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Volume, domaine et contexte de l’activité physique

CHAPITRE 1. REVUE DE LA LITTÉRATURE

1.3 Activité physique et santé mentale

1.3.2 Volume, domaine et contexte de l’activité physique

Identifier les modalités de l’activité physique associées aux troubles mentaux et à la santé mentale est essentiel afin d’orienter les recommandations et développer des interventions efficaces de promotion et de prévention. Diverses modalités de l’activité physique ont été étudiées en lien avec la santé mentale et/ou les troubles mentaux: la fréquence, la durée, l’intensité, le volume (généralement une mesure qui combine fréquence, intensité et durée), le domaine et, plus rarement, le contexte. Plusieurs études ont identifié une relation dose- réponse, suggérant des bénéfices accrus pour la santé mentale et la réduction des troubles anxieux et dépressifs lorsqu’augmente la dose de l’activité physique [25, 137-141]. D’autres enquêtes suggèrent que même un faible niveau d’activité physique permet de prévenir les symptômes de dépression [26, 142]. Dans leur revue systématique, Larun & coll. (2006) n’ont trouvé aucune différence entre l’activité physique d’intensité faible et élevée lorsqu’on évalue leur effet sur l’anxiété et la dépression [19]. Par ailleurs, l’activité physique de forte intensité a été identifiée comme un facteur de risque des troubles mentaux dans une étude chinoise [143]. Enfin, il a été suggéré que le surentraînement [115] peut augmenter le risque de troubles dépressifs. Le syndrome du surentraînement a d’ailleurs fait l’objet d’études spécifiques [144, 145]; Eichner le décrit comme un trouble, qu’il définit comme « une dépression avec un nouveau visage » (traduction libre) [146].

Des chercheurs se sont également questionnés sur la relation entre le domaine de l’activité physique et divers indicateurs de santé mentale et de troubles mentaux. Dans la littérature on

distingue généralement quatre principaux domaines de l’activité physique : loisir, transport, travail, domestique. Globalement, les études montrent que seule l’activité physique de loisir est associée à une meilleure qualité de vie [147], à une prévalence plus faible de dépression [16, 139] et à des niveaux plus faibles de stress et de détresse psychologique [148] ; aucune association n’a été observée pour l’activité physique liée aux travaux domestiques, au travail ou au transport actif. Par ailleurs, McKercher et coll. (2009) ont observé que l’activité physique au travail (emploi qui nécessite des efforts physiques) est associée à un risque deux fois plus élevé de dépression comparativement au fait d’être sédentaire chez les femmes [149]. Enfin, la diversité des contextes dans laquelle l’activité physique prend place implique une variété d’expériences possibles pour le participant [150], susceptibles d’influencer différemment la santé mentale. L’une des principales caractéristiques qui distinguent les divers contextes d’activité physique est liée aux interactions sociales [151]. Les contextes « sociaux » de l’activité physique peuvent être définis de maintes manières ; il peut s’agir d’équipes sportives structurées, généralement supervisées par un entraineur, ou encore de groupes plus ou moins informels d’un nombre variable d’individus qui se rassemblent pour pratiquer une activité physique. À cet effet, une diminution importante de la participation à des sports d’équipes organisés avec l’âge, en faveur d’activités physiques moins structurées, a été observée chez les adolescents et les jeunes adultes [152, 153]. Diverses explications sont proposées pour expliquer ce changement dans la pratique d’activités physiques chez les adolescents et les jeunes adultes telles que la diminution des opportunités pour faire partie d’une équipe sportive après les études secondaires, le stress associé à la performance, la trop grande importance accordée à la victoire ainsi que le niveau de compétitivité croissant dans les équipes sportives, les coûts élevés liés à la participation aux tournois, l’incidence accrue des blessures avec l’âge et un intérêt accru pour d’autres types d’activité physique de loisir [154]. Par conséquent, on peut supposer que l’activité physique en groupe informel offre une opportunité potentiellement plus intéressante que les équipes sportives aux jeunes désireux d’êtres actifs dans leurs loisirs [153]. Enfin, il a également été démontré que la possibilité d’être avec des amis influençait non seulement le choix des types et des contextes d’activité physique mais également le fait d’être actif ou non dans ses loisirs chez les adolescents et les jeunes [155, 156].

Quelques recherches ont porté sur l’association entre le contexte de l’activité physique et la santé mentale et les troubles mentaux. Jusqu’à maintenant, la très grande majorité de ces études ciblent le contexte des sports d’équipe à l’école ou dans la communauté [21, 22, 27, 157]. Des études soutiennent que l’aspect social du contexte d’activité physique pourrait être un facteur déterminant dans l’explication de la relation entre l’activité physique et la santé mentale et les troubles mentaux. Chez des enfants âgés de 8 à 10 ans, Vella & coll. (2014) ont montré que l’implication dans des sports d’équipe avait des bénéfices accrus sur la qualité de vie comparativement aux enfants qui font de l’exercice individuellement seulement; les résultats de cette étude suggèrent également que les filles bénéficient davantage que les garçons du contexte des sports d’équipe [158]. Sabo & coll. (2005) ont observé que la participation des athlètes de niveau secondaire impliqués dans des sports d’équipe à l’école avait une probabilité réduite d’idéations suicidaires chez les adolescents (garçons et filles) âgés de 14 à 18 ans et une réduction de la probabilité de planifier une tentative de suicide chez les adolescentes seulement [159]. De manière similaire, Taliaferro & coll. (2008) rapportent que faire partie d’une équipe sportive à l’école ou au sein de la communauté aurait un effet protecteur sur le sentiment de désespoir et le risque de suicide chez les adolescents [160]. Les résultats de cette étude montrent également que les adolescents qui font partie de trois équipes sportives ou plus affichent une réduction du risque de désespoir et de suicide supérieure à ceux impliqués dans une ou deux équipes sportives. Pour leur part, Brunet & coll. (2013) ont observé que la participation à des sports d’équipe organisés durant l’adolescence était associée à une réduction des symptômes dépressifs au début de l’âge adulte, comparativement aux adolescents actifs hors du contexte de sports d’équipe, et ce, pour les activités physiques d’intensité modérée à vigoureuse [21]. Jewett & coll. (2014) ont trouvé que la participation aux sports d’équipe à l’école durant l’adolescence était un prédicteur d’une faible symptomatologie dépressive, d’un niveau faible de stress perçu et d’une santé mentale perçue élevée chez les jeunes adultes [22]. Enfin, une étude réalisée auprès d’étudiants universitaires au premier cycle révèle que, comparativement aux sports individuels, les sports d’équipe étaient associés à des scores plus faibles de dépression [161].

troubles mentaux bien qu’elles soient susceptibles d’offrir des opportunités d’activités physiques plus accessibles et attrayantes pour les jeunes [153]. Une récente étude propose une analyse exploratoire des interactions sociales dans les groupes informels d’activité physique ; cette étude révèle, d’une part, l’ampleur des interactions sociales dans les activités physiques en groupe informel, et d’autre part, une forte association entre le niveau d’interaction sociale et le sentiment de compétence, un élément central du bien-être psychologique [151].