• Aucun résultat trouvé

Agir en amont : promouvoir la santé mentale et prévenir les troubles mentaux

CHAPITRE 1. REVUE DE LA LITTÉRATURE

1.1 Troubles mentaux et santé mentale

1.1.7 Agir en amont : promouvoir la santé mentale et prévenir les troubles mentaux

Dans une perspective de santé publique, identifier les facteurs et comportements modifiables qui peuvent améliorer la santé mentale et réduire le risque de troubles anxieux et dépressif est essentiel afin d’agir en amont des problèmes pour prévenir les troubles mentaux courants et promouvoir la santé mentale [106]. Bien que ces concepts soient intimement liés, la prévention cible principalement des groupes à risque ou vulnérables afin d’empêcher le développement des troubles tandis que la promotion de la santé mentale a pour avantage de viser l’amélioration globale du bien-être et d’un état de santé mentale positif auprès de l’ensemble d’une population [11]. Les initiatives de prévention des troubles mentaux et de promotion de la santé mentale sont complémentaires ; une même intervention peut agir aux deux niveaux et entraîner à la fois une réduction de la prévalence et de l’incidence des troubles mentaux et une amélioration du bien-être.

Tel que mentionné précédemment, puisque les premiers symptômes de troubles mentaux apparaissent généralement à l’adolescence et au début de l’âge adulte, la population des jeunes en transition à l’âge adulte représente un groupe auprès duquel on peut intervenir pour réduire le risque d’apparition de ces troubles. Certains troubles anxieux spécifiques, tels que l’anxiété de séparation et la phobie sociale, peuvent apparaître aussi tôt qu’à la fin de l’adolescence (15-

17 ans) [107, 108]. L’âge médian d’apparition du trouble panique, de la dépression majeure et du trouble d’anxiété généralisée se situerait plutôt au début de l’âge adulte, entre 23 et 30 ans [41, 107].

Malgré l’importance et l’urgence d’agir, les interventions de promotion de la santé mentale et de prévention des troubles mentaux auprès des jeunes en transition à l’âge adulte demeurent limitées. Au Québec, quelques programmes de promotion-prévention ont été déployés dans le réseau collégial au cours des dernières années, mais les interventions mises en place visent essentiellement la prévention du suicide auprès des populations à risque et l’amélioration de la littératie en santé mentale.

1.2 Activité physique et santé

L’activité physique retient l’attention des chercheurs, décideurs, intervenants et cliniciens qui œuvrent dans tous les secteurs de la santé. Les vertus de l’activité physique sur la santé physique, notamment pour la prévention des maladies cardiovasculaires, de l’hypertension, du diabète et de l’obésité ont été abondamment démontrées [14]. La pratique régulière de l’activité physique a été identifiée comme un moyen efficace pour prévenir et réduire plusieurs facteurs de risque de la santé, et ce, peu importe l’âge, le sexe, l’origine ethnique et le statut socioéconomique [109]. D’autre part, on observe depuis les dernières décennies, au Canada et dans plusieurs pays industrialisés, une diminution importante du niveau d’activité physique et de la condition physique de la population et une augmentation du nombre de personnes obèses ou présentant un surplus de poids. Ces transformations s’accompagnent d’une augmentation de la prévalence des maladies liées à l’excès de poids tel que le diabète de type 2 et l’hypertension [109].

En 2010, à partir des données probantes issues d’une revue de la littérature sur l’efficacité de l’activité physique pour la santé physique, et après un processus de consultation auprès de 1000 experts au Canada et ailleurs dans le monde (professionnels de la santé, organisations gouvernementales et non gouvernementales, enseignants et fournisseurs de soins), la Société canadienne de physiologie de l’exercice (SCPE) et l’Agence de la santé publique du Canada

(ASPC) ont mis à jour les Directives canadiennes en matière d’activité physique [109]. Ces directives, à l’intention des enfants (5 à 11 ans) et des jeunes (12 à 17 ans), des adultes (18 à 64 ans) et des aînés (65 ans et plus), visent à promouvoir un mode de vie actif et sain auprès de l’ensemble de la population canadienne. Selon ces directives, il est recommandé pour tous les adultes de 18 à 64 ans et de 65 ans et plus, « vraisemblablement en santé, sans égard au sexe, à la race, à l’origine ethnique ou au statut socioéconomique […] de faire chaque semaine au moins 150 minutes d’activité physique aérobique d’intensité modérée à élevée par séances d’au moins 10 minutes » [109]. Or, seuls 15% des adultes canadiens atteignent ces recommandations [110]. Les directives précisent qu’ « il est également bénéfique d’intégrer des activités pour renforcer les muscles et les os et faisant appel aux groupes musculaires importants au moins deux jours par semaine ». On souligne que « s’adonner à encore plus d’activité physique entraîne plus de bienfaits pour la santé ». Ces recommandations, qui s’alignent directement sur les conclusions des études cliniques et épidémiologiques, soutiennent qu’une augmentation de la fréquence, de la durée et de l’intensité de l’activité physique est associée à des bienfaits accrus pour la santé physique.

Les initiatives de promotion de l’activité physique en santé publique misent essentiellement sur ce message depuis plusieurs années : « bougez plus ». Or, si les recommandations visant à favoriser une augmentation du volume et de l’intensité de l’activité physique font consensus quant à leur efficacité pour la prévention de nombreuses maladies et conditions chroniques physiques, ces directives ne s’appliquent pas nécessairement à la santé mentale et aux troubles mentaux courants. Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de recommandations précises en termes de quantité ou autres modalités de l’activité physique qui fassent consensus au sein de la communauté scientifique ou des autorités de santé publique pour la santé mentale. Cet état de la situation peut s’expliquer, entre autres, par la complexité des mécanismes d’action à travers lesquels l’activité physique « agit » sur la santé mentale et les troubles mentaux et aussi par l’intérêt relativement récent pour l’activité physique dans le champ de la santé mentale et des troubles mentaux. On observe cependant un intérêt croissant pour cette thématique. Dans les prochaines sections de la revue de la littérature, nous présenterons les résultats de plusieurs études, revues systématiques et méta-analyses afin de dégager les modalités ayant un potentiel

d’efficacité élevé sur la santé mentale et les troubles mentaux ainsi que les mécanismes d’action plausibles pour expliquer ces associations.