HAL Id: jpa-00208235
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Submitted on 1 Jan 1975
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Mécanisme d’excitation des molécules polyatomiques par l’azote actif dans des matrices argon-azote
Emmanuel Faure, F. Valadier, J. Janin
To cite this version:
Emmanuel Faure, F. Valadier, J. Janin. Mécanisme d’excitation des molécules polyatomiques par l’azote actif dans des matrices argon-azote. Journal de Physique, 1975, 36 (2), pp.117-124.
�10.1051/jphys:01975003602011700�. �jpa-00208235�
MÉCANISME D’EXCITATION DES MOLÉCULES POLYATOMIQUES PAR L’AZOTE ACTIF
DANS DES MATRICES ARGON-AZOTE
E.
FAURE,
F. VALADIER et J. JANIN Laboratoire deSpectroscopie
et de Luminescence(*)
Université
Claude-Bernard, Lyon I, 43,
boulevard du11-novembre-1918,
69621Villeurbanne,
France(Reçu
le 19février
1974, révisé le 1 Sjuillet 1974 )
Résumé. 2014 On a cherché à obtenir des informations sur le mécanisme d’excitation des molécules
polyatomiques
par l’azote actif dans des matrices d’azote ou d’azote et d’argon, en étudiant la variation des intensités du système de Vegard-Kaplan de l’azote et des bandes de plusieurs produitscarbonés dans des matrices argon-azote, en fonction de la concentration du composé et de la tem- pérature. Il n’est pas
possible
de conclure avec certitude, étant donné la complexité desphénomènes.
Toutefois,
l’hypothèse
d’un transfertd’énergie
par échange électronique entre les moléculesN2(A3 03A3+u)
et les molécules polyatomiques rend assez bien compte des résultats expérimentaux.L’influence de la diffusion des molécules d’azote métastables a été également examinée.
Abstract. 2014 In order to obtain information about the excitation mechanism of polyatomic
molecules by active
nitrogen
in N2 andA-N2
matrices, we have studied intensity variations in theVegard-Kaplan system and in the bands of a number of carbon compounds in argon-nitrogen matrices, as functions of compound concentration and temperature. Considering the
complexity
of the phenomena, it is not possible to
give
an absolute conclusion about this process, but the hypo-thesis of an energy transfer by exchange interaction between
N2(A3 03A3+u)
molecules and polyatomicmolecules appears to explain reasonably well the experimental results. The effect of the diffusion of metastable nitrogen molecules has also been investigated.
Classification
Physics Abstracts
5.447
On a décrit dans des
publications
antérieures les spectres émis par diverses moléculespolyatomiques (benzène
et sesdérivés, acétonitrile, propionitrile, cyanogène,
acidecyanhydrique, ...)
excitées par l’azote actif dans des matrices d’azote oud’argon
à 20 K[1].
Il
s’agissait,
dans tous les cas où les étatstriplets
inférieurs des
molécules
étudiées étaient connus, des transitions T - S entre cet étattriplet
et l’étatsingulet
fondamental de la molécule. On a donc
supposé
que l’excitation seproduisait
suivant le schémagénéral :
Un tel mécanisme dans
lequel
lespin
total des molé- cules en interaction estconservé, doit,
eneffet,
être trèsprobable.
Cettehypothèse
a,d’ailleurs,
reçu unepremière
confirmation par lesexpériences
deMeyer,
Stedman et Setser
[2]
sur l’excitation de la moléculeC2N2
par l’azote actif enphase
gazeuse.Il convenait néanmoins d’étudier
plus
en détail lemécanisme d’excitation en
phase condensée, qui
intervient dans le
procédé
mis en oeuvre dans notrelaboratoire,
afin depréciser
sipossible
la nature dutransfert
d’énergie
entre l’azote excité et les moléculesétrangères.
C’estl’objet
du travail décrit ici.1.
Dispositif expérimental.
