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Associations entre la tension au travail, la santé mentale, l'empathie chez les infirmières des soins intensifs et la gestion de la douleur

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Associations entre la tension au travail, la santé mentale, l’empathie chez les infirmières des soins intensifs et la gestion de la douleur

Par É m ilie G osselin

Program m e de sciences cliniques

M ém oire présenté à la Faculté de m édecine et des sciences de la santé en vue de l ’obtention du grade de m aître ès sciences (M .Sc.)

en sciences cliniques (sciences infirm ières)

Sherbrooke, Q uébec, C anada (juin, 2013)

M em bres du ju ry d ’évaluation

Patricia B ourgault, inf., Ph.D . É cole des sciences infirm ières A ndréanne Tanguay, inf., Ph.D. É cole des sciences infirm ières

M élanie Lavoie-Trem blay, inf., Ph.D . School o f nursing, M cG ill U niversity

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RÉSUMÉ

Association entre la tension au travail, la santé mentale, l ’empathie chez les infirmières des soins intensifs et la gestion de la douleur

Par É m ilie G osselin

Program m e de sciences cliniques

M ém oire présenté à la Faculté de m édecine et des sciences d e la santé en vue de l ’obtention du diplôm e de m aitre ès sciences (M .S c.) en sciences cliniques, Faculté de m édecine et des sciences d e la santé

Université de Sherbrooke, Sherbrooke, Q uébec, Canada, J 1H 5N 4

P roblém atique : La gestion de la douleur (G D ) aux soins intensifs (SI) est com plexe. Selon

certains auteurs, elle pourrait être influencée par la tension au travail et la santé m entale des infirm ières, ainsi que p a r l’em pathie q u ’elles m anifestent envers leurs patients. Le contexte de travail difficile a fort probablem ent un im pact su r la GD . Les liens entre la tension au travail, la santé m entale, l’empathie et la G D aux SI nécessitent plus d ’approfondissem ent. L ’em pathie et la GD possèdent une dim ension com portem entale perm ettan t d ’observer ces concepts chez les infirm ières. Or, il n ’existe pas d ’outil pour m esurer la G D effectuée par les infirm ières des SI. B ut : L ’objectif principal e st d ’explorer les associations entre la tension au travail, la détresse psychologique, le bien-être psychologique, l’em pathie et la GD dans un contexte de SI. Un second objectif est de développer et valider un outil d ’observation pour l ’évaluation de la G D effectuée par les infirm ières des SI lors d ’une sim ulation clinique standardisée (SC S). M éthode : U n devis d e sc rip tif corrélationnel transversal a été utilisé. Les données ont été am assées à l’aide de com plétion de questionnaires (tension au travail, santé m entale et em pathie) par des infirm ières des SI et de leur observation (em pathie et GD) lors d ’une SCS par des évaluateurs et l ’acteur. P o u r la grille d ’observation de la GD, les étapes d e développem ent d ’instrum ents de m esure ont été suivies. A u total, 26 infirm ières pratiquant dans trois unités de SI d ’un hôpital universitaire ont participé à l’étude. Résultats : U ne des dim ensions de la tension au travail, soit la dem ande psychologique, était associée aux deux sous-échelles de la santé m entale (la détresse psychologique de façon positive et le bien-être psychologique de façon négative). L ’em pathie perçue par l’acteur et par les observateurs est associée positivem ent à la détresse psychologique des infirm ières. D e façon globale, l’em pathie n ’était pas associée à la GD. La grille d ’observation de la do u leu r contient 28 item s se divisant en quatre sous- échelles. L a cohérence interne de l’outil est faible à m oyenne et la fidélité inter-juges est bonne. Les validités de contenu et apparente ont été ju g ée s satisfaisantes. C onclusion : Il serait intéressant d ’étudier plus en profondeur le lien entre la détresse psychologique et l’em pathie qui est peu docum enté dans les écrits. N ous avons aussi dém ontré la pertinence d ’utiliser la SCS dans le cadre de la recherche. L ’outil d ’observation p o u r l’évaluation de la GD chez les infirm ières des SI possède des qualités psychom étriques satisfaisantes. Certaines m odifications pourraient être apportées à l ’outil afin q u ’il soit utilisé pour des études futures.

M ots clés : Tension au travail, Détresse psychologique, B ien-être psychologique, E m pathie, Gestion de la douleur, Sim ulation, Soins intensifs, D éveloppem ent d ’instrum ent de m esure.

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TABLE DES MATIÈRES

INTRODUCTION...7

PREMIER CHAPITRE - PROBLÉMATIQUE... 8

1.1. Contexte de travail...8 1.1.1. Tension au travail... 9 1.1.2. Santé mentale... 10 1.2. Em pathie... 12 1.3. Gestion de la douleur...13 1.4. Sim ulation... 18 1.5. Synthèse de la problématique... 19 1.6. But... 20 1.7. Cadre conceptuel... 20

DEUXIÈME CHAPITRE - RECENSION DES ÉC R ITS... 23

2.1. Méthode de recension des écrits...23

2.2. Tension au travail et santé mentale... 24

2.3. Tension au travail et empathie... 26

2.4. Santé mentale et empathie... 28

2.5. Tension au travail et gestion de la douleur...31

2.6. Santé mentale et gestion de la douleur... 31

2.7. Empathie et gestion de la douleur...31

2.8. Résumé... 34

2.9. Objectifs de recherche... 38

TROISIÈME CHAPITRE - ARTICLES... 39

ARTICLE 1... 40

Development and validation of an observation tool for the assessment of nursing pain management practices in intensive care in a standardized clinical simulation setting...40

ARTICLE 2 ... 65

Association between job strain, mental health, empathy among nurses in intensive care and pain management: A cross-sectional study...65

QUATRIÈME CHAPITRE - DISCUSSION...93

4.1. Discussion...93

(5)

4.2.1. Forces... 98

4.2.2. Limites et biais...99

4.3. Retombées de l’étude... 100

4.3.1. Retombées pour la pratique... 100

4.3.2. Retombées pour la recherche...101

4.3.3. Retombées pour la formation...102

CONCLUSION...103

REMERCIEMENTS...104

RÉFÉRENCES...105

ANNEXE A - Questionnaire de Karasek... 115

ANNEXE B - Échelle de mesure des manifestations de détresse psychologique... 117

ANNEXE C - Échelle de mesure des manifestations de bien-être psychologique...122

ANNEXE D - Échelle de l’empathie de Jefferson...127

ANNEXE E - Perception du patient au sujet de l’empathie de l’infirm ière... 130

ANNEXE F - Échelle de l’empathie de R eynolds...132

ANNEXE G - Grille d’observation de la gestion de la douleur pour les infirmières (GOGDI) 135 ANNEXE H - Questionnaire sociodémographique...137

ANNEXE I - Approbation du comité d’éthique... 139

ANNEXE J - Approbation du comité d’éthique - Ajout au p ro je t... 141

ANNEXE K - Formulaire de consentement... 143

ANNEXE L - Lettre de recrutement...149

ANNEXE M - Formulaire d ’autorisation d ’intégration d’un article en collaboration à un mémoire - Article 1 ...151

ANNEXE N - Formulaire d ’autorisation d ’intégration d’un article en collaboration à un mémoire - Article 2 ...153

ANNEXE O - Preuve de soumission à Pain Management Nursing - ...155

Article 1 ... 155

ANNEXE P - Preuve de soumisson à International Journal o f Nursing Studies —... 157

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LISTE DES TABLEAUX

Mémoire

Tableau 1. Synthèse de la recension des é c r i t s ...34

Article 1

Table 1. C om parison o f pain m anagem ent com ponents according to the lite ra tu re 47 Table 2. Relevant subscales and their com ponents identified for IC U ... 49 Table 3. Psychom etrics qualities o f the N O T P aM : prelim inary v e rs io n ... 55 Table 4. Psychom etric qualities o f the N O T P aM : final v e rs io n ... 55

