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La syllabe dans la production écrite de mots

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Academic year: 2021

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Texte intégral

(1)

Pour l'obtention du grade de

DOCTEUR DE L'UNIVERSITÉ DE POITIERS UFR de sciences humaines et arts

Centre de recherches sur la cognition et l'apprentissage (Poitiers) (Diplôme National - Arrêté du 7 août 2006)

École doctorale : Cognition, comportements, langage(s) - CCL (Poitiers) Secteur de recherche : Psychologie

Présentée par :

Solen Sausset

La syllabe dans la production écrite de mots

Directeur(s) de Thèse :

Thierry Olive, Éric Lambert

Soutenue le 06 novembre 2013 devant le jury

Jury :

Président François Rigalleau Professeur - Université de Poitiers

Rapporteur Michel Fayol Professeur - Université de Clermont-Ferrand 1

Rapporteur Patrick Bonin Professeur - Université de Bourgogne

Membre Thierry Olive Chargé de Recherche, CNRS - Université de Poitiers

Membre Éric Lambert Maître de Conférences - Université de Poitiers

Membre Sonia Kandel Professeur - Université Mendès-France de Grenoble

Pour citer cette thèse :

Solen Sausset. La syllabe dans la production écrite de mots [En ligne]. Thèse Psychologie. Poitiers : Université de Poitiers, 2013. Disponible sur Internet <http://theses.univ-poitiers.fr>

(2)

UFR Sciences Humaines et Arts

Centre de Recherches sur la Cognition et l’Apprentissage – CNRS UMR 7295

Thèse de doctorat de l’Université de Poitiers Mention Psychologie

La syllabe dans la production écrite de mots

Présentée et soutenue publiquement Par Solen SAUSSET

Le 6 novembre 2013

Membres du Jury

Patrick Bonin, Professeur, Université de Bourgogne, Membre de l’IUF (Rapporteur) Michel Fayol, Professeur Émérite, Université de Clermont-Ferrand (Rapporteur) Sonia Kandel, Professeur, Université Mendès-France de Grenoble, Membre de l’IUF Éric Lambert, Maître de Conférences, Université de Poitiers (Directeur)

Thierry Olive, Chargé de Recherche, CNRS, Université de Poitiers (Directeur) François Rigalleau, Professeur, Université de Poitiers

(3)
(4)

A

VANT

-

PROPOS ...1

C

HAPITRE

1

-

Définition de la syllabe

... 5

1. Introduction ... 6

2. La syllabe à l’oral... 6

3. Existe-t-il une syllabe orthographique ? ... 9

3.1. Travaux en reconnaissance de mots écrits ... 10

3.2. Travaux en production écrite de mots ... 19

4. Synthèse du Chapitre 1 ... 25

C

HAPITRE

2 - La syllabe dans la production écrite : Données neuropsychologiques

... 26

1. Introduction ... 27

2. Le modèle à deux voies ... 28

2.1. Les voies lexicale et sous-lexicale ... 30

2.2. Le buffer graphémique ... 32

2.3. Les processus périphériques (ou niveaux post-orthographiques) ... 41

2.4. Conclusion ... 42

3. Structure des représentations graphémiques ... 43

3.1. Le cas princeps : LB ... 43

3.2. Autres études de cas : structuration syllabique ou non ? ... 45

4. Conclusion ... 48

5. Synthèse du Chapitre 2 ... 49

Chapitre 3 - La syllabe dans la production écrite :

Données expérimentales

... 50

1. Introduction ... 51

2. Cadre interprétatif des effets syllabiques ... 51

2.1. Le modèle de van Galen (1991) ... 51

2.2. Les différents niveaux de traitement du modèle ... 53

3. Résultats expérimentaux : les effets syllabiques ... 54

3.1. Effet de fréquence syllabique ... 56

3.2. Effet de structure syllabique des mots ... 59

3.3. Effet du nombre de syllabes ... 62

4. Conclusion ... 63

(5)

1. Problématique ... 67

2. Présentation des expériences et des hypothèses ...69

3. Méthodologie expérimentale ... 71

3.1. La tâche de copie multiple : description et procédure ... 71

3.2. Matériel expérimental ... 74

4. Variables dépendantes ... 75

4.1. Analyse des pauses ... 75

4.2. Analyse du tracé ... 76

5. Analyses statistiques : les modèles mixtes ... 77

C

HAPITRE

5 - Relations entre activation syllabique et traitement graphomoteur

...80

1. Introduction ... 81

2. Dissociation et hiérarchie entre l’activation syllabique et les traitements graphomoteurs ... 83

2.1. Expérience 1a : effets du nombre de syllabes et de la fréquence de la première lettre ... 83

2.2. Expérience 1b : étude des locii des effets du nombre de syllabes et de fréquence de la première lettre ... 92

2.3. Discussion et conclusion des expériences 1a et 1b ... 103

3. Relations fonctionnelles entre activation syllabique et traitements graphomoteurs ... 105

3.1. Expérience 2a : effet des contraintes graphomotrices sur la dynamique d’activation syllabique ... 107

3.2. Expérience 2b : effet des contraintes graphomotrices sur la dynamique d’activation syllabique : écriture habituelle vs. écriture scripte ...128

3.3. Expérience 2c : effet de la pression temporelle sur la dynamique de l’activation syllabique 139 3.4. Discussion des expériences 2a, 2b et 2c ... 151

4. Discussion générale et conclusion ... 152

C

HAPITRE

6 - Relations entre activation syllabique et traitement orthographique

... 154

1. Introduction ... 155

2. Expérience 3a : effets du nombre de syllabes et de la régularité, et étude des locii des deux effets . 157 2.1. Méthode ... 163

2.2. Résultats ... 165

2.3. Discussion ... 168

2.4. Analyses complémentaires : latence initiale ... 170

2.5. Expérience contrôle : effet de la régularité et du nombre de syllabes dans une tâche de décision lexicale ... 172

(6)

3.1. Méthode ... 180

3.2. Résultats ... 181

3.3. Discussion ... 184

4. Discussion générale et conclusion ... 188

C

HAPITRE

7 - Discussion générale et perspectives

... 193

1. Rappel des objectifs ... 194

2. Ni graphomotrice, ni orthographique ... 195

3. Le rôle de la syllabe au sein du buffer : indices apportés par l’étude de la dynamique d’activation syllabique ... 197

3.1. Le maintien des représentations graphémiques sur la base des unités syllabiques ... 197

3.2. Implication de la syllabe dans la sélection graphémique sérielle ... 199

3.3. Synthèse sur le rôle de la syllabe dans la production écrite ... 200

3.4. Impact des contraintes sur la dynamique d’activation syllabique ... 203

4. Perspectives de recherche ... 207

4.1. Et la fréquence syllabique ? ... 207

4.2. En français… et dans les autres langues ? ... 208

4.3. La syllabe… et les autres unités ? ... 208

4.4. Études développementales sur la fonction de la syllabe ... 209

5. Conclusion générale ... 211

B

IBLIOGRAPHIE... 212

A

NNEXES ... 233

T

ABLE DES FIGURES ... 243

T

ABLE DES TABLEAUX ... 245

P

UBLICATIONS ET COMMUNICATIONS ISSUES DE LA THESE ... 246

(7)

La recherche de connaissances nouvelles est en elle-même une source de joie.

(8)
(9)

2

Pourquoi étudier la syllabe dans la production écrite ?

P odui e du la gage, ’est o e alise u e e ette de uisi e : il faut intégrer plusieurs ingrédients selon des étapes précises (Bonin, 2012, 2013). O , lo s u’o e te d ou lit du la gage, ’est-à-di e lo s u’o d ou e le « plat préparé », la e ette ’est pas di e te e t pe epti le. Le travail du psycholinguiste est donc de chercher quels ont été les éléments et les étapes nécessaires à la fabrication du produit fini. A ce jour, différentes propositions ont été formulées pour décrire tout ou partie de la recette de fabrication de la production écrite (par ex., Hayes & Flower, 1980 ; Kellogg, 1996 ; Margolin, 1984 ; van Galen, 1991), ta dis ue d’aut es o t po t plus p is e t su le le de tel ou tel ingrédient dans la recette (par ex., Bonin & Fayol, 2000 ; Bonin, Peereman, & Fayol, 2001 ; Kandel, Spinelli, Tremblay, Guerassimovitch, & Álvarez, 2012 ; Meulenbroek & van Galen, 1989 ; Rapp & Caramazza, 1997).

