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une matinée d’étude sur l’impact des nouvelles organisations territoriales sur

Dans le document 98-99 : Liberté, citoyenneté, bibliothèque (Page 144-146)

la lecture publique s’est tenue le 25 juin à l’initiative des associations de bibliothèques

des Hauts-de-Seine (92), de la Seine-Saint-Denis (93) et du Val-de-Marne (94).

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a réorganisation des territoires de la Métropole du Grand Paris engage, de la part des équipe- ments de lecture publique, de repenser leurs structurations dans un contexte général d’évolution de leurs rôles et de leurs missions. Une pluralité de modèles s’est ainsi constituée, héritière des histoires singulières de chaque EPT qui, selon le degré de transfert préalable des équipements de lecture publique, a plus ou moins redéfini les modalités de fonctionnement de ces derniers. DES CONSTANTES DANS LES PROJETS DE SERVICE

Lors de sa communication inaugurale, David-Georges Picard, directeur de la bibliothèque Vaclav-Havel à Paris, ancien conseiller livre et lecture de la Direction régionale des affaires culturelles d’Île- de-France et coordinateur du livre Les

bibliothèques dans les mutations territo- riales (Éditions du cercle de la librairie,

2019), a insisté sur le fait que s’interroger sur l’organisation et le maillage territo- rial est une logique intrinsèque propre à la lecture publique, dans un souci d’opti- misation des pratiques professionnelles à l’aune de l’évolution de celles des usa- ger·ère·s. Aucun modèle unique de coo- pération ne s’est pour autant imposé. Tout au plus, pouvons-nous observer une typologie générale (de l’autonomie des communes ayant gardé la compé- tence au modèle centralisé), avec, dans la réalité du fonctionnement des biblio- thèques, un très grand nombre de décli- naisons. Des constantes, cependant, se dessinent dans les différents projets de service où sont intégrées des réflexions sur la circulation et la diversité des publics, induisant de repenser la poli- tique d’investissement des bâtiments

et de développement partenarial à dif- férentes échelles, afin de mieux prendre en compte la pluralité des besoins. UNE DIVERSITÉ DES MODÈLES DE COOPÉRATION 

Aussi, les témoignages des différent·e·s intervenant·e·s de la table ronde ont fait part d’un souci commun de mettre en place des modalités de gouvernance intégrant la logique territoriale de réseau sans que celle-ci se fasse au détri- ment des dynamiques locales et du tra- vail en transversalité. 

Carinne Juste, première vice-présidente de l’ETP de Plaine commune en charge de la lecture publique, conseillère métro- politaine et maire de Villetaneuse (PCF), a ainsi insisté sur le diagnostic territorial

mené dès 2004, anticipant le troisième acte de la décentralisation, qui a déter- miné la construction du réseau (65 mil- lions d’euros investis pour 14 500 m² de bâtiments construit et 6 500 m² de réno- vés) et ses orientations. Un principe de polycentralité des équipements a favo- risé le maillage territorial de proximité et la circulation des usager·ère·s, mais il est aujourd’hui remis en cause par la trans- formation des EPCI en Territoires.  Du côté de Vallée Sud - Grand Paris, c’est au contraire la volonté politique qui a impulsé le rapprochement entre des villes s’étant approprié très différem- ment la question de la lecture publique : l’enjeu d’un réseau étant alors de créer une offre de service harmonisée, mais suffisamment diverse pour répondre aux besoins d’une sociologie des publics très

P A R L’A S S O C I AT I O N B I B L I O T H È Q U E S E N S E I N E - S A I N T- D E N I S

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Établissements publics territoriaux Rencontre organisée à la Bibliothèque publique d’information par les associations du 92, Bibliothèques en Seine- Saint-Denis, Valmedia94 et l’ADAC IdF, avec le soutien de l’ABF IdF. ©As sociation Bibliothèque s en Sein- Saint -Denis.

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contrastée. Un exercice délicat, dans la mesure où, comme le rapporte Chantal Brault, conseillère territoriale (UDI), cet élargissement d’échelle tend à créer chez les professionnels un sentiment de moindre proximité, d’appréciation moins fine des attentes des populations. Un constat que partage en partie Carole Ziem, présidente de l’Association des DAC d’Île-de-France et vice-présidente de la FNADAC, pour qui la complexité administrative des réseaux, malgré la plus-value pour les usager·ère·s sur le plan de l’accès aux ressources, pose la question de la nécessité d’une gouver- nance en dehors des questions liées à ces dernières. 

Du côté Grand Paris Sud Est Avenir, la mise en place d’une gouvernance par- tagée représente au contraire un défi salutaire au vu de la particularité du territoire, marqué par de fortes dispari- tés entre ses zones urbaines et rurales. Tout en regrettant également l’éloigne- ment du centre des décisions et la diffi- culté de créer un sentiment d’apparte- nance à un territoire très récent, Viviane Spotorno, directrice de la médiathèque

André Hellé à Boissy-Saint-Léger, a ainsi détaillé la charte de coopération qui lie les villes au territoire, et porte une poli- tique territoriale ambitieuse construite à partir de différentes politiques locales, sur un principe d’égalité d’accès à la culture - vaste chantier qui portera sur la formation du personnel, l’harmoni- sation des conditions de travail, la mise en place d’un logiciel commun et l’exten- sion des horaires d’ouverture. 

Cette répartition plus équitable des moyens et des financements sur le terri- toire, Adrien Brun, directeur de la culture de l’EPT Est Ensemble, rappelle qu’elle est à l’origine la vocation du Grand Paris, mais qu’elle tarde pourtant à se mettre en place. Insistant sur les incertitudes financières pesant sur la collectivité, celui-ci a exposé le modèle de gou- vernance adopté, conforté par les lois MAPTAM et NOTRe 1, qui pose un pouvoir

1 Respectivement, loi du 27 janvier 2014 de modernisation de l'action publique territoriale et d'affirmation des métropoles et loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, qui font toutes les deux partie de l'acte III de la décentralisation.

fort des villes, se traduisant par le choix d’un modèle horizontal basé sur la colla- boration des directeur·rice·s des établis- sements culturels travaillant en réseau. UNE CONVERGENCE D’ÉCHELLES POUR DES USAGER·ÈRE·S MOBILES 

Prédisposées à être l’un des premiers réseaux constitués par l’intercommu- nalité et appelées à donner une identité aux collectivités, les bibliothèques par- ticipent donc pleinement, en tant que sujets et actrices, au grand mouvement de recomposition des territoires. Comme l’a souligné en conclusion Dominique Lahary, président de la commission Développement de la lecture auprès de publics spécifiques du CNL et respon- sable de la commission Bibliothèques en réseau de l’ABF, par-delà l’ajustement des transferts de compétences aux sin- gularités du territoire et à son histoire politique, la convergence entre le niveau communal et le niveau intercommunal doit être pensée comme un principe faci- litateur pour des populations qui, de fait, sont mobiles.

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CYCLOTHÉCAIRES

EN NORMANDIE, LA 6E

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