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DEUXIÈME PARTIE LES DISCIPLINES

A - LA VOGUE DES DICTIONNAIRES

pour peu que celui-ci se vende, on en verra bientôt paraître de plus gros encore712

Les Nouvelles Littéraires nous fournissent quantité d’exemples de la vogue des dictionnaires qui parcourt le siècle des Lumières713. Le dictionnaire idéal doit présenter certaines qualités qui se résument, comme à l’accoutumée, en un équilibre entre la forme et le contenu, c’est-à-dire les « connaissances & le soin714 ». Il doit, en outre, être sous-tendu par un projet cohérent et exprimer une thèse tout en satisfaisant à une exigence d’universalité, autant que d’exhaustivité, c’est-à-dire être « raisonné et universel »715.

Quant à son intérêt pédagogique, il ne se limite naturellement pas à l’énumération des éléments d’une science et l’on apprécie qu’il participe de leur mise en synergie. Ainsi, le célèbre dictionnaire de physique de Sigaud de Lafond716 est-il qualifié d’ « espèce d’encyclopédie [qui] se distingue d’un traité de physique, dans un dictionnaire aussi bien fait on peut apprendre la physique en même temps que les sciences qu’elle suppose717 ».

Aucun champ disciplinaire n’est épargné en cette matière. Les langues, naturellement, mais aussi la religion, l’histoire ou les sciences donnent lieu à des classifications encyclopédiques et certains best-sellers traversent le siècle au rythme de leurs multiples rééditions. Cependant, la lexicographie s’organise de façon très différente, quant à l’usage et au projet, entre les langues vivantes et les langues mortes. Dans le premier cas, l’aspect pratique est nettement mis en avant, le dictionnaire est essentiellement considéré comme un outil de communication et l’on tient compte, par exemple, des particularismes locaux. Ainsi, le journaliste signale qu’un glossaire saxon est organisé « selon le dialecte de Hambourg718 »

712 N.L., mars 1710, p. 160, de Leipzig : Schutzen, R., Apparatus curiosus & practicus, Leipzig

713 Le titre « Dictionnaire » représente 2,65 % des titres d’ouvrages et apparaît au moins une fois pendant les années 1712, 14, 21, 24-33, 35-36, 38-40, 43, 44, 48-51, 53-56, 58-60, 63, 65-66, 69-70, 72, 74, 76, 78-83, 87-88, 91-92.

714 N.L., févr. 1787, p. 127, de Paris : Robert de Hesseln, Dictionnaire Universel de la France, Paris : Vve Desaint, in-8°., 6 vol. [Misc.]

715 N.L., mars 1792, p. 191, de Paris : Valmont de Bomare, Dictionnaire raisonné, universel d'histoire naturelle, Paris : Volland, 1791, in-8°, 15 vol., 4e éd.

716 Jean-René Sigaud de Lafond (1740-1810), médecin, chimiste et physicien français. Cité comme auteur (1772, 76, 81, 92).

717 N.L., janv. 1781, p. 62, de Paris : Sigaud de Lafond, Dictionnaire de Physique, Paris, 1780, in-8°., 2800 p. en 4 vol. [Phys.]

718 N.L., mars 1747, p. 185, de Hambourg : Richey, Michel, Idioticon Hamburgense, seu Glossarium vocum

tandis que le célèbre dictionnaire anglais-français de Boyer719 utilise les ressources des « meilleurs auteurs qui ont écrit dans ces langues720 ».

Lorsque ce dernier ouvrage connaît en 1748 sa sixième édition721, nous apprenons d’ailleurs que son « usage devient plus fréquent de jour en jour722 », ce qui est probablement à mettre en relation avec l’intérêt grandissant pour l’Angleterre et notamment ses innovations en matière politique et médicale.

A l’égard du latin et du grec, la perspective est différente et il s’agit surtout de proposer au public un outil pédagogique fiable et susceptible d’accompagner de longues études. Nous lisons ainsi que l’édition d’un dictionnaire latin-grec-français « mérite d’être recherchée » et que l’on « n’a rien négligé de tout ce qui pouvait la rendre vraiment utile aux commençants & même à beaucoup d’autres723 ».