- Un courant d’azotepur ou d’un
mélange
contenant del’argon
etquel-
ques pour-cent d’azote est soumis en A
(Fig. 1)
à unchamp
de très hautefréquence produit
soit par ungénérateur
d’ondescentimétriques
fonctionnant enimpulsions (longueur
d’onde3,2
cm, durée desimpul-
sions 1 ps,
fréquence
derépétition
400Hz),
soit parun
générateur
continu de 2 500 MHz. Oninjecte
en Bdans le gaz excité une
petite quantité
ducomposé polyatomique
et lemélange
est condensé sur ledoigt
froid D d’un cryostat en verre pyrex dont le schéma est
représenté
sur lafigure
1. Le réservoir central R contenant l’hélium oul’hydrogène liquide
est entouréd’une
gaine
G d’azoteliquide jusqu’à
sa base. Il estprolongé
par ledoigt parallélépipédique
D surlequel
s’effectue la condensation. L’ensemble se trouve à l’intérieur d’une enceinte E reliée au groupe de pom- page. Cette enceinte porte au niveau du
doigt
troistubulures T fermées par des
glaces
de siliceSuprasil
S.Les deux
premières, disposées
à 180° l’une del’autre,
(*) Equipe de Recherche associée au C.N.R.S. no 302.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01975003602011700
118
FiG. 1. - Schéma du dispositif.
sont destinées à l’observation de la luminescence du
dépôt
solide et latroisième,
dont l’axe est orienté à 300 de celui des deux autres, est utilisée pour irradier ledépôt
par unelampe
à vapeur de mercurelorsqu’on
veut exciter le spectre de fluorescence du
composé
étudié.
On a pu ainsi
enregistrer
le spectre du rayonnement émis au moyen d’unspectrographe Hilger
Mediumet étudier simultanément les variations d’intensité d’une radiation à l’aide d’un monochromateur Jobin et Yvon HRS 2 associé à un
photomultiplicateur
EMI 9526 B.
Un
couple thermoélectrique or-fer/chromel
étaitfixé en t sur le
doigt
froid du cryostat. Ilindiquait
unetempérature
voisine de 10 Klorsqu’on opérait
enrégime dynamique
avec l’héliumliquide
et de 25 Kquand,
dans les mêmesconditions,
on refroidissait parl’hydrogène liquide.
2. Conditions d’observation des spectres et mesures effectuées. - La luminescence de l’azote condensé à basse
température après
excitation dans unedécharge électrique
adéjà
faitl’objet
de nombreux travaux[3].
On se
bornera
ici à comparer les résultats des obser- vations effectuées en l’absence et enprésence
ducomposé polyatomique.
Lorsqu’on opère
avec l’azoteseul,
la luminescence est faible au-dessous de 10 K. Ilapparaît
defaçon
- intermittente des éclairs
qui
traversent ledépôt
solideet
qui
sont suivis d’une fortephosphorescence
decouleur verte. Le spectre
correspondant
est constituéessentiellement des raies de l’azote
atomique
et decelles de
l’oxygène OI(1S -. 1D) [3].
Auvoisinage
de20
K,
enrevanche,
la luminescencequi
estjaune verdâtre,
est intense et continue. Lacomposition spectrale
du rayonnement est différente. On constate notamment un renforcement considérable de l’émis- sion del’oxygène
et laprésence
avec une faible inten- sité des bandes deVegard-Kaplan de 1V 2
Si l’on
remplace
l’azote par unmélange d’argon
etd’azote
(contenant
1 à 10%
de ce derniergaz),
l’émis-sion est encore très faible à la
température
de l’héliumliquide,
en dehors des éclairsqui,
dans cesconditions,
sont très rares.
Mais,
vers 20K,
ilapparaît
uneluminescence bleue intense. Son spectre est surtout constitué des bandes de
Vegard-Kaplan,
le groupe de raiesN(2D ---> 4S) n’ayant
alorsqu’une
faibleintensité.
