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Fonctions d ´eriv ´ees
Transmath 2011 p.75 et 94. Objectifs :
– D´efinir la fonction d´eriv´ee
– Connaˆıtre les fonctions d´eriv´ees des fonctions usuelles
– Savoir utiliser les formules donnant la d´eriv´ee d’une somme, d’un produit, d’un quotient – ´Etudier les d´eriv´ees de fonctions plus compos´ees `a l’aide de ces formules
1. Fonction d ´eriv ´ee
Soit f une fonction d´efinie et d´erivable en tout a d’un intervalle I. L’hypoth`ese “d´erivable” signifie que pour a ∈ I, limh→0f (a+h)−f (a)h existe.
On a appel´e cette limitenombre d´eriv´e de f en aau chapitre 4 et on l’a not´e f0(a).
D ´efinition 7.1 Soit f une fonction d ´erivable en tout x d’un intervalle I, alors la fonction qui `a x associe f0(x)est appel ´ee fonction d ´eriv ´ee de f sur I. On la note f0.
Exemple : Si l’on consid`ere la fonction ”position”, not´ee t 7→ s(t) (on consid`ere dans ce cas une ”abscisse curviligne”), qui `a un instant t associe la position d’un solide sur sa trajectoire, alors :
– la fonction d´eriv´ee de s(t) correspond `a la vitesse du solide, on la note donc v(t) au lieu de s0(t)
– on peut mˆeme chercher la fonction d´eriv´ee de v(t), celle-ci correspond `a l’acc´el´eration du solide, et on la note a(t) plutˆot que v0(t) ou que s00(t).
2. D ´eriv ´ees des fonctions usuelles
A. Fonction constante
Soit k ∈ R et f : x 7→ k, pour x ∈ R. pour h 6= 0, f (x+h)−f (x)h = k−k
h = 0.
Donc f est d´erivable sur R et pour tout x ∈ R, f0(x) = 0.
Propri ´et ´e 7.1 La d ´eriv ´ee d’une fonction constante est la fonction nulle.
B. La fonction x 7→ x
n, n ∈ N
∗Propri ´et ´e 7.2 Soient n ∈ N∗
et f la fonction d ´efinie sur R par f (x) = xn. Alors f est d ´erivable sur R et pour x ∈ R, on a f0(x) = nxn−1.
D ´emonstration Id ´ee de la d ´emonstration :
Soit x ∈ R et h un r ´eel non nul. Calculons le quotientf (x+h)−f (x)h . On a d’abord f (x + h) = (x + h)
n. En d ´eveloppant
cette expression on va obtenir des termes en xn, en xn−1× h, en xn−2× h2
, . . . et en hn. En observant attentivement la mani `ere de d ´evelopper le produit (x + h)(x + h) . . . (x + h), on remarque que le terme xnapparaˆıtra une seule fois et le
terme xn−1× h apparaˆıtra n fois. On a donc :
(x + h)n= xn+ n × xn−1h + . . . xn−2h2+ · · · + hn Donc : f (x + h) − f (x) h = n × xn−1h + . . . xn−2h2+ · · · + hn h = nx n−1 + hQ(x, h)
avec Q(x, h) une expression polynomiale d ´ependant de x et de h : sa limite lorsque h tend vers 0 existe donc. Ainsi, on obtient : lim h→0 f (x + h) − f (x) h = limx→0 nx n−1+ hQ(x, h) = nxn−1
Remarque : On a donc les r´esultats suivants : – si f (x) = x alors pour x ∈ R, on a f0(x) = 1 ; – si f (x) = x2 alors pour x ∈ R, on a f0(x) = 2x ; – si f (x) = x3 alors pour x ∈ R, on a f0(x) = 3x2; – . . ..
Exemple : Soit f la fonction d´efinie sur R par f (x) = x3. D´eterminer l’´equation de la tangente `aCf au point
d’abscisse 1.
Le coefficient directeur de la tangente `aCf au point d’abscisse 1 deC est f0(1). Pour calculer f0(1) on peut utiliser
deux m´ethodes :
– la d´efinition du nombre d´eriv´e : c’est la limite lorsque h tend vers 0 du quotient f (1+h)−f (1)h ; – ou, et c’est plus rapide, la fonction d´eriv´ee de f : on a pour tout x ∈ R, f0(x) = 3x2; donc f0
(1) = 3 × 12= 3.
