LES DONMES D~ÉTAT
UI. DONNÉES SUR L’ACTMTÉ ÉCONOMIQUE
3. Apport des enquêtes auprès des ménages
Elles sont d’autant plus nécessaires que le marché du travail est plus segmenté. Elles visent à décrire le niveau de l’activité économi- que à un moment donné par différentes questions : démographie générale, type d’activité, structure de l’emploi, durée du travail, sous- emploi, chômage (durée, cause, mode de recherche d’un emploi..
.),
activités multiples.
Elles essaient de décrire le fonctionnement du marché de l’emploi par des questions rétrospectives sur les emplois successifs (mobilité géographique et professionnelle) ou par des questions sur les démar- ches effectuées pour la recherche d’un emploi ou sur l’adéquation formation! emploi.
Signalons enfin le cas particulier des enquêtes agricoles et des enquêtes < temps de travaux B.
Le choix de la date de ces enquêtes est très important, surtout pour saisir les travaux saisonniers. O n peut décider de mener plu- sieurs enquêtes dans l’année, à des dates différentes.
Les enquêtes auprès des ménages permettent aussi de corriger ou de mettre à jour les résultats d’un recensement.
La méthode utilisée pour corriger les résultats du recensement con- siste généralement à commencer par reproduire la classification du recensement, grâce à des questions identiques à celles du recense- ment, avec réponse spontanée de l’enquêté. L’enquête permet alors de définir < au sens du recensement B les populations des actifs occu-
LES DONNÉES D’ÉTAT 139 pés
(OR),
des chômeurs(CR),
des acufs(AR,
avecAR = OR
+CR),
des inactifs(IR),
et une population totale(TR,
avecTR = AR
+IR).
O n utilise ensuite les possibilités
de
l’enquête (questionnaire détaillé, enquêteurs sensibilisés) pour a récupérer B parmi la population inac- tive au sens du recensement des actifs occupés marginaux(OM)
et des chômeurs marginaux(CM)
(tableauVIII.2)
:Tableau VIII.2 - Enquête sur l’emploi et recensement Au sens de l’enquête Marginaux
A u sens du recensement Catégorie
OE = OR + O M CE = CR + CM Actifs occupés
Chômeurs
AR = OR + CR AM
I
= - A M O M + CM AE IE = = IR OE - + AM CE ActifsInactifs
I
TOTALI
TR = AR + IRI
-I
T E = T R Les actifs occupés marginaux sont des actifs occupés et non des inactifs parce qu’ils ont eu, à titre occasionnel ou exceptionnel, une activité professionnelle pendant la période de référence : aides fami- liaux qui participent à temps partiel ou occasionnellement aux tra- vauxde
l’entreprise familiale, femmes qui exercent des activités sala- riées d’appoint de façon irrégulière ou saisonnière, ou à raison d’un petit nombre d’heures par semaine.. .Les chômeurs marginaux sont ceux qui recherchent quand même un emploi, même s’ils ne considèrent pas cette occupation comme leur caractéristique principale.
4.
Quelques problèmes rencontrésu) Comment peut-on déterminer clairement si l’activité qu’exerce un individu présente ou non un caractère économique
?
O n peut, Cer-tes s’appuyer sur le revenu que l’individu tire
de
son activité, mais cela est largement insuffisant : cas où l’individu n’est pas rémunéré (aides-familiaux, apprentis) et, inversement, cas où les inactifs peu- vent être rémunérés (retraités, étudiants boursiers...)
; problème des activités au foyer (ménagères) ; questionde
l’autoconsommation.. .S)
Comment traiter le cas des individus exerçant simultanément plu- sieurs activités? Ce
cas est très fréquent. Une bonne description néces- sitede
les saisir toutes. N’en retenir qu’une signifie que l’ondéfi-
nit une activité principale. Selon quel critère
?
Le temps qui fui est consacré?
Le revenu qui en est tiré?
L’intérêt qui lui est porté?
Quelle est par exemple l’activité principale d’un fonctionnaire qui, en plus de son travail de bureau, s’occupe de son (ses) taxi(s) ou/et de son élevage de volailles ou de porcs
?
c) Comment traiter le cas des individus exerçant successivement plu- sieurs activités
?