On observe également que lorsqu’une discipline arrive à maturité en édictant sa méthodologie, elle se dote parallèlement d’un dictionnaire qui lui permet d’envisager globalement son champ d’action, participe de son organisation et signale sa constitution. Un dictionnaire de minéralogie et d’hydrographie de la France est ainsi chaleureusement recommandé en 1772, ce qui rencontre l’intérêt particulier du public, à cette époque, pour la connaissance du territoire :

la matière qu’embrasse cet ouvrage est immense724

A la même époque, c’est l’économie domestique qui se voit résumée dans un dictionnaire portatif rassemblant dans la même perspective encyclopédique l’agriculture, l’élevage, les arts, le commerce, le droit et la cuisine725. Enfin, une publication régulière au rythme de deux cahiers par mois, consacrée en 1785 à ce que l’on commence à regrouper sous le vocable de sciences de l’éducation, se propose à terme d’en constituer une encyclopédie726. Cependant, on constate que les dictionnaires, même thématiques, apparaissent le plus souvent dans les Tables bibliographiques du Journal parmi les Mélanges et non avec la discipline dont ils traitent, comme si la forme primait là sur le contenu.

719 Abel Boyer (1667-1729), grammairien et lexicographe français, protestant réfugié en Angleterre. Cité comme auteur (1730, 43, 48, 49), éditeur (1755)

720 N.L., août 1749, p. 570, de Londres : Boyer, A., Dictionnaire Royal François & Anglois, & Anglois &

François, Londres : J. Brotherton, à Paris chez Debure l’aîné, 1748, in-4°. [Misc.] 721 Le dictionnaire de Boyer sera très fréquemment réédité jusqu’en 1825.

722 N.L., oct. 1748, p. 633, de Londres : Boyer, Londres, en prépa. [Misc.]

723 N.L., avril 1757, p. 254, de Lyon : Pomey, père François, Syllabus, seu Lexicon Latino-Gallico Gracum, Lyon : B.-Mich. Mauteville, 1757, in-8°. [Misc.]

724 N.L., juill. 1772, pp. 502-503, de Paris : Dictionnaire Minéralogique & Hydrologique de la France, Paris : J.P. Costard, 1772, in-8°, 141 p. [Hist. Nat.]

725 N.L., mai 1771, p. 309, de Paris : Dictionnaire Domestique portatif, Paris : Vincent, à Paris chez Lottin le jeune, 1769, in-12. [Arts]

726 N.L., janv. 1785, p. 59, de Paris : Roy, abbé, Le Mentor universel, en prépa., 24 cahiers/an pour 13 £ 4 s [Misc.]

En ce qui concerne les responsables de l’édition encyclopédique, on a pu identifier trois cas de figure principaux. Dans le cas d’un ouvrage collectif, les contributeurs en sont généralement trop nombreux pour être tous cités et l’on se contente le plus souvent de les désigner en tant que « société de gens de lettres727 ».

Lorsqu’un seul homme s’engage dans cette entreprise gigantesque, la performance est presque autant saluée que le résultat, surtout, reconnaissons-le, lorsqu’il s’agit d’un censeur royal ou d’un personnage éminent de la République des lettres. C’est ainsi que lorsque « le laborieux & savant Rondet » publie en 1780 le tome II de son dictionnaire de la Bible, lourd de ses huit-cent-quatre pages et qui n’est qu’à son début, on prend soin de préciser, pour mieux nous faire admirer son courage, que « dans tous les dictionnaires, la lettre C est la plus abondante728 ».

Dans la même perspective, lorsqu’est publié le dix-septième tome du dictionnaire universel de Robinet729, par le volume qui va de « Eau » à « Ensaisinement », « aussi intéressant que les précédents », l’attention du journaliste est retenue par l’article « Éducation » qui « a deux cents pages » et porte sur « un objet important pour l’humanité », avant de s’émerveiller devant « l’exactitude du savant auteur & l’immensité des matériaux de départ730 ».

Un dernier exemple nous est fourni par ll’abbé Rozier731 qui donne en 1785 la suite de son encyclopédie d’agriculture, qualifiée de « grande & importante collection, si étendue & complète qu’elle doit faire désirer avec empressement les volumes suivants732 ».