Ces mêmes émissions sont observées
lorsque,
ayant condensé l’azote ou lemélange
argon-azote sur laparoi
refroidie par l’héliumliquide,
onsupprime
l’arrivée de gaz et on laisse lentement se réchauffer le
dépôt
solide.Quand
oninjecte
dans le courant d’azote excité lecomposé polyatomique
à une concentration de l’or- dre de 1%,
la luminescence verte estremplacée
parune émission bleu-violette. Les conditions d’observa- tion de cette émission sont
identiques
à celles de la luminescence fournie par les gaz purs. Très faible au-dessous de 10 K en dehors deséclairs,
elleprésente
une forte intensité à 20 K.
Pour étudier les transferts
d’énergie
entre les molé-cules métastables
N2(A3Eû )
et les molécules car-bonées
X,
on acomparé
les variationsrespectives
desintensités de la bande À = 2 950
A (0-7)
dusystème
A3Z/ -
X11 ’
et celles de l’une des bandes dusystèmè
T --+ S ducomposé
X(C6H6
ouC2N2), lorsqu’on
fait varier la concentration de cedernier,
en
régime
stationnaire à 25K,
d’une part, etlorsque
la
température s’élève pendant
lapériode
de réchaufi’e- ment, pour une teneur donnée ducomposé polyato- mique,
d’autre part.Les mesures ont
porté
sur desmélanges
argon- azote de concentration en azote 6%.
Dans une matriced’azote pur, en
effet,
les transfertsd’énergie
par exciton entre les molécules d’azotejouent
un rôletrès
important,
si bien quel’énergie
d’excitation des moléculesN 2(A 3 Lu+)
est finalement transmise auxatomes N et 0
présents
enpetite quantité
dans lamatrice
[4]
et les bandes deVegard-Kaplan
ont unefaible intensité. Ce n’est pas le cas dans une matrice argon-azote,
puisque
la raie interdite del’oxygène
est invisible et que la raie
N(2 D -+ 4S)
est peu intense.Aussi peut-on, en
première approximation, négliger
l’influence des transferts entre molécules métastables et atomes d’azote et considérer que la désexcitation des molécules
N2(A3 1:’u+)
est surtout radiative. On admettra doncqu’en présence
ducomposé polyato- mique X,
seproduit
essentiellement unecompétition
entre l’émission
spontanée
des molécules métastables et le transfert sans rayonnement de leurénergie
auxmolécules X.
3. Résultats des mesures. - 3.1 INFLUENCE DE LA CONCENTRATION. - Les courbes de la
figure
2représentent
les variations à 25 K des intensités des bandes = 2 950A
de l’azote etFIG. 2. - Variation avec la concentration du benzène des inten- sités des bandes (0-7) de Vegard-Kaplan et (v9, v = 1) de C6H6.
du
système
T --+ S dubenzène, quand
on fait croîtrela concentration de ce
composé
dans lemélange.
Onconstate, comme on devait
s’y
attendred’après
leschéma
(1),
une diminutionprogressive
de l’intensité de la bande de l’azotequi s’accompagne
d’un accrois- sement de celle deC6H6. Quand
la concentration envolume
dépasse 10 - 2 environ,
il seproduit
uneextinction
progressive
de la luminescence du benzène.Les
phénomènes
observés dans le cas ducyanogène
sont similaires
(Fig. 3).
FIG. 3. - Variation avec la concentration du cyanogène des
intensités des bandes (0-7) de Vegard-Kaplan et (vl, v = 2) de C2N2.
3.2 EFFET D’UNE ÉLÉVATION DE TEMPÉRATURE SUR
L’INTENSITÉ DES BANDES. - On a
représenté
sur lesfigures
4 à 6 les variations des intensités des bandes étudiéeslorsque,
ayant réalisé ledépôt
solide à latempérature
de l’héliumliquide
etsupprimé
le cou-rant gazeux, on laisse l’hélium
s’évaporer
et le cryostat s’échauffer naturellement. On constate que l’émission des bandes deVegard-Kaplan
débute vers 10 K enl’absence comme en
présence
duproduit
carboné etque dans ce dernier cas, leur intensité diminue beau- coup au-dessus de 25
K,
tandisqu’à partir
de cettetempérature
le spectre ducomposé
carboné devient très intense.FIG. 4. - Variation avec la température de l’intensité de la bande (0-7) de Vegard-Kaplan dans un mélange argon-azote (6 %).
