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Construction d'un outil d’évaluation de la durabilité des fermes laitières québécoises : des indicateurs agroenvironnementaux, technico-économiques et sociaux comme outils de diagnostic

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

VALÉRIE BÉLANGER

CONSTRUCTION D’UN OUTIL D’ÉVALUATION DE

LA DURABILITÉ DES FERMES LAITIÈRES

QUÉBÉCOISES

Des indicateurs agroenvironnementaux, technico-économiques

et sociaux comme outils de diagnostic

Thèse présentée

à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l’Université Laval dans le cadre du programme de doctorat en biologie végétale

pour l’obtention du grade de Philosophiae Doctor (PhD)

FACULTÉ DES SCIENCES DE L’AGRICULTURE ET DE L’ALIMENTATION UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2012

(2)

Résumé

L’application du concept d’agriculture durable est essentielle afin de faciliter la mise en place d’outils d’évaluation aux plans environnemental, économique et social. Cependant, il existe peu d'outils permettant d’évaluer la durabilité à l’échelle de la ferme dans le contexte nord-américain. L’objectif général de la recherche consistait à élaborer une méthode d'évaluation de la durabilité globale des fermes laitières québécoises basée sur des indicateurs agroenvironnementaux, technico-économiques et sociaux comme outil d’autoévaluation et d’aide à la décision. Afin d’atteindre cet objectif, une méthodologie des parties prenantes a été utilisée pour développer chacun des volets de durabilité. Les composantes de la durabilité de chaque volet ont été identifiées et définies, ainsi que des indicateurs permettant d'évaluer l'état de chaque composante. Pour ce faire, des experts du secteur agricole comprenant chercheurs, intervenants et producteurs, ont été consultés selon deux processus participatifs que sont la technique Delphi et le focus group. Un système de pointage, des valeurs de références pour les indicateurs et une pondération de ceux-ci au sein de chaque composante ont été élaborés afin d’arriver à un score par volet pour chaque ferme. La méthode développée, nommée DELTA, comprend un ensemble de 43 indicateurs. Les indicateurs ont été testés sur 40 fermes laitières de deux régions agricoles contrastées. Finalement, une validation par l’usager a été réalisée auprès des producteurs ayant participé à la démarche. Cette validation comprenait trois sections : la perception de la démarche, la cohérence des résultats et la portée de l’outil. Les résultats des fermes de l’enquête ont été intégrés en utilisant les graphiques en radar ; ces derniers permettant l’identification rapide des points forts et points à améliorer pour chaque ferme. Les trois volets ont été pondérés de façon égale tandis que la pondération des composantes à l’intérieur de chacun des volets est différente. Les résultats démontrent que des fermes semblables par la taille du troupeau et par la superficie cultivée peuvent avoir des niveaux différents de durabilité. L’outil d’autoévaluation permettra de suivre l’évolution d’une ferme par rapport à l’évaluation de sa durabilité et ce, dû à la sensibilité de la méthode aux changements des pratiques que les producteurs apporteront sur leur entreprise.

(3)

iii

Abstract

The notion of sustainability is included in the development of agriculture by integrating three dimensions, which are environment, economy and society. However, there are few tools for assessing farm level sustainability in the North American context. The overall objective of the research was to develop a method for assessing the global sustainability of Quebec dairy farms based on agri-environmental, technical-economic and social indicators as a self-assessment and decision-aid tool. To achieve this objective, the same methodology was used for each dimension of sustainability. The components of sustainability for each dimension were identified and defined, as well as indicators to assess the status of each component. To accomplish this, experts in the agricultural sector, including researchers, stakeholders and farmers, were consulted using two participatory processes that are the Delphi technique and the focus group. For each component, a scoring system, reference values for the indicators and weighting of these were elaborated to obtain a score for each farm. This assessment method, named DELTA, comprises a set of 43 indicators. The indicators were tested on 40 dairy farms of two contrasting agricultural regions. Finally, a validation by the user was conducted among the farmers that participated in the process from the beginning of the project. This validation consisted of three sections: the perception of the process, the consistency of the results and the utility of the tool. The results of the indicators were integrated using radar graphs, the latter allowing the rapid identification of strengths and areas for improvement for each farm. The three dimensions were equally weighted, while the weighting of components within each dimension may be different. The results demonstrate that similar farms by herd size and acreage may have different levels of sustainability. The self-assessment tool will track the evolution of a farm relative to the assessment of its sustainability and this, due to the sensitivity of the method to changes in practices that farmers will bring on to their business.

(4)

Avant-propos

En premier lieu, une revue de littérature (chapitre 1) situe les différentes notions rattachées au concept de développement durable (DD) et de l’outil que représentent les indicateurs pour mesurer le DD. Des exemples d’indicateurs et de méthodes d’évaluation reliés au milieu agricole ont été abordés afin d’avoir une compréhension générale et par la suite, des méthodes d’évaluation spécifiques au secteur laitier ont été présentées afin de connaître quels sont les types d’indicateurs et leurs fonctions respectives. La revue de littérature a donc servi à se positionner sur le type d’indicateurs désirés pour l’autoévaluation des fermes laitières en explorant et découvrant les autres outils construits pour évaluer la durabilité agricole en y comparant aussi les methodologies utilisées. Une courte section (chapitre 2) trace les objectifs et définit les questions de recherche de ce projet en insistant sur le fait que ce dernier est avant tout une construction sociale. Le chapitre 3 expose en détail la méthodologie employée pour la création des indicateurs des trois volets tout en mettant l’accent sur les indicateurs retenus pour le volet agroenvironnemental. Le chapitre 4, quant à lui, se concentre sur les indicateurs visant à évaluer la durabilité sociale des fermes laitières. Le chapitre suivant (chapitre 5) propose une comparaison entre le Canada et l’Australie quant aux résultats des indicateurs sociaux et technico-économiques. Il est à noter que cette comparaison a permis de mieux cerner les enjeux sociaux qui sont propres à un contexte socio-culturel. L’exploration des indicateurs technico-économiques afin de réaliser la comparaison entre les deux pays a su mettre en perspective les volets économique et social de la durabilité. Cette perspective a servi de base au chapitre 6 portant sur l’intégration des trois volets de la durabilité dans un outil d’autoévaluation à la ferme ainsi que de la façon de présenter les résultats. Le chapitre 7 présente la discussion générale ainsi que la conclusion de cette thèse.

Les chapitres 3, 4, 5 et 6 sont rédigés sous forme d’article. J’ai rédigé les articles insérés dans cette thèse en tant qu’auteur principal. Les coauteurs sont les chercheurs ayant été impliqués dans les travaux de recherche et sont identifiés au début de chaque chapitre. L’article faisant l’objet du Chapitre 3 a été soumis et accepté à la revue Ecological Indicators. Les articles des chapitres 4, 5 et 6 seront soumis ultérieurement.

(5)

v Dans le cadre de cette thèse, plusieurs affiches scientifiques ainsi que quelques présentations ont été produites en lien avec les travaux de recherche. Elles sont présentées dans la liste suivante :

Affiches scientifiques

Bélanger, V., Allard, G., Vanasse, A., Parent, D., Pellerin, D., Larochelle, D. (2011, 22-23

mars). DELTA Farm Sustainability Diagnostic: what indicators to evaluate what? Perspectives de l’industrie laitière 2011. Commission canadienne du lait, Montréal.

Bélanger, V., Allard, G., Vanasse, A., Parent, D., Pellerin, D., Larochelle, D. (2010, 13

mai). Diagnostic de durabilité à la ferme : oui c'est possible ! Forum Technologique Novalait 2010, Drummondville.

