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ARTheque - STEF - ENS Cachan | L'enfant, le clown et le scientifique

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Academic year: 2021

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L’ENFANT, LE CLOWN ET LE SCIENTIFIQUE

Richard-Emmanuel EASTES, Francine PELLAUD

Les Atomes Crochus & Groupe TRACES (ENS)

Laboratoire de Didactique et Épistémologie des Sciences (Genève)

MOTS-CLÉS : CLOWN – IDENTIFICATION – CONCEPTIONS – APPRENTISSAGE –

CO-CONSTRUCTION

RÉSUMÉ : Dans le processus de médiation scientifique, le recours au personnage du clown induit

un nouveau regard sur la science, et sur l'expérience de démonstration en particulier. De cette association originale entre art et science émerge alors un lien plus libre, plus naïf et plus impertinent, qui permet au spectateur toutes les attitudes, de la contemplation passive à la recherche active de compréhension, en passant par la clarification de son rapport à la science.

ABSTRACT : In the process of science communication, the use of the clown character gives a new

outlook on science and on the use of demonstrating experiments. Out of this original association between art and science comes a relationship that is more free, more naive and more impertinent, allowing the audience to have any reaction from passive contemplation to active search of understanding or clarification of its connection with science.

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1. INTRODUCTION

Le concept de clown de science, tel qu’on le connaît en France, est intimement lié à l’association Les Atomes Crochus. Né avec elle en 2001 de la rencontre déterminante entre trois universitaires en quête de nouvelles approches de médiation scientifique, il s’est révélé riche de multiples intérêts pédagogiques et dramaturgiques. Sous des formes très variées, de la déambulation au spectacle de scène en passant par le théâtre de rue, Les Atomes Crochus continuent depuis à explorer et à exploiter les trésors que recèle la synergie d’une approche co-construite entre scientifiques et comédiens (une description brève des divers scénarii est fournie dans l’annexe 2). Médiateur par excellence, jouissant d’une sympathie naturelle de la part du public, s’autorisant ce à quoi nul scientifique ne pourrait se risquer, le clown de science devient ainsi peu à peu une figure incontournable dans le paysage de la communication des sciences.

2. LE CONCEPT DE CLOWN DE SCIENCE 2.1 Historique

En 2001, Catherine Bied, Maître de Conférences à l’École de Chimie de Montpellier et clown à ses heures perdues rencontre Richard-Emmanuel Eastes, agrégé de sciences physiques à l’École normale supérieure et fasciné depuis l’enfance par les clowns. Lui-même rencontre alors Francine Pellaud, Maître-Assistante à l’Université de Genève et spécialisée dans les applications pédagogiques du modèle allostérique d’apprentissage développé par André Giordan au LDES. De ces rencontres naissent deux spectacles (figures 1, 2 et 3). Le premier, spectacle sans nom, relatera la rencontre fortuite du clown Molécule et du Professeur Spatule dans un laboratoire de chimie. Le second, Des molécules plein les marmites, rajoutant un atelier de cuisine à côté du laboratoire, adjoindra aux deux mêmes personnages la présence de la cuisinière Capsule. (figures 1, 2 et 3).

Pris par leurs obligations universitaires et limités par leurs compétences théâtrales, les trois pionniers se tourneront bientôt vers des comédiens professionnels. C’est ainsi que de la rencontre avec Adèle Jayle et Malo de La Tullaye naîtra tout d’abord Ursule FaBulle, la science infuse, un solo trépidant mettant en scène, à son domicile, une jeune femme que la livraison par erreur d’un colis de produits chimiques détournera de l’ennui. À la fois enthousiasmés par le succès de la pièce et désireux de compenser la perte d’interactivité liée à la nature de la nouvelle prestation scénique, Les Atomes Crochus décideront rapidement de lancer une animation ultra-légère : un clown de science en déambulation. C’est ainsi qu’incarnée par Lola Pelletier, poussant une petite carriole

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remplie d’objets hétéroclites devant son monocycle, Mademoiselle Bulle verra le jour sous la forme d’un ingénu personnage à la recherche des secrets du rire.

-Figures 1, 2 et 3 : Les premiers pas…

Cette déambulation ouvrira de nouvelles perspectives. Alors que les clowns de science d’anniversaire donneront de l’ampleur au travail exploratoire de l’association, la rencontre entre Bérénice Collet, metteur en scène, et la clown Anissa Benchelah permettra la création d’une forme intermédiaire à tous égards entre la scène et la déambulation, plus proche du spectacle de rue : De l’expérimentation des expériences expérimentales (figures 4, 5 et 6).

