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La fiction des états de choses : une critique d’Armstrong

Chapitre I : Le problème des propriétés

3. La fiction des états de choses : une critique d’Armstrong

Nous abordons maintenant l’autre grande voie d’analyse des propriétés, celle des universaux et des états de choses, qui postule qu’un cas particulier d’une propriété générique, c’est un particulier

instanciant un universel. Dans la littérature, beaucoup d’auteurs défendent l’existence des universaux,

et Armstrong n’est que le plus récent de ces éminents défenseurs. S’il nous intéresse en particulier, c’est qu’il est le seul, à notre connaissance, à examiner de près ce que signifie être un cas particulier d’une

16 Cette assertion n’est en réalité pas exacte. D’abord, la modalité contenue dans ce « pouvoir être plus ou moins instancié » n’est peut-être pas si facile et claire à analyser (MacBride, 1998) ; mais surtout, dans sa théorie tardive des universaux, à laquelle nous n’accorderons pas de place dans ce travail, Armstrong propose au contraire de compter le nombre d’instanciations d’un universel comme une caractéristique essentielle de cet universel (Armstrong, 2004, p. 56 et sq). Si nous devions discuter cette proposition, toute la question serait alors de savoir ce qui distingue un universel ainsi conçu d’un particulier dispersé.

propriété générique, c'est-à-dire ce qu’est l’instanciation d’un universel : c’est être un état de choses. C’est pourquoi c’est au moins autant la catégorie d’état de choses que celle d’universel qui importe dans cette section.

A son égard, nous poursuivons notre travail de mise en évidence de difficultés insoupçonnées. Dans le paradigme des tropes, ce qu’on admet d’ordinaire, c’est leur diversité de particuliers ; et ce qu’on met en doute, c’est leur capacité, par la seule ressemblance exacte, à fonder l’application générale d’un unique terme ou prédicat. Or notre critique a révélé l’inverse : en admettant que les tropes offrent ce fondement, par leur ressemblance exacte, c’est au contraire leur diversité qui n’est plus évidente. Notre argument pour critiquer les états de choses procède à la même inversion. Nous allons présenter les états de choses comme la solution naturelle pour résoudre le problème, fatal aux tropes, de la distinction. Mais le prix que la théorie des états de choses doit payer pour en rendre aussi bien compte est son incapacité à concevoir qu’ils sont des cas de la même propriété ! Pourtant, comme les états de choses sont les instanciations d’un universel, on pourrait croire que l’existence de cet universel garantit tout de même que c’est bien de la même propriété que ces états de choses sont les cas particuliers. Or, comme nous allons le voir, rien n’est moins assuré qu’étant donné une diversité de choses ressemblantes, on puisse concevoir simplement qu’elles sont liées à un unique universel.

Voici donc l’horizon principal de l’argumentation que nous allons développer: étant donnés divers états de choses, considérer qu’ils sont les diverses instances d’un unique universel revient à leur prêter un caractère abstrait qu’ils ne peuvent pas avoir. En renonçant aux tropes, on a perdu cet avantage, et nous n’avons pas le droit de faire comme si les états de choses étaient des aspects abstraits de particuliers, alors qu’ils sont ce qu’il y a de plus concret : la concrétion ou composition d’un

particulier et d’au moins une propriété.

3.1.La théorie des états de choses comme solution au problème des propriétés.

Nous devons donc examiner maintenant la théorie des universaux et des états de choses développée par Armstrong, et voir si elle apporte une réponse ontologique satisfaisante au problème des propriétés génériques. Dans cette théorie, il existe des entités non-particulières, les universaux, qui existent dans plusieurs choses (leurs instances) tout en étant uns et identiques à travers elles. Un état de choses, c’est un particulier (« fin », c'est-à-dire nu en lui-même18) instanciant un universel.