Bélanger, V., Allard, G., Vanasse, A., Parent, D., Pellerin, D., Larochelle, D. (2009, 29

octobre). Diagnostic de durabilité à la ferme : oui c'est possible ! Symposium des bovins laitiers. CRAAQ, Drummondville.

Bélanger, V., Cameron, D., Murphy, R., Larochelle, D., Parent, D., Pellerin, D., Vanasse,

A. (2009, 19-24 juillet) Assesment of social and economic aspects of dairy farm sustainability in Australia and Canada. International Farm Management Association (IFMA). 17th International Farm Management Congress: "Agriculture: Food, Fiber and Energy for the Future", Bloomington, IL.

Bélanger, V., Parent, D., Pellerin, D., Allard, G., Vanasse, A. (2009, 13- 16 juillet). Dairy

farm sustainability in Quebec: the social aspect. Joint annual meeting ADSA-CSAS-ASAS, Montréal.

Bélanger, V., Allard, G., Bélanger, G., Angers, D., Vanasse, A. (2008, 13-16 juillet).

Indicators of environmental sustainability of dairy farms in Quebec. Joint meeting of the Canadian Society of Agronomy. Canadian Society of Horticultural Science.Northeastern Branch of the American Society of Agronomy. Crop Science Society of America and Soil Science Society of America. Plants and Soils:. Ecological Intensification, Biofuels and Bioproducts.McGill University, Montréal.

Présentations

Bélanger, V., Vanasse, A., Parent, D., Pellerin, D., Allard, G. (2010, 24 septembre).

Assessment of dairy farm sustainability in Quebec: a tool based on indicators at the farm level. Vidéoconférence présentée dans le cadre des Friday seminar. Dairy

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vi Nutrient. Partenariat : Université Laval, Québec - University of Madison, Wisconsin - 4 universités au Mexique, Québec.

Bélanger, V., Allard, G., Vanasse, A., Parent, D., Pellerin, D., Larochelle, D. (2009, 29

octobre). Diagnostic de durabilité à la ferme : oui c'est possible ! Symposium des bovins laitiers. CRAAQ, Drummondville.

Bélanger, V., Vanasse, A., Larochelle, D., Pellerin, D., Allard, G., Parent, D. (2009, 23-26

août). Assessment of dairy farm sustainability in Quebec: a tool based on indicators at the farm level. Farming Systems Design 2009. International Symposium on Methodologies for Integrated Analysis of Farm Production Systems, Monterey, CA.

Bélanger, V. (2008, septembre). Evaluation of sustainability of dairy farms in Quebec,

Canada. University of Queensland, Gatton campus, School of natural and rural systems management, Gatton, Australie.

Bélanger, V., Vanasse, A., Larochelle, D., Pellerin, D., Allard, G., Parent, D. (2008, mars).

Évaluation de la durabilité des fermes laitières québécoises: des indicateurs comme outil de diagnostic. Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société (IHQEDS). Colloque étudiant, Université Laval, Québec.

Bélanger, V., Vanasse, A., Pellerin, D., Allard, G., Parent, D. (2007, février). Évaluation

de la durabilité des fermes laitières québécoises. Conseil Québécois des plantes fourragères (CQPF). Demi-journée d'information scientifique sur les fourrages, en collaboration avec le CRAAQ, Victoriaville.

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vii

Remerciements

La réalisation de cette thèse n’a pas toujours été un long fleuve tranquille… Il convient donc de débuter en remerciant les personnes et amis proches qui ont assuré certains portages dans les moments difficiles du projet et qui ont su ranimer mon engouement par leur bienveillance.

Avec la plus grande authenticité, je désire remercier sincèrement ma directrice Anne Vanasse qui sans elle, j’aurais sûrement chaviré plus souvent au courant de cette grande réalisation. Elle est une personne qui inspire l’équilibre malgré le travail à accomplir. Grâce à son grand dévouement, j’ai su mener à terme cette aventure. Son ouverture d’esprit, son dynamisme et sa grande ténacité ont su maintenir le cap de mon épopée. Sa grande générosité a été partout et tout le temps présente. Merci.

À Diane, un merci grandiose d’avoir éclairé le paradigme des sciences avec moi. Cet érudit est maintenant compris. Et merci pour ton humanisme transmis pour « vivre » le doctorat et en prendre conscience. Ton écoute a été déterminante afin de ne pas chanceler davantage au cours des dernières années. Ta disponibilité pour « un petit café » et ta spontanéité ont été très appréciées.

À Guy et Doris qui ont amené constance, énergie, débats et échanges fructueux pour l’avancement du projet afin de garder le focus de la durabilité…Merci à vous deux. Cela a été un grand plaisir de travailler avec vous.

À mes amis et collègues de l’Université : Annie, tout d’abord pour son support inconditionnel, Olivier S., Elsa, Fanny, Olivier L., Christine, Marie-Claude, Julie, Stéphanie, Édith, Marie-Noëlle, Pierre-Antoine, Susanne, Francis pour leur présence active et leurs oreilles attentives qui ont entendu, enduré et supporté mes aléas émotionnels qui sont indubitablement nécessaires dans la réalisation d’un doctorat. Au quotidien hors

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viii de l’UL, un merci spécial à Simon, Luc et encore Olivier S. qui ont su me garder la tête hors de l’eau plusieurs fois.

Je désire également mentionner la générosité de Novalait en partenariat avec le FQRNT pour la bourse d’étude que j’ai obtenue.

A very special thanks to Donald Cameron and Ray Murphy from Australia to have let me do an internship with them. Moreover, a big hug to Hayley Robinson, at the time also Ph.D candidate who opened the doors of her house to welcomed me. All the chats together have made the process easier....

Dans un contexte plus personnel, un énorme merci à ma mère qui, sans elle, je ne serai pas devenue qui je suis, femme accomplie et fière. Elle m’a toujours encouragée à prendre la route qui m’appelait le plus… À mon père pour m’avoir transmis sa passion pour l’agriculture et la ruralité. À Lucie et Louis qui, sans eux, je ne serais pas devenue aussi curieuse scientifiquement et culturellement parlant ! Ils m’ont tous transmis une passion de vivre. En tout temps, j’ai senti leur appui inconditionnel et la façon dont ils croyaient en moi.

Et finalement une attention spéciale à Denis, qui, malgré les vagues et tumultes qui ont traversé les années, a été pendant un long moment à mes côtés à croire à cette aventure et à me supporter. Merci pour tout ! La dernière vague l’ayant emporté...

(9)

« La vie collective n'est possible dans la durée

que si chacun s'en considère responsable »

PLATON

(10)

Table des matières

Résumé _______________________________________________________________________ ii Abstract _______________________________________________________________________ iii Avant-propos __________________________________________________________________ iv Remerciements ________________________________________________________________ vii Table des matières ______________________________________________________________ x Liste des tableaux _______________________________________________________________ xv Liste des figures ______________________________________________________________ xvii Introduction ___________________________________________________________________ 1 Chapitre 1- Revue Bibliographique _________________________________________________ 3

1. Introduction_______________________________________________________________ 3 1. 1 Le développement durable et l’agriculture : un concept et plusieurs définitions _____ 4

1.1.1 Du concept théorique à une approche systémique de la durabilité _________________ 4 1.1.2 La définition de durabilité en agriculture ____________________________________ 8 1.1.2.1 Attributs de la durabilité_____________________________________________ 11 1.1.3 La ferme durable ______________________________________________________ 12

