• Aucun résultat trouvé

Il peut être difficile pour une infirm ière d ’être em pathique lorsque sa santé m entale est altérée. En jum elant la santé m entale à l ’em pathie, cinq résultats apparaissent. Les auteurs d ’un article discutent de la détresse des patients en lien avec l ’em pathie m anifestée par les infirm ières (O ison, 1995), et une autre publication traite d e la détresse m orale des infirm ières (C ronqvist et a i , 2007). C es deux articles n ’ont pas été retenus po u r la présente étude, car ils étaient trop éloignés des concepts à l’étude. P ar conséquent, trois articles sont présentés.

Prem ièrem ent, Shanafelt et al. (2005) ont m ené une étude perm ettant d ’explorer la relation entre le bien-être et l ’em pathie chez les résidents en m édecine interne. C om m e ces professionnels de la santé pratiquent dans les m ilieux de SI, l ’article a été retenu. Un devis transversal a perm is d ’am asser des données auprès de 83 résidents. C es derniers ont com plété des questionnaires auto-adm inistrés portant sur le bien-être (M ed ica l Outcome

Study (MOS) 8-item Short F orm ) et sur l’em pathie (Interpersonal R eactivity In d ex (IRI)).

L es résultats dém ontrent que seulem ent 23 % des résidents o n t un bien-être psychologique élevé et 39 % un bien-être physique élevé. Les hom m es sem blent avoir une proportion de bien-être psychologique supérieure aux fem m es (29 % vs 8 %, p=0,05). C es résultats supportent le parallèle suivant : il im porte de s ’intéresser au bien-être dans une population d ’infirm ières, pu isq u ’elle est m ajoritairem ent com posée de fem m es. Le niveau d ’em pathie de l’échantillon est com parable à celui trouvé chez d ’autres résidents de m édecine interne. D e plus, les résidents ayant un bien-être psychologique plus élevé ont un niveau d ’em pathie cognitive plus élevé (hom m es : 26,5 vs 20,2, p= 0,02; fem m es : 20,2 vs 18,5, p=0,05), ce qui suggère une association positive entre ces deux concepts.

L e taux de réponse de 50 % est satisfaisant, par contre les caractéristiques des non- répondants ne sont pas docum entées. Il y a donc un risque de biais de sélection en faveur de l ’em pathie. Les données ont été collectées à la fin de l ’année scolaire, où les résidents sont enthousiastes à l ’idée de term iner leurs études, ce qui peut affecter la validité externe. Un lien causal entre le bien-être ressenti par les résidents en m édecine interne et l ’em pathie ne peut pas être établi conséquem m ent au type d ’étude choisi. L e fait d ’év alu er l’em pathie

seulem ent à l’aide d ’un questionnaire auto-adm inistré ne p erm et pas de m esurer toute les dim ensions de ce concept. Cette m éthode de collecte de données de l’em pathie peut aussi am ener un biais de désirabilité sociale. A ussi, l ’IRI est un questionnaire fidèle et valide fréquem m ent utilisé pour m esurer l’em pathie chez l’adulte. P ar contre, il n ’a pas été spécifiquem ent développé pour évaluer l’attitude em pathique d ’une infirm ière envers son patient (Hojat et al., 2005). N ous retenons néanm oins q u ’il y a un lien entre le bien-être psychologique et l ’empathie.

D euxièm em ent, une étude de cohorte a exam iné les m odèles d ’h um eur et les variations dans l’empathie chez les résidents en m édecine interne au co u rs de leur prem ière année d ’intem at (Bellini et al., 2002). L a collecte de données a été effectuée en quatre tem ps. Le

