Id´esigne un intervalle deR, non vide et non r´eduit `a un point.f d´esigne une fonction d´efinie surI, `a valeurs dansR.
1 D´ efinition et caract´ erisation
D´efinition 1.1
f est convexe surIsi
∀x, y∈I,∀t∈[0; 1], f(tx+ (1−t)y)6tf(x) + (1−t)f(y).
On dit quef est concave si−f est convexe.
Figure1 – Illustration de la d´efinition Proposition 1.2
f est convexe si et seulement si son ´epigraphe est convexe dansR2.
Preuve. On rappelle que l’´epigraphe def, not´e Epi(f), est d´efini de la mani`ere suivante : Epi(f) ={M(x;y), x∈I, f(x)6y}.
Supposons f convexe. Soient M1(x1;y1) et M2(x2;y2) deux points de l’´epigraphe de f. Soit N(xN;yN) un point du segment [M1M2]. Il existe alors un unique r´eel t ∈ [0; 1] tel que xN = tx1 + (1−t)x2 et yN =ty1+ (1−t)y2.f ´etant convexe, on a :
f(xN) =f(tx1+ (1−t)x2)6tf(x1) + (1−t)f(x2)6ty1+ (1−t)y2=yN. N appartient donc `a l’´epigraphe def donc Epi(f) est convexe.
Supposons maintenant Epi(f) convexe. Soientx1, x2∈I,t∈[0; 1]. Soienty1=f(x1),y2=f(x2),M1(x1;y1), M2(x2;y2) etN(tx1+ (1−t)x2;ty1+ (1−t)y2). Epi(f) ´etant convexe, on a :
f(tx1+ (1−t)x2)6ty1+ (1−t)y2=tf(x1) + (1−t)f(x2).
f est donc convexe.
Th´eor`eme 1.3
Les assertions suivantes sont ´equivalentes : (i) f est convexe ;
(ii) Pour tousx, y, z∈I tels quex < y < z, on a : f(y)−f(x)y−x 6 f(z)−f(x)z−x 6 f(z)−f(y)z−y (in´egalit´e des trois pentes) ;
(iii) Pour touta∈I, la fonctionx7→ f(x)−f(a)x−a est croissante surI\ {a}.
Figure 2 – Illustration de l’in´egalit´e des 3 pentes (ii) Preuve.
(i)⇒(ii)
Supposons f convexe sur I. Soient x, y, z ∈ I tels que x < y < z. Il existe un unique t ∈]0; 1[ tel que y=tx+ (1−t)z.f ´etant convexe, on a :
f(y) =f(tx+ (1−t)y)6tf(x) + (1−t)f(y).
On en d´eduit :
f(y)−f(x)6(1−t)(f(z)−f(x)).
y−x= (1−t)(z−x) donc en divisant l’in´egalit´e pr´ec´edente par y−x >0, on a : f(y)−f(x)
y−x 6 f(z)−f(x) z−x , ce qui prouve la premi`ere in´egalit´e.
f(y)6tf(x) + (1−t)f(z) donc −f(y)>−tf(x)−f(z) +tf(z) et doncf(z)−f(y)>t(f(z)−f(x)).
z−y=z−tx−z+tz=t(z−x). En divisant l’in´egalit´e pr´ec´edente parz−y >0, on a : f(z)−f(y)
z−y >f(z)−f(x) z−x , ce qui d´emontre le deuxi`eme in´egalit´e.
(ii)⇒(iii)
On suppose quef v´erifie l’in´egalit´e des trois pentes. Soit a∈I. Notonsfa la fonction d´efinie surI\ {a}par x7→ f(x)−f(a)x−a . Soientx, y∈I\ {a}, avecx < y.
Si a < x < y, l’in´egalit´e des trois pentes donne :fa(x)6fa(y)6 f(y)−f(x)y−x . Si x < a < y, l’in´egalit´e des trois pentes donne :fa(x)6 f(y)−f(x)y−x 6fa(y).
Si x < y < a, l’in´egalit´e des trois pentes donne : f(y)−f(x)y−x 6fa(x)6fa(y).