1.2. L’outil pour quantifier la durabilité : les indicateurs ___________________________ 15

1.2.1 Qu’est-ce qu’un indicateur ? _____________________________________________ 16 1.2.2 Les types et fonctions des indicateurs ______________________________________ 16 1.2.3 Les critères de qualité des indicateurs ______________________________________ 19 1.2.4 La notion de valeurs de référence _________________________________________ 21 1.2.5 La validation des indicateurs _____________________________________________ 22 1.2.5.1. La validation de la conception (design validation) ________________________ 22 1.2.5.2. La validation des résultats (output validation) ___________________________ 22 1.2.5.3. La validation par l’usager (end-user validation) __________________________ 22 1.2.6. La démarche participative pour la sélection des indicateurs ____________________ 25 1.2.6.1. Un exemple de construction sociale ___________________________________ 25 1.2.7 Cadres conceptuels pour la création d’un ensemble d’indicateurs ________________ 26 1.2.7.1. PICABUE _______________________________________________________ 27 1.2.8 Les différentes approches pour évaluer la durabilité ___________________________ 30 1.2.9 Cadres conceptuels pour l’évaluation de la durabilité globale en agriculture ________ 30

1.3. Indicateurs et outils de mesure de la durabilité des systèmes agricoles à la ferme ___ 36

1.3.1 Une mesure avant tout environnementale ___________________________________ 37 1.3.2 Les indicateurs économiques _____________________________________________ 40 1.3.3 Les aspects sociaux incorporés à la durabilité ________________________________ 44 1.3.3.1 Des exemples d’indicateurs sociaux en agriculture ________________________ 45 1.3.4 Quelques méthodes globales d’évaluation de la durabilité à la ferme______________ 47 1.3.4.1 Les outils visant l’ensemble des productions agricoles _____________________ 47 1.3.4.2 Les outils visant la production laitière __________________________________ 53 1.3.5 Analyse comparative de quatre outils présentés pour l’évaluation de la durabilité des fermes. __________________________________________________________________ 59

(11)

xi

Chapitre 2 - Objectifs et questions de recherche ______________________________________ 62

2.1 Structure du projet _______________________________________________________ 62

2.1.1. Une construction sociale________________________________________________ 63

2.2 Objectifs et questions de recherche __________________________________________ 64

2.2.1. Objectif général ______________________________________________________ 64 2.2.2. Objectifs spécifiques de la méthodologie ___________________________________ 64 2.2.3. Objectifs spécifiques au volet social ______________________________________ 64 2.2.4. Objectifs spécifiques de l’intégration ______________________________________ 65 2.2.5. Questions de recherche _________________________________________________ 65 Chapitre 3- Development of agri-environmental indicators to assess dairy farm sustainability in Quebec, Eastern Canada ________________________________________________________ 67 Résumé ______________________________________________________________________ 68 Abstract ______________________________________________________________________ 69

3.1 Introduction_____________________________________________________________ 70

3.1.1The Concept of Indicator ________________________________________________ 72

3.2 Methodology ____________________________________________________________ 73

3.2.1 Conceptual framework for constructing indicators ____________________________ 73 3.2.1.1. Defining environmental sustainability at the farm level ____________________ 74 3.2.1.2. Establishing assessment goals and principles ____________________________ 74 3.2.1.3. Identifying potential indicators and selecting candidate indicators ___________ 74 3.2.1.4. Selecting reference values, aggregating indicators into components, and

establishing relative weights for indicators ____________________________________ 75 3.2.1.5. Testing the candidate indicators on dairy farms __________________________ 75 3.2.1.6. Selecting the final indicator set _______________________________________ 75 3.2.2. Identification and selection of indicators: participatory processes ________________ 76 3.2.2.1. Delphi technique __________________________________________________ 76 3.2.2.2. Focus groups _____________________________________________________ 77 3.2.3. Testing candidate indicators _____________________________________________ 77 3.2.4. Evaluation criteria for indicators _________________________________________ 78 3.2.5. Statistical analysis ____________________________________________________ 78

3.3 Results and Discussion ____________________________________________________ 79

3.3.1. Methodological results: from candidates to final indicator set ___________________ 79 3.3.1.1. A posteriori evaluation criteria for indicators ____________________________ 82 3.3.2. Indicator results: on-farm testing _________________________________________ 83 3.3.2.1. Presenting results to farmers _________________________________________ 85

3.4 Conclusion ______________________________________________________________ 86 3.5 Acknowledgements _______________________________________________________ 86 3.6 References ______________________________________________________________ 87

Chapitre 4 - Identification d’un ensemble d’indicateurs pour évaluer la durabilité sociale des fermes laitières québécoises au Canada ____________________________________________ 99 Résumé _____________________________________________________________________ 100

(12)

xii 4.1.1. Une prémisse ; définir le concept de durabilité sociale _______________________ 104

4.2 Méthodologie ___________________________________________________________ 105 4.3 Résultats et discussion ___________________________________________________ 108

4.3.1. Les indicateurs retenus et leurs référentiels ________________________________ 108 4.3.1.1 La qualité de vie __________________________________________________ 109 4.3.1.2 L’intégration sociale ______________________________________________ 111 4.3.1.3 Le transfert et l’établissement _______________________________________ 113 4.3.1.4 L’entrepreneurship ________________________________________________ 114 4.3.2. L’importance de la pondération des composantes de la durabilité sociale _________ 115 4.3.3. Les indicateurs non retenus dans le volet social _____________________________ 117 4.3.4. L’application des indicateurs sociaux sur les fermes laitières : aperçu des résultats _ 119

4.4 Conclusion _____________________________________________________________ 121 4.5 Remerciements _________________________________________________________ 121 4.6 Références _____________________________________________________________ 122

Chapitre 5- Assessment of social and economic aspects of dairy farm sustainability in Australia and Canada__________________________________________________________________ 132 Résumé _____________________________________________________________________ 133 Abstract _____________________________________________________________________ 134

5.1 Introduction____________________________________________________________ 135

5.1.1. The research project context ____________________________________________ 136 5.1.2. The Quebec dairy industry _____________________________________________ 137 5.1.3. The Queensland dairy industry __________________________________________ 137

5.2 Methodology ___________________________________________________________ 137

5.2.1. Selection of indicators ________________________________________________ 137 5.2.2. The questionnaire ____________________________________________________ 139

5.3 Preliminary results ______________________________________________________ 139

5.3.1. Technical-economic indicators __________________________________________ 139 5.3.2. Social sustainability indicators __________________________________________ 140 5.3.3. Exploring the links between farmer responses and financial performance ________ 142 5.3.4. Link between economic and social sustainability indicators in Queensland _______ 143 5.3.4.1 Satisfaction with net household income ________________________________ 143 5.3.4.2. Satisfaction with life ______________________________________________ 143 5.3.4.3. Frequency of stress caused by money (debts, loans, uncertainties of the market) 143 5.3.5. Link between economic and social indicators in Quebec ______________________ 144 5.3.5.1. Satisfaction with net household income _______________________________ 144 5.3.5.2. Satisfaction with life ______________________________________________ 144 5.3.5.3. Frequency of stress caused by money (debts, loans, uncertainties of the market) 145

5.4 Conclusion _____________________________________________________________ 145 5.5. Acknowledgements _____________________________________________________ 146 5.6 References _____________________________________________________________ 147

Chapitre 6 - DELTA: An integrated indicator-based self-assessment tool for the evaluation of dairy farms sustainability in Quebec, Canada ______________________________________ 161

(13)

xiii

Résumé _____________________________________________________________________ 162 Abstract _____________________________________________________________________ 163

6.1 Introduction____________________________________________________________ 164 6.2 Methodology ___________________________________________________________ 167

6.2.1. Premises to the development of DELTA, a self-assessment tool for dairy farmers __ 167 6.2.2. End-user validation ___________________________________________________ 169 6.2.3. Case-studies ________________________________________________________ 170

