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La voie des tropes ou l’impasse des particuliers abstraits

Chapitre I : Le problème des propriétés

2. La voie des tropes ou l’impasse des particuliers abstraits

La théorie des tropes est une façon de concevoir les propriétés susceptible d’apporter une réponse élégante à notre problème. Un trope est, selon la définition qu’en donne Williams, un aspect particulier d’une chose particulière (Williams, 1953). Un trope est un particulier, mais à la différence des choses particulières concrètes et complètes, il ne peut exister par lui-même (nous verrons plus loin le point de vue divergent de Keith Campbell). L’intérêt principal de cette catégorie ontologique est de proposer une réponse au problème de la ressemblance objective entre choses concrètes, sans recours aucun à des entités douteuses comme les universaux.

En effet, lorsque deux choses concrètes présentent des qualités similaires, comme la même nuance de la même couleur, ou la même masse, le recours aux tropes dispense de postuler une entité

unique, l’universel de cette nuance de couleur ou de cette masse déterminée, que les deux choses auraient

en partage. Seulement, chacune des deux choses possèdent son trope particulier de couleur, son trope particulier de masse. La théorie des tropes considère donc que les propriétés sont des particuliers dans les choses particulières, ou encore, qu’il n’existe que des occurrences distinctes de propriétés, mais pas d’universaux. Nous allons voir en détail comment cette conception des propriétés permettrait de résoudre le problème métaphysique que nous posons, en proposant à la place de tout universel une pluralité de particuliers abstraits exactement ressemblants, c'est-à-dire qualitativement identiques (section 2.1.). Mais nous pouvons d’ores et déjà annoncer le sel de la critique que nous lui adresserons. Après avoir passé en revue une série d’arguments et de réponses tropistes à des objections (section 2.2), nous verrons qu’aussi attirante que soit la solution tropiste au problème des propriétés, les tropes telles qu’elles sont ainsi conçues, ne peuvent pas exister. Nous défendrons l’idée qu’il ne peut tout simplement pas y avoir une pluralité primitive de particuliers abstraits pouvant être exactement ressemblants, parce que nous ne pouvons pas concevoir leur distinction et leur diversité sans recourir à la distinction et la

diversité des particuliers concrets (section 2.3.). Or cette issue nous reconduira en réalité à la solution des universaux et des états de choses (section 2.4.).

2.1.Tropes et analyses de la ressemblance et de la prédication.

Les tropes peuvent-ils être les vérifacteurs qui résolvent notre problème métaphysique ? On s’est déjà facilement aperçu que leur particularité satisfait bien la première condition. Si l’on considère que ce qui rend vraie l’attribution à cette émeraude de sa couleur verte (comme prédicat), c’est la présence en elle de ce vert particulier (comme trope), alors le vérifacteur est bien quelque chose de particulier dans cette émeraude. En ce sens, si se présente à nous une autre émeraude de la même couleur, et que nous prédiquons de cette émeraude le même prédicat, le vérifacteur de cette seconde attribution est un trope distinct du premier et tout aussi particulier que lui : la couleur verte particulière de cette seconde émeraude. Mais comment, dès lors, satisfaire la condition de généricité ? On dira que leur caractère abstrait autorise une ressemblance exacte entre les tropes, qui suffit à rendre compte de l’utilisation du même prédicat.

En effet, Keith Campbell explique que deux tropes exactement ressemblants font ipso facto partie de la même classe, sur laquelle une sémantique peut se fonder pour définir l’extension d’un unique prédicat(Campbell, 1990, p. 30 et sq). Si on identifie le vérifacteur de l’attribution de F à a au trope de F présent en a, qui est un particulier abstrait, on peut néanmoins comprendre ce que ce vérifacteur a de commun avec les vérifacteurs des attributions de F à b, c, etc. Bien qu’ils soient tous particuliers, en tant que particuliers abstrait exactement ressemblants, ils sont membres de la même classe de particuliers abstraits. Ils ont donc en commun d’être des membres de la même classe des tropes de F.