(iii)⇒(i)
On suppose que pour tout a ∈ I, fa est croissante sur I \ {a}. Soient x, y ∈ I. Soit t ∈]0; 1[. Notons z=tx+ (1−t)y. On ax < z < ydoncfz(x)6fz(y), c’est-`a-dire f(x)−f(z)x−z 6 f(y)−f(z)y−z . En multipliant par (x−z)(y−z)<0, on obtient (y−z)(f(x)−f(z))>(x−z)(f(y)−f(z)). En regroupant les termes enf(x), f(y) etf(z), on a :
(x−y)f(z)>(x−z)f(y)−(y−z)f(x).
En divisant parx−y <0, on obtient :
f(z)6 x−z
x−yf(y)−y−z x−yf(x).
Or x−z =x−tx−y+ty= (1−t)(x−y) donc x−zx−y = 1−t et y−z=y−tx−y+ty=t(y−x) donc
−y−zx−y =t, d’o`u f(z)6 tf(x) + (1−t)f(y), c’est-`a-dire f(tx+ (1−t)y) 6tf(x) + (1−t)f(y). L’in´egalit´e
´
etant trivialement v´erifi´ee pourt= 0 ett= 1,f est donc convexe.
Proposition 1.4
(in´egalit´e de Jensen) Soitn∈N,n>2. Soitf une fonction convexe surI. Alors pour tous(ak)16k6n ∈ Rn+tels que
n
P
k=1
ak= 1et (xk)16k6n∈In, on a :f n
P
k=1
akxk
6
n
P
k=1
akf(xk).
Preuve. On supposef convexe surI. Pour n∈N,n>2, notonsHn la propri´et´e :
∀(ak)16k6n∈Rn+1+ ,
n
X
k=1
ak= 1,∀(xk)16k6n ∈In, f
n
X
k=1
akxk
! 6
n
X
k=1
akf(xk).
H2est v´erifi´ee (c’est la d´efinition d’une fonction convexe).
Soitn∈N,n>2. SupposonsHn v´erifi´ee. Soit (ak)16k6n+1∈Rn+1+ tel que
n+1
P
k=1
ak= 1. Soit (xk)16k6n+1 ∈ In+1.
1er cas : si
n
P
k=1
ak= 0. Lesak´etant tous positifs, on en d´eduit queak= 0 pour toutk∈J1, nK, puisan+1= 1.
On a alors :
f
n+1
X
k=1
akxk
!
=f(xn+1).
L’in´egalit´e est alors trivialement v´erifi´ee.
2`eme cas : si
n
P
k=1
ak 6= 0. Notons a =
n
P
k=1
ak. Soitx= 1a
n
P
k=1
akxk. x∈I. En effet, sim = min(xi)16i6n et M = max(xi)16i6n, on a ma6
n
P
k=1
akxk6M adoncx∈[m;M]⊂I. On a alors :
f
n+1
X
k=1
akxk
!
=f(ax+an+1xn+1)
6af(x) +an+1f(xn+1) d’apr`esH2
6a.1 a
n
X
k=1
akf(xk) +an+1f(xn+1) d’apr`esHn
6
n+1
X
k=1
akf(xk) doncHn+1 est vraie.
D’apr`es le principe de r´ecurrence, on en d´eduit queHn est vraie pour tout entiern>2.
2 Convexit´ e et d´ erivation
Proposition 2.1
Soitf une fonction convexe sur I. Alors :
(i) f admet une d´eriv´ee `a gauche et `a droite en tout pointaint´erieur `aI etfg0(a)6fd0(a); (ii) f est continue sur˚I;
(iii) ∀a, b∈˚I, a < b, fd0(a)6 f(b)−f(a)b−a 6fg0(b); (iv) fg0 etfd0 sont croissantes sur˚I.
Preuve. Soitf une fonction convexe surI.
(i) Soita∈˚I. On notefa la fonction d´efinie surI\ {a}parx7→ f(x)−f(a)x−a .f ´etant convexe,fa est croissante (paragraphe pr´ec´edent). Soient x < a et x0 > a. fa est croissante sur I∩]− ∞;a[ et major´ee par fa(x0) sur cet intervalle donc fa admet une limite lorsque x → a−. f est donc d´erivable `a gauche en a et on a fg0(a)6fa(x0).
De la mˆeme mani`ere, on montre que f est d´erivable `a droite en a. On a donc fa(x0) −−−−−→
x0→a+ fd0(a). Par passage `a la limite lorsque x0→a+ dans l’in´egalit´efg0(a)6fa(x0), on obtientfg0(a)6fd0(a).