La syllabe semble faire partie de la liste des ingrédients nécessaires à la production du langage. T s tudi e pa les li guistes, elle e p se te pas oi s d’i térêt pour les psycholinguistes, à en juger seulement par le nombre de thèses soutenues ces dernières années portant spécifiquement sur cette unité (par ex., Bina, 2011 ; Calmus, 2007 ; Chetail, 2012 ; Cholin, 2004 ; Kleinsz, 2013 ; Lambert, 1999 ; Maïonchi-Pino, 2008 ; Mata Pereira, 2011 ; Perret, 2007). L’i pli atio de la s lla e dans la production du langage oral a été largement étudiée (par ex., Cholin, Dell, & Levelt, 2011 ; Levelt & Wheeldon, 1994), et so le se le aujou d’hui elati e e t ie ta li (Levelt, 2001).

Le le de la s lla e da s la p odu tio de l’ it a t , en revanche, beaucoup moins étudié, et ’est l’o jet de ette th se. Bie ue elati e e t peu d’ tudes e p i e tales aie t sp ifi ue e t po t su l’i plication de la syllabe au cours de la production écrite, ette i pli atio est aujou d’hui admise (par ex., Bonin, 2013 ; Kandel, Peereman, Grosjacques, & Fayol, 2011). Toutefois, comment

(10)

3 et pourquoi cette unité intervient au cours de la production écrite restent deux questions encore peu explorées. Aussi dans la présente thèse avons-nous investigué cette double question du « comment » et du « pourquoi » la syllabe intervient au cours de la production écrite de mots.

L’a e e t des outils te h ologi ues à la fi du XXème siècle tels que les tablettes graphiques, a pe is de odifie l’ tude de la p odu tio ite de so te ue les od les p opos s ’o t plus t orientés vers les produits mais vers les processus (Tucha, Tucha, & Lange, 2008 ; van Galen, 1991). Les a al ses du t a e te ps el o t ai si pe is de piste les t aite e ts hez l’adulte et hez l’e fa t (par ex., Fayol, Foulin, Maggio, & Lété, 2012), en présence ou non de pathologies (par ex., Phillips, Bradshaw, Chiu, & Bradshaw, 1994), sous l’i flue e de o t ai tes (par ex., Tucha, Mecklinger, Walitza, & Lange, 2006) ou sous l’i flue e de p oduits pha macologiques (par ex., Tucha, Mecklinger, Thome, et al., 2006), de sorte que la compréhension des différents niveaux de traitement et de leur articulation fonctionnelle a été améliorée. Dans nos travaux, nous avons utilisé ette thode d’a al ses e te ps el afi de piste le t aitement des syllabes, et ainsi mieux comprendre à quel moment et dans quelles conditions les syllabes étaient activées au cours de la production de mots.

Avant de décrire les travaux expérimentaux que nous avons menés, une introduction présente le cadre théorique dans lequel ces travaux sont inscrits. L’o je tif du Chapitre 1 est d’appo te des éléments de définition de la syllabe. Dans le Chapitre 2, il s’agit de d taille les résultats issus des travaux de neuropsychologie ayant mis en évidence le fait que la structure des syllabes des représentations graphémiques est spécifiée au cours de la production écrite, et ue l’i pli atio de cette spécification est liée au buffer graphémique. Le Chapitre 3 décrit les résultats expérimentaux po ta t su la s lla e da s la p odu tio ite. Ces t a au s’i s i e t esse tielle e t da s le ad e du modèle en cascade de van Galen (1991), et utilisent les variables syllabiques « classiques » que sont la fréquence syllabique, la structure syllabique, et le nombre de syllabes. Ces trois premiers chapitres posent ainsi les bases théoriques sur lesquelles nous avons construit notre problématique.

(11)

4 Cette problématique est e pos e da s le Chapit e . L’o jectif que nous nous étions fixé était d’u e pa t, d’ide tifie à quel niveau de traitement la syllabe est impliquée, d’aut e pa t, de d te i e o e t s’i s it la s lla e da s la hi a hie des p o essus du s st e de p odu tio écrite, et enfin, de préciser la d a i ue de l’a ti ation des syllabes, en relation avec les traitements de niveau supérieur et inférieur. Les éléments théoriques nous permettaient de penser que la syllabe est potentiellement traitée entre le traitement lexical/orthographique et les traitements g apho oteu s. Ci e p ie es po ta t su la elatio e t e l’a ti atio s lla i ue et les traitements graphomoteurs sont décrites et analysées dans le Chapitre 5. Plus précisément, ces expériences ont été menées pour déterminer si la syllabe est impliquée dans la programmation graphomotrice et pour explorer les relations fonctionnelles entre traitements graphomoteurs et a ti atio des s lla es. T ois e p ie es po ta t su la elatio e t e l’a ti atio s lla i ue et le traitement orthographique sont présentées dans le Chapitre 6. Ces expériences ont été menées dans l’o je tif d’a al se la d a i ue du t aite e t o thog aphi ue et de l’a ti atio s lla i ue, et de mettre en relation ces deux processus. Une interprétation globale des résultats observés dans les chapitres expérimentaux est proposée dans le Chapitre 7, ai si u’u e p opositio d’e pli atio du ou des rôle(s) de la syllabe dans la production écrite.

(12)

C

HAPITRE

1

(13)

6

1. Introduction

Unité complexe à définir, la syllabe a donné lieu à de multiples théories linguistiques et reste l’o jet de o euses e he hes. Certaines caractéristiques de la syllabe semblent néanmoins faire consensus. Dans la première partie de ce chapitre, nous exposerons donc les théories les plus couramment avancées pour définir la syllabe.

E e ui o e e le la gage it, et ie ue des e e i es d’asse lage ou de détection de s lla es ites soie t p opos s d s l’e t e da s l’ it BO Edu atio atio ale, 3 juin 2008), la s lla e o thog aphi ue ’a pas e o e de d fi itio ta lie. Les ps holi guistes, ui o t d so ais mis en évidence des effets qui semblent li s à l’i te e tio des s lla es au cours de la reconnaissance de mots et da s la p odu tio ite, s’i te oge t pou sa oi uelle est la atu e et la structure de cette unité. Les différentes hypothèses proposées seront présentées dans la deuxième partie de ce chapitre.

2.

La syllabe à l’oral

La s lla e peut t e o sid e o e u e u it a ti ulatoi e ui ’e iste ue da s la alisatio ph si ue des ots, ui ’a pas de alit ps hologi ue (Laks, 1995), ou inversement comme une u it pu e e t ps hologi ue ui ’a pas de alit ph si ue ou a ousti ue (Malmberg, 1955), même si la plupart des linguistes e so t pas aussi at go i ues et e o aisse t à l’u it s lla e u e réalité à la fois articulatoire et phonologique (Meynadier, 2001). Dans tous les cas, la syllabe est une u it i te diai e e t e le pho e u it i i ale disti ti e du la gage, ’est-à-dire la plus petite unité de sens) et le mot, et elle semble jouer un rôle fondamental dans la structuration de la parole.

Du point de vue physique, la syllabe est souvent considérée comme un cycle de sonorité (Clements, 1990) (voir Figure 1.a). Le terme de sonorité fait référence au fait que certains sons do e t l’i p essio auditi e d’ t e plus p o i e ts ue d’aut es. Ai si, les o elles so t plus

(14)

7

Figure 1. a) Exemple de courbes de sonorité pour le mot calcul. Les deux syllabes sont définies par les deux pics de sonorité. b) Exemple de structure hiérarchique pour le mot brésil.

sonores que les consonnes liquides (par ex., [l], [ʁ])1, elles-mêmes plus sonores que les consonnes

nasales (par ex., [m], [n]), qui sont plus sonores que les fricatives (par ex., [f], [s]), qui sont plus

sonores que les occlusives (par ex., [t], [k] ; Saussure, 1916). La syllabe correspond ainsi à un cycle de

sonorité croissante puis décroissante, avec au centre un pic de sonorité (ou sommet). Le pic de sonorité est toujours une voyelle en français, mais il peut être une consonne dans certaines langues. Da s e as, il s’agit d’u e o so e plus so o e ue les o so es la p da t et la sui a t.

Du point de vue phonologique, une première théorie conçoit la parole comme une séquence li ai e et la haî e pho i ue o e u e suite de pho es s’a ti ula t les u s à la suite des autres (Pulgram, 1970). De ce point de vue, la syllabe est définie essentiellement par ses frontières, qui sont déterminées par un balayage séquentiel. Selon une deuxième théorie, la structure phonologique est une représentation non linéaire, dans laquelle les phonèmes sont organisés en structures hiérarchiques (Selkirk, 1982). Les phonèmes sont ainsi regroupés en syllabes, les syllabes

1 Les t a s iptio s pho ti ues so t ot es e t e o hets. L’alpha et pho ti ue f a çais est e A e e I.

-

+

σ

1

σ

2

attaque rime attaque rime b)

b

ʁ

e z

i

l

b

ʁ

e z

i

l

so n o ri

k a l k y l

σ

1

σ

2 Pics de sonorité a)

(15)

8 en mots ou en groupes rythmiques, etc. La syllabe est une structure qui peut donc être décomposée en sous- o stitua ts. Aujou d’hui, la o eptio de la s lla e ui se le la plus o se suelle est celle faisant figurer les constituants attaque et rime, la rime étant elle- e o pos e d’u o au et d’u e oda par ex., Blevins, 1995 ; Selkirk, 1982)(voir Figure 1.b).