De plus, on a f (1) = 13= 1. L’´equation de T1 est donc : y = f0(1)(x − 1) + f (1), soit y = 3(x − 1) + 1 ou encore, en
r´eduisant : T1: y = 3x − 2.
C. Fonction inverse
Propri ´et ´e 7.3 Soit f la fonction d ´efinie sur R∗
par f (x) =1x. Alors f est d ´erivable sur R∗et pour x 6= 0, f0(x) = −1
x2.
D ´emonstration Pour x 6= 0 et h 6= 0 tels que x + h 6= 0, on a :
f (x + h) − f (x) h = 1 x+h− 1 x h = x−(x+h) x(x+h) h = −h x(x + h)h = − 1 x(x + h) On a donc : lim h→0 f (x + h) − f (x) h = limh→0 − 1 x(x + h) = − 1 x2
Exemple : Soit f la fonction inverse : pour x 6= 0, f (x) = 1x. D´eterminer une ´equation de la tangente `aCf au point
d’abscisse 1.
Cette tangente T1 a pour ´equation y = f0(1)(x − 1) + f (1).
Pour la d´eterminer nous avons besoin de f0(1) et de f (1) = 1 1 = 1. On a pour tout x 6= 0, f0(x) = −1 x2 donc f 0 (1) = −1 12 = −1. Ainsi T1 a pour ´equation y = −1 × (x − 1) + 1 soit T1: y = −x + 2.
D. Fonction racine carr ´ee
Propri ´et ´e 7.4 Soit f la fonction d ´efinie sur R+par f (x) =
√ x. Alors f est d ´erivable sur R∗
+et pour x ∈ R∗+, on a f0(x) =2√1x.
Attention : f n’est pas d ´erivable en 0
D ´emonstration Pour x ∈ R∗+et h ∈ R ∗ +on a : f (x + h) − f (x) h = √ x + h −√x h = √ x + h2−√x2 h(√x + h +√x)= h h(√x + h +√x) = 1 √ x + h +√x On a donc : lim h→0 f (x + h) − f (x) h = limh→0 1 √ x + h +√x = 1 2√x Si x = 0, pour h > 0, on af (0+h)−f (0)h = √ h h = 1 √
h. Ainsi, lorsque h tend vers 0,
√
haussi donc √1
hprend des valeurs de
plus en plus grandes. Donc la limite lorsque h tend vers 0 du quotientf (0+h)−f (0)h n’existe pas : la fonction racine carr ´ee n’est pas d ´erivable en 0.
Application au trac´e de la courbe :
Pour tracer la courbe repr´esentant la fonction racine carr´ee on dresse un tableau de valeurs et pour chaque point de ce tableau on calcule le coefficient directeur de la tangente `a la courbe en ce point, puis on d´etermine l’´equation de la tangente : a 1 4 1 2 f (a) 1 2 1 √ 2 f0(a) 1 1 2 1 2√2
– en a =14, l’´equation de la tangente est : y = 1 × (x −1 4) + 1 2 soit y = x + 1 4;
– en a = 1, l’´equation de la tangente est : y = 1 2(x − 1) + 1 soit y = 1 2x + 1 2;
– en a = 2, l’´equation de la tangente est : y = 1 2√2(x − 2) + √ 2 soit y = x√2 4 + √ 2 2 . ~i ~j A B C
E. Fonctions trigonom ´etriques
Propri ´et ´e 7.5 Les fonctions sinus et cosinus sont d ´erivables sur R et on a pour x ∈ R, cos0(x) = − sin(x) et sin0(x) = cos(x).
3. Op ´erations sur les fonctions d ´erivables
A. D ´eriv ´ee d’une somme
Propri ´et ´e 7.6 Soient u et v deux fonctions d ´erivables sur un intervalle I.
On note f la fonction d ´efinie sur I par f (x) = u(x) + v(x) (on note aussi f = u + v sur I). Alors la fonction f est d ´erivable sur I et pour x ∈ I, f0(x) = u0(x) + v0(x). On note f0= u0+ v0.