On rencontre enfin ces compilations raisonnées de mémoires et journaux que leurs éditeurs présentent fréquemment – et parfois abusivement – sous l’appellation « dictionnaire », peut-être pour profiter de la vogue encyclopédique ou procurer une cohérence disciplinaire à des sources éparses. Le domaine scientifique est le plus représenté, ce qui n’a rien de surprenant si l’on considère qu’il s’agit là des disciplines dont la communication est une composante naturelle. La circulation de l’information entre savants et institutions, qu’elle soit directe ou transite par le truchement de périodiques tels que le Journal des Savants, est en effet essentielle au progrès tel qu’on le conçoit alors. On citera à ce propos un dictionnaire publié à

727 N.L., juin 1784, p. 436, de Paris : Histoire universelle, depuis le commencement du monde jusqu'à présent, Paris : Moutard, 1784, in-8°. [Hist.]

728 N.L., juin 1781, pp. 440-441, de Paris : Rondet, L.-E., Dictionnaire historique dogmatique, moral & critique

de la Sainte Bible, Avignon : Fr.-Barthél. Mérande, à Paris chez Ant. Boudet & A.M. Lottin l’aîné, 1780,

in-4°., t. II, 804 p. [Bibl.]

729 Jean-Baptiste Robinet (1735-1820), écrivain français, censeur royal. Cité comme auteur (1769, 81), éditeur (1778, 80, 83), contributeur (1776) et traducteur (1769).

730 N.L., juin 1781, p. 443, de Paris : Robinet, Dictionnaire universel des Sciences morale, économique,

politique…, Paris, 1781, in-4°, 700 p., t. XVII. [Misc.]

731 Abbé François Rozier (1734-1793), agronome français. Cité comme auteur (1772, 77, 83, 85), contributeur (1772, 83) et référence (1776).

732 N.L., mars 1785, pp. 188-189, de Paris : Rozier, abbé, Cours complet d'agriculture, pratique, économique, de

médecine rurale & vétérinaire, suivi d'une méthode pour étudier l'agriculture, contrib. Ameilhon &

partir des mémoires académiques, journaux savants et ouvrages divers qui se propose de « rassembler en un seul ouvrage tout ce que la nature & la physique offrent de plus singulier » et à propos duquel le journaliste ne tarit pas d’éloges :

choix éclairé [qui] cite les autorités […] faits singuliers, instructifs & amusants […] autant d’érudition que de savoir en physique733

Les Nouvelles Littéraires nous apportent aussi de précieuses informations sur l’usage qui est fait de ces ouvrages encyclopédiques, sur leur utilité et sur leur succès. Dès l’apparition de la rubrique en 1710, le principe de classement – alphabétique, le plus souvent – est précisé comme une information importante. Naturellement, le dictionnaire implique un mode de lecture particulier, que l’on nous rappelle en 1764 :

ouvrage fait pour être consulté & non lu de suite734

D’autre part, le public réclame des ouvrages pratiques et qui puissent s’adresser au plus grand nombre, ils doivent donc n’être ni trop onéreux ni trop encombrants. C’est à ces dernières qualités qu’un dictionnaire universel paru en 1756 doit de sortir vainqueur d’une comparaison avec le dictionnaire de Trévoux, puisqu’il fallait « un ouvrage dont le prix fût modique & le format commode735 ». C’est aussi au plus vaste public que s’adresse en 1773 cette encyclopédie « utile à la jeunesse & aux personnes de tout âge736 ».

La fréquence des parutions est telle qu’une certaine lassitude perce parfois sous les commentaires généralement élogieux du journaliste :

pour peu que celui-ci se vende, on en verra bientôt paraître de plus gros encore737

nous dit-on déjà en 1710, alors qu’en 1755, un recueil de jurisprudence se verra expédié de la sorte :

ce n’est autre chose qu’une espèce de dictionnaire738

Dans le même ordre d’idées et afin d’endiguer la pléthore de nouvelles éditions à chaque réactualisation, ce que déplore le rédacteur toujours soucieux de l’intérêt du public, le journal salue l’initiative d’un libraire qui imprime séparément les additifs d’une troisième édition pour ne pas obliger les possesseurs des deux premières à racheter tout l’ouvrage739. Ces

733 N.L., juill. 1781, pp. 502-503, de Paris : Dictionnaire des Merveilles de la Nature, Paris : 1781, in-8°. [Phys.]

734 N.L., nov. 1764, pp. 765-766, de Paris : Blondeau de Charnage, Dictionnaire de titres originaux, pour les

Fiefs, le Domaine du Roi, l'Histoire, la Généalogie…, Paris : Michel Lambert, à Paris chez Panckoucke,

1764, in-12, vol. IV. [Hist.]