L’a al se de la structure des syllabes dans différentes langues a permis de constate u’u e seule structure est universelle, la structure CV (pour Consonne Voyelle). De ce fait, cette structure syllabique a été considérée comme la plus simple, comme la structure de base. Par ailleurs, alors que certains sous-constituants syllabiques so t o ligatoi es, d’aut es sont facultatifs. Ainsi, le noyau (et donc la rime) est un sous-constituant syllabique universel et obligatoire, puisque, comme mentionné ci-dessus, toutes les la gues o po te t au oi s u e s lla e CV. L’atta ue, uoi ue u i e selle (puisque toutes les langues contiennent cette structure CV), est facultative au niveau syllabique, car il existe des syllabes sans attaque (par ex., syllabe V, [a] ou VC [am . La oda, ui ’est pas u i e selle,

est donc également facultative (Meynadier, 2001).

Le processus de syllabation (ou syllabification), qui consiste à déterminer quelles sont les frontières syllabiques, est un processus complexe (Meynadier, 2001). “i u lo uteu ’a au u al à

syllabifier le mot [ ʁ], cela semble plus litigieux pour le mot [ɛ k s pʁ o pʁ i j a s j ]. Pour répondre au problème de la syllabification, des principes généraux universels ont été élaborés, par exemple, le Principe de Cy le de “o o it , le P i ipe d’Atta ue Maximale (Clements & Keyser, 1983 ; Pulgram, 1970 ; Selkirk, 1982), ou les Principes de Marquage Syllabique Minimum, de Satisfaction de l’Atta ue Mi i ale, ou de Coda Minimale et Attaque Maximale (Pulgram, 1970), que nous ne détaillerons pas ici. En réalité, « très peu de langues montrent une syllabation répondant exclusivement à ces principes universels » (Meynadier, 2001, p. 125), et ces principes sont le plus souvent complétés par des paramètres propres à chaque langue.

(16)

9 “i la s lla e ’est pas e o e dot e d’u e u i ue d fi ition du point de vue linguistique, la réalité psychologique de cette unité a cependant été démontrée par de très nombreuses études en psycholinguistique. Ainsi, la syllabe constituerait une unité de perception et de segmentation de la parole (par ex., Cutler, Mehler, Norris, & Segui, 1986 ; Mehler, Dommergues, Frauenfelder, & Segui, 1981 ; Sebastián-Gallés, Dupoux, Segui, & Mehler, 1992), mais également une unité de production de la parole (par ex., Cholin et al., 2011 ; Ferrand & New, 2003 ; Levelt & Wheeldon, 1994). En outre, la uestio de l’i te e tio de la s lla e est également posée dans le domaine du langage écrit (à l’i age de ette th se . Mais alo s, ’est l’e iste e e d’u e s lla e sp ifi ue à l’ it ui interroge.

3. Existe-t-il une syllabe orthographique ?

Depuis les années 70, l’i d pe da e des a ismes cognitifs qui sous-tendent les activités de production verbale orale et écrite fait débat. Les processus sous-jacents à ses deux modalités de production langagière seraient relativement autonomes, e ui a t d o t d’u e pa t, pa les études de patie ts a a t u a s le i al p se à l’ it alg des t ou les pho ologi ues par ex., Ellis, Miller, & Sin, 1983 ; Hanley & McDonnell, 1997 ; Kemmerer, Tranel, & Manzel, 2005 ; Miceli, Benvegnù, Capasso, & Caramazza, 1997 ; Rapp, Benzing, & Caramazza, 1997 ; Shelton & Weinrich, 1997), et d’aut e pa t, pa des tudes e p i e tales po ta t p is e t su la p odu tio ite (par ex., Bonin, Fayol, & Gombert, 1997 ; Bonin, Fayol, & Peereman, 1998 ; Shen, Damian, & Stadthagen-Gonzalez, 2013). Pa e e ple, il a t o t ue lo s d’u e tâ he de d o i atio ite d’i ages, le fi e d’a o es eli es au i eau pho ologi ue et o thog aphi ue ’est pas eilleu ue le fi e d’a o es eliées seulement au niveau orthographique (Bonin et al., 1998). Ces éléments provenant de la neuropsychologie et de la psychologie expérimentale suggèrent que les odes pho ologi ues ’i te ie e t pas o ligatoi e e t i s st ati ue e t da s la s le tio des codes orthographiques.

(17)

10 Cependant, même si l’i te e tio de la pho ologie ’est pas o ligatoi e, elle i fluencerait la sélection des codes orthographiques. Lorsque des mots sont dictés, la phonologie est essai e e t i pli u e, puis u’il s’agit de o e ti des u it s pho ologi ues e u it s graphémiques. En revanche, le rôle de la phonologie est moins certain lors de la dénomination d’i ages, au ou s de la uelle il ’ a pas d’e t e pho ologi ue. Il a pou ta t t o t ue lo s d’u e tâ he de d o i atio d’i ages, les late es p da t l’ itu e du ot taie t i flue es par la consistance phono-graphémique des noms des images, lorsque celle-ci était située au début du mot (Bonin et al., 2001, voir également Afonso & Álvarez, 2011a ; Qu, Damian, Zhang, & Zhu, 2011 ; Zhang & Damian, 2010). Ceci laisse penser que la phonologie interviendrait au cours de la production orthographique (pour une revue, voir Afonso, 2012 ; Qu et al., 2011).

E o lusio , ie ue la pho ologie se le joue u le lo s de l’a ti atio des odes o thog aphi ues, l’h poth se de l’auto o ie o thog aphi ue est aujou d’hui ad ise. Cette hypothèse impliquerait l’e iste e d’u it s fo tio elles sp ifi ues à la production écrite, ainsi que cela est mis en évidence par Shen et al. (2013). Il est alors envisageable que la syllabe orthographique fasse partie de ces unités. Avant de décrire les travaux portant sur la syllabe orthographique en production écrite, nous présentons les études qui les ont précédés, et qui ont porté sur la nature de la syllabe au cours de reconnaissance de mots écrits.

3.1. Travaux en reconnaissance de mots écrits

Les résultats de nombreux travaux qui o t o t l’i flue e d’u e u it s lla i ue lors de la reconnaissance des mots écrits (par ex., Carreiras, Alvarez, & De Vega, 1993 ; Carreiras & Perea, 2002 ; Ferrand, 2000 ; Jared & Seidenberg, 1990 ; Spoehr & Smith, 1973 ; Stenneken, Conrad, & Jacobs, 2007) soulèvent deu uestio s : d’u e pa t, il s’agit de savoir si les effets syllabiques observés sont dus à la mobilisation de syllabes phonologiques ou orthographiques (par ex., Álvarez, Carreiras, & Perea, 2004 ; Chetail & Content, 2013 ; Conrad, Grainger, & Jacobs, 2007 ; Prinzmetal,

(18)

11 Treiman, & Rho, 1986 ; Taft, 1979). D’aut e pa t, es es effets pou aie t t e att i u s à to t au traitement de s lla es, alo s u’ils se aie t la o s ue e d’u e seg e tatio effe tu e su la ase de la redondance orthographique (Adams, 1981 ; Seidenberg & McClelland, 1989 ; Seidenberg, 1987).