Article 2

Table 1 Study In stru m e n ts...75 Table 2 A ssociations betw een jo b strain, m ental health, em pathy and p a in m a n a g e m e n t.. 81

(7)

LISTE DES FIGURES

Mémoire

Figure 1. Facteurs im pliqués dans la gestion de la d o u le u r ... 21 Figure 2. Recension des é c rits... 23 Figure 3. R ésum é des résu lta ts...97

Article 1

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LISTE DES ABRÉVIATIONS

EEG Électroencéphalogramme

EEJ Échelle de l’empathie de Jefferson

EMMBEP Échelle de mesure des manifestations de bien-être psychologique EMMDP Échelle de mesure des manifestions de détresse psychologique

GD Gestion de la douleur

GOGDI Grille d’observation de gestion de la douleur pour les infirmières

ICC Intra-Class Correlation

ICU Intensive Care Unit

IRI Interpersonal Reactivity Index

IRMf Imagerie par résonnance magnétique fonctionnelle ISP Index des symptômes psychiatriques

JCQ Job Content Questionnaire

LQWQ-N Leiden Quality o f Work Life Questionnaire fo r Nurses

MBI Maslac Burnout Inventory

MGPQ-SF McGill Pain Questionnaire-Short Form

MOS Medical Outcome Study

MSSS Ministère de la santé et des services sociaux NOTPaM Nursing Observation Tool forPain Management

POMS Profde o f M ood States

SAS Sedation Agitation Scale

sc

Symptom Checklist

scs

Simulation clinique standardisée

SI Soins intensifs

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INTRODUCTION

La pénurie d ’infirm ières se fait de plus en plus sentir dans les m ilieux de soins (B ooth, 2002; D esrosiers, 2008; O ulton 2006). Le m anque d ’effectifs am ène une surcharge de travail chez le personnel infirm ier, ce qui peut faire apparaître certaines problém atiques (Jean, 2005). D ’ailleurs, un indice élevé d e détresse psychologique ainsi q u ’un bas niveau d ’em pathie ont été m esurés chez des infirm ières de soins critiques (L avoie et al., 2010). Le contexte de travail difficile a fort probablem ent un im pact sur la gestion de la douleur (G D ) effectuée par les infirm ières des soins intensifs (SI) (B otti et al., 2004; Lapré et al., 2011). Les liens entre la tension au travail, la santé m entale, l ’em pathie et la G D aux SI nécessitent plus d ’approfondissem ent. D e plus, l’em pathie et la G D possèdent une dim ension com portem entale perm ettant d ’observer ces concepts chez les infirm ières. Or, il n ’existe pas d ’outil pour m esurer la pratique infirm ière en G D aux SI. P our des raisons d ’ordre éthiques et m éthodologiques, il a été choisi d ’observer les infirm ières lors d ’une sim ulation clinique standardisée (SCS) (H arting et al., 2008; M cG illion et al., 2011; Teherani et al., 2008). L ’objectif principal est d ’explorer les associations entre la tension au travail, la détresse psychologique, le bien-être psychologique, l ’em pathie et la G D dans un contexte de SI.. Un objectif secondaire a été fixé, soit de développer et de valider un outil d ’observation pour l’évaluation de la p ratique infirm ière en G D aux SI lors d ’une SCS.

C e m ém oire vise à énoncer les grandes lignes concernant l’étude transversale, descriptive corrélationnelle menée. L a problém atique et la recension des écrits sont exposées. D eux articles soum is pour publication y sont présentés. Le prem ier ayant p o u r titre D evelopm ent

a nd validation o f an observation tool f o r the assessm ent o f pa in m anagem ent by intensive care nurses during a standardized clinical sim ulation a été soum is p o u r publication à la

revue Pain M anagem ent N ursing. Un deuxièm e article s ’intitulant N ursing association

between jo b strain, m ental health, em pathy am ong nurses in intensive care a n d p a in m anagem ent a été proposé à la revue International J o u rn a l o f N ursing Studies. Finalem ent,

une discussion générale perm et d ’intégrer les résultats obtenus dans le cadre de cette étude, d ’en présenter les forces et lim ites, les retom bées et de conclure le m ém oire.

(10)

Le manque d ’effectifs en soins infirm iers est flagrant dans les m ilieux de soins, particulièrem ent dans les unités de soins critiques (D esrosier, 2008). C ertaines problém atiques pourraient apparaitre suite à la surcharge de travail qui en découle. D ’ailleurs, un indice élevé de détresse psychologique ainsi q u ’un bas niveau d ’em pathie ont été mesurés chez des infirm ières pratiquant sur ces unités (Lavoie et al., 2010). Le contexte de travail difficile a certainem ent un im pact sur la q ualité des soins offerts (Lapré et al., 2011). La G D effectuée par les infirm ières en est un indicateur (Schreuders et al., 2012). Or, il est connu q u ’elle est sous optim ale aux SI (C hanques et al., 2006; Gélinas, 2007b). Les liens entre la tension au travail, la santé m entale, l’em pathie et la G D aux SI nécessitent visiblem ent notre attention.

Dans ce prem ier chapitre, la problém atique q u ’est la n écessité d ’approfondir les relations unissant la tension au travail, la santé m entale des infirm ières des SI, l ’em pathie q u ’elles m anifestent et la GD q u ’elles effectuent est détaillée. T o u t d ’abord, les définitions des concepts seront présentées ainsi que leur prévalence. L ’im pact d ’une altération de chacun des concepts est ensuite mis de l ’avant. C om m e l’étude s ’est déroulée dans un contexte de SCS, une justification du choix de cette m éthode de collecte est donnée. Une synthèse perm et de faire ressortir les élém ents clés de la problém atique afin d ’en dégager les objectifs. Finalem ent, les liens entre la présente étude et le cadre conceptuel qui la soutient sont établis.

1.1. Contexte de travail

La pénurie d ’infirm ières est une préoccupation m ondiale im portante (B ooth, 2002; O ulton, 2006). Le m inistère de la santé et des services sociaux du Q uébec (M S S S ) (Jean, 2005) a émis des projections sur la pénurie d ’infirm ières. L ’écart e n tre l ’effectif projeté et l ’effectif requis était de 4500 infirm ières en 2010 et devrait atteindre 17 100 infirm ières en 2020. L ’im pact de la pénurie est déjà visible, notam m ent sur le pourcentage d ’heures supplém entaires travaillées. En 2003-2004, les infirm ières effectuaient en m oyenne 4,4 % de leur tem ps en heures supplém entaires, com parativem ent à la m oyenne historique qui se

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situe autour de 1,7 % (Jean, 2005). Il s ’agit donc d ’une augm entation de 2,7 %. Parallèlem ent, la répartition des infirm ières p a r groupe d ’âge est am enée à changer. Les départs m assifs à la retraite seront com blés par un grand no m b re d ’infirm ières nouvellem ent diplôm ées. En conséquence, il est prévu q u ’en 2020, la proportion de jeu n e s infirm ières sera nettem ent plus élevée q u ’actuellem ent. E n effet, 61 % de l ’effectif sera âgé de moins de 40 ans (Jean, 2005). Particulièrem ent dans les m ilieux d e soins critiques, les infirm ières sont jeunes. D éjà en 2007, 51 % des infirm ières de ces m ilieux com ptaient m oins de cinq années d ’expérience (D esrosiers, 2008). L a pénurie, l ’augm entation du nom bre d ’heures supplém entaires et l’augm entation du nom bre d ’infirm ières peu expérim entées ont sans doute un impact sur la tension au travail et la santé m entale de ces professionnelles de la santé.