6.3 Results and discussion ___________________________________________________ 171

6.3.1. End-user validation ___________________________________________________ 171 6.3.1.1. Procedure perception ______________________________________________ 171 6.3.1.2. Results consistency _______________________________________________ 172 6.3.1.3. Tool utility______________________________________________________ 174 6.3.2. Case-studies of four farms _____________________________________________ 175 6.3.3. Visual integration for the self-assessment tool ______________________________ 178 6.3.4. A self-assessment tool for a sustainable dairy farm __________________________ 180 6.3.5.Toward a new schematisation of the sustainable farm ________________________ 181

6.4 Conclusion _____________________________________________________________ 182 6.5 Acknowledgements ______________________________________________________ 182 6.6 References _____________________________________________________________ 183

Chapitre 7 - Discussion et conclusion générale _____________________________________ 193

7.1 Discussion _____________________________________________________________ 193

7.1.1. Aspects méthodologiques ______________________________________________ 194 7.1.1.1 Implication des acteurs du secteur laitier _______________________________ 194 7.1.1.2 Limites des démarches participatives __________________________________ 195 7.1.1.3. Autoévaluation de la durabilité des fermes laitières ______________________ 197 7.1.2. Indicateurs sélectionnés _______________________________________________ 198 7.1.3. Intégration des trois volets _____________________________________________ 202 7.1.4. Représentation graphique de la durabilité _________________________________ 206

7.2 Contributions de l’outil DELTA ___________________________________________ 208 7.3 Conclusion _____________________________________________________________ 209 Bibliographie générale ______________________________________________________ 211

Annexe 1 ____________________________________________________________________ 220

Représentation géographique des fermes laitières québécoises des deux régions à l’étude _________________________________________________________________________ 220

Annexe 2 ____________________________________________________________________ 221

Feuille de collecte de données agroenvironnementales à la ferme ___________________ 221

Annexe 3 ____________________________________________________________________ 226

Feuille de collecte de données technico-économiques à la ferme ____________________ 226

(14)

xiv

Questionnaire social en français pour la collecte de données sur les fermes laitières québécoises ____________________________________________________________________________ 230 Annexe 5 ____________________________________________________________________ 239

Questionnaire social en anglais pour la collecte de données sur les fermes laitières

australiennes ______________________________________________________________ 239

Annexe 6 ____________________________________________________________________ 251

(15)

Liste des tableaux

Tableau 1-1 : Principaux critères de qualité des indicateurs de durabilité à la ferme. ... 20

Tableau 1-2 : Différentes bases pour les cadres conceptuels visant la création d’indicateurs. ... 27

Tableau 1-3 : Différents cadres conceptuels pour l’évaluation de la durabilité agricole. .... 32

Tableau 1-4 : Indicateurs retenus dans la méthode d’évaluation de la durabilité technico-économique des fermes laitières québécoises. ... 43

Tableau 1-5 : Composantes et indicateurs de l’échelle agro-écologique de la méthode IDEA ... 49

Tableau 1-6 : Composantes et indicateurs de l’échelle économique de la méthode IDEA. . 49

Tableau 1-7 : Composantes et indicateurs de l’échelle socio-territoriale de la méthode IDEA ... 50

Tableau 1-8 : Ensemble des indicateurs composant la méthode RISE. ... 52

Tableau 1-9 : Ensemble des indicateurs composant l’outil MOTIFS ... 55

Tableau 1-10 : Ensemble des indicateurs composant le Dairy Stewardship Alliance. ... 57

Tableau 1-11 : Caractéristiques méthodologiques de construction de quatre méthodes d’évaluation de la durabilité. ... 59

Table 3-1 : Questions considered when evaluating each indicator in regard to each criterion. ... 92

Table 3-2 : Series of sequential steps in a participatory process. ... 93

Table 3-3 : Short definitions and methodological aspects for the 13 agri-environmental indicators selected for dairy farms. ... 94

Table 3-4 : Mean and standard deviation (SD) of characteristics of the farm sample for both regions and mean for the province of Quebec ... 95

Table 3-5 : Indicator scores (minimum, median, 75th percentile, maximum) obtained by farmers (n=40) in each regions. ... 96

Tableau 4-1 : Caractéristiques (subdivision, nombres d’indicateurs et composantes) de la dimension sociale de quatre méthodes d’évaluation de la durabilité à la ferme. ... 126

Tableau 4-2 : Principales étapes, nombre de participants et nombre d’énoncés retenus pour la sélection des indicateurs sociaux ... 127

Tableau 4-3 : Composantes, indicateurs et aspects méthodologiques de la méthode d’évaluation de la durabilité sociale des fermes laitières pour le Québec ... 128

Tableau 4-4 : Caractéristiques de l’échantillon des fermes dans chacune des régions où les indicateurs ont été testés ... 130

Tableau 4-5 : Statistiques descriptives des quatre composantes de la durabilité sociale des fermes laitières par région ... 131

Table 5-1 : Components and their attributes of social sustainability ... 151

Table 5-2 : Average of characteristics of the dairy farms in Queensland (Australia) and Quebec (Canada) along with the average characteristics of the selected farms ... 152

Table 5-3 : Comparisons on major economic indicators between the samples of the two regions ... 153

Table 5-4 : Social Issues affecting dairy farmers' quality of life ... 154

Table 5-5 : Entrepreneurship attributes results of the dairy farms in Queensland (Australia) and Quebec (Canada) ... 155

(16)

xvi Table 5-6 : Economic results from Queensland sample divided in satisfied and dissatisfied

group in regard to income (n=20) ... 156 Table 5-7 : Economic results from Queensland sample divided in satisfied and dissatisfied

group in regard to life (n=20) ... 157 Table 5-8 : Economic results from Queensland sample in regard to stress level (n=20) ... 158 Table 5-9 : Economic results from Quebec sample divided in satisfied and dissatisfied

group in regard to income (n=20) ... 159 Table 5-10 : Economic results from Quebec sample in regard to stress level (n=20) ... 160 Table 6-1 : Results from the end-user validation. ... 187 Table 6-2 : Results for each component of the farm case-study with main characteristics for each farm. ... 188 Table 6-3 : Results for each indicator in the farm case-study. ... 189

(17)

Liste des figures

Figure 1-1 : Schéma tripolaire du DD le plus souvent représenté. ... 5 Figure 1-2 : Schématisation tripolaire hiérarchisée du DD. ... 6 Figure 1-3 : Interrelations des aspects de la complexité liée au DD. ... 8 Figure 1-4 : Représentation tripolaire de la situation actuelle et souhaitée du DD en

agriculture. . ... 12 Figure 1-5 : Schématisation de l’exploitation agricole selon les types de capitaux, approche basée sur les ressources.. ... 13 Figure 1-6 : Schématisation d’une exploitation durable selon ses quatre caractéristiques. .. 15 Figure 1-7 : Exemple d’indicateurs et de leurs classifications dans la chaîne de cause à effet liant les pratiques agricoles aux impacts environnementaux. ... 18 Figure 1-8 : La méthodologie 3S de validation. ... 24 Figure 1-9 Cadre conceptuel de la méthode PICABUE. ... 29 Figure 1-10 : Le cadre d’évaluation MESMIS : lier les attributs de durabilité aux

indicateurs. ... 35 Figure 2-1 : Structure de l'ensemble du projet de recherche ... 63 Figure 3-1 : Conceptual framework for the construction of indicators. ... 97 Figure 3-2 : Radar diagram for the farm with the highest overall score in Monteregie

compared with the regional mean. ... 98 Figure 6-1 : Relationships between indicators, users and the level of analysis ... 190 Figure 6-2 : Radar diagrams presenting the results of the Farm A and the results of the

haedaing group for a) the component results of the three dimensions of sustainability and b) the indicator results for the technical-economic dimension. ... 191 Figure 6-3 : New schematisation of the sustainable farm ... 192 Figure 7-1 : Concept de la bouée illustrant l’équilibre d’une ferme durable. ... 205