On comprend alors pourquoi un tel prédicat suivrait bien les « articulations de la nature »14, et s’appliquerait avec succès à un ensemble de particuliers divers. Les deux émeraudes ne présentent pas le même vert, au sens d’une seule et unique propriété qui aurait deux instances, mais deux verts particuliers exactement ressemblants. Si le prédicat ‘vert’ est associé à la classe des tropes exactement ressemblants, alors nous paraissons fondés à utiliser, dans chacun des deux cas, le même prédicat, et la condition de généricité semble également satisfaite.

2.2.Les objections d’Armstrong et les réponses tropistes.

Armstrong objectait à cette solution qu’elle ne faisait que poser, au niveau des particuliers de second ordre, le même problème de la ressemblance qui se posait au niveau des particuliers de premier ordre. Pour rendre compte de la ressemblance entre particuliers concrets, le tenant des tropes refuse de

postuler un universel, et préfère supposer l’existence d’une classe de particuliers abstraits exactement ressemblants. Mais ne faut-il pas maintenant rendre compte de cette ressemblance ?

On peut tout à fait répondre (selon une possibilité signalée par (Lewis, 1983)) que la relation de ressemblance exacte entre ces tropes ne pose plus de problème et peut être reconnue comme primitive. Autant la ressemblance partielle entre choses concrètes et composées doit être analysée, autant la ressemblance exacte entre tropes (qui sont des choses simples selon (Campbell, 1990)) ne semble pas analysable. Deux tropes sont exactement ressemblants, c'est-à-dire qualitativement identiques, en vertu seulement de ce qu’ils sont. Ainsi, le tenant des tropes s’offre un moyen élégant et surtout économe de penser les propriétés, et d’expliquer comment les particuliers concrets peuvent se ressembler sous certains aspects, et recevoir véridiquement les mêmes prédicats.

Williams ajoutait un second argument en faveur des tropes, en avançant que nous en faisons l’expérience continuelle et y faisons référence bien souvent. L’existence des abstracta particuliers est pour lui une donnée immédiate de l’expérience : « ce que nous voyons pleinement de la lune, par exemple, c’est sa forme et sa couleur, et pas du tout son volume dans sa globalité concrète [c'est-à-dire son individualité] – des générations ont vécu et sont mortes sans avoir suspecté qu’elle eût concrètement un volume » (Williams, 1953). Nous percevons et expérimentons en premier lieu les tropes : devant une balle rouge, nous percevons cette rougeur particulière sur la balle, et ne faisons pas d’abord l’expérience de l’individu concret dans sa totalité (la balle qui est rouge) ou de l’universel abstrait (la rougeur). Nous ne reprenons pas à notre compte cette thèse d’une priorité des tropes dans l’expérience, mais une version diminuée et suffisante de son argument : les tropes sont des objets de notre expérience, et donc l’existence des particuliers abstraits est donnée dans certaines expériences.

Il faut ajouter à cela un argument de (Campbell, 1981). Selon lui, les tropes jouent un rôle indispensable dans les relations de causalité. Il arrive que dans une relation causale, une « chose étant dans une certaine condition » (et non un événement) soit impliquée comme cause ou bien comme effet. Par exemple, ce câble en étant faible est la cause d’un événement dramatique, quand il se brise et que tombe la nacelle. La condition dans laquelle se trouve le câble relève peut-être d’une propriété générale, la « faiblesse ». Mais dans la relation causale particulière, c’est l’occurrence de la propriété qui est en jeu, et apparaît comme la cause particulière d’un effet particulier. Autrement dit, les causes particulières semblent indispensables pour comprendre certains processus causaux, et ces causes qui sont des cas particuliers d’une condition générale, sont des tropes.