1.1.1. Tension au travail

L a tension au travail est un concept qui a été principalem ent développé au début des années 1990 (Johnson et al., 1989; K arasek et T heorell, 1990). Il est très utilisé en santé et sécurité au travail pour évaluer les facteurs pouvant influencer la santé des salariés. L ’environnem ent de travail psychosocial s ’évalue p a r deux grandes dim ensions : la dem ande psychologique et la latitude décisionnelle. L a dem ande psychologique fait référence à la quantité de travail, son intensité et son caractère plus ou m oins m orcelé tel que ressenti par le travailleur. De l’autre côté, la latitude décisionnelle est la m arge de m anœ uvre dont le travailleur dispose p o u r influencer les décisions à prendre dans son travail et les possibilités q u ’elle a de développer ses com pétences. L a tension au travail apparait lorsque l’on observe une haute dem ande psychologique et une faible latitude décisionnelle (Johnson et a i , 1989; K arasek et Theorell, 1990).

U ne étude m enée à travers le Canada a dém ontré que les infirm ières vivent plus de tension au travail que les autres travailleurs en général. Les hôpitaux sont parm i les environnem ents de travail qui les rendent plus à risque. E n effet, environ un tiers (33 % ) des infirm ières pratiquant dans ces établissem ents sont en situation de tension au travail (Shields et W ilkins, 2006). Au Q uébec, 53 % des infirm ières de 24 ans et m oins présentent une dem ande psychologique élevée. D e cette m êm e population, 58 % possèdent une faible

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latitude décisionnelle. En com binant les deux, 29 % des jeu n es infirm ières vivent de la tension au travail (Lavoie-Trem blay et al., 2008). C ette proportion est im portante, d ’autant plus que la m oyenne d ’âge des infirm ières tendra à dim inuer dans les prochaines années (Jean, 2005).

La tension au travail contribue au développem ent de plusieurs problèm es de santé, com m e l’épuisem ent professionnel et la détresse psychologique (C entres de santé et de services sociaux de la vieille capitale, 1997; G uignon et al., 2008; Lavoie-T rem blay et al., 2008; Shields et W ilkins, 2006). D e plus, elle serait associée à une m auvaise santé physique et mentale chez les infirm ières et augm enterait les taux d ’absentéism e au travail (Shields et W ilkins, 2006). Puisque la tension au travail touche une grande partie des infirm ières et a plusieurs effets néfastes sur leur santé, il est donc im portant de s ’attarder à ce concept.

1.1.2. Santé mentale

L a santé m entale d ’une population se m esure à l’aide de deux concepts, soit la détresse psychologique et le bien-être psychologique. Selon M assé et al. (1998b), la détresse psychologique com prend quatre dim ensions : l ’auto-dévalorisation (perte de confiance en soi, sentim ent d ’inutilité, faible estim e de soi et tendance à s ’isoler de son entourage), l’irritabilité et l’agressivité (arrogance et conflits avec l ’entourage), l ’anxiété et la dépression (états de stress) et finalem ent, le désengagem ent social (désintérêt généralisé). Le bien-être com porte six dim ensions soit : l’estim e de soi (le fait de se sen tir en confiance, être apprécié, aimé, utile, fier de soi et de ses réalisations), l’équilibre (la stabilité ém otive mais aussi au niveau des activités professionnelles et fam iliales), l ’engagem ent social (l’intérêt pour son environnem ent, par l’envie de pratiquer des loisirs et d ’entreprendre des activités ainsi que par la présence d ’am bitions), la sociabilité (partager avec l’entourage et ce, avec hum our, jo ie et écoute de l ’autre), le contrôle de soi et des événem ents (affronter de façon constructive et calm em ent les difficultés de la vie) et le bon h eu r (se sentir bien dans sa peau et en form e, profiter de la vie et avoir un bon moral) (M assé et al., 1998c). Bien que fortem ent corrélés (r=-0,65), ces deux concepts ne font pas partie d ’un m êm e continuum . Le bien-être psychologique est différent de l’absence de détresse psychologique et comprend le sentiment de dépassement de soi et de la réalisation de soi dans plusieurs aspects de sa

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vie personnelle et professionnelle (Shanafelt et al., 2005). La santé m entale est donc réellem ent com posée de deux dim ensions distinctes (M assé et al., 1998a).

A u Québec, 43 % des je u n e s infirm ières affirm ent p résen ter un niveau élevé de détresse psychologique (Lavoie-T rem blay et al., 2008). La relève occupant un nom bre grandissant de postes dans les m ilieux de soins critiques, il im porte donc de s’en soucier. D ’ailleurs, la proportion des infirm ières des soins d ’urgence ayant un haut niveau de détresse psychologique atteint 41 % (Lavoie et al., 2010). C es proportions im portantes sont assez préoccupantes puisqu’elles sont environ deux fois plus élevées que celle de la population québécoise (C am irand et N anhou, 2008) et que celle des infirm ières en général (H arrisson

et al., 2002). D ’un autre côté, les infirm ières des services d e soins d ’urgence ont un faible

niveau de bien-être psychologique et un h au t niveau d e détresse psychologique (L avoie et

al., 2010). C om m e les infirm ières d ’urgence pratiquent dans un m ilieu de soins critiques au

même titre que les infirm ières des SI, des résultats com parables sont attendus à ce sujet.

Or, le bien-être et la détresse sont associés à la satisfaction au travail (Siu, 2002). L orsqu’elle est dim inuée, la satisfaction au travail est un prédicateur de problèm es plus importants, com m e l’augm entation du taux d ’absentéism e, l ’épuisem ent professionnel, l ’instabilité des équipes et l ’intention de q u itter la profession (Lu et a i , 2005). D ans un contexte de travail difficile où la rétention du personnel infirm ier est un enjeu, particulièrem ent chez les jeunes infirm ières (B ow les et C andela, 2005) et celles qui pratiquent aux SI (C ronqvist et al., 2004; St-Pierre et a i , 2010), une attention doit être portée sur la santé m entale des équipes. U ne augm entation de la détresse psychologique a aussi été notée en parallèle avec une dim inution de l’em pathie chez les étudiants en m édecine pendant leur résidence (B ellini et al., 2002). Inversem ent, le bien-être psychologique favoriserait l’apparition de l’em pathie chez les résidents en m édecine (Shanafelt et al., 2005). L a santé m entale des professionnels de la santé pourrait par conséquent influencer l’em pathie q u ’ils m anifestent envers leurs patients.

(14)

1.2. Empathie

L ’em pathie est centrale dans la relation entre le soignant et le patient. E lle a grandem ent retenu l’attention des chercheurs en santé depuis plusieurs années. L ’em pathie com prend trois grands dom aines : 1) le dom aine c o g n itif qui est l’habileté à com prendre l’expérience et les sentim ents d ’une autre personne ainsi que la capacité à voir le m onde à partir de la perspective de l’autre; 2) le dom aine affe c tif qui est la capacité à connecter avec les sentim ents de l’autre (Fields et al., 2004; H ojat et al., 2001) et 3) le dom aine com portem ental qui est l ’habileté à transm ettre la com préhension de ces ém otions et perspectives au patient (M orse et al., 1992).

