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INSTRUMENTS D’URBANISME (ETUDE THEORIQUE ET

B- La ville réglementée :

La pratique de l'urbanisme contemporain est, donc, fortement imprégnée par la réglementation. Les instruments d'urbanisme (plans et règlement) figent les choix d'avenir à travers la réglementation de l'affectation des différentes activités dans la ville, de l'occupation du sol et sa densité, de la forme urbaine et des servitudes légale sou particulières, et ce à travers les différents secteurs et zones réglementaires. L'expression urbanisme règlementaire est la plus

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Michel Bassand ,Métropolisation ,Crise écologique et développement durable ,Ed :Science ,Technique, Société ,France ,2000,P 102.

juste, aujourd'hui, pour désigner la pratique de l'urbanisme à travers des plans et des outils de contrôle mis en place par la collectivité.

Ceci dit, le règlement urbain n'est pas une invention de l'époque moderne, de tout temps, la ville a connu des formes de règlementation particulières qui n'ont toutefois pas eu l'ampleur de la règlementation urbaine contemporaine.

I. Le règlement à travers l'histoire :1

Au cours de l'histoire, le règlement urbain se manifeste diversement, selon les époques et la nature de l'établissement humain.

Les villes coloniales, depuis les établissements grecs sur les bords de la méditerranée jusqu'aux villes du nouveau monde, sont le produit, presque exclusif, d'une règlementation rigoureuse de l'occupation des sols et de sa parcellisation, la forme de la ville, les rues, les ilots et parcelles y sont géométriques et identiques et sont la transcription fidèle, sur le terrain, d'un plan préétabli. La ville grecque de Milet, conçue par Hippodamos, au 5è siècle avant J-C2. présente- indépendamment des aléas du site –des ilots réguliers, d'environ 30x 52 m, et obéit à une sorte de zonage. Des villes coloniales romaines, comme Timgad, offrent une organisation aussi fortement réglementée.

Plus tard, vers le 13è siècle, les bastides, sorte d'enclos défensifs au sud ouest de la France, sont des espaces entièrement réglementés.

Dans la ville traditionnelle, la réglementation n'est pas absente. A titre d'exemple, les instances municipales des cités italiennes du moyen- âge fixaient des règlements permettant de former, de manière homogène, des places, des alignements, des encorbellements… , comme l'illustre le cas exemplaires de la piazza del campo à Sienne où, dès le 13e siècle, les autorités municipales fixèrent les lignes d'un véritable plan directeur de la place, qui a permis de lui donner, au cours des siècles, une forme cohérente.

La ville musulmane, elle aussi, n'est pas étrangère aux dispositifs réglementaires, le système de la Hisba était un cadre où s'exerçait un véritable travail de gestion et de police urbaine, fixant droits et obligations des propriétaires, dans le respect du droit musulman de voisinage. De nombreux traités de droits furent produits à cet effet. Plus tardivement, à partir

1 Maouia Saidouni, Eléments d'introduction à l'urbanisme, Ed: CASBAH, Alger, 2000, P 52

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du 16e siècle, la réglementation urbaine ottomane, élaborée par des Cadis, tente de fixer, notamment pour Istanbul, les caractéristiques des constructions et leur hauteur, les encorbellements, les auvents, les constructions annexes, les boutiques, l'empiètent sur la voie publique, les normes des matériaux, le pavage des voies publiques, le nettoyage des rues et des trottoirs, les lotissements, les constructions autour des mosquées et des murailles, la vente de terrains aux non musulmans, l'adduction et l'évacuation des eaux, l'ordre et la sécurité dans les quartiers…..;

Dans tous ces cas historiques, la pensée et l'application du règlement est fragmentaire, localisée et spécifique. Ce n'est qu'à partir de la fin du 18è siècle, ensuite sous l'effet de la révolution industrielle, que le contrôle de la ville par le biais du règlement urbain devient une préoccupation de premier plan.

L'échelle et la nature des problèmes à résoudre a conduit, inéluctablement à la mainmise de la planification urbaine totale et son corollaire le plan d'urbanisme qui représentent l'apogée de la réglementation urbaine, car ils figent l'évolution de la ville par des directives ayant force de loi.

Le but de tout règlement est d'homogénéiser et d'uniformiser l'espace, et au-delà les comportements, en effaçant les particularismes locaux. L'espace uniforme ne laisse guère de place au détail et au pittoresque, au nom de l'ordonnancement urbain et de l'endiguement du désordre et de l'anarchie.1

II. L'Algérie pays d'accumulation des histoires /une histoire tumultueuse

De par sa position stratégique au carrefour de l’Afrique et de la Méditerranée, l’Algérie, située au Centre du Maghreb, a vu de nombreuses civilisations se succéder sur son territoire.

Cette partie sera consacrée à l'analyse de processus de la planification urbaine et ses instruments en Algérie pour bien comprendre le développement des villes algérienne et si les instruments d'urbanisme sont-ils le résultat d'une constante évolution? Il s'agit maintenant de compléter la vision figée et enlever l'ambigüité qui entoure l'espace algérien, un espace souvent discontinue et connait plusieurs problèmes.

II-1 La politique urbaine avant la colonisation française :

L'Algérie enserre d’innombrables témoignages datant de la succession de plusieurs civilisations dans différentes époques, l’Algérie connut la conquête romaine, l’invasion vandale, la conquête arabe, la conversion à l’Islam, la conquête espagnole, ottomane et française,

a- La ville romaine :

Environ 800 ans avant J.C1, les Phéniciens fondèrent de nombreux comptoirs sur la côte algérienne qui sont Annaba, Skikda, Collo, Jijel, Bejaïa, Dellys, Alger, Tipaza, Cherchell, Tènes, Ghazaouet ... , ces comptoirs seront plus tard des bases pour la villes romaines;

La période romaine est propice au développement de l'agriculture, d'art et de la culture et à la construction de nombreuses villes « Le territoire algérien conquis par les romains s'étendait de Tlemcen à Bône (Annaba) »2 , dont leur emprunte existe à ce jour,

La ville romaine fédère les populations qui y trouvent moyens de survie pour les plus pauvres et lieu d'ascension sociale pour les plus favorisés.

La ville romaine est à la fois stéréotypée (elle répond à une organisation type) et multiple - la ville accueille toutes sortes de populations et accepte des types de constructions et des activités très diversifiée.

La ville romaine est organisée selon le tracé de deux axes principaux : le decumanus maximanus et le cardo maximus par le biais d'un appareil : la groma

Le cardo maximus a une orientation nord-sud tandis que le decumanus maximus a une orientation est-ouest. Ce sont les deux rues principales de la ville. Les deux rues se croisent. Le forum3 est généralement placé au point de croisement du cardo et du décumanus.

Ensuite tout un réseau de rues parallèles est développé à partir de ces deux axes. Ces rues sont appelées decumani (celles parallèles au decumanus) et cardines (parallèles au cardo).

1 l'année supposée de la naissance de Jésus-Christ

2 Ahmed KOUMAS et Chéhrazade NAFA, L'Algérie et son patrimoine, Ed du patrimoine, Paris, 2003, P 16

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L’ensemble forme un quadrillage délimitant des espaces qui seront occupés par des bâtiments ou des habitations. Ces emplacements sont dénommés insulae;

Source : Ahmed Koumas et Chéhrazade Nafa , L'Algérie et son patrimoine, p 160, 168,170 +

traitement de la chercheuse.

Le territoire algérien regroupe plusieurs vestiges romains, on trouve Cherchell, Djemila1, Timgad2, khenchla, Tipaza, Tebessa , Lambèze ,

1 Site classé par l’UNESCO au patrimoine de l’Humanité

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Site classé patrimoine mondial par l’UNESCO

Figure N° 30 La basilique de pierre-et-paule, Tipaza Figure N° 31 :Vue d'ensemble de Timgad avec le théâtre

Forum Théâtre Capitole Figure N° 32 : Plan général de la ville romaine Timgad

La ville romaine basé sur le choix su site (pénétration aux terres intérieurs) et sur la structure urbaine (placette centrale et voies perpendiculaires)