Exemple : Soit f la fonction d´efinie sur R par f (x) = x3+ x2+ 3.
f est d´erivable sur R comme somme de fonctions d´erivables sur R, et pour x ∈ R, on a : f0(x) = 3x2+ 2x
B. Produit par un r ´eel
Propri ´et ´e 7.7 Soient u une fonction d ´erivable sur un intervalle I, et λ un r ´eel quelconque.
On note f la fonction d ´efinie sur I par f (x) = λu(x) (on note f = λu sur I).
Alors la fonction f est d ´erivable sur I et pour x ∈ I, f0(x) = λu0(x). On note f0= λu0.
Exemple : Soit f d´efinie sur R par f (x) = 2x2, et g d´
efinie sur R par g(x) = 4x3− 2x.
Alors, f0(x) = 2 × 2x et g0(x) = 4 × 3x2− 2.
Cons´equence :
Les fonctions polynˆomes sont donc d´erivables sur leur ensemble de d´efinition.
C. D ´eriv ´ee d’un produit
Propri ´et ´e 7.8 Soient u et v deux fonctions d ´erivables sur un intervalle I.
Soit f la fonction d ´efinie sur I par f (x) = u(x)v(x).
Alors, f est d ´erivable sur I et pour x ∈ I, f0(x) = u0(x)v(x) + u(x)v0(x). On note f0= u0v + uv0.
D ´emonstration (Id ´ee de la d ´emonstration) Pour a ∈ I et h 6= 0 tel que a + h ∈ I on a :
(uv)(a + h) − (uv)(a)
h =
u(a + h).v(a + h) − u(a).v(a) h
= u(a + h).v(a + h) − u(a).v(a + h) + u(a).v(a + h) − u(a).v(a) h
= v(a + h) ×u(a + h) − u(a)
h + u(a) × v(a + h) − v(a) h Or on a lim h→0v(a + h) = v(a), lim h→0 u(a+h)−u(a) h = u 0 (a), et lim h→0 v(a+h)−v(a) h = v 0 (a).
En admettant que (sous certaines conditions remplies ici) la limite d’un produit est le produit des limites (et de m ˆeme pour la somme) on obtient donc :
lim
h→0
(uv)(a + h) − (uv)(a)
h = v(a) × u
0
(a) + u(a) × v0(a)
Ceci est vrai pour tout a ∈ I donc sur I on a f0= u0v + uv0.
Exemple : Soit f la fonction d´efinie sur R+par f (x) = x3
√ x.
f est d´erivable sur R∗+ comme produit de fonctions d´erivables : f s’´ecrit u × v avec
u(x) = x3
v(x) =√x , o`u u est d´erivable sur R et v d´erivable sur R∗+.
On a donc : u0(x) = 3x2 v0(x) = 2√1 x .
Avec ces notations, on a f0= u0v + uv0donc : Pour x > 0, f0(x) = u0(x)v(x) + u(x)v0(x) = (3x2)√x + x3× 1 2√x= 3x 2√ x + x 3 2√x. En simplifiant, on obtient mˆeme :
f0(x) = 3x2√x +1 2x 3 × √ x √ x√x = x 2√ x +1 2x 2√ x = 7 2x 2√ x
Remarque : Dans le cas de cet exemple, la propri´et´e 7.8 permet d’affirmer que f est d´erivable sur R∗+, mais elle ne
permet pas de conclure sur la d´erivabilit´e de f en 0.
Pour cela, revenons `a la d´efinition du nombre d´eriv´e : f est d´erivable en 0 si le quotient f (0+h)−f (0)h admet une limite r´eelle lorsque h → 0. On a : f (0 + h) − f (0) h = h3√h h = h 2√ h Donc : lim h→0 f (0 + h) − f (0) h = limh→0h 2√ h = 0 Donc f est d´erivable en 0 et f0(0) = 0.
Propri ´et ´e 7.9 (Cons ´equence) Soit u une fonction d ´erivable sur un intervalle I.
Soit f la fonction d ´efinie sur I par f (x) = (u(x))2.
Alors la fonction f est d ´erivable sur I et pour tout x ∈ I, on a f0(x) = 2 × u(x) × u0(x). On ´ecrit :
u20 = 2uu0
D. D ´eriv ´ee d’un quotient
Propri ´et ´e 7.10 Soient u et v deux fonctions d ´erivables sur un intervalle I, avec v(x) 6= 0 pour x ∈ I.