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Introduction

Depuis le Sommet de la terre à Rio de 1992, le développement durable (DD) est devenu un concept généralisé à appliquer dans nos sociétés. La crise globale envers la durabilité a mené les Nations-Unies à déclarer la décennie 2005-2014 comme celle de l’éducation au DD. L’agriculture n’échappe pas à cette tendance et les systèmes agricoles devront donc évoluer en ce sens. Le concept d’agriculture durable s’appuie déjà sur une littérature assez abondante, mais son application est essentielle afin de faciliter la mise en place d’outils d’évaluation tant au plan environnemental, économique que social. Au Québec, plusieurs facteurs nous mènent à s’intéresser de plus près à la durabilité de nos fermes laitières. L'intensification et la concentration géographique de certaines productions végétales et animales ont eu pour effet d'accroître la pression sur la qualité des ressources eau, air et sol (Lapointe, 2001). Aussi, certaines conjonctures économiques rendent difficile le transfert de ferme et une incertitude constante face à l’avenir des quotas laitiers fragilise la situation économique des fermes. Ces préoccupations se traduisent d’ailleurs par une diminution constante du nombre de fermes laitières, soit de 7 083 en 2006 à 6 522 en 2009 (FPLQ, 2009). Devant cet état de fait, définir la durabilité globale d’un système agricole laitier devient une nécessité. Mais comment évaluer ce qui permet la conservation des ressources tout en étant économiquement viable et socialement acceptable ?

Depuis maintenant plus de deux décennies, ce sont les indicateurs, comme principal outil, qui sont utilisés le plus fréquemment afin d’évaluer la durabilité des systèmes agricoles. Par le passé, ces indicateurs, majoritairement créés par les institutions et les gouvernements, étaient souvent inadéquats lorsqu’appliqués au niveau de la ferme. Aujourd’hui, plusieurs indicateurs et outils destinés à l’évaluation de la durabilité se développent à des échelles d’espace et de temps qui sont compatibles avec la ferme ou avec un sous- système de celle-ci, par exemple, la composante environnementale de la ferme. Les indicateurs varient dans leurs types, leurs utilités ainsi qu’en fonction des objectifs pour lesquels ils sont conçus. Les réflexions sur la durabilité des exploitations et des systèmes de production semblent indissociables à ce jour et nécessitent qu'on s'y attarde plus spécifiquement. Dans ce contexte, la présente thèse vise à proposer la construction d’une méthode d’évaluation de la

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2 durabilité formée d’un ensemble d’indicateurs de durabilité des fermes laitières en intégrant les trois dimensions du DD, soit les volets environnemental, économique et social. Un accent particulier sera mis sur le développement d’indicateurs sociaux, secteur peu documenté en agriculture. Aussi, la méthode développée s’efforcera d’opérationnaliser les concepts théoriques du DD qui manquent souvent d’application pratique sur le terrain.

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Chapitre 1- Revue Bibliographique

1. Introduction

Le concept de développement durable (DD) s’étend rapidement. Il est de plus en plus appliqué à l’ensemble des activités de la société. Ce concept fait maintenant partie intégrante des stratégies de développement. L’agriculture n’échappe pas à cette tendance dominante et les systèmes agricoles évoluent donc en ce sens.

La notion de DD est complexe, floue et multidimensionnelle. C’est un paradigme de développement que toutes les disciplines essaient d’intégrer à leur sphère d’activité. Dans le secteur agricole, le premier défi est de bien définir ce qu’est l’agriculture durable. Pour les acteurs concernés, les appropriations diffèrent largement. Les systèmes agricoles actuels se veulent durables mais comment l’évaluer ? Ce sont les indicateurs qui, depuis maintenant plus de deux décennies, sont l’outil utilisé le plus fréquemment afin d’évaluer la durabilité des systèmes. Par le passé, ces indicateurs, avec une visée normative, étaient majoritairement créés par les institutions et les gouvernements et souvent peu révélateurs lorsqu’appliqués au niveau de la ferme. Aujourd’hui, plusieurs outils destinés à l’évaluation de la durabilité se développent à des échelles d’espace et de temps qui sont compatibles avec la ferme ou avec un sous- système de celle-ci par exemple la composante environnementale de la ferme.

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4 Dans cette revue de littérature, il sera question dans la première partie (1) du concept de DD depuis ses origines jusqu’aux différentes notions qu’il intègre et les objectifs qu’il poursuit. À cela s’ajoutent les diverses définitions de l’agriculture durable provenant des appropriations faites par les différents acteurs ainsi qu’une définition de la ferme durable. En seconde partie (2), l’emphase sera mise sur la notion d’indicateurs, soit la définition des indicateurs, les différentes formes qu’ils peuvent prendre ainsi que les fonctions reliées à ces derniers. Les critères de qualité des indicateurs seront explicités dans une sous-section qui mènera à la notion de seuils. La validation des indicateurs sera également abordée. Par la suite, la participation des acteurs dans la construction d’indicateurs et les cadres conceptuels existants dans la littérature afin de créer des ensembles d’indicateurs seront décrits. Finalement, les différents cadres conceptuels qui ont été mis sur pied afin de réaliser l’évaluation de la durabilité agricole seront approchés.

Dans la troisième partie (3), une revue non exhaustive des outils d’évaluation de la durabilité des systèmes agricoles sera présentée. Tout d’abord, nous verrons les mesures environnementales, les mesures économiques et les mesures sociales. Par la suite, les outils globaux incluant les trois dimensions du DD, créés pour évaluer plusieurs types de productions seront détaillés. Finalement, les outils spécifiques à une production ciblée, ici la production laitière, seront abordés afin de représenter la multitude de formes que l’évaluation de la durabilité peut prendre à la ferme.

1. 1 Le développement durable et l’agriculture : un

concept et plusieurs définitions

1.1.1 Du concept théorique à une approche systémique de la durabilité

À la fin des années 60 et début des années 70, une prise de conscience généralisée s’est effectuée dans la société à propos de l’environnement et de ses limites. C’est en effet en 1972 que se tient la toute première conférence des Nations-Unies sur l’environnement à Stockholm. L’expression sustainable development, traduite de l’anglais par « développement durable », apparaît pour la première fois en 1980 dans la Stratégie mondiale de la conservation, une publication de l’Union internationale pour la conservation

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5 de la nature (Union Internationale de Conservation de la Nature, 1980). Leur définition est la suivante :

Le développement durable doit tenir compte des facteurs sociaux et écologiques aussi bien qu'économiques, de la base des ressources biotiques et non biotiques ainsi que des avantages et des inconvénients à court et à long terme des solutions de rechange » (UICN, 1980).

Par la suite, c’est en 1987, avec le Rapport Brundtland, que le DD gagne davantage en popularité et qu’une seconde définition éclaire le concept de DD. Ce dernier propose la définition suivante :

Le développement durable doit subvenir aux besoins présents et satisfaire les générations futures sans danger pour les ressources naturelles » (World Commission on Environment and Development, 1987).

Ces deux définitions ne font pas halte au développement mais expriment l’ambiguïté ou la complexité d’un nouveau paradigme naissant : celui d’un développement (économique bien sûr) qui prendrait en compte des notions d’équité sociale et de protection de l’environnement. Bien que cette représentation d’un monde nouveau ait été rapidement identifiée par la triade de mots : environnement-économie-société, la majorité de la population et des organisations, croyait d’abord et avant tout que le DD était un concept environnemental et que cet aspect uniquement méritait une évaluation (Häni, 2006). Une fausse idée puisque la durabilité doit être écologiquement vivable, économiquement viable et socialement équitable et ce, de façon indissociable comme le représente la figure 1-1.

