devezcomparer
sans cesîe letonque vous
posez avec celui que vousprésente le modèle, carune
seule de vos teintes, mal placée, serait discordante et gâterait votre travail.Des
demi-teintesvous
passerezaux
ombres, desombres aux
reflets, tou-joursen ayant soinde vous servirde tons aussi justes que possible;seulement,
vous
devrez les maintenir dansune gamme un
peuplus jaunâtre, d'un jaunâtre loux;car ces parties, qui sont d'un ton gris sur l'original, ne peuvent être faites ainsi sur l'ébauche, leur finesse résultant surtout de ce que les dessous sont préparés d'un ton jau-nâtre, ellesne
prendrontl'aspectque
vousleur voyez danslemodèb^
que
parles glacis dontvous
les recouvrirez en terminant.Pour
les ombres, il fautemployer l'huile grasse avec la couleur;pour les lu-mières,pourles parties ciaires,on
doit employerl'huile bianclie.Dans
l'opération quenous venons
d'indiqueret qui cou liiuel'c-bauche, ilfaut éviterde revenir trop souvent dans les ombres, sans quoi elles
ne
sécheraientque difficilement.On
revient sur l'ébauche en travaillantautant qu'on peutle faireau
premiercoup, surtoutpourla partie ombrée, souspeine do
donner
autravailune
lourdeurqui se-rait très-nuisible à l'harmonie générale.Il en résulterait encore pour vous
un
autreinconvénient, ce serai devoir apparailie sur votre tableaude ces ternissures provenantdelà couleurqui s'emboit, et quivous
empêcheraient de juger devotreeffetpour terminervotretravail.
Sicependant
un
pareil accidentvous
arrivait,vous
pourriez yre-— 39 —
médicr en
faisantusagedevernis à retoucher; cemoyen
réussit tou-jours, maisil faut,autant qu'on lepeut,éviterdes'enservir.Lesrefletsque vous aurez ùrendre dans
une
têtenese trouvent ja-mais que dans lapartie ombrée,àmoins
qu'uneétoffe quelconque,un
rideauvert,ou
cramoisi,oujaune, nevienne s'interposerentre lalumière
du
ciel et lapartie lumineuse de votre tête; uneombrelle,un
Toile,peuventaussi reflétersur elle, maisc'est tout.
Les reflets,n'ciant colorés queparles
emprunts
qu'ilsfontaux
ob-jets environnants, varientà l'infini; il faut donc ne pas oublierque leurs teintesdoivent être plus sourdes que celles dcs objets frappés de lalumière du ciel.L'ébauche de votre tête terminée, vos teintesbien dégradées, pour
en
arriver àl'effet qu'elles doiventproduire, il fautfondre etlier en-semble toutes ces teintesdiverses quisont posées licomme
desmor-ceaux
d'éiuffessurune
carte d'échantillon.Pour
fondre et faire disparaître lamarque
de ces lointes rangées prochel'une do l'autre, maisnon
perdues l'unedans l'autre, il faut prendre quflques brosses douces et im'serv-'i et la sur Votre palette dans les teintesmixtes quivous sembleront les plusconvenables pour joindreune
teinte àsa voisine; pource travail, il fautque les poils de votre brosse soientéparpillés vers lebout, sans quoi,s/lsfaisaient la pointe, c'est-à-dires'ils présentaient par leur réunionun
corps so-lide, vous risqueriez,en
vous en servant, d'entamer la couleur de votrepréparation.Si les leiiiles qui sont préparées sur votrepalette nevou.s offraient pasle ton dont vous avez besoin pourle travailque vous devezfaire,
composez-Icau boutdela brosse, en vous servantpourcela des cou-leurs qui sontentréesdansl'une etdansl'autreteinte que vous devez réunir etfondre.
Pour en arrivorà cerésultat, il faut
commenrer
parlehautdu
front,ou
partelle autre partie del'objetque vouspeignrz, maistoujours en ccinmençantpar le haut, et en descendant d'encore en cncon^ sans vous écarter de celle méthode,jusqu'à ce que vous soyez arrivé jus-qu'aubas.Lorsquetoutesvos teintesserontliées,prenez
un
blaireauet passez-letrcs-IégcToment sur les endroits où vnns a'irezà cff..c;rdo petites empreintescliatoyauleslaisséesdansla pâle parlepassagedelabrosse.On
se sertdu
putoisdepréférence, lorsque c'estàdes petites par-ties qu'on se trouve avoiraiïaire; les blaireauxde grandeurs variées servent aux peinturesde plusvastes proportions.Dans
ee travail, il fautprocéderaveclégèreté.Le
putois,comme
le— 40 —
blaireau,