Soit f la fonction d ´efinie sur I par f (x) =u(x)v(x).
Alors, f est d ´erivable sur I et pour x ∈ I, f0(x) = u0(x)v(x)−u(x)v(v(x))2 0(x). On note f
0
=u0v−uvv2 0.
D ´emonstration (Id ´ee de la d ´emonstration) Pour a ∈ I et h 6= 0 tel que a + h ∈ I on a :
f (a + h) − f (a) = u(a + h) v(a + h)−
u(a) v(a)
= u(a + h).v(a) − u(a).v(a + h) v(a + h).v(a)
= u(a + h).v(a) − u(a).v(a) + u(a).v(a) − u(a).v(a + h) v(a + h).v(a)
= 1
v(a + h).v(a)× (v(a) × (u(a + h) − u(a)) + u(a) × (v(a) − v(a + h)))
On divise le tout par h, on obtient : f (a + h) − f (a)
h =
1
v(a + h).v(a)×
v(a) × (u(a + h) − u(a)) + u(a) × (v(a) − v(a + h)) h
= 1
v(a + h).v(a)×
v(a) ×u(a + h) − u(a)
h + u(a) × v(a) − v(a + h) h Or on a lim h→0v(a + h) = v(a), lim h→0 u(a+h)−u(a) h = u 0 (a), et lim h→0 v(a+h)−v(a) h = v 0 (a).
En admettant que (sous certaines conditions remplies ici) la limite d’un produit est le produit des limites (et de m ˆeme pour la somme et le quotient) on obtient donc :
lim
h→0
f (a + h) − f (a)
h =
v(a) × u0(a) − u(a) × v0(a) (v(a))2
Ceci est vrai pour tout a ∈ I donc sur I on a f0
Exemple : Soit f la fonction d´efinie sur R, par f (x) = 3x−4x2+3.
f est d´erivable sur R comme quotient de fonctions d´erivables sur R dont le d´enominateur ne s’annule pas : on a f = u v avec u(x) = 3x − 4 v(x) = x2+ 3 . On a donc : u0(x) = 3 v0(x) = 2x . Et ainsi, f 0 = u0v−uv0 v2 . Donc : Pour x ∈ R, f0(x) = 3 × (x 2 + 3) − (3x − 4) × (2x) x2+ 32 = −3x2 + 8x + 9 x2+ 32 Cons´equence :
Les fonctions rationnelles (quotients de deux polynˆomes) sont d´erivables sur leur ensemble de d´efinition.
Propri ´et ´e 7.11 (Cons ´equence) Soit u une fonction d ´efinie, d ´erivable et qui ne s’annule pas sur un intervalle I.
Soit f la fonction d ´efinie sur I par f (x) = 1 u(x).
Alors f est d ´erivable sur I et pour x ∈ I on a f0(x) = −u(x)u0(x)2. On ´ecrit :
1 u 0 = −u 0 u2
4. Formulaire
Dans la suite de ce formulaire, k est un r´eel quelconque fix´e et n est un entier naturel non nul.
Fonction f D´eriv´ee f0 Ensemble de
d´erivabilit´e de f x 7→ k x 7→ 0 R x 7→ x x 7→ 1 R x 7→ x2 x 7→ 2x R x 7→ xn x 7→ nxn−1 R x 7→√x x 7→ 1 2√x R ∗ + x 7→ 1 x x 7→ − 1 x2 R ∗ x 7→ cos(x) x 7→ − sin(x) R x 7→ sin(x) x 7→ cos(x) R Quelques rappels :
– si u et v sont d´erivables sur I, alors u + v est d´erivable sur I et (u + v)0= u0+ v0; – si f est d´erivable sur I, alors, kf est d´erivable sur I, et (kf )0= kf0;
– si u et v sont d´erivables sur I, alors uv est d´erivable sur I et (uv)0= u0v + uv0; – si u et v sont d´erivables sur I, avec pour x ∈ I, v(x) 6= 0, alors u
v est d´erivable sur I et ( u v)
0
=u0v−uv0 v2 .