(ii)f ´etant d´erivable `a gauche et `a droite ena∈˚I,f est continue ena.
(iii) Soienta, b∈˚I. Soitx∈]a;b[. D’apr`es l’in´egalit´e des trois pentes : f(x)−f(a)
x−a 6 f(b)−f(a)
b−a 6 f(x)−f(b) x−b .
En faisant tendrexversadans la premi`ere in´egalit´e, on obtient :fd0(a)6 f(b)−f(a)b−a . En faisant tendrexvers b dans la deuxi`eme in´egalit´e, on obtient : f(b)−f(a)b−a 6fg0(b). On en d´eduit :
fd0(a)6 f(b)−f(a)
b−a 6fg0(b).
(iv) Soient a, b∈˚I, avec a < b. Alors fd0(a)6 f(b)−f(a)b−a 6fg0(b) d’apr`es (iii). D’apr`es (i), fg0(a) 6fd0(a) et fg0(b)6fd0(b) doncfg0(a)6fd0(a)6fg0(b)6fd0(b).fg0 etfd0 sont donc croissantes sur ˚I.
Proposition 2.2
On supposefcontinue surIet d´erivable sur˚I. Alorsf est convexe surIsi et seulement sif0est croissante surI.
Preuve. Soitf une fonction continue surI et d´erivable sur ˚I. Sif est convexe, alorsf0 est croissante sur ˚I d’apr`es la proposition pr´ec´edente.
Supposons maintenantf0 croissante sur ˚I. Soientx, y∈I, avecx < y. Soitg la fonction d´efinie sur [0; 1] par t7→tf(x) + (1−t)f(y)−f(tx+ (1−t)y).f ´etant continue surI, il en r´esulte queg est continue sur [0; 1].f
´
etant d´erivable sur ˚I, il en r´esulte quegest d´erivable sur ]0; 1[. De plus,g(0) =g(1) = 0. D’apr`es le th´eor`eme deRolle, il existet0∈]0; 1[ tel que g0(t0) = 0. On a :
∀t∈]0; 1[, g0(t) =f(x)−f(y)−(x−y)f0(tx+ (1−t)y).
t7→tx+ (1−t)yest d´ecroissante sur [0; 1] etf0est croissante sur ˚Idoncg0 est d´ecroissante sur ]0; 1[. Comme g0(t0) = 0, on en d´eduit queg0 est positive sur ]0;t0[ et n´egative sur ]t0; 1[. gest donc croissante sur [0;t0] et d´ecroissante sur [t0; 1]. Commeg(0) =g(1) = 0,g est donc positive sur [0; 1] donc :
∀t∈[0; 1], f(tx+ (1−t)y)6tf(x) + (1−t)f(y).
f est donc convexe surI.
Proposition 2.3
Sif est d´erivable surI, alors la tangente en tout point est en dessous de la courbe repr´esentative de f. Preuve. On suppose f d´erivable sur I. Soit x0 ∈ I. L’´equation cart´esienne de la tangente `a la courbe repr´esentative de f en x0 est y = f0(x0)(x−x0) +f(x0). Soitg la fonction d´efinie sur I parx7→ f(x)− f0(x)(x−x0)−f(x0). On veut montrer quegest positive, ce qui prouvera la proposition.f est d´erivable sur I donc il en est de mˆeme pourg et on a pour toutx∈I,g0(x) =f0(x)−f0(x0).f0 est croissante sur ˚I (car f est convexe) doncg0 est croissante sur ˚I. g0(x0) = 0 donc g0 est n´egative sur I∩]− ∞;x0[ et positive sur I∩]x0; +∞[.gest donc d´ecroissante surI∩]− ∞;x0[ et croissante surI∩]x0; +∞[.gadmet donc un minimum global enx0. g(x0) = 0 doncg est positive surI, ce qui ach`eve la d´emonstration.
3 Applications
3.1 Comparaison de moyennes
D´efinition 3.1
Soientx1, . . . , xn∈R∗+. On d´efinit les moyennes suivantes : (i) Moyenne arithm´etique :Ma= x1+···+xn n;
(ii) Moyenne g´eom´etrique :Mg= √n
x1. . . xn; (iii) Moyenne quadratique :Mq =
qx21+···+x2n
n ;
(iv) Moyenne harmonique :Mh= 1 n x1+···+ 1
xn
.
