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Pour la promotion-prévention en santé mentale

CHAPITRE 5. DISCUSSION

5.1 Résumé des principaux résultats

5.2.2 Pour la promotion-prévention en santé mentale

Les résultats de cette thèse fournissent des preuves originales quant aux modalités de l’activité physique à privilégier pour maximiser les bienfaits sur la santé mentale et réduire les symptômes anxieux et dépressifs auprès des jeunes en transition à l’âge adulte. Nos résultats suggèrent également que les contextes sociaux d’activité physique sont plus susceptibles d’améliorer la santé mentale et de réduire les symptômes dépressifs. De tels constats permettront de formuler des recommandations concrètes afin d’influencer l’offre en activité physique dans le cégep participant puis dans l’ensemble des cégeps de la province et éventuellement dans la communauté. Nous croyons également que les résultats de la présente étude permettront de bonifier et de nuancer les recommandations en activité physique favorables à la santé mentale d’une part, et de fournir de nouvelles pistes pour l’élaboration de stratégies et de programmes de santé publique qui visent à promouvoir la santé mentale et prévenir les troubles mentaux chez les jeunes.

Nous présenterons brièvement le contexte dans lequel la présente recherche a été élaborée et les retombées concrètes anticipées pour les cégeps et la santé publique.

Retombées pour les cégeps

La présente étude s’inscrit dans la continuité du projet « Transition Cégep » (http://www.qualaxia.org/ms/transition-cegep/index.php?lg=fr) visant à renforcer les interventions de promotion de la santé mentale auprès des jeunes au collégial. Ce projet de recherche, déployé dans six cégeps du Québec en 2011-2012, avait pour objectif de documenter les interventions favorables à la santé mentale auprès des jeunes, de réunir autour d’une même table des gestionnaires et intervenants au collégial afin de partager ces connaissances et de soutenir les établissements dans l’élaboration d’un plan d’action personnalisé. Cette expérience a démontré, d’une part, que les dirigeants, professeurs et intervenants des cégeps sont grandement préoccupés par la santé mentale de leurs étudiants et par le niveau de stress, de symptômes anxieux et dépressifs des jeunes. D’autre part, ce projet a permis d’identifier qu’il existe un intérêt réel et un besoin criant pour documenter de nouvelles stratégies de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux

chez cette population. En effet, on constate que les cégeps ont peu de ressources, financières, matérielles et humaines pour déployer des programmes complexes de promotion-prévention en santé mentale. Les initiatives actuelles se limitent essentiellement à la prévention du suicide avec la création de réseaux de sentinelles; quelques actions ont été déployées pour lutter contre la stigmatisation associée aux troubles mentaux et l’intimidation.

Dans ce contexte, l’idée de documenter l’effet de l’activité physique sur la santé mentale et les troubles mentaux chez les jeunes au collégial a suscité un vif intérêt de la part des participants au projet Transition cégep. Tel que nous l’avons mentionné dans la revue de la littérature, l’activité physique présente de nombreux avantages, tant pour les cégeps que pour les jeunes : elle nécessite peu de ressources financières et matérielles, les installations sont déjà disponibles et de nombreuses activités sont déjà offertes dans les programmes parascolaires, l’activité physique est généralement peu stigmatisante et a un fort potentiel d’être acceptée et comprise par les jeunes comme un moyen de promouvoir la santé physique et mentale. Par conséquent, le cégep participant au projet, les autres cégeps du projet Transition cégep et dans une plus large mesure la Fédération des cégeps (impliquée dans le projet Transition cégep) ont manifesté leur intérêt à être informés des résultats de la présente étude et des recommandations qui émergent.

Retombées pour la santé publique

Comme nous l’avons mentionné précédemment, les recommandations en matière d’activité physique sont essentiellement basées sur les bénéfices escomptés en matière de santé physique; il n’existe pas au Canada ou au Québec de recommandations en activité physique spécifiques à la santé mentale.

Même si les résultats de la présente étude devront être répliqués auprès d’autres populations de jeunes en transition à l’âge adulte et éventuellement d’autres groupes d’âge, les constats qui émergent de cette recherche suggèrent que le contexte de l’activité physique doit être pris en compte lorsqu’on s’intéresse à la promotion de la santé mentale et la prévention des troubles mentaux courants. Bien que le volume, qui tient compte de la fréquence, la durée et l’intensité, de l’activité physique joue certainement un rôle important, d’autres modalités doivent être

considérées.

D’autre part, comme le montrent quelques études récentes, les jeunes semblent se désintéresser de plus en plus des équipes sportives structurées en faveur des activités de groupe qui prennent place dans un contexte plus informel [151]. Les résultats de notre étude montrent que le contexte de groupe informel est « populaire » auprès des jeunes au collégial. Au total, 35,7% des participants déclarent faire partie d’une équipe sportive; parmi ceux qui ne font pas partie d’une équipe sportive, 39,2% disent faire de l’activité physique en groupe informel au moins une fois par semaine et 20,1% de l’activité physique sur une base individuelle seulement. En plus de l’intérêt qu’elle suscite, l’activité physique en groupe informel est associée à une meilleure santé mentale et moins de symptômes dépressifs comparativement à l’activité physique individuelle. Enfin, notre étude démontre que l’activité physique en groupe informel et en équipe sportive permet d’atteindre un volume plus élevé d’activité physique. Ainsi, promouvoir l’activité physique non seulement au sein d’équipes sportives mais également en groupe informel, apparait une stratégie novatrice et prometteuse parce qu’elle suscite beaucoup d’intérêt auprès des jeunes en transition à l’âge adulte, parce qu’elle est associée à une augmentation du niveau de santé mentale et une diminution des symptômes dépressifs et parce qu’elle est associée à un volume élevé d’activité physique. Enfin, s’ils sont reproduits, les résultats de cette étude pourraient être utilisés par les instances de santé publique afin de suggérer aux municipalités de bonifier leurs installations sportives (parcs, terrains sportifs) et la programmation sportive locale afin d’encourager un maximum de jeune à être actifs dans leurs loisirs, d’atteindre un plus grand volume d’activité physique et de favoriser l’activité physique en groupe informel et au sein d’équipes sportives.

5.3 Forces et limites de l’étude