18 Nous utilisons indifféremment « particulier nu » et « particulier fin », ce qui n’est pas rigoureux. Précisément, un particulier nu est un particulier fin dépourvu de qualités. Armstrong, par exemple, admet l’existence des particuliers fins mais pas des particuliers nus, puisqu’il pense que tout particulier fin doit être vêtu de qualités. Mais dans la littérature, l’usage s’est installé de désigner comme « particulier nu » l’individu considéré indépendamment de ses qualités et relations, sans se demander précisément s’il peut exister ainsi, ou s’il n’est qu’une abstraction.

3.1.1. Les états de choses comme solution au problème des propriétés.

À première vue, cette théorie peut résoudre aisément notre problème. Un état de choses est à son tour un fait particulier (ou comme le dit aussi Armstrong, un « particulier épais »). La particularité des états de choses satisfait immédiatement la condition de particularité. Si on identifie le vérifacteur de l’attribution de F à a à l’état de chose « a étant F » (aussi désigné par « F(a) »), et comme tout état de choses est un particulier, le vérifacteur est bien « quelque chose de particulier concernant a ». Mais comme les états de choses F(a), F(b), F(c), etc. sont les instanciations d’un même et unique universel F, on semble avoir les moyens de satisfaire également la condition de généricité. Le mode d’être des universaux, « one through many », permettrait de résoudre notre problème : ils sont tout entiers présents dans chacune de leurs instanciations distinctes et particulières.

Pourtant, ce mode d’être n’est que stipulé, et il ne fait que reconduire le problème lui-même dans une définition nominale des universaux et des états de choses. Il reste toujours à montrer que de telles entités sont possibles19. Armstrong a aperçu et traité les difficultés que pose l’instanciation d’un unique universel dans des particuliers divers, et spécifiquement le risque de régression vicieuse. Commençons par exposer cette menace, et les parades qu’Armstrong lui oppose. Nous verrons que pour remédier au problème de régression, Armstrong propose une théorie non-relationnelle de l’instanciation, qui y voit un fait ontologique primitif. En somme, son geste est étonnamment parallèle à celui du tenant des tropes qui posait la ressemblance entre tropes comme primitive pour éviter lui aussi une régression.

3.1.2. États de choses et (non-)analyse de l’instanciation.

Armstrong affronte le même problème que les théoriciens des tropes : comment rendre compte de la ressemblance entre les particuliers concrets, tout en conservant leur diversité de particuliers numériquement distincts ? Il refuse de tenir la relation de ressemblance pour primitive et inanalysable. Elle doit être dérivée de l’identité (numérique et stricte) entre les caractéristiques possédées par ces particuliers. Elle est donc expliquée par l’existence d’universaux qui demeurent identiques à eux-mêmes à travers leurs multiples instanciations. Cependant, les universaux existent-ils indépendamment de leurs instances (ante rem) ou seulement dans leurs instances (in rebus) ? Les universaux sont-ils transcendants, ou bien n’existent-ils qu’instanciés (immanents) ? Armstrong est tenant de la seconde position, et pense qu’il n’est pas d’universel sans instance. Mais que dit précisément la première ?

19 Nous utilisons ici la différence entre définition nominale et définition réelle thématisée par Leibniz (cf par exemple Discours

de métaphysique, art. 24), comme l’un des garde-fous les plus importants en métaphysique, tant la tentation y est grande de

croire résoudre des problèmes (redoutables) en postulant certaines entités. Or, comme c’est le cas avec ces universaux, le problème conceptuel (comment concevoir leur mode d’être ?) qu’ils sont censés résoudre est reconduit en tant que problème existentiel : ces entités peuvent-elles exister, et comment ? A notre connaissance, nulle part Armstrong ne se demande si les universaux sont possibles.

En tant que réalisme, la thèse des universaux transcendants rend compte des ressemblances entre les particuliers a, b, c, etc. qui sont F, en postulant l’existence de l’universel F unique et indépendant de ses instances. Non seulement F est réel, mais il pourrait exister même sans instance. On considère généralement cette position comme « platonicienne », dans la mesure où elle situe les universaux dans un « autre monde » que celui, spatiotemporel, des particuliers. Mais l’essentiel de cette position tient dans la capacité des universaux à mener une existence séparée de leurs instances. Or ce qui est séparé doit pouvoir être relié ! Selon cette position, l’instanciation d’une propriété F dans une chose comme a est donc une certaine relation entre l’universel F et le particulier a. Nommons cette relation I, pour ‘Instanciation’ ; lorsque a est F, on a I(a,F). C’est en ce point qu’on peut brandir, avec Armstrong, le risque régression vicieuse qui frappe la relation d’instanciation.