3.1.1. Syllabe phonologique ou syllabe orthographique ?

“elo l’h poth se pho ologi ue, la s lla e i pli u e lo s de la e o aissa e des ots its se ait a ti e pa le iais d’u e o e sio des g aph es e o us e pho es et d’u regroupement de ces phonèmes en syllabes. Pour déterminer la nature de cette syllabe, des expériences ont été menées avec des mots et pseudo-mots pouvant partager la même unité au niveau phonologique, mais pas au niveau orthographique (par ex., ribote, rythme). Une tâche de décision lexicale avec amorçage masqué a été menée avec ce type de mot en espagnol (Álvarez et al., 2004). Dans cette tâche, une amorce (un mot ou un pseudo-mot ici) est présentée pendant un temps t s ef e pe etta t pas au pa ti ipa t de p e d e o s ie e de l’appa itio de ette a o e. Ensuite, le participant voit une suite de lettres qui constitue un mot ou non (par ex., matin, vertal), et il doit décider si cette suite de lettres est un mot ou non. Il a été montré que des pseudo-mots amorces partageant avec la cible la première syllabe au niveau phonologique mais non au niveau orthographique (par ex., ko.mix / co.mer) entraînaient une diminution du temps de décision, ce qui signifie que la similitude phonologique entre les deux suites de lettres suffit à faciliter le traitement de la cible. En outre, lo s ue l’a o e et la i le e pa tageaie t ue la i e de la p e i e s lla e (par ex., ra.lol, ba.las, au u effet d’a o çage ’ tait o se , e ui sig ifie ue la i e seule ’e t aî e pas u fi e de t aite e t (voir également Carreiras, Ferrand, Grainger, & Perea, 2005 et Conrad et al., 2007 pour des résultats similaires en français). Ces résultats suggèrent donc que l’u it s oli ue t ait e au ou s de la e o aissa e des ots se ait la s llabe (et non pas seulement une rime), et serait phonologique. Les effets syllabiques en lecture seraient donc dus à l’a ti atio des ep se tatio s pho ologi ues sto k es e oi e oi gale e t Ashby & Rayner, 2004 ; Conrad, Carreiras, Tamm, & Jacobs, 2009 ; Conrad, Tamm, Carreiras, & Jacobs, 2010 ;

(19)

12 Mathey, Zagar, Doignon, & Seigneuric, 2006).

Cette hypothèse a été récemment remise en cause par Chetail et Content (2012, 2013), qui ont utilisé deux situations spécifiques au français dans lesquelles la segmentation en unité syllabique phonologique et orthographique peut diverger. Dans l’ tude de Chetail et Content (2013), des mots contenant un schwa (ou e muet, par ex., samedi, valise o t t utilis s pou o t e u’il ’ a pas d’iso o phis e e t e la seg e tatio s lla i ue o ale et ite. À pa ti d’u e tâ he de segmentation syllabique de mots écrits au cours de laquelle les participants devaient mettre des barres verticales à la frontière entre deux syllabes, les auteurs ont montré que le nombre de segments obtenus pouvait diverger du nombre de syllabes phonologiques des mots (par ex.,

a|ve|nue, 3 segments vs. [av.ny], 2 syllabes). Par ailleurs, une tâche de détection de lettres dans des mots écrits a permis de montrer que la consonne suivant le schwa (par ex., r dans biberon) était t ait e o e la p e i e lett e d’u e u it i.e., ron), et non pas comme une lettre comprise dans

une atta ue i.e., e o , alo s ue ’est le as à l’o al, b ʁ I. Le s h a se ait ai si o sid à l’ it o e le o au o ali ue d’u e s lla e.

Da s u e deu i e s ie d’e p ie es, Chetail et Content (2012) ont utilisé des mots contenant des hiatus de voyelles (par ex., oasis). La tâche consistait à compter le nombre de syllabes de mots écrits. Les résultats ont montré que les mots avec hiatus entraînaient des latences plus longues que les mots sans hiatus, ais gale e t plus d’e eu s, le o e de s lla es ta t f ue e t sous-estimé. Les participants comptaient en effet deux syllabes pour oasis qui contient pourtant trois s lla es pho ologi ues /o.a.zis/, et et effet tait aug e t lo s u’u e tâ he de supp essio articulatoire était ajoutée à la tâche de comptage. Ces deux résultats, portant sur les mots contenant u s h a ou u hiatus o ali ue, so t do o t adi toi es a e l’h poth se selo la uelle les effets s lla i ues o se s lo s de la e o aissa e des ots its so t la o s ue e d’u e o e sio des unités graphémiques en syllabes pho ologi ues. Ces l e ts sugg e t au o t ai e u’il pou ait e iste u e s lla e sp ifi ue à l’ it.

(20)

13 Selon l’hypothèse de la syllabe orthographique, lors de la reconnaissance de mots écrits, une segmentation des mots en unités syllabiques serait effectuée de façon perceptive, visuelle, sans intervention obligatoire de la phonologie. Les recherches qui ont essayé de valider cette hypothèse l’o t a o d e selo diff e ts poi ts de ue : tandis que certains tentent de démontrer la structure formelle de cette syllabe orthographique (Taft & Krebs-Lazendic, 2013), d’aut es o t po t leu atte tio su les p o essus à l’o igi e de ette seg e tatio (par ex., Doignon-Camus, Bonnefond, Touzalin-Chretien, & Dufour, 2009 ; Prinzmetal et al., 1986).

L’id e d’u e seg e tatio sp ifi ue de l’ it a do lieu à diff e tes h poth ses et observations. D’ap s l’h poth se de la Basi O thog aphic Syllable Structure (BOSS), l’u it de segmentation des mots écrits est une unité répondant au Principe de Coda Maximale (i.e., Maximum

Coda Principle) (Taft & Radeau, 1995), selo le uel l’u it o thog aphi ue o po te ait « dans la

première syllabe autant de consonnes qui suivent la première voyelle que les facteurs orthotactiques le permettent sans interrompre la structure morphologique du mot.» (Taft, 1979, p. 24, notre traduction). Par exemple, pour le mot cercle, la syllabification selon le principe de la BOSS serait

cerc.le, la coda rc étant légale dans la langue française (par ex., turc), alors que la coda *rcl e l’est

pas, ce qui interdit la segmentation *cercl.e. Ce p i ipe a à l’e o t e du p i ipe fo da e tal de la s lla e pho ologi ue u’est le P i ipe d’Atta ue Ma i ale (i.e., Maximum Onset Principle) (Pulgram, 1970), selon lequel une syllabe est formée par une attaque comportant le maximum de consonnes tout en respectant les principes de la langue. Ainsi, le même mot cercle est syllabifié

cer.cle au i eau pho ologi ue, l’atta ue cl étant légale dans la langue française (par ex., clair), alors

ue l’atta ue *rcl e l’est pas, e ui i te dit la seg e tatio ce.rcle.

Plusieurs méthodes expérimentales ont été développées pour tester la réalité psychologique de la BOSS. Dans Taft (1979), des tâches de décision lexicale de mots écrits sont menées avec des mots comportant des syllabes permettant une segmentation phonologique (par ex., fu.tur) ou selon la BOSS (par ex., fut.ur). La segmentation pouvait être matérialisée par un espace (par ex., FUT UR vs.

(21)

14 FU TUR) (Expérience 1), ou grâce à la casse (par ex., FUTur vs. FUtur) (Expérience 2). Dans Taft (1987), la BOSS de mots était utilisée comme amorce (par ex., FUT amorce futase) également dans une tâche de décision lexicale. Dans toutes ces expériences, le temps de décision était plus rapide pour les mots séparés, indicés par la casse, ou amorcés par des syllabes segmentées selon la BOSS par rapport aux syllabes segmentées par des critères phonologiques.

Ces résultats ont été obtenus essentiellement par Taft et ses collaborateurs (Rouibah & Taft, 2001 ; Taft & Krebs-Lazendic, 2013 ; Taft, 1979, 1985, 1987, 1992, 2001) et ont été rarement répliqués, les résultats de ces tentatives de réplication montrant des segmentations syllabiques apparentée à la segmentation phonologique (par ex., futur segmenté fu.tur, Álvarez, Carreiras, & Taft, 2001 ; Boë & Baldasare, 1983 ; Lima & Pollatsek, 1983 ; Perry, 2013). Taft a formulé plusieurs hypothèses pour expliquer les difficultés de réplication, notamment le fait que les divergences de résultats provenaient de différences quant aux compétences de lecture des participants (Taft, 2001), ou ie ue l’effet de la BO““ ’ tait o se a le ue pou les ots o te a t des BO““ peu fréquentes (Taft, 1985, 2001). Il se le ue l’effet de la BO““ soit pa ailleu s sp ifi ue à l’a glais, a il ’a pas t o se e espag ol (Taft, Álvarez, & Carreiras, 2007), ni en français (Taft & Radeau, 1995).

Cependant, une étude plus récente montre que la fréquence lexicale des items utilisés dans les expériences pourrait expliquer les divergences de résultats, le contrôle de la fréquence lexicale ayant souvent été omis dans les expériences de Taft (Chen & Vaid, 2007). L’effet de la BO““ appa aît en effet plus important pour les mots peu fréquents que pour les mots fréquents, ce qui est compatible a e l’id e ue le t aite e t des mots peu fréquents repose davantage sur des processus sublexicaux (par ex., Andrews, 1992 ; Paap & Noel, 1991). La BOSS pourrait ainsi constituer une unité de seg e tatio s lla i ue o thog aphi ue sp ifi ue de l’a glais, utilis e lo s de la e o aissa e des mots de faible fréquence.