Cet argument est différent de celui de Williams, en ce qu’il fait appel à la causalité, mais a la même fin que le précédent, à savoir justifier le postulat de l’existence de particuliers abstraits. Mais surtout, il peut faire l’objet de la même réponse. Armstrong répondait que ce que Williams appelle tropes, dans ces exemples, sont précisément les états de choses dont il défend l’existence (Armstrong, 1978a, Chap. 8, I). Et l’on peut, sur le même principe, rétorquer à Campbell que ce qu’il appelle tropes dans les processus causaux sont exactement des instanciations d’universaux (les propriétés impliquées

dans la loi de la nature en jeu dans le processus). Quelle est alors la différence entre les tropes et les états de choses ?

Premièrement, le trope est simple, alors que l’état de choses est composé. Un état de choses, c’est un particulier instanciant un universel. La rougeur de la balle, c’est cette balle instanciant l’universel du rouge. Et cette rougeur particulière de la balle ? C’est l’état de choses « cette balle étant rouge ». L’état de choses est complexe et s’analyse en un particulier et une propriété non-particulière, connectés dans ce fait particulier ; alors que le trope n’est qu’une entité simple : une occurrence de propriété. Sur un plan uniquement ontologique, un partisan des tropes pourrait répondre assez facilement qu’il n’est pas besoin de postuler la combinaison de deux entités différentes (le particulier et l’universel) lorsqu’on peut rendre compte de ce que nous expérimentons et disons avec une seule entité, le trope (c’est la ligne d’argument de Campbell en faveur d’une « one category ontology »).

Mais il y a une seconde différence, qu’il est important de noter pour la suite. L’état de choses F(a) est « quelque chose en plus » du particulier a. Il est très important pour Armstrong qu’il y ait cette distinction entre le particulier a et l’état de choses particulier F(a) : F(a) ajoute quelque chose à a : le fait qu’il instancie F. Le particulier a est « fin », pour Armstrong, c'est-à-dire que s’il pouvait être pris séparément des propriétés qu’il instancie, il serait nu et sans qualités. Par conséquent, l’état de choses F(a) est un particulier qui s’ajoute au particulier a : c’est le fait particulier que le particulier a instancie l’universel F. Au contraire, dans la théorie des tropes, les occurrences de propriétés ne sont que les aspects abstraits des particuliers. Leurs instanciations par les particuliers ne sont pas des faits qui s’ajoutent à l’existence de ces particuliers ; au contraire, le trope est dépendant du particulier concret car il en est un aspect abstrait.

Au terme de cette brève discussion, aucun des arguments en faveur de l’existence des tropes ne paraît décisif, mais les objections formulées par Armstrong ne permettent pas non plus. De les rejeter. La théorie des tropes et la théorie des états de choses se présentent bien plutôt comme deux conceptions pour l’instant également recevables du fait particulier « a étant F ».

2.3.La critique de la ressemblance exacte.

Les critiques que nous allons maintenant formuler sont armstrongiennes dans l’esprit, mais se développent en réalité dans le cadre du problème métaphysique posé dans la section précédente. Nous allons nous fonder sur une autre attaque d’Armstrong, qui porte directement sur la notion de ressemblance exacte, en essayant de la rendre plus percutante. Ensuite, nous verrons que cette première attaque redonne également de la force à l’objection par les états de choses que nous venons brièvement d’exposer.

2.3.1. La critique par Armstrong de la ressemblance exacte.

Armstrong avance un nouvel et intéressant argument contre la ressemblance exacte entre tropes (Armstrong, 1989, p. 103). Il ne prétend plus qu’une telle relation repose au niveau des tropes le problème qui se posait entre les particuliers concrets. Il nie désormais, et plus fondamentalement, qu’une telle relation exacte puisse s’installer entre deux tropes distincts.

Il admet que deux particuliers concrets, individuels, puissent se ressembler exactement, si on accorde que le Principe d’Identité des Indiscernables n’est pas une vérité nécessaire : il faut et suffit qu’ils se ressemblent exactement sous tous leurs aspects. Il est donc possible que deux choses concrètes existent, se ressemblent parfaitement et restent deux. Poussée à la limite, jusqu’à l’exactitude, la ressemblance entre particuliers concrets n’interdit pas la distinction numérique. Mais cela ne vaut pour Armstrong qu’au niveau des particuliers concrets. En revanche, quand on pousse à la limite la ressemblance entre propriétés, « two become one ». Si tel est le cas, alors il n’est plus possible que deux tropes entrent dans une relation de ressemblance exacte tout en restant deux, c'est-à-dire tout en demeurant des tropes, des particuliers distincts.