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2.2 La figure du clown

Le travail du clown donne lieu à un jeu d’acteur fondé sur l’improvisation en contact avec l’instant présent, le concret, l’imaginaire, le partenaire et le public. Aussi ne suffit-il pas de s’affubler d’un nez rouge pour pouvoir se prévaloir d’être clown. Il y a au contraire, derrière cette figure théâtrale, de rigoureux principes de jeu et un mythe à préserver, comme nous l’enseigne l’association Bataclown à travers sa charte, qui concerne autant les fondements du jeu de clown que la pédagogie et les règles de déontologie des formations qu’elle dispense. L’extrait principal de cette charte est reproduit à

l’annexe 1. Figures 6 : Mademoiselle Bulle

2.3 Qu’est-ce qu’un clown de science ?

Il serait réducteur, vain et contraire à la démarche artistique de tenter d’encadrer le concept de clown de science dans une définition normative. Au minimum est-il possible de souhaiter que le clown de science soit avant tout un (bon) clown, au regard des caractéristiques exposées plus haut. Mais un clown qui crée, pour le public et à travers n’importe quel scénario, sous n’importe quelle forme, un rapport construit et assumé à la science. Une science exposée certes à travers ses contenus (de préférence exposés convenablement) mais aussi à travers son fonctionnement, ses applications, les interrogations éthiques et sociétales qu’elle suscite ou, plus simplement, la figure du chercheur. Quelques caractéristiques courantes, liées à celles de la figure du clown, peuvent toutefois être dégagées. Le rapport à la science qu’il proposera sera presque toujours ludique et humoristique, décalé, parfois même impertinent. Son allure, sa démarche, son accoutrement, sa posture, son rythme, son langage ou son élocution en feront un personnage hors du monde et hors du temps, souvent asexué pour les enfants et, selon les cas, un camarade, une mascotte ou un souffre-douleur ; parfois un des leurs. Autant d’éléments qui légitimeront de leur part une forte proximité, marquée par un tutoiement quasi-systématique. Dès lors, par cette proximité avec le public et par la dédramatisation de la science qu’il opère, tout est prêt pour faire du clown un véritable médiateur de la science, comme nous le préciserons dans la troisième partie de cet article (figure 7).

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Figure 7 : Mademoiselle Renoncule, clown de science, médiatrice scientifique

2.4 L’identification du spectateur au personnage du clown

L’observation de cette proximité entre le clown et les enfants, surtout lorsqu’elle était mise en perspective avec la distance qui, dans les premiers spectacles des Atomes Crochus, séparait ces derniers du Professeur Spatule, nous mit rapidement sur la voie d’un processus qui, d’un point de vue pédagogique, allait s’avérer inespéré. Une rapide recherche bibliographique sur la sociologie du clown confirma en effet que le Clown Molécule, plongé dans l’univers hostile d’un laboratoire face à un personnage bien plus savant que lui et presque un peu dédaigneux, était véritablement susceptible d’incarner l’élève en difficulté face à son professeur. C’est ce que confirme par exemple J.-B. Bonange (2002) lorsqu’il écrit : « Le clown se nourrit de notre faiblesse et de notre fragilité – l’enfant, le naïf, le raté, l’écorché en nous – et c’est justement sa vulnérabilité qui lui donne sa force et son aura. Le clown, c’est l’amplificateur de nos dimensions cachées ».

3. LE CLOWN, MÉDIATEUR SCIENTIFIQUE PAR EXCELLENCE 3.1 L’exploitation du processus d’identification

Plus qu’une appréhension du clown comme un « presque camarade » par l’enfant, il existe donc une possibilité de voir l’enfant s’identifier lui-même au clown. Dans un premier temps, ce phénomène doit pouvoir être exploité pour proposer aux jeunes publics de véritables messages en matière d’apprentissage, de confiance en soi, de relation à l’enseignant, à la science et au savoir en général. Si, comme l’exprime Serge Martin (cité par Bonange 2000), « Le plus désespéré des pauvres types peut encore rêver d’un monde à son image parce qu’aux pires moments de son péril, le clown

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réussit des prouesses inattendues », alors le plus mauvais élève doit encore pouvoir rêver devenir scientifique lorsqu’il voit un clown progresser dans sa compréhension des phénomènes de la nature. Personnage novice maladroit se retrouvant un peu par hasard au milieu d’objets et de produits hétéroclites et inquiétants, le clown de science pose des questions, se trompe, imagine, se fait gronder ou encourager. Bref, il apprend. Et il montre aux enfants qu’eux aussi peuvent apprendre (figure 8).