(22)

15 Un autre point de vue considère que la syllabe orthographique est définie par des contraintes orthotactiques et morphologiques. Par exemple, la séquence orthographique rz ’appa aît ja ais e début ou en fin de syllabe ; par conséquent, dans le mot tarzan, la frontière syllabique est assignée de sorte que la séquence rz ’appa aisse i e d ut i e fi de s lla e tar.zan). Le paradigme de la conjonction illusoire, qui consiste en une combinaison perceptive incorrecte entre une forme et une couleur présentées brièvement, a apporté des éléments en faveur de cette hypothèse. Prinzmetal et ses collaborateurs (1986) ont utilisé une tâche de détection de lettres dans des mots et pseudo-mots bisyllabiques écrits, comportant systématiquement un groupe consonantique à cheval sur la frontière syllabique (par ex., vod.ka, al.bum, lar.va). Ces mots et pseudo-mots étaient écrits avec deux couleurs distinctes, la frontière entre les deux couleurs étant positionnée soit à la frontière légale au niveau orthotactique (par ex., LARVA), soit de façon illégale (par ex., LARVA)1. Une lettre

était présentée dans un premier temps au participant (par ex., R), puis celui-ci devait détecter si la lettre était présente dans le mot (présenté pendant environ 250 ms), et enfin il devait donner sa ouleu . U tau d’e eu s plus i po ta t tait o se pou les ots et pseudo-mots avec une segmentation de couleurs violant les règles orthotactiques. Ainsi, les participants rapportaient plus souvent que le R était noir dans LARVA plut t ue g is. E out e, et effet ’ tait o se ue lorsque la frontière syllabique correspondait à la fois à une segmentation au niveau phonologique et au i eau o thota ti ue, la f o ti e pho ologi ue e suffisa t pas à li ite l’effet de o jo tio illusoire (Prinzmetal et al., 1986, Expérience 4). Pour les auteurs, es sultats sugg e t ue l’u it de segmentation des mots écrits est une unité perceptuelle orthographique, mais surtout que les le teu s sto ke aie t des gles o thog aphi ues, telles ue l’ide tit et la positio l gale des groupes consonantiques et vocaliques dans les mots. Ces connaissances orthographiques sur les co-o u e es des lett es leu pe ett aie t ai si d’e t ai e des u it s pe epti es lo s de la reconnaissance des mots écrits (Prinzmetal, Hoffman, & Vest, 1991 ; Prinzmetal et al., 1986). Cette

1

Les couleurs utilisées par les auteurs étaient le rose, bleu, vert et jaune, les mots étaient présentés sur fond noir.

(23)

16 position est renforcée par le fait que les personnes sourdes profondes, dont le traitement pho ologi ue est de e fait pe tu oi e uasi ul, t aite t les ots its e fo tio d’u it s syllabiques (Olson & Nickerson, 2001).

3.1.2. Syllabe ou redondance orthographique ?

D’ap s les deu p e i es h poth ses d ites i-dessus, la reconnaissance des mots écrits reposerait en partie sur une analyse des suites de graphèmes en unités plus larges telles que des s lla es, a al se ui s’appuie ait su des o aissa es sto k es e oi e, u’elles soie t orthotactiques ou phonologiques selon les points de vue. Ce point de vue est fondamentalement contesté par les modèles connexionnistes. Ceux-ci privilégient une approche statistique selon la uelle il ’e iste pas de ep se tatio s o thog aphi ues su le i ales, ais selo la uelle les lecteurs seraient sensibles à la f ue e de su essio des lett es, ’est-à-dire à la redondance orthographique (Adams, 1979, 1981 ; Seidenberg & McClelland, 1989). La redondance orthographique désigne le fait que, dans la langue écrite, les combinaisons de lettres ne sont pas aléatoires, certaines seulement sont possibles, et parmi celles-ci, certaines sont plus fréquentes que d’aut es. De e fait, les ig a es o stitua t les f o ti es s lla i ues so t le plus sou e t constitués de deux lettres peu fréquemment associées ; a contrario, les ig a es à l’i t ieu des syllabes sont plus fréquents. Par exemple, dans le mot tarzan, les bigrammes ar et za sont plus fréquents que le bigramme rz1. Un bigramme de faible fréquence entouré de deux bigrammes plus

fréquents, comme dans la séquence arza, est appelé trou bigrammique (Adams, 1981).

L’ e ge e d’u effet de edo da e o thog aphi ue se ait ai si i te p t e à to t o e u effet de structuration syllabique (Seidenberg & McClelland, 1989 ; Seidenberg, 1987). Lors des traitements des mots, les lecteurs/scripteurs seraient sensibles implicitement à ces données statistiques portant sur les co-occurrences de lettres (par ex., Treiman & Zukowski, 1988 ; Perruchet

1 Fréquence Token de ar = 15812, rz = 5, za = d’ap s “u fa e . ,

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17 & Pacton, 2006). Lo s de la le tu e ou de l’ itu e d’u ot, les ig a es les oi s fréquents seraient activés plus lentement, ce qui engendrerait potentiellement des effets de frontière. Les effets liés à la structure syllabique des mots pourraient ainsi être expliqués simplement par un effet de fréquence de succession de lettres (Adams, 1981).

L’effet de edo da e o thog aphi ue a t test da s diff e tes tudes. Pa e e ple, Srinivas, Roedtger, et Rajaram (1992) ont demandé à des participants de compléter des mots s a ti ue e t eli s à u e a o e. Pou effe tue ette tâ he, les pa ti ipa ts disposaie t d’u indice respectant les frontières syllabiques (par ex., _ _ _ DIC_ _ _ _, pour vindictive) ou non (par ex., _ _ NDI_ _ _ _ _). Les indices consistaient en des trigrammes de forte ou de faible fréquence, selon un design orthogonal1. Les résultats ’o t pas o t de différence significative entre les indices

syllabiques et non-syllabiques. En revanche, les indices de faible fréquence amélioraient le taux de réussite à la tâche. Les auteurs en ont conclu que la fréquence des trigrammes est un meilleur indicateur que la distinction syllabique/non syllabique. Ainsi, les propriétés orthographiques des mots (i.e., la fréquence de succession des lettres les constituant) influenceraient davantage leur traitement que leur structure syllabique. Les travaux portant sur la redondance orthographique ont do he h à d o t e u’il ’e iste pas de ep se tatio su le i ale i de st u tu e su le i ale, ais u i ue e t des o i aiso s de lett es plus ou oi s edo da tes, ’est-à-dire avec un seuil d’a ti atio plus ou oi s levé.

D’aut es t a au o t te t de o fi e l’id e selo la uelle les u it s s lla i ues o t u e alit psychologique indépendante de la redondance orthographique (pour une revue, voir Chetail, 2012). Pour ce faire, le paradigme de la conjonction illusoire a été utilisé avec des mots bisyllabiques dont le trou bigrammique à la frontière syllabique a été manipulé (par ex., mirage, ir constituant un trou bigrammique, et minuit, in ne constituant pas un trou bigrammique). Si les effets de conjonction illusoi e i te p t s o e sulta t de l’a ti atio d’u e ep se tatio o thog aphi ue s llabique

1

Autant d’i di es s lla i ues de fai le f ue e ue d’i di es s lla i ues de fo te f ue e, d’i di es o s lla i ues de fai le f ue e et d’i di es o s lla i ues de fo te f ue e.

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18 traduisent en réalité un effet de redondance orthographique, les erreurs de mauvaise attribution de la couleur ne devraient pas être observées pour les mots ne présentant pas de trou bigrammique à la frontière syllabique. Rapp (1992) a o t ue l’effet de o jo tio illusoi e pe sistait e l’a se e de t ou ig a i ue, o t a t ai si ue la e o aissa e des ots i pli ue l’a al se d’u e structure syllabique (voir également Conrad et al., 2009). Avec la même méthode, Olson et Nickerson (2001) o t e plo l’effet de conjonction illusoire chez des personnes sourdes profondes, en faisant l’h poth se ue du fait de leu s diffi ult s à p odui e et pe e oi le la gage o al, les pe so es sourdes pourraient organiser leurs connaissances orthographiques en groupant des lettres en fo tio de leu f ue e de su essio . Ils o t o t ue e ’ tait pas le as, et ue les personnes présentant une affection du traitement phonologique traitent les mots écrits en fonction d’u it s li guisti ues a st aites telles ue la s llabe, et non pas en fonction de leurs connaissances statistiques sur la langue écrite.

Si la redondance orthographique ne semble pas pouvoir expliquer tous les résultats montrant des effets liés à la syllabe, elle apparaît cependant jouer un rôle important dans la reconnaissance des mots écrits. La syllabe et la fréquence bigrammique pourraient ainsi être toutes deux impliquées au ou s du t aite e t des ots its. E effet, da s d’aut es tudes a ipula t la p se e/a se e du t ou ig a i ue, l’effet des s lla es est a oi d i e l’a se e de t ou ig a i ue (Chetail & Mathey, 2009 ; Doignon & Zagar, 2005, 2006 ; Mathey et al., 2006), ce qui laisse penser que les effets liés aux syllabes dépendent en partie des informations orthographiques telles que la fréquence de succession des lettres.

