• Aucun résultat trouvé

Vue d’ensemble

Dans le document POPULATION DE (Page 52-61)

L’ENQUÊTE DÉMOGRAPHIQUE

I. PRINCIPAUX TYPES D’ENQUÊTES

1. Vue d’ensemble

Les données d’état sont fournies, comme pour les recensements,

par

des questions relatives à la situation actuelle de l’individu : âge, état matrimonial ..., ou à sa situation au cours d’une période

défi-

nie (e avez-vous exercé une activité au cours

de

la semaine précédant l’enquête

?

D).

Les

données

de

mouvement sont obtenues par des questions rela- tives à l’histoire

de

l’individu :

-

soit pour déceler des changements d’état, avec ou sans indi- cation

de

la date du changement

( .

quelle était votre dernière rési- dence

?

D, puis éventuellement,

.

quand avez-vous changé de rési- dence pour venir habiter ici

?

D) ;

-

soit pour enregistrer des événements qui se sont produits au cours d’une période déterminée (par exemple les naissances des douze derniers mois) ou au cours de la vie

de

l’individu : ce sont les bio- graphies (génésiques, matrimoniales.. .

).

questions rétrospectives B auxquelles la personne enquêtée répond en se fiant à sa mémoire. Les défauts

de

ce type d’approche ont conduit à mettre au point d’autres méthodes, nou- velles ou complémentaires, dont les principales sont : l’enquête à

pas-

sages répétés

(EPR)

et la double collecte.

I1

s’agit là de

2, Enquête rétrospective

Comme on vient

de

le voir, dans ce type d’enquête, les person- nes

de

I’échantillon sont interrogées sur leur passé démographique.

Les

enquêtes rétrospectives sont également dites I à passage unique >>

car l’enquêteur n’interroge qu’une seule fois chaque individu

de 1’

échantillon.

a) Questions sur Zes douze derniers mois

L’idée

qui préside à la mise en Oeuvre

de

cette méthode est sim- ple : l’enquête permet

de

disposer d’une << population

de

référence p,

celle

de

l’échantillon, dont on connaît l’effectif et certaines caracté- ristiques (en particulier sa répartition par sexe et âge) ; cette popu- lation a connu au cours des douze mois précédant le passage

de

l’enquêteur des événements (naissances et décès) ; la connaissance

de

ces événements permettra

de

calculer, pour l’échantillon, les indica- teurs classiques du mouvement naturel : taux bruts

de

natalité et

de

mortalité, taux

de

mortalité par sexe et âge, taux

de

fécondité

par

âge (ces taux sont définis au chapitre X). En fait, ces taux sont un peu particuliers, car ils ne se rapportent

pas

à une même période

de

référence délimitée entre deux dates données : ils se rapportent à une période s mobile D,

de

même durée (douze mois) mais se situant différemment dans le temps selon la date

de

l’interrogatoire.

De

façon plus précise, on procède

de

la manière suivante : - pour les naissances, on demande à toutes les femmes

de

I’échantillon ayant atteint un certain âge (le plus souvent,

il

s’agira

de

femmes de 12 ans et plus) si elles ont eu une (ou plusieurs) nais- sance(s) vivante(s) au cours des douze derniers mois et, en cas

de

réponse positive, on note certaines caractéristiques

de

la naissance (date, sexe

de

l’enfant, sa survie

...)

;

-

pour les décès, on demande à tous les chefs

de

ménage s’il y a eu un (ou plusieurs) décès dans le ménage au cours des douze derniers mois et, en cas

de

réponse positive, on note certaines carac- téristiques du décès (date, sexe et âge du décédé...).

L’expérience montre que les résultats tirés

de

cette approche sont le plus souvent entachés d’erreurs :

-

erreur dans l’appréciation par la personne interrogée

de

la période des douze derniers mois, qui peut être dans son esprit : soit raccourcie, et dans ce cas, des événements qui auraient dû être déclarés ne le sont pas parce que la personne pense

de

bonne foi que l’évé- nement s’est produit avant le début de la période ; soit allongée, et dans ce cas, des événements qui n’auraient pas dû être déclarés car trop anciens le sont à tort ; ces erreurs d’appréciation constituent ce que l’on appelle l’effet télescopique ;