Aux SI, les infirm ières sont am enées à prendre des décisions éthiques difficiles (E lpem et

a i , 2005; H ays et al., 2006) et pratiquent dans un m ilieu technologique, ce qui peut

engendrer une déshum anisation des soins (M cG rath, 2008). Ce contexte de travail pourrait avoir un im pact sur la relation em pathique entre les infirm ières et leurs patients (Lützén et

a i , 2003). U ne étude de Lavoie et al. (2010) a dém ontré que les infirm ières d ’urgence ont

un niveau d ’em pathie relativem ent bas en com paraison à d ’autres professionnels de la santé, com m e les résidents, les infirm ières praticiennes et les intem istes (Hojat et a i , 2002). Une dim inution du niveau d ’em pathie a aussi été notée chez les étudiantes en soins infirm iers selon le nom bre d ’années d ’études (W ard et a i , 2012). C ela laisse supposer que l ’exposition répétée à des patients am ène un déclin de l’em pathie. P a r contre, ce lien dem eure inexpliqué.

L ’em pathie a plusieurs conséquences positives. Tout d ’abord, elle est gage de relations favorables entre le patient et le soignant, favorisant la satisfaction du patient ainsi que l’observance au traitem ent. L a relation em pathique peut soulager le patien t de sa détresse ém otionnelle (Baillie, 1996; W hite, 1997; W isem an, 1996) et dim in u er le nom bre de poursuites pour faute professionnelle (H ojat, 2007). L ’em pathie am éliorerait théoriquem ent l ’évaluation et la G D (Baillie, 1996; C am pbell-Y eo, L atim er et Johnston, 2007; Jackson et

al., 2006; Patiraki-K ourbani et al., 2004), m ais cela n ’a pas été dém ontré lors d ’études

(15)

paradoxale, provoquer une surestim ation de la douleur am enant un traitem ent inapproprié (Tait, 2008). L ’em pathie a son revers. L ’autorégulation ém otionnelle est un concept qui perm et au soignant de séparer ses propres ém otions de celle d ’une autre personne. Selon certains auteurs, un risque de détresse ém otionnelle est présent ch ez le soignant em pathique, particulièrem ent lorsque l’autorégulation ém otionnelle est faible (C am pbell- Yeo et a i , 2007; Decety e t al., 2010; Jackson et al., 2006). Une dim inution de l ’em pathie chez les infirm ières des SI pourrait avoir un im pact non négligeable su r les soins offerts.

Plusieurs échelles sont disponibles pour év alu er les différentes dim ensions de l ’em pathie, soit cognitive, affective et com portem entale (Stepien et B aem stein, 2006; Yu et Kirk, 2009). Il n ’y a aucun outil évaluant ces trois dim ensions, et peu sont disponibles en français. La Jefferson Scale o f P hysician E m pathy (É chelle de l’em pathie de Jefferson) évaluant les dim ensions cognitives et affectives a été retenue dans le cadre de cette étude puisqu’elle a été développée spécifiquem ent pour les travailleurs de la santé (H ojat et al., 2002), validée auprès d ’une population d ’infirm ières (Fields et al., 2004) et traduite en français au Québec (B ourgault et al., 2009a). En ce qui a trait à la dim ension com portem entale, aucun outil francophone n ’a été recensé. Un choix a donc été fait, et parm i les instrum ents disponibles en version anglaise, la Reynolds E m pathy Scale (Échelle de l ’em pathie de Reynolds) a été retenue. C et instrum ent possède plusieurs avantages, soit d ’être spécifique à l ’em pathie, court, sim ple d ’utilisation, facilem ent adaptable au contexte de SI et validé en santé (B arker et R eynolds, 2004; R eynolds, 1994). A fin de com pléter l ’évaluation com portem entale de l’em pathie, la P a tie n t’s Perception o f P hysician E m pathy (Perception du patient à propos de l’em pathie de l’infirm ière) a été rete n u e (K ane et a i , 2007). Elles ont toutes deux été traduites selon la m éthode de traduction inversée (H ébert et

al., 1994) et ont été utilisés p o u r évaluer l ’em pathie com portem entale p a r trois observateurs

lors des SCS tel que décrit plus loin.

1.3. Gestion de la douleur

A u cours des dernières décennies, la recherche sur la douleur a explosé. Or, m algré l ’abondance de données sur l ’im portance du soulagem ent de la douleur, les patients sont

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toujours souffrants (Botti et al., 2004; B ucknall et al., 2001 ; Lapré et al., 2011 ). La G D est un processus continu, qui dem ande à l’infirm ière de d épister et d ’effectuer une évaluation subjective et com portem entale de la douleur de son patient. C ette évaluation lui perm ettra d ’intervenir à l ’aide de traitem ents pharm acologiques et non pharm acologiques, titrés pour un m aximum de soulagem ent et un m inim um d ’effets secondaires. L ’infirm ière revient ensuite au début de la boucle, où elle réévalue la douleur p o u r s ’assurer de l’efficacité du traitement, de l’absence d ’effets secondaires et de la satisfaction du patient (A ssociation des infirm ières et infirm iers autorisés de l ’O ntario, 2007; Herr, C oyne, M anw orren, M cC affery, Merkel, Pelosi-K elly et W ild, 2006; H err, C oyne, M cC affery, M anw orren, & M erkel, 2011). La G D com prend donc sa détection, son évaluation, l ’intervention et sa réévaluation de la douleur (O rdre des infirm ières et infirm iers du Q uébec, 2009).

Plus spécifiquem ent, les résultats d ’une étude qualitative indiquent que les infirm ières des SI utilisent plusieurs indicateurs subjectifs et objectifs p o u r évaluer la douleur de leurs patients. La catégorie subjective de l ’évaluation de la douleur se divise en trois com posantes, soit sensorielle (présence de douleur, localisation, intensité et autres facteurs aggravants), ém otionnelle (anxiété, peur, m ém oire) et cognitive (perception face à la douleur, concentration sur la douleur, com préhension de la douleur). L a catégorie objective comporte deux com posantes, soit com portem entale (expression faciale, m ouvem ents corporels, tension m usculaire, interaction avec le ventilateur m écanique et autres) et physiologique (signes vitaux, diaphorèse et autres) (G élinas et al., 2005). À noter que les param ètres physiologiques sont questionnés, car ils sont non spécifiques à la douleur (Gélinas, 2007a; G élinas et al., 2009).

Particulièrem ent pour les patients intubés, constituant une grande partie de la clientèle hospitalisée aux SI, des recom m andations ont été ém ises en m atière de G D (H err et al., 2006; H err et al., 2011). Tout d ’abord, une tentative doit être faite p o u r obtenir une évaluation auto-rapportée de la douleur. E nsuite, les sources potentielles de douleur ou d ’inconfort doivent être identifiées. Il est nécessaire d ’o b server les com portem ents du patient. Lorsque possible, l ’utilisation d ’o u tils évaluant les com portem ents de douleur est recom m andée. P ar exem ple, la grille d ’observation com portem entale de la douleur (G O D )

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m esure l’expression faciale, les m ouvem ents corporels, l’interaction avec le ventilateur et la tension m usculaire (G élinas et a i , 2005). Il a été dém ontré que l ’im plantation de ces grilles d ’observation augm entent la confiance de l’infirm ière dans son évaluation de la douleur, ainsi que le nom bre d ’évaluations et de réévaluations effectuées (G élinas et a i , 2011; Topolovec-V ranic et al., 2010). M algré les recom m andations (H err et al., 2006; H err et al., 2011), les outils d ’évaluation de la douleur sont très peu utilisés dans la réalité, dû à leur développem ent récent (Celia, 2000; R ose et al., 2012; W att-W atson et al., 2001). D ’ailleurs, une étude réalisée auprès d ’infirm ières de SI note que ces outils ne sont pas disponibles sur les unités pour la m oitié des répondants (R ose et a i , 2012). D e plus, les infirm ières sont m oins enclines à utiliser un outil d ’évaluation de la douleur pour les patients inconscients que pour les patients pouvant com m uniquer (R ose et a i , 2012). Finalem ent, un essai analgésique doit être réalisé dès q u e l’infirm ière ju g e q u ’il est question de douleur (H err et a i , 2006; H err et a i , 2011).