3.1.3. Conclusion

Glo ale e t, il appa aît ue l’effet de edo da e o thog aphi ue e peut e pli ue l’e se le des effets syllabiques qui ont été observés, sans que cela signifie pour autant que la fréquence de su essio des lett es ’i flue e pas, à e tai es tapes de t aite e t, la e o aissa e des ots écrits (par ex., Conrad et al., 2009 ; Mathey et al., 2006). Si de nombreuses expériences ont confirmé

(26)

19 u’il e iste u e tape d’a ti atio s lla i ue lo s de la reconnaissance des mots écrits, la nature même de cette unité reste encore en débat : en effet, des sultats e fa eu de l’a ti atio de syllabes phonologiques ont été observés ta dis ue d’aut es la e ette t e ause. Les mêmes questions se posent en ce qui concerne la production écrite, uoi u’elles aie t t eau oup oi s étudiées.

3.2. Travaux en production écrite de mots

Bie u’u e tai o se sus e iste aujou d’hui o e a t l’utilisatio de s lla es au ou s de la production écrite (voir les Chapitres 2 et 3), la nature de cette unité reste indéterminée. Les deux débats exposés précédemment ont également été abordés dans le domaine de la production écrite : d’u e pa t, la atu e pho ologi ue ou o thog aphi ue de l’u it a été questionnée (Kandel, Hérault, Grosjacques, Lambert, & Fayol, 2009 ; Lambert, Sausset, & Rigalleau, soumis) ; d’aut e pa t, la controverse entre activation syllabique ou redondance orthographique a été soulevée (Kandel et al., 2011).

3.2.1. Syllabe phonologique ou orthographique ?

D’ap s Caramazza et Miceli (1990), il existerait une unité de traitement orthographique possédant une structure similaire à la structure des syllabes phonologiques, notamment en termes d’alte a e de o so es et de o elles. Cette unité a été nommée graphosyllabe, ou orthosyllabe, (Caramazza & Miceli, 1990 ; Ward & Romani, 2000). Caramazza et Miceli (1990) ont également suppos , e l’a se e de p eu es o t ai es, « la même hiérarchie de complexité pour les graphosyllabes que celle supposée pour les syllabes phonologiques » (p. 288, not e t adu tio , ’est-à-di e u e st u tu e de ase CV, ui peut t e o pl t e pa l’ajout d’u e oda ou pa u e

o ple ifi atio de l’atta ue. Cette h poth se a t test e e a al sa t les e eu s o thog aphi ues d’u patie t ol s , étude rapportée dans le Chapitre 2. Caramazza et Miceli (1990) sont partis du postulat u’il e istait u e g aphos lla e, et les l e ts u’ils o t appo t s ont plutôt fourni des

(27)

20 preuves en faveur de l’utilisatio d’u e telle u it u’e fa eu de sa nature orthographique. Quelques travaux expérimentaux ont depuis investigué plus précisément la nature phonologique ou orthographique de la syllabe en production écrite.

Tout d’a o d, des tudes po ta t su l’i pli atio de la s lla e da s la p odu tio ite o t montré que le t aite e t s lla i ue au ou s de l’ itu e ’ tait pas appu su la pho ologie. Ai si, u e tâ he de supp essio a ti ulatoi e a t asso i e à la tâ he d’ itu e dans les expériences menées : les participants devaient prononcer à haute voix une séquence phonologique (par ex., bla bla bla, pati pata, ou comptage afi d’e p he l’a ti atio e tuelle des s lla es pho ologi ues des mots à écrire. Les effets syllabiques ont été montrés comme survenant malgré la suppression articulatoire (Kandel, Álvarez, & Vallée, 2006 ; Service & Turpeinen, 2001 ; Weingarten, Nottbusch, & Will, 2004 ; Will, Weingarten, Nottbusch, & Albes, 2000). L’u it s lla i ue i te e a t da s le s st e d’ itu e se ait do u e u it au oi s e pa tie i d pe da te de la pho ologie.

D’aut es travaux o t test plus di e te e t l’e iste e de s lla es o thog aphi ues. Deux études récentes ont utilisé des mots contenant un schwa pour distinguer si les effets syllabiques étaient la o s ue e de l’a ti atio d’u e s lla e pho ologi ue ou o thog aphi ue. La p se e ou o d’u schwa est une spécificité de la langue française qui permet de distinguer la syllabe (phonologique) de l’o thos lla e. En effet, dans les mots contenant un schwa, celui- i ’est pas p o o ais it afi de faire sonner la consonne qui le précède. Or, les travaux de Chetail et Content (2013) ont confirmé que lors de la segmentation de mots écrits, le e est considéré comme noyau vocalique de la syllabe qui le contient. Le schwa a donc comme conséquence de modifier le découpage entre syllabe et orthosyllabe (par ex., [tabl] vs. ta.ble).

Une première étude a comparé le traitement de mots contenant ou non un schwa final (par ex.,

barque, balcon) chez des enfants de CE2 au CM2 (8 à 10 ans) (Kandel et al., 2009). Ceux-ci devaient

opie des ots o pos s d’u e ou deu s lla es pho ologi ues par ex., barque vs bal.con), ou de deux syllabes orthographiques supposées (bar.que vs bal.con). Si les syllabes phonologiques sont

(28)

21 a ti es lo s de la p odu tio ite, les ots a e u s h a e o te a t u’u e seule s lla e devraient entraîner un patron de résultats différents des mots sans schwa (contenant deux syllabes). Les résultats ont montré que, dès le CE2, les enfants présentaient des résultats similaires pour les mots avec et sans schwa, ce qui traduit leur utilisation de syllabes orthographiques pour copier les mots. Cette étude a ainsi confirmé que les effets syllabiques observés en production écrite ne sont pas la o s ue e di e te d’u e o e sio de s lla es pho ologi ues e s lla es o thog aphi ues.

La même situation linguistique a t utilis e da s u e tude hez l’adulte, a e toutefois une méthode différente (Lambert et al., soumis). Le matériel était constitué de mots comportant soit trois syllabes phonologiques (par ex., lavabo), soit deux syllabes phonologiques sans schwa (par ex.,

citron), soit deux syllabes phonologiques et un schwa (final, par ex., culture, ou interne, par ex., samedi. Co e da s l’ tude p de te, l’h poth se tait ue si la p odu tio des ots à l’ it est

diatis e pa l’a ti atio de s lla es pho ologi ues, le t aite e t des ots isyllabiques comportant un schwa – u’il soit fi al ou i te e – de ait s’appa e te au t aite e t des ots bisyllabiques ne comportant pas de schwa. En revanche, si le traiteme t des ots à l’ it i pli ue le traitement de syllabes orthographiques, le traitement des mots bisyllabiques avec un schwa devrait s’appa e te au t aite e t des ots t is lla i ues. Les résultats ont montré des effets plutôt en faveur de la syllabe orthographique, mais différents en fonction de la position du schwa. Ainsi, les mots bisyllabiques avec un schwa interne étaient traités comme des mots trisyllabiques (par ex.,

sa.me.di), résultat qui pouvait être directement mis en lien avec celui de Kandel et al. (2009) mais

aussi avec celui de Chetail et Content (2013) : le s h a à l’ it se ait t ait o e le o au d’u e s lla e, o t a t u e di e ge e de seg e tatio e t e l’o al et l’ it. Les mots bisyllabiques comportant un schwa final ont toutefois donné lieu à des résultats plus mitigés, de sorte que le schwa pourrait ne pas constituer systématiquement un noyau vocalique à part entière. La lettre ep se ta t u s h a à l’ it poss de ait ai si u e aleu g aph i ue ui o stitue ait alo s le o au d’u e s lla e o thog aphi ue ou d’u e de i-syllabe dans le cas des schwa finaux ; voir Lambert et al., soumis). Ces sultats ette t ai si e ide e le fait ue l’u it utilis e lo s de la

(29)

22 production écrite serait une syllabe orthographique différente de la syllabe phonologique. Cela pourrait expli ue pou uoi e tai es tudes po ta t su la s lla e da s la p odu tio ite, ’a a t pas p is e o pte ette disti tio e t e s lla e o thog aphi ue et s lla e pho ologi ue, ’o t pu mettre en évidence des effets syllabiques (Perret, 2007).

Plusieurs éléments plaident en faveur de la syllabe orthographique ; toutefois, devant le manque de données étayant cette hypothèse, le matériel expérimental utilisé dans le cadre de cette thèse était constitué exclusivement de mots pour lesquelles syllabations phonologique et orthographique étaient congruentes.