(Les temps de réchauffement sont indiqués en abscisses.)
FIG. 5. - Variation avec la température des intensités des bandes
(0-7) de Vegard-Kaplan et (v9, v = 1) de C,,H6 dans un mélange argon-azote (6 %), benzène (1 %). (Les temps de réchauffement
sont indiqués en abscisses.)
FIG. 6. - Variation avec la température des intensités des bandes
(0-7) de Vegard-Kaplan et (vl, v = 2) de C2N2 dans un mélange argon-azote (6 %), cyanogène (1 %). (Les temps de réchauffement
sont indiqués en abscisses.)
La courbe tracée sur la
figure
4 donne l’intensité moyenne de la bande À = 2 950À
del’azote,
alorsque les
enregistrements
obtenus montrentqu’en
réa-lité,
la variation de l’émission n’est pascontinue,
maisqu’elle présente
ungrand
nombre de maximums120
répartis
defaçon aléatoire,
cequi
sembleindiquer
que la
température
de la matrice n’est pas uniforme(Fig. 7).
Cet effet estbeaucoup
moinsmarqué
pour la bande/L=3519Âdu
benzène(Fig. 8),
par suite vraisemblablement de lalongueur
de la durée de viedes molécules
C6H6(T)
trèssupérieure
à celle desmolécules
N2(A3 1+).
La variation avec la
température
de l’intensité de la bande  = 3500 A (V1’ V
=2)
deC2N2
diffèreassez peu de celle des bandes du
benzène,
comme on le voit sur lafigure
6.FIG. 7. - Enregistrement de la variation avec la température de la bande (0-7) de Vegard-Kaplan dans un mélange argon-azote (6 %).
FIG. 8. - Enregistrement de la variation avec la température de
la bande (v 9’ v = 1) de C6H6 dans un mélange argon-azote (6 %),
benzène (1 %).
4. Discussion des résultats. - 4 .1 FORMATION DES
MOLÉCULES
N2(A3 Eu+).
- Comme la durée de vie des moléculesN2(A3E u ’)
est0,35
s à4,2
K dans une matriced’argon
contenant 1%
d’azote[5],
on conclutdes résultats
précédents
que les moléculesqui jouent
un rôle
prépondérant
dans le mécanisme d’excitationne
peuvent
être formées enphase
gazeuse. Elles doivent doncprovenir
de la recombinaison des atomesN(4S) présents
dans l’azote actif etpiégés
dans la matrice[6].
Ces atomes pouvant
migrer
dans le réseau àpartir
de 10
K,
on peut ainsiexpliquer.
la forte émission dusystème A3 Eu+ -+
X’1 ’
au-dessus de cettetempé-
rature.
Quand
onopère
enrégime dynamique
à 25K,
la recombinaison seproduit principalement
dans lacouche
superficielle
dudépôt,
car laquantité
d’atomespiégés
au sein de la matrice à cettetempérature
estfaible,
ce que montrent les deux faits suivants : d’une part, la luminescence ,cesse trèsrapidement après
lasuppression
du courant gazeux, et d’autre part, un réchauffement àpartir
de 25 K n’estaccompagné
d’aucune émission. C’est dans cette couche
superfi-
cielle
qui présente
certainement de nombreuxdéfauts,
que sont formées les molécules excitées et
qu’ont
lieules transferts
d’énergie,
dans les conditions où ont été effectuées les mesures d’intensité des bandes.4.2 MÉCANISMES DE TRANSFERT D’ÉNERGIE ENTRE
MOLÉCULES
N2(Al Lu+)
ET MOLÉCULES POLYATOMI-QUES. - 4.2.1
Transfert d’énergie
par interactiondipolaire.