Figure 8 : Le clown apprenant, un modèle pour l’enfant 3.2 L’utilisation des conceptions des enfants

Mis en perspective avec le modèle allostérique de l’apprendre développé par Giordan (Giordan & al. 1996, 2005), ce processus d’identification ouvre d’autres voies encore. Imaginons un instant que, sur un sujet particulier, les conceptions erronées les plus courantes d’enfants d’âge donné soient récoltées en classe, durant ou à l’issue des interventions du clown de science, puis redéposées dans sa bouche avec la même formulation que celle des enfants…

C’est ce qui constitua la première approche des Atomes Crochus, qui employèrent simplement pour commencer une démarche analogue à celle de Francine Pellaud dans son livre interactif pour enfants Mais qui fabrique les bébés ? (Pellaud 1984). Les conceptions fausses sur la procréation humaine sont, chez elle, exprimées par des enfants sous forme de bulles rigolotes qui ne laissent pas le petit lecteur penser un seul instant qu’elles puissent être correctes. L’ouvrage les accompagne alors vers les connaissances qu’on souhaiterait leur voir acquérir. De même, il est prévisible que le clown soit peu pris au sérieux et que les enfants n’hésitent pas à remettre en question ses propos, même lorsqu’ils sont relativement crédibles puisqu’issus de leurs propres conceptions. Charge alors au scientifique, ou à la mise en scène, de les accompagner vers des idées plus justes.

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3.3 Un rapport à la science particulier

De manière générale, le clown de science n’est pas savant. Ingénu mais totalement désinhibé, il fait preuve d’une curiosité et d’une inventivité telles qu’elles lui permettent toutefois, en dépit de sa propre ignorance, de rendre son public un peu plus savant. Il sait en effet poser les questions que personne ne se pose ou n’ose se poser, entraînant à la fois la décontraction de ses interlocuteurs face à une science souvent jugée inaccessible et un retour aux « fondamentaux », tant en termes de connaissances scientifiques que de questionnement ou de clarification des valeurs. Son imagination débridée, son absence de limites et son habileté manuelle lui permettent en outre de jongler, dans tous les sens du terme, aussi bien avec les objets et leurs propriétés qu’avec les concepts scientifiques et les questions sensibles. Ce faisant, il offre au public un point de vue plus large que ne le ferait un scientifique à la même place.

Une dimension à mettre en relation avec l’une des approches de la clownanalyse : « Introduire notre clown dans des lieux rituels sacralisés, […], c’est poser et exposer une transgression de l’ordre établi. Notre intervention est un acte de création qui donne vie à une autre parole, un autre regard, une autre façon d’être sur la scène sociale » (Bonange, 1998). (figure 9)

Figure 9 : Le clown comme contre-pouvoir

3.4 L’enfant, le clown et le scientifique

Qu’il soit présent en chair et en os ou sous la forme d’une figure imaginaire, le scientifique n’en représente pas moins la connaissance et l’autorité. Or pour un enfant, le statut de l’adulte rend difficile la remise en question des propos qu’il tient ou qu’on lui attribue. Au contraire, dépouillée de toutes les normes sociales liées au devoir de respect et d’obéissance que confère le statut d’adulte, la relation de l’enfant au clown devient très libre et de cette liberté peut émerger la possibilité d’un discours contradictoire. Ce personnage mi-adulte mi-enfant semble donc particulièrement adapté à un rôle de médiateur entre le scientifique et l’enfant (figure 10).

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Figure 10 : L’enfant, le clown et le scientifique

4. RETOURS D’EXPÉRIENCES

4.1 Une démarche de co-construction entre artistes et scientifiques

Seul face à sa formation théâtrale, l’artiste clown a peu de chances de maîtriser suffisamment les connaissances et les manipulations scientifiques nécessaires à la constitution d’un spectacle ou d’une animation. Le scientifique, quant à lui, est bien en peine d’identifier dans ses expériences, aussi spectaculaires soient-elles, les ressorts clownesques qui feront rire les enfants. Ensemble, en revanche, ils peuvent construire un clown de science.

Ce concept est probablement l’un des plus représentatifs de cette démarche de co-construction, par l’exploration réciproque de leurs champs d’expertises respectifs, que nous décrivons dans l’un des articles de synthèse de ces actes (Eastes 2009). Quel plaisir en effet, pour le scientifique, de voir « ses » expériences revisitées, et pour l’artiste son répertoire renouvelé !