Proposition 3.2
On a :Mh6Mg6Ma 6Mq.
Preuve. Soit f la fonction d´efinie sur R+ par x 7→ x2. f est d´erivable sur R+ et on a pour tout x > 0, f0(x) = 2x.f0 est croissante surR+ doncf est convexe surR+. D’apr`es l’in´egalit´e deJensen, on a :
f
x1+· · ·+xn
n
6 1
n(f(x1) +· · ·+f(xn)) c’est-`a-dire Ma26Mq2.x7→√
xest croissante surR+ doncMa6Mq.
ln est d´erivable surR∗+ et on a pour toutx >0, ln0(x) = x1. ln0 est d´ecroissante surR∗+ donc ln est concave surR∗+. L’in´egalit´e deJensendonne
ln
x1+· · ·+xn n
> 1
n(ln(x1) +· · ·+ ln(xn))
c’est-`a-dire ln(Ma) > n1ln(Mgn) = ln(Mg). La fonction exponentielle ´etant croissante sur R, on en d´eduit Mg6Ma.
En appliquant `a nouveau l’in´egalit´e deJensen`a la fonction ln : ln
1
nx1 +· · ·+ 1 nxn
> 1 n
ln
1 x1
+· · ·+ ln 1
xn
c’est-`a-dire ln
1 Mh
>n1ln
1 Mgn
= ln
1 Mg
. On en d´eduit alors M1
h > M1g, puisMg>Mh.
3.2 Obtention d’in´ egalit´ es
Premi`ere in´egalit´e :∀x∈[0, π/2],π2x6sinx6x.
En effet, sin est d´erivable et sin0= cos. sin0est donc d´ecroissante sur [0;π/2] donc sin est concave sur [0;π/2].
La courbe repr´esentative de sin est donc situ´ee au dessus de ses cordes et en dessous de ses tangentes. La tangente en 0 a pour ´equationy=x. La corde joignant (0; sinx) et (π/2; sin(π/2)) a pour ´equationy= π2x, d’o`u l’encadrement.
Deuxi`eme in´egalit´e :∀a, b, c∈R+, a3+b3+c3>3abcet (a+b+c)3>27abc.
Nous allons utiliser les comparaisons des diff´erentes moyennes.
Mg6Ma donc √3
abc6 a+b+c3 et doncabc6 (a+b+c)27 3 (x7→x3´etant croissante surR).
En appliquant `a nouveau l’in´egalit´e Mg 6 Ma aux trois nombres a3, b3 et c3, on a : √3
a3b3c3 6 a3+b33+c3
donca3+b3+c3>3abc.
Proposition 3.3
Kd´esigneRouC. Soientn∈N∗,p, q∈Ravecp >1,q > 1et 1p+1q = 1. Pourx= (x1, . . . , xn)∈Kn, on notekxkp=
n P
k=1
|xk|p 1p
et kxkq = n
P
k=1
|xk|q 1q
. Alors : (i)
n
P
k=1
|xkyk|6 n
P
k=1
|xk|p 1p n
P
k=1
|yk|q 1q
(in´egalit´e deH¨older) ; (ii) ∀x, y∈Kn,kx+ykp6kxkp+kykp (in´egalit´e deMinkowski).
Preuve.
Montrons d’abord que pour tous a, b > 0, ab 6 app + bqq. Remarquons d’abord que si a = 0 ou b = 0, l’in´egalit´e est clairement v´erifi´ee. Supposons maintenantaetbnon nuls. La fonction exponentielle, not´ee exp, est convexe surRdonc :
∀x, y∈R,∀λ∈[0; 1],exp(λx+ (1−λ)y)6λexp(x) + (1−λ) exp(y).
Soienta, b∈R∗+. Appliquons l’in´egalit´e de convexit´e avecx= ln(ap),y= ln(bq) etλ= 1p (donc 1−λ=1q) : exp
ln(ap)
p +ln(bq) q
6 exp(ln(ap))
p +exp(ln(bq)) q c’est-`a-dire ab6 app +bqq.
(i) Montrons l’in´egalit´e deH¨older:
Soient x= (x1, . . . , xn)∈Kn et y= (y1, . . . , yn)∈Kn. Six= 0 ouy = 0, l’in´egalit´e est clairement v´erifi´ee.