- On sait que dans le cas d’un transfertd’énergie
par interactiondipolaire
entre un donneuret un accepteur
(ici
les moléculesN2(A3 1 u ’)
et lesmolécules carbonées
respectivement),
l’intensité de l’émission du donneurs’exprime
par la relation de Fôrster[7] :
avec
c
désigne
la concentration del’accepteur
enmoles/1
et co la concentration
critique qui
est reliée à la dis-..
d 3 000
tance
critique
de transfertRo
par co =3 000 3 , 4 7[NR 0 3 ’
Ro
étantdonné, d’après
Fôrster, parl’expression :
Dans cette
relation, n désigne
l’indice de réfraction de lamatrice, ’10 le
rendementquantique
de l’émission dudonneur,
N le nombred’Avogadro
et v le nombred’ondes. K2 est un facteur
d’orientation, FD(v)
lafonction normalisée à l’unité
représentant
laréparti-
tion
spectrale énergétique
de l’émission du donneur etEA(V)
le coefficientspectral d’absorption
molairedécadique
del’accepteur.
La courbe I =
f (x)
laplus
voisine de la courbeexpérimentale
estreproduite
sur lafigure
9. On endéduit co et
Ro,
que l’on trouveégal
à11,8 A
pourC6H6
et13,3 Á
pourC2N2.
Bien que la fonction
(2) représente
defaçon
satis-faisante les résultats des mesures, les valeurs de
Ro
obtenues
paraissent
faibles pour un transfertd’énergie
par interaction
dipolaire.
On a
cherché,
en outre, àappliquer
auxmélanges
contenant du
benzène,
la relation(3)
danslaquelle
on a
pris
’10 =1,
n4 =6etK 2 = 3. EA(v)
a été calculé àpartir
des données relatives au spectred’absorption
FIG. 9. - Courbe théorique obtenue d’après la relation 2 (ciné- tique de Fôrster).
S - T du benzène
publiées
parBurland,
Castro et Robinson[8]
avec pour valeur de la force d’oscillateurf ~ 10-10 [9].
On obtient ainsi une distanceRo
del’ordre de 1
A
pour le transfertN2(A3 Lu+)-C6H6.
Bien que
EA(v)
soit mal connu, cequi
peut entraînerune assez forte erreur sur
l’intégrale
de recouvrement, il sembled’après
ces résultats que les valeurs deRo
calculées au moyen des formules
(2)
et(3)
ne soientpas
concordantes.. Ainsi, l’hypothèse
d’un transfertd’énergie
par interactiondipôle-dipôle
ne rend pasparfaitement
compte de l’ensemble des résultats obtenus.4.2.2
Transfert d’énergie
paréchange
électroni-que. - En se basant sur la théorie de Dexter
[10] qui s’applique
aux transfertsd’énergie
avecchangement
de
spin,
Inokuti etHirayama [11]
ont calculé le rapport des rendements de fluorescence du donneur enpré-
sence et en l’absence
d’accepteur 171170’
que l’on peut assimiler ici au rapport des intensitésIII.,
soit :avec y = 2
Ro/L ; co et Ro
ont la mêmesignification
que dans la théorie de
Fôrster,
L est le rayon moyen de Bohr pour les deux états intéressés(état
excité dudonneur et état fondamental de
l’accepteur),
iD la durée de vie du donneur etg exp y . t
une fonctionB ’rD /
dont la valeur peut être calculée
numériquement.
La courbe relative à y = 20
(Fig. 10), qui représente
assez bien les résultats
expérimentaux,
conduit pourC6H6
etC2N2
aux valeursrespectives Ro
=12,6 Â,
L =
1,26 Á
etRo
=14,5 Á,
L =1,45 Á.
Ces dis-tances sont du même ordre que celles trouvées par Inokuti et
Hirayama
pour le transfertd’énergie
paréchange électronique
entre labenzophénone
et le ..naphtalène.