3.2.2. Syllabe ou redondance orthographique ?

U e seule tude e p i e tale e e aup s de sujets sai s s’est pe h e sp ifi ue e t su la controverse syllabe vs. redondance en production écrite (Kandel et al., 2011). Dans cette étude, les auteurs ont fait copier des mots à des enfants de CE2 et de CM1 (8 et 9 ans) et à des adultes. Dans une condition, la frontière syllabique et le trou bigrammique coïncidaient (par ex., vi.lain, vi et la étant plus fréquents que il) ; dans une autre, le trou bigrammique précédait la frontière syllabique (par ex., vo.leur, vo étant moins fréquent que ol). Les résultats ont montré que les enfants de CE2 utilisaie t les u it s s lla i ues pou p odui e les ots à l’ it, sa s i flue e du t ou ig a i ue. A partir du CM1, les résultats se modifiaient légèrement, de sorte que si la syllabe jouait encore un le ajeu da s le t aite e t des ots à l’ it, la f ue e ig a i ue se lait e t e e jeu au cours de la production. Enfin, chez les adultes, il est apparu que la fréquence bigrammique influençait la production indépendamment de la frontière syllabique. En outre, des effets liés au traitement des syllabes ont été observés lorsque le trou bigrammique précédant la frontière syllabique était de fréquence relativeme t le e, alo s ue l’effet s lla i ue dispa aissait si le t ou bigrammique était de fréquence faible. Autrement dit, lorsque les mots présentent des

(30)

23 enchaînements de lettres relativement fréquents, les mots pourraient être produits selon une segmentation syllabique. En somme, même si les lettres sont regroupées en unités syllabiques au cours de la production écrite, la redondance orthographique joue également un rôle. Les résultats en production écrite sont donc cohérents avec ceux obtenus en lecture (Doignon & Zagar, 2005, 2006).

Cette question de la redondance orthographique lors de la production écrite a été également soule e da s le ad e des t a au a al sa t la p odu tio d’e eu s de patie ts ol s s, présentant des troubles du langage écrit (Ward & Romani, 2000) et de personnes sourdes (Olson & Caramazza, 2004). Ces derniers pourraient se montrer plus sensibles que les entendants à la f ue e de su essio des lett es du fait d’u t ou le du t aite e t pho ologi ue. Da s es deu tudes, les auteu s e isage t l’h poth se de la edo da e o thog aphi ue e sugg a t ue les erreurs de production pourraient être plus nombreuses sur des bigrammes de faible fréquence, qui seraient potentiellement substitués par d’aut es ig a es plus f ue ts. Wa d et Ro a i ont donc calculé la fréquence des bigrammes et trigrammes des mots cibles et des réponses erronées produites par la patiente BA. Ils montrent que ses réponses sont en général composées de bigrammes de plus faible fréquence que celle des bigrammes dans les mots cibles. En outre, Olson et Caramazza (2004) ont montré que lorsque les personnes sourdes produisent des erreurs non phonologiquement plausibles (par ex., melon  melan)1, la fréquence des bigrammes produits est

soit plus faible, soit identique. La fréquence de succession des lettres ne semble donc pouvoir expliquer les erreurs produites par les patients cérébrolésés et les personnes sourdes.

Les résultats actuels concernant le débat entre unité symbolique et redondance orthographique dans la production écrite sont encore trop peu nombreux pour permettre de trancher. Les données sugg e t l’e iste e d’u e u it s lla i ue st u tu a t les ep se tatio s o thog aphi ues, ais l’i po ta e du le de ette u it este à d fi i e ega d des effets de f ue e dist i utio elle.

1 La p odu tio o thog aphi ue d’u ot i le est do e ap s u e fl he (

(31)

24

Dans la présente thèse, lorsque cela était nécessaire, la fréquence bigrammique a été contrôlée afi de s’assu e ue les effets ue ous pou io s o se ve et att i ue au t aite e t des s lla es e puissent être interprétés en termes de fréquence de succession des lettres.

(32)

25

Synthèse du Chapitre 1

La syllabe est une unité linguistique qui a reçu de multiples définitions. Au niveau acoustique, la s lla e peut t e e isag e o e u le de so o it , ’est-à-dire une unité comprenant un segment phonémique proéminent, le plus souvent une voyelle, qui peut être complété avant et ap s pa d’aut es pho es oi s so o es (par ex., Clements, 1990). Au niveau phonologique, la syllabe est considérée comme une représentation hiérarchique organisant la structuration de la parole. Elle est elle-même composée de sous-constituants tels que la rime et une attaque éventuelle. La rime est elle- e o pos e d’u o au et e tuelle e t d’u e oda (par ex., Blevins, 1995). Cependant, de nombreuses questions concernant la définition de la syllabe restent en suspend, et le p o essus de s lla ifi atio o e t e de o eu p o l es, li s à l’ ta lisse ent de principes universels définitoires (Meynadier, 2001).

Au niveau orthog aphi ue, la d fi itio de la s lla e ’est pas oi s o ple e puis u’elle renvoie à la fois la uestio de la atu e de l’u it o e e pho ologi ue ou o thog aphi ue et à l’e iste e e de ette u it , ui pou ait ’ t e ue le eflet de la edondance orthographique. U e tai o e d’ l e ts pe ette t de suppose ue l’u it i te e a t au ou s de la reconnaissance des mots écrits est une unité phonologique (par ex., Álvarez et al., 2004) ; d’aut es travaux démontrent cependant que la structure orthographique des mots influence leur perception (par ex., Prinzmetal et al., 1986 ; Taft, 1979). En ce qui concerne la production écrite, les données dispo i les a tuelle e t o o o e t da a tage l’h poth se d’u e u it o thog aphi ue diff e te de la syllabe phonologique (Kandel et al., 2009).

L’h poth se de la edo da e o thog aphi ue e et e ause l’e se le de es h poth ses, sugg a t ue les effets o se s e so t e au u as le fait du t aite e t d’u e u it s oli ue, mais le reflet du traitement de la fréquence distributionnelle des lettres dans les mots (Seidenberg, 1987). Ces hypothèses trouvent un certain écho dans les études cherchant à dissocier les effets de fréquence de succession des effets syllabiques : dans ces tudes, l’effet de f ue e de su essio joue toujou s u le od ateu de l’effet s lla i ue par ex., Kandel et al., 2011 ; Mathey et al., 2006).

Ainsi, aucun argument apporté à ces débats ne permet actuellement de trancher. Dans notre t a ail de th se, ous ’a o s pas pos la uestio de la atu e de l’u it ; cependant, cette question est importante dans la mesure où elle conditionne le choix du matériel sélectionné pour les études expérimentales portant sur la syllabe. Nous avons donc sélectionné un matériel dont les caractéristiques permettaient de démontrer des effets quelles que soient les hypothèses théoriques sous-jace tes, e si, de ot e poi t de ue, l’h poth se selo la uelle il e iste u e s lla e orthographique spécifique nous semble pertinente.

Da s e hapit e, l’atte tio a t po t e à la atu e et l’e iste e d’u e s lla e o thog aphi ue ; ous ’a o s pas abordé la façon dont cette unité intervient au ou s de la p odu tio ite. L’o jet des chapitres suivants sera donc de décrire, en fonction des points de vue théoriques et des méthodes scientifiques, les éléments précisant l’i pli atio de la s lla e au cours de la production verbale écrite.

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C

HAPITRE

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La syllabe dans la production écrite :

Données neuropsychologiques

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1. Introduction

Les p e ie s t a au o ua t l’utilisatio des s lla es au ou s de la p odu tio ite so t issus des e he hes e eu ops hologie. C’est à t a e s l’ tude des p odu tio s de patie ts cérébrolésés, souffrant de perturbations acquises de la production écrite, appelées dysgraphies (ou d so thog aphies , u’o t ai si t is e lu i e des effets li s à l’a ti atio des st u tu es syllabiques au cours de la production écrite de mots isolés.

Classiquement, les performances des patients dysgraphiques ont été interprétées dans le cadre de modèles cognitifs à deux voies de la production écrite, dont les premières formulations datent des années 80 (Morton, 1980 ; Ellis, 1982 ; Ma goli , . L’a al se des erreurs des patients dans le cadre de ces modèles a permis à la fois de mieux décrire leurs troubles, mais également de fournir des éléments critiques des modèles. Ce chapitre présente dans un premier temps les composants principaux du traditionnel modèle à deux voies que sont les voies lexicale et sous-lexicale, le buffer graphémique, et les systèmes permettant la réalisation graphomotrice. Une partie importante est dédiée à la description du buffer graphémique, composant central dans nos recherches. Les modules de traitement activés en amont des traitements orthographiques ne sont abordés que très brièvement dans la mesure où ils e so t pas au œu de ette th se, peu e t t e o u s à la p odu tio o ale, et so t pou e tai s sp ifi ues à des situatio s de p odu tio ite ui ’o t pas été impliquées dans notre recherche (par ex., la dictée)(McCloskey, Macaruso, & Rapp, 2006). En outre, certaines évolutions récentes des modèles à deux voies sont rapportées, afin de souligner certains points encore débattus du modèle, qui ont été également mis en question dans notre travail.