En effet, I est le cas entre l’universel F et tous les autres particuliers, b, c, etc. qui ressemblent à a. Donc chaque instance de F est un cas particulier de I entre le particulier et l’universel F. Toutes ces relations particulières d’instanciation se ressemblent. Pour rendre compte de cette ressemblance, il faut donc admettre que la relation I est un nouvel universel. Or, séparé de ces instances, comment est-il à son tour relié à elles, sinon par une nouvelle relation I’ ? Si I’ est bel et bien différente de I, alors la régression est amorcée ; pour rendre compte de l’instanciation d’I’ dans tous les cas où I relie F à ses instances, il faudra postuler un nouvel universel relationnel I’’, etc. Si I’ est identique à I, alors selon Armstrong l’analyse est circulaire, puisqu’il faut faire appel à l’universel I pour analyser l’universel I20. Selon Armstrong, pour éviter cette régression, il faut concevoir les universaux comme des entités immanentes à leurs instances (et non plus transcendantes), et prendre garde de ne pas reconduire, au sein d’une doctrine immanentiste, l’analyse relationnelle de l’instanciation. Il faut proposer une théorie immanentiste non-relationnelle de l’instanciation des universaux dans les choses particulières. C’est pourquoi chez Armstrong le principe qui interdit l’existence de tout universel non-instancié (Principe d’instanciation) n’est pas simplement le refus des universaux transcendants, mais une thèse positive sur le mode d’être des universaux dans les choses : ils sont des aspects abstraits des choses concrètes. « Abstrait » signifie ici exactement la même chose que dans le cas des tropes ou « particuliers

abstraits » : les universaux n’existent que comme aspects des particuliers, qui ne peuvent pas exister

séparément d’eux.

À ce « Principe d’Instanciation », qui nie l’existence d’universaux non-instanciés, il associe le « Principe d’exclusion des particuliers nus », rigoureusement complémentaire. Pas plus qu’il n’y a d’universaux sans instances, il n’y a de particulier qui ne soit l’instance d’un moins un universel. Armstrong parle aussi, pour désigner ces états de choses, de « particuliers épais », composés de particuliers fins ou nus, et d’universaux. Ces deux principes peuvent se résumer en une seule formule : la catégorie ontologique des états de choses est primitive par rapport aux catégories d’universel et de

particulier (fin ou nu), qui sont dérivées. « Le monde, primitivement, est un monde d’états de choses », voici donc le slogan qu’un partisan d’Armstrong pourrait opposer à la position tropiste ; ou encore, les états de choses sont, pour reprendre l’expression de Williams, le véritable « alphabet de l’être », et particuliers (fins ou nus) et universaux n’en sont que des aspects abstraits.

On a pu demander si cette idée d’un lien non-relationnel (non-relational tie) avait une quelconque consistance (Devitt, 1980), et ne recouvrait pas l’inverse d’une solution : soit une contradiction dans les termes, soit une obscure spéculation sur la nature de la composition. Les choses nous semblent plus simples en réalité : Armstrong propose de voir l’instanciation comme un fait primitif, synonyme de l’existence des états de choses, c'est-à-dire du fait qu’il n’y a dans le monde ni particulier nu ni universaux non-instanciés. De cette manière, Armstrong pense pouvoir éviter la régression de l’instanciation, dans la mesure où il n’aurait plus besoin de « colle » ontologique pour lier un universel avec un particulier. L’instanciation n’est pas une relation, mais la composition primitive d’un fait dont on n’a donc pas à rendre compte.