O n peut donc rem arquer, particulièrem ent aux SI que la G D est com plexe. D ’une part, elle est m ultidim ensionnelle, c ’est-à-dire q u ’elle com prend des com posantes sensori- discrim inatives, m otivationnelle-affectives et cognitive-évaluatives. D ’autre part, elle est subjective puisque seulem ent le patient peut ju g e r de sa propre d o u leu r (International

A ssociation f o r the study o f p ain, 2012). Or, d an s le cas d ’une clientèle intubée, les m êm es

dim ensions doivent être évaluées que chez la clientèle apte, m ais chez des patients pouvant difficilem ent l’exprim er en raison de leur état (G élinas et a i , 2005). Plusieurs sources de douleur sont présentes dans les m ilieux de soins critiques, com m e l ’aspiration endotrachéale, les changem ents de positions et les soins de plaies (Puntillo et a i , 2001).

C es élém ents peuvent rendre la G D difficile. E n effet, 66 % des patients hospitalisés dans une unité d e soins aigus ne se souviennent pas que l’infirm ière ait évalué leur douleur. M algré une douleur rapportée de m odérée à sévère, ces p atients n ’ont reçu que 47 % des m édicam ents analgésiques prescrits (W att-W atson et a i , 2000). D e plus, ne étude réalisée auprès de 17 patients hospitalisés aux SI suite à de m ultiples traum atism es a dém ontré que 74 % des patients ont ressentit une douleur m odérée à sévère. Il reste ainsi plus d ’un patient sur trois avec une douleur intense (W hipple e t a i , 1995). D e ces patients souffrants, 65 %

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ont dem andé à l’infirm ière pour recevoir un analgésique. En parallèle, 81 % des infirm ières ont affirm é que leurs patients étaient adéquatem ent soulagés (W hipple e t a i , 1995). Plus récem m ent, il a été dém ontré q u ’en période postopératoire im m édiate, il n ’y a pas de corrélation entre l ’intensité de la douleur docum entée p ar les infirm ières et celle notée par le patient (B ergeron et al., 2011). Ces résultats illustrent bien la disparité entre la perception de la douleur par les patients et l’évaluation qui en est faite p ar les infirm ières.

D e plus, l’intensité de la douleur varie de m odérée à élevée ch ez plus de 50 % des patients hospitalisés dans un milieu de soins critiques (Puntillo, 1990). U ne étude réalisée auprès de 100 patients a dém ontré que l ’incidence de la douleur est de 63 % chez les intubés hospitalisés aux SI. Un peu plus de la m oitié de l’échantillon, soit 36 % ont ressenti une douleur sévère (Chanques et al., 2006). P lus récem m ent, il a été dém ontré que 77 % des patient ayant subi une chirurgie cardiaque ont ressenti de la douleur, dont près de la m oitié de m odérée à sévère (G élinas, 2007b). L a prévalence de la douleur reste donc im portante sur les unités de SI et ce, m algré les avancées en recherche à ce sujet.

Plusieurs barrières peuvent expliquer ce soulagem ent inadéquat. La peur d ’adm inistrer des opiacés due aux m ultiples effets secondaires apparait fréquem m ent dans les écrits

(Am erican Association o f C ritical-C are N urses, 2006; Ead, 2005; Jovey et a i , 2002; Jovey et al., 2003). D e plus, le m anque de connaissances et de tem ps pourraient influencer

négativem ent la GD (A m erican A ssociation o f C ritical-C are N urses, 2006; Patiraki- Kourbani et al., 2004; Tunks, 2003; W ang et T sai, 2010). L ’environnem ent de travail est aussi un élém ent important pour une gestion optim ale d e la douleur (B otti et al., 2004; Lapré et al., 2011). Plus spécifiquem ent aux m ilieux de SI, la douleur n ’est parfois pas considérée com m e une priorité, principalem ent lorsque la m aladie m enace la vie du patient (Botti et al., 2004; Haslam e t al., 2011; M anias et al., 2002; Subram anian et a i , 2012). Finalem ent, les obstacles à la com m unication, telles l ’utilisation d ’agents sédatifs ou la présence d ’un tube endotrachéal, peuvent rendre difficile l ’évaluation subjective de la douleur {Am erican Association o f C ritical-C are N urses, 2006; W ang et T sai, 2010). Or, l ’évaluation de la douleur est un processus in te rac tif entre l ’infirm ière et son patient (W att- W atson, 1998). D es études d ’observation supplém entaires sont nécessaires afin de m ieux

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connaître l’environnem ent com plexe dans lequel les décisions relatives à la G D sont prises (M anias et al., 2002). À notre connaissance, aucun outil n ’est disponible afin d ’évaluer la pratique infirm ière en G D aux SI. Il est toutefois possible d ’élaborer une grille d ’observation à partir des écrits sur la G D aux SI (A ssociation des infirm ières et infirm iers autorisés de l’O ntario, 2007; G élinas et al., 2005; Herr et al., 2006; H err et al., 2011).

À court term e, la douleur non soulagée a plusieurs répercussions sur la récupération du patient. Selon une revue de la littérature scientifique, cette douleur persistante pourrait entraîner une dim inution du som m eil, de l ’appétit et de la m obilité (E ad, 2005). Un soulagem ent sous optim al de la douleur aiguë peut avoir des effets psychologiques sur les patients, com m e le délirium , des troubles d ’anxiété ou encore l ’apparition d ’un stress post- traum atique (Eckm an et Kom an, 2004; M cG hee et al., 2011). E lle augm ente aussi le risque d ’apparition de com plications, com m e une augm entation du tem ps de guérison des plaies (Eckman et K om an, 2004) ou le développem ent de pneum onies nosocom iales (W ong e t al., 2004), ce qui occasionne souvent une prolongation de la durée d ’hospitalisation (Ead, 2005; Gélinas, 2007a). Finalem ent, un m auvais soulagem ent de la d o u leu r en phase postopératoire im m édiat augm ente les taux de m orbidité et de m ortalité (D racup et B ryan- Brown, 1995; Story et al., 2006,). Il a été dém ontré à m aintes reprises q u ’à long term e, la persistance d ’une douleur aiguë mal soulagée peut m ener à l ’apparition d ’une douleur chronique (Ead, 2005; Jovey et al., 2002; Jo v ey et al., 2003; W oolf et Salter, 2000). L a prévalence de la douleur chronique au Q uébec en 2006 était de 20 % chez les hom m es et 24 % chez les fem m es (Agence d ’évaluation des technologies et des m odes d ’interventions en santé, 2006). C om binés, les coûts directs et indirects associés à la douleur chronique ont été estim és à 125 m illiards de dollars par année aux É tats-U nis (T urk et O kifuji, 1998). À elle seule, la douleur chronique occasionne des coûts plus élevés que le cancer, les m aladies cardio-vasculaires et le diabète com binés (P izzo et N oreen, 2012). Il e st donc im portant d ’agir rapidem ent sur la douleur aiguë, afin de prévenir l ’apparition de la douleur chronique.