Une fois le cadre théorique posé, nous décrivons les travaux de neuropsychologie qui ont mis en ide e l’i pli atio de la s lla e au ou s de la p odu tion orthographique. Le cas princeps du patient LB (Caramazza, Miceli, Villa, & Romani, 1987 ; Caramazza & Miceli, 1990 ; Miceli, Silveri, & Caramazza, 1985) est p se t da s u p e ie te ps. E effet, l’ tude des e eu s de e patie t a

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28 pe is de d eloppe l’h poth se selo la uelle les représentations graphémiques seraient structurées en unités et sous-unités dans le buffer graphémique, selon différents niveaux spécifiant chacun une caractéristique de cette chaîne de graphèmes. Parmi ces niveaux de structuration, la syllabe pourrait tenir une place spécifique. Cette hypothèse a été corroborée, mais également infirmée, pa d’aut es tudes de as ui sont également rapportées.

2. Le modèle à deux voies

Le modèle à deux voies identifie plusieurs modules de traitement fonctionnellement distincts et se fonde sur l’h poth se selo la uelle les mots familiers et non familiers sont traités par deux voies différentes : la oie le i ale ou oie di e te, ou p o du e d’ad essage pe et le t aite e t des mots familiers, tandis que la voie sous-lexi ale ou oie i di e te, ou p o du e d’asse lage permet le traitement de mots non familiers, ou de pseudo-mots (Barry, 1994 ; Ellis, 1982 ; Rapp, Epstein, & Tainturier, 2002 ; Tainturier & Rapp, 2002) (voir Figure 2). Le produit issu de ces deux voies de traitement est ensuite stocké temporairement dans une mémoire tampon, le buffer graphémique, qui maintient les représentations orthographiques pendant le temps nécessaire à la programmation et à la réalisation mot i e de la s ue e de lett es, da s le as d’u e e utio ot i e de l’o thog aphe et o d’u e pellatio o ale (Buchwald & Rapp, 2009 ; Caramazza et al., 1987 ; Kay & Hanley, 1994). La programmation motrice comporte elle-même plusieurs niveaux de traitement : le niveau allographique et le niveau des patterns moteurs graphémiques (ou programmes moteurs) (Ellis, 1982, 1988).

Le fonctionnement de chacun de ces composants a pu être observé notamment par la mise en évidence de doubles dissociations. Le principe de la double dissociation consiste à observer chez un patie t u t ou le d’u e fo tio X a e p se atio de la fo tion Y, et chez un autre patient un t ou le de la fo tio Y alo s ue la fo tio X est p se e. L’o se atio de deu disso iatio s

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29 pe et de o fi e l’e iste e d’u odule de t aite e t sp ifi ue pou ha u e de es fonctions, dont le fonctionnement peut être affecté par une lésion cérébrale sans que le fonctionnement des autres composantes ne soit perturbé par cette même lésion.

Figure 2. Architecture fonctionnelle du modèle à deux voies (adapté de Rapp et Tainturier, 2002, et Tainturier, 1997).

Conversion phonèmes / graphèmes Lexique phonologique Système sémantique Lexique orthographique Sélection allographique

Patrons moteurs graphiques

Écriture Entrée parlée

Analyse acoustique/phonologique

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30 Les deux voies de traitement de la production écrite dont il est question dans le modèle décrit ici ont été confirmées par une double dissociation. Ainsi, certains patients montrent des performances p se es pou l’ itu e des ots fa ilie s a e des t ou les de l’ itu e des ots o fa ilie s (dysgraphie phonologique, par ex., Baxter & Warrington, 1985 ; Bub & Kertesz, 1982 ; Goodman-Schulman & Caramazza, 1987 ; Shallice, 1981, pou les as p i eps , alo s ue d’aut es patie ts p se te t des e eu s lo s de l’ itu e des mots familiers tandis que les performances pour l’ itu e des ots o fa ilie s so t p servées (dysgraphie de surface, par ex., Baxter & Warrington, 1987 ; Beauvois & Dérouesné, 1981 ; Behrmann & Bub, 1992 ; Goodman & Caramazza, 1986 ; Goodman-Schulman & Caramazza, 1987 ; Sanders & Caramazza, 1990). Cette double disso iatio a do o fi l’h poth se selo la uelle il e iste u e oie pou le t aite e t des ots familiers et une voie pour le traitement des mots non familiers. Le fonctionnement de ces deux voies est décrit plus précisément ci-dessous.

2.1. Les voies lexicale et sous-lexicale

La oie le i ale a pou fo tio de up e l’i fo atio elati e à la fo e o thog aphi ue des mots familiers dans le lexique orthographique, mémoire à long terme stockant la structure des ots its. Da s le as d’u e p odu tio spo ta e, l’a ti atio des ep se tatio s da s e le i ue s’effe tue ait su la ase de l’i fo atio t a s ise pa le s st e s a ti ue. Da s le as d’u e production sous dictée, la récupération des représentations orthographiques serait consécutive à l’a al se de la séquence acoustique ayant abouti à l’a ti atio de la fo e pho ologi ue du ot da s le le i ue pho ologi ue, puis à l’a ti atio de sa sig ifi atio da s le système sémantique. Dans le as d’u e p odu tio e opie, l’a ti atio de ep se tatio s da s le le i ue o thog aphi ue se ait o s uti e à l’a al se isuelle des t aits puis des lettres du mot, ayant abouti au e ou e e t d’u e ep se tatio g aph i ue a st aite, puis à l’a ti atio de la sig ifi atio de cette représentation graphémique dans le système sémantique. Certaines données empiriques suggèrent cependant que les formes orthographiques puissent être activées dans le lexique

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31 orthographique sans activation préalable de leur signification dans le système sémantique (voie le i ale o s a ti ue , ais di e te e t depuis le le i ue pho ologi ue d’e t e (Patterson, 1986 ; Phillips & Goodall, 1995).

Les mots familiers traités par cette voie lexicale peuvent être des mots réguliers ou irréguliers. Les mots irréguliers sont des mots dont la forme orthographique contient des graphèmes qui ne peuvent être directement déduits de la forme phonologique. Ainsi, le mot second contient deux correspondances phono-graphémiques irrégulières, puisque la transcription la plus fréquente du phonème [g] est g, et non pas c et la transcription la plus fréquente du phonème [ ] est on et non pas ond. La voie lexicale permet do d’a de di e te e t à la forme orthographique de [s ø g ],

qui ne peut être correctement transcrite que si elle a été apprise et stockée en mémoire. En cas de l sio de la oie le i ale, l’ itu e des ots i gulie s est do pe tu e oi ci-dessus les cas de d sg aphie de su fa e . E e a he, l’ itu e des ots gulie s est p se e a elle peut t e effectuée grâce à la voie sous-lexicale, décrite ci-dessous.

La voie sous-le i ale a pou fo tio de pe ett e l’ itu e de ots o fa ilie s, ’est-à-dire de ots do t la fo e o thog aphi ue ’est pas o ue, et do pas sto k e da s le le i ue o thog aphi ue. Il peut s’agi de ots i o us par ex., paroxyton, cricoïdien), ou de pseudo-mots dans le cas de situations expérimentales ou cliniques (par ex., synpaud, lagotomelle). Face à de tels ots, l’a al se isuelle ou a ousti ue du sti ulus o u e au deu oies de t aite e t est effectuée. Cette analyse permet de segmenter la séquence à écrire en unités de taille inférieure au mot (phonèmes, groupes de phonèmes et/ou syllabes, voir Baxter & Warrington, 1987 ; Goodman & Caramazza, 1986 ; Sanders & Caramazza, 1990 ; Zesiger & de Partz, 1991). Dans une deuxième étape, chaque unité phonologique ainsi discrétisée est convertie en unité orthographique, grâce aux connaissances concernant les correspondances phono-graphémiques les plus fréquentes dans la langue et les règles de légalité orthographique (par ex., [g] devant [i] s’ it gu). Enfin, les unités orthographiques ainsi converties sont assemblées.

Figure

Figure  2.  Architecture  fonctionnelle  du  modèle  à  deux  voies  (adapté de Rapp et Tainturier, 2002, et Tainturier, 1997)
Figure 3. Modèle de Competitive Queuing
Figure 5. Modèle de la production écrite d'après van Galen (1991).
Figure 6. Représentation des niveaux de traitement depuis le buffer graphémique jusqu'à la production de la  trajectoire au cours de la production écrite du mot espagnol bala, composé d’une première syllabe fréquente  et d’une deuxième syllabe peu fréquent
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