On constate enfin que la courbe de la
figure
10 estpratiquement superposable
à celle que donne laFIG. 10. - Courbe théorique déterminée à partir de la théorie
de Inokuti et’ Hirayama.
formule de Perrin
[12] :
4.2.3 Influence de
ladiffusion
del’énergie. - Quand l’énergie
d’excitation du donneur diffuse d’une molécule à l’autre parcouplage dipolaire
avant d’êtretransférée à
l’accepteur,
la loi du déclin de l’émission du donneur est,d’après
Yokota et Tanimoto[13] :
avec x =
Da - 1/3 t2/3,
D étant le coefficient de diffu-sion,
a une constante etnA le
nombre de moléculesd’accepteur
par unité de volume.Le déclin n’est pas
exponentiel,
mais il le devientpratiquement,
au bout d’un tempssuffisant,
et laconstante de déclin de l’émission est alors donnée par :
En ne tenant pas compte de l’écart avec la loi
exponentielle pendant
lapremière phase
dudéclin,
on obtient pour le rapport des rendements
quantiques
du donneur en
présence
et en l’absence del’accepteur,
et par suite pour le rapport des intensités :
où c
désigne
comme dans les formulesprécédentes,
la concentration du
composé
X. La relation(6), qui
est
identique
à la formule de Stem et Volmer[14],
ne
représente
pas correctement les résultatsexpéri-
mentaux, ainsi
qu’on
le voit sur lafigure
11.Comme,
d’autre part, la constante de diffusion D estproportionnelle
à la concentration du donneur[15],
le coefficient k devrait croître en même temps que la
122
Fic. 11. - En trait plein et en pointillé, courbes obtenues d’après
la relation de Stern-Volmer pour le benzène et pour le cyanogène.
concentration de l’azote dans le
mélange utilisé,
cequi
n’est pas conforme àl’expérience, puisque
lescourbes
IVKllvKo = .riz)
obtenues pour les deux concentrations d’azote 1et
6%
sontpratiquement superposées (Fig. 12).
FiG. 12. - Comparaison des valeurs expérimentales de l’intensité de la bande (0-7) de Vegard-Kaplan pour des mélanges contenant
respectivement 1 % et 6 % d’azote.
Il semble donc que la diffusion de
l’énergie
d’excita-tion par interaction
dipolaire
entre les molécules d’azote n’ait pas unegrande
influence. Comme d’autre part la distance entre ces molécules est de l’ordre de 20Á, lorsque
la concentration estégale
à 1
%,
l’interaction paréchange électronique
doitêtre relativement faible. Aussi
a-t-on
admis dans le modèleproposé
que le transfertd’énergie
entre lesmolécules du donneur ne
jouait
pas un rôleimpor-
tant.
4.2.4
Effet
de ladiffusion
moléculaire. -L’aspect
discontinu de la courbe de variation
thermique
del’intensité des bandes de
Vegard-Kaplan
et l’évolutionavec la
température
des intensitésrespectives
desbandes de l’azote et du
produit
carboné conduisent à penser que la diffusion moléculaire peut intervenir.La
présence
de nombreusesimperfections
dans lesmatrices obtenues par condensation
rapide
d’unevapeur et
l’énergie importante
libérée par recombi- naisonatomique doivent,
eneffet,
favoriser la diffu- sion des moléculesN2(A3 1 u ’)
formées.Puisque
les formules(4)
et(5)
donnent des résultatspratiquement identiques,
on aconsidéré,
comme l’avaient fait Frank et Vavilov[16],
que la relation de Perrin estapplicable.
Cela suppose toutefois que la vitesse de diffusion soitfaible, puisque
la théorie d’Inokuti etHirayama implique
que les transferts d’excitation n’aient lieuqu’entre
des donneurs et des accepteurs dont la distance demeure sensiblement constante.,
Lorsqu’on
ne tient pas compte de ladiffusion,
on peut écrire que la
probabilité
d’émission d’une bande deVegard-Kaplan pendant
le temps dt estproportionnelle
à :exp(- clco) exp(- tjiD) dt,
oùTD est la durée de vie des molécules
N2(A3 Lu+).
En
désignant
par tm l’intervalle detemps
moyen entre la formation d’une molécule d’azote métastable et sarencontre avec une molécule X par,
diffusion,
cequi
entraîne sa
désactivation,
laprobabilité
d’émissiondevient :
D’après
la théorie d’Einstein-Smoluchovski[17],
le flux de diffusion à travers la
sphère
de rayonRo
a pour valeur :
où D est la somme des constantes de diffusion du donneur et
de l’accepteur.