Figure 1-1 : Schéma tripolaire du DD le plus souvent représenté. Source : Jacobs et Sadler (1990).

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6 Cette schématisation tripolaire a aussi été reprise par Gendron (2005) et celle-ci a hiérarchisé le concept amenant, en même temps, quelques nouvelles pistes de réflexion afin de mieux comprendre le principe du DD et sa logique. En effet, dans la figure 1-2, les trois dimensions du DD sont organisées comme suit : l’intégrité écologique repose à la base comme condition essentielle au bien-être des personnes et de la société en général, l’économie est un moyen d’y parvenir, et finalement le développement individuel et social, une fin en soi. Le principe d’équité est égal partout et agit autant comme condition, moyen et fin. La gouvernance, peu importe le système utilisé, assure dans l’application du DD une certaine participation commune aux décisions et une prise en compte des générations futures (Gendron, 2005).

Figure 1-2 : Schématisation tripolaire hiérarchisée du DD. Source : Gendron (2005)

L’objectif premier du DD s’appuie sur une vision à long terme qui tient compte du caractère indissociable des dimensions environnementale, économique et sociale des activités de développement. Cette notion plaît et la plupart du temps est accueillie favorablement par la majorité des différents acteurs. C’est plutôt au niveau de son interprétation et son application que surviennent les sources d’opposition et de contradiction. Pour éclaircir davantage le concept, il est important de comprendre que selon les acteurs concernés dans l’utilisation et la propagation du concept de DD, plusieurs

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7 interprétations de ce qu’est le DD sont possibles, ce qui amène de la confusion dans la mise en œuvre. Pour Guay (2007), le DD peut être :

 Une idéologie nouvelle, comportant un idéal et des moyens de réaliser des objectifs et comme toute idéologie, de multiples appropriations sociales se créent ;

 Un marqueur, qui sert à montrer les progrès accomplis vers une prise en charge plus grande de la protection de l’environnement : pensons à l’importance grandissante des indicateurs de DD ;

 Une théorie de comment et pourquoi les sociétés actuelles intègrent l’environnement, de quelle manière et par qui, en d’autres mots, comment cela est pris en compte dans leur logique d’action et de décision.

Encore aujourd’hui, ces différentes interprétations nous démontrent que le concept est resté vague bien que plusieurs auteurs et références dans la littérature démontrent un vaste intérêt sur le sujet afin de mieux comprendre ce qu’est le DD et ce qu’il n’est pas. Les différentes disciplines tentent de se l’approprier d’une façon qui leur permettra de poursuivre leurs objectifs (Gendron et Revéret, 2000). Faute de définition systémique et globale de ce qu’est le DD, maintes tentatives d’opérationnalisation ont vu le jour jusqu’à aujourd’hui permettant d’approfondir la compréhension et les interrelations existant autour de ce concept dynamique, flou et complexe. L’auteur Pellaud (2003) a d’ailleurs illustré comment le DD devrait être abordé dans sa complexité et dans la multitude de liens afin d’avoir une approche systémique du DD.

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8 Figure 1-3 : Interrelations des aspects de la complexité liée au DD.

Source : Pellaud (2003).

Cette figure permet de garder à l’esprit que dans toute démarche de DD, plusieurs interactions naissent et suscitent des questionnements légitimes, que le DD n’est pas une fin en soi mais bien un processus en constante évolution. Cette figure nous rappelle également l’importance que dans tout projet ou tentative d’opérationnalisation du DD, il faut constamment garder une ouverture d’esprit afin de faire avancer les réflexions en tenant compte des relations multidimensionnelles existantes au sein de ce paradigme.

Les différentes disciplines s’approprient le concept de DD chacune à leur manière et l’agriculture n’y fait pas exception. Plusieurs notions complexes comme représentées par la figure 1-3 ci-dessus entrent également en jeu. En agriculture, la notion du local/global, les échelles spatio-temporelles (dans le DD s’inscrit une notion de durée importante à considérer) ainsi que l’incertitude sont sûrement les plus importantes à examiner.

1.1.2 La définition de durabilité en agriculture

Les grandes institutions œuvrant dans le secteur agricole ont elles aussi adapté le concept de DD à l’agriculture selon leur vision et leur mission. Pour l’Organisation de Coopération et de Développement Économique (OCDE), l’agriculture durable est une production agricole qui est économiquement viable et qui ne dégrade pas l’environnement à long terme (OCDE, 2012). Dans cette définition, on remarque l’absence de l’aspect social et pourtant,

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9 il est équivalent aux deux autres aspects que sont l’environnement et l’économie dans les objectifs de DD. Il est par contre évident que venant d’une organisation à but économique, l’appropriation est cohérente avec leur mission.

Du côté de la Food and Agriculture Organization (FAO), organisation découlant des Nations Unies, un système agricole durable est : « un système qui conserve les ressources sol et eau, les ressources génétiques végétales et animales, et qui est économiquement viable et socialement acceptable » (FAO, 1991). Cette définition générale peut être appliquée tant au niveau national qu’à l’échelle de la ferme. Elle englobe certains des objectifs de durabilité environnementale que sont la qualité de l’eau et des sols sans faire de mention à l’air. La définition comprend les aspects économiques et sociaux mais reste vague à ces égards.

Au National Research Council (NRC) aux États-Unis, la situation est intéressante car en 2010, ils ont rafraîchi leur définition de l’agriculture durable qui datait de 1989. À l’époque, il définissait l’agriculture durable comme : « une production de fibres et de nourriture qui emploie des stratégies écologiques pour leur production afin de réduire les intrants et les dommages environnementaux tout en promouvant la production efficiente et profitable à long terme » (NRC, 1989 dans Allen et al., 1991). En 2010, le système agricole durable est caractérisé par quatre objectifs de durabilité (NRC, 2010) :

 Satisfaire les besoins en alimentation animale et humaine, en fibres et contribuer aux besoins en bioénergie,

 Améliorer la qualité de l’environnement et les ressources de base,  Soutenir la viabilité économique de l’agriculture,

 Améliorer la qualité de vie des producteurs, des employés agricoles et de la société.

Cette mise à jour du concept de durabilité nous indique clairement que de nouvelles notions se sont ajoutées par exemple les besoins en bioénergie. Aussi, il est clair que l’appropriation du concept de DD par cette organisation aux États-Unis est faite en fonction de leur propre objectif de croissance et de développement économique.

Plus près de nous au Québec, le Ministère du Développement Durable, de l’Environnement et des Parcs (MDDEP) définit l’agriculture durable comme suit : « un système de

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10 production agricole visant à assurer une production à long terme de nourriture, de bois et de fibres en respectant les limites écologiques, économiques et sociales pour assurer le maintien dans le temps de cette production » (MDDEP internet, 2012). Ici, on voit apparaître la notion de limite qui rejoint les explications du DD dans le rapport Brundtland. Ces limites autant écologiques qu’économiques ou même sociales doivent être respectées afin de maintenir l’équilibre du système.

Dans toutes ces organisations et institutions, la définition de la durabilité en agriculture intègre le besoin de prendre en considération la protection de l’environnement en premier lieu et à un second niveau, les autres dimensions de la durabilité. La viabilité économique prend également une place très importante.