735 N.L., févr. 1756, p. 123, de Paris : Dyche, Thomas, Nouveau Dictionnaire universel, Avignon : Vve François Girardon, à Paris chez Guillyn, 1756, in-4°., 1200 p. en 2 vol. [Misc.]

736 N.L., sept. 1773, p. 629, de Paris : Petity, abbé de, Encyclopédie Elémentaire, Paris : Guillaume neveu, in-4°, 2 vol. [Misc.]

737 N.L., mars 1710, p. 160, de Leipzig : Schutzen, R., Apparatus curiosus & practicus, Leipzig

738 N.L., févr. 1755, p. 123, de Paris : Denisart, J.B., Collection de décisions nouvelles, Paris : Le Clerc & Savoye, 1754, t. II. [Jur.]

suppléments régulièrement ajoutés peuvent même être « aussi amples que le dictionnaire lui-même740 ».

Cependant, ces multiples suppléments et abrégés ne bénéficient pas toujours d’un intérêt particulier de la part des journalistes qui les annoncent, certes, mais sans en reprendre l’exposé initial, que l’on suppose connu741.

Après 1750, la volonté d’encyclopédisme devient constante et d’une extrême visibilité. C’est d’ailleurs en 1753 que nous trouvons, proportionnellement, le plus grand nombre d’annonces de publication de ce type d’ouvrages. Le simple dictionnaire, lorsqu’il est thématique, prend ainsi une dimension universelle et regroupe, par exemple, tout ce qui concerne la religion : le dogme, le droit, l’histoire, la géographie, la chronologie, les sciences ecclésiastiques, etc.

D’ailleurs, l’élément d’appréciation décisif et qui sert manifestement à emporter l’adhésion de l’acheteur potentiel est que l’ouvrage « peut tenir lieu d’une bibliothèque entière742 ». Cet argument qui semble sans réplique accompagnait d’ailleurs déjà, vingt-deux ans plus tôt, un dictionnaire d’histoire du judaïsme :

puisé dans toutes les sources, rédigé avec soin, [il] tient lieu d’une bibliothèque entière743

Notons à ce propos que le fantasme du livre qui contient tous les autres excède largement la simple forme du dictionnaire. On pense par exemple au commentaire qui accompagne une édition de l’histoire et des mémoires de l’Académie des inscriptions & belles-lettres, en 1772, dont on nous dit qu’elle constitue le « recueil de littérature le plus complet et le plus étendu qui existe en aucune langue et peut tenir lieu de plusieurs milliers de volumes744 ».

Le même désir de synthèse, qui répond de façon presque désespérée à l’accroissement exponentiel des connaissances, préside enfin à cet ouvrage destiné à répertorier les écrivains italiens et que le journaliste juge « si étendu, si utile, & si commode qu’il tiendra lieu d’une bibliothèque745 ».

740 N.L., mars 1727, pp. 390-391, de Paris : Calmet, père, dessin Martin l’Aîné, grav. Audran des Gobelins, Paris : Emeri, Martin & Saugrain, en prépa., in-f°. [Patr.]

741 N.L., oct. 1769, p. 707, de Paris : Chompré, É., Supplément au Dictionnaire abrégé de la Fable, Paris : Couturier fils, 1769, in-12, 154 p. [Poet.]

742 N.L., juin 1772, pp. 376-377, de Paris : Dictionnaire Universel, Dogmatique, Canonique, Historique,

Géographique & Chronologique, Paris : Louis Cellot, 1772, in-f°. [Misc.]

743 N.L., déc. 1750, p. 824, de Francfort : Apparatus historico-criticus Antiquitatum sacri Codicis, éd. Jo. Gottlob Carpzou, Godwin, Mosem & Aaron Thomas, Francfort : Gleditsch, 1748, in-4°., 1080 p. [Hist.]

744 N.L., juin 1772, pp. 380-381, de Paris : L’Histoire & les Mémoires de Littérature & Belles Lettres de

l’Académie des Inscriptions, Paris, in-12, 68 vol. [Hist.]