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1.4. Simulation

Pour faire une évaluation com plète de l’em pathie et de la G D , il est im portant d ’en m esurer toutes les dim ensions. C om m e nom m é précédem m ent, ces deux concepts possèdent une dim ension com portem entale. L eur évaluation est donc possible p ar un observateur. C ependant, l'observation de l’em pathie et de la G D dans un contexte clinique réel posent de nom breux défis, principalem ent au niveau éthique et m éthodologique. L a clientèle visée dans le cadre de l’étude correspond à celle hospitalisée sur les unités de SI, qui est principalem ent constituée de patients intubés et sem i-conscients dont l ’état de santé est précaire. Or, bien q u ’il soit possible d ’obtenir le consentem ent libre et éclairé de tels patients ou de leur fam ille, ceux-ci vivent déjà un épisode de soins critiques angoissant. D ’un point de vue m éthodologique, l’observation de l’em pathie et de la G D dans un contexte clinique réel rend difficile le contrôle de plusieurs variables confondantes. Par exem ple, l'âge et le sexe du patient, le type de douleur et l’histoire du patient sont des variables qui pourraient influencer les résultats en lien avec ces concepts (H ojat et al., 2002; Glynn et A hem , 2000; M anias et al,, 2002; 2005; W ilson, 2008). A insi, il y aurait un risque de biais de confusion. L a SCS perm et de standardiser les observations et de noter les com portem ents de différentes infirm ières en réaction à la m êm e situation. D e plus, une telle m éthode de collecte de données nécessite des périodes d’observation m ultiples sur différentes unités de SI. Pour des raisons de faisabilité, il était préférable de restreindre dans le temps et l’espace nos observations. C es concepts seront par conséquent étudiés lors d ’une SCS.

C ette m éthode novatrice perm et de surm onter les difficultés éthiques et m éthodologiques présentes lors de l ’observation dans les m ilieux naturels. La SC S est largem ent utilisée dans le dom aine de la santé pour évaluer des concepts nécessitant une relation entre le soignant e t le patient (A rundell et C ioffi, 2005; D ow , 2012a; M avis et al., 2002). En effet, il a été dém ontré que cette m éthode est adéquate p o u r m esurer l ’em pathie ch ez les apprenants (Teherani et al., 2008). Il en va de m êm e p o u r la G D (H arting et al., 2008; M cG illion et a i , 2011). Les patients standardisés ayant reçu une form ation adéquate peuvent reproduire un scénario avec un haut niveau de précision et de réalism e (D ow , 2012a; E rby et a i , 2011).

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D es com portem ents suscitant l’em pathie et dem andant une réaction face à la douleur peuvent être prédéterm inés. Un niveau d ’uniform ité est m aintenu p ar le m êm e acteur sur plusieurs sessions (Erby et al., 2011). Cette uniform ité est im portante dan s le cadre d ’un projet de recherche, puisque le patient sim ulé devra être consistant pour ch aq u e participant afin d ’éviter d ’entraîner un biais. P our ces raisons, la SCS s ’avère une m éthode de collecte de données optim ale pour observer l’em pathie et la pratique infirm ière en G D aux SI. Rappelons q u ’aucun instrum ent n ’est disponible pour o b serv er la gestion de la douleur auprès d ’infirm ières de SI dans un contexte de sim ulation. U n instrum ent a donc dû être développé à cette fin dans le cadre de cette étude.

1.5. Synthèse de la problématique

L a pénurie d ’infirm ières im pose de faire de nom breuses heu res supplém entaires. Avec les départs m assifs à la retraite, les équipes seront com posées de plusieurs infirm ières peu expérim entées. A ux SI, elles ont des décisions éthiques difficiles à prendre et travaillent dans des m ilieux technologiques, ce qui am ène une certaine déshum anisation des soins. C es conditions de travail ont certainem ent un im pact sur les infirm ières et sur la qualité des soins qu’elles prodiguent.

D u côté des infirm ières de soins critiques, une grande proportion d ’entre elles vivent de la tension au travail. Un niveau de détresse psychologique élevé, ainsi q u ’un faible niveau d ’em pathie ont été observés chez ces infirm ières. D e plus, la GD dans ces m ilieux est encore sous optim ale. Les relations entre ces concepts n ’ont pas été évaluées aux SI. Pour des raisons éthiques et m éthodologiques, la collecte de données ne peut se faire en contexte naturel, la SCS est une avenue retenue pour l’étude de ces concepts. A ucun instrum ent n ’est disponible pour évaluer la pratique infirm ière en G D aux SI dans un tel contexte. U ne grille d ’observation a donc dû être développée afin de p o u v o ir com parer la G D effectuée p a r les infirm ières dans le cadre d e cette étude.

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1.6. But

L ’objectif principal de l’étude est d ’explorer les associations entre la tension au travail, la détresse psychologique, le bien-être psychologique, l’em pathie et la G D dans un contexte de SI.

C onsidérant l’absence d ’instrum ents de m esure disponibles po u r m esurer la G D , un second objectif a été fixé, soit de développer et de valider un outil d ’observation p o u r l ’évaluation de la pratique infirm ière en G D aux SI lors d ’une SC S et d ’en évaluer les qualités psychom étriques prélim inaires.

1.7. Cadre conceptuel

Le cadre conceptuel qui soutient l ’étude a été élaboré par P atiraki-K ourbani et al. en 2004. Il a été choisi p u isq u ’il perm et de m ettre en relation plusieurs concepts à l’étude. C e cadre a été développé lors d ’une étude qualitative réalisée auprès de 46 infirm ières grecques. Les tém oignages recueillis à l’aide de questions ouvertes portent sur leurs expériences personnelles et professionnelles avec la douleur.

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Figure 1. Facteurs im pliqués dans la gestion de la douleur

F o rm atio n s u r la gestion d e la d o u leu r

C onnaissances

E xpériences / / / { th éo riq u es h E xpériences

p ersonnelles avec la / J I JX L Expériences p ro fessio n n elles avec d o u leur \ \ M ( Personnef A Profession- y

\ v k les U neües / / , la d o u leu r

Empathie Caractéristiques du patient

Gestion efficace de la douleur

Traductionïïbre de Paliraki-KDurbani ef ai. (2004)

Tirée et adaptée de Patiraki-K ourbani Patiraki-K ourbani E, T afas CA, D illon M cD onald D, Papathanassoglou ED E, K atsaragasis S, L em onidou C (2004) Personal and professional pain experiences and pain m anagem ent know ledge am ong G reek nurses. International

Journal o f N ursing Studies, 41(4): 345-354.

En référence à cette figure, il est ici énoncé que la form ation sur la G D s ’associe aux expériences personnelles et professionnelles avec la douleur pour form er un ensem ble de connaissances théoriques et d ’expériences. Ce regroupem ent de savoirs sera m odulé par les caractéristiques du patient et de l’infirm ière, ainsi que par l’em pathie, p o u r produire une G D efficace.

B ien que les infirm ières des SI ont niveau de connaissances en m atière d e G D supérieur aux infirm ières d ’autres unités de soins (N aser e t al., 2005), il est toujours considéré faible (W ang et Tsai, 2010). Ce m anque de connaissances est nom m é com m e un obstacle à la gestion de la douleur par ces professionnelles d e la santé (W ang et Tsai, 2010). A ux SI, il a

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été démontré que la form ation perm et d ’am éliorer les connaissances et les com pétences des infirm ières en lien avec la G D (Erkes et a l , 2001; M cN am ara et al., 2012; W ang et Tsai, 2010). Cet ensem ble de connaissances est tout de m êm e influencé par l’expérience clinique et le niveau de form ation des infirm ières (E rkes et a i , 2001; W ang et Tsai, 2010). C ela implique donc que les expériences personnelles et professionnelles ont un impact sur l’ensem ble de connaissances théoriques et d ’expériences soutenant une G D efficace aux SI.