La manœuvre est excellente, mais la façon dont Armstrong étaie cet argument l’est moins. En effet, il commence par présupposer que la ressemblance partielle entre deux propriétés s’analyse comment une « identité » entre leurs parties. Par exemple, dire que les deux rotondités de ces deux balles, de tailles différentes, se ressemblent partiellement, revient pour Armstrong à dire que les deux rotondités ont des parties (les parties courbées de la sphère) « identiques ». Ou encore, dire que les deux balles ont deux rouges ressemblant, c’est en réalité dire que leurs rouges ont des aspects uniques en commun. Dans l’un et l’autre cas, deux propriétés se ressemblent quand elles sont partiellement les « mêmes » constituants. Et plus elles se ressemblent, plus leurs constituants sont « identiques » : à la limite, dans une ressemblance exacte, elles sont identiquement constituées, donc sont une seule et unique entité. Armstrong applique ensuite cette analyse de la ressemblance entre propriétés au cas des tropes, qui ne sont pas des particuliers concrets. Par conséquent, deux tropes ne pourraient pas se ressembler exactement tout en restant distincts.

Nous avons des raisons de craindre une pétition de principe dans cette argumentation, puisqu’Armstrong présuppose que la ressemblance des constituants des propriétés qui se ressemblent est aussi une identité numérique stricte. Tous les termes que nous avons mis entre guillemets dans le paragraphe précédent sont ambigus : si les parties des propriétés ou tropes ressemblants sont à leur tour prises comme des tropes, qui peuvent être exactement similaires et numériquement distincts, alors l’argument échoue. On n’aura plus, à tous les ordres, que des propriétés exactement ressemblantes. Mais si, suivant le présupposé d’Armstrong, ces parties ou propriétés ne peuvent se ressembler sans être numériquement identiques, alors on présuppose à un ordre supérieur ce qu’il faut démontrer à l’ordre inférieur.

En réalité, le seul argument valable doit affirmer qu’il est dans la nature même des propriétés (contrairement aux particuliers concrets) de ne pouvoir se ressembler exactement sans se confondre en

une seule entité. L’identité des propriétés ou parties abstraites des particuliers concrets ne peut pas être

que qualitative, mais doit aussi être numérique et stricte : voici ce qu’il faut frontalement justifier.

2.3.2. Notre critique de la ressemblance exacte.

L’argument que nous proposons contre la possibilité d’une distinction solo numero entre tropes exactement ressemblants fonctionne par élimination des différents vecteurs de particularisation. Imaginons deux balles qui sont exactement de la même couleur, ou plutôt, dont les tropes de couleurs sont exactement ressemblants, bien que distincts. Cette distinction est ce qui nous permet de les considérer comme des particuliers. Mais comment rendre compte de cette distinction des tropes ? Quel est le vecteur de la particularisation des tropes, qui fait qu’ils sont des particuliers distincts les uns des autres, fussent-il qualitativement les mêmes ? On distingue dans la littérature trois moyens que pourraient avoir les tropes de se distinguer mutuellement : par les différents particuliers concrets auxquels ils appartiennent, par leurs localisations spatiotemporelles, ou enfin par une particularité primitive15. Nous allons montrer qu’aucune de ces trois conceptions de la particularisation et de la distinction des tropes ne convient.

2.3.2.1.La distinction par les particuliers concrets.