Supposonsx6= 0 ety6= 0. Dans ce cas, au moins une coordonn´ee dexest non nulle donckxkp6= 0. De mˆeme pour y. Pour tout k ∈J1, nK, notons x0k = kxkxkp
p et y0k = kykykq
q. Appliquons l’in´egalit´e pr´ec´edente. Pour tout k∈J1, nK:
|x0ky0k|6|x0k|p
p +|y0k|q
q = |xk|p pkxkpp
+ |yk|q qkykqq
. En sommant, on obtient :
n
X
k=1
|x0kyk0|6 1 pkxkpp
Xk= 1n|xk|p+ 1 qkykqq
Xk= 1n|yk|q= 1 p+1
q = 1.
Or, on a
n
X
k=1
|x0ky0k|= 1 kxkpkykq
n
X
k=1
|xkyk|
d’o`u
n
X
k=1
|xkyk|6
n
X
k=1
|xk|p
!1p n X
k=1
|yk|q
!1q . L’in´egalit´e deH¨olderest ainsi d´emontr´ee.
(ii) Montrons maintenant l’in´egalit´e deMinkowski.
Soient (x= (x1, . . . , xn)∈Kn ety = (y1, . . . , yn)∈Kn. Sikx+ykp= 0, l’in´egalit´e est ´evidente. Supposons maintenant quekx+ykp6= 0. Soitqtel que 1p+1q = 1 (c’est-`a-direq=p−1p ). On a :
n
X
k=1
|xk+yk|p=
n
X
k=1
|xk+yk||xk+yk|p−16
n
X
k=1
|xk||xk+yk|p−1+
n
X
k=1
|yk||xk+yk|p−1. On applique l’in´egalit´e deH¨olderaux deux termes de droite :
n
X
k=1
|xk+yk|p6
n
X
k=1
|xk|p
!p1 n X
k=1
|xk+yk|(p−1)q
!1q +
n
X
k=1
|yk|p
!1p n X
k=1
|xk+yk|(p−1)q
!1q
6(kxkp+kykp)
n
X
k=1
|xk+yk|(p−1)q
!1q . Sachant que q(1−p) =p, on a donc :
n
X
k=1
|xk+yk|p6(kxkp+kykp)
n
X
k=1
|xk+yk|p
!1q .
On multiplie chaque membre de l’in´egalit´e par n
P
k=1
|xk+yk|p −1q
=kx+yk−
1
pq :
n
X
k=1
|xk+yk|p
!1−q1
6kxkp+kykp
c’est-`a-dire kx+ykp6kxkp+kykp.
Remarque 3.4
L’in´egalit´e de Minkowskipermet de montrer quek.kp d´efinit une norme.
3.3 Int´ egrabilit´ e
Exemple 3.5
La fonctionx7→ 1
1 +x3sin2x est int´egrable sur[0; +∞[.
Soit f la fonction d´efinie sur [0; +∞[ par x7→ 1
1 +x3sin2x. f est positive sur [0; +∞[. f est continue sur [0; +∞[ donc localement int´egrable sur cet intervalle. SoitF la fonction d´efinie sur [0; +∞[ parx7→
Z x
0
f(t)dt.
On cherche `a montrer que F admet une limite finie en +∞. Pour n ∈ N, notons un =
Z (n+1)π
nπ
f(t)dt.
Pun est une s´erie `a termes positifs. F admet une limite finie en +∞ si et seulement si la s´erie Pun est une s´erie convergente (comparaison s´erie-int´egrale). Soit n ∈ N∗. un 6
Z (n+1)π
nπ
1
1 +n3π3sin2xdt. Or,
x7→ 1
1 +n3π3sin2x est π−p´eriodique et paire donc on en d´eduit : un 62
Z π2
0
1
1 +n3π3sin2xdx62 Z π2
0
1
1 +4nπ32π3x2dx.
Effectuons le changement de variable u= 2n3/2√
πx(la fonctionx7→2n3/2√
πxest unC1 diff´eomorphisme sur [0;π/2]) :
2 Z π2
0
1
1 + 4n3πx2dx= 2× 1 2n3/2√
π
Z (nπ)3/2
0
1
1 +u2du= 1 n3/2√
πarctan((nπ)3/2)6
√π 2
1 n3/2. Pour tout entier naturel non nul n, on aun 6
√π 2
1
n3/2. P 1
n3/2 est une s´erie deRiemannconvergente donc Pun est une s´erie convergente et doncf est int´egrable sur [0; +∞[.