O r, malgré les nom breuses form ations offertes aux SI, la G D est toujours sous-optim ale dans ces m ilieux (Chanques et al., 2006; G élinas, 2007b; Puntillo, 1990; W hipple et a/., 1995). Cela laisse supposer que la m odulation de ces connaissances théoriques perturbe l’apparition d ’une GD adéquate. A ce niveau, les relations entre les concepts im pliqués, ainsi que leur rôle dans la G D aux SI n ’ont été que très peu explorées. D ’un autre côté, les patients hospitalisés aux SI possèdent plusieurs caractéristiques spécifiques, notam m ent un état de santé critique ainsi que différentes sources de douleur et obstacles à la com m unication. (Haslam et a l , 2011; Puntillo et al., 2001; Subram anian et al., 2012; W ang et Tsai, 2010). C es caractéristiques des patients ont déjà été notées com m e des barrières au soulagem ent de la douleur aux SI. D ans les m ilieux de soins critiques, les infirm ières présentent certaines caractéristiques particulières, entre autres une grande proportion d ’entre elles vivent de la tension au travail et présentent un haut niveau de détresse psychologique (Lavoie et a l , 2010; L avoie-T rem blay e t a l , 2008; Shields et W ilkins, 2006). Par ailleurs, un faible niveau d ’em pathie a été observé chez les infirm ières d ’urgence (Lavoie et a l , 2010). L ’im pact de certaines caractéristiques des infirm ières et du niveau d ’em pathie q u ’elles présentent sur la G D effectuée aux SI est m éconnu.

D ans la présente étude, les associations entre certaines caractéristiques de l ’infirm ière, soit la tension au travail et la santé m entale de l’infirm ière, l’em pathie et la G D ont été étudiées. Les caractéristiques du patient ont été contrôlées à l’aide de la SCS.

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DEUXIEME CHAPITRE - RECENSION DES ECRITS

La recension des écrits traite des principaux concepts découlant de la problém atique, soit les associations entre la tension au travail, la santé m entale, l’em pathie et la G D chez les infirm ières pratiquant sur des unités de SI. Les paragraphes qui suivent présentent la m éthode de recension des écrits ainsi que les résultats de recherches en lien avec les quatre concepts centraux de la présente étude. Le chapitre se conclue p a r un résum é des élém ents clés.

2.1. Méthode de recension des écrits

L a recherche d ’article a été effectuée dans les banques de données C IN A H L et M edline. La Figure 2 présente les différents m ots clés utilisés, ainsi que le nom bre de résultats obtenus pour chacun des concepts.

Figure 2. R ecension des écrits

9150 résultats 4111 résultats Tension au travail Job Strain Workload Santé m entale Psychological Stress Psychological Distress Psychological Well- Being Empathie E m pathy 4063 résultats Gestion de la ] douleur ; Pain m a n a g em en t Pain 108 364 résultats

Puisque plusieurs résultats apparaissaient, les term es ont été ju m elés deux par deux et la recherche a été précisée à la population cible, à l ’aide des m ots N u rse , N ursing Staff,

Intensive Care et C ritical Care. Les critères de décisions ayant perm is de sélectionner des

articles ont été établis. Tout d ’abord, la pertinence en lien avec le sujet d ’étude a perm is d ’élim iner une grande quantité d ’articles. E nsuite, le type d ’article et de docum entation a

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perm is de restreindre les résultats de la recherche. Finalem ent, seulem ent les articles disponibles en français ou en anglais ont été retenus. Le tableau 1 résum e les principaux écrits analysé dans le cadre du m ém oire.

2.2. Tension au travail et santé mentale

L ’environnem ent de travail difficile a certainem ent un im pact sur la santé m entale des infirm ières qui pratiquent sur les unités de SI. Lorsque la tension au travail est associée avec la santé m entale, deux résultats sont obtenus.

Prem ièrem ent, l’étude de L avoie-T rem blay et al. (2008) avait pour but d ’exam iner les dim ensions de l ’environnem ent de travail psychosocial qui influencent la santé des jeunes infirm ières à l’aide d ’un devis descriptif corrélationnel. P a r envoi postal, 1002 jeunes infirm ières francophones québécoises ont été invitées à com pléter la traduction française du questionnaire de Karasek, Job C ontent Q uestionnaire (JC Q ) (K arasek e t al., 1998), pour évaluer les deux dim ensions de l ’environnem ent de travail psychosocial ainsi que l ’Index de sym ptôm es psychiatriques (ISP) pour m esurer le niveau de détresse psychologique. Le taux de réponse a été de 32 % pour un échantillon final de 309 participants. D es corrélations ont été calculées entre la détresse psychologique et les sous-échelles de la tension au travail. Elles sont de 0,32 (p<0,01) avec la dem ande psychologique et -0,13 (p<0,05) avec la latitude décisionnelle.

C ette étude est récente et a été effectuée au Q uébec, ce qui reflète la réalité p o u r les jeunes infirm ières de la province qui pratiquent actuellem ent. De plus, les instrum ents de m esure utilisés sont fidèles et valides. Par contre, le taux de réponse est bas (32 %), ce qui stipule que l’échantillon puisse différer de la population cible. Finalem ent, bien que les corrélations dém ontrées soient statistiquem ent significatives, elles sont faibles. Cette étude nous piste néanm oins sur le vécu au travail de ces recrues, qui peut se répercuter sur leur santé mentale. Les auteurs recom m andent d ’ailleurs que les gestionnaires de soins infirm iers puissent offrir à la nouvelle génération, dès le début de leur carrière, du soutien ainsi q u ’un environnem ent de travail favorisant le développem ent d ’un sentim ent d ’appartenance afin d e favoriser la rétention du personnel.

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D euxièm em ent, une étude transversale a évalué l’im pact des caractéristiques de travail et des conditions organisationnelles sur la santé m entale des infirm ières (Pisanti et al., 2011). L ’échantillon est com posé de 1482 infirm ières provenant de quatre centres universitaires européens. L es auteurs ont recueilli des données sur les conditions de travail à l ’aide du

Leiden Q uality o f W ork Life Q uestionnaire f o r N urses (L Q W Q -N ). Cet instrum ent m esure

les deux dim ensions de la tension au travail, soit la dem ande psychologique et la latitude décisionnelle. Les conséquences du bien-être et de la détresse psychologique ont été évaluées à l ’aide de trois indicateurs : la satisfaction au travail (LQ W Q -N ), le niveau de burnout (M aslac Burnout Inventory (M BI)) et la présence de sym ptôm es psychosom atiques

(Sym ptom Checklist (SC)). D es liens ont été m is en évidence grâce à des analyses de

régression. Tout d ’abord, une plus grande d em ande psychologique et une m oins grande latitude décisionnelle sont associées avec une m oins grande satisfaction au travail, une plus grande fatigue ém otionnelle et plus de plaintes psychosom atiques. Il ressort égalem ent que le m anque de personnel peut avoir un effet n é g a tif sur le bien-être des infirm ières, surtout dans un environnem ent en m anque de ressources et ayant une grande dem ande psychologique. Les auteurs concluent que la dem ande psychologique et la latitude décisionnelle sont des prédicateurs de bien-être ou de détresse psychologique.

D ans cette étude, la taille de l ’échantillon est im portante, ce qui en augm ente la puissance. D e plus, le taux de réponse de 64 % est acceptable dans le cad re d ’une étude clinique. Par contre, dû au choix du devis, il n ’est pas possible de co n firm er un lien causal entre les conditions de travail des infirm ières et leur santé m entale. Les caractéristiques des non- répondants n ’ont pas été notées. L a com paraison entre les participants et les non-répondants est donc im possible. On retient cependant le lien unissant la tension au travail à la santé m entale des infirm ières observé p a r les auteurs.

En résum é, le contexte de travail difficile sem ble avoir un im pact n é g a tif sur la santé m entale des infirm ières. En effet, une forte d em ande psychologique, associée avec une faible latitude décisionnelle dim inuent le bien-être et augm entent la détresse psychologique chez les jeunes infirm ières, ainsi que chez des infirm ières d ’expérience pratiquant dans de

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grands centres hospitaliers universitaires. Il sera donc intéressant de confirm er la présence de cette association chez les infirm ières des SI.