745 N.L., févr. 1760, p. 103, de Brescia : Mazzuchelli, Giammaria, Gli Scrittori d'Italia, Brescia : Giambattista Bossini, in-f°. [Hist.]

La perspective universelle s’applique également à l’entreprise du libraire Panckoucke746, l’Encyclopédie méthodique, dont les volumes sont accueillis avec une certaine admiration et qui apparaît pour la première fois dès 1781 dans la rubrique, bien que mis au jour deux ans plus tard. C’est en effet à propos de la traduction française d’un manuel suédois d’architecture navale que le journaliste glisse fort à propos sur le projet de Panckoucke « dont le prospectus paraîtra incessamment747 ».

Et lorsque, l’année suivante, paraît effectivement ce prospectus qui annonce pas moins de vingt-sept volumes sur cinq ans, c’est sous le patronage de l’Encyclopédie de Diderot748 et d’Alembert749 qu’il se place, tout en prétendant cependant la surpasser750. Estimation bien en-deçà de la réalité, d’ailleurs, puisque sept ans plus tard, après cinquante-trois volumes déjà parus, le journaliste saluera la persévérance des éditeurs par cette formule un peu lasse :

il s’en faut bien que l’on soit à la fin751

Enfin, l’année 1791 verra la dernière apparition de l’Encyclopédie méthodique dans les Nouvelles Littéraires, accompagnée d’un commentaire qui nous semble bien résumer le projet encyclopédique des Lumières, dans sa globalité :

tout ce que l’on trouve de remarquable & saillant dans les différentes parties des sciences, arts, histoire & littérature752

Autre entreprise démesurée, le projet de souscription d’un dictionnaire en neuf langues, composé lui-même de soixante-douze autres dictionnaires, ne suscite chez le rédacteur que ce commentaire, sous lequel perce le découragement :

De quelque utilité que puisse être cet immense recueil de dictionnaires, le prospectus dont nous n’avons fait que donner le titre, renferme tant de détails sur la méthode que l’auteur a suivie […] qu’il ne nous est pas possible d’en donner ici une juste idée & nous sommes obligés d’y renvoyer nos lecteurs753

746 Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), imprimeur-libraire lillois (1757-1764) puis parisien (1762-1798). Cité comme référence (1781), imprimeur-libraire d’origine (1764-66, 76) et libraire correspondant (1764, 66, 71, 72).

747 N.L., juin 1781, pp. 430-431, de Brest : Chapman, Frédéric-Henri de, Traité de la construction des vaisseaux, éd. Vial du Clairbois, trad. Lowenorn, Brest : R. Malassis, à Paris chez Durand neveu & Jombert le jeune. [Philo.]

748 Denis Diderot (1713-1784), écrivain et philosophe français. Cité comme auteur (1751), éditeur (1756), traducteur (1746, 47) et référence (1782).

749 Jean le Rond d’Alembert (1717-1788), mathématicien, encyclopédiste et philosophe français. Cité comme auteur (1743, 47, 54, 56, 66, 68, 69, 81, 88), contributeur (1768, 76), éditeur (1756, 85) et référence (1755, 69, 70, 72, 82, 86).

750 C’est en 1782 que débute la parution des vol. « Grammaire & littérature » de l’Encyclopédie méthodique.

751 N.L., avril 1789, pp. 254-255, de Paris : Encyclopédie méthodique, Paris : Panckoucke, 29e livr., 2 vol. [Misc.]

752 N.L., août 1791, p. 497, de Paris : Encyclopédie, Paris : Panckoucke, 1791, in-4°, 45e livr., 960 p. [Misc.]

753 N.L., juin 1732, pp. 372-373, de Paris : Cassien, père, Programma Glossarii Enneastici, Paris : Langlois, 1731, in-4°. [Orat.]

D’autres entreprises, plus traditionnelles, émaillent le siècle et l’on pense au dictionnaire d’italien publié par l’Académie de la Crusca qui fait figure de modèle autant que de référence et inspire, par exemple, cet ouvrage dont le premier tome est publié à Venise en 1740 :

dans le même genre que le Dictionnaire de la Crusca, [il] promet encore davantage754

Nous voyons d’ailleurs très régulièrement apparaître l’œuvre des académiciens napolitains à chacune de ses nouvelles éditions étrangères755 ou lors de la publication d’un abrégé qui, nous dit-on, s’est adjoint les services des « meilleurs lexicographes756 ».