Dans la littérature scientifique, bien des définitions ont été publiées depuis l’émergence du concept de durabilité. Depuis une vingtaine d’années, on note une certaine évolution. Francis (1988) définissait l’agriculture durable comme une stratégie de « management » qui a pour objectif de réduire le coût des intrants, de minimiser les dommages environnementaux et d’assurer la production et le profit dans le temps. Cette définition énonce implicitement qu’il peut y avoir plusieurs façons d’être durable si toutefois certains objectifs sont atteints. Cela correspond également à la vision du NRC en 2010. En 1990, Harwood définit l’agriculture durable comme « une agriculture capable d’évoluer indéfiniment vers une plus grande utilité pour l’homme, vers une meilleure efficacité de l’emploi des ressources et vers un équilibre avec le milieu qui soit bénéfique à la fois pour l’homme et pour la plupart des autres espèces » (Harwood, 1990 dans Allen et al., 1991). En 1993, Ikerd précise que « l’agriculture durable doit être en mesure de maintenir la productivité et son utilité pour la société de façon indéfinie ». De plus, l’auteur mentionne qu’une telle agriculture doit utiliser des systèmes agricoles qui conservent les ressources, qui protègent l’environnement, qui produisent efficacement, qui sont commercialement concurrentiels et qui augmentent la qualité de vie des agriculteurs et de la société en général (Ikerd, 1993). Dans ces deux dernières définitions, les notions d’infini et d’utilité sont présentes et amènent donc des précisions quant à la compréhension du DD en agriculture. Dix ans plus tard, selon Häni et al. (2003), l’agriculture durable adopte des pratiques productives, compétitives et efficientes tout en protégeant et améliorant l’environnement et

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11 l’écosystème global aussi bien que les conditions socio-économiques des communautés locales en lien avec la dignité humaine. Cette définition est particulièrement intéressante pour les acteurs travaillant directement avec les producteurs agricoles car l’effort est mis afin de mieux représenter la composante locale du concept de DD, c'est-à-dire qu’une agriculture durable peut et doit avoir des retombées locales qui améliorent les conditions de vie des gens à proximité.

Dans un autre ordre d’idées, Pinter (2006) propose que l’agriculture durable ne soit pas une agriculture sans risques, une utopie, mais bien une agriculture capable de gérer les risques et de maintenir sa résilience face aux changements et événements surprises inévitables. Ceci nous ramène donc à l’esprit même du concept de durabilité qui stipule avant tout qu’un système durable est un système qui survit ou persiste (Costanza et Patten, 1995). Encore une fois, un éventail de définitions sont possibles afin de préciser les caractéristiques d’un système agricole durable. Certains auteurs iront en détail en incluant les objectifs de durabilité auxquels le système doit répondre tandis que chez d’autres auteurs comme le dernier mentionné ci-dessus, il suffira de définir la résilience du système pour le considérer durable ou non.

1.1.2.1 Attributs de la durabilité

Dans les multiples définitions de la durabilité, il y a également la présence d’attributs du système liés au concept du DD. Certains auteurs en font mention lors des méthodologies développées pour évaluer la durabilité des systèmes agricoles (Conway, 1994 ; López-Ridaura et al., 2002 ; López-López-Ridaura et al., 2005 ; Pretty, 2008). Il est à noter que ces attributs du système sont indépendants de l’échelle d’analyse et de la discipline à l’étude (Ridaura et al., 2005). Ils aident à mieux comprendre l’application du DD. Lopez-Ridaura et al. (2005) énumèrent les différents attributs retrouvés dans la littérature qui porte sur l’évaluation de la durabilité. En voici une liste non exhaustive :

 Productivité  Stabilité  Équité  Adaptabilité  Résilience  Viabilité  Indépendance  Intégrité écologique  Diversité  Flexibilité  Autonomie  Reproductibilité  Liberté d’action  Efficacité

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12

1.1.3 La ferme durable

Bien que toutes ces définitions théoriques existent, l’application courante du DD à une échelle d’analyse précise vise à contrebalancer la rentabilité économique avec la préservation de l’intégrité écologique et le respect de l’équité sociale. Cette tâche, loin d’être facile, est un grand défi pour le secteur agricole québécois car actuellement, il est plus facile de rencontrer des fermes en situation de déséquilibre (Figure 1-4) dans l’importance accordée aux trois dimensions du DD que des fermes en situation souhaitée d’équilibre (Boutin, 2004).

Figure 1-4 : Représentation tripolaire de la situation actuelle et souhaitée du DD en agriculture. Source : tirée de Boutin (2004), adaptée de Jacobs et Sadler, 1990 et MENV, 2004.

À partir des définitions du DD et du constat que plusieurs fermes sont en déséquilibre et donc considérées comme non durables, la question pertinente est de savoir ce qu’est une exploitation agricole durable. L’exploitation agricole durable est une notion complexe et multidimensionnelle (Gafsi, 2006). Ce dernier définit l’exploitation agricole durable via les différents types de capitaux comme l’illustre la figure 1-5.

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13 Figure 1-5 : Schématisation de l’exploitation agricole selon les types de capitaux, approche basée sur les ressources. Source : inspirée de Pretty et Hine (2002) et citée dans Gafsi (2006).

Cette schématisation intègre deux types de capitaux externes à la fonction de production uniquement. Il s’agit du capital social et du capital naturel. Ces deux types de capitaux ont une importante dimension collective qui dépasse les limites de l’entreprise et ce, contrairement aux capitaux physique, financier et humain qui relèvent plutôt uniquement de l’entreprise (Gafsi, 2006). Le capital naturel correspond au stock des biens (végétaux, animaux, minéraux, etc.) et aux services fournis (par exemple la capacité d’absorption et de recyclage des déchets) par les écosystèmes pour satisfaire les besoins humains (Pretty, 2002 ; Gafsi, 2006). Le capital social se définit comme le rendement de plusieurs actions collectives, mutuelles et bénéfiques qui contribuent à la cohésion et la coopération entre les gens en société (Pretty, 2002). L’introduction de ces deux types de capitaux permet de mieux cerner la définition de l’exploitation agricole dans le contexte du DD par l’utilisation des ressources naturelles d’une part et par le lien existant entre la ferme et son milieu local d’autre part.

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14 L’auteur Landais (1998) a retenu quatre caractéristiques pour représenter la ferme durable. Celle-ci doit être une entreprise viable, vivable, transmissible et reproductible. La reproductibilité renvoie à la qualité écologique qui se traduit par le degré d'adoption de pratiques agricoles durables, leurs effets sur les ressources (eau, air, sol) et le potentiel de reproduction de ces ressources. La viabilité économique dépend d’une certaine performance technico-économique de l’exploitation et d’une sécurisation à long terme des sources de revenus. La "vivabilité" est un concept qui traduit la qualité de vie des exploitants et celle de leur famille autant sur la ferme que dans leur communauté. Quant à la transmissibilité, elle est liée au potentiel de transmission des exploitations et à la place de l’agriculture dans la dynamique locale de développement. Par la suite, Parent (2001) a schématisé différemment cette définition en y modifiant et précisant le type de liens sociaux qui connectent les caractéristiques transmissible et vivable de la ferme durable avec la communauté locale dans laquelle elle se trouve (1-6). En effet, le lien intergénérationnel est modifié pour devenir le lien socioéconomique interne, plus englobant, qui réfère à la gestion des ressources internes de la ferme et qui laisse la place pour les établissements non familiaux en agriculture. Le lien social est précisé en lien social externe qui décrit l’insertion des producteurs dans les réseaux de relations sociales. Cette dernière modification pose tout de même un questionnement quant à la qualité de vie qui est incluse dans la « vivabilité » de la ferme. De façon générale, la qualité de vie possède une composante interne à la ferme et à la famille et une composante externe qui permet les relations avec les autres. Donc, le lien décrit comme social externe inclurait également une composante interne. Cette définition est tout de même une prémisse lorsque l’objectif est d’évaluer la durabilité au niveau de la ferme.