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Et le miracle se reproduit à chaque nouvelle rencontre de chaque nouvel artiste clown… chacun apportant « son » clown et explorant à sa façon, à travers lui, les expériences du scientifique (figures 11, 12 et 13).

Figures 12 et 13 : Des expériences revisitées

4.2 Les risques et les limites de l’exercice

En dépit de l’intérêt pédagogique du clown de science, les risques sont grands, en termes de transmission de connaissances, de voir le public repartir avec des idées fausses sur ce qu’il croit avoir vu, entendu et compris.

C’est d’une part le cas dans les formes scéniques non interactives où le rythme soutenu, imposé par la nécessité de maintenir l’attention et la tension, entraîne une surcharge cognitive qui va à l’encontre de la compréhension de ce qui se passe réellement (figures 14 et 15).

Figures 14 et 15 : Des expériences à risques… pédagogiques

Dans les formes déambulatoires interactives d’autre part, les échanges entre les spectateurs suscités par le clown et ses expériences présentent eux-aussi un risque majeur : celui de voir affirmées des

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idées fausses par un « plus influent » sans que le comédien, dont ce n’est pas la compétence, ait la capacité de rétablir la vérité, quand bien même il se rendrait compte de l’erreur. Certes les comédiens de l’association reçoivent-ils une formation précise sur les phénomènes qu’ils vont être amenés à mettre en œuvre ; mais ils n’ont pas le recul nécessaire pour repérer les incompréhensions qu’ils suscitent, ni pour argumenter scientifiquement dans un débat d’experts.

4.3 Quelques pistes et solutions

Pour contourner et limiter l’expression de ces risques, trois solutions peuvent être imaginées. La première consiste à demander aux comédiens de repérer tous les moments problématiques, tels que ceux que nous évoquions plus haut. Avec les scientifiques de l’association, ils imaginent alors des variantes scénographiques permettant de corriger ou de contrer l’introduction des erreurs : insister sur la température de l’azote liquide, écaler l’œuf devant le public, parfaire la formation du clown sur un point particulier. La seconde, moins ambitieuse mais logistiquement plus coûteuse, plus sûre mais moins élégante, consiste à faire accompagner le clown par un scientifique de l’association, qui interviendra par exemple sur scène à l’issue du spectacle. C’est ce à quoi s’emploie de temps en temps le régisseur d’Ursule FaBulle, de formation littéraire mais aguerri à l’explication des expériences qu’il a lui-même mises en scène. Enfin, intermédiaire entre les deux premières, la troisième consiste à passer par l’écrit. C’est ainsi qu’il existe une fiche explicative (annexe 3) des expériences du spectacle d’Ursule FaBulle, régulièrement distribuée aux spectateurs à la sortie de la salle. Plus subtilement, il est possible de glisser de petits billets explicatifs, un cahier de laboratoire, quelques instructions ostensiblement laissées à leur intention, aux clowns investis de la mission de réaliser, en l’absence de scientifiques, les expériences qu’ils leur ont volées ou qu’ils sont chargés de reproduire.

5. CONCLUSIONS

Si le rôle social du clown a été beaucoup travaillé, comme en atteste sa présence fréquente auprès des enfants qui souffrent de maladie ou de troubles du lien familial ou social, il est étonnant de constater que cette exploration s’est arrêtée au perron des dispositifs d’éducation, où bien des enfants souffrent également… Tout au plus trouve-t-on quelques mémoires de sciences de l’éducation étudiant la possibilité de formation des enseignants par les clowns (Galdwell 1995, Rousseaux 2000).

Compte tenu de l’énergie qu’il dégage, de la force qu’il communique, de la fascination qu’il suscite, de l’identification qu’il induit auprès des jeunes spectateurs et des possibilités pédagogiques qui en

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découlent, tant sur les plans cognitifs qu’émotionnels, il nous semblait important de partager nos analyses sur ce concept qui nous est toujours apparu comme une découverte en termes de médiation scientifique. Nous espérons par suite que cet article parviendra à encourager la poursuite de la réflexion sur les autres rôles éducatifs et médiationnels que le clown est peut-être encore capable d’endosser (figures 16 et 17).

Figures 16 et 17

BIBLIOGRAPHIE

BONANGE, J.-B. (2000). Du travail du clown à la clownanalyse, Le Joker – Documents n° 2, Le Bataclown.

