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Le cadre conceptuel de Patiraki-K ourbani et al. (2004) soutenant l ’étude présente les facteurs impliqués dans la GD. Ce d ern ier suggère q u e la form ation sur la GD, ju m e lé e aux expériences personnelles et professionnelles des infirm ières, produit un ensem ble de connaissances théoriques. Ces savoirs sont influencés par les caractéristiques du patient et de l’infirm ière, ainsi que par l ’em pathie q u ’elles m anifestent. La résultante de ce processus est une gestion optim ale de la douleur (Patiraki-K ourbani et al., 2004). D ans le cadre de la présente étude, une attention particulière a été apportée aux associations entre certaines caractéristiques des infirm ières, soit la tension au travail, la santé m entale, l’em pathie et la GD.

Les résultats perm ettent de constater que lorsque la dem ande psychologique augm ente chez les infirm ières, la détresse psychologique augm ente égalem ent. Le bien-être psychologique varie quant à lui dans le sens inverse de la dem ande psychologique. D es relations sim ilaires avaient été obtenues auprès d ’infirm ières pratiquant dans des m ilieux de soins aigus (Pisanti et al., 2011). La relation entre la dem ande psychologique et la détresse avait aussi été docum entée chez les jeunes infirm ières (L avoie-T rem blay et a l., 2008). L ’association entre le contexte de travail difficile vécu par les infirm ières et la santé m entale docum entée dans la littérature scientifique est donc réellem ent présente sur les unités de SI. Il serait m aintenant intéressant d ’étudier l ’im pact de l’am élioration du co ntexte de travail à travers une réorganisation des soins sur la santé m entale des infirm ières qui y pratiquent. Le développem ent d ’un program m e de soutien prenant en com pte les besoins spécifiques en m atière de santé m entale des infirm ières pratiquant dans ces m ilieux perm ettrait possiblem ent de réduire l ’impact de la tension au travail chez les infirm ières.

L ’étude a aussi fait ressortir que plus l’infirm ière est en situation de détresse psychologique, plus elle m anifeste des com portem ents em pathiques observables p ar un patient ou des observateurs externes. C ette relation est surprenante puisque la recension des écrits concluait plutôt à une association négative de l’em pathie avec la détresse psychologique et positive avec le bien-être psychologique (B aillie, 1996; B ellini et al., 2002; Lavoie et al., 2010; Shanafelt et a i , 2005). Il sera donc im portant de décrire plus en profondeur le lien qui unit la santé m entale à l ’em pathie pour connaître le sens de la relation. Il est possible que plus les infirm ières soient en détresse, plus elles soient sensibles aux ém otions vécues p ar le patient, ce qui facilite l’expression de l ’attitude em pathique. L ’inverse est aussi possible, soit que plus l’infirm ière est perçue em pathique, plus elle se fragilise tant ém otionnellem ent que psychologiquem ent et elle risque alors de développer de la détresse psychologique. Com m e le devis transversal utilisé dans le cadre de cette étude ne perm et pas d ’identifier un lien causal entre ces deux concepts, une étude longitudinale subséquente perm ettrait de m ieux cern er le lien qui jo in t la détresse psychologique et l’em pathie. D ans ce même p rojet de recherche longitudinal, il serait particulièrem ent intéressant de s ’attarder à l ’évolution dans le tem ps de ces deux concepts. En effet, il est possible que la concom itance de la détresse psychologique avec l ’em pathie ne soit pas stable sur une longue période. U ne infirm ière vivant de la détresse psychologique situationnelle suite à un événem ent p eut m anifester plus de com portem ents em pathiques q u ’à l’habitude. Or, la variation du niveau d ’em pathie si la détresse perdure est m éconnue, mais on peut anticiper une érosion éventuelle de celle-ci.

D ’un autre côté, plusieurs liens avaient été mis en évidence entre les différents concepts retrouvés dans les écrits. Il était attendu de retro u v er des résultats sim ilaires chez les infirm ières des SI, ce qui n ’a pas été le cas. C ertaines relations p roposées par d ’autres écrits m ériteraient l ’attention des chercheurs, com m e le lien entre la tension au travail et l’em pathie, entre la santé m entale et l’em pathie auto-perçue, ainsi q u ’entre l’em pathie et la GD.