On obtient une valeur
approchée
du deuxièmeterme de n en
remplaçant t
par ’rD et, en écrivant que tm estégal
à1 In,
il vient parintégration :
La
figure
13 montre que la relation(7) représente
mieux les résultats
expérimentaux
que les formules(5)
et(6).
On trouve pour le benzène co =0,516 ML -1
et k =5,16,
d’où le rayon d’interactionRo
=9,2 Á,
et pour le
cyanogène
co =0,415 ML-1,
k =7,6
et
Ro
=9,8 A.
En prenant pour’rD la
durée de vie de la moléculeN2(A3 Lu+)
dansl’argon solide,
enl’absence de
produit étranger,
on en déduit les cons-tantes de diffusion :
dans le cas du
benzène,
1
(8)
dans celui du
cyanogène.
Les
longueurs
de diffusion.J2 D’rD
vaudraient res-pectivement
9À
et11,5 À,
c’est-à-direqu’elles
seraientFIG. 13. - En trait plein et en pointillé, courbes obtenues d’après
la formule (7) pour le benzène et pour le cyanogène.
du même ordre que
Ro.
Enfait, la
valeur de ïp est abaissée par suite du transfertd’énergie
et pour la concentration relative au maximum de l’émission ducomposé carboné,
on trouve deslongueurs
dediffusion
égales respectivement
à3,5
et3,7 Á
pour les deuxcomposés. Ainsi,
les conditionsd’application
de la théorie du transfert
d’énergie
paréchange électronique
ne sontqu’approximativement
réalisées.De ce fait et en raison des
simplifications
introduites dans le calculeffectué,
les valeurs obtenues donnent seulement un ordre degrandeur
des différents para- mètres.4.3 EXTINCTION DE L’ÉMISSION DU COMPOSÉ POLY- ATOMIQUE PAR AUGMENTATION DE SA CONCENTRA- TION. - On a cherché à
interpréter
au moyen deshypothèses précédentes,
les courbes desfigures
2 et3
qui représentent
les variations avec la concentra- tion c de l’une des bandes du benzène et ducyanogène.
En
désignant respectivement
par no etpar n les
nombres des molécules
N2(A3 l’) u qui
rayonnent en l’absence et pour une concentration c duproduit carboné,
on peut écrire :n _ J.
Si l’on admetno
IvKo
que toutes les transitions sans émission
correspondent
à un transfert
d’énergie
aux moléculespolyatomi-
ques
X,
le nombre de molécules X excitées est, par molécule d’azote métastable créée :Cette
hypothèse
constitue uneapproximation jus-
tifiée par le fait que la raie
N(2D-4S)
est peuintense,
même en l’absence du
composé X,
et que la concentra- tion des moléculesN2(A’ 1 u ’)
est très inférieure à celle de X dans la matrice.On sait que dans les solutions contenant des teneurs élevées de
composés organiques,
il peut se former des dimères et que,d’après
de nombreux auteurs, il en résulte une extinction de l’émission de cecomposé.
On admettra
qu’un
mécanismeanalogue
est respon- sable de l’extinction de la luminescence observée ici.Si l’on
désigne
par TA la durée de vie de la molécule excitéeX(T)
etpar tm
l’intervalle de temps moyen entre l’excitation de X et l’entrée d’une autre molé- cule X dans le volume actif deX(T),
on peut écrire que laprobabilité
d’émission dusystème
T --> Spendant
l’intervalle de tempsdt,
est de la forme :Le nombre de molécules
X(T) qui
émettent estalors en
régime stationnaire, proportionnel
à :D’où l’intensité
Ix
de la bande considérée :avec
et
Les valeurs des constantes
c’0, R’0
et D’ obtenues dans le cas du benzène sontrespectivement :
On constate sur la
figure
14 que la formule(9) repré-
sente assez bien les résultats
expérimentaux,
sauf auxtrès faibles
concentrations,
cequi pourrait s’expliquer
par le fait que la concentration est alors déterminée
avec une assez forte incertitude.
