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Les PDAU révisés

Dans le document Déplacements et mutations spatiales à Alger (Page 142-149)

Chapitre 2. Après l’indépendance : les périodes économiques fabriquant la ville d’Alger

2) La réhabilitation urbaine des centres quartiers défavorisés par le développement des services publics et de proximité, notamment dans les domaines commerciaux et sanitaires.

2.2.4 Les PDAU révisés

Le début des années 2000 est marqué par le retour de la stabilité politique et sécuritaire après dix ans de guerre civile en Algérie. La situation financière s’est améliorée après vingt années de crise économique grâce à la hausse du prix du pétrole. Un changement politique a marqué le gouvernement par l’arrivée du président Abdelaziz Bouteflika en 1999 à la tête de l’État, un nouveau wali a été nominé, et la wilaya d’Alger a repris son nom, celui de « wilaya » après avoir mis fin au Gouvernorat du Grand Alger. Son découpage administratif et territorial a été maintenu mais en enlevant toute spécificité de la ville d’Alger.

L’activité économique peut mobiliser des financements importants avec l’implication souhaités des grands groupes étrangers. Plusieurs grands projets architecturaux et urbains vont être lancés avec des enjeux fonciers (Mezoued 2015, p.97).

Après avoir mis fin au GPU, les autorités wilayales ont commencé à établir différentes révisions du PDAU et d’autres outils d’urbanisme. Selon les mêmes principes d’intervention urbaine, c’est entre un va-et-vient entre l’éclatement de la centralité et un retour à celle-ci que les interventions urbaines des PDAU ont été entreprises.

Entre 2005 et 2006, un Schéma National d’Aménagement du Territoire (SNAT) et un Schéma Régional d’Aménagement du Territoire (SRAT) de la Région Nord Centre ont été établis pour structurer l’aire métropolitaine de la région algéroise, puis en 2008, un Schéma Directeur d’Aménagement de l’Aire Métropolitaine Algéroise (SDAAM) a été élaboré. Celui-ci 207 devait dessiner les contours de la future métropole, fixer ses objectifs à atteindre et définir les conditions de sa mise en œuvre.

Deux révisions du PDAU ont été établies, la première en 2000 et la deuxième en 2007. L’ensemble des communes définies dans le PDAU de 1995 a été intégré à la willaya d’Alger. Ces communes sont-elles mêmes dotées d’un PDAU communal ou intercommunal (voir figure N°93).

Figure 93 Le découpage de la wilaya d'Alger

En 2009, une autre version du PDAU a été élaborée dont le nouveau scénario urbain envisageait de passer de la vision « plan » des projets à la celle « du projet urbain » (Attar, 2009, p.150). L’approche était encore à un stade d’expérimentation en Algérie. La gestion urbaine devrait combiner les outils à différents niveaux, en emboitant les échelles spatiales et temporelles. La concertation et la participation de la population devaient permettre de définir les projets de ce nouvel urbanisme.

Deux options fondaient cette deuxième version du PDAU (Attar 2009, p.150) :

- Une option internationale et interrégionale fondée sur les grandes infrastructures de transport : les routes, les autoroutes, le rail, le port, l’aéroport avec le maintien des projets des nouvelle villes : Bouinana, Boughezoul et aussi Sidi Abdellah. Ce sont des projets qui s’intègrent à une politique d’aménagement du territoire de niveau national.

- Une option d’action urbaine interne à l’espace métropolitain, en définissant des projets d’agglomération, requalification et nouvelles centralités.

Concrètement, il s’agissait surtout de réaliser les anciens projets du PDAU et du GPU en fonction des disponibilités foncières. Il en ressortait, dans ces révisions du PDAU une volonté de caser des opportunités de localisation, permettant l’achèvement de ces programmes (SafarZitoun and Talamali 2009, p.36), surtout localisés dans la plaine du Sahel, en constituant des semi- urbains pour partie aléatoire, en comblant et densifiant les vides existants. Ce sont les communes qui se trouvaient sur les franges périphériques au Sud-Est et au Sud -Ouest qui ont connu la plus grande augmentation de ces nouvelles zones d’habitats et des activités dispersées. Ces nouvelles petites villes se sont développées sans rapport effectif avec les infrastructures routières et étaient mal desservies par les transports en commun. Seule la rocade Sud (Dar El Beida -Ben Aknoun), conçue initialement comme barrière à l’urbanisation, distribuait désormais les trafics vers cette nouvelle couronne périphérique.

Le tissu urbain d'Alger s'est élargi et étendu en progressant 208 à partir des centralités urbaines localisées sur la baie, et une autre urbanisation a commencé à se former progressivement autour des nœuds et des rocades périphériques (E Berezowska-Azzag et al. 2015, p.11). Une des conséquences a été l’extension à la fois de la partie agglomérée ainsi que la partie périurbaine sur les zones agricoles (voir figure N°94).