BONANGE, J.-B. (2002), Le clown et sa fonction sociale : racines, signes et renouveau, Le Joker – Documents n° 3, Le Bataclown.

BONANGE, J.-B. (1998). De l’expression corporelle à la clownanalyse, Art et thérapie, 28-29, décembre.

EASTES, R.-E. (2009). La dialectique Art-Science dans la médiation scientifique : de l’instrumentalisation à la co-construction. In J.-L. Martinand et É. Triquet (Éds.), Arts, sciences et technicités, actes des 30es journées internationales sur la communication, l’éducation et la culture scientifiques, techniques et industrielles [CD-Rom]. Cachan : ACECSI.

EASTES, R.-E. PELLAUD, F. (2005). Un modèle pour comprendre l’apprendre : le modèle allostérique. Gymnasium Helveticum, janvier, n° 01/05.

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GLADWELL, V. (1995). Le travail du clown : un outil de formation pour les enseignants en langue de spécialité. Mémoire de DEA de Langue Anglaise de Spécialités, Universités de Bordeaux II, Toulouse I, Montpellier III.

PELLAUD, F. (1984). Il était une fois… la psychanalyse des contes de fées. Mémoire de licence, LDES, Université de Genève.

ROUSSEAUX, P. (2000). Une formation des maîtres fécondée par le théâtre, ou Le Formateur incarné. Mémoire de D.E.A. en Sciences de l’Education et de la Formation, Nancy II.

Crédits photographiques et illustration : Stéphane Querbes, Bernard Pellequer, Clémentine Robach.

COMPLÉMENTS

Informations : www.atomes-crochus.org/spectacles/SpectaclesDeClowns.htm

Bibliographie : www.bataclown.com/spip.php?rubrique22

Extrait vidéo 1 (Ursule FaBulle) : www.cognition.ens.fr/~reeastes/ursule.avi

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ANNEXE 1 : LA CHARTE DU BATACLOWN Extrait : Les principes du jeu de clown

Article 1 : Le personnage du clown

Le clown est un personnage fictif. Il est émotif, capable de vivre toute la palette des émotions et de leurs mélanges. Il est décalé, naïf, en contact avec le concret tout en dérapant dans l’imaginaire, ce qui entretient un genre de dramaturgie particulier. Il est toujours en relation avec le public et en empathie avec le monde. Il est parfois cruel mais jamais méchant, subversif (non par volonté mais par nature profonde) mais sans jugement sur les autres ni sur le monde. Il est aussi riche et aussi unique dans son expression que chaque personne l’est. Cette richesse se constate dans les situations variées qu’il est capable de susciter et qui ne se limitent pas à la volonté de faire tomber l’autre dans un piège. En même temps qu’il s’engage dans les intrigues qu’il noue, le clown se voit vivre et nous le témoigne, sans être ni complaisant vis-à-vis de lui-même, ni dupe de ce qu’il représente. Le clown existe lorsqu’il vit sa vie et sa mort symbolique à tout moment sur scène. Sa courte existence en notre présence est une épreuve existentielle pour lui. À cette occasion, il nous apprend toujours quelque chose d’essentiel sur lui, sur nous et sur le monde. Ces traits génériques du personnage constituent une trame générale sur laquelle chaque acteur-clown tisse son personnage unique.

Article 2 : Le respect du mythe

Le clown est un mythe à respecter : le personnage vient d’ailleurs et y retourne. Il y a un mystère de la présence du clown dans ce monde. On ne voit pas l’acteur qui est derrière le masque du nez rouge. Il ne peut exister qu’un moment court (le temps d’un spectacle ou d’une impro). Le clown n’est pas toujours là dans le but explicite de rencontrer un public et ses tranches de vie ne sont pas forcément spectacle ni performance. Ce dernier registre peut constituer l’une des expériences qu’il peut avoir envie de vivre, mais elle n’est pas forcément première. Pendant l’improvisation de l’acteur, le public assiste à une tranche de vie du clown qui existait avant d’entrer dans la salle et existera après. Enfin, le clown ne sert pas à exprimer au premier degré les états d’âme de la personne (il serait alors instrumentalisé) : son expression se nourrit de la personne, mais prend la voie de la transposition théâtrale, du symbole et du surgissement de l’inattendu pour exister.

