LA PANOPLIE DES MEDIAS POUR LA DIFFUSION
DES CONNAISSANCES SCIENTIFIQUES
Bernard BLACHE Palais de la Découverte - Paris
MOTS-CLES: MEDIAS - COMMUNICATION - OUTILS PEDAGOGIQUES - DIFFUSION DE LA SCIENCE.
RESUME : la diffusion de la science peut reposer sur une grande quantité de vecteurs utilisés individuellement (publications, télévision) ou collectivement (dans le cadre de musées, expositions...). Faut-il privilégier certains de ces médias réputés plus performants?
SUMMARY: Science's diffusion can depend on many means used either by one person (publications, T.V.) or by several (in museums, exhibitions...).
Shall we prefer sorne of them looking more efficient ?
Avant d'entamer un bref passage en revue des medias utilisés pour véhiculer la transmission des connaissances scientifiques, il n'est peut être pas inutile de préciser que cet inventaire n'abordera pas le cadre scolaire où s'effectue à titre "obligatoire" cette transmission. Après cette parenthèse sur publics captifs et ceux dont on souhaiterait qu'ils soient publics captivés; abordons ces médias en nous intéressant d'abord à ceux "consommés" par des individus - généralement chez eux - puisà ceux que l'on rencontre dans les musées, centres de culture scientifique...ilne restera enfin qu'à donner quelques échos du débat instauré sur ce sujet et sur les préférences pour tel ou tel rapport qu'il a pu laisser apparaître.
1. LES ME DIAS "INDIVIDUELS" 1.1. Les livres de vulgarisation
Leurs avantages sont évidents: chacun avanceàson rythme, ils sont le plus souvent peu chers, assez illustrés... En revanche, ils ont la froideur de l'écrit, on peut s'interroger sur le caractère anecdotique (science amusante) de certains d'entre eux, ils sont le plus souvent très ciblés sur une tranche d'âge.
1.2. Les revues
Elles prolifèrent; on a vu récemment "Sciences et Vie Junior" et "Explora" compléter leur éventail: elles sont en général très diverses pour attirer un large public, les articles sont souvent choisis en fonction des illustrations qui pourront les accompagner. On trouve aux deux extrémités du spectre des textes assez délicats s'adressant aux spécialistes ou de "l'accessoire" sans grand contenu scientifique.
1.3. La radio
Elle semble faire preuve de qualités de sérieux beaucoup plus évidentes que la télévision. La bande FM est consommatrice de cassettes sur des sujets scientifiques.ilfaut évidemment adapter le discours à ce média particulier.
1.4. La télévision
On peut s'interroger sur la quasi disparition d'émissions scientifiques de qualité. L'existence de "vedettes" semble également fausser le jeu et faire prévaloir la capacité de communiquer plutôt que la valeur du contenu.
2. LES MEDIAS "MUSEAUX" 2.1. Les panneaux
Tout le monde s'accordeàsouhaiter leur disparition et àcritiquer leur allure de "livre vertical". Cependant, c'est l'outil de communication le plus simple, ils servent de décor, de support pour les photographies, permettent plusieurs niveaux de lecture...
2.2. Les maquettes
Deux catégories principales coexistent: les maquettes "volumes" et les maquettes "animées ou lumineuses". Les premières permettent l'illustration d'objets dont elles restituent les formes agrandies, les
secondes peuvent expliquer un processus, un mécanisme... Leur coût est généralement assez élevé, elles peuvent donner un sentiment illusoire de compréhension instantanée.
2.3. Le vivant
Cemédia est utilisé uniquement en biologie; les élevages permettent une familiarisation du citadin avec le monde animal, la nature. Ils nécessitent une infrastructure lourde : laboratoires, animaleries... Leur "prolongement" est la dissection. Une extension vers l'humain est réalisée au travers de l'auto-expérimentation : tensiomètre, électroencéphalographie ou cardiographie.
2.4. Les écrans
On peut ranger sous ce titre générique:
- l'audiovisuel qui sous sa forme classique retient de moins en moins l'attention des visiteurs. On a pu tester ici ou là des audiovisuels interactifs utilisant des vidéodisques (donc un stock important d'images et une lecture"àla carte");
- également l'informatique: les microordinateurs servant de complément à la présentation ou pilotant une manipulation, guidant l'exécutant, enregistrant les résultats et établissant des statistiques.
2.5. Les gros équipements
Ils permettent d'introduire le visiteur dans une situation hors norme où il apprend: labyrinthe, planétarium, train fantôme, mine, entrefer d'un électroaimant par exemple. Leur caractère spectaculaire facilite la compréhension mais leur clarté est indéniable.
2.6. Les objets
Ils sont le plus souvent l'apanage des musées techniques où l'on rencontre parfois un peu en désordre avions, sous-marins, tramways, turbines Kaplan, appareils photos sciés en deux... Encore faut-il expliquer leur usage, leur évolution...
2.7. L'expérience
Exécutée par le visiteur elle est souvent source de compréhension. Malheureusement, pour être automatisée elle perd souvent de sa spontanéité (le seul interface étant le bouton poussoir). Elle doit être fiable et répétitive. Son usage est délicat en astronomie, en chimie, en mathématiques, en géologie. Elle nécessite d'être accompagnée soit de commentaires, soit de modes d'emploi.
Elle prend toute sa valeur quand un animateur la met en oeuvre ou la fait actionner par un visiteur, il peut adapter son discours, dialoguer... Les problèmes de disponibilité permanente du personnel renvoient aux manipulations automatiques.
3. DISCUSSION
Il est à noter tout d'abord que cette discussion s'est étendue sur deux parties (une troisième qui aurait pris la forme de "décrivez le média dont vous rêvez" étant restéeàl'état de projet).
La première partie a consisté en commentaire sur des diapositives illustrant un certain nombre de moyens mis en oeuvre dans des "musées" en Europe ou en Amérique du Nord; les remarques ont porté sur
rapprochements et différences dans les moyens de traitement et dans les sujets abordés. Ces différences auraient sans doute été considérablement plus importantes si l'on avait étendu le champ de l'illustration aux pays en voie de développement où la muséologie se veut beaucoup plus pragmatique.
La seconde partie a permis de souligner plutôt des carences que de plébisciter des actions incontestables. On s'est interrogé sur l'adéquation du contenu des revues de diffusion de la science (en particulier celles consacrées aux jeunes); on a regretté le manque d'émissions de télévision régulières, variées,àdes heures de grande écoute en suggérant que cela pourrait faire partie du cahier des charges d'une chaîne publique; on a déploré l'absence assez générale d'évaluation, en particulier en ce qui concerne l'impact des panneaux; on a pourfendu le parisianisme qui semble marquer certaines opérations; soutenu la définition d'un partenariat de qualité entre industriels et intervenants de la culture scientifique et technique; reparlé des pontsàétablir entre artet science.
Enfin, nous avons stigmatisé ces expositions qui répondent aux questions qu'on ne se pose pas et ne répondent pas aux questions qu'on se pose... et conclu que la redondance dans l'utilisation de la plus grande variété possible de médias est vraisemblablement de nature à faciliter la compréhension des phénomènes présentés.