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LA CONSCIENCE PHYSIQUE (OU LA CONSCIENCE DE VEILLE)

3. LA VIE MENTALE

Dans la construction et l'évolution du mental de l'homme, une partie insignifiante du travail peut être accomplie par les forces extérieures ; la presque totalité de ce travail résulte de l'activité de la propre conscience de l'homme. Si donc un homme veut avoir un corps mental fort, plein de vitalité, actif, capable de comprendre les pensées les plus élevées qui lui sont présentées, il faut qu'il se mette sérieusement au travail d'éducation de la pensée.

C'est l'homme lui-même qui affecte son propre corps mental de la manière la plus continue. Les autres hommes, les orateurs, les écrivains l'affectent occasionnellement, mais lui l'affecte constamment. Sa propre action sur la composition de son corps mental est beaucoup plus grande que celle de toute autre personne, et c'est lui-même qui détermine le mode vibratoire normal de son mental. Les pensées qui ne sont pas en harmonie avec ce mode sont repoussées lorsqu'elles touchent son mental. S'il pense vérité, le mensonge ne peut trouver aucune place dans son mental ; s'il pense amour, la haine ne peut pas le troubler ; s'il pense sagesse, l'ignorance ne peut pas le paralyser.

Il ne faut pas que le mental reste pour ainsi dire en jachère, car toute espèce de pensée pourrait y prendre racine et s'y développer. Il ne faut pas non plus qu'il vibre à sa fantaisie, car il répondrait à toutes les ondes qui passent. [114]

Le mental de l'homme est sa propriété, et il ne devrait permettre de pénétrer qu’aux pensées que lui, l’égo, choisit.

La majorité des gens ne savent même pas penser, même ceux qui sont un peu plus avancés pensent rarement d'une manière définie et avec force, sauf lorsqu'ils sont occupés à quelque travail qui nécessite toute leur attention. Par suite, un très, grand nombre d'esprits sont toujours en jachère, toujours prêts à recevoir n'importe quelle espèce de semence.

La plupart des gens, s'ils surveillent leurs pensées attentivement, s'aperçoivent qu'elles forment un courant de pensées dont ils ne sont pas les auteurs et qui sont de simples fragments rejetés par les autres. C'est à peine si l'homme ordinaire sait exactement à quoi il pense à un instant donné, et pourquoi il y pense. Au lieu de diriger son esprit sur un sujet particulier, il lui permet de s'ébattre sans surveillance, ou bien il le laisse en jachère, de sorte que toute semence qui tombe sur lui peut y germer et donner des fruits.

L'étudiant qui s'efforce sincèrement de s'élever quelque peu au-dessus de la pensée de l'homme moyen, ne doit pas oublier qu'une très grande partie des pensées dont il subit la pression incessante est à un niveau inférieur au sien, et que, par suite, il doit se préserver de cette influence. Il existe un si vaste océan de pensées sur des sujets sans importance qu'il est nécessaire de s'efforcer énergiquement de les exclure. C'est pourquoi

"Couvrir la Loge" est le "souci constant" de chaque Franc-Maçon.

L'homme qui se donne la peine de créer l'habitude de penser d'une manière soutenue et concentrée, s'aperçoit que son cerveau, dès qu'il est entraîné à écouter la voix de l'égo - le véritable Penseur - reste tranquille lorsqu'il n'est pas occupé, et ne répond plus aux courants éventuels de l'océan de pensées qui l'entoure. Par suite, il a cessé d'être insensible aux influences des plans supérieurs [115] où la vue est plus pénétrante et le jugement plus sûr qu’ici-bas.

C’est seulement lorsque l’homme peut réduire son esprit à un état de tranquille quiétude, et l’y maintenir sans penser, que la conscience supérieure peut se manifester. Alors, l’homme est prêt à entreprendre le travail de la méditation et de la Yoga, comme nous le verrons plus loin.

Voilà le but de l’entraînement du corps mental. L’homme qui le pratique découvre bientôt que grâce à la pensée la vie peut être rendue plus noble et plus heureuse, et que grâce à la sagesse il est possible de mettre fin à la souffrance.

L’homme sage surveille ses pensées avec le plus grand soin, car il sait qu’il possède un puissant instrument et qu’il est responsable de l’usage qu’il en fait. C’est son devoir de gouverner sa pensée, pour cesser d’errer et de faire du mal à lui-même et aux autres. C’est son devoir de développer le pouvoir de la pensée au moyen duquel il peut faire tant de bien.