Figure 94 L'agglomération d'Alger en 2008

Des différents projets urbains ont été intégrés dans le PDAU (voir figure N°95) :

- Le projet urbain « d’Alger Medina » situé sur la baie, dans la localité de Mohammedia circonscriptiond’El-Harrach, occupe une assiette foncière de 75 ha acquise en concession parDahli209. Le projet développe différents thèmes : hôtelleries, services tertiaires, un parc aquatique, des appartements et un port de plaisance« Marina Bey ». Les pôles d’affaires, de loisirs et de culture regroupent des équipements pour promouvoir le développement économique, l’accroissement de la compétitivité, l’innovation et transfert des technologies. C’est une première réalisation de grande envergure effectuée exclusivement par des investisseurs nationaux (Attar 2009, p.175).

- Le projet Alger Medina a vu déjà la réalisation de l’hôtel Hilton. Plusieurs tours d’affaires modernes, un centre de conférences et enfin un hypermarché ARDIS (offrant 700 emplois) a été construit avec un parc aquatique Bab Arroudj. A faible distance, dans la communed’Hussein Dey, c’était le centre "Carrefour"210qui a été programmé.

- Un grand pôle d’affaires localisé à Babezzouar accueille des sièges d’entreprises nationales et internationales, des hôtels… avec un centre commercial et de loisirs à l’échelle nationale «Babezzouar » est intégré dans ce pôle. Le centre de Babezzouar a été la première expérience d’une grande surface et a constitué l’espace de détente pour la population d’Alger.

- A l’Ouest, dans la commune de Cheraga un centre d’affaires et commercial appelé El Kods211 a été réalisé ainsi que la résidence des artistes située à Zéralda et l’installation du ministère de l’Energie et des Mines dans la commune ElBiar.

Deux pôles verts ont été aménagés sur les deux extrémités de la rocade Sud. A l’Ouest le parc Dounia à Dely Ibrahim et à l’Est le réaménagement de la décharge d’Oued Smar en parc urbain doivent devenir des lieux de fortes fréquentations de la population algérienne, associés à des appartements de haut standing.

Parmi les projets phares annoncés par le président de la république et son ministre des affaires religieuses, se trouve la grande mosquée d’Alger, dans la commune de Mohammadia sur la baie d’Alger, en voie d’achèvement. Un projet qui semble tirer ses origines des anciennes propositions

209Le Spa DAHLI est une société privée qui est active dans le secteur de l’immobilier, de l’hôtellerie et des loisirs, il

se compose de l'hôtel HILTON dont le patron est A. Rahim.

210Une coopération entre le groupe français et la filiale d'Arcofina spécialisée dans la grande distribution a ouvert en

janvier 2006 cette grande surface qui a fermé quelque temps après.

du POG, conçu et dessiné par Oscar Niemeyer dans le POG, la Mosquée sur l’eau (Sidi- Boumedine 2018, p.21) ( voir figure N°96).

Figure 96 Schéma d'organisation par le PDAU révisé

Le PDAU a renforcé l’axe littoral depuis le centre en reprenant les projets du Métro et en prévoyant la construction du Tramway. L’Est doit être ainsi mieux desservi : la ligne du Métro devrait atteindre l’aéroport et le tramway continuer aprèsBab Ezzouar jusqu’à Rouiba. Il prévoyait aussi la rénovation des lignes téléphériques existantes reliant les sites touristiques

(MémorialMakham El Shahid, Palais de la Culture, Notre Dame d’Afrique).

Enfin, le PDAU préconisait la modernisation du réseau de transport de chemin de fer (RER) de la région algéroise par l’électrification et le dédoublement des voies, et l’extension de ce réseau vers le Sud-Ouest pour desservir la nouvelle ville de Sidi Abdellah. Une connexion a été prévue par une navette entre la gare deDar El Beida et l’aéroport international Houari Boumediene.

Le principal projet concernant le réseau autoroutier était la construction d’une deuxième rocade de contournement d’Alger au Sud.

Ces projets d’infrastructures devaient permettre une amélioration de l’accessibilité des nouvelles agglomérations apparues (voir figure N°97). Parallèlement, l’Etat a élaboré une nouvelle politique pour répondre en urgence à la demande croissante de logements. Pour répondre à ces besoins aggravés par les effets des catastrophes naturelles (les inondations de Bab El-Oued de

2001 et le séisme de Boumerdes de 2003), l’Etat a mis en place un Plan Local de l’Habitat "(PLH) 2000-2003. Il a été doublé par la suite, un autre programme d’un million de logements a été fixé par le président de la République, pour lequel un appel à la participation des entreprises privées de construction a été fait.

Toutefois, le processus de localisation de ces programmes du logement a obéi encore une fois à d’anciens réflexes de programmations dirigistes. L’Est est resté la cité dortoir de l’agglomération d’Alger, devant accueillir la plus forte croissance des couches populaires, en fonction des disponibilités foncières. Le PDAU n’avait pas prévu, de manière systématique, l’accompagnement de ces logements par des équipements nécessaires et du commerce de proximité. Or, la plupart de ces cités AADL sont peu desservies par les transports en commun en particulier le Tramway et le chemin de fer et sont de ce fait dépendantes des axes routiers et autoroutiers, mis à part la cité AADL du quartierMokhtar Zerhouni, appelée aussi « les Bananiers212».

Si des progrès ont été faits pour la construction des logements, il restait encore des dysfonctionnements importants de l’agglomération, en raison de la faible intermodalité des infrastructures de transport.

Figure 97 Schéma de transport défini par le PDAU révisé

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