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ANNEXE 2 : LES ATOMES CROCHUS Scénarii des spectacles et des animations PREMIERS SPECTACLES ET TRAVAUX

Spectacle de chimie amusante du Clown Molécule et du Professeur Spatule (2001)

Après avoir fait irruption dans le laboratoire de chimie du sérieux (et un peu sadique) Professeur, Molécule insiste pour être initiée aux rudiments d’une discipline expérimentale dont elle ignore tout. Spatule tente alors de lui faire découvrir les secrets de sa discipline à l’aide d’expériences spectaculaires et contre-intuitives, de tours de magie, de jeux de lumière, de couleurs et de fumées… Molécule, avec application mais maladresse, finira-t-il par « entrer en chimie » ?

Des molécules plein les marmites ! (2002)

Où l’on assistera aux tentatives désespérées de Capsule la cuisinière, pour inculquer au Clown Molécule les rudiments de la gastronomie, sous l’œil avisé du savant Professeur Spatule… À travers les différentes recettes qu'il lui faudra réaliser, le Clown Molécule découvrira les mystères de la chimie culinaire et c’est en parfaite synergie que tous trois feront émerger quelques secrets insolites du fond des casseroles.

Les mille vies de l’énergie : épisodes 1 – 2 – 3 (texte écrit en 2001, jamais mis en scène)

Le Clown Molécule, déambulant dans les laboratoires de l’université, rencontre successivement un physicien, un chimiste et un biologiste à qui il demande des éclaircissements sur la notion d’énergie. Or quelle n’est pas sa surprise lorsqu’il constate combien les définitions des trois savants sont différentes voire, parfois même, contradictoires ! Un conte qui ironise malicieusement sur le confinement disciplinaire des savants, tout en combinant humour et concepts scientifiques complexes.

COPRODUCTIONS ENTRE SCIENTIFIQUES ET ARTISTES Ursule FaBulle, la science infuse (2006)

Scénario : Ursule s'ennuie seule chez elle et s'invente des compagnons imaginaires. Suite à l'erreur de livraison d'un colis de produits et matériels bizarres, elle ne peut résister au plaisir de les utiliser… à sa façon. C’est alors qu’elle va se laisser surprendre par des phénomènes qui lui étaient initialement complètement inconnus. Et le public avec elle…

Originalité : Alliant les ressorts théâtraux et humoristiques de son personnage à un cortège d’expériences spectaculaires et contre-intuitives, Ursule FaBulle transpose dans son quotidien une

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foule de phénomènes scientifiques inédits et aborde la science sous des angles jusqu’alors inexplorés.

Les tribulations de Mlle Bulle (2008)

Scénario : Mademoiselle Bulle a perdu le sourire ; elle est atteinte de la maladie de la mélancolie. Elle part alors en quête… des secrets du rire. Les scientifiques qu’elle a rencontrés ne l’ayant pas prise au sérieux, elle a décidé de prendre son destin en main et de réaliser elle-même des expérimentations destinées à lui permettre de combler ce besoin vital. Non seulement elle a rassemblé les ustensiles quotidiens les plus hétéroclites, mais elle avoue également avec confusion qu’elle s’est permise de “chiper” quelques expériences aux scientifiques. Qu’elle leur rendra lorsque sa quête aura pris fin, bien sûr.

Déroulement : Des improvisations spectaculaires et humoristiques réalisées par un clown naïf et tendre, accompagné d’une petite carriole emplie de matériel scientifique et pédagogique, parfois tirée par un monocycle. Balles, toupies, aimants, sèche-cheveux, palets et tuyaux, drôles de machines… autant d’objets qui seront évidemment détournés et mis en scène.

Renoncule, clown de science : De l'expérimentation des expériences expérimentales (2009)

Mademoiselle Renoncule est l'assistante stagiaire du Professeur Spatule. L'éminent professeur ne doit pas tarder à arriver pour donner une conférence intitulée : « De l'expérimentation des expériences expérimentales »…le problème c'est qu'il n'arrive pas. Elle doit donc prendre les choses en main. Or tout ne se passe pas exactement comme prévu… Ceci dit, comme le lui dit toujours le Professeur Spatule : « À chaque problème, sa solution, il suffit de se poser les bonnes questions ! ».

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ANNEXE 3 : URSULE FABULLE, LA SCIENCE INFUSE Fiche explicative des expériences

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Figure

Figure 7 : Mademoiselle Renoncule, clown de science, médiatrice scientifique
Figure 8 : Le clown apprenant, un modèle pour l’enfant 3.2 L’utilisation des conceptions des enfants
Figure 9 : Le clown comme contre-pouvoir
Figure 10 : L’enfant, le clown et le scientifique

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