En posant le caractère primitif des états de choses, Armstrong pense avoir trouvé la parade contre les objections ontologiques adressées à l’instanciation. Or, derrière le problème de la régression, ce qui est en jeu est la conception du mode d’être des universaux dans les particuliers qui en sont des cas : comment les universaux peuvent-ils être « one through many » ? Mais ce n’est pas parce qu’on proclame l’universel primitivement in rebus que l’on répond à la question du statut de l’universel dans ces choses, car même en admettant qu’un universel ne soit qu’un aspect abstrait de ses instances, le problème demeure de savoir si, dans ces instances, il existe qua universum ou bien en tant que particulier (c'est-à-dire comme trope). C’est ce problème que nous allons explorer maintenant, en montrant qu’il est engendré par l’application de nos deux conditions vérifactionnelles à sa théorie des états de choses. Par souci de symétrie, nous formulerons ce problème dans les termes d’une régression.

3.2.Critique de la théorie armstrongienne des états de choses.

Nous devons revenir de la pure ontologie au problème premier, qui l’avait appelée, celui du fondement de la vérité des énoncés qui attribuent des prédicats génériques à divers particuliers. La théorie de l’instanciation d’un universel dans un particulier est une analyse du fondement de cette vérité : c’est parce qu’il y a cette instanciation de l’universel dans le particulier (ou ces particuliers), que l’attribution à ce particulier (ou les attributions à ces particuliers) du prédicat correspondant à cet universel, est vraie (ou sont vraies). L’état de choses « a étant F », c'est-à-dire « l’instanciation de F en a », est donc le vérifacteur de cette attribution. Voyons donc si, replacée dans ce cadre et cet enjeu, la théorie d’Armstrong résout bien notre problème, ou si au contraire elle ne doit pas à son tour affronter des difficultés ironiquement similaires à celles qu’elle devait permettre d’éviter. Le postulat de la

primitivité ontologique des états de choses, examiné de notre point de vue vérifactionnel, ne soulève-t-il pas à son tour des problèmes de régression vicieuse ?

3.2.1. La primitivité des états de choses empêche de satisfaire la condition de généricité.

Soit, donc, l’état de choses « a étant F », dénoté par « F(a) », qui est le vérifacteur de l’énoncé F(a) (« a est F »). En vertu de ce qu’Armstrong appelle la « victoire de la particularité », l’état de choses « F(a) » est un particulier. Ainsi, la condition de particularité est satisfaite, puisque ce qui rend vrai l’énoncé F(a), c’est « quelque chose de a » et de particulier.

Toutefois, à côté de cet état de choses, on doit admettre aussi F(b), F(c), etc. puisqu’on peut aussi affirmer véridiquement que b est F, que c est F, etc. Ces autres états de choses sont les vérifacteurs particuliers de ces autres énoncés. La distinction numérique des faits F(a), F(b), F(c), etc., c'est-à-dire ce qui en fait des faits particuliers, vient de la particularité et de la distinction de a, b, et c, données au préalable. Mais ces divers vérifacteurs ont-ils quelque chose en commun, pour satisfaire la condition de généricité ?

Il nous vient immédiatement à l’esprit de répondre qu’évidemment, ils ont en commun l’universel F ! Devant ces multiples faits, ne sommes-nous pas devant une ressemblance qui est bien analysée par la présence en tous du même et unique universel, F ? Mais cette réponse serait tout simplement fausse dans le cadre posé par Armstrong, car elle reviendrait à abandonner la primitivité de l’instanciation ; elle n’est pas compatible avec le caractère primitif des états de choses.

En effet, avoir en commun un universel F avec d’autres particuliers, c’est « être F » comme eux. Or ce sont les particuliers a, b, c, etc., qui sont F, et non les états de choses F(a), F(b), F(c), etc. Ce sont précisément les faits que a, b, c se ressemblent et ont la propriété F en commun, que l’on analyse ontologiquement comme des états de choses F(a), F(b), F(c), etc. On postule donc la primitivité de ces états de choses pour rendre compte de la ressemblance entre a, b, et c, etc., et de ce qu’ils ont en commun. Or, si maintenant on dit que ce sont les vérifacteurs des énoncés F(a), F(b), F(c), etc. qui ont en commun d’être F, alors on les analyse et on abandonne leur caractère d’états de choses primitifs. On se retrouve à nouveau avec les particulier (fins) a, b et c et l’universel F pour catégories ontologiques primitives. On aura alors tout le mal du monde à éviter les problèmes de régression qui frappent la relation d’instanciation.

