procureur de la République
contenant les motifs du
changement de lieu et la
présentation de l’espace
pressenti, lequel doit
être impérativement
unique et municipal
Une photo de mariage dans la bibliothèque des
Jésuites de Valenciennes. ©Ville
de
Valencienne
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N O 9 8-9 9 - D ÉC EM B R E 2 01 9D
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LI B ER TÉ , C IT O Y EN N E TÉ B IB LI O THÈ Q U Eles familles s’attardèrent même longuement dans les lieux après une visite personnalisée, se promettant de revenir. Quant aux mariés, ils égayèrent un établissement saturé de lycéens et étudiants en pleines révisions, avec pour chacun une personnalisation du cortège : paillettes et sequins, tulle et den- telle, hijab ou boubous… Une vraie diversité dans un des lieux les plus républicains de la ville ! Quant à la famille en dress code orange acclamée par les supporters néerlandais habillés de même couleur, elle pourra dire qu’elle aura été la seule à faire un mariage dans une médiathèque avec en outre un cor- tège de 17 000 personnes assorties !
À L’ÉTRANGER, UN VRAI BUSINESS
Si, comme on l’a vu plus haut, la célébration de cérémonies d’état-civil en bibliothèque est rendue extrêmement rare en France par un contexte juridique précis, ce n’est pas le cas dans tous les pays. Le meilleur exemple en est probablement le États-Unis, où l’in- ventivité (ou le mercantilisme, au choix) a fait de l’organisation de mariages un véritable business apportant finances tout autant qu’image de marque aux bibliothèques. Ainsi vous marier dans la prestigieuse New York Public Library vous coûtera 60 000 $ pour y organiser cérémonie, repas et soi- rée (la bibliothèque se réservant un droit de regard sur les prestataires et veillant à la pré- servation de ses collections) 1. À Saint Paul,
1 AGENCE OPALINE. Mariage à la bibliothèque
de New York. https://tinyurl.com/mariage-bibny
Minnesota ou à Boston, le couvert sera dressé sur les tables de lecture 2. Le site d’un presti- gieux organisateur de mariages recense les plus belles bibliothèques où se marier 3 et le blog littéraire Bookriot 4 liste des idées pour un mariage personnalisé d’amateurs de livres. Invitations en forme de fiches de prêt, cata- logue à fichiers pour dénicher sa propre fiche indiquant la place à table (tables repérées 2 PINTEREST. Boston Public Library Weddings. https://tinyurl.com/mariage-bibboston
3 THE KNOT. 7 Stunning Libraries Where You Can
Get Married. https://tinyurl.com/mariage-bibs
4 SHERMAN, Jen. « A Library Wedding,
in Detail ». Book Riot. Novembre, 2017.
https://tinyurl.com/br-mariage
façon classification Dewey, avec des livres de la bibliothèque comme marqueurs… à resti- tuer à la fin des festivités !). Nappes compo- sées de pages de vieux Harry Potter et fleurs de boutonnière également en pages recy- clées… des idées pour vos ateliers récup !
A VOTÉ ! À LA MÉDIATHÈQUE
Avant de couver d’un regard bienveillant les mariés, Marianne avait dès 2017 fréquenté la médiathèque d’Anzin. Dans cette ville comme dans bien d’autres depuis, l’équi- pement de lecture publique était devenu un bureau de vote au gré des implantations sur un territoire électoralement balisé. Ainsi à Levallois, Louveciennes, Saint- Jean de Védas, Marguerite Duras à Paris, la Bouëxière… on ne compte plus les cas. Les contraintes législatives et fonctionnelles firent se poser beaucoup de questions aux collègues, comme en atteste un sujet sur le forum Agorabib 5. La neutralité nécessaire du lieu notamment pouvait être probléma- tique, quand la médiathèque est ouverte le dimanche alors que le bureau de vote ne doit pas avoir d’autre fonction, ou que les collec- tions mises en présentation pourraient don- ner lieu à des recours.
À Anzin, dans les semaines précédant les scrutins présidentiels, une offre de docu- ments permettait aux citoyens de se faire une idée des candidats. Avaient été achetés sys- tématiquement tous les ouvrages écrits par 5 AGORABIB. Bureau de vote
dans une médiathèque.
https://tinyurl.com/agorabib-bib-elections
Mariage à la médiathèque de Valenciennes.
Les mariés et leur famille dans le hall de la médiathèque de Valenciennes. ©Ville de Valencienne s ©Ville de Valencienne s
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eux ou sur eux dans les six mois précédents, accompagnés de la presse récente et d’une affichette expliquant que le déséquilibre de la représentation des partis ne tenait qu’à la réa- lité d’une édition disparate (ainsi bizarrement en 2017, les publications monographiques émanant du Front National étaient raris- simes) et que la médiathèque avait devoir de neutralité. Une urne et des bulletins périmés complétaient la scénographie, sous la hou- lette de notre Marianne aimablement sortie du bureau du directeur général des services. Le jour du scrutin, tous les documents avaient été retirés, le bureau de vote installé dans le hall et l’accès aux autres espaces fermés par des barrières. Des agents volon- taires de la médiathèque s’étaient relayés pour garantir le bon fonctionnement de l’équipement, présence qui n’a plus été nécessaire aux jours de vote suivants (élec- tions présidentielles puis législatives). Je ne sais s’il faut y voir un lien de causa- lité, mais ce fut le seul bureau de vote de la ville où le Front national n’arriva pas en tête aux élections de 2017… sous le sourire de Marianne.
OUTIL / UTILE
Accueillir les scrutins ou les mariages en bibliothèque n’est pas lié qu’à la volonté des professionnel·le·s… et ce n’est pas non plus la seule façon de jouer la carte du lieu citoyen. S’ouvrir sur la ville et accueillir des personnes qui n’auraient pas forcément franchi les portes de l’équipement sans une raison administrative peut bien sûr se tra- duire autrement. La médiathèque Simone Veil reçoit ainsi depuis sa réouverture la cérémonie d’accueil des nouveaux arri- vants sur Valenciennes, celle des départs en retraite d’enseignants et continuera à se por- ter volontaire pour ouvrir ses portes autant
que possible à tout évènement important pour les citoyens. D’autres bibliothèques sont choisies pour la cérémonie des vœux, la signature de conventions officielles, la remise de diplômes et bien d’autres occa- sions encore.
Une opportunité pour elles à ne pas négliger non seulement en termes d’élargissement de fréquentation mais surtout d’advocacy : elles deviennent ainsi des lieux repères, inclu- sifs et indispensables pour la communauté, outils des politiques publiques et de la cité.