La lecture ne construit pas le corps mental ; c’est la pensée qui le construit. La lecture n’est bonne que parce qu’elle fournit des matériaux à la pensée, et la croissance mentale de l’homme est en rapport avec la quantité de pensée qu’il met en jeu pendant ses lectures. L’exercice régulier et persistant – mais sans excès – fait croître le pouvoir de penser de même qu’il fait croître un muscle. Sans l’éducation de la pensée, le corps mental reste inorganisé ; sans concentration – la faculté de fixer la pensée sur un certain point – le pouvoir de la pensée ne peut pas s’exercer efficacement.

La loi générale de la vie d’après laquelle la croissance résulte de l’exercice, s’applique aussi bien au corps mental qu’au corps physique. Au cours de l’entraînement du corps mental à vibrer sous l’action de la pensée, de la matière nouvelle est attirée de l’atmosphère mentale ambiante et est unie au corps mental qui, de cette manière, augmente de grandeur tandis que la complexité de sa [116] structure s'accroît. C'est la quantité de pensée qui détermine la croissance du corps mental ; le genre de matière employé à cette croissance est déterminé par la nature de la pensée.

Il est fort utile d'analyser en détail ce qui se passe pendant la lecture.

Dans un livre écrit avec soin, chaque phrase ou chaque paragraphe contient une idée bien définie, qui est représentée par une forme-pensée créée par l'auteur. Cette forme-pensée est généralement entourée de formes secondaires qui expriment les corollaires ou déductions nécessaires de l'idée principale.

Dans l'esprit du lecteur devrait se construire une reproduction exacte de la forme-pensée de l'auteur, soit immédiatement, soit par degrés.

L'apparition des formes secondaires dépend de l'esprit du lecteur, c'est-à-dire dépend de sa promptitude à voir les conséquences de l'idée principale.

Une personne non développée mentalement ne peut pas créer une forme précise ; elle construit une masse amorphe au lieu d'une forme

géométrique. D'autres personnes peuvent bâtir une forme reconnaissable, mais incomplète ou déformée.

D'autres encore sont capables de bâtir une sorte de squelette de la forme, montrant ainsi qu'elles ont saisi le principe de l'idée, mais non ses détails, et que l'idée n'est pas vivante dans leur esprit. Certaines personnes saisissent un côté de l'idée et construisent la moitié de la forme, ou bien elles en saisissent un seul point et négligent tout le reste.

L'étudiant sérieux doit pouvoir reproduire l'image de l'idée centrale exactement et du premier coup ; les idées secondaires viendront plus tard et à mesure qu'il tournera l'idée centrale dans son esprit.

Une des causes les plus importantes de l'imperfection des images est le manque d'attention. Le clairvoyant peut voir l'esprit du lecteur occupé d'une demi-douzaine de sujets à la fois. Dans son cerveau s'agitent les soucis de la maison, les préoccupations au sujet de ses affaires, la [117]

mémoire ou l'espérance des plaisirs, la fatigue de l'étude, etc., tout cela forme les neuf dixièmes de son activité mentale ; le dixième restant est formé par un effort désespéré pour comprendre l'idée exprimée dans le livre qu'il lit.

Le résultat d'une telle lecture est de remplir le corps mental d'une foule de petites formes-pensées sans aucune liaison entre elles, au lieu de construire un édifice ordonné.

Il est clair, par suite, que pour devenir capable de se servir de son corps mental et de son esprit efficacement, l'entraînement de l’attention et de la concentration sont essentiels, et que l'homme doit apprendre à délivrer son esprit de toute pensée étrangère pendant qu'il étudie.

Un étudiant entraîné peut, grâce à la forme-pensée de l'auteur, venir en contact avec l'esprit de l'auteur, et obtenir de lui des renseignements supplémentaires sur les points difficiles ; mais si l'étudiant n'est pas très développé, il s'imaginera facilement que les pensées nouvelles qui lui viennent ainsi sont les siennes propres et non celles de l’auteur.

Nous rappelons ici que tout travail mental effectué sur le plan physique doit passer par le cerveau physique ; il faut donc entraîner celui-ci, de sorte qu'il puisse servir d'instrument commode au corps mental.

Il est bien connu que certaines parties du cerveau sont en rapport avec certaines qualités de l'homme ou avec sa faculté de penser suivant certaines lignes. Toutes ces parties doivent être saines et en relation directe avec les zones correspondantes du corps mental.

L'étudiant de l'occultisme s'entraîne délibérément à l'art de penser. Par suite, sa pensée est plus puissante que celle de l'homme non entraîné, et il a la possibilité d'influencer un cercle plus grand et de produire des effets plus importants. Ceci se produit tout à fait en dehors de sa propre conscience et sans qu'il fasse aucun effort spécial dans ce but.

Mais justement parce que l’occultiste connaît l’énorme [118] pouvoir de la pensée, sa responsabilité dans l'emploi de cette puissance est grande et il s'efforce de l'utiliser à aider les autres.

