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Une vision locale pour le développement de la ville d’Alger : le Plan Directeur d’Urbanisme (PUD)

Dans le document Déplacements et mutations spatiales à Alger (Page 108-114)

Chapitre 2. Après l’indépendance : les périodes économiques fabriquant la ville d’Alger

2.2 Après 80 : l’ordre économique marchand fabrique la ville d’importation

2.2.1 Une vision locale pour le développement de la ville d’Alger : le Plan Directeur d’Urbanisme (PUD)

La politique industrialisante de l’économie algérienne et le minium de recours à l’extérieur avaient été maintenus grâce au choc pétrolier149 favorable jusqu’à 1978 sous l’ère de Boumediene. Son successeur Chadli a procédé au changement de stratégie économique, en proposant une nouvelle équation : le pétrole exporté contre les biens importés. Mais, le contre choc pétrolier150de 1984 a fragilisé l’ensemble du pays dépendant désormais uniquement des exportations des hydrocarbures. La crise toucha de plein fouet la population confrontée au manque du logement, du travail et des produits de première nécessité. Cette crise perdurera jusqu’ en 2000.

Tous les plans de développement urbain et économique des villes étaient restés en pause pendant trois ans, le COMEDOR, seul acteur planificateur a été dissout en 1979, et en 1981 il a été remplacé par un nouveau Centre National d'Etude et de Recherche Urbaniste (le CNERU). Ce dernier a été attribué au ministère de la construction et de l'urbanisme. Le CNERU envisageait de mettre au point les projets entamés par le POG, les orientations du développement de la capitale ayant pris une autre direction. En raison de la crise, tous les projets en attente avaient été abandonnés.

149De 50 à 100 dollars le baril. 15010 dollars le baril.

Un découpage administratif de 1984 a permis la création des wilayas spécialisées (Sidi Boumedine 2013b, p.24) :Blida, Tipaza et Boumerdes, trois autorités wilayales avaient été placées à la tête de ces institutions. Ce découpage était la preuve de l’abandon de la vision stratégique car l’administration centrale n'avait autorité que sur la wilaya d'Alger (voir figure N°69).

Figure 69 Alger et les wilayas limitrophes

Le Grand Alger, qui comptait 13 communes a été augmenté de six (06) autres communes venant des trois autres wilayas désormais séparées (voir figure N°70).

Figure 70 La wilaya d'Alger en 1984

Les modifications du découpage administratif de l’agglomération d’Alger entre 1997 et 1984 ont résulté la multiplication des agglomérations (chef lieux, secondaires et quartiers chef lieux) (Bakour 2016, p.114). La plupart de ces communes périphériques n’étaient pas couvertes par le POG et la croissance accélérée de leurs populations (le total de la wilaya est passé de plus d’un million d’habitant en 1977 à un peu plus de 2 millions d'habitants en 1982) n’était également pas prise en considération dans les données socio-économiques de l’époque (voir tableaux N°2).

Tableau 2 Evolution de la population de la ville d'Alger

Commune RGPH 1977 RGPH 1987

Agglomération Type Population Agglomération Type Population

Grand Alger Grand Alger ACL 1 353 826 Grand Alger ACL 1 507 241

13 28 Birkhadem Birkhadem Megnouche Ain Naadja ACL AS AS 17 034 1 961 3 722 Birkhadem Megnouche ACLAS 28 2174 054 3 22 717 2 32 271

Dar El

Beida Dar El BeidaEl Hamiz Q/CLACL Dar El BeidaEl Hamiz ACLAS 12 9171 135

1 8 778 2 14 052

BabEzzaour BabEzzaour Q/CL BabEzzaour ACL

1 55 211

Bordj El

Kiffan Bordj El Kiffan ACL1 46 590 Bordj El Kiffan ACL1 61 035

Beni

Messous Beni Messous AS1 4 230 Beni Messous ACL1 8 805

Total wilaya 19 1 436 141 35 1 678 615

Source : Collection Statistique, N°38, ONS, 1992151.

Les différentes délimitations géographiques et administratives ont posé le problème de relation fonctionnelle entre le Grand Alger comme foyer émetteur (Bakour 2016, p.114), les nouvelles communes de banlieue et celles qui étaient classées comme suburbaines ou périphériques. En effet, les opérations du POG avaient été arrêtées et une nouvelle politique urbaine de réutilisation convenable de l’espace algérois a été envisagée Il s’agissait cette fois de réorienter le développement spatial vers le Sud et l'Ouest de la ville. Deux études ont été effectuées pour la capitale :

La première effectuée par le CNERU avait fixé les surfaces des communes en fonction du nombre de la population. Les communes concernées comptaient plus de 7 000 habitants. Le développement spatial de la capitale a été envisagé à court (1985-1990) et à moyen terme (1990- 2000). Les deux périmètres d’étude définis portant le nom P1 et P2 :

a) Le périmètre P1 de 11940 ha portait sur le court terme dont l'objectif était la densification du

tissu urbain existant.

b) Le périmètre P2 de 18 900 ha portait sur le moyen terme et voulait intégrer les nouvelles

actions d´aménagement dans les communes en extension, ceci par une vision globale de la ville.

La deuxième effectuée par BNEDER152établissait un nouveau plan appelé PUD ( plan directeur d'urbanisme) dont les nouvelles propositions d’aménagement d’Alger ont été validées par décisions du conseil des ministres (Baouni 2001, p.286). Ce plan reprenait certaines préconisations contenues dans l’ancien PlanHanning (Attar 2009, p.65).

Partant d’une évaluation de la population algéroise en matière de logements et d’équipements. Le PUD développa le concept de la "grille des équipements"153. Il s’agissait de définir un potentiel pour chaque commune et de réaliser des ensembles collectifs, des équipements et des infrastructures. Le PUD étudiera trois variantes à l’horizon 2000, pour l’extension du Grand Alger. Il a envisagé la densification des tissus existants du centre, en proposant l'hyper centralité, la poly fonctionnalité et la linéarité pour les futurs centres en extension (Attar 2009, p.66) (voir figure N°71).

Figure 71 Les trois variantes du PUD pour l'extension future d'Alger

Source : Mezoued (2015, p101).

152Le Bureau National d’Etude de Développement Rural.

153D’après les travaux de recherche de Djelal-Assari (2001, p.674), les lois de 1982 et 1988 ont ouvert le champ aux

La première option se fondait sur un modèle radioconcentrique qui privilégiait l’extension du centre-ville suivant la côte, la deuxième se basait sur la croissance de deux pôles supplémentaires vers le Sud et l'Ouest : Draria et El Biar. La troisième variante s’appuyait sur un modèle polycentrique avec des centres à vocation spécialisés.

C’est la deuxième variante qui a été retenue, elle validait le projet d’urbanisation des collines du Sahel en développant les deux pôles El Biar et Draria, et en assurant leur relation avec l’hyper centre d’Alger par de nouvelles voies de communication. Mais, les contraintes du site ne se prêtaient pas facilement à la réalisation de ce programme. La justification de cette variante selon laquelle les terres agricoles artificialisées ainsi, seraient de moins grande valeur de celles de l’Est qui ne suffisaient pas à en valider la logique. Les contraintes géographiques étaient trop importantes pour assurer une connexion efficace avec le centre d’Alger (voir figures N°72 et 73).

Figure 73 L'organisation spatiale de la ville d'Alger

En revanche, le PUD devait maintenir le développement économique de l’Est par :

1) Le maintien de la vocation de l’axe économique Est-Ouest : les activités du port et

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