En effet, si l’on abandonne la primitivité de l’instanciation et de l’état de choses, voici comment se profile la régression qu’Armstrong voulait éviter. Certes, si l’on est vraiment tenté de penser que ce qu’il y a de commun aux vérifacteurs de toutes les attributions du prédicat F aux particuliers a, b, c etc., qui sont F, c’est la présence de F, alors on satisfait ispo facto la condition de généricité. Il faut avouer que l’universel remplit parfaitement ce rôle ; il est un peu, pour reprendre les termes de Campbell, le « spécialiste » du générique. Mais pour satisfaire la condition de particularité, il faut que pour chaque

attribution particulière, le vérifacteur soit aussi « quelque chose du particulier » en question. Il faut donc que ce qui rende vrai l’énoncé F(a), ce soit la présence de F en a, que ce qui rende vrai l’énoncé F(b), ce soit la présence de F en b, etc. Si tel n’était pas le cas, on ne dirait rien de particulier. On ne ferait que dire, devant a, comme devant b, comme devant c : « F ». Il se produirait ce ratage de l’instanciation qu’on appelait, par souci de symétrie, défaite de la particularité. Or, ces termes-ci, « la présence de F

en a », « la présence de F en b », « la présence de F en c », désignent précisément des faits

d’instanciation qu’on ne pourrait plus tenir pour primitifs. Il faudrait rendre compte de ce lien, qui a tout l’air relationnel, qu’on dénote par « la présence de . en . ». On devrait donc postuler un nouvel universel, dont les diverses « présences de . en . » sont les instances. On mettrait alors bien le doigt dans l’engrenage fatal d’une régression, qui repousserait toujours la particularisation de F en a, b, c, etc. La condition de particularité ne serait donc pas satisfaite, si l’on abandonnait la primitivité de l’instanciation.

Il nous semble donc impossible de maintenir les états de choses F(a), F(b), F(c), etc. comme des faits primitifs (satisfaisant ainsi la condition de particularité), et de dire que ce qu’ils ont en commun, c’est l’universel F. Soit on abandonne la primitivité des états de choses, et on tombe dans la régression classique, bien vue par Armstrong, qui est un ratage indéfini de l’instanciation, soit on maintient la primitivité de l’instanciation. Ce que nous allons montrer maintenant, c’est qu’en faisant cela, Armstrong donne le jour à un nouveau type de régression, tout aussi vicieuse. Mais avant d’y arriver, nous devons expliquer la notion de « type d’état de choses », et pourquoi elle prend une importance croissante dans l’œuvre d’Armstrong.

3.2.2. La notion de « types d’états de choses » chez Armstrong.

L’armstrongien, fidèle au geste original du maître, fait en effet mieux de maintenir la primitivité des états de choses : l’instanciation de F par a est tenue pour un fait particulier non analysable. Il est donc confronté au même problème que lorsqu’il fallait rendre compte de la ressemblance entre les différents particuliers qui sont F, mais un ordre au-dessus. Désormais, il faut rendre compte de la ressemblance entre les divers faits (particuliers) de particuliers étant F, c'est-à-dire entre les états de choses F(a), F(b), F(c), etc., en montrant que, pour chaque particulier qui est F, c’est la même

instanciation de F qui est le cas. En un mot, il lui faut postuler un nouvel universel : « instanciation de

F », distinct de l’universel F. Or il existe dans la théorie d’Armstrong la notion de « types d’états de choses », qui est susceptible d’apporter une solution.

3.2.2.1.États de choses et types d’états de choses.

Armstrong la développe d’abord comme un aspect tout à fait mineur et local de sa théorie, qui prend progressivement de l’importance, en réponse aux critiques que nous allons passer en revue, jusqu’à prendre une importance considérable dans (Armstrong, 1997) où on lit que tous « les universaux