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15 Figure1-6 : Schématisation d’une exploitation durable selon ses quatre caractéristiques. Source : Parent, 2001.

Aborder le concept du DD dans son sens le plus large devait être une première étape afin de remettre en contexte l’évolution de ce paradigme de développement dans le secteur agricole et au niveau de la ferme. Bien que sa définition demeure vague, l’opérationnalisation du concept permet encore aujourd’hui d’approfondir cette notion. Cette opérationnalisation se concrétise majoritairement par l’utilisation des indicateurs comme outil de mesure et de diagnostic.

1.2. L’outil pour quantifier la durabilité : les indicateurs

Indicators arise from values (we measure what we care about), and they

create values (we care about what we measure) (Meadows, 1998) La notion d'indicateur n'est pas récente. Les domaines social et économique utilisent plusieurs indicateurs maintenant éprouvés qui s’avèrent être des outils très utiles dans la gouvernance depuis quelques années déjà. Mentionnons, par exemple, le produit national brut ou encore l'état civil des citoyens. Les indicateurs de DD ont pour leur part été intégrés aux coffres à outils des décideurs et l’agriculture n’y fait pas exception. Une littérature abondante existe sur les indicateurs de DD à utiliser pour le secteur agricole. Ces indicateurs, développés par les décideurs, sont souvent d’application nationale et internationale. Un plus faible nombre de travaux sont réalisés sur le développement d’indicateurs qui seraient applicables au niveau de la ferme pour le producteur. Les notions

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16 rattachées aux indicateurs qui seront présentés dans cette section sont de nature générale et peuvent référer aux indicateurs plus globaux comme aux indicateurs applicables à la ferme.

1.2.1 Qu’est-ce qu’un indicateur ?

Un indicateur se définit comme une variable qui fournit des renseignements sur d’autres variables plus difficiles d’accès et qui peut être utilisée comme repère pour prendre une décision (Gras et al., 1989 cité par Bockstaller et Girardin, 2003 et dans van der Werf et Petit, 2002). En d’autres mots, Mitchell et al., (1995) définit l’indicateur comme des mesures alternatives utilisées pour décrire une situation quand il est impossible, pour des raisons techniques ou financières, de l’évaluer directement. L’indicateur est un outil qui sert à diminuer la complexité des descriptions et à intégrer l’information qui vient d’un système (Giampietro, 1997 cité par von Wirén-Lehr, 2001). Comme le souligne l'OCDE, l'utilité des indicateurs réside dans la réduction du nombre de mesures et de paramètres qui seraient normalement nécessaires pour rendre compte d'une situation (OCDE, 1999). Les indicateurs peuvent être issus de sources scientifiques uniquement ou via une démarche de coconstruction comme il sera détaillé ultérieurement dans ce chapitre.

1.2.2 Les types et fonctions des indicateurs

Les indicateurs peuvent prendre plusieurs formes dont chacune répond à un but précis de mesure ou d’analyse. Ils se retrouvent tout d’abord sous la forme quantitative ou qualitative (Rey-Valette et al., 2008). Ils peuvent aussi être utilisés seuls ou faisant partie d’un ensemble d’indicateurs ou encore étant agrégés dans un ensemble pour être facilement compréhensibles par l’utilisateur (Van Passel et al., 2007). La valeur de l’indicateur peut être mesurée, estimée ou calculée selon la nature des données disponibles (Girardin, et al., 1999). Les types d’indicateurs peuvent être classifiés de façon différente (Payraudeau et van der Werf, 2005).

L’OCDE a d’abord classifié les indicateurs selon leur modèle d’analyse Pression-État-Réponse (OCDE, 1999). Les indicateurs de pression décrivent les pressions directes et indirectes faites sur l’environnement tandis que les indicateurs d’état font référence à une mesure de l’état du système et de son évolution. Les indicateurs d’état sont des mesures directes prises sur le terrain à un moment précis mais qui ne peuvent indiquer clairement la

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17 cause de l’état (Bockstaller et al., 2008). De plus, ce type d’indicateur est souvent très coûteux car il demande souvent des équipements spécialisés et des contraintes techniques importantes (Mitchell et al, 1995 ; Girardin et al., 1999). Ce type d’indicateur est plus difficile à réaliser au niveau de la ferme (Girardin et al., 1999).

Bien que l’évaluation directe à la ferme ou dans le champ soit la meilleure approche de mesure, elle est aussi la plus difficile à réaliser (Bockstaller et al., 1997). Cette situation met en jeu les notions de pertinence et de faisabilité des indicateurs. Or souvent, la pertinence environnementale est opposée à la faisabilité de l’indicateur (Payraudeau et van der Werf, 2005). Ces auteurs proposent donc une classification qui divise les indicateurs entre ceux basés sur les moyens et ceux basés sur les effets. Un indicateur basé sur les moyens évalue les intrants ou encore les pratiques du producteur comme, par exemple, les quantités de fertilisants appliquées par le producteur. Les données requises pour ce type d’indicateur sont faciles d’accès. Freebairn et King (2003) ont caractérisé également ces indicateurs basés sur les moyens comme des indicateurs centrés sur le comportement qui recommande aux producteurs quel comportement ou pratique à adopter pour une meilleure durabilité. Le principal défaut des méthodes utilisant les indicateurs basés sur les moyens est que ceux-ci ne conviennent pas pour guider le changement, parce qu’il est logiquement impossible d’évaluer la contribution d’une pratique agricole à l’impact environnemental quand l’adhésion à cette pratique a servi comme critère pour évaluer l’impact environnemental (Hansen, 1996). Halberg (1999) ajoute que les indicateurs utilisés au niveau de la ferme donnent des valeurs qui ne prennent pas en compte l’impact actuel de la ferme sur l’environnement puisque les effets négatifs d’une seule ferme sur l’environnement sont marginaux et peu perceptibles. Par contre, il faut garder à l’esprit que leur faisabilité est plus élevée.

À l’opposé des indicateurs basés sur les moyens, ceux basés sur les effets vont être plus difficiles à mettre en place et seront plus coûteux. Par contre, les avantages des indicateurs basés sur les effets sont évidents ; le lien avec l’objectif est plus direct et le choix de meilleures pratiques pour atteindre l’effet désiré est laissé à l’agriculteur. Ils sont également plus faciles à valider et leur pertinence environnementale est élevée (Payraudeau et van der Werf, 2005). Sous le groupe des indicateurs basés sur les effets, on retrouve les indicateurs

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18 d’émission, d’impact et d’état (Payraudeau et van der Werf, 2005). Les classifications des types d’indicateurs ainsi que les notions de pertinence et de faisabilité sont présentées dans la figure 1-7.

Figure 1-7 : Exemple d’indicateurs et de leurs classifications dans la chaîne de cause à effet liant les pratiques agricoles aux impacts environnementaux.

Source : Payraudeau et van der Werf, 2005.

Certaines fonctions ont été associées aux indicateurs dans la littérature. Pour Mitchell et al., (1995), les principales fonctions sont les suivantes :

 Synthétiser des quantités de données

 Décrire une position actuelle en relation avec l’état désiré  Démontrer le progrès au travers des buts et objectifs fixés

Figure

Figure 1-1 : Schéma tripolaire du DD le plus souvent représenté.
Figure 1-2 : Schématisation tripolaire hiérarchisée du DD.
Figure 1-4 : Représentation tripolaire de la situation actuelle et souhaitée du DD en  agriculture
Figure 1-7 : Exemple d’indicateurs et de leurs classifications dans la chaîne de cause à effet  liant les pratiques agricoles aux impacts environnementaux
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