L a corrélation entre l ’em pathie et la G D a été largem ent docum entée dans la littérature expérim entale (D ecety et al., 2010; Jackson et a l., 2006). O r, elle n ’a pas encore été

dém ontrée en clinique (W att-W atson et al., 2000). R appelons que les chercheurs tentent d ’expliquer la gestion inadéquate d e la douleur p ar des caractéristiques telles que l’em pathie. Dans le cadre de cette étude, l’association entre ces deux concepts n ’a pas été dém ontrée, tant avec l ’em pathie auto-évaluée q u ’avec celle m esurée par le patient ou des observateurs. Il est possible que la sensibilité ainsi que la spécificité de la grille d ’observation de la pratique infirm ière en GD aux SI ne soient pas optim ales. D ’ailleurs, ces qualités n ’ont pas été évaluées et pourraient faire en sorte que le concept de G D n ’ait pas été détecté à sa ju ste valeur lors de la collecte de données. D e plus, il sera intéressant de déterm iner des valeurs de références afin d e perm ettre d ’interpréter les résultats de la grille d ’observation en gestion de la do u leu r pour les infirm ières à l’aide d ’études futures. N éanm oins, il s ’agit du prem ier instrum ent de m esure élaboré à p artir de lignes directrices perm ettant de m esurer la pratique infirm ière en G D aux SI. Il a perm is de co m parer ce concept entre les participants, ce qui n ’aurait pas été possible autrem ent.

L ’absence d ’association entre les concepts peut être attribuable à plusieurs causes. Il est peu probable que les instrum ents de m esure utilisés introduisent une erreur beta p u isq u ’ils possèdent de bonnes qualités psychom étriques et sont valides en recherche au Q uébec. L ’échantillon étant com posé de seulem ent 26 infirm ières pratiquant sur des unités de SI, il est possible que l ’étude m anque de puissance. C ela pourrait d im inuer la capacité des analyses statistiques à découvrir une association réellem ent présente. Le m anque de puissance pourrait expliquer l ’absence de corrélation trouvée dans le cadre de l’étude. Or, des analyses de puissance ont été réalisées à postériori à l ’aide du logiciel nQuery A dvisor, version 4.0 et ont révélé que la puissance varie de 72 % à 89 % pour les corrélations significatives calculées. Finalem ent, les unités de SI sont des m ilieux de pratique spécialisés, com portant une grande com plexité. Il est possible que certains liens mis en évidence dans d ’autres unités de soins ne soient pas réellem ent présents aux SI.

D e façon générale, certains liens ém ergents de la recension des écrits ont été trouvés sur les unités de SI. D ’autres associations n ’ont pas pu être dém ontrées dans le cadre de cette étude. U ne relation entre la santé m entale de l’infirm ière et l’em pathie q u ’elle m anifeste, qui n ’était pas ressortie ju sq u ’à m aintenant est aussi apparue. Il serait intéressant

d ’approfondir les liens entre les caractéristiques des infirm ières, l’em pathie et la G D dans d ’autres unités de SI, avec un plus grand échantillon. Une telle étude serait aussi intéressante dans d ’autres milieux de soins critiques, telles les unités d ’urgence.

L ’étude a donc confirm é certaines relations proposées p ar le cadre conceptuel de Patriraki- K ourbani e t al. (2004), soit des relations positives entre : 1 ) la dem ande et la détresse et 2) la détresse et l’em pathie observée, tant par le patient que par des observateurs. A ussi, une corrélation négative est apparue entre la dem ande psychologique et l ’em pathie observées par le patient et des observateurs. À l ’inverse, certaines associations ne sont pas ressorties lors des analyses statistiques et nécessitent plus d ’approfondissem ent, com m e les liens entre : 1) la tension au travail et l ’em pathie, 2) la santé m entale et l ’em pathie auto-évaluée et 3) l’em pathie et la GD. La présente étude a donc confirm é en p a rtie le cadre conceptuel la soutenant (Figure 3).

Figure 3. Résum é des résultats Formation sur la gestion de la douleur Expériences personnelles avec la douleur_____ Expériences professionnelles avec la d ouleur____ CactKterBbqoes dttprtitm G estion efficace de la douleur_____ Ttaductionübre de Patnaki-Kourbarârt aL (2004) Caracté ristiques du patient_____ Caractéristiques des infirmières Empathie

Infirmière Tension au travail

L atitude décisionnelle D em an d e psychologique

P atient

S an té m e n tale

D é tre sse psychologique B ien -être psychologique x i

O bservateurs

Gestion efficace d e la douleur Légende

+ ... Association significative positive (p<0,05) » Association significative négative (p<0,05) . . . Aucune association

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