Le calcul
précédent
ne peut fournirqu’un
ordre degrandeur
deRi,
maispuisqu’il
est trèspetit,
onen conclut que le résultat obtenu n’est pas en désac- cord avec
l’hypothèse
de la formation de dimères.FIG. 14. - Courbe obtenue d’après la relation (9) pour le benzène.
124
De
plus,
le coefficient de diffusion du benzène étant extrêmementfaible,
celasignifie
que cette moléculedif’use
très peu. Il en résulte que la valeur de D, trouvée dans l’étude de l’interactionN2(A3 Lu+)-C6H6 (8),
se rapporte aux molécules d’azote métastables. On constate
qu’elle
est de l’ordre degrandeur
de cellequ’ont
obtenue récemmentMeyer
etMetzger [18]
pour
l’oxygène
dans une matriced’argon
à 33K,
soit
1,2
xl0 12±2 Cm2 s- 1.
Pour le
cyanogène,
on trouve un volume actifpratiquement nul,
les valeursnumériques
obtenuesétant sans
signification.
Lafigure
15 permet de compa-rer aux
points expérimentaux
la courbereprésentant
la fonction
(9)
avec1/co
= 0 et k’ =1,26.
On voit que,comme dans le cas du
benzène,
l’accord est seulementapproché.
En utilisant la relation(8)
pour calculer la constante de diffusion ducyanogène
et prenanttA
égal
à 1 s[2],
on déduit de(9)
le rayon d’actionR’ 0
= 2Â.
Il serait donc trèspetit,
cequi explique qu’on
n’ait pu déterminer directement le volume actif àpartir
des donnéesexpérimentales.
FIG.15. - Courbe obtenue d’après la relation (9) pour le cyanogène.
5. Conclusion. - Les résultats obtenus dans cette étude peuvent
s’interpréter
en considérant que l’exci-tation des molécules carbonées par l’azote actif dans des matrices azote-argon à basse
température
estdue,
ainsiqu’on
l’avaitsupposé antérieurement,
àun transfert
d’énergie
entre les moléculesN2(Al E ù ) produites
par recombinaison d’atomesN(4S)
et lesmolécules
polyatomiques.
Bien que lesphénomènes
soient
complexes,
on a cherché au moyend’hypo-
thèses
simplificatrices
à déterminer l’ordre de gran- deur des distances d’interaction. Les valeurs trouvées- une dizaine
d’angstrôms
- semblentindiquer qu’il s’agit
d’un transfertd’énergie
paréchange
électroni-que, sans
qu’une
conclusion définitivepuisse
êtredonnée pour l’instant.
Lorsqu’on opère
en condensant les gaz enrégime
stationnaire sur une
paroi
refroidie parl’hydrogène liquide,
la couche émissive est la couchesuperficielle
du
dépôt,
dont latempérature
estprobablement supérieure
à celle de laparoi (voisine
de 25 K dans nosexpériences).
Etant donnéqu’une
matrice d’azote nepeut être considérée comme
parfaitement rigide
au-dessus de 17 K et
qu’il
en est de même pour une matriced’argon
àpartir
de 20 K[19],
etpuisque,
d’autre part, la recombinaison des atomes d’azote est fortement
exothermique,
ilparaît
assez vraisem-blable que dans les matrices mixtes utilisées
ici,
une certaine diffusion des molécules insérées dans la par- tiesuperficielle
de la couchepuisse
seproduire.
C’estpourquoi
dans le mécanismeproposé qui
rend assezbien compte des résultats des mesures, on a admis l’existence d’une telle diffusion. Celle-ci serait très faible pour les molécules de
benzène,
tandisqu’elle
serait
plus importante
pour les molécules d’azote excitées etpeut-être
aussi pour celles decyanogène.
Enfin,
les très faibles distances d’interaction que l’on a trouvées dans l’étude de l’extinction par concen-tration de la luminescence des
produits
carbonéssont
compatibles
avec l’attribution de cephénomène
à la
présence
de dimères aux concentrationsélevées,
comme c’est souvent le cas pour les solutions de
composés organiques.
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