2.3. Tension au travail et empathie

L ’em pathie est un concept qui nécessite la création d ’une relation entre l’infirm ière et le patient (C am pbell-Y eo et al., 2007). Or, la tension au travail pourrait altérer l ’apparition de l ’em pathie. L orsque ces deux concepts sont reliés dans les m oteurs de recherche, six résultats apparaissent. D e ce nom bre, une étude n ’était pas disponible dans les langues connues, deux publications n ’étaient pas des articles scientifiques et un article traitait de com passion et non d ’em pathie. D eux études sont donc présentées.

En prem ier lieu, B aillie (1996) a réalisé une étude qualitative phénom énologique pour com prendre la nature de l ’em pathie telle que perçue par les infirm ières pratiquant sur une unité de chirurgie générale au R oyaum e-U ni. D es entrevues sem i-dirigées ont été m enées avec neuf infirm ières de chirurgie, m ajoritairem ent des fem m es de différents groupes d ’âge. Il a ém ergé de l ’analyse effectuée à l’aide de la m éthode de C olaizzi q u e : 1) le développem ent de l ’em pathie nécessite de l’expérience 2) l’attitude em pathique aide à com prendre les besoins physiologiques des patients, com m e la présence de douleur et que 3) certaines problém atiques dans l’environnem ent, par exem ple la surcharge de travail et le stress, peuvent toutefois dim inuer l’em pathie chez les infirm ières.

C ette étude est intéressante puisqu’elle représente un prem ier pas vers la com préhension de la nature de l’em pathie d ’un point de vue d es infirm ières de soins aigus. Les résultats ont été vérifiés auprès des participants, ce qui appuie la crédibilité de l ’étude. P ar contre, la triangulation des données n ’a pas été effectuée, ce qui risque de biaiser les résultats. D e plus, dû au devis phénom énologique utilisé, les conclusions ne sont pas généralisables à une plus grande population. Le contexte de chirurgie se rapproche toutefois de celui des unités de SI, ce qui perm et tout de m êm e une certaine transférabilité. C ette étude fait ressortir l’im pact de la tension au travail sur l ’em pathie m anifestée par les infirm ières, ainsi que l’im portance d e l’em pathie pour une G D optim ale.

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En second lieu, T eng et al. (2010) ont exam iné l ’influence des contraintes de tem ps chez les infirm ières su r la qualité des soins perçue p a r les patients. Un devis transversal a été utilisé. Au total, 229 groupes infirm ières-patients ont été recrutés dans un centre médical à Taiw an. Chaque groupe com prenait une infirm ière et trois patients sous ses soins. La grille de Putrevu et R atchford com plétée par les infirm ières évalue les contraintes de tem ps telles que perçues par les répondants. Le concept de contraintes de tem ps fait référence à la perception q u ’ont les infirm ières de ne pas avoir suffisam m ent de tem ps pour com pléter les tâches qui leur sont allouées. Un parallèle p eut être fait avec la dem ande psychologique, où l’on discute de quantité de travail. D e leur côté, les patients ont rem pli le questionnaire sur la qualité des soins, SER V Q U A L, com prenant une section su r l ’em pathie. Les auteurs n ’ont pas noté d ’association entre les contraintes de tem ps et l’em pathie (r= 0,06, p=0,13).

La m éthode de collecte de données utilisée éta it intéressante, puisque les réponses des infirm ières et des patients étaient com parées. L e taux de réponse de 89 % est largem ent satisfaisant. Les instrum ents de m esure u tilisés possèdent de bonnes qualités psychom étriques. C ependant, les patients des unités de SI ont été exclus, pu isq u ’ils ne pouvaient répondre au questionnaire. Seules les infirm ières travaillant à tem ps plein de jo u r ont été retenues pour participer, ce qui ne reflète pas nécessairem ent la réalité de toutes les infirm ières. L ’em pathie des infirm ières n ’a été évaluée que p a r les patients. Il aurait été intéressant d ’avoir le point de vue des infirm ières à ce propos. D e plus, l ’étude a été réalisée en Chine. Les différences culturelles lim ites la généralisation des résultats dans le contexte de soins québécois. L ’étude de l’em pathie dans la relation infirm ière-patient dem eure fort intéressante.

En conclusion, il n ’y a pas de consensus dans les écrits en ce qui a trait à l’association entre la tension au travail et l’em pathie. D es infirm ières de soins aigus affirm ent que la surcharge de travail et le stress peuvent influencer négativem ent l’em pathie q u ’elles m anifestent envers leurs patients. D ’un autre côté, une étude quantitative n ’a pas dém ontré de lien entre ces deux concepts. N éanm oins, cette relation nécessite un approfondissem ent, d ’autant plus q u ’elle n ’a pas été étudiée sur les unités de soins critiques.

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2.4. Santé mentale et empathie

Il peut être difficile pour une infirm ière d ’être em pathique lorsque sa santé m entale est altérée. En jum elant la santé m entale à l ’em pathie, cinq résultats apparaissent. Les auteurs d ’un article discutent de la détresse des patients en lien avec l ’em pathie m anifestée par les infirm ières (O ison, 1995), et une autre publication traite d e la détresse m orale des infirm ières (C ronqvist et a i , 2007). C es deux articles n ’ont pas été retenus po u r la présente étude, car ils étaient trop éloignés des concepts à l’étude. P ar conséquent, trois articles sont présentés.

Prem ièrem ent, Shanafelt et al. (2005) ont m ené une étude perm ettant d ’explorer la relation entre le bien-être et l ’em pathie chez les résidents en m édecine interne. C om m e ces professionnels de la santé pratiquent dans les m ilieux de SI, l ’article a été retenu. Un devis transversal a perm is d ’am asser des données auprès de 83 résidents. C es derniers ont com plété des questionnaires auto-adm inistrés portant sur le bien-être (M ed ica l Outcome

Study (MOS) 8-item Short F orm ) et sur l’em pathie (Interpersonal R eactivity In d ex (IRI)).

L es résultats dém ontrent que seulem ent 23 % des résidents o n t un bien-être psychologique élevé et 39 % un bien-être physique élevé. Les hom m es sem blent avoir une proportion de bien-être psychologique supérieure aux fem m es (29 % vs 8 %, p=0,05). C es résultats supportent le parallèle suivant : il im porte de s ’intéresser au bien-être dans une population d ’infirm ières, pu isq u ’elle est m ajoritairem ent com posée de fem m es. Le niveau d ’em pathie de l’échantillon est com parable à celui trouvé chez d ’autres résidents de m édecine interne. D e plus, les résidents ayant un bien-être psychologique plus élevé ont un niveau d ’em pathie cognitive plus élevé (hom m es : 26,5 vs 20,2, p= 0,02; fem m es : 20,2 vs 18,5, p=0,05), ce qui suggère une association positive entre ces deux concepts.

L e taux de réponse de 50 % est satisfaisant, par contre les caractéristiques des non- répondants ne sont pas docum entées. Il y a donc un risque de biais de sélection en faveur de l ’em pathie. Les données ont été collectées à la fin de l ’année scolaire, où les résidents sont enthousiastes à l ’idée de term iner leurs études, ce qui peut affecter la validité externe. Un lien causal entre le bien-être ressenti par les résidents en m édecine interne et l ’em pathie ne peut pas être établi conséquem m ent au type d ’étude choisi. L e fait d ’év alu er l’em pathie

Figure

Figure  1.  Facteurs  im pliqués dans  la gestion de  la douleur
Figure 2.  R ecension des écrits
Tableau  1.  Synthèse de la recension des écrits
Table 1. Comparison of pain management components according to the literature Indicateurs de la douleur
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Références

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