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Forces et limites de l’étude

CHAPITRE 5. DISCUSSION

5.3 Forces et limites de l’étude

L’utilisation d’une mesure de santé mentale complète qui intègre à la fois les dimensions hédonique et eudémonique à travers l’évaluation du bien-être émotionnel, psychologique et social est certainement l’une des principales forces de cette étude. Jusqu’à maintenant, les

études qui portent sur l’état de santé mentale de la population générale et plus spécifiquement sur la relation entre l’activité physique et la santé mentale ont eu recours à des mesures limitées de la santé mentale dans sa dimension positive. Plusieurs études ciblent uniquement le bien-être émotionnel [23, 134], également identifié par certains auteurs comme la qualité de vie; quelques études évaluent l’activité physique en lien avec le bien-être psychologique [135, 136] tandis que d’autres utilisent une mesure de santé mentale perçue à l’aide d’une seule question [22]. La mesure utilisée dans cette étude a l’avantage d’intégrer toutes les dimensions de la santé mentale telle qu’elle est définie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS); elle permet également une évaluation de la santé mentale, distincte de la mesure des symptômes de troubles mentaux.

Cette étude porte sur les jeunes en transition à l’âge adulte, un groupe d’âge aux frontières floues, rarement étudié en raison notamment de la diversité des parcours personnels, académiques et professionnels [4] ce qui entraine d’importantes difficultés pour les rejoindre et réaliser une enquête épidémiologique. Les institutions d’enseignement collégial, que l’on retrouve uniquement au Québec, offrent une opportunité unique de rejoindre un sous-groupe des jeunes en transition, ceux qui poursuivent des études postsecondaires, âgés entre 16 et 24 ans pour la plupart. De plus, le cégep regroupe des jeunes en transition à l’âge adulte pour une période suffisamment longue, de 2 ou 3 ans (certaines prendront jusqu’à 4 ou 5 ans pour compléter leur diplôme) ce qui permet d’avoir accès à un échantillon relativement diversifié de jeunes en termes d’âge et d’évolution dans leur parcours de transition. Le fait que notre étude porte spécifiquement sur ce groupe d’âge est intéressant non seulement dans une perspective d’évaluation de la santé mentale, mais également pour la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux courants.

L’échantillon de cette étude à T1 est grand (n=1 527) et le taux de réponse pour ce premier temps de mesure est excellent (87,4%) ce qui représente nécessairement une force de l’étude. Cette étude porte sur les jeunes en transition à l’âge adulte issus de la population générale ; il ne s’agit pas d’un échantillon clinique. L’étude a été réalisée au cours de l’année académique 2013-2014 ce qui donne accès à des données récentes sur les jeunes au collégial.

Enfin, bien que notre étude ne compte que deux temps de mesure, l’utilisation d’un plan d’étude longitudinal pour les analyses de l’article 3 nous a permis d’évaluer l’effet de différentes modalités de l’activité physique mesurées au T1 sur la santé mentale, les symptômes anxieux et dépressifs au T2 en contrôlant pour ces indicateurs de santé mentale- troubles mentaux au T1 et ainsi de pouvoir se prononcer sur la causalité des associations observées. Le plan d’étude longitudinal a également permis d’effectuer les analyses de médiation à partir de l’approche proposée en inférence causale pour estimer les effets naturels directs et indirects.

5.3.2 Validité interne des résultats de l’étude

Il est essentiel de discuter des erreurs systématiques (biais) qui pourraient menacer la validité interne des résultats de l’étude. Nous discuterons des biais d’information potentiels qui peuvent entrainer une mauvaise classification des participants. Par la suite, les biais de sélection possibles, dus à la participation au T1 et aux pertes de suivi pour le T2, sont abordés. Enfin, nous présenterons les biais ou facteurs de confusion potentiels de cette étude et les stratégies utilisées pour minimiser leur impact sur les résultats de l’étude.

Biais d’information

L’utilisation de mesures auto-rapportées présente une limite à considérer dans cette étude, notamment en ce qui concerne la classification des sujets et les biais qui peuvent en résulter. De manière générale, les mesures auto-rapportées, particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes et davantage pour des mesures de santé mentale et de troubles mentaux, sont sujettes à l’effet de désirabilité sociale [272], ce qui signifie qu’un répondant pourrait avoir tendance à fournir une réponse socialement acceptable et à présenter un portrait plus favorable de lui-même [273] que la réalité. Ces erreurs d’information peuvent entrainer une mauvaise classification des sujets. Cependant, il est peu probable que cette mauvaise classification soit différentielle en fonction de l’exposition. Par ailleurs, un biais de classification non différentielle est probable; ce type de d’erreur aléatoire survient lorsque le niveau d’erreur est similaire entre les groupes étudiés (ici, en fonction de l’exposition). Ce type de biais a pour

effet d’augmenter les similitudes entre les groupes; par conséquent, il entraine une dilution de l’effet qui tend alors vers la valeur nulle. Par ailleurs, les procédures mises en place pour assurer la confidentialité lors de la collecte de données devraient contribuer à minimiser l’effet de désirabilité sociale [274].

Bien que le HADS soit une mesure valide, fiable et couramment utilisée pour le dépistage des symptômes anxieux et dépressifs, il ne permet pas de faire une évaluation psychiatrique et de fournir un diagnostic de troubles mentaux. Le niveau de sévérité des symptômes anxieux et dépressifs mesuré à l’aide du HADS est cependant un indicateur valide du risque de développer un trouble anxieux et/ou dépressif [217]. Les résultats qui soutiennent le modèle des deux continuums de la santé mentale et des troubles mentaux présentés à l’article 1 doivent en ce sens être interprétés avec prudence; les recherches futures pourraient comparer les résultats de la version canadienne-française du MHC-SF avec une évaluation psychiatrique structurée.

Il a été démontré que les mesures auto-rapportées de l’activité physique peuvent surestimer l’activité physique réelle, particulièrement le volume d’activité physique d’intensité modérée- élevée (MVPA) [275]. Cependant, la surestimation du volume d’activité physique a peu de chance de biaiser les résultats de la présente étude puisque nous nous intéressons aux différences de volume d’activité physique plutôt qu’à l’effet d’un seuil précis d’activité physique sur la santé mentale, les symptômes anxieux et dépressifs. De plus, le GSLTPAQ pourrait entrainer des erreurs de classification, car, contrairement au IPAQ (International

Physical Activity Questionnaire), il ne mesure pas spécifiquement la durée de chaque session

d’activité physique rapportée au cours d’une semaine de sept jours. Par ailleurs, le questionnaire fournit une balise claire en indiquant que seules les sessions d’activité physique de 15 minutes ou plus doivent être considérées. Le questionnaire est donc conçu de manière à exclure les activités physiques de très courtes durées qui ne sont pas susceptibles de fournir des bienfaits pour la santé physique.

Une étude effectuée auprès d’un échantillon d’adultes survivants du cancer visant à comparer le GSLTPAQ, une mesure subjective auto-rapportée de l’activité physique aux données