-

omission d’événements :

il

peut s’agir d’omission involontaire due à une mauvaise compréhension

de

la question par la personne interrogée, ou de dissimulation délibérée :

enfant né-vivant mais qui n’a pas encore été s baptisé D ou qui n’a pas encore reçu de nom, et qui, de ce fait et

de

bonne foi, n’est pas déclaré,

naissance suivie très rapidement d’un décès : dans ce cas, les deux événements, naissance et décès, peuvent échapper à l’observation,

décès non déclaré car les règles coutumières interdisent d’en parler ou

de

nommer la personne décédée,

il

peut s’agir enfin d’omission due simplement au fait que le ménage dans lequel s’est produit I’événement a disparu : émigration hors du champ

de

l’enquête, ou tout simplement décès d’une per- sonne vivant seule,

-

inclusion, à tort, dans les déclarations

de

naissances, d’avor- tements ou d’enfants mort-nés.

L’ENQUÊTE DÉMOGRAPHIQUE 53 L’importance de ces erreurs incite

de

plus en plus les démogra- phes à abandonner ce type

de

questions.

b)

Questions sur Za vie ge’ne3ìque des f e m m e s

L’idée

est ici

de

chercher à connaître le nombre d’enfants nés- vivants mis au monde

par

chaque femme

de

l’échantillon.

Ce

ren- seignement permet alors

de

calculer, pour chaque groupe d’âge quin- quennal

de

femmes, le nombre moyen d’enfants nés-vivants,

indi-

cateur

de

Ia fécondité.

En fait, l’expérience montre que la simple question sur le nom-

bre

d’enfants nés-vivants fournit généralement des réponses entachées d’erreurs : le plus souvent,

il

s’agit d’omissions, en particulier chez les femmes âgées ; ces omissions concernent fréquemment des enfants décédés peu

de

temps après leur naissance.

O n peut alors penser à poser des questions un peu plus précises, par exemple en demandant à la femme les nombres

de

garsons et

de

filles qu’elle a mis au monde, ou les nombres

de

ses enfants qui vivent avec elle dans le ménage, qui vivent ailleurs, et qui sont décé- dés ; les deux renseignements peuvent être croisés.

Le

questionnaire devenant plus complet, on peut alors décider

de

ne

pas

se contenter de demander des nombres d’enfants, mais de dres- ser la liste nominative des enfants nés-vivants de la femme.

Si

cette liste est complétée par les dates

de

naissance des enfants, leur sexe, leur date éventuelle

de

décès, on aboutit à un <( questionnaire femme B

très complet qui fournit une description

de

la vie génésique

de

la femme. Les renseignements obtenus seront encore plus précis si l’enquêteur note aussi l’histoire matrimoniale

de

la femme, ainsi que ses éventuelles grossesses s’étant terminées par une fausse couche ou par un mort-né. O n a reproduit ci-après un exemple

de

questionnaire (figure 1II.a) :

il

s’agit, en fait,

de

la partie du questionnaire utilisé lors

de 1’EDS

du Togo (1988), relative à la vie génésique.

I1

faut enfin signaler que la connaissance

de

la survie des enfants, non seulement fournit une description plus précise de la vie génési- que

de

la femme, mais permet aussi une approche

de

la mortalité : on calcule la proportion des enfants décédés par groupe d’âge quin- quennal des femmes ; ces proportions sont ensuite transformées par diverses méthodes en quotients

de

mortalité entre la naissance et un âge exact. C’est William Brass qui, le premier, a suggéré une telle transformation (Brass, 1968).

c) Autres questions

D’autres questions peuvent être posées, plus simples, donc sus- ceptibles

de

générer des réponses moins entachées d’erreurs.

Ce

sont

les questions sur la survie des parents (votre père est-il encore en vie

?

votre mère

?)

pour estimer, par des techniques indirectes la morta- lité des adultes ; ou des questions sur la survie des sœurs pour appré- hender ia mortalité maternelle.

3. Enquête à passages répétés

Ce

type d’enquête vise à supprimer les erreurs des enquêtes rétros- pectives (omissions d’événements, mauvaise appréciation

de

la période des douze derniers mois) :

il

s’agit

de

mieux cerner la période

de

référence en l’encadrant par deux interrogatoires. Au cours d’un pre- mier passage, on dresse l’inventaire initial

de

la population de I’échan- tillon. Puis, lors des passages successifs, on note les événements (nais- sances, décès, arrivées, départs, mariages..

.)

survenus dans le ménage depuis le passage précédent. L’amélioration apportée par cette tech- nique est évidente : les risques d’erreur sont réduits du

fait

que l’on connaît la situation du ménage lors du passage précédent. Toutefois plusieurs problèmes se posent, notamment :

- il

faut décider si l’enquêteur dispose du questionnaire rempli lors du passage précédent : on parle alors d’obsen-ation suivie et

de

passages dépendants ; ou si l’enquêteur procède comme lors d’une enquête retrospective (passages indépendants), les vérifications se

fai-

sant a posteriori ;

-

il

faut déterminer la durée

de

l’intervalle entre deux passages successifs : on a tout intérêt à la réduire (3 ou

4

mois), mais le coût

de

l’opération s’en trouve augmenté. O n recommande généralement un intervalle

de 6

mois. Les omissions

de

déclaration

de

naissances suivies

de

décès peuvent être réduites en posant à chaque passage des questions sur les grossesses ;

- la durée totale

de

l’observation doit

de

toute façon être d’au moins une année, du fait des variations saisonnières. Avec des inter- valles

de

6 mois, cela nécessite donc au moins 3 passages (y compris l’inventaire initial) ;

-

I’échantillon sera constitué sur la base d’un sondage aréolaire (voir chapitre VI). En effet, pour des raisons évidentes

de

coût et d’organisation,

il

n’est pas question

de

chercher à suivre les person- nes ayant quitté les ménages enquêtés lors du premier passage.

I1

y aura donc une déperdition du nombre

de

personnes effectivement suivies.

Ces

enquêtes posent finalement des problèmes particuliers

(défi-

nition

de

la population de référence, exploitation, analyse), même si la qualité

de

l’observation est meilleure qu’avec une enquête rétros- pective. O n a utilisé cette méthode d’enquête en Afrique soit pour des enquêtes nationales (Tunisie 1968-69, Algérie 1969-70, Sénégal

L'ENQUÊTE DÉMOGRAPHIQUE 55

Figure 1II.a - Tableau synoptique de l'historique des naissances.

Questionnaire individuel. Enquête démographique et de santé au Togo (1988)

1970-71, Côte d’Ivoire 1978-79), soit pour des observatoires

de

popu- lation : on peut citer ici celui du Sine-Saloum, au Sénégal, avec au moins un passage annuel depuis 1962, l’observation se poursuivant encore aujourd’hui.

4.

Enquête renouvelée

Le

principe d’une enquête renouvelée est

de

réutiliser, plusieurs années après, un échantillon enquêté lors d’une première observation.

Contrairement à l’enquête à passages répétés, le 2‘ passage (voire les suivants) n’est

pas

prévu initialement et intervient souvent au bout d’une période très longue.

C’est

ainsi que l’enquête sur les mouve- ments

de

population en Haute-Volta (Burkina) réalisée en 1973 cons- titue en fait un deuxième passage

de

l’enquête

de

1960-61.

L’intérêt

de

ce type d’enquête est

de

réduire les risques d’omis- sions d’absents ou d’émigrés dans la mesure où l’on dispose

de

l’inventaire initial et d’obtenir une tendance moyenne sur un inter- valle assez grand pour les mouvements migratoires aussi bien que pour la natalité et la mortalité. L’effet conjoncturel est ainsi éliminé.

Lors

de

l’enquête men& en Haute-Volta en 1973, on a classé les individus enquêtés en 1960-61 selon leur situation observée en 1973 : résident (présent ou absent), émigré ou décédé. L’expérience a montré que les individus dont le devenir était inconnu 12 ans plus tard étaient peu nombreux : ils ne constituent que 1 % des cas, aux- quels

il

faut toutefois ajouter les cas

de

ménages entiers au devenir inconnu (nomades, fonctionnaires mutés..

.).

5. Double collecte

C’est

une technique fondée sur une estimation des omissions (for- mule

de

Chandra-Sekar et Deming) lorsque l’on dispose

de

deux observations indépendantes se rapportant à la même population au cours de la même période

de

temps. Appelons a le nombre d’évé- nements (naissances ou décès), enregistrés à la fois par la première source et par la seconde,

b

et c ceux des événements notés par une seule source, respectivement la première et la seconde. Sous réserve de l’indépendance des deux enregistrements, on montre que l’on peut estimer le nombre x des événements omis

par

les deux sources par la formule :

L’ENQUÊTE DÉMOGRAPHIQUE 57 Cette méthode est délicate à appliquer :

il

faut en effet assurer l’indépendance des deux sources, veiller à l’identité des deux champs spatiaux et temporels, et ne pas faire d’erreur dans la répartition des événements entre les trois catégories a,

b

et c.

Les sources utilisées peuvent être des enquêtes rétrospectives, des enquêtes à passages répétés ou l’état civil.

6.

Système d’observation et technique d’enquête

Une même opération, c’est-à-dire un système d’observation, peut faire appel à plusieurs techniques d’enquête.

Par

exemple, dans une enquête à passages répétés, on peut au cours du premier passage poser des questions sur les événements des douze derniers mois ou sur la vie génésique des femmes.

De

même, lors d’une enquête (à un ou plusieurs passages),

il

est possible, sur une partie de l’échantillon, de mettre en œuvre une double collecte, avec l’état civil ou un système

de

cahiers

de

villages.

AYAD (M), BARRÈRE (B), 1991, u Présentation des enquêtes démographiques et de santé B, Population, n o 4, Paris, pp. 964-975.

BRASS (W) et al. - 1968, The demography of tropical Afncu, Princeton University Press, 540 p.

CANTREUE (P), 1974, La me’thode de l’observation de-hographique suivie par enquête à passages repele3 (OS/EPR), Laboratories for Population

Statistics, The Carolina Population Center, Chapel Hill, 36 p.

CEA-UNESCO, 1974, Manuel des enquêtes démographiques pur sonduge en Afrique, Addis-Abeba, 263 + 16 p. multigr.

CHANDRA SEKAR (C), DEMING (E.W), 1972, << Une méthode d’estimation des taux de natalité et de mortalité et du sous-enregistrement de l’état civil B, La démographie en Afrique d’expression françuise, bulletin de liaison, n o spécial 1, (traduction de << O n a method of estimating birth and death rates and the extent of registration B, Joumal of the Ame- rican Statistial Associution, vol. XXXXIV, n”245, mars 1949,

CLELAND

u),

SCO’M (C), 1987, The world fertility survey. A n assessment, Oxford University Press, 1058 p.

GDA, 1967, Afrique noire, Madagascar, Comores, de-mographie compareé,

DGRST, Paris, 2 tomes, 342 p. et 344 p.

GDA, 197 1, Les enquêtes de-mographiques à passages re3e3e3. Application à l’Afrique d’expression françuise et à Mahgascar. Me3hodologie, Paris,

290 p.

GDA, 1972, << Séminaire sur les enquêtes à passages répétés, 3-11 février 1972, Paris B, n o spécial, Lu de*mographie en Ajñque d’expression frun- çaise, bulletin de liaison, 49 p.

INSEE, 1961, Enquête delinographique par sondage. Manuel d’enquêteur et de contrôleur, Paris, 78 p.

INSEE, 1981, u Séminaire AISE-INSEE sur les enquêtes statistiques, Dakar, 16-20 novembre 1981 B, Stateco, n”28, 108 p.

LLOYD

(c),

MARQUETTE (C), 1992, Dzrectoy of surveys in developing coun- tries. 1975/92, The population council, New York, 3 1 2 p.

ORSTOM, 1975, Enquête sur les mouvements de population à partir du

pays Mossi, ministère voltaïque du Travail et de la Fonction publi- que, ministère français de la Coopération, tome 2, 218 p.

%on (C), 1973, u L’enquête (les enquêtes démographiques par sondage) B,

in Sources et anal’yse des donneés de-mographiques. Application à I’Afnkue d’expression française et à Madagascar. u Première partie.

Sources des données B, GDA, Paris, p. 99-130.

Methodology of demographic sample surveys B,

Statistical papers, Series M, no 5 1 , New York, 3 1 1 p.

p. 101-115).

UNITED NATIONS, 1971,

Annexe II1.A - Les enquêtes africaines depuis 1946

Sainte-Hélène Sénégal Seychelles Sierra Leone Somalie Soudan Swaziland Tanzanie Tchad Togo Tunisie

Zaire

Dans le document POPULATION DE (Page 52-61)