3.4 M´ ethode de Newton
Th´eor`eme 3.6
Soitf : [a;b]→Rune fonction de classeC2sur[a;b], strictement croissante et convexe, avecf(a)f(b)<0.
Alors :
(i) f admet un unique z´ero dans]a;b[, not´eα;
(ii) Pour toutx0∈[α;b], la suite(un)d´efinie paru0=x0 et pour tout entiern,un+1 =un−ff(u0(unn)) est d´efinie, d´ecroissante et converge versα;
(iii) ∀n∈N,|un−α|6 1kk2n(b−α)2n, aveck=2mM2
1, m1= min
x∈[a;b]|f0(x)|etM2= max
x∈[a;b]|f00(x)|.
Preuve. Soit f : [a;b] → R une fonction de classe C2 sur [a;b], strictement croissante et convexe, avec f(a)f(b)<0
(i) f est continue sur [a;b] et f(a)f(b)<0 donc il existe α∈]a;b[ tel que f(α) = 0 (th´eor`eme des valeurs interm´ediaires).f ´etant strictement croissante sur [a;b],f est bijective sur cet intervalle etαest unique.
(ii) Soitx0∈[α;b].
L’´equation de la tangente au point de coordonn´ees (x0;f(x0)) est y = f(x0) +f0(x0)(x−x0). Elle coupe l’axe des abscisses au point d’abscisse u1 v´erifiantf(u0) +f0(u0)(u1−u0) = 0, d’o`u u1=u0−ff(u0(u00)) (f0 ne s’annule pas sur [a;b] car f est strictement croissante). On r´ep`ete l’oparation et c’est ainsi qu’est construite la suite (un). Soitgla fonction d´efinie sur [α;x0] parx7→x−ff(x)0(x).gest de classeC1 sur [α;x0] et on a :
∀x∈[α;x0], g0(x) = 1−f0(x)2−f(x)f00(x)
f0(x)2 =f(x)f00(x) f0(x)2 .
f est strictement croissante sur [α;x0] et f(α) = 0 donc f est positive sur [α;x0]. f est de classe C2 et convexe doncf00est positive sur [α;x0].g0 est donc positive sur [α;x0] doncgest croissante sur cet intervalle.
g(α) =α−ff(α)0(α) =αdonc pour toutx>α,g(x)>α.g(x0) =x0−ff(x0(x00)) 6x0donc pour toutx∈[α;x0], g(x) 6 x0. [α;x0] est donc un intervalle de stabilit´e pour g et donc la suite (un) est bien d´efinie. g ´etant croissante, la suite (un) est monotone, le sens de monotonie ´etant donn´e par le signe deu1−u0.
u1−u0=u0− f(u0)
f0(u0)−u0=−f(u0) f0(u0) 60
donc la suite (un) est d´ecroissante. (un) ´etant minor´ee par α, cette suite converge. Notons `sa limite. gest continue donc g(`) =`, c’est-`a-dire −ff(`)0(`) = 0.` est donc un z´ero def sur [α;x0]. Par unicit´e, on a alors
`=α. (un) converge donc versα.
(iii) Soient k= 2mM2
1, avecm1 = min
x∈[a;b]|f0(x)| etM2= max
x∈[a;b]|f00(x)|. Soit x∈[α;b]. f est de classeC2 donc, d’apr`es le th´eor`eme deTaylor-Lagrange :
∃cx∈]α;b[, f(α) =f(x) + (α−x)f0(x) +(α−x)2 2 f00(cx).
sachant quef(α) = 0, en divisant par f0(x)>0 et en r´eordonnant les termes, on a :
|g(x)−α|= (α−x)2 2
f00(cx) f0(x)
6k(α−x)2. Pour n∈N, notonsHn la propri´et´e|un−α|6 1kk2n(b−α)2n.
Pour n= 0,u0−α6b−αdoncH0est vraie.
Soitn∈N. SupposonsHn vraie.
|un+1−α|=|g(un)−α|
6k|un−α|(d’apr`es ce qui pr´ec`ede) 6k1
k2k2n+1|b−α|2n+1 (hypoth`ese de r´ecurrence)
Hn+1 est donc vraie. D’apr`es le principe de r´ecurrence,Hn est vraie pour tout entier naturel n.