Évacuons tout de suite la distinction des tropes par les différents particuliers concrets auxquels ils appartiennent (ce qu’on appelle parfois dans la littérature « distinction par l’objet » (Maurin, 2018)). D’une part, cette idée est dans l’esprit étrangère à la théorie des tropes, qui tendrait plutôt à considérer les particuliers concrets comme des faisceaux de tropes. Mais quelle que soit la théorie du particulier concret que propose le tenant des tropes, tout l’intérêt des tropes vient de ce qu’ils ne tirent pas leur particularité des particuliers fins dans lesquels ils sont présents. D’autre part et surtout, faire de la possession par un particulier concret le vecteur de distinction des tropes nous reconduirait directement aux états de choses, c'est-à-dire à cette ontologie à deux catégories (les particuliers concrets et les propriétés) que le partisan des tropes refuse (Campbell, 1990, p. 68). Si ce n’était qu’en tant que possédé par cette balle plutôt que par cette autre, que la rougeur est cette rougeur, alors ce que nous appellerions « tropes » serait un état de choses : « cette balle étant rouge ». Ces aspects des choses ne seraient plusieurs qu’attribués à ces choses concrètes ; leur mode de particularisation serait exactement celui des états de choses. La catégorie de trope n’aurait donc plus aucun intérêt intrinsèque.

2.3.2.2.La distinction par les localisations spatio-temporelles.

La deuxième possibilité est la plus intuitive lorsqu’on veut rendre compte de la particularité, mais peut-être aussi la plus trompeuse. Deux tropes exactement similaires pourraient être distincts par

leurs positions dans l’espace-temps (ou par leurs coordonnées spatiotemporelles dans le cours de notre

expérience perceptive, si l’on pense comme Williams que les tropes sont les objets premiers de la perception). L’aspect rouge de cette balle et l’aspect rouge de cette autre balle sont deux, parce qu’ils sont séparés dans l’espace et le temps. Autrement dit, leurs particularités distinctes viennent de leurs localisations spatiotemporelles distinctes. Mais il faut bien mesurer ce qu’implique le geste de faire entrer la localisation spatiotemporelle dans la définition de la particularité d’un trope : cela veut dire qu’un trope possède son emplacement dans l’espace et le temps de façon essentielle. Non pas le fait d’avoir un emplacement dont l’identité précise serait accidentelle, car cela n’empêcherait pas que deux tropes exactement ressemblants aient le même et donc ne soient plus distincts selon ce critère. Non, un trope est essentiellement là où il est, au sens où s’il était ailleurs, il ne serait pas le même trope ; il serait tout simplement cet autre trope, partiellement ressemblant, différent par la localisation.

Ainsi, si ce que nous disons est vrai, alors nous ne pouvons plus avoir deux tropes exactement ressemblants, justement parce que l’un possède la propriété d’être localisé ici, l’autre d’être localisé ailleurs. Maintenant qu’ils ont leur emplacement dans l’espace-temps comme quelque chose qui est essentiel à leur distinction, alors la magie de la ressemblance exacte ne peut plus opérer : soit qu’il faille dorénavant tenir ces tropes pour des entités non plus simples mais complexes (puisqu’elles auraient à leur tour des propriétés – ici de localisation), soit que leur différence de localisation implique tout simplement que leur ressemblance ne soit plus exacte, mais seulement partielle, abstraction faite de ladite localisation. Dans un cas comme dans l’autre, nous perdons cette relation de ressemblance exacte entre entités abstraites et simples, parce que deux tropes individués par leurs localisations spatiotemporelles diffèrent précisément par ce qui les distingue.

2.3.2.3.La distinction par la particularité primitive.

La dernière solution consiste à conférer aux tropes une particularité primitive, inanalysable ; et elle semble appelée par ce qui précède : comme les individus particuliers et concrets, les tropes sont situés dans l’espace-temps, mais ces déterminations spatiotemporelles sont des caractéristiques accidentelles et non essentielles de distinction. Autrement dit, un trope, comme un individu concret, pourrait être déplacé dans l’espace et le temps sans cesser d’être le trope qu’il est. Plus généralement, conférer aux tropes une particularité primitive est certainement l’option qui est, comme par défaut et