Quant au célèbre dictionnaire de Moreri757, ses nombreuses éditions dans toute l’Europe en disent assez sur son importance et son succès :

plus étendu & correct que la dernière édition de Hollande758

Plus de vingt ans auparavant, c’est cependant la plus illustre entreprise éditoriale du siècle, et la plus retentissante, qui constitua le sommet de la pensée encyclopédique. Nous allons donc maintenant en rechercher la trace, au prisme des Nouvelles Littéraires.

B - L’ENCYCLOPÉDIE

Le regard que portent les Nouvelles Littéraires sur l’entreprise monumentale de Diderot et d’Alembert est à la mesure de la complexité, de l’étendue et de la durée de son objet. Il serait en effet bien difficile d’identifier une seule et même attitude, du début à la fin du projet et dans toutes ses péripéties, hormis la conscience immédiate de son importance pour l’avancée des connaissances. L’influence et la postérité de l’Encyclopédie sont tout autant reconnues par le journal et concourent à son statut de référence savante. Rien d’étonnant, donc, à ce que de nombreuses annonces relatives à ses différents stades de publication – annonce du projet, souscription, première édition de « cet important ouvrage759 »,

754 N.L., juin 1741, p. 365, de Venise : Bergantini, père Giampetro, Della Volgare Elocuzione, Venise : Giammaria Lazzaroni, 1740, in-f°., vol. I, 888 p. [Orat.]

755 N.L., sept. 1729, p. 564, de Florence : Dominique-Marie Manni, éd., Florence, en prépa., in-f°, 5 vol.

756 N.L., avril 1743, pp. 254-255, de Paris : Dictionnaire Italien, Latin-François, Paris : Prault fils, 1743, in-4°, 2 vol. [Orat.]

757 Louis Moreri (1643-1680), polygraphe français. Cité comme auteur (1722, 30, 43, 69) et référence (1710, 24, 53).

758 N.L., oct. 1743, p. 631, de Venise : Moreri, Venise : François Pietteri, en prépa., in-f° & in-4°. [Misc.]

759 N.L., juill. 1751, p. 511, de Paris : Encyclopédie, ou Dictionnaire des Arts, des Sciences & des Métiers, éd. D’Alembert & Diderot, Paris : Libraires associés, 1751, in-f°, T. I. [Misc.]

distributions760, rééditions, suppléments, extraits761, tables, etc. – trouvent une place de choix dans la rubrique762.

Pendant toute la durée de la publication, la qualité de rédacteur fait référence et se voit souvent mentionnée763, même dans le cas d’un traducteur resté anonyme764. Certains abuseront quelque peu de ce parrainage et n’hésiteront pas à se prévaloir d’une hypothétique collaboration, fût-elle restée à l’état de projet. En 1781, Brisson765 propose ainsi un dictionnaire et un cours de physique, ouvrage qui, nous dit-il, « était destiné à faire partie de l’Encyclopédie », avant de faire de cette référence un simple argument publicitaire en présentant son travail comme « une espèce d’Encyclopédie pour cette partie des sciences766 ».

Il est donc suffisamment prestigieux d’avoir été « presque » rédacteur de l’Encyclopédie, pour que cela éclipse ses autres titres de membre de l’Académie des sciences, de censeur royal, de maître de physique et d’histoire naturelle des Enfants de France et de professeur royal de physique expérimentale au collège royal de Navarre.

Quelques critiques, pourtant, peuvent trouver place dans la rubrique. En 1755, par exemple, nous assistons à un débat d’une tournure assez vive entre D’Alembert et l’auteur d’un ouvrage au « titre long & satyrique767 » accompagné d’une attaque de l’Encyclopédie, sans que le journaliste prenne parti pour l’un ou l’autre des belligérants. En 1780, les passions se sont apaisées et l’implication est toute différente puisque nous lisons une sorte de bilan mitigé, à l’occasion de la parution de la table des matières. Une vision plus large est alors possible, la parution des vingt-huit volumes de texte est achevée et le journaliste s’autorise quelques réserves sur la globalité de l’entreprise, en raison de son hétérogénéité structurelle :