P rofile o f M ood States (POM S) a perm is d ’évaluer l ’hum eur. C et instrum ent possède des

sous-échelles com parables à celles des définitions du bien-être et de la détresse psychologique, ce qui justifie sa pertinence p o u r la présente étude. A ussi, au tem ps un et quatre, les résidents ont com plété l ’IRI afin de m esurer le niveau d ’em pathie. A u début de leur internat, les résidents ont m oins de tension, de détresse personnelle, de dépression, de frustration et de fatigue, ainsi que plus de vigueur que les étudiants m oyens ou les adultes en général. Aussi, les résidents ont un niveau d ’em pathie élevé par rapport à ces m êm es populations. Entre le début et la fin de leurs études, une augm entation de la détresse personnelle (p<0,001), de la dépression (p<0,001), des frustrations (p<0,001) et de la fatigue (p<0,001), ainsi qu’une dim inution de la vigueur (p< 0,001) chez les participants sont apparues. Parallèlem ent, une dim inution de l’em pathie a été notée (p=0,005). Ces résultats suggèrent que l’hum eur des résidents est variable en fonction du stress vécu, et q u ’elle est reliée avec l’em pathie auto-rapportée.

L es taux de réponse varient de 72 à 98 %, ce qui est excellent. L es instrum ents de m esure utilisés sont fidèles et valides. L ’étude a été réalisée dans un grand centre hospitalier tertiaire. La reproduction de l ’étude dans un plus petit centre régional pourraient m ener à des résultats différents. D e plus, un biais de m aturation risque d ’être présent dû à la collecte de données qui s ’est étalée sur une période d ’un an. C ette étude fait tout de m êm e ressortir un lien entre l’augm entation de la détresse psychologique et u n e dim inution d e l ’em pathie.

Enfin, une étude avait pour but de décrire la détresse psychologique et l’em pathie chez les infirm ières d ’urgence à l’aide d ’un devis transversal, d escriptif corrélationnel (B ourgault et

al., 2009a; Lavoie et al., 2010). Les questionnaires auto-adm inistrés étaient l ’Échelle de

m esure des m anifestations de bien-être psychologique (E M M B E P), l’É chelle de m esure des m anifestations de détresse psychologique (E M M D P ) et l’É chelle de l ’em pathie de Jefferson (EEJ). Ces instrum ents ont été répondus par 30 infirm ières d ’urgence. Les résultats suggèrent une association positive entre le bien-être psychologique et l ’em pathie (r = 0,35, p<0,05). À l’inverse de leurs attentes, les auteurs n ’ont pas pu dém ontrer d ’association significative entre la détresse psychologique et la l’em pathie (r = -0,064, p=0,77). Ils concluent tout de m êm e que la santé m entale des infirm ières et l’em pathie des infirm ières m éritent plus d ’exploration.

L ’étude est intéressante puisqu’elle a été réalisée dans un contexte de soins critiques sim ilaire à celui où les infirm ières des SI pratiquent, bien que certaines différences existent entre ces deux m ilieux. Les instrum ents de m esure sont fidèles et valides. D ’un autre côté, seulem ent un petit nom bre de participants o n t com plété les questionnaires. Or, com m e seulem ent 40 infirm ières ont été approchées, le taux de participation de 75 % est satisfaisant. Cela pourrait am ener un m anque d e puissance, et ainsi expliquer l ’absence de corrélation entre la détresse psychologique et l ’em pathie. L e petit nom bre de participants pourrait aussi entraîner un biais de sélection et ainsi lim iter la généralisation des résultats. C ette étude suggère tout de m êm e q u ’un lien est présent entre l ’em pathie et le bien-être psychologique. D e plus, les questionnaires utilisés étant les m êm es que ceux sélectionnés pour recueillir les données dans la présente étude, il sera facilem ent possible de com parer les résultats obtenus chez les infirm ières des SI avec ceux des infirm ières de l ’urgence.

En som m e, il ressort que la santé m entale de différents professionnels pratiquant dans les m ilieux de soins critiques est en lien avec l’em pathie. L ’em pathie varie dans le m êm e sens que le bien-être psychologique, et inversem ent à la détresse psychologique. La confirm ation de cette relation chez les infirm ières des SI est à faire, p u isq u ’elle n ’a jam ais

été explorée chez une telle population. Il est possible de penser que ces concepts, c ’est-à- dire la santé m entale et l ’empathie peuvent influencer les soins offerts.

Documents relatifs