L'avertissement suivant sera peut-être utile à ceux qui ont tendance à discuter. Qu'ils se souviennent que lorsqu'ils se précipitent sur le terrain de la discussion, ils abandonnent leur forteresse mentale toutes portes ouvertes et sans défense. Alors, toute force mentale qui se trouve à proximité peut entrer et se rendre maître de leur corps mental. Tandis que l'homme gaspille en vain ses forces pour des choses de peu d'importance, la stabilité de son corps mental est compromise par les influences qui le traversent. L'étudiant de l'occultisme devrait faire, très attention lorsqu'il se permet de prendre part à une discussion. C'est un fait bien connu que la discussion a rarement pour résultat de faire changer d'avis l'une des parties ; dans la plupart des cas, chacune d'elles tient davantage à sa propre opinion qu'avant la discussion.

Chaque instant de notre existence est une opportunité offerte à la conscience pour construire notre corps mental. Eveillés ou endormis, nous sommes toujours occupés à construire nos véhicules mentals. Tout frémissement de conscience, même s'il n'est dû qu'à une pensée passagère, attire dans le corps mental des particules de matière mentale et en rejette d'autres. Si l'on fait vibrer le corps mental au moyen de pensées pures et élevées, la rapidité des vibrations fait partir des particules de matière grossière, et leur place est prise par des particules plus fines. De cette manière, il est possible de rendre le corps mental de plus en plus pur et plus fin. Alors, le corps mental étant composé de matière subtile ne réagit plus aux pensées grossières et mauvaises ; au contraire, un corps mental

formé de matériaux grossiers serait affecté par toute énergie mauvaise qui passe, et resterait insensible aux énergies du bien.

Ce qui précède s'applique essentiellement au côté "forme" du corps mental. En ce qui concerne le côté [119] "vie", nous rappelons que l'essence même de la conscience est de s'identifier sans cesse avec le Moi, et sans cesse également de s'affirmer de nouveau en rejetant le Non-Moi. En fait, la conscience est essentiellement constituée par ces affirmations et ces négations alternatives : "Je suis cela" ; et "Je ne suis pas cela". C'est pourquoi la conscience produit dans la matière ces attractions et répulsions que nous appelons vibrations. C'est donc la qualité des vibrations mises en jeu par la conscience qui détermine le degré de finesse ou de grossièreté de la matière attirée dans le corps mental.

Comme nous l'avons vu au chapitre XI, les vibrations pensées d'un homme dont les pensées sont élevées, tendent, lorsqu'elles agissent sur nous, à éveiller dans notre corps mental les vibrations de l’espèce de matière qui leur correspond ; en même temps, elles déplacent ou même rejettent une portion de la matière qui est trop grossière pour vibrer sous leur impulsion. Le bénéfice que nous retirons de la présence d'un autre dépend donc largement de nos pensées passées, puisque, pour être affectées par des pensées élevées, il faut que nous ayons déjà dans notre corps mental de la matière correspondant à ces pensées.

Le corps mental est soumis aux lois de l’habitude tout comme les autres véhicules. Si nous l'accoutumons à un certain genre de vibrations, il apprend à les reproduire facilement et rapidement. Ainsi, par exemple, si un homme prend l'habitude de penser du mal des autres, il lui devient rapidement beaucoup plus facile de penser au mal que de penser au bien qui se trouvent chez une autre personne. Souvent naissent de cette manière des préjugés qui aveuglent l'homme à un point tel qu'il ne voit plus chez les autres aucune bonne qualité, mais y voit seulement le mal considérablement amplifié.

Beaucoup de personnes, par ignorance, prennent l’habitude d'entretenir des pensées mauvaises ; il est évidemment aussi facile d'en entretenir de bonnes. Ce n'est pas une chose difficile que de s'entraîner à rechercher [120] chez les personnes que nous rencontrons les bons côtés plutôt que les mauvais. Il en résultera l'habitude d'aimer les gens au lieu d'être dégoûtés par eux. Notre esprit commencera à travailler plus

facilement dans la voie de l'admiration au lieu de rester dans celle de la suspicion et du mépris. L'usage systématique du pouvoir de la pensée nous rendra la vie plus facile et plus agréable, et construira notre corps mental au moyen de la matière la plus souhaitable.

Bien des gens n'exercent pas leurs facultés mentales comme ils le devraient ; leurs esprits sont récepteurs et non créateurs ; ils absorbent sans cesse les pensées des autres au lieu d'en créer eux-mêmes.