Là encore, ce cas est fréquent. O n peut penser notam- ment aux activités saisonnières. Or, l’adverbe < habituellement % dans la définition de la population active (voir l’annexe VII1.D) signifie que l’on se réfere à une période d’une certaine durée (généralement un an) au cours de laquelle un individu peut changer de type d’acti- vité, de situation dans la profession, voire de branche d’activité : d’actif occupé, il peut devenir chômeur, de salarié, il peut passer indépendant.. .Par exemple, au cours d’une période de référence donnée, un petit exploitant agricole peut exercer aussi une activité de salarié agri- cole ou de salarié du bâtiment.
d)
Peut-on se contenter de descriptions tranchées qui évacuent tou- tes les situations intermédiaires ? En effet, toutes les définitions uti- lisées font appel, explicitement ou implicitement, à des seuils :-
à partir de quel nombre d’heures (ou de jours) travaillées, un individu sera-t-il considéré comme actif occupé?
Par exemple, dans les enquêtes tunisiennes sur l’emploi, le seuil est furé à 15 h ;-
à partir de quel âge un individu peut-il être considéré comme actif?
Des âges différents peuvent être retenus dans les recensements, par exemple : 6 ans (Cameroun 1976, Algérie 1977, Sénégal 1976), 12 ans (Mauritanie 1976) ;-
à partir de quel niveau de revenu un individu sera-t-il consi- déré comme sous-employé?
-
à partir de quel type de démarche, pour la recherche d’un emploi, un individu sera-t-il considéré comme chômeur?
e) Pour toutes ces raisons, on est amené à introduire différents con- cepts pour décrire de façon complète les situations rencontrées. O n en fournira ici deux exemples (voir l’annexe VII1.D) :
-
on distingue deux a mesures D de la population active : la population habituellement active qui, au cours des 12 derniers mois, a pu être classée dans la population active (actifs occupés ou chô- meurs) pendant une durée minimale donnée, et la population active du moment (ou main d’œuvre) comprenant les personnes qui peu- vent être considérées comme acufs occupés ou comme chômeurs pen-LES DONNÉES D’ÉTAT 141
Autres
Aides
Indépendantes familiales
Indépendantes 1427 251 42
Aides familiales 12 189 64
dant une période
de
référence beaucoup plus brève (la semaine ou la journée précédant l’enquête) ;- on introduit la notion
de
sous-emploi pour indiquer que l’emploi occupé par une personne est insuffisantpar
rapport à des normes déterminées, en distinguant :le sous-emploi visible qui concerne les personnes travaillant invo- lontairement moins que la durée normale du travail,
le sous-emploi invisible qui concerne les personnes dont l’emploi présente des caractéristiques de
faible
revenu,de
sous-utilisation des compétences oude
faible productivité.1
Total 1714
260
/3 L’idée
que se font les enquêtés de leur situation, ou l’idée que s’en fait l’enquêteur, influe sur les réponses (exemple des ménagè- res). D’oÙ l’importance des instructions aux enquêteurs. Mais encore faut-il que les enquêteurs suivent les instructions.C’est ainsi que lors
de
l’enquête pilote du recensementde
Sierra Leonede
1974, sur cinq agents recenseurs dont les interviews ont été enregistrés, deux ne mentionnaient pas du tout la périodede
référence pour déterminer le type d’activité, deux autres n’y faisaient qu’une très vague allusion. Finalement, l’appréciation en était lais- sée à l’enquêté.D e
même,il
est parfoisdifficile de
faire la distinction entre les différentes situations dans la profession. O n peut citer ici lesdaé-
rences entre les résultats du recensement du Ghana
de
1960 et ceux de l’enquête post-censitaire (tableau VIII. 3).5. Exemple des ménagères
L’activité féminine est généralement difficile à appréhender cor- rectement.
Cela
tient pour une large part à sa sous-estimation tant par la femme elle-même que par l’enquêteur.En effet, une femme sera trop facilement et trop rapidement clas- sée comme ménagère, alors qu’elle exerce une activité : aide-familiale
dans l’exploitation agricole ou dans l’atelier ; activités artisanales secon- daires (tissage, confection, vente de beignets..
.)
; activité agricole en propre puisque dans de nombreuses sociétés, le femme possède ses propres champs et les cultive.Le tableau suivant indique quelques résultats (tableau VIII.4).
Tableau VIII.4 - Taux brut d’activité féminine
Ce tableau révèle une diversité de situations dont on a de bon- nes raisons de penser qu’elle ne reflete pas forcément la réalité : fortes différences entre pays de cultures voisines, variabilité dans les résul- tats successifs pour un même pays.
Ces réserves sont corroborées par l’exemple de l’enquête post- censitaire du Ghana en 1960 : sur 1768 femmes classées Q: ménagè- res B au recensement, seules 901 sont considérées comme telles à I’EPC ; les autres sont reclassées comme actives occupées (799), infir- mes (52) ou autres (16).