La claire compréhension de ces faits pousse l'homme à changer l'attitude de sa conscience dans la vie journalière et à surveiller l'activité de son mental. Tout d'abord il se peut que l'homme éprouve une grande détresse lorsqu'il s'aperçoit qu'une grande partie de ses pensées ne sont pas littéralement à lui ; que les pensées lui viennent il ne sait d'où et s'en vont il ne sait pas où ; et qu'en somme son mental n'est guère plus qu'un lieu de passage pour les pensées errantes.

Ayant atteint ce stade préliminaire de soi-conscience, l'homme doit ensuite observer quelle différence il y a entre la nature des pensées qui entrent dans son esprit et la nature de celles qui sortent, c'est-à-dire ce qu'il y a ajouté pendant qu'elles ont séjourné chez lui. Par ce moyen son esprit devient rapidement actif et il développe son pouvoir créateur.

Ensuite, l'homme doit choisir délibérément ce qu'il permet à son esprit de garder. Alors, lorsqu'il trouve dans son esprit une pensée qu'il juge bonne, il porte son attention sur elle, la renforce, puis la renvoie comme un agent pour le bien ; lorsqu'il y trouve une pensée qu'il juge mauvaise, il la rejette rapidement.

Si l'homme laisse par négligence sa pensée s'occuper d'idées indésirables, c'est un jeu très dangereux, car il en résulte la formation d'une tendance vers ces choses indésirables, [121] et cette tendance conduit souvent à des actes. L’homme qui joue avec l’idée d’une mauvaise action peut fort bien tout à coup s’apercevoir qu’il est en train d’accomplir cette mauvaise action, sans avoir eu le temps de se rendre compte de ce qui lui arrive. Lorsque s’ouvre la porte de l’opportunité, l’énergie mentale se précipite et l’action s’accomplit. Car toute action procède de la pensée.

Même quand l’action est accomplie, comme nous disions, sans penser, elle est toujours l’expression instinctive de pensées, désirs et sentiments que l’homme a laissé croître en lui dans les jours passés.

Après avoir pratiqué pendant quelque temps ce choix des pensées l’homme s’apercevra que les pensées mauvaises qui entrent dans son esprit sont de plus en plus rares ; et que ces pensées finissent par être repoussées automatiquement par son esprit lui-même. Son esprit commence alors à se comporter comme un aimant vis-à-vis des pensées qui l’entourent.

L’homme rassemble donc dans son corps mental une masse de bons matériaux et son corps mental s’enrichit d’année en année.

Nous voyons donc que le grand danger à éviter est la création d’images-pensées sous les impulsions extérieures ; il ne faut pas que les stimuli du monde extérieur fassent naître des images dans le corps mental et moulent la matière mentale créatrice en formes-pensées chargées d’une énergie qui cherchera nécessairement à se dépenser en réalisant ces pensées. C’est dans cette activité indisciplinée du corps mental que réside la source de presque toutes nos luttes intérieures et nos difficultés spirituelles. C’est l’ignorance qui permet le fonctionnement indiscipliné du corps mental ; que l’ignorance soit replacée par la connaissance, et nous apprendrons à contrôler notre corps mental, de sorte qu’il ne soit pas mis en activité de l’extérieur, mais qu’il soit bien à nous et que nous l’utilisions suivant notre volonté.

Une grande quantité de souffrance est causée par l’imagination indisciplinée. Le manque de contrôle des passions inférieures (particulièrement du désir sexuel) [122] provient du manque de discipline de l'imagination, et non d'une volonté trop faible. Même lorsque l'homme éprouve un puissant désir, c'est de la pensée créatrice que procède l'action.

Il n'y a aucun danger à regarder simplement l'objet du désir et à y penser, mais dès que l'homme se représente en train de satisfaire son désir et permet au désir de renforcer l'image qu'il avait créée, alors commence le danger. Il est très important de bien comprendre que l'objet du désir ne possède en lui aucun pouvoir tant que nous ne mettons pas en jeu notre imagination qui, elle, est créatrice. Si nous la mettons en jeu, il est certain qu'une lutte en résultera.

Dans cette lutte nous pouvons faire appel à ce que nous croyons être notre volonté, et essayer d'échapper aux conséquences de l'activité de notre imagination par une résistance acharnée. Mais bien peu ont appris que la résistance frénétique ou anxieuse inspirée par la peur est très différente de la volonté. Le mieux est d'employer la volonté tout d'abord pour contrôler l'imagination, nous attaquons ainsi la cause de nos troubles elle-même.

Comme nous le verrons dans un chapitre suivant, les matériaux que nous rassemblons dans cette vie sont, après la mort, élaborés en facultés mentales qui trouveront leur expression dans les vies futures. Le corps

Comme nous le verrons dans un chapitre suivant, les matériaux que nous rassemblons dans cette vie sont, après la mort, élaborés en facultés mentales qui